Freya ne s'adoucissait pas vraiment... mais ses mots n'étaient plus aussi effrayants :

- Je suis contente que tu comprennes cela.

Hector, sans vraiment sourire, montra un visage légèrement moins anxieux. Elle se tournait vers lui, fière, féminine, farouche. Avant de changer de conversation la duchesse sembla pensive. Hector aurait aimé savoir ce qui lui trottait dans la tête.

- On va bien partir récupérer ton épée seulement ce ne saura pas demain. A moins que tu veuilles y aller seul. Je peux te faire un papier pour que le maire enfin chef du village t’accorde le droit fouillé ta tombe. Sinon tu devras attendre avec moi qu’Eugénie arrive pour gérer le duché en mon absence.

Elle avait parlé d'une voix douce et apaisante, presque hypnotique. Elle lui avait même pris la main. D'un seul coup, Hector alla mieux. Il put réfléchir sereinement. Il y avait un argument de poids dans l'une des propositions...

- Je crois qu'attendre avec toi sera plus agréable qu'aller fouiller les tombes... Dit-il avec un léger sourire.

Après ces mots, il prit la main qu'elle avait posé sur la sienne et la monta jusqu'à ses lèvres pour l'embrasser. Comme à chaque fois qu'il y avait eu un souci entre eux, il espérait que ça ne durerait pas et que la passion qui les animait serait plus forte que tout le reste. Après tout leur amour avait déjà survécu à bien pire : à la mort d'Hector par exemple ! Alors ce n'est pas le petit don d'Hector qui les séparerait !

L'ex-bûcheron préférait tout de même en être sûr. Alors, pour ça, il ajouta :

- Si tu me le demandes, j'te promets que j'n'utiliserais plus jamais mon don pour te voir...

Il la regardait avec des yeux brillants d'émotion. Mine de rien, il lui semblait qu'il était passé très près de la perdre. Ses mots était sincères. Il repensait à tous ces moments forts qu'il avait vécu avec elle. Il ne pouvait pas perdre ça pour assouvir sa curiosité passagère. Oubliant que, peut-être, l'araignée se cachait toujours dans les cheveux de Freya, il caressa sa noire chevelure, de sa tempe jusqu'à ses fines épaules. Que cette sensation était douce, agréable, apaisante. Il prolongea sa caresse jusqu'au bras de la jeune femme puis se pencha vers elle pour l'embrasser...

Il avait choisi de passer du temps avec moi et d’attendre. Je trouvais ça très adorable de sa part. Il aurait pu tellement partir et trouver son épée tout seul. Un sourire se dessina sur mes lèvres, contente de sa décision. Je me rapprochais un peu plus de lui, comme pour profiter de sa présence. Et comme si je voulais le rassurer, je lui soufflais :

- L’attente ne durera pas longtemps.

Ma belle – mère arrivera bientôt, il suffisait que le messager amène sa missive assez vite. Il fallait juste être patient. Etait- il patient ? Je le suis. Je l’ai appris en grandissant, en attendant que le repas soit prêt, après avoir souvent bien joué avec lui. Alors je pouvais bien attendre sagement avec lui… Enfin sagement, ça dépendra du point de vue qu’on a du mot. Pour moi, je suis toujours sage. Il en profita pour prendre main et l’amena à ses lèvres pour y déposer un délicat baiser. Mon sourire restera figé sur mon visage comme pour montrer que toute mon hostilité était partie, comme un vieux cauchemar qui s’effritait. Le moment devenait peu à peu chaleur et tendre. Les choses ne trainaient pas dans la froideur et cela me plaisait.
Je voulais simplement qu’il comprenne. Je ne voulais pas qu’il soit figé dans la peur de se voir mourir une nouvelle fois. Cela n’avait aucun intérêt pour moi.

Je fus surprise de voir qu’il était prêt à ne plus utiliser son don, qu’il pouvait dire stop à cette capacité pour moi. Je ne lui avais pas demandé autant. Je voulais juste qu’il garde ce qu’il voyait pour lui. C’est vrai que savoir qu’il peut me voir dans mon intimité la plus secret n’était pas pour moi quelques choses de rassurant, vu ma nature et ses conséquences. Je devais rester prudente. Et je devais sûrement me renseigner sur ses capacités, voire si il peut me voir malgré la distance qui nous sépare … C’était une juste ça qui m’intriguait. Et puis comment me garantira – t-il qu’il ne l’utilisera pas ? Une autre question qui m’intrigua tout autant.


