Vaehl avait reporté son attention sur la femme qu'il couvait maintenant d'un regard affreusement perçant, flamboyant d'une vicieuse curiosité. Il en oublia complètement cette gourde de démone qu'il jugea subitement sans intérêt.

Je ne suis humaine que d'apparence car mon coeur et mon sang sont à l'élémentale que je suis. Et pour être tout à fait honnête, je suis une pisse-culotte empoisonneuse. Le fait de m'avoir vu en danseuse n'est que mon alibi. Et par pisse-culotte, j'entends que je considère ma cible comme étant déjà neutralisée lors de l'acceptation de mon contrat.

Puis sur cette déclaration, elle s'éloigna en s'enflammant -littéralement- au niveau des bras. Que... Là, Vaehl ne feignait en rien la surprise étalée sur sa face. Une élémentale de feu, mais bien sûr ! Il n'avait simplement pas reconnu l'arôme de la femme puisque les élémentales auxquelles il avait goûté maîtrisaient d'autres éléments naturels ! Ah, celle-ci, avec ses flammes, devait sans nul doute avoir un goût fantastique. Lequel aurait-il été ? Ce ne sont là pas des choses qu'on peut décrire avec les mots qu'utilisent les autres races.

Il posa son index sur sa joue, là où la femme l'avait gratifié d'un contacte. Cela ne l'avait pas gêné du tout, au contraire. Dans les Cabales de Feu, ce genre de contacte pouvait signifier la confiance ou l'ouverture. Peut être les connaissait-elle, les Cabales. Il resta là un instant à se remémorer les dernière paroles de l'élémentale. Une pisse-culotte. Il avait lu quelques textes qui parlaient d'eux... Il se souvenait d'un certain Durzo Blind -ou quelque chose comme ça-. Un tueur incroyablement efficace, jouissant de pouvoir spectaculaires ! Le genre de type qu'il ne vallait mieux pas ennuyer.
Bah, finalement, si elle était une telle assassine et qu'elle le disait au premier inconnu venu, c'est qu'elle devait être une arriérée mentale notable, sans aucune jugeote. Il faudrait la goûter quand même.

Il la regarda évoluer un instant sans plus aucun respect pour son -potentiel- intellect avant que, subitement, là, comme ça, son corps refusa d'obéir pendant un bref laps de temps. La magie, ça puait la magie. Qui était le misérable fils de chien indigne qui avait osé le toucher avec son don immonde ? Il hurla mentalement un chapelet d'injure en relevant le coin de ses lèvres, laissant toute son acerbité percer son masque de bienséance comme une flamboyante éruption de magma aurait percé l'écorce terrestre. Il remarqua alors la grande ombre qui s'étendait au sol et qui prenait sa source de... Ah, visiblement de la brindille en fond de salle, là bas, sans doute mise de côté à cause de sa laideur. Vaehl se demanda quand même quelle était sa saveur et si une abomination dans son genre pouvait quand même saigner. étrange pensée ! Il espérait qu'elle n'approcherait pas, dès fois qu'il ne puisse pas contenir quelque haut-le-cœur...

- Je ne me souviens pas avoir rencontré d’incube curieux au point d’en devenir grossier avec une femme…

Qui donc était le déchet qui faisait office de propriétaire d'un timbre aussi disgracieux ? Oh mais, une seconde, ne s'adressait-il pas a Vaehl ? C'était la remarque de trop, qu'importe le monde, qu'importe le lieu, l'impudent allait ... se retrouver avec un morceau de gorge en moins, arraché à la simple force d'une mâchoire au contour parfait. Vaehl n'aurait su dire ce qui l'avait pousser à opter pour un tel procédé de mise à mort, mais il ne parvient pas à réprimer un doux frisson -Oh, si délicieux...- qui fit vibrer son corps à l'idée de fluide vital chaud qui coulerait le long de sa gorge.
Il tourna un faciès froid vers l'homme.
Il en capta l'arôme.
Et toute sa hargne s'envola pour être remplacé par de l'émerveillement et -autrement plus rare-, une note de respect ! Il sentait le dragon...

- Je me présente, Zaïthan.

