Terra Mystica

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 A Mirai, où les papillons prennent l'eau [TERMINE]

 
A Mirai, où les papillons prennent l'eau [TERMINE] Sand-g10Mer 7 Aoû - 15:01
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Une vague, une autre. Une vague, une autre. Un, deux, trois. Assise sur le bord du quai, Phalène regardait l'eau clapoter à ses pieds, et les reflets se fondre, se multiplier et se briser comme un kaléidoscope, se mouvoir au fil des vagues et des remous sous son regard fasciné. Les images se tordaient, murmurantes, sillonées d'écume, chuchotantes, au rythme du ressac qui lui sussurait de douces musiques; il y avait quelque chose, là, elle parvenait presque à le saisir.

Autour d'elle, les gens passaient, certains intrigués par cette petite femme qui se penchait d'un air inspiré vers la surface de l'eau, et la vie continuait entre les deux facettes de la ville, émergée et immergée. Phalène avait aimé cet endroit dès qu'elle y avait posé le pied et même si elle avait, au fond, un peu peur de la profondeur vertigineuse des flots, il y avait quelque chose ici qui lui plaisait, cette ville double et pourtant une, comme les deux faces d'une pièce de monnaie. Elle vivait, cette cité, vibrante de vents marins et de courants étranges, et Phalène pouvait presque en percevoir la voix claire et trépidante.

Pour le moment néanmoins c'était autre chose qu'elle essaiyait de saisir, et cela ne cessait de lui échapper. Un, deux... Non. Un, deux, trois? Non plus. Concentrée, peut-être un peu trop, la jeune femme se penchait, encore et encore, fixait avec force les remous à ses pieds, marmonnant des fragments de chansons, fredonnant parfois presque à voix haute comme un instrument que l'on accorde, sans jamais, semblait-il, parvenir à quelque chose de satisfaisant. Non, ça n'était toujours pas bon, pas tout à fait cela... Pas encore. On y était presque. La voix, elle était juste là, le murmure, un soupçon, la musique... Encore, encore un peu. Elle marmonna quelque chose, siffla entre ses dents. Pour un observateur extérieur il aurait été tout à fait manifeste que la barde avait fondu un fusible, et qu'en plus de cela, elle allait finir à l'eau sans tarder. On aurait pu se demander ce qu'elle pouvait bien faire comme ça, mais Phalène n'espérait pas qu'une âme ordinaire puisse ne serait-ce que saisir le début du commencement de ce qu'elle était en train d'entreprendre. Elle avait vite compris que la subtilité des choses de la musique étaient souvent hors de portée du commun. Cela ne la dérangeait pas, n'avoir comme public que le vide et les rochers n'était pas un problème car eux au moins savaient se taire et écouter.

De là où elle était postée, Phalène pouvait voir, au travers des eaux transparentes, la partie sous-marine de Mirai et ses colonnades chevelues d'algues mouvantes, ses versants et ses rues silencieuses, noyées d'azur liquide et d'ombres chatoyantes dans les rayons du soleil qui perçaient la surface. C'était beau et terrible à la fois, comme un reflet immense, comme un vertige, et les vagues déferlaient, paisibles, si douce et si calmes, à un rythme insaisissable. Tout cela semblait la narguer. Si beau, si joli, il fallait qu'elle en garde quelque chose, l'essence, le Verbe. La Musique. Celle qui était là, dans la substance de cet endroit, ce qui régissait son univers, qui donnait le ton à la mer et aux choses, qui faisait l'identité de cette ville. Elle y était presque... Quelques notes filtrèrent de sa bouche entrouverte. Oui, c'était cela, c'était bien, et bon!

Phalène se pencha un peu plus, et son petit corps drapi de bleu sombre bascula dans un petit "plouf" par-dessus le rebord où elle était assise. Elle émergea un peu plus tard, avec l'expression ravie d'un Archimède sortant de son bain, crachant un peu d'eau salée.

-Munin! S'écria-elle en s'adressant au corbeau qui s'était posé sur le bord et l'observait, tordant sa petite tête noire sur le côté, l'air inquiet. J'ai trouvé!

Elle s'aggripa au rebord pour tenter de se hisser, mais une vague plus forte que les autres la submergea et l'enfonça profondément sous l'eau. Elle essaya de remonter, agitant les bras dans des mouvements désordonnés, alourdie par ses vêtements trempés dans lesquels elle s'empêtrait sans pouvoir garder la tête hors de l'eau. Un instant, son visage se trouva à l'air libre, et elle put reprendre son souffle, mais ne trouva pas le temps de crier pour appeler à l'aide. Une autre vague la secoua, et elle ne vit plus rien pendant un moment, avant d'ouvrir les yeux, lentement. Elle se trouvait suspendue entre deux eaux, au-dessus du vaste paysage qu'elle voyait à présent bien plus clairement qu'à l'air libre; jusque là, elle n'avait entrevu qu'un faible reflet déformé, sans avoir la moindre idée des merveilles qui se tapissaient là, si belles, si chantantes... Et de silence, en realité, il n'y avait point, car elle entendait le lent ressac de la mer, le grondement lointain de l'océan qui respirait comme un monstre endormi. Au loin, se déployait comme une vision de rêve, sillonnée de bancs de poissons et d'algues colorées, et la ville, ses colonnes et ses chemins, noyée, engloutie et vivante encore dans les grappes de coraux qui s'accrochaient aux toitures comme des mousses bariolées.

Et puis, il y avait une voix, un chant léger, comme des volutes... Des vocalises, qui se propageaient et changeaient, comme des reflets, comme la lumière dans l'eau. Quelqu'un chantait, non loin, peut-être une sirène, peut-être rien du tout, et Phalène ne voulait rien d'autre que rester là à l'écouter, et tout apprendre. Elle ouvrit la bouche, mais seules quelques bulles s'échappèrent lui rappelant qu'elle n'était pas dans son monde, pas à sa place.

Stupide! Grinça une voix dans sa tête.

L'air lui manquait, et elle s'agita dans un vain espoir de retourner à la surface. En vain. Phalène connaissait ses forces, et elle étaient bien faibles... C'était dommage, de mourir maintenant qu'elle avait enfin trouvé ce qu'elle avait cherché pendant des heures. Elle avait sa musique, maintenant! Dommage qu'elle n'ait plus jamais l'occasion de la jouer.

Peut-être plaira-elle à Nayris, se dit-elle avant de sombrer dans l'inconscience.

Pendant ce temps, au-dessus de l'eau, le corbeau menait grand tapage, autant pour essayer d'en tirer sa maîtresse que pour attirer l'attention de quelqu'un qui le pourrait, lui.

Phalène

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A Mirai, où les papillons prennent l'eau [TERMINE] Sand-g10Jeu 8 Aoû - 13:58
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Asmodan s'était éveillé trois ans auparavant sur un quai au port de Miraï. Il ignorait alors qu'il deviendrait deux ans plus tard le nouvel Amiral de la flotte d'Aile Ténébreuse. Il se souvenait encore de son réveil comme s'il l'avait effectué hier. Il n'avait pas vraiment compris pourquoi il était là, ne se rappelant jamais avoir vu ce paysage. L'amnésique n'était de toute façon jamais venu à Miraï auparavant. De sa vie d'être humain, il avait préféré l'Archipel de la Muerta et ses alentours. Le gouvernement des hommes, celui qui régna avant l'arrivée d'Aile Ténébreuse n'avait jamais vraiment apprécié les pirates. Cet état de fait ne s'était pas amélioré avec une politique démoniaque jusqu'à ce que le Roi Démon ne décide très récemment de faire des pirates son nouvel allié de fortune. Bref, en trois ans seulement Asmodan avait retrouvé une petite quantité de ses souvenirs. Il épluchait encore de temps en temps les rapports de son bourreau à son encontre. Il s'avérait que son Roi actuel avait commandité lui-même la fin de sa vie d'homme. Asmodan n'en voulait pas à Aile Ténébreuse pour cela parce que sa vie actuelle lui plaisait beaucoup. Il était incapable de dire cette phrase tristement célèbre : c'était mieux avant. Il était même parvenu à retrouver sa sœur de sang, chose qu'il n'était pas parvenu à accomplir alors qu'il n'était qu'un humain.

Bref, Asmodan revenait souvent sur ce quai, là où tout avait commencé. Tout comme Phalène aujourd'hui, cet environnement le toucha profondément à l'époque. Une cité à la fois émergée et immergée. Il avait trouvé ce concept fantastique. Mieux encore, il s'était senti lié à elle immédiatement. Il n'existait pas de cité plus importante pour lui dans Abyssaï que Miraï. Malgré son amnésie, il s'était senti attiré irréversiblement par l'Eau et ses alentours. C'était tout simplement sa place et devenir un démon n'y avait rien changé. Le Capitaine du Dédain était différent de la plupart des autres démons existant. En effet, il n'était pas originaire de Zelphos et encore moins un Démon Primordial. Le pirate qui sommeillait en lui n'était jamais vraiment parti, même en passant par la case Nayris.

Le quai qui avait donné naissance à Asmodan était bien agité aujourd'hui. Le Capitaine du Dédain fut même surpris d'entendre les croassements d'un corbeau. Le son était différent d'ordinaire car en effet, cela ressemblait fortement à des suppliques. Les plaintes d'une créature qui implorait qu'on vienne l'aider. De plus, la foule commençait à influer sur ce même quai. Des marchands, des civils, des gardes et même des marins de la flotte d'Aile Ténébreuse. Le Capitaine du Dédain pressa le pas, quelque chose de sérieux s'était produit et il ne pouvait pas ignorer cela sur l'un des ports où il avait les pleins pouvoirs. Les individus les plus bruyants appelaient à l'aide, criant qu'un individu était en train de se noyer. Personne ne l'avait vue tombée d'ailleurs, depuis combien de temps ce corps pouvait-il être tombé dans l'eau ? Peut-être depuis pas très longtemps car le corbeau croassait inlassablement depuis une minute tout au plus. Puis s'agissait-il bien d'un humanoïde ? Les civils n'y voyaient plus qu'une tâche inerte.

Peu importe, ce qui s'en suivit parut un brin plus spectaculaire. Asmodan s'était empressé de rejoindre le lieu de l'accident à pas de course et déposa sa chemise noire sur les épaules d'un passant avant d'effectuer un long saut en avant. Devant une foule dubitative, l'Amiral en personne venait de plonger dans l'eau. Il nagea à vive allure en direction de Phalène et il n'était pas nécessaire d'obtenir plus de temps pour s’apercevoir à bout portant qu'il s'agissait d'une femme. S'il restait une chance de la sauver, le Capitaine du Dédain devait la saisir. Après tout, il n'avait pas plongé dans des eaux quelque peu houleuses aujourd'hui pour s'arrêter maintenant. Il enroula avec délicatesse son bras autour de la taille de Phalène pour la ceinturer. Il ne la lâcherait pas. Sa vie dépendait de lui et si elle la perdait sous l'eau, il mourrait lui aussi : foi d'Amiral !

