Hector Schwerbess était parti du duché de la Toile Noire. Temporairement ? Peut-être. Fâché avec sa tendre Freya ? Qui sait... Toujours est-il que son inspiration l'avait mené jusqu'ici, dans cet étonnant pays de feu, dans cette région de Sahawi. Et il avait chaud Hector ! Il voyageait sur un piètre cheval, ne faisait donc pas tant d'efforts que ça, mais pourtant, il suait à grosses gouttes. Cela faisait déjà quelques jours qu'il chevauchait sa brave jument à la recherche de ... quelqu'un ... mais sans succès. Il avait d'ailleurs du mal à survivre entre deux villages ou deux campements... Et donc, ce jour là, par chance, avant de se dessécher complètement, il rencontra une couple de chasseur qui lui indiquèrent leur village. Lorsqu'il l’atteint enfin, il était au bord de l'évanouissement. La chaleur écrasante et sa déshydratation l'accablaient. Heureusement, un puits trônait là, au milieu des quelques huttes qui formaient ce village.

Les gens qui habitait ici étaient gentils et serviables. Ils l'aidèrent beaucoup. Une famille d'herboristes lui apporta abris et réconfort. Cependant, après quelques jours chez eux, il était temps de repartir. Il n'avait pas trouvé celle qu'il cherchait ici non plus. Alors il chercherait plus loin...

- Merci pour votre aide et bonne chance pour la suite, mes amis ! Dit Hector à ses hôtes.
- Mais tu peux rester encore un peu, Hector, la nuit va bientôt tomber... c'est dangereux de partir si tard... Lui répondit le chef de famille.
- Non vraiment, je ne voudrais pas vous déranger... Mais merci pour le conseil, je ... je vais rester au village pour la nuit...

Et c'est ainsi qu'Hector s'installa tout simplement au centre du village, sur un petit tapis qui lui ferait office de lit, près du puits. Là, il attendrait que le soleil se couche, puis il dormirait et repartirait le lendemain, revigoré par une dernière bonne nuit de sommeil, dans le village de ses amis herboristes. Du moins c'est ainsi qu'il envisageait les choses...

Mais ce n'est pas comme ça que les choses se passèrent ! La famille d'herboristes et les autres gens du villages décidèrent de faire une petite fête avec ce cher Hector qui les avait bien amusé en leur racontant ses histoires : les histoires de sa vie, arrangées avec plus ou moins d'habileté pour les rendre plus ou moins intéressantes ! Bref, toutes les familles - une dizaine environ - s'étaient rassemblées autour du puits, avaient apporté à boire et à manger. Certains jouaient de la musique : tambours, instruments à cordes locaux, principalement, et quelques flûtes ici ou là, d'autres dansaient ou discutaient les uns avec les autres.

L'ambiance étaient joyeuse et l'alcool de murine (une plante locale également) rendait chacun légèrement euphorique !

Hector s'éloigna un moment du groupe pour donner un seau d'eau à sa jument...

Alors qu'elle se trouvait à Drayame avec son compagnon Trataïr Erubon, Iryo s'était soudainement souvenue qu'elle avait une boutique à Sahawi ; il aurait été malvenu de tout planter là sans au moins récupérer ses herbes et dire au revoir à ceux qui l'avaient si gentiment accueillie, voilà des années, après un passage par la case "esclave".

Elle avait donc assuré à Trataïr qu'elle reviendrait le plus tôt possible, sitôt qu'elle aurait récupéré ses affaires, réglé quelques détails et dit au revoir à ses amis. Se séparer de lui la dérangeait quelque peu, surtout avec sa nouvelle nature qu'elle avait encore un peu de mal à maîtriser, mais elle ne voulait en aucun cas qu'il arrive trop tard à la capitale, où il avait été réclamé. Déjà qu'il avait fait un crochet par la Forêt des Elfes, rallongeant son voyage...

Après plusieurs jours de voyage, Iryo revint enfin à son village de Sahawi, alors que la nuit était tombée voilà quelques heures. Le village était en fête, des rires et des chants résonnaient dans l'air de la nuit. On pouvait même entendre le bruit de l'alcool qui coule à flots...