Oh, oui ! Ces yeux, cette force sous-jacente ! ce caractère belliqueux tout juste dissimulé ! Un authentique Dragon ! Il eut l'irrésistible envie de toucher la chair de l'homme, de l'éprouver entre ses doigts tant pour satisfaire ses sens que pour s'assurer que son raisonnement sur sa nature soit correcte. Il Souffla, souffla... Là, du calme... D'instinct, il pose son poing droit contre son propre menton avant d'écarter lentement sa main en la gardant à la même hauteur, tout en dépliant progressivement ses doigts qu'il garda tournés vers lui, comme pour présenter une oeuvre d'art -sa propre personne-. C'est un salut Cabaliste qu'on réservait à des personnes qu'on voyait comme ses -presque- égaux, il attendait qu'il le lui rende. Oh, certes, dans le fond, les Dragons étaient forcements inférieurs aux Incubes, mais on ne pouvait pas nier qu'il jouissait d'une force et d'un caractère aussi formidablement explosif que leur courroux ! Sur l'échelle des races, on pouvait concéder le fait qu'il arrive juste après les Incubes ! Et puis Vaehl avait toujours été passionné par eux, il rêvait toujours d'avoir un dragon de compagnie. Il pourrait en faire une monture.

Vaehl... Souffla-t-il uniquement, laissant s'affichant un sourire presque béat, presque extasié. Si l'homme n'en avait pas été un, il l'aurait consommé sur le champ -rien que d'y penser...-, piétinant sans gêne toute la pudeur dont tout ce beau monde chérissait stupidement ! "Pudeur" ... Quel concept complètement débile.

Gwandyr n'aimait pas les soirées mondaines, mais il faut dire que celle-ci était particulière. La demoiselle n'avait pas souvent -et même jamais- eu l'occasion d'aller dans un endroit si prestigieux. Tout y était exquis; le bâtiment, la décoration, ce qui les entourait, ... A part quelques personnages étranges, voire dérangeants, ce lieu était une pure merveille. La guerrière avait déjà pu observer la plupart de ses congènères, et l'impression générale qui en ressortait n'était pas très positive.

*Des machos, des filles presques déshabillées, apparemment de l'hypocrisie... c'est tout à fait charmant*

La rousse soupira. Sa déception envers les gens ne faisait que se confirmer jour après jour.
Alors qu'elle goûtait un énième délicieux amuse-bouche accompagnée d'une lampée d'un nectar divin, se demandant si le banquet serait encore plus exceptionnel -si cela était possible-, elle fut interrompue par l'hôte de la soirée.

-Gwandyr, si je ne me trompe pas? Je suis l'hôte de cette réception, Asmodan. Lorsque je vois certains invités, je me rends compte que j'ai oublié quelque chose d'important pour un homme.

La gauchère se raidit tandis que l'amiral désiganit le dragon et le général céleste, posés un peu plus loin.

-Vous me feriez l'honneur d'être à mon bras ce soir? Ce serait gratifiant d'être accompagné d'une véritable guerrière dont la réputation n'est plus à faire.

Gwandyr se refroidit d'un seul coup, comme si toute la splendeur de la Perle de Nacre s'était envolée en une fraction de seconde. Elle respira intensément, tentant de garder son calme, tandis que son interlocuteur lui tendait déjà le bras, souriant.

*Bordel, il se prend pour qui pour oser me demander une chose pareille? S'il n'était pas un de mes supérieurs je l'aurait déjà démonté... Pfff je suis même obligée de surveiller mon langage!*

La trentenaire était énervée et à deux doigts de s'arracher les cheveux. Heureusement pour tout le monde, elle savait garder son sang-froid, même dans des situations... périlleuses dirons-nous. Elle afficha un sourire ironique.

-Très cher amiral... Je ne suis pas du tout désolée de vous décevoir, mais je vais refuser votre offre éffrontée.

La Tlassin se moquait de le froisser ou pas. Après tout elle n'était pas vulgaire ni violente, il ne pourrait donc rien lui reprocher.

-Malgré vos belles paroles, vous ne me connaissez vraisemblablement pas. Me comparer à une de ses bonnes femmes dévêtues, qui sont parfois considérées comme des objets par vous, les hommes, à se faire trimballer à gauche à droite au bras d'un quelconque machiste... cela est très vexant. Sur ce, je vous souhaite de bien vous amuser avec des personnes qui sont autant présomptueuses que vous.

Sur ces paroles, Gwandyr se tourna à nouveau vers le buffet, fulminant intérieurement à propos de l'affront qu'elle venait de subir. Elle avait beau en règle générale ne pas tenir compte de l'avis des autres, elle prenait très mal la proposition d'Asmodan, quel que soit son statut au sein des sbires d'Aile Ténébreuse.