L'Amiral regagna la surface sans trop de difficulté. Étant bon nageur, il savait que le moment difficile ne faisait que commencer. En effet, à peine les deux têtes sortirent de l'eau, une vague s'affala sur eux et totalement pris par surprise, Asmodan ne parvint pas à lui résister. Fidèle à sa promesse, il ne lâcha pas Phalène, toujours ceinturée par la taille. Le Capitaine du Dédain n'était pas un grand croyant. Nayris, Yehadiel, Zelphos... Il vivait comme il l'entendait et ne croyait que ce qu'il voyait. Cependant, il avait accepté de faire une concession et encore plus depuis qu'une partie de sa mémoire lui était revenue. Asmodan considérait Azuria Mira comme étant l'incarnation de l'Eau. Il ne la considérait pas comme sa Déesse vénérée mais la craignait très sincèrement. Il la respectait et ne la sous-estimait pas, entre autre. Il se demanda alors si elle n'était pas en train de tester sa foi et son amour pour l'Eau. Au fond de sa conscience, Asmodan lui adressa alors quelques mots. Qu'elle prenne sa vie contre celle de Phalène si cela était nécessaire. Elle était incapable de lutter contre ce qui était en train de lui arriver. Le Capitaine du Dédain avait une très forte considération pour les forts mais ne reniait pas ceux qui étaient faibles face à une situation donnée pour autant. Il lui arrivait même de les protéger s'il jugeait cela valable.

L'Amiral nagea une nouvelle fois en direction de la surface. Sa vitesse de remontée était moyenne mais cela suffirait pour une énième et peut-être dernière tentative. La moitié supérieure de son corps quitta l'eau, il parut transcender de toutes ses forces la barrière entre le domaine abyssal et terrestre. Jetant un regard décisif autour de lui, il remarqua qu'il était parvenu à se rapprocher suffisamment du quai afin de pousser son idée jusqu'à son paroxysme. Ni d'une, ni deux, il attrapa l'autre hanche de Phalène et la souleva telle un trophée. Il ne tiendrait pas longtemps ainsi, ce n'était qu'une question de secondes avant qu'une vague ne les frappe à nouveau pour les faire sombrer tous les deux définitivement. Heureusement pour lui, deux marins étaient là pour réceptionner le colis. Phalène était hors de danger. La suite ? Elle était moins propice aux réjouissances. Azuria Mira semblait avoir décidé de ne accorder le repos du guerrier à l'Amiral de la flotte d'Aile Ténébreuse. En effet, une nouvelle vague, plus intense par ailleurs que les précédentes, tira à nouveau Asmodan vers le fond...

Joshua Armadrédo

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A Mirai, où les papillons prennent l'eau [TERMINE] Sand-g10Sam 10 Aoû - 17:21
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Phalène retomba sur le quai comme un paquet linge et de cheveux trempés, transportée en hâte hors de l'eau par les marins qui ne se préoccupèrent plus d'elle pendant un moment, le temps de venir en aide à leur capitaine en difficulté.
La jeune femme resta inanimée dans une vaste flaque bleutée, crachotant un peu d'eau dans un sifflement inquiétant. Munin s'était posé sur elle et lui martelait la poitrine à coups de pattes comme si cela eut pu suffire à la sauver, avec l'obstination caractéristique de son espèce. Finalement, quelqu'un eut l'idée géniale de la faire basculer sur le côté, forçant l'oiseau à s'envoler avec un glapissement contrarié, avant de se reposer sur l'épaule de sa maîtresse qui sembla reprendre ses esprits en achevant d'expulser l'eau qu'elle avait avalée. Elle toussa violemment pendant encore quelques minutes avant de parvenir à se redresser, se demandant comment elle était arrivée là.

Phalène s'assit sur son séant, se dépêtrant de ses lourdes hardes trempées et de ses cheveux épars qui la faisait ressembler à une pelletée d'algues noires et bleues, essayant de remettre de l'ordre dans sa tête sous l'oeil inquiet du corbeau qui caquetait près d'elle. Finalement, la barde se rappela de la raison pour laquelle elle s'était retrouvée dans cette situation, rampa péniblement jusqu'au bord pour s'y pencher une dernière fois avant de se précipiter, toujours en rampant sur ses genoux écorchés, vers le paquetage qu'elle avait eu l'intelligence de laisser de côté et bien au sec. Là, elle prit soin de s'essuyer les mains et le visage encore ruisselants et attrapa son luth tout en s'asseyant en tailleur, calant l'instrument contre elle pour en gratter les cordes du même air concentré qu'un prophète sur le point de recevoir la révélation divine sur la vie, l'univers et le reste. Vite, vite, avant qu'elle ne lui échappe!

Sans se préoccuper le moins du monde de ce qui pouvait se passer autour d'elle, comme soudain sourde et aveugle à ce qui l'entourait, elle laissa échapper quelques notes mélodieuses, réfléchit un instant et joua enfin l'air qui lui trottait dans la tête depuis un moment. Un long sourire étira ses traits enfantins alors qu'elle fredonnait sur ce qu'elle jouait, concentrée sur les notes pour ne pas les oublier. Munin écoutait lui aussi, penchant de côté sa petite tête fuselée, ses yeux d'ambre sombre fixés sur le mouvement habile des doigts de la musicienne, comme s'il cherchait à s'en souvenir, lui aussi. Cela ne dura guère, mais ce fut beau, et la barde satisfaite ne cessa de sourire car elle avait fini par obtenir ce qu'elle cherchait, même si elle avait failli se noyer pour cela. Mais ha, qu'importe? Qu'était-ce que sa vie comparée à l'Art? Elle n'était rien, la musique était immortelle et si ce n'était pas elle qui découvrait cela, ç'aurait été un autre et la musique aurait été jouée d'une manière ou d'une autre.
L'air en était doux, et modulé comme les chansons des gens d'Abyssai qu'elle avait apprit à jouer à son arrivée. Les notes allaient et venaient comme le rythme des vagues, dansantes comme les flots d'écume, chatoyantes et claires comme des reflets de soleil dans l'eau bleue. Autour d'elle le monde semblait tout aussi indifférent à sa chanson, et continuait sa course et son vacarme, les passants et les marins, et les cris des mouettes dans le ciel clair mais la musique ne s'en trouvait aucunement gâchée, et elle était à sa place, ici, comme pour remplir les vides et les silences, comme trouvant un espace, là, entre la cale d'un navire et les murmures de l'eau.

Finalement, Phalène laissa retomber ses mains, souriante, et se redressa en clignant de ses grands yeux limpides. Quelque chose, au fond d'elle, essayait de se manifester à son esprit encore ravi parce qu'elle venait de trouver. Il y avait quelque chose qu'elle devait faire, mais quoi?

Elle posa un regard curieux sur les hommes sur le quai, près d'elle. Ah, oui, savoir comment et qui l'avait sortie de là. Elle se leva enfin, et s'approcha d'eux à petits pas en laissant échapper de drôles de bruits d'étoffes mouillées. Munin se percha sur son bras et elle se pencha vers lui pour chuchoter:

-Qui, Munin?

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A Mirai, où les papillons prennent l'eau [TERMINE] Sand-g10Lun 19 Aoû - 1:59
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Asmodan était en train de vivre son plus rude combat depuis qu'il était revenu à la vie trois ans auparavant. Son adversaire était réellement titanesque. En vérité, les points de vues pouvaient aisément différer en fonction des diverses croyances que l'on déciderait ou non de suivre. Les profondeurs de l'Eau semblaient appeler l'Amiral de la flotte d'Aile Ténébreuse. Ce dernier avait donné la majorité de ses forces dans le sauvetage de la vie d'une inconnue. Et si les Eaux avaient décidé ce jour-là de prendre la vie de Phalène ? Asmodan s'était-il dressé contre une identité mystique en étant parvenu à déjouer ses plans ? C'était bien trop fantastique comme pensée. Lentement mais sûrement, Asmodan ferma les yeux tandis que son corps tombait toujours un peu plus sous la surface de l'eau. Quelques semaines auparavant, il ne se serait jamais retrouvé dans une situation aussi embêtante. En effet, Phalène ne devait pas vraiment sa vie à un démon qui vraisemblablement servait le régime d'Aile Ténébreuse. Non, elle la devait aux souvenirs d'un homme qui avait fait l'erreur de pactiser autrefois avec les forces démoniaques. Joshuah sombra tout simplement dans l'inconscience...

Qui était Joshuah ? C'était tout simplement le passé, le présent et le futur d'Asmodan. Joshuah est Asmodan et Asmodan est Joshuah. Que pouvait-il donc bien faire dans une telle situation ? Il n'avait pas le droit de mourir ainsi. Son équipage, le Dédain l'attendait pour de nouvelles aventures. L'Opération Enfer Polaire l'attendait également. Dans quelques jours, il lancerait la flotte d'Aile Ténébreuse partout à travers les eaux afin d'exécuter l'odieuse volonté de l'Empire du Roi-Démon. En fait, s'il mourrait maintenant, le blocus serait bien lancé mais en cas de réussite, il ne serait plus là pour en récolter les honneurs. C'était en quelque sorte gênant mais pas seulement. En effet, l'Archipel de la Muerta l'attendait. Il rêvait de se rendre là-bas depuis des semaines. Le Dédain ne pouvait pas se rendre là-bas sans lui. Tel un Capitaine avide, il aurait souhaité que le Dédain coule avec lui plutôt que de devoir le quitter une seconde fois. (Du temps où il était Joshuah, un être humain et surtout un pirate de la Muerta, le navire sur lequel il officiait s'appelait également le Dédain.)

Soudainement, sa tête lui fit horriblement mal. Il entendit beaucoup de bruit autour de lui. Des cris implorant les Dieux de sauver une vie héroïque, des enfants et des femmes choqués qui étaient en train de pleurer et des hommes en mouvement tout autour de lui. Il ne parvenait pourtant pas à se réveiller. Ses poumons étaient gorgés d'eau et vraisemblablement, il se sentait sur le point d'y passer. Alors que tout semblait perdu, son mal de tête cessa tout à coup. D'où provenait de chant mélodieux ? Asmodan se sentait étrangement apaisé. Phalène était encore loin de lui et pourtant, ses notes parvenaient jusqu'au creux de ses oreilles. Brusquement, le Capitaine du Dédain ouvrit les yeux et recracha l'eau que ses poumons avaient accumulé durant sa presque noyade. L'Amiral se sentait faible et la sensation qui lui traversait le corps était douloureuse. Lorsque Phalène fut enfin à proximité, les marins autour d'Asmodan s'écartèrent. Ce dernier était allongé au bord du quai, portant seulement un pantalon trempé et une paire de bottes. Ses yeux violacés croisèrent le regard de la Barde. Elle était déjà remise sur pied, il ne pouvait s'empêcher d'être satisfait. Après un dernier toussotement, alors qu'il était lui aussi hors de danger, il s'adressa à elle en la pointant lourdement du doigt.

Hé, toi ! Je t'ai entendue chanter durant mon sommeil ! Je n'ai jamais entendu une telle voix auparavant ! Viens sur le Dédain et partage tes chants avec mon équipage, tu veux bien ?!

Le Capitaine s'esclaffa. Il s'agissait d'une demande vraiment très hâtive et pourtant, cette dernière venait du fond du cœur. Il venait de lui sauver la vie en offrant presque la sienne en retour ! Une âme de pirate ne pouvait-elle pas alors exiger l'allégeance de la jolie demoiselle ?!

Joshua Armadrédo

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A Mirai, où les papillons prennent l'eau [TERMINE] Sand-g10Dim 25 Aoû - 15:57
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Inconsciente du drame qui se jouait près d'elle, Phalène s'était uniquement concentrée sur sa chanson, pour en retenir le moindre accord, la moindre nuance, et sa voix avait eu soudain quelque chose d'étrange, s'élevant avec une sérénité incongrue dans l'agitation du port. Munin l'avait observée, tout du long, sans lui-même se soucier du bruit près d'eux; comme si lui aussi cherchait à se souvenir, comme une vivante incarnation de son nom. Cela était plus important que tout; elle avait failli perdre la vie pour cela, alors, cela valait bien que l'univers patiente un instant avant de reprendre son cours normal, que le temps se fige, juste assez longtemps pour lui permettre de se souvenir de ce qu'elle avait découvert dans le creux des vagues.