Esquissant un sourire, Iryo se dirigea vers la source du bruit : elle fut accueillie avec joie par ses amis, qui lui posèrent des tas de questions sur son voyage - avec notamment celle de pourquoi le voyage avait été si long entre Drayame et le village. La jeune femme posa ses affaires, prit le verre d'eau qu'on lui avait apporté et répondit :

J'ai dû passer par Aeb, et j'y ai fait une merveilleuse rencontre... Sans lui, je ne serai pas là pour en parler, croyez-moi. Au fait, pourquoi fait-on la fête ?

Nous avons un voyageur qui ne va pas tarder à repartir, et nous voulions lui dire au revoir avant demain. Il est allé s'occuper de sa jument, il reviendra tout à l'heure.

Merci, Ned. Par contre, si ça ne vous ennuie pas, je vais aller dormir un peu, le voyage a été long jusqu'ici...

T'as bien raison... On dirait que t'as pas dormi depuis des lustres ! File dormir va.

La jeune femme sourit et se rendit jusqu'à sa case, à côté de sa boutique, toutes deux restées intactes depuis son départ. En chemin, elle passa devant un homme qui s'occupait de son cheval, et lui souhaita un "bonsoir" avant de continuer son chemin. Sans se douter de ce qui allait lui arriver...

Hector leva les yeux en entendant un "bonsoir" désinvolte... Le soleil fût éclipsé par l'astre qui passait à coté de notre pauvre bougre. La femme qui avait prononcé ce mot était plus qu'une femme. Elle était le soleil, elle était la chaleur, elle était la vie, la source de toute chose. Ses yeux de feu avaient immédiatement hypnotisé le jeune homme accroupi auprès de sa jument. Il ne pouvait ni se lever, ni même répondre à ce salut. Il restait là, chancelant, bouchée bée, fasciné.

Autour d'Hector, les villageois continuait leur activités face au couchant. Un feu était en train d'être allumé. quelques grillages semblaient devoir nourrir cette joyeux communauté. Hector se leva et retourna auprès de ses hôtes. Il entama une discussion avec un des villageois qui l'avait interpellé au sujet de sa prochaine destination. Il répondait à ses questions mais avait toujours en tête cette femme qui était entrée dans le village, qui l'avait bouleversé et qui était aussitôt partie s'enfermer dans sa case. Qui était-elle ? Que venait-elle faire ici ? Elle avait le même charme exotique que celle qu'il cherchait...

Il ne pouvait décemment pas aller frapper à sa porte pour ... pour lui parler ! Alors il continua la soirée, oubliant parfois ce visage de reine, ces yeux ardents. Il chanta avec les villageois lorsque les tambours se firent plus présent. Il buvait avec les anciens qui s'amusait de le voir s'empourprer au fil des gorgées de murine. Il dansait autour du feu comme le faisaient tous les autochtones. Le soleil se coucha mais pour autant, le village ne s'éteignit pas. Les enfants allèrent se coucher mais les adultes allumèrent des torches et la fête continua. Les rythmes des tambours semblaient même s'accélérer. Quelques hommes firent tourner des pipes de plantes et d'herbes hallucinogènes. Hector fut invité à y gouter et il ne refusa évidemment pas ! Il aimait fumer et ne se doutait pas des vertus originales de ces pipes. Il se sentit immédiatement plus léger. Il s'imaginait flotter dans ce village sombre. Les torches étaient comme lui des oiseaux de feu. Il avait chaud et ouvrit sa chemise. Il s'envola avec les grands phénix vers les hautes montagnes. Et puis après se long voyage il entendit l'appel des hommes. Les flutes lui chantait de revenir, elle lui rappelaient son devoir. Il devait trouver la reine de feu, lui demander asile, lui offrir son âme...

Il frappa timidement à la porte de la case... Rien ne bougeait à l'intérieur. La reine était en danger ! Il frappa plus fort, pris de panique ! Si elle ne répondait pas, il devrait briser la porte de bois pour sauver la reine des serpents malfaisants qui sifflaient alentour...

Iryo ne s'était pas plus préoccupée que cela de l'homme qu'elle avait croisé en allant se coucher. Pour elle, il n'était qu'un voyageur qui s'occupait de sa monture, ou un habitant du village qui s'occupait du cheval d'un autre. Pourquoi s'inquiéter ?

Poussant la porte de sa maison / boutique, elle fut agréablement accueillie par l'odeur des plantes séchées qui embaumaient l'endroit ; heureusement qu'elle était venue les récupérer, n'étant pas sûre d'en trouver à la capitale... Mais elle aviserait plus tard. Bâillant et s'étirant, la jeune femme retira ses vêtements derrière son paravent, les remplaçant par des vêtements plus légers pour la nuit, et alla s'effondrer sur son lit, de fatigue. La nuit promettait d'être réparatrice.