* Et dieu sait qu'il n'en faut pas beaucoup pour quelle s'emporte ! *

ƒ J'avais reçu le pli du nouvel Amiral par un messager en armure. Droit comme un I jeune et fier de sa mission, il m'avait tendu le papier avec cérémonie et déférence. J'avais parlé quelques minutes avec lui de notre Seigneur, de sa Gloire, avant de le laisser retourner à son armée avec ma réponse. Je n'avais pas encore rencontré le nouvel Amiral et il fallait que j'aille glisser quelques compliments moqueurs à notre nouveau Général de l'air. Victo chef de l'Armée de Ciel; cette Terre qui fut notre la première. J'avais éclaté de rire quand on nous avait apporté la nouvelle de sa nomination. Voir la tête de mon oncle en cet instant aurait surement valu plusieurs combat sanglant dans l'arène.

ƒ Je n'avais encore jamais voyagé plus loin que Terre. Le chemin jusqu'à la Perle de Nacre me paru donc interminable et j'étais plutôt impatiente d'arrivée. Dommage que j'ai besoin de tous mes sens pour ce soir. Cela réduisait de beaucoup mes possibilités de m'amuser avec des passants ou même le conducteur de ma voiture. Le bateau était une expérience très désagréable à mon avis et c'est un peu barbouillée que j'arrivais enfin à destination. Juste à temps pour entendre le discours de l'hôte de la Soirée. Je souris en l'écoutant parlé. Il était doué et cela transparaissait dans ses gestes. Voir un orateur pareil dans l'armée m'amusait, même si j'avais l'habitude de voir ces harangueurs de foules provoqués des scène de liesses dans les temples de Zelphos.

ƒ D'abord occupée par les quelques notables de Sent'sura que je connaissais. Je mis quelques temps à arriver au buffet. Ma robe bustier rouge me permit de rapidement attirer l'oeil d'un serveur qui vint enfin me servir un rafraîchissement. Je me retournais vers la foule en attrapant un canapé pour regarder un peu les personnes présentes. Je pus rapidement repérer mon "cousin" discutant avec des personnes qui m'étaient totalement inconnues. J'avais également déjà entendu parlé du Chef de la Milice ou de ma nouvelle homologue archevêque. Mais cette ribambelle de célébrité réunies à la gloire de celui que je sers me remplissait de fierté de me trouver moi aussi à son service.

Elle ne pouvait que sortir mon plus beau sourire en guise d'excuse mais elle avait l'habitude que cela fonctionne. Cependant elle se conseilla à elle-même de faire plus attention à l'avenir.••• Ce n'est rien du tout. Une étourderie est si vite arrivée et tant qu'il n'y a pas mort d'homme, pourquoi ne pas pardonner sans poser de questions ? Enchanté de faire votre connaissance, mademoiselle. Je suis l'Amiral Asmodan comme vous l'avez déjà devinée. ••• Elle fit un petit salut gracieux et n'eut pas eu le temps de se présenter que son nouveau supérieur vint féliciter cet homme pour ses derniers exploits. Effectivement, il y avait de quoi, il fallait dire que le ralliement des pirates serait très utile. Et elle devait saluer l’initiative du nouvel Amiral. Pour dire la vérité, connaissant son prédécesseur, elle n'était pas certaine qu'il aurait abaissé son honneur à cela.

ƒ Je soupirais lassivement en continuant à saluer les gens de la tête avant de finir mon verre. Le lieu était vraiment manifique mais il y avait bien trop de gens pour moi ici. Trop de distraction de parfum et de couleurs. Impossible de fixer son regard tranquille, de détailler la tenue d'une femme ou la musculature d'un homme. J'étais probablement trop habituée à la quiétude des Temple du Pays de la Terre mais là c'était vraiment trop pour moi.

ƒ Je ne remarquai le jeune homme qui se dirigeait vers moi que lorsque je vis son oeil jaune braquait sur moi. Ces yeux... Ils m'interpellaient, quelque chose de.... connu ? & Bonsoir. & J'étais sûre de ne pas le connaître... Mais un regard pareil ne pouvait pas être humain cela j'en étais sûre. Finalement, peut être qu'il avait bien fait de venir jusqu'à moi... & Bonsoir... Vous avez l'air perdu Messire? & répondis-je avec un sourire engageant. J'espérai bien que le jeune notable me donne son nom et son titre que je puisse mieux le situer. Et peut-être connaître ses origines...

ƒ Hélant rapidement, le serveur pour qu'il nous ramène des verres, j'attrapai les coupes légères pour en tendre une vers le frèle adolescent. & Vous prendrez bien un verre malgré votre jeune âge pour pimenter notre conversation ? & Sussurai-je comme si je savais déjà que nous allions discuter un long moment. Ou du moins espérai-je l'entraîner à m'en dire un peu plus qu'un simple mot.