Et puis, cela étant fini, la jeune femme s'était levée pour s'approcher des hommes qui venaient enfin de repêcher leur capitaine à la dérive. Munin eut une sorte de hochement de tête en réponse à la question de la barde, qui regarda avec une certaine horreur l'homme cracher l'eau de ses poumons, allongé à même le sol. Qui donc avait pu être assez téméraire pour vouloir la sauver, quitte à y laisser sa peau? Elle s'en approcha à petits pas, sa marche entravée par le poids de ses vêtements trempés, écartant de son visage les longues mèches noires qui s'y collaient. Elle pencha la tête sur le côté d'un air curieux, imitée par l'oiseau sur son épaule qui lâcha un petit pépiement avant de se poser près du pirate comme pour l'examiner sous toutes les coutures.

Un frisson étrange secoua la jeune femme quand ses yeux bleus croisèrent le regarde de son sauveur. Au fond d'elle, quelque chose s'agita comme un oiseau dérangé, un envol brusque qui lui secoua les os d'un spasme chuchotant. Clapotis d'eau brune, quelque chose remonta à la surface. Un murmure familier, un écho lointain. Elle s'accroupit près de lui alors qu'il s'adressait à elle en la pointant du doigt, et loucha sur son index avec une moue pleine de perplexité.

-Et quel usage aurez-vous de nous, à bord de votre navire? S'enquit-elle en semblant s'adresser non pas à l'homme, mais à ce qu'il pointait sur elle. Nous ne servons guère au combat, et nous ne croyons pas avoir le pied marin.

D'un geste, Phalène dégagea sa main des larges manches de son vêtement et posa le bout d'un doigt couvert de tatouages et de cicatrices sur celui du capitaine. Ce simple contact lui fit claquer des dents et elle serra les mâchoires pour maitriser le tremblement qui la saisissait et qui cessa dès qu'elle ôta sa main.

-Mais si vous ne voulez de nous que pour nos chansons, pourquoi pas? Reprit-elle d'un ton enjoué. Nous verrons bien, si cela nous sied.

Tout en parlant, elle observa le bout de son doigt qui était entré en contact avec le capitaine, et le toucha une nouvelle fois, avec cet air songeur et inspiré qu'elle avait en réfléchissant.

-Nous vous devons beaucoup de choses, à vrai dire. Ce ne serait que justice que nous tâchions de vous rendre la pareille, bien que nous craignons fort de ne jamais pouvoir en faire de même pour vous.

Elle porta sa main à hauteur de ses yeux, agita ses doigts et ses moignons de phalanges, et puis les fit de nouveau disparaitre dans les replis de ses vêtements. Le contact de l'homme avait laissé comme une sentation étrange, comme la brûlûre d'un froid vif, ou le toucher d'un cadavre. C'était comme du feu et du froid, un fourmillement désordonné qui rampait à présent le long de ses phalanges et remontait jusqu'à son poignet. Comme souvent, ses sens percevaient quelque chose qu'elle ne pouvait comprendre, car seulement dotée de son faible entendement d'humaine. Si elle avait été plus consciente de ses dons, elle aurait pu savoir, sans doute, quelle était la cause de cette sensation rampante, comme si le fait d'avoir touché cet homme avait mit chaque fibre de sa chair sans dessus-dessous, comme des ondes qui se propagent et amènent le chaos. Elle referma sa main et se frotta vigoureusement le bras en se redressant. Il avait une apparence peu commune, et cela lui plaisit; il avait quelque chose d'étrange, sans qu'elle ne puisse distinguer réellement en quoi il se distinguait des autres. Un moment, elle se tut, absorbée par les remous qui jouaient dans ses yeux violacés, comme de sombres améthystes aux reflets de miroirs liquides. Plus encore que le reste, ces yeux lui plaisaient et elle aurait sans doute passé des heures à les observer, comme l'on admire des joyaux dans la lumière du soleil pour en capter la moindre nuance qui ne cesse de changer, de se muer, de se mouvoir. Quelque chose dans sa tête égrena quelques mots, comme les prémisses de quelque chose à venir. Elle en ferait peut-être une chanson, un jour.

Phalène se secoua légèrement pour s'arracher à cette vision, alors que Munin regagnait son épaule dans un battement d'ailes.

-Mais nous nous égarons, lança-elle d'un ton guilleret. Avant de connaitre votre nom et de vous donner le nôtre, nous voulons savoir.

Son visage prit soudain une expression grave, et dévorée de curiosité.

-Pourquoi?

La question pouvait sembler obscure, mais elle était tout à fait claire dans l'esprit de la jeune femme. Elle avait peut-être déjà un pied dans la folie, mais savait fort bien que les gens ordinaires ne vont pas à l'eau sauver les noyés sans une bonne raison, et qu'il n'y a guère de personne assez hardie et assez altruiste en ce monde pour oser risquer sa peau pour une inconnue. Alors, pourquoi?

Phalène

Phalène


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A Mirai, où les papillons prennent l'eau [TERMINE] Sand-g10Dim 8 Sep - 12:01
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Asmodan observa avec une petite pointe de perplexité le petit jeu de Phalène se dérouler. Trop curieux pour s'offusquer d'un premier contact physique, ce n'était qu'un doigt en touchant un autre après tout, brièvement, il tenta d'analyser du regard la moindre réaction venant de sa part. Elle sembla quelque peu dérangée, comme prise d'un léger spasme passager. Le testait-elle d'une façon ou d'une autre ? Ce qui était inhabituel était souvent amusant pour Asmodan. Ce simple geste le confortait dans son envie de s'intéresser à elle, à sa personnalité. Le Capitaine du Dédain ria légèrement lorsqu'elle énonça n'avoir aucune capacité pour se battre. Pourquoi les gens en venait-il toujours à ce fait ? Il y avait tellement de choses à faire sur un navire, tellement de choses qui n'avaient pas le moindre rapport réel avec le fait de prendre un sabre et d'ôter des vies. Asmodan lui proposait bien plus que des combats, il lançait une invitation directe à Phalène pour embarquer vers d'autres horizons, pour aller vers une nouvelle vie. Le Capitaine se fichait bien pour le moment du passé de la jeune femme. Il l'avait entendue chanter merveilleusement, divinement bien ! Il avait tout simplement envie d'avoir un tel talent sur le Dédain. Avec le temps, considérant que Phalène accepte son invitation, s'il s'avérait que des hantises du passé menaçaient de la rattraper, le Dédain la protégerait et l'aiderait tout simplement.

Tu sais... Il y a des gars qui se battent sûrement mieux que moi sur le Dédain mais je suis plus doué pour commander, il paraît. D'ailleurs, on ne fait pas que se battre. Ça en fait parti bien évidemment mais ne t'inquiète pas pour ça, le moment venu, il y aura des hommes et des femmes pour te protéger.

A nouveau, l'index de Phalène entra en contact avec celui d'Asmodan. Cette fois-ci, elle parvint à garder cette étrange liaison tout en s'exprimant. Quelle capacité, quel formidable don pouvait-elle bien cacher, bon sang ? Asmodan, de nature très curieuse, s'abstint néanmoins de poser cette question peut-être trop présomptueuse pour le moment. Après tout, elle venait elle-même de se perdre dans ses yeux aux couleurs de l'améthyste. Elle avait presque l'air fascinée par le regard envoutant de son futur Capitaine.

Je n'attends de toi que des chansons pour motiver et égayer le quotidien de mon équipage ! Nous avons beau être en période de guerre, n'avons-nous pas le droit de profiter de quelques instants de détentes et d'émerveillements ? Je préfère naviguer avec mes gars à la recherche d'une aventure palpitante plutôt que de foncer au milieu d'une mêlée de toute manière.

Le contrat venait d'être posé. En toute sincérité, il n'attendait rien d'autre que de sa part qu'elle utilise ce pour quoi elle était talentueuse à ses yeux : le divin son de sa voix. Elle pourrait même tenir un journal de bord lyrique si l'envie lui en prenait dans un avenir très proche. Asmodan fixait toujours Phalène dans la prunelle de ses yeux. Plus rien autour excepté la barde ne l'intéressait. Il s'agissait actuellement de l'intéresser, de la conquérir. Pas dans le but d'en faire une compagne de partie de jambes en l'air mais bel et bien de la voir monter avec une conviction certaine sur son navire.

Je suis un peu avare comme Capitaine. Je fais confiance à ceux que je choisis pour faire rejoindre mon équipage. Je ne pourrais pas m'empêcher de te considérer comme si tu étais de ma famille. Ce navire, c'est tout simplement ma vie. Sans son équipage, un Capitaine ne vaut rien. Dans ce cas, si tu veux me rendre la pareille, contente-toi d'accepter mon offre et deviens la barde attitrée de mon précieux Dédain. Mais par dessus tout, partage y ton plaisir et ta joie d'y vivre et alors, tu m'auras rendu ce que je t'ai donné : Une vie bien remplie.

Asmodan osa partager avec elle un franc sourire. Il était de plus en plus persuadé que tout se passerait bien pour elle. Elle considérait avoir une dette pour lui et avec un peu de chance, la vie sur un navire lui siérait très bien. Quand le Capitaine recrutait quelqu'un qu'il avait choisi de lui-même et que l'intégration se déroulait bien, il n'existait que très peu de choses pour le satisfaire plus. Soudainement, Phalène changea de sujet et posa une question après tout ô combien logique et compréhensible. Pourquoi s'était-il jeté à l'eau en risquant ainsi sa vie pour une inconnue ? L'explication promettait d'être quelque peu surprenante.

Je viens plutôt souvent ici. A vrai dire, je suis né en quelque sorte sur ce quai. Je me suis réveillé il y a trois ans ici sans savoir qui j'étais. Depuis, j'ai retrouvé quelques brides de mon passé mais en venant ici, j'espère avoir un jour un indice. J'ai toujours été fasciné par ce qui relève du mystique... Alors quand j'ai entendu les cris des passants, énonçant que quelqu'un était en train de se noyer... Je n'ai pas réfléchi et j'ai foncé. Il n'est pas impossible que trois ans auparavant je sois tombé dans cette eau tout comme toi et qu'on m'ait sauvé la vie... J'aime juste croire à cette hypothèse !

Une hypothèse bien évidemment fausse. Il trouva cependant intéressant de partager un tel point de vue avec Phalène. S'il avait sauté à l'eau pour la sauver, c'était tout simplement parce qu'il en avait eut l'envie. Néanmoins, il était prêt à lui présenter une explication plus acceptable et cela lui permettrait entre autre de se présenter.

Je suis Asmodan, Capitaine du Dédain et Amiral de la flotte d'Aile Ténébreuse. dit-il, l'air un peu songeur. Il se demandait comment une femme loin des sentiers battus de la guerre considérait le fait d'avoir été sauvé par un des plus proches Généraux du Roi-Démon ! Étant l'Amiral d'Aile Ténébreuse, il est aussi de mon devoir de protéger les citoyens de Miraï tout autant que ceux qui ne sont que de passage. C'est l'un des rôles d'une armée, peu importe qui est à la tête de ce régime... J'ai suivi ma conviction.