Jusqu'à ce qu'elle soit quelque peu réveillée par quelqu'un qui cogna contre sa porte, qu'elle avait pris soin de fermer à clé pour ne pas être importunée à tout va. Même si elle connaissait les habitants du village, elle savait que quelques-uns étaient capables, un peu avinés, de venir embêter n'importe qui à n'importe quelle heure de la nuit...

Grommelant, les cheveux en bataille, l'herboriste chercha une arme quelconque, oubliant qu'elle était devenue elle-même une arme, et attrapa une poêle qui traînait sur la table. Se levant pour rejoindre la porte, la poêle dans ses deux mains et levée au-dessus de sa tête, elle lança :

Qui va là ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

Elle pouvait entendre, au loin, les rires des gens qui faisaient la fête. Mais derrière sa porte en elle-même, rien. Personne qui ne répondait ou qui se remettait à toquer de manière fort peu discrète. Grommelant à nouveau contre les enquiquineurs, elle retourna se coucher, reposant sa poêle sur la table avant de s'effondrer à nouveau sur son lit, sombrant dans un sommeil profond. S'il y avait quelque chose dehors, elle aviserait le lendemain, là il fallait dormir...

Enfin la reine répondit...

- Qui va là ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

Cette voix avait la douceur du miel. Cette voix avait la force des montagnes. Hector se sentit si petit face à elle. Et cette porte qui lui faisait face, d'un bois clair, portant les stigmates d'un combat permanent contre les sables, elle semblait lui dire : "tu n'es rien, va-t-en !". Mais il était si persuadé que la femme qui lui parlait courait un grave danger que malgré tout, troublé et impressionné il ouvrit la bouche pour lui parler.

- Il... Vous... Vous êtes en danger, bredouilla-t-il confusément.

Mais Iryo n'entendit pas le murmure d'Hector couvert par la musique des villageois. Les serpents continuaient à tourbillonner autour des pieds d'Hector... Ils passaient même sous la porte du château de la reine. Il fallait faire quelque chose. Pour la sûreté du royaume et de ses nouveaux amis.

Hector tourna la tête vers eux... ils étaient nombreux, plus nombreux que lorsqu'il les avait quitté, lui semblait-il. Ils semblaient insouciant, continuant à boire, chanter, danser comme si de rien n'était, comme si les serpents n'existaient pas. Hector serait leur sauveur, c'était un destin qui lui plaisait.

D'une voix plus forte il répéta son avertissement. Ce qu'il ne savait pas, c'est qu'à ce moment là, Iryo dormait déjà profondément. Inquiet, Hector poussa la porte du donjon. Pas de garde, heureusement, mais une vaste pièce sombrement éclairée. Des lucioles y volaient en tous sens. Hector les chassait avec ses mains. Il suait à grosses goutes. La chaleur était massive. Les insectes étaient trop nombreux. Hector gesticulait autant qu'il le pouvait pour les faire fuir mais s'il en écartait un, cinq venaient alors lui tourner autour. Alors, tout en battant l'air avec l'énergie du désespoir, il avançait. Le bourdonnement qui envahissait ses oreilles était à la limite du supportable. Hector perdait le peu de lucidité qu'il lui restait. Il avançait toujours, titubant, chancelant. La tête tourné vers le plafond du palais, il ne vit pas le corps de la déesse à ses pieds... Il trébucha sur son corps et s'étala à ses cotés. Sa tête tapa quelque chose de dur et il perdit aussitôt connaissance. Il y avait fort à parier que les différentes substances qu'il avait consommé ne l'aidèrent pas rester conscient.

Iryo fût autant réveillée par le petit coup de pied qu'elle avait reçu que par le bruit de la chute d'Hector, à coté d'elle.

Dormant du sommeil du juste, Iryo ne se doutait nullement de ce qu'il se tramait dans son environnement. Ses rêves lui permettaient d'imaginer la nouvelle vie que la jeune femme allait désormais mener avec son compagnon, Trataïr Erubon, avec tout ce qu'ils allaient pouvoir construire ensemble désormais.