- Je veux juste qu’aucune information ne s’échappe de tes lèvres à l’extérieur. Dis – je en lui caressant doucement la joue, me perdant dans son regard. Aucune information qui concerne ce duché ou moi. C’est important pour moi, très important.

Il me caressa doucement les cheveux alors que nos deux regards ne se lâchaient plus. Cela n’a duré que quelques secondes, le temps nécessaire pour que nos lèvres se rejoignent dans un tendre et délicieux baiser. C’était comme si tout s’était effacé dans le temps comme si tout n’était qu’illusion et seule, la passion du moment compter. Je me collais à lui comme pour profiter de ce délicat contact, comme une sucrerie rare et pourtant succulente. Mes mains glissèrent le long de son torse.

Et dès que le baiser prit fin, je lui susurrai à l’oreille de façon bien plus douce, un souhait.

- Et j’aimerais tant que tu ne me donnes pas une raison de te tuer. Je ne veux pas que de ma main ton cœur meurt, que je sois obligé de te réduire au silence pour toujours. Je veux simplement te garder près de moi.

Et je l’embrassais langoureusement pour goûter encore une fois à ses lèvres sucrées. Le tuer, j’en étais capable comme le trahir mais je n’en avais pas encore le désir. Je voulais encore profiter de lui sans pour autant en abuser. Je voulais juste le garder que pour moi. Et pourtant, je savais que si je devais le tuer, je le ferais sans hésiter.

- L’attente ne durera pas longtemps, lui assura-t-elle.

En guise de réponse Hector sourit. Elle s'était rapprochée de lui et il en fût heureux. Lorsqu'il proposa de ne plus utiliser son don pour la voir, elle lui demanda juste de ne rien dire de ce qu'il verrait ainsi.

- D'accord Freya, j'te l'promets, lui répondit-il alors qu'elle lui caressait la joue.

Déjà les corps du jeune homme et de la duchesse semblaient se demander. Hector se pencha vers Freya et elle le rejoignit pour l'embrasser avec langueur. Ce baiser faisait disparaitre peu à peu les craintes d'Hector mais...

- Et j’aimerais tant que tu ne me donnes pas une raison de te tuer. Je ne veux pas que de ma main ton cœur meurt, que je sois obligé de te réduire au silence pour toujours. Je veux simplement te garder près de moi.

Était-ce une déclaration d'amour, une dernière mise en garde ou autre chose encore ? Hector, toujours dans l'euphorie du baiser, comprit qu'elle l'aimait et que ce serait bien à contre cœur qu'elle le tuerait, s'il la trahissait. Finalement, cela clarifiait la position de Freya et notre cher jeune homme accueillit avec bonheur les lèvres de son amante contre les siennes. Les quelques instants que durèrent ce baiser firent monter en Hector une sensation qu'il connaissait bien... S'écartant un peu d'elle, il dit :

- J'me souviens d'un matin où j'marchais dans la forêt d'Drayame. Le soleil était encore bas et il faisait sacrément froid. Y avait du brouillard aussi. J'allais vers l'endroit où on coupait du bois mais avec ce brouillard je m'étais un peu perdu. J'continuais d'avancer dans la direction qui me semblait être la bonne et puis au bout d'un moment j'entends du bruit. J'étais à 20 mètres d'un couple d'elfes qui s'embrassaient. Ils avaient l'air de se cacher. Enfin j'en sais rien. Ils avaient surtout l'air passionnés, tellement ensemble, tellement dans leur truc qu'ils ne m'avaient pas entendu arriver ! Bref, ce jour là, j'me suis dis qu'un jour viendrait où j'trouverais ma femme aussi... Et que je l'emmènerais là, dans la forêt, et que ce serait la bonne, et qu'on vivrait longtemps ensemble et cætera. Des trucs d'adolescents romantiques quoi ! M'enfin, quelques jours plus tard j'te rencontrais dans c'te forêt ! C'était une drôle de coïncidence tu trouves pas ?