Lui souriant largement, l'air sympathique et confiant, il ajouta pour conclure.

Je t'ai sauvée parce que j'avais envie de le faire.

Joshua Armadrédo

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A Mirai, où les papillons prennent l'eau [TERMINE] Sand-g10Ven 20 Sep - 17:51
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Le rire de Phalène résonna de nouveau dans le désordre du port, clair et vif comme un chant d'oiseau. Ainsi donc, point n'était question de se battre? Oh, fort bien, cela lui convenait. Elle laissait toujours à d'autres le soin de tuer et de blesser, elle ne faisait que passer, regarder, et transporter les souvenirs au fil du vent. Essayant d'oublier un peu la sensation qui lui grignotait la main, elle se concentra sur les paroles du capitaine. Ce qu'il décrivait semblait plaisant; il y aurait des chansons et des histoires sans nombre à recueillir et à écrire, à bord d'un bateau. Des récits de pirates, des aventures et des épopées marines, voilà qui était plaisant! Et puis Phalène était fille des montagnes, et l'inconnu pour elle, c'était surtout cet océan au bord duquel elle s'attardait parfois sans rien en savoir que des histoires de voyageurs, de monstres marins et de sirènes fredonnantes. Elle était curieuse, pour tout dire, curieuse de savoir ce qui se déployait dans les horizons bleus de la mer, curieuse de savoir la musique des vagues et des ports éphémères, et le vent dans les huniers. Il y avait comme une fascination inquiète dans son regard quand elle voyait les grands navires à quai; elle leur trouvait quelque chose de presque magique, quelque chose de vivant. Le bois, la corde et la poix, et les cris des marins tout en haut des mâts; les grandes voilures blanches dans le ciel épuré et le ressac qui glissait dans l'écume le long des ventres renflés... Oh, oui, elle avait envie de découvrir cela.

Remuant le bout de ses doigts engourdis, elle releva les yeux sur le capitaine.

-En période de guerre, oui, murmura-elle dans un frisson. Ah, ce sont des temps parfois rudes pour les gens de ma sorte, les gueux et vagabonds sans feu ni lieu, et sans bannière à laquelle se rallier. Ah, Munin, nos mots sont bien tristes parfois, quand le fer et le feu étendent leurs empires.

Le reste de ses paroles se perdit dans un souffle, comme si elle se parlait à elle-même, peut-être au corbeau, ou à un point hypothétique situé quelque part sur l'oreille gauche du capitaine. Elle se secoua dans un bruissement de perles, et revint à la conversation. Ses yeux s'agrandirent légèrement quand il poursuivit, et elle eut une mine étonnée, un peu ravie, un peu inquiète aussi, avant de répondre par un large sourire. Elle était touchée, très touchée par ce qu'il disait, et une vague indiscible lui souleva le coeur sans qu'elle sache pourquoi. Ses yeux étaient encore plus jolis, quand il souriait.

Tss... Siffla quelque chose dans sa tête.

Serpent. Murmure griffu, tortueux. Tss... Que crois-tu pauvre folle? Depuis que l'hiver a recraché tes os tu n'as plus de famille, ton sang est tari. Il ne t'apportera rien, ni lui ni les autres et les promesses sont comme la cendre, elles s'envolent, se dispersent, et ne portent en leur coeur que la ruine. Rien!

Phalène secoua la tête et fit la sourde oreille à la voix qui s'entêtait, crissante comme les ongles sur une ardoise. Non, non, tu n'as rien à espérer. Et pourtant. Il disait vrai, elle le sentait, et son coeur gonflé d'un espoir insensé la faisait sourire, car c'était toujours agréable d'être accueillie par de telles paroles. Pourtant quelque chose s'obstinait au fond d'elle et sans comprendre elle pressentait quelque chose, mais fit un effort de plus pour l'ignorer. Elle fit une révérence compliquée, qui aurait pu paraître fort gracieuse si elle n'était exécutée par une petite chose empêtrée dans ses vêtements et ses cheveux trempés.

-Nous tâcherons de nous montrer à la hauteur de vos attentes, et de vous faire honneur, mon capitaine.

Elle semblait tout de même un peu surprise, mais ravie, par l'enthousiasme du marin à son égard. Phalène suscitait l'étonnement, c'était un fait, mais peu osaient s'enticher d'elle à ce point. Sans doute l'appréciait-il uniquement parce qu'il n'avait pas encore eu trop d'aperçus de son esprit dérangé et de ses manières étranges, mais baste, naïve elle était et fort aise de se voir ainsi accueillie à bras ouverts.
L'histoire qu'il raconta en réponse à son pourquoi la fit sourire encore, d'une expression douce et sereine qui fit s'égarer son regard, comme si elle n'écoutait plus. Pourtant, dès qu'il eut terminé, ses yeux bleus revinrent se river aux siens et elle hocha la tête.

-Ce nous semble être une bonne raison, sire capitaine.

L'attention de Phalène fut happée à cet instant par un chuchotement à l'arrière de son crâne. Deux fois né, lui aussi. Né une fois, né encore à une nouvelle existence. Un signe? Oh. Il faudrait demander ce qu'ils en disent. Le même quai. Ah, et si le hasard s'en était mêlé?
Elle revint à la réalité en clignant des yeux, comme éblouie par une lumière soudaine.

-Et nous vous remercions très humblement de vous être porté au secours de la pauvre Phalène.

Ce disant, elle s'inclina très bas, si bas que ses cheveux ruisselants retombèrent au sol dans un bruit humide comme un paquet d'algues d'encre. Se redressant, elle se figea, et acheva le mouvement avec une lenteur qui trahissait un trouble soudain. Oh, non.

Oh, si! Persifla la voix dans sa tête, qui jubilait en ricanant dans le noir. Oh si, et tu le savais! Ah, pauvre, pauvre toi, pauvres os rongés par la neige. Plus rien, plus rien, plus rien du tout pour toi.

Dans un geste hâtif, elle sortit sa main des replis de ses manches et saisit le poignet du démon, les doigts tremblants, alors que la même sensation que celle qu'elle avait ressentie un peu plus tôt se propageait comme une onde tout le long de son bras, se répercutait dans ses os, comme si la chair allait s'en détacher. Elle le lâcha très vite, regardant ses doigts agités de spasmes qui allaient en s'affaiblissant. Cela devait avoir un sens, forcément. Cela devait signifier quelque chose. A force de réfléchir, elle sentit le fil de ses pensées lui échapper, et se rappela qu'une conversation était toujours en cours. Phalène releva vers le démon un regard grave, comme pour l'avertir du poids immense qu'auraient les mots à venir. Il fallait qu'il sache ce qu'elle était, avant de savoir qui. Le premier était bien plus important, car il se pouvait alors qu'il retire sa promesse, après cela.

-Savez-vous le sens que l'on donne au mot Skald, dans les montagnes?

Une pause, puis:

-Nous sommes la mémoire. La mémoire des autres, en vérité; la tête remplie de chants et d'histoires... Nous assistons aux événements sans jamais y participer. Nous ne pouvons prendre parti dans cette guerre, sire capitaine, le serment que nous avons prononcé, celui qui est inscrit par le fer, le feu et l'encre dans notre chair nous l'interdit.

Sa voix se teinta d'une tristesse soudaine.

-Je vous aurais donné ma parole sans peine, oh, sire Asmodan. Mais la franchise nous oblige à vous le dire, cher seigneur; nous n'aimons point les serviteurs de celui dont vous êtes l'amiral. Nous n'aimons point ceux qui veulent renverser l'équilibre, ceux qui portent le fer et le feu partout où la paix régnait autrefois. Nous n'aimons point ce que nous avons vu des vôtres, de vos semblables et de vos maîtres.

La bouche de la jeune femme se tordit dans une expression chagrine et elle se détourna brièvement, croisant les mains dans ses grandes manches pour faire cesser leur tremblement.

-Ah, dit-elle; que n'avez-vous pas tu ce que vous étiez, je vous aurais suivie sans regrets mais à présent... Je sais bien que je vous dois la vie. Nous ne savons plus très bien, à vrai dire.

Elle avait le coeur rongé de regrets, soudain; bien sûr qu'elle avait envie de courir les océans et de connaître tout ce que ce monde nouveau avait à lui apprendre. Pourtant il y avait soudain tant de choses qui, s'élevant dans le noir, lui murmuraient que ça n'était pas une bonne idée. La voix grinçante ne cessait de ricaner tout doucement, comme un gond rouillé qui grince dans la tempête.
Tu n'avais rien vu, rien vu, rien du tout! Pourtant ne te l'avais-je pas dit?

-Je voudrais vous suivre, reprit-elle d'une petite voix. Je voudrais le faire, sans rompre mon serment. Vous ne ressemblez pas aux autres. Pas pour le moment. Pas encore.

Elle se tut, se mordit la lèvre et s'inclina de nouveau, très bas.

-Laissez-moi le loisir de quitter votre service lorsque j'en ressentirai le besoin.

La vraie raison de son obstination à accepter de faire partie de son équipage? Ah, elle était risible, et Phalène ne l'avouerait sans doute qu'à ceux qui lui hantaient le crâne. Munin battit légèrement des ailes, poussant un cri léger. Incertaine, la destinée de la petite barde se suspendait entre deux mots.

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A Mirai, où les papillons prennent l'eau [TERMINE] Sand-g10Ven 4 Oct - 12:15
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Phalène était mystérieuse et attachante. Mystérieusement attachante. Ses réactions étaient parfois curieuses. Comme si quelque chose en elle l'empêchait d'exprimer pleinement ce qu'elle avait envie de dire ou de faire. En effet, Asmodan ressentait quelque chose comme la retenue. Pauvre jeune femme, pensa-t-il. Vivre attaché à quelque chose n'était pas vraiment la marque de fabrique de l'Amiral d'Aile Ténébreuse. Et pourtant, il n'avait pas réellement fait le choix consciencieusement de devenir un Démon. Pour un être tel que lui, sa plus belle des libertés était sans nul doute de pouvoir monter sur son navire et partir durant plusieurs mois en expédition selon son bon gré. Il était un peu tôt pour l'instant mais l'envie de percer le secret de Phalène était déjà présente. Si elle devait effectivement monter sur le Dédain pour en devenir un membre à part entière et y vivre, il était nécessaire pour son Capitaine de lui apprendre ce qu'est la véritable liberté. Il y parviendrait, il ne doutait pas de cela. C'était lui le Capitaine après tout.

Il est parfois plus agréable de fréquenter des personnes éloignées de la guerre comme toi. J'ai beau être l'Amiral de l'Empire d'Aile Ténébreuse, je ne vis pas pour cela. Je gère sa flotte, j'aime bien cela, je dois l'avouer. Majoritairement, les équipages sont de bons gars. Quelque part, je me sens responsable des vies de plusieurs milliers de personnes.