Pendant quelques instants, elle n'entendit strictement rien qui aurait pu lui laisser entendre qu'elle avait de la visite nocturne, par effraction de surcroît. Mais ce fut quand elle sentit quelque chose trébucher sur ses jambes et s'étaler juste à côté d'elle qu'elle se réveilla brutalement, et poussa un cri avant d'attraper sa poêle qui se trouvait à portée et l'asséner sur le crâne de l'inconnu. Qui était déjà inconscient, d'ailleurs, mais peu importe.

Se reculant doucement, la poêle en avant, prête à en redonner un coup si nécessaire, Iryo tenta de calmer son cœur qui s'était quelque peu emballé et permis à sa forme lupine de s'exprimer un tout petit peu en ajoutant à ses mains de longues griffes acérées. Merci pour l'adrénaline, maugréa la jeune femme en avisant le corps allongé sur son lit : un parfait inconnu qui avait dû quelque peu abuser de la boisson, pour forcer sa porte comme un goujat...

Restant le plus calme possible, Iryo, qui était parfaitement réveillée désormais, alla vérifier ce qu'il advenait du corps : il respirait encore, parfait ! Elle le redressa et alla l'asseoir sur une chaise dans sa cuisine, avant de chercher de quoi l'attacher solidement. Elle avait bien l'intention de lui faire cracher le morceau, et lui flanquer une belle frousse : quand il se réveillerait, il verrait face à lui une forme lupine peu avenante qui lui apprendrait les bonnes manières...

Les nuées de lucioles avaient disparu, remplacées par des volutes de fumées de toutes couleurs. De ce brouillard étrange Hector n'en voyait pas la fin. Les serpents avaient disparu, eux aussi. Les avait-il tués ? Sûrement, car, comme pour le remercier, la reine lui avait offert des ailes. Et maintenant qu'il le savait, il s'élevait vers le ciel noir et lointain. La brume multicolore gisait sous lui comme une mer fantastique. Hector était fasciné par ce décor féérique. Seulement la reine avait disparu ! Il criait, l'appelait, la cherchait... en vain. Puis, à la faveur d'une brutale bourrasque, ses ailes se pétrifièrent et Hector tomba.

Enchainé sur un trône de fer, il avait affaire à un monstre plus monstrueux que la monstruosité, une sorte de gorille géant à tête de loup et aux griffes longues comme des sabres... Hector poussa un cri de surprise et de terreur. La cellule dans laquelle il était, sombre et exigüe, par chance, n'apportait pas assez de lumière pour qu'il puisse voir avec précision son bourreau. Qu'attendait-il de lui ? Hector n'en avait pas la moindre idée. La seule chose qu'il avait en tête était la reine, cette reine dorée, cette reine du crépuscule, belle comme le mariage de la nuit et du jour, cette reine à la peau d'or et aux yeux de diamant, cette reine qui était toujours dans ses pensées malgré son effroyable situation.

- Qu'est-ce que vous lui avez fait ?! Cria-t-il en se débattant.

Mais il était si solidement attaché...

- Détachez-moi, vous allez me le payer ! J'vous laisserais pas lui faire du mal, vous verrez, vous l'regretterez ! Chuis pas tout seul, j'ai des amis, elle a des chevaliers, vous mourrez si vous vous en prenez à elle !

Il avait dit ça d'une traite, en criant, et là il transpirait, il s'énervait, sa tête lui faisait mal, il avait chaud. Ses muscles bandés, ses membres bloqués, ligotés, le faisaient souffrir. Il rageait, il était dans une fureur noire. Il n'entendait même pas la musique et les conversations qui entraient dans la case d'Iryo comme dans les oreilles des protagonistes de cette étrange rencontre.

C'était une étrange expérience, pour Iryo. Pour la première fois, elle avait décidé de se transformer en monstre, non seulement pour se défendre, mais aussi pour flanquer une belle frousse et une bonne leçon à cet imbécile d'humain qui entrait sans frapper chez les demoiselles endormies.

Pendant quelques instants, elle avait observé l'humain qu'elle avait solidement attaché à une chaise, vérifiant sous toutes les coutures qu'elle ne craignait pas de se faire avoir par surprise ; sait-on jamais, fut un temps, elle avait été humaine et connaissait bien le genre humain...