Se voulait – il romantique en me racontant cette histoire ? C’était intéressant de le voir ainsi, doux et tendre dans ses paroles. C’était une facette que je n’avais pas connu, une facette amusant sans être moqueur. Il s’était écarté de moi pour me la raconter. Oui qui aurait cru qu’une nuit dans la forêt de Drayame, dans cet hiver grisant, je rencontrais l’homme qui deviendra ce favori parmi d’autres hommes tout aussi identique. Pourquoi lui ? Peut –être car cela m’amusait ? Ou peut-être qu’il avait simplement le savoir et l’expérience qui pourrait me plaire ? Ou peut – être que c’était un tout ? Finalement peu important. Une seule infidélité, une trahison et il est fini. J’espérais au fond de moi qu’il le comprendrait et n’oserait pas me défier de cette manière. Il valait mieux pour lui.

- Tu as fait ton petit voyeur. Dis – je avec un sourire taquin. L’hiver est rempli de mystères.

Ma main se baladait sur son torse.

- Tu es content de m’avoir rencontré dans cette forêt ? D’avoir vécu cette nuit avec moi ? Soufflai-je avec tendresse.

Je passais ma main sur sa joue, la glissant contre ses lèvres comme pour en dessiner les traits, comme si je voulais les lui dévorer. J’aurais pu tellement de dire de mot, tellement me perdre dans des phrases sans fin, tellement m’embraser dans de longs discours et pourtant, je me tus un instant. Je le regardais dans les yeux, laissant mes yeux s’abandonnaient dans ses pupilles. Le silence avait pris doucement possession de ce lieu. Et je savais que j’allais le rompre tôt ou tard où peut- être lui. Cependant, ce n’avait pas d’importance. Je l’admirais simplement. Une admiration silencieuse. Je me rapprochais de lui, lui faisant un bisou au coin des lèvres puis je reculais doucement. Un sourire était gravé sur mon visage.

- Je ne regrette pas cette rencontre dans cette forêt. Dis – je simplement. Et j’aime quand le destin est capable de me suspendre de la sorte.


Bon, j’aurais aimé qu’il mette moins souvent dans les problèmes. Ca m’éviterait bien des frayeurs, si je pouvais les appeler comme ça. Je me redressais m’écartant donc de lui. Je m’étirais doucement.

- Qu’aimerais – tu faire ce soir ? As- tu faim ? Veux – tu prendre un bain ? Soufflai – je.


J’avoue qu’un bon bain ne me ferait pas de mal. Sentir l’eau couler contre ma peau, ce savon moussé sur mon corps, rien que d’y penser, j’en rêvais déjà. Et puis après tout ce qu’il s’est passé, j’en méritais un ! Nous en méritions un. D’ailleurs, ça fait bien longtemps que je n’ai pas pris de bain de sang. Faudrait que je vérifie un soir, si le sang est encore bon. Bon Ezéchiel s’en occupait très souvent. Je ne suis pas la seule à faire des carnages en secret. Et lui aussi aimait se baigner dans ce sang. Et je me demandais bien comme Hector vivrait s’il devait l’apprendre… Toute façon si cela devait arriver, la moindre fuite signerait sa mort. Alors vaut mieux que tout restait secret. J’attendrais son départ pour en profiter. Et je me demandais aussi comment devais – je faire devant ma belle – mère. Une chose était certaine, il ne sera pas cet amant chéri, mais un ami. Rien de plus, rien de moins. Je verrais bien quand elle sera là. Devrais – je lui parler d’Eugénie ? Ou attendre ? Je ne savais pas encore comment faire mais j’espérais que ce passera bien.

"Petit voyeur" l'avait-elle appelé ! Bon, c'était une blague, évidemment, et son sourire indiquait bien que, finalement, la duchesse avait "oublié" le petit incident précédent. Elle caressait gentiment le torse d'Hector...

- Tu es content de m’avoir rencontré dans cette forêt ? D’avoir vécu cette nuit avec moi ? Souffla-t-elle avec tendresse
- J'crois que c'est l'un des trucs les plus fous qui m'soit arrivé ! J'avais l'impression de vivre un rêve, en fait...

Hector hésita, il n'était pas vraiment timide mais s'il devait expliquer tous les sentiments qui l'avaient traversé ce soir là... ça ne serait pas si simple que ça... et ce serait bien long, sans doute. Alors, pour résumer...

- ... sauf qu'au matin, tu étais encore là.