La méchanceté et la cruauté n'étaient pas des facettes appartenant à Asmodan. Il avait beau être un Démon, pouvoir ressentir au centuple des sentiments néfastes par rapport à des êtres humains, il n'avait jamais vraiment changé par rapport à l'époque où il avait été Joshuah. Suivre ses convictions, ses instincts, aller jusqu'au bout de ses rêves et de ses ambitions. C'était tout ce qui comptait à ses yeux. Il voulait être à la tête du plus fort équipage de Terra Mystica, c'était chose faite avec le Dédain. Ce morceau de bois géant sur l'eau pouvait représenter son coffre au trésor personnel. A l'intérieur, on pouvait y trouver des personnes telle que Cendre, sa fidèle compagne avec qui les sentiments amoureux filaient de plus en plus. Elle était sa pierre précieuse à lui, sa plus merveilleuse acquisition. Aujourd'hui, il était déterminé à ajouter une nouvelle plus value à l’œuvre de sa vie. Phalène monterait ainsi sur le Dédain et l'embellirait en lui prêtant sa voix pour conter leurs histoires les plus palpitantes. C'était la volonté d'un Capitaine à la recherche d'un nouveau trésor. Il ne pouvait pas la laisser filer.

Lorsque Phalène attrapa son poignet, l'Amiral se laissa faire et se contenta d'observer. Le phénomène était le même que tout à l'heure mais un peu plus intense. Était-ce quelque chose qui lui permettait de dissocier en son interlocuteur les intentions sincères du mensonge ? Non, il ne lui mentait pas. Asmodan était franc avec Phalène. Il n'y avait donc pas de raison qu'elle puisse souffrir à cause d'un tel procédé. Pourquoi alors ? Elle finit par l'observer d'un air grave. Qu'allait-elle lui dire ? Était-elle sur le point de partager un lourd secret avec son sauveur ? Asmodan soutint son regard. Pas aussi gravement qu'elle, il se voulait au contraire rassurant. Il était là pour répondre à toutes ses interrogations et pour la rassurer, c'était là aussi son rôle de Capitaine.

Soudainement, tout devint limpide comme de l'eau de roche. Skald. Ce mot inconnu à l'Amiral suffisait-il à expliquer tout ce qu'était Phalène ? Asmodan saisit relativement bien le sens des explications. Phalène souhaitait garder sa liberté de penser. Il était vrai que le Dédain était affilié à la flotte d'Aile Ténébreuse. S'il était interdit à Phalène de prendre part pour un camp, si cela était gravé dans son sang et dans ses origines, il devrait respecter cela. Il était prêt à le faire. Ensemble, ils trouveraient un arrangement. Mais d'abord, il fallait effacer ses craintes et ses peurs le concernant. Pour cela, Asmodan était plutôt doué en règle général.

Je suis l'Amiral de la flotte de l'Empire d'Aile Ténébreuse. Le Roi de cet Empire n'est pas un être que je porte particulièrement dans mon cœur. Je ne suis pas non plus toujours favorable aux actions qu'entreprennent les autres Généraux. Je suis devenu Amiral pour la seule et unique raison que je voulais atteindre une hauteur pouvant me protéger d'un monde que je ne connaissais plus et qui me paraissait hostile.

Tout en débitant le début de son long discours, Asmodan s'avança jusqu'à se retrouver en face de Phalène. Il osa plonger un peu plus son regard dans le sien et même plaquer la paume de sa main droite contre sa joue. Elle était chaude et agréable et si elle avait encore un peu froid, il ne doutait pas qu'elle apprécierait le geste.

Je m'avancerais même jusqu'à prétendre qu'une bonne partie de la flotte du Roi Démon me suivrait davantage. Après tout, irais-tu vers quelqu'un que tu connais, que tu as l'habitude de côtoyer ou vers un "inconnu" qui ne s'est jamais montré à toi et dont la réputation est simplement terrifiante ?

D'une simple caresse, la main d'Asmodan quitta le visage de Phalène.

Je souhaiterais si possible ne pas mourir durant la guerre qui oppose la Rébellion à l'Empire. En tant qu'Amiral, j'ai des responsabilités vis à vis de celle-ci. Mais en tant que personne, ce conflit ne m'intéresse pas vraiment. Pour être honnête, je ne souhaite pas voir l'un des camps s'imposer sur l'autre. Si la Rébellion devait vaincre, les gens comme moi n'auraient plus leur place, j'aurais été l'Amiral d'une flotte qui leur donne du fil à retordre après tout. Et si Aile Ténébreuse gagnait, je crains que sa folie destructrice n'aille trop loin. Il pourrait détruire notre monde pour aller ailleurs, par exemple. C'est ma conviction.

Posant désormais ses deux mains sur les épaules de Phalène, il s'assura de ne pas la perdre.

Eau est mon principal intérêt. Je n'en suis pas le dirigeant mais je ne laisserais ni la Rébellion, ni l'Empire saccager les merveilles qui s'y trouvent à cause d'une guerre. Ainsi, si tu ne veux pas te mêler à cela... La solution est simplissime.

Il ferma les yeux et pencha sa tête vers Phalène. Non, il ne se dirigeait pas vers ses lèvres mais vers son oreille. La suite, il tenait à l'encrer dans son esprit, elle ne devrait jamais oublier ce qu'il s'apprêtait à lui dire.

Tu peux m'appeler "Mon Capitaine." et accepter que je ne suis pas "Ton Amiral." ... Et... Asmodan n'est qu'un pseudonyme. L'être que tu es prête à suivre porte un autre nom...

Plus bas encore, il murmura dans le creux de son oreille.

... Joshuah. Joshuah Armadrédo, Maître du Dédain.

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A Mirai, où les papillons prennent l'eau [TERMINE] Sand-g10Mar 15 Oct - 17:03
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Phalène observait le capitaine avec une expression intriguée, alors qu'il parlait; il était étrange, bien différent des autres gens de sa sorte qu'elle avait croisés. Peut-être se trompait elle sur le compte des démons, après tout; peut-être étaient-ils ainsi que le sont les humains, aussi différents parfois que des pois et des pommes? Elle était curieuse, traquant dans son regard quelque chose d'infime, quelque chose d'insaisissable qui l'étonnait un peu. Il y avait le feu, là, l'enthousiasme d'un chef qui semblait capable de les mener jusqu'au bout du monde et même au-delà; sa volonté inflexible se faisait entrevoir dans ses gestes, ses paroles, si bien qu'elle sentait tout au fond de son ventre quelque chose s'agiter et l'envie soudaine de le suivre pour partir à l'aventure. Elle le croyait, quand il disait qu'elle ne risquait rien et qu'il n'était pas quelqu'un de cruel. C'était idiot, mais elle sentait qu'il disait vrai.

Pourtant, pourtant encore le doute s'insinuait et elle ne pouvait pas, non, pas encore. Oh, elle le voulait tellement... Un doute s'insinua sur son visage et lui fit prendre une moue pensive quand il répondit à l'expression de ses doutes. Un espoir pointait dans ses yeux, affleurait dans le bleu de son regard, et elle se hissa un peu sur la pointe des pieds pour l'écouter, attentive, buvant ses paroles comme si elles contenaient la vérité ultime. Le contact de la main d'Asmodan sur la joue de la barde la fit sursauter, et la figea sur place; pourquoi faisait-il ça? C'était soudain comme si sa tête était prise dans un étau de glace et en baissant les yeux sur la paume qui s'était posée sur son visage, elle crut voir quelque chose, comme une ombre d'encre bleue et violacée se diffuser sur elle, vaporeus et dansante, comme si sa substance s'était muée en autre chose qui s'insinuait dans ses veines et la faisait trembler. Elle tâcha de garder le contrôle sur son esprit mais celui-ci chavirait alors que la voix du capitaine lui résonnait aux oreilles comme venue de loin, très loin, au travers d'un brouillard d'eau noire. Les yeux de Phalène se fermèrent lentement dans un cillement douloureux. La chaleur sur sa joue irradiait une faible chaleur qui infusait ses veines fatiguées. Des mots, des mots encore. Comme une apnée. Des griffes couraient le long de sa colonne vertébrale et jouaient avec ses os.

Lorsqu'il ôta sa main, elle prit une longue respiration, comme si elle venait juste de sortir de l'eau et se redressa dans un tressaillement, clignant de ses yeux bleus comme si elle venait de sortir d'une profonde torpeur. Phalène resta silencieuse un instant, puis leva les yeux vers lui, un regard incertain, quoique ravi de ce qu'elle entendait à présent.

-Conviction que je partage, répondit-elle d'une voix au faible timbre, mais au ton assuré. L'équilibre, c'est la clef. Nul ne doit s'arroger le droit de le rompre.

Le bref répit qu'il avait offert sans y prendre garde prit fin lorsque les grandes mains du démon se posèrent sur les épaules de Phalène qui serra les mâchoires pour s'empêcher de trembler et crut qu'elle allait s'évanouir, submergée par une vague de sensations chaotiques où le peu de lucidité qui lui restait encore surnageait comme un noyé dans la tourmente, comme une marée qui envahissait tout en tourbillons furieux. Elle resta ainsi entre deux eaux un moment, avant de reprendre pied avec efforts, luttant pour se maintenir la tête hors de l'eau noire qui inondait son esprit. Vapeurs noires, volutes violacées. Le chaos rampant, le froid sous la tiédeur de ses longues mains, désordre. Glace et crépuscule, un parfum d'eau morte. Le sel sur la langue, et le vent chuchotant. Elle cligna des yeux et la voix d'Asmodan lui parvint de nouveau, brouillée, troublée, mais audible. Elle s'y raccrocha comme un lien à la réalité, et tâcha d'écouter quand il se pencha à son oreille pour prononcer ces mots, ces quelques paroles auxquelles elle suspendait son destin, le secret chuchoté dans le vacarme du port. Cela dura un instant mais soudain, il n'y eut plus rien, comme le temps figé autour d'eux. Plus rien, comme une bulle, un silence de mort où seule se fit entendre la voix de l'amiral qui s'éleva, aussi grave et chantante qu'un air de violoncelle.

Les yeux de Phalène s'écarquillèrent doucement lorsqu'elle comprit, et elle eut comme une moue surprise, alors que ses lèvres répétaient en silence et se refermaient sur ce nom qu'il livrait comme un gage, comme pour sceller un serment, une promesse.

Joshua. Elle sourit. Un nom d'humain. Ces syllabes trouvaient un écho chez lui, comme si ce nom qui lui avait été donné autrefois était celui qui, à la toute fin, était celui qui lui convenait le mieux, comme si Asmodan et le reste n'étaient qu'une façade. L'amiral Asmodan et le capitaine Joshua? Deux facettes, fois né. C'était un signe.

Et puis, elle recula d'un pas, vacillante, et s'effondra sur elle même alors que tout reprenait soudain son cours, plus de silence ni d'ombre, et la sensation chuchotante, et les ténèbres et le froid subtil qui la faisait trembler avaient soudain disparu. Tout s'était évanoui dès que le contact avait cessé, la laissant maladive et troublée, et sa tête soudain libérée de ce carcan bourdonnait comme une machine fatiguée. Ces nombreux contacts répétés l'avaient épuisée et le malaise rampait comme une bête aux confins de sa conscience, l'agitant d'une vague nausée. Sa semi noyade avait déjà éprouvé son organisme, et ce second choc avait autant atteint le physique que le mental.
Phalène tituba, cherchant à trouver un peu de repos, avant de s'effrondrer sur une caisse où elle se replia un peu sur elle même, le souffle court, le teint plus pâle encore que d'ordinaire qui creusait sous ses yeux des cernes bistres.

-Capitaine, je vous nommerai ainsi avec plaisir, répondit-elle en levant vers Asmodan un visage las, bien que souriant. Je suis soulagée de savoir que je pourrais monter à votre bord sans renier mon sacerdoce car je le souhaite tout autant que vous, sachez le bien. Votre hâte m'enchante, à vrai dire.