Enfin, il se réveilla et, voyant Iryo sous sa forme monstrueuse, poussa un cri de souris et chercha à défaire ses liens, sans succès. L'herboriste avait bien pensé à bien les serrer au maximum, et un sourire carnassier se dessina sur son visage lorsque l'humain cria :

Qu'est-ce que vous lui avez fait ?! Détachez-moi, vous allez me le payer ! J'vous laisserais pas lui faire du mal, vous verrez, vous l'regretterez ! Chuis pas tout seul, j'ai des amis, elle a des chevaliers, vous mourrez si vous vous en prenez à elle !

Euh, ouais, en fait c'est gonflant, un humain qui crie... Ça donne un mal de crâne terrible. Déjà lassée, Iryo balança sa main griffue vers le visage de l'humain, lui laissant au passage une trace magnifique de ses griffes du coin de l'œil gauche vers le coin de la bouche et gronda :

À peine réveillé, tu me saoules déjà, humain... Sache une chose : celle que tu appelles "reine" est ma sœur, l'enfant des loups. Et personne, je dis bien PERSONNE, ne s'approche d'elle sans risquer sa vie, sauf si je le décide. Ai-je été clair ?

La louve fit craquer ses articulations avant de reprendre doucement, menaçante :

A la rigueur, on pourrait pardonner le fait que tu étais sous psychotropes... Mais malgré tout, tu aurais pu la blesser, voire pire. J'ai bien envie de t'empêcher de faire du mal aux demoiselles quel que soit ton état physique...

Quel sadisme ! Mais Iryo n'avait nulle intention de se laisser faire ; comme elle l'avait dit, elle n'était pas en sécurité avec un tel humain... Autant prévenir que guérir, comme disait si bien le proverbe.

Le monstre gifla Hector et des rayures sanglantes apparurent sur sa joue gauche. Le jeune homme serra les dents mais il sentit la douleur et la colère l'envahir. Puis se fût la surprise : la bête se mit à parler !

- À peine réveillé, tu me saoules déjà, humain... Sache une chose : celle que tu appelles "reine" est ma sœur, l'enfant des loups. Et personne, je dis bien PERSONNE, ne s'approche d'elle sans risquer sa vie, sauf si je le décide. Ai-je été clair ?

Elle marqua une pause alors qu'Hector, sous le choc, ne trouvait rien à répondre.

- A la rigueur, on pourrait pardonner le fait que tu étais sous psychotropes... Mais malgré tout, tu aurais pu la blesser, voire pire. J'ai bien envie de t'empêcher de faire du mal aux demoiselles quel que soit ton état physique...

A vrai dire, Hector était loin d'avoir tout compris ce que la bête lui avait dit. Globalement il comprit que la bête était au service de la reine et qu'elle croyait qu'il cherchait à lui nuire. Hector fût rassuré par cette explication. La reine ne craignait donc plus rien, elle était sauvée !

- Par Leineichte, quelle méprise ! Mon ami poilu , je suis avec toi ! Moi aussi je veux sauver la reine, ne t'inquiète pas ! A nous deux, je suis sûr qu'on pourra tuer tous les serpents et les vautours et les tigres et les dragons et... qui rôdent !

Hector voulu se lever pour embrasser le monstre poilu et partir au combat sans tarder mais lorsqu'il tenta de se redresser, il se rendit compte qu'il était attaché.

- Argh, j'avais oublié ces foutues chaînes ! Libère-moi sans tarder, Gros Poil, et allons sauver la reine !

Son front était en sueur, sa joue en sang, mais tout cela ne l'inquiétait pas, il devait vraiment faire vite : les serpents avaient disparu et il y avait fort à parier qu'ils étaient quelque part, dans les couloirs du palais de lin, à la recherche de la pauvre reine endormie. Le monstre et Hector ne devaient pas perdre un instant !

- Vite ! Fais vite, j'ai un mauvais pressentiment ! Cria-t-il en guise de conclusion.

Par Leineichte, quelle méprise ! Mon ami poilu , je suis avec toi ! Moi aussi je veux sauver la reine, ne t'inquiète pas ! A nous deux, je suis sûr qu'on pourra tuer tous les serpents et les vautours et les tigres et les dragons et... qui rôdent !

Iryo haussa un sourcil en entendant ces paroles ; cet humain était-il donc idiot, ou encore sous l'effet des psychotropes ? Bonne question. Ceci dit, savoir qu'il s'inquiétait pour elle - même pour rien - l'intriguait : elle n'était que de passage et ne craignait strictement rien sur ce territoire qu'elle connaissait comme sa poche.