Et, alors qu'elle le regardait avec amour, Hector la prit par la taille et l'embrassa une fois de plus. Ses lèvres caressant celles de son amantes, il repensa à toutes les séparations qu'ils avaient vécu. C'était presque un miracle qu'ils soient encore dans les bras l'un de l'autre après tant de péripéties. Que cet instant était bon. Malheureusement, un instant plus tard, elle s'écarta légèrement d'Hector. Légèrement surpris par l'interruption soudaine de cet instant délicieux, il la regarda s'étirer. Sa silhouette ainsi tendue était fabuleuse, svelte et élancée. Son attitude donnait envie à Hector de la débarrasser de tous les artifices textiles qui encombraient son corps de déesse...

- Qu’aimerais–tu faire ce soir ? As-tu faim ? Veux–tu prendre un bain ? Lui demanda-t-elle de sa voix la plus sensuelle.

Faim ?! Hector était bien loin de penser à manger à cet instant précis ! Le bain était l'option qui lui paraissait la plus compatible avec sa dernière envie.

- Un bain, oui, ce s'rait parfait... Par contre... je... ma mémoire n'est plus très... Tu pourrais m'accompagner jusqu'à la salle de bain ? J'ai oublié où elle était... Fit-il en posant sa main sur la hanche de la jeune femme.

Il n'attendait qu'un "oui" de sa part pour faire glisser sa main un peu plus bas et emmener sa tendre amante vers un lieu plus intime que ce grand salon luxueux dont la porte pouvait à tout moment laisser passer un servant, un garde ou pire encore... Ezéchiel !

Et il m’embrassa d’un baiser tendre et délicat bien avant que je me relève. J’avais pourtant fait mon possible pour ne pas le rompre si tôt. Cependant le mal était fait. J’étais debout et j’attendais patiemment ses réponses.  Je le regardais gardant un sourire tendre envers lui.  La soirée s’annonçait plutôt douce et chaleureuse. Quelques choses de doux et de calmes, quelques choses comme ça… J’aimais ce genre de soirée où les affaires me laissaient tranquille pour que je puisse me reposer.


- Oui, et je n’ai jamais regretté d’être resté ce matin-là.

Et là, il répondit à mes questions, enfin à ma question.  Il voulait se délecter dans un bain, bien chaud. Profiter de cette eau chaude qui coulera sur son corps nu, son beau corps.  Mon esprit s’évadait dans cette vision que mon imagination avait créée.  C’était plaisant de l’imaginer dans ce bain, profitant de l’eau et du savon.  Je lui souris toujours.
Sa main était posée sur ma hanche et je le laissais faire sans rien dire.  Je lui pris la main doucement, serrant légèrement ses doigts tout en plongeant mon regard dans le sien.

- Je vais t’emmener à cette salle de bain. Seulement si tu es sage et bien patient. Car il faut préparer le bain avant de se plonger dedans.

Je lâchais sa main doucement comme voulant profiter de ce doux contact encore un peu. Ensuite je me dirigeais vers la porte l’ouvrant et je sortis en lui disant :

- Je reviens vite.

J’allais voir un serviteur, lui demandant de préparer la salle de bain.  Il en aurait pour au moins un bon quart d’heure. Il acquiesça et s’en alla faire son travail.  Je m’en retournais vers le salon, entrant calmement. Je me rapprochais de lui, toujours le sourire aux lèvres.  Je lui pris la main, l’aida à se mettre debout puis je l’embrassais en attendant que la salle de bain soit prête. Une envie soudaine de dévorer avec tendresse ses lèvres. Une passion sucrée qu’il laissa un goût mielleux vibrait dans ma bouche.
A la fin de ce baiser, la porte s’ouvrit après qu’on est toqué à la porte. Je me retournais pour voir le serviteur entrer et me dire que le bain était prêt. Parfait ! Je n’avais pas lâché la main d’Hector.

- Je peux t’y conduire mon cher. Tout est prêt.

Et sans lui lâcher la main, nous sortîmes du salon ensemble.  On passa par le hall montant les escaliers doucement vers l’étage. Prenant simplement tout mon temps. On passait dans les dédales du château calmement.  Ce château était magnifique dans sa stature, dans ses dorures et ses tableaux. Toute une histoire était née dans ces murs.  Un château cher à mon cœur de veuve noire. Une chose que je refuserais quoiqu’il arrive de modifier.  Nous arrivâmes devant la porte de la salle de bain. Je l’ouvris.  
Une fumée dut à l’eau chaude sortit de la pièce, laissant une odeur de fleur et de miel s’échapper en silence. Un délicieux parfum.


- C’est l’heure de se laver, jeune homme. Dis – je en lui donnant une tapette sur les fesses !

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