Elle lui sourit, avec cette sérénité de madone qu'elle avait parfois, teintée de cette folie touchante qui hantait le fond de ses yeux d'eau claire. Il était manifeste qu'elle se sentait mal, mais elle tentait de garder bonne figure, autant sans doute par habitude de ces faiblesses et de ces dérobades de sa santé que parce qu'elle tenait de faire honneur à son nouveau capitaine. Munin s'était posé sur son épaule, et s'était blotti contre elle, niché dans les replis de ses cheveux mouillés, sa petite tête effilée posée contre la joue de sa maîtresse. Le contact familier du plumage aidait Phalène à reprendre pied, peu à peu, mais elle se sentait vidée de ses forces, nauséeuse et épuisée, une douleur à la tête venant lui encercler le crâne d'une note lancinante.

-Permettez-moi encore de vous demander une faveur, autant une exigence que celle de respecter mon devoir de neutralité, cher sire capitaine.

Une pause, elle releva ses paupières lourdes sur lui alors que sa bouche dessinait un fin sourire teinté d'une douceur contrite.

-Ne me touchez plus jamais, de grâce.

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A Mirai, où les papillons prennent l'eau [TERMINE] Sand-g10Dim 20 Oct - 13:14
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Phalène ne s'était probablement jamais trompée quant à la cruauté et aux tendances en général à faire des choses malsaines chez les démons. Asmodan était juste bien différent car aujourd'hui, il était conscient de ne pas en être un depuis l'aube de sa vie. Il savait même que le responsable de cette machination était l'un des anciens serviteurs d'Aile Ténébreuse, l'ex Sous-Amiral Oghan. Pourquoi ex ? Asmodan l'avait tué un an auparavant lors d'un affrontement à mort pour déterminer qui deviendrait le nouvel Amiral. Bel et bien totalement amnésique à ce moment-là, il ignorait que Oghan était responsable de sa nouvelle condition. Il ne l'apprit que bien plus tard lorsqu'il décida de fouiller dans les rapports d'archives de son ancien concurrent. Asmodan... ou plutôt Joshuah avait déjà retrouvé certaines parties de sa mémoire. Il lui manquait principalement son enfance, son adolescence et le début de sa vie d'adulte. Sa vie sur l'ancien Dédain était toujours une inconnue pour lui. Il ne se souvenait même pas qu'un jour, il avait destitué son ancien Capitaine suite à une mutinerie car il l'accusait de faire preuve d'un profond laxisme.

Je n'ai à ce jour pas retrouvé toute ma mémoire... Mais voici un lourd secret que je peux encore partager avec toi. Joshuah pense qu'il lui sera un jour nécessaire de se dresser contre la suprématie d'Aile Ténébreuse. Tu as déjà compris pourquoi : l'équilibre, c'est la clef.

Il sourit amicalement à Phalène. Toujours d'un œil très observateur, il analysa son comportement à chaque fois qu'il la touchait. Les spasmes devenaient de plus en plus récurrent et étaient plus violent à mesure où il la tenait de façon plus prononcée. Un rapport avec les Skald ? Si elle n'avait pas le droit de prendre parti pour un camp ou un autre, était-ce un interdit pour elle de toucher une personne engagée profondément dans quelque chose ? Il ne le saurait peut-être probablement jamais.

Ma parole n'est pas corruptible. C'est un engagement que je prends envers toi, Phalène. Tu n'auras jamais à prendre les armes pour moi. Je veux seulement que ta voix appartienne au Dédain. J'attends de toi que tu sublimes mon cher navire, ma raison de me lever chaque matin et de vivre une journée de plus en pleine mer.

Il la regarda ensuite vaciller en arrière d'un regard très curieux. La tenir avec une telle force par les épaules ? Il ne fallait plus le faire. Joshuah se contenta de s'approcher et de s'assoir par terre devant elle. Elle avait encore une requête ? Une exigence à lui faire part ? D'autres Capitaines auraient pu s'offusquer pour moins que cela mais ce n'était pas le genre de Joshuah. Il préférait être négociateur plutôt que bourreau. Après tout, la faire monter sur son navire en acceptant sa neutralité la plus totale afin de gagner sa voix mielleuse était à ses yeux une victoire. Si cela était nécessaire, des dizaines et des dizaines de gars se battraient pour elle. Elle n'avait même pas encore idée à quel point une personne aussi étrange qu'elle en quelque sorte ferait sensation sur le Dédain. Aux yeux de son Capitaine, elle serait l'un des éléments du trésor de toute une vie.

J'accepte ta requête, bien évidemment. Je ne t'en demanderais pas davantage quant à ces réactions... Tu as le droit d'avoir tes secrets.

Joshuah se laissa brusquement tomber en arrière. Il n'était peut-être pas nécessaire de le rappeler mais le Capitaine de Phalène était toujours torse nu, portant un pantalon toujours bien trempé. Le tissu lui moulait aux jambes. Machinalement, il croisa ses bras derrière la tête et ferma les yeux. Le héros du jour, celui qui avait sauvé la belle Phalène en détresse méritait bien un peu de repos désormais. Il était sur le point de poser une ou plusieurs questions à Phalène, s'orientant davantage sur sa vie sur l'équipage et le Dédain en général. Il suffisait juste de trouver les bons mots. Ce n'était jamais compliqué pour un Capitaine si lié à son navire.

Dis-moi, Phalène... Comment imagines-tu tes premiers jours sur le Dédain ? Et maintenant que tu en sais davantage sur moi, quelle opinion te fais-tu du reste de la bande ?

Joshua Armadrédo

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A Mirai, où les papillons prennent l'eau [TERMINE] Sand-g10Dim 20 Oct - 18:31
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Des tréfonds de l'océan de troubles où son contact l'avait plongé, Phalène avait souri, à ses paroles. Oh, il disait vrai, elle le sentait, comme un certitude à laquelle elle se raccrochait. Le son de sa voix était si paisible, si assuré; les mots roulaient comme les nuées de l'orage, avec force mais sans menace aucune et elle l'écoutait, les yeux à demi clos, sa petite tête dodelinant de gauche à droite comme si ses vertèbres ne pouvaient plus la soutenir.

Il ment, il trahira, grinçait le murmure couleur de sang et de ronces au fond de sa tête. Il est la ruine de ton existence.
Il dit vrai, chuchota autre chose, qui ramena une lueur apaisante derrière ses yeux las. Il portera tes pas là où tu n'aurais jamais espéré aller.

Des vents contraires, encore, deux flots qui s'affrontent et tourbillonnent. Là, elle ne voyait plus rien; son destin s'était supendu au fil de cette rencontre, à ces mots prononcés, à ce secret qu'il avait livré au creux de son oreille. Au-delà, l'incertitude, mais dans le noir quelque chose brillait avec force, quelque chose comme un espoir, une promesse plus solide que les racines des montagnes, quelque chose de rassurant. Et dans l'ombre, ce présage incandescent avait la lueur violacée tapie au creux des prunelles de Joshua.

Alors que la jeune femme reprenait peu à peu ses esprits, elle sourit en le voyant s'asseoir face à elle, l'observant encore comme s'il tentait de comprendre ce qui pouvait bien se passer dans la brune caboche de cette étrange petite chose qu'il avait repêchée dans les flots. Elle se savait étrange, elle l'avait vu, comme un reflet, dans les yeux des gens, et cette révélation avait été soudaine, et surprenante au début. Pour elle, tout cela n'était que logique et normal, et elle ne se souvenait qu'à peine du temps d'avant, avant la brume et les voix, avant la seconde naissance qui l'avait vue s'éveiller aux pieds du grand arbre, au son de la voix de la vieille Femme Pluie.
Elle baissa les yeux sur ses mains rongées de cicatrices quand il accepta de respecter cette seconde promesse. Des secrets? Oh, non; elle ne savait simplement pas comment le dire, simplement pas quels mots pouvaient décrire l'indicible. Pourtant, elle essaya, tordant entre ses doigts l'étoffe trempée de sa robe. Il lui avait livré son nom, il lui avait dit ce que nul autre ne devait sans doute savoir, elle pouvait bien lui rendre la pareille, et se livrer un peu, à son tour.

-C'est plus compliqué qu'un simple secret, dit-elle d'une voix douce, ses lourdes paupières se fermant sur ses yeux limpides.

Son esprit bourdonnait encore, sa tête lourde et douloureuse pesait affreusement sur son cou et elle éprouva le besoin de s'allonger, ce qu'elle fit sans tarder en prenant place près de son capitaine, à même le quai. Munin s'envola de son épaule pour aller baguenauder ça et là, avant d'aller sautiller près du démon pour l'inspecter de ses petits yeux sombres.

-Les mots me manquent, à vrai dire, mais ce que je puis dire c'est que je sens et je vois des choses, à votre contact. Il m'est supportable, quoique fort... étrange. Cela arrive souvent, je ne goûte jamais le toucher des autres. Quels qu'ils soient, il y a toujours des visions qui me viennent, et je crois parfois deviner un peu de leur nature, mais tout cela est si flou... Parfois c'est comme si mes sens parlaient un langage que mon esprit ne comprend pas. Je déchiffre parfois quelques choses, parfois je vois un peu de l'avenir, parfois un peu de leur coeur, parfois des deux. Je touche pour savoir, parfois; toujours curieuse, même à présent, de ce que cela peut m'apporter.

Elle ferma encore les yeux, cherchant les mots pour décrire la sensation.

-J'ai senti du froid, dans votre toucher, et comme un désordre, je crois. Les os griffés et secoués, et le froid, oui, la glace qui prend et serre comme un étau. L'ombre a rampé dans mes veines, je l'ai sentie, et elle est encore un peu là, je peux l'écouter murmurer. Des ondes, oui, c'est cela, comme... Comme une pierre dans l'étang, comme un rocher de givre violet qui a plongé au fond de moi et m'a emportée vers le fond. J'y ai vu briller quelque chose, pourtant. Je ne saurais dire tout ce que cela peut signifier, moi-même je n'y entends presque rien, peut-être cela viendra-il à force de temps, qui sait? Mais cela est trop fort pour moi, je ne pourrais pas supporter cela trop longtemps. Cela me blesse, souvent, dans la chair et dans l'esprit, je le sais, et je le vois.

Phalène rouvrit les yeux et rit.

-Peut-être ai-je oublié de mentionner que l'on me dit folle, à l'ordinaire, quoique toutes ces choses me semblent, à moi, ne pas relever de la démence.

Elle se redressa pour s'asseoir, rassemblant ses hardes trempées autour de sa petite silhouette pour tenter de se protéger un peu du froid qui lui saisissait les membres. Elle se sentait lasse, et maintenit un peu de chaleur semblait l'épuiser tout autant que le simple fait de respirer. Pourtant elle tenait bon, et la sensation frissonnante qui lui bleuissait la bouche et lui faisait trembler les mains était rassurante, car assez réelle pour lui permettre de se raccrocher au moment présent, et empêcher son esprit d'aller vagabonder trop loin.

La question qu'il posa ensuite la fit sourire, et de nouveau, elle ferma les yeux, trouvant sans peine la réponse au fond d'elle, comme une image qui s'imposait d'elle-même. Oh, elle reconnut bien cette sensation familière pour l'avoir ressentie si souvent autrefois; elle savait la vérité qu'il y avait dans ce qu'elle allait décrire, et tâcha de ne point trop en dire. Elle ne s'attendait pas à cela, à vrai dire car tout avait semblé si flou, quelques instants auparavant et c'était soudain comme si les rouages s'étaient mis en place, les pièces assemblées sur le plateau, et que la voie s'éclaircissait peu à peu, maintenant que sa route était tracée, liée qu'elle était par un nouveau serment.