Voyant qu'il essayait de se libérer de ses chaînes, elle ne moufta pas lorsqu'il lui demanda de retirer les chaînes, essayant de voir s'il était seul ou s'il avait des complices. Rien dans les alentours ne lui laissait douter du fait qu'il n'y avait que tous les deux, il serait bientôt temps de mettre fin à cette mascarade.

Iryo fut définitivement fixée sur l'idiotie de l'humain lorsqu'il cria :

Vite ! Fais vite, j'ai un mauvais pressentiment !

Perdant patience, Iryo se mit à gronder :

Qui es-tu pour me dire quoi faire ? Tu n'es qu'un humain, je suis un loup. Je suis plus à même de dire s'il y a du danger, et pour l'instant, le danger, c'est toi.

Elle décida de jouer à un petit jeu ; et si la louve laissait la place à l'humaine, afin de voir précisément ce qu'il voulait ? Si ce qu'il voulait n'était pas avouable, elle pourrait toujours attaquer... Elle se redressa et esquissa un sourire carnassier :

Je vais te montrer qu'elle ne craint rien. Je vais aller la réveiller et je vais ensuite vous laisser seuls, je ne serai pas loin en cas de besoin. Si jamais je me rends compte que tu es un danger pour elle, je t'enverrai ad patres.

Sa menace à peine voilée, Iryo fit demi-tour pour disparaître du champ de vision de l'humain. Dès qu'elle fut assurée qu'elle pouvait se transformer sans être découverte, elle prit une tête de personne qu'on venait de sortir du lit et s'approcha, de mauvais poil, du prisonnier. Croisant les bras, elle l'observa des pieds à la tête et grommela :

C'est donc toi qui a voulu me réveiller tout à l'heure ? Pourquoi donc ?

Elle avait fort heureusement retrouvé sa douce voix, de façon à ne pas se dévoiler face à lui, mais elle restait méfiante. Elle fit cependant l'effort de défaire un peu ses chaînes, mais juste histoire de laisser le sang circuler plus librement ; elle avait moyennement confiance en cet homme, pour la première fois depuis longtemps.

La bête ne semblait pas vouloir libérer Hector si rapidement.

- Qui es-tu pour me dire quoi faire ? Tu n'es qu'un humain, je suis un loup. Je suis plus à même de dire s'il y a du danger, et pour l'instant, le danger, c'est toi.

Elle n'avait pas confiance en lui, bizarrement ! Le loup-garou continua :

- Je vais te montrer qu'elle ne craint rien. Je vais aller la réveiller et je vais ensuite vous laisser seuls, je ne serai pas loin en cas de besoin. Si jamais je me rends compte que tu es un danger pour elle, je t'enverrai ad patres.

- Merci, Gros Poil, mais ... fais attention ! Répondit Hector en espérant qu'il n'arriverait rien au lycan.

Peu de temps après, ce n'est plus la créature poilue mais la fantastique reine qu'Hector avait en face de lui !

- Ma reine, salua Hector en baissant humblement la tête.
- C'est donc toi qui a voulu me réveiller tout à l'heure ? Pourquoi donc ?
- Ma reine, lorsque j'ai vu les serpents se faufiler sous la porte, j'ai voulu vous défendre ! Alors je suis rentré...

Hector leva les yeux vers le visage de la femme lorsqu'elle défit un peu ses chaînes. Elle avait les cheveux en batailles et Hector trouva ça charmant.

- Merci, ma reine.

Une goute de sang perla sur sa joue. Hector repensa à la blessure que lui avait infligé le garou.

- .. Mais... est-il arrivé malheur à Gros Poil ? Il n'a pas voulu de mon aide, il croyait que j'étais un ennemi...

Hector entendit les échos de la fête au dehors. Le monde continuait de vivre en dehors de ce palais... et cela semblait ramener le jeune homme à la raison. Il se souvint de la fête, de ces hôtes accueillant, de son cheval, de cette pipe qu'on lui avait proposé et qui était si bonne. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas fumé une aussi bonne herbe...

L'explication que lui donna l'humain ne la convainquit qu'à moitié :

Ma reine, lorsque j'ai vu les serpents se faufiler sous la porte, j'ai voulu vous défendre ! Alors je suis rentré...

Ok, il était bien sous psychotropes, et peut-être même encore actuellement. Mais cela n'excusait en rien son comportement dangereux ; il aurait pu la tuer, par accident, si elle n'avait été réveillée par le bruit qu'il avait fait en s'écroulant à côté d'elle.