-Ce que je vois? Dit-elle en souriant, ouvrant à nouveau ses lourdes paupières sur ses yeux limpides. Bien des choses à vrai dire; j'imagine tant de visages, ils sont encore incertains mais je crois savoir ce que j'y trouverai. Ils viennent de partout, tant d'horizons différents et tant de blessures et d'oubli...

Elle rit, doucement, portant sa main à sa bouche dans un geste étrangement enfantin.

-Ils ne sauront que faire de moi, je le pense, une petite souris bleue dans un grand navire. Ce sera bien difficile, au commencement, et j'aurais peur sans doute, mais il y aura autre chose.

Phalène eut alors ce sourire serein qu'on lui voyait souvent et donnait à ses yeux un éclat étrange, comme si elle savait des choses qui étaient pour l'heure encore cachées. Il y avait des certitudes, là, de douces et apaisantes promesses accomplies dont elle ne pouvait dire un mot mais qui apportaient tant d'espoir... Elle s'était un peu redressée, et son visage avait perdu cette étrange expression juvénile qui lui était venue quelques secondes plus tôt, alors qu'elle avait à présent l'expression tranquille que l'on donne aux visages des statues, et qui creusait aux coins de ses yeux les premières ridules qui trahissaient son âge. Le changement si brusque pouvait être déstabilisant, c'était sans doute une habitude à prendre et elle semblait aussi changeante que le serait une eau troublée, tour à tour remuante et apaisée.

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A Mirai, où les papillons prennent l'eau [TERMINE] Sand-g10Mer 23 Oct - 16:53
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Joshuah observait à nouveau Phalène. Il perçut l'hésitation dans son regard, cette lueur d'espoir. Il l'aiderait à surmonter toutes les peines, tous les obstacles. Elle pouvait en être certaine. Il ne lui restait maintenant plus qu'à vivre tout cela. Il devait lui paraître bien étrange. Pourtant, c'était sa véritable nature qu'elle avait sous les yeux. Joshuah était encore un secret, quelque chose de délicat à aborder ainsi. Le monde n'était pas encore tout à fait prêt à se séparer d'Asmodan. La flotte du Roi Démon avait encore besoin de lui et elle lui serait encore utile pendant quelques mois. En fait, Joshuah n'était encore apte à se séparer de son pseudonyme, de son identité de démon. Il manquait encore un peu d'assurance. Parfois, il se demandait si ce qui le rendait un peu plus humain sur les sentiments que ses comparses n'était pas une vilaine machination à son encontre. Se rappeler de choses que l'on a oublié peut parfois paraître effrayant. Il avait parfois envie de donner le bénéfice du doute à tout cela. Asmodan aussi avait ses secrets, des secrets plus terribles encore que ceux de Joshuah. Phalène devait-elle savoir qu'il était contraint à dévorer des âmes pour survivre et se recharger en énergie ? Non, ce n'était pas un détail important pour le moment.

Il la regarda s'installer à côté de lui, s'allonger comme s'ils se connaissaient depuis des lustres. Il n'oubliait pas cette seconde promesse qu'il venait de lui faire. Il ne la toucherait pas, plus jamais à moins d'être contraint de lui sauver la vie comme tout à l'heure. Alors que Phalène commença à lui en dire davantage à son sujet, Munin attira les yeux violacés de Joshuah. Lui aussi serait un membre du Dédain à sa façon. Après tout, il y avait déjà Pigeon, un chat. Ce dernier était devenu très proche de Jihad El-Houari, l'une des plus récentes recrues du Dédain. Très rapidement, Jihad était devenu l’œil dans l'ombre de Joshuah. Sa dévotion ne le laissait pas indifférent et il ne faudrait plus beaucoup de temps pour que le Capitaine soit prêt à mettre sa vie entre ses mains. Comme la coutume l'exigeait souvent, chaque navire possédait souvent son propre chat. Pigeon, surnom donné par Jihad en personne il y a peu de temps, était celui du Dédain.

Phalène possédait ce qui semblait être un don de prémonition. C'était ainsi que Joshuah le comprenait en tout cas. Voir l'avenir... Cela n'intéressait pas vraiment le Capitaine du Dédain. Il était de ceux qui vivaient leur vie au jour le jour, sans vraiment se soucier de demain. Il lui arrivait d'imaginer la suite, bien entendu. Cela était presque dommage, selon ses dires, son don ne se cantonnait qu'à l'avenir. Il aurait peut-être pu lui demander d'essayer de fouiller dans son passé et de lui révéler ce qu'il avait oublié. Tant pis, ce serait pour un autre jour peut-être.

Alors tu es capable de voir partiellement ce que je suis à l'intérieur... C'est un don intéressant. Je ne sais pas si j'arriverais à vivre consciencieusement avec un tel pouvoir. J'ai besoin de vivre les choses pour me faire une idée, je ne crois que ce que je vois.

C'était partiellement faux. Son passé lui revenait peu à peu sous forme de visions. Il avait eu la preuve dernièrement qu'il était bien Joshuah et qu'il fut autrefois au centre d'une conspiration visant à l'éliminer lui et la première version de l'équipage du Dédain, l'équipage pirate de l'Archipel de la Muerta. Malheureusement, tant qu'il ne retrouverait pas toute la mémoire, il douterait toujours un peu. Il n'avait par exemple aucune idée quant au fait que Nayris en personne était cachée derrière tout cela.

Je t'ai expliquée tout à l'heure que j'ai oublié une partie de mon passé. J'essaie de le retrouver pour me sentir à nouveau complet. Redevenir entièrement Joshuah est mon plus bel espoir de vivre un avenir qui me siérait bien. J'ai le sentiment au fond de moi d'avoir fait une erreur vraiment grave... Une erreur m'ayant conduit à ma condition actuelle de Démon et d'Amiral de la flotte d'Aile Ténébreuse... J'espère savoir bientôt quoi et ressortir plus assagit de cette épreuve.

Il l'écouta ensuite répondre aux questions concernant sa future vie sur le Dédain. Ce passage l'intéressait particulièrement. Le Dédain n'était pas un simple équipage pour lui, il aspirait à en faire sa famille de cœur. Ainsi, donner à Phalène ce qu'elle recherchait pour la suite en montant sur sa plus grande fierté était comme un défi pour lui. Il avait beau lui avoir promis lui laisser la possibilité de les quitter si elle ressentait un jour le besoin, il essaierait de faire en sorte que cela n'arrive jamais.

Tu écriras l'Histoire du Dédain. Tu le feras entrer dans la Légende. Tu feras en sorte que personne n'oublie jamais notre passage dans le monde des vivants. Je souhaite que pendant des générations durant, le monde entier se souvienne de qui nous étions et quelles sont les valeurs que nous partageons. C'est ta seule et unique mission envers le Dédain, Phalène !

Joshua Armadrédo

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A Mirai, où les papillons prennent l'eau [TERMINE] Sand-g10Ven 1 Nov - 17:12
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Phalène goûta avec plaisir le bref et frustre repos qu'elle s'accorda en s'allongeant à même le sol. Ses manières pouvaient peut-être étonner, la confiance dont elle faisait preuve, également. Après tout, elle ne connaissait ce démon que depuis quelques instants et déjà, elle semblait faire preuve avec lui de la même familiarité respectueuse qui peut exister entre deux personnes qui se connaissent depuis fort longtemps. C'était bon signe, si elle exceptait le fait qu'elle supportait pas son toucher, elle n'éprouvait aucune inquiétude à rester près de lui. Il ne lui était pas hostile, après tout; et puis, c'était quelque chose qui lui semblait tout à fait normal.

Elle eut un sourire très doux, teinté d'une pointe de tristesse.

-Nous n'avons pas un don facile à vivre. Nous ne savons même pas s'il s'agit d'un don, ou d'une malédiction, ou d'un fruit de notre folie. Nous ne comprenons guère, à vrai dire; nous espérons peut-être un jour parvenir à en savoir plus, mais cela est malaisé, et douloureux.

Elle se sentait épuisée, chaque fois qu'elle avait des visions; les rêves étaient moins pénibles car ils n'usaient pas ses forces, mais user de ses capacités en étant éveillée la vidait totalement de son énergie. Elle sentait qu'il était dangereux de s'aventurer plus loin dans ses recherches, et le fragile équilibre qu'elle parvenait à maintenir entre sa santé mentale et physique semblait être à ce prix.

-Il est bien pénible, parfois, de voir ce que les gens ont dans leurs têtes, ou de percevoir un peu de ce qu'ils sont. Il y a des choses terribles, là, je n'ose parfois y penser, et j'évite d'ordinaire tout contact, car je n'aime pas cela. C'est comme pénétrer dans la demeure où l'on n'est pas invité, les gens révèlent par cela des choses qu'ils ignorent parfois eux-mêmes.

Elle ferma les yeux, doucement. Combien de fois avait-elle aperçu le futur d'une personne, les sombres destinées qui étaient promises à ceux qu'elle rencontrait? C'était un fardeau, pour elle; devoir taire tout ce qu'elle voyait, même si elle ne pouvait comprendre, au risque d'en dire trop, et de promettre une vie au désastre. Elle ne dirait rien, alors, de ce qu'elle avait entrevu de leur futur, car de toute manière, Asmodan semblait vouloir demeurer dans l'ignorance en la matière.

-Je pourrais peut-être vous aider, reprit-elle à voix basse. Je devine parfois des choses, et si je puis voir en avant, je puis peut-être aussi voir en arrière, qui sait?

Phalène seule savait combien lui coûtait cette proposition; mais elle lui devait tant de choses, à commencer par la vie. Cela valait peut-être le coup de remettre celle-ci en jeu pour exhausser son souhait? Elle craignait elle-même ce qu'elle allait découvrir de lui; mais elle lui avait fait la promesse de le suivre, et si elle devait lui faire confiance et lui confier son existence, alors les sombres secrets qu'il recelait ne devaient avoir aucune importance, sa parole était donnée.

Elle ne put s'empêcher de sourire à ce qu'il lui répondit ensuite; le coeur gonflé d'allégresse, elle observa au-dessus d'eux le grand ciel limpide où les oiseaux de mer jouaient en hurlant entre les nuées. Tout s'ouvrait devant elle comme un grand vertige, tant de choses à accomplir, soudain! Prêter ses mots et sa musique au Dédain, en être la voix et la mémoire. C'était son rôle, c'était sa nature même. Pour elle, et pour eux.

-On nous dit pourvoyeurs de l'immortalité, dit-elle gaiement. Vos noms seront chantés par-delà les siècles, si j'accomplis ma mission, et nul oreille n'ignorera le nom du Dédain. On se souviendra de vous, et j'en serais la voix. Vous survivrez dans les contes et les chansons, et je les répandrai sur la terre pour qu'ils ne soient jamais oubliés!

Ce disant, elle s'était redressée, pleine d'une joie qui illuminait son regard d'un beau feu bleuté. Elle observerait, les faits, les gestes, les paroles et les exploits, et en serait la vivante mémoire. Munin caqueta en retour, comme s'il partageait les pensées de sa maîtresse, et vint se poser sur son épaule, écartant largement les ailes au vent marin. Une rafale soudaine leur porta quelques embruns tandis que les vagues s'écrasaient en grondant contre le quai, et Phalène frissonna en serrant contre elle les pans de son manteau détrempé. Elle tremblait de froid et de fatigue, malgré la joie qui animait son visage; les bonheurs à venir ne suffisaient pas à la réchauffer, et sa bouche violacée menaçait de tourner au même joli bleu que les tatouages qui la marquaient.

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A Mirai, où les papillons prennent l'eau [TERMINE] Sand-g10Ven 10 Jan - 18:27
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La conversation entre Phalène et Joshua continuait de bon train. Plus les minutes filaient et plus la Barde devenait de plus en plus intéressante. Une véritable perle rare qui avait accepté de rejoindre son trésor. Il avait l'impression de pouvoir se confier à elle, de lui dire chacune de ses pensées. Puisqu'il l'avait touchée un peu trop pour une première fois, cette dernière détenait même quelques images dignes de prophétie de son avenir au fond de sa mémoire désormais. Elle ne lui dirait rien même si son chemin le conduirait à la mort dès demain. De toute manière, Joshua n'aspirait pas à l'immortalité. Un beau jour, Cendre serait peut-être la mère de ses enfants et il éduquerait ceux-ci avec le désir qu'ils puissent reprendre le flambeau. Une œuvre d'art ne peut avoir de fin sur le fil de l'aiguille de l'histoire du temps mais un jour, il espérait bien mourir pour se reposer lorsqu'il en aurait suffisamment fait pour les siens et pour lui-même.

Cela te permet tout de même de te protéger des gens qui ont des intentions malsaines envers toi et qui prétendent pourtant le contraire. On ne peut alors pas te mentir. De toute façon, je ne mens presque jamais, cela tombe plutôt bien !

Il s'esclaffa, trouvant sa dernière réplique un peu amusante. Il pouvait lui arriver de mentir par fierté, prétextant que quelque chose qui l'aurait attristé ne l'atteignait pas. Dans l'absolu, il serait capable de mentir dans le but de protéger les siens et son Dédain. Ce qu'elle énonça ensuite était très intéressant, tentant. Cela se tenait en plus. Pourquoi ne pourrait-elle pas voir le passé si elle pouvait lire l'avenir d'une personne ? Elle en était presque convaincue elle même.

Mon passé m'intéresse... Mais... Je crois qu'il est trop tôt. Pour être honnête avec toi, ma faute me fait peur. On dit souvent que l'on apprend de ses erreurs mais ne m'en souvenant pas, pourrais-je la reproduire un jour avec le Dédain et mettre vos vies en danger ? C'est ma plus grande crainte. Cela me terrifie bien plus que de me retrouver en duel contre le Roi Démon. Un duel contre lui voudrait dire mourir, aucun suspens quant à mon sort. Par contre, pour ce qui vous concerne... Vous perdre et me retrouver seul à nouveau ? Je refuse de perdre une seconde fois le Dédain...

La mine de Joshua devint triste. Il n'avait encore jamais exprimé à personne sa plus grande peur. Il valait peut-être mieux qu'il ignore pour un temps au moins qu'il avait autrefois vendu littéralement son âme au diable en sacrifiant son équipage. Pourrait-il se pardonner s'il apprenait une telle chose ? Seul le temps pourrait le dire.

Ta mission principale semble te plaire, fort bien ! Ma reconnaissance éternelle te guette, Phalène. Tu es l'un des êtres les plus intéressants que j'ai eu à recruter sur le Dédain. J'espère que nous passerons d'agréables soirées à se raconter des histoires sur le pont comme ici même ! Si tu n'as pas d'autres questions, je vais t'emmener chez les tiens.

Il ne venait pas seulement de gagner une Barde talentueuse pour le Dédain mais également une très bonne amie, peut-être même une confidente si elle acceptait naturellement de prendre ce rôle par la suite. Une promesse les liait désormais tous les deux. Une promesse que Joshua prendrait à cœur jusqu'à sa fin.

Joshua Armadrédo

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A Mirai, où les papillons prennent l'eau [TERMINE] Sand-g10Sam 11 Jan - 19:09
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Phalène eut un sourire amusé et leva les yeux au ciel, tordant entre ses doigts le bout d'une mèche de ses cheveux trempés. Son esprit dérivait dans les eaux calmes d'un moment de lucidité bienvenu, et elle avait au coeur une sérénité joyeuse, comme si elle conversait avec un ami de longue date. Même sans le truchement de ses dons obscurs, Phalène savait reconnaître ces moments de grâce impromptue, ces rencontres fruit du hasard qui amenaient à des amitiés plus durables que les fondements des montagnes. C'était déjà comme une évidence, comme si ce ne pouvait être autrement: le calme dans l'agitation, et la voix tranquille de son capitaine qui discourait en regardant le ciel dans le grondement des vagues. Comme si cela avait été toujours ainsi, et comme si devait toujours l'être pour toujours.

-Ce n'est pas si simple, hélas, répondit-elle. Nous marchons dans le brouillard, nous comprenons à tâtons ce que vous voyons, comme si nos sens parlaient une langue étrangère à notre esprit. Parfois il est vrai que nous voyons venir les mensonges des autres et ce qui se cache derrière une belle figure, mais il est rare que cela soit aussi clair.

Il y avait eu quelques fois où elle avait ressenti l'urgence et la réalité du danger qu'elle encourait, où de doux sourires avaient révélé de noirs desseins enclos derrière les apparences, mais la plupart du temps tout était bien trop fluctuant et incertain pour qu'elle puisse réellement saisir ce que cela pouvait signifier. Juste des impressions, des sensations, parfois confuses, parfois si vives qu'elles éclipsaient la réalité. Un flot variable, flux et reflux, qui échappait à son contrôle.

Il ment, susurra un glaçant écho au fond d'elle, en réponse à ses paroles. Il a menti, il mentira. Tu sais le secret qui demeure au-dedans. Tu sais, n'est-ce pas?

Elle cligna des yeux, chassant l'impression persistante, et roula sur le côté pour l'observer quand il parla de ce passé dont il ignorait tout. Il y avait une tension inquiète dans sa voix, et elle sentait que cette ombre qui obscurcissait ses souvenirs était un fardeau bien lourd à porter, parfois. Mais ces paroles, fussent-elles les plus vraies, semaient le doute au fond d'elle. Il était un démon, même si elle semblait déjà avoir éclipsé, comme si elle ne croyait pas le témoignagne de ses yeux, comme si c'était une information dérisoire qui ne cadrait pas avec ce qu'elle savait de lui. Si peu, en vérité, si peu! Juste quelques impressions passagères.... Mais l'ombre, ô, dieux, l'ombre était en lui et elle rampait comme une eau violette qui nageait au fond de ses yeux. Chaos, désordre rampant, elle sentait encore le frisson secouer ses os, et son sang couleur d'encre battre comme de la glace vivante.

Phalène sentit son coeur se serrer, à ses paroles; il y avait dans sa voix une tristesse cachée, l'ombre d'un regret écrasant. Le doute, immense, le rongeait à demi. Il y avait eu tant de bonté, tant d'espoir dans ses paroles et dans son regard quand il lui parlait, comme le spectre de l'humain qu'il avait été. Joshuah n'était sans doute jamais parti, embusqué sous le visage d'Asmodan comme un fantôme qui s'attardait près de ses restes. Mais la question qui affleurait sous ses paroles trouva en elle un écho inquiet. Quelle faute, oui? Qu'avait-il pu commettre pour chuter de la sorte? Un sang infâme souillait ces mains qui l'avait touchée, celui d'un crime qu'il avait oublié. Elle ne pouvait que comprendre ses paroles, et entrevoir le poids de ce fardeau qui était le sien. Ses derniers mots lui nouaient le ventre, car elle y sentait la peur, tapie comme un poison, et le spectre de ce qu'il redoutait.

-Ô capitaine, mon capitaine, murmura-elle en avançant la main vers lui, l'approchant de son front sans toutefois le toucher. Nous n'avons vu que l'ombre, au-dedans. La nuit règne sur vos souvenirs, et elle a tout englouti. Peut-être verrons-nous un jour quelque chose dans cette obscurité, mais nous avons le sentiment qu'elle ne se lèvera que lorsque vous serez prêt.

Un sourire rassurant et serein éclaira son visage, et elle reprit de sa voix douce et chantante, alors que ses doigts écorchés traçaient au-dessus du visage de son capitaine comme une sorte de signe étrange. Une vieille habitude des montagnes, vestige d'une superstition ancienne. Rien d'autre qu'une croyance à laquelle elle était attachée et qui n'avait de sens que pour elle, ce petit geste magique que l'on fait pour écarter le mal et apporter la paix.

-La paix viendra, Joshuah. Si c'est là votre plus grande crainte, alors nous devinons que vous ferez tout pour qu'elle ne se produise pas. Nous avons confiance en vos paroles, nous avons confiance en ce que nous avons vu de vous.

Et puis, tout passa comme un songe, et tout fut comme si jamais aucun aveu d'aucune sorte, aucune confidence n'avait jamais été dévoilée. Phalène avait l'air de la parole et la mémoire plus longue que quiconque, mais elle savait garder les secrets sous silence; la confiance de son nouveau capitaine l'honorait, et pour rien au monde elle ne pourrait jamais la trahir. Il lui avait déjà livré tant de choses, à commencer par ce nom chuchoté à son oreille comme un gage... Et ressentait de la tristesse, pour lui; la compassion n'avait jamais été un sentiment que les démons avaient éveillé en son coeur, et elle s'étonnait encore de ce miracle. Il était si différent, et tant de choses, tant de mystères l'intriguaient, chez lui... Mais déjà, elle pressentait que ce lien qui venait d'être scellé par cette confidence serait autant un fardeau pour elle qu'une bénédiction et elle comprenait enfin quel était le sort des gens de sa sorte, et quel sacrifice était celui d'être skald.

Enfin, Phalène se releva péniblement et s'inclina en réponse à ses paroles.

-Nous pouvons sans peine vous retourner le compliment, sire capitaine. Vous êtes sans aucun doute le démon le plus honorable qu'il nous ait été donné de rencontrer. Mes mots et mes chants résonneront pour vous avec plus de plaisir que pour aucun autre.

Elle baissa la voix dans un sourire.

-Plus qu'un capitaine, j'aime à me dire que j'ai trouvé en vous un ami.

Et ce disant, elle s'inclina de nouveau, plus bas encore, si profondément que ses cheveux touchaient le sol.

Et puis elle se détourna, jetant sur son dos ce lourd paquetage de besaces et d'instruments de musique qui la faisaient ressembler à une petite tortue voûtée. Elle était toujours trempée de la tête aux pieds et grelottait dans le vent marin, mais ses lèvres bleues de froid souriaient encore, alors qu'elle ramassait son bâton de marche pour laisser Munin se poser à son sommet.

-Nous sommes toujours prête à partir, répondit-elle d'un ton réjoui.

Et tandis qu'elle faisait ses premiers pas dans cette nouvelle existence, la barde leva les yeux vers le ciel en adressant une prière muette à ses dieux.

"Ô, aïeux anciens, ô, Femme Pluie, ma mère; veillez toujours sur nos pas, et pardonnez nos offenses. Pardonnez, pardonnez-nous, si nous devons trahir notre parole."

Dans un frisson obscur, levant les yeux vers les voiles qui s'agitaient dans le vent, Phalène sut qu'il était peut-être déjà trop tard, qu'un jour viendrait où elle devrait manquer à son devoir et ne plus se contenter d'observer le cours de l'histoire.

Phalène

Phalène


Humain

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