Alors qu'elle venait de défaire un peu ses chaînes, il la remercia d'un :

Merci, ma reine. .. Mais... est-il arrivé malheur à Gros Poil ? Il n'a pas voulu de mon aide, il croyait que j'étais un ennemi...

Gros Poil ? C'est ainsi que vous appelez mon frère Kay ? J'espère pour vous qu'il ne vous a pas entendu, ou qu'il a décidé de ne pas en tenir compte. Il va bien, lui aussi a besoin de dormir après le long voyage qu'il a effectué pour m'accompagner jusqu'ici. Après, j'ignore ce que vous avez pu faire pour qu'il vous considère comme un ennemi...

Elle croisa les bras en entendant les échos de la fête qui continuait à battre son plein, et secoua la tête. Non, pas de fête pour elle ce soir... Mais elle serait bien mal élevée de ne pas convier l'humain à prendre au moins une tasse de tisane. Poussant un soupir, elle passa la main dans ses cheveux et déclara :

Bon, puisque je suis réveillée et que vous semblez avoir repris vos esprits, je vous invite à venir prendre une tasse avec moi avant de vous relâcher pour reprendre la fête. Elle se passera de moi pour cette fois, j'ai vraiment besoin de repos avant de reprendre la route. Me ferez-vous l'honneur de me suivre ?

Puis elle défit les derniers liens qui retenaient l'humain à son siège, avant de faire demi-tour aussi lestement qu'un chat. La nuit promettait d'être courte, mais elle saurait mettre ce temps à profit.

Oh oui que la nuit promettait d'être courte ! Hector savait plus que quiconque ce que ça voulait dire quand une femme vous proposait de "prendre une dernière tasse" avec elle ! Enfin, pour l'heure il n'avait pas encore recouvré entièrement ses esprits !

- Très bien si votre ... frère va mieux, j'imagine que combattre les serpents a dû l'épuiser aussi...

La reine croisa les bras et secoua la tête. Hector se souvint des insectes qu'ils avaient cru voir en entrant ici. Ils avaient tous disparus...

Bizarre...

- Ah moins que... hésita-t-il.

La reine soupira, caressa ses cheveux, et Hector oublia instantanément ce qu'il voulait dire. Elle le fascinait.

- Bon, puisque je suis réveillée et que vous semblez avoir repris vos esprits, je vous invite à venir prendre une tasse avec moi avant de vous relâcher pour reprendre la fête. Elle se passera de moi pour cette fois, j'ai vraiment besoin de repos avant de reprendre la route. Me ferez-vous l'honneur de me suivre ?

- Bien sûr, ma reine... répondit-il en rougissant légèrement.

Heureusement la hutte était sombre et son émoi dût passer inaperçu. Cela étant, la jeune femme s'approcha d'Hector et celui-ci sentit son rythme cardiaque accélérer. Elle était si près de lui à présent. Heureusement pour son cœur, lorsqu'elle se pencha sur lui, ce ne fût que pour le libérer de ses entraves. Mais déjà comme ça, Hector eut tout le loisir de sentir la peau de la jeune femme près de lui, sa chemise de nuit le frôlant presque. Il hésita un instant à la caresser lorsque ses bras furent définitivement libérés mais il se dit que ce n'était peut-être pas le plus opportun dans la situation actuelle.

Faisant de son mieux pour retrouver calme et sérénité, il se leva, fit quelques mouvements d'assouplissements, puis, une fois qu'il eut retrouvé toutes ses capacités de mouvements, il suivit la jeune femme vers l'endroit où elle allait lui offrir le thé. Et là, alors qu'il marchait derrière elle, il lui sembla que, malgré sa beauté, elle ne ressemblait pas tout à fait à une reine et son château, quant à lui, ne ressemblait pas tout à fait à un château ! Ce constat final l'amena à se questionner sur les causes de la confusion qui l'avait habité avec une telle force précédemment.

Une fois qu'elle l'eût libéré de ses entraves, Iryo s'empressa de faire demi-tour, faisant voleter derrière elle sa fine chemise de nuit. Elle avait moyennement confiance en cet homme, même s'il avait des circonstances atténuantes en s'étant laissé aller à la fête. Heureusement qu'il n'y avait pas eu d'accident, songea la danseuse en l'emmenant jusqu'à sa boutique, qui jouxtait sa petite cabane.

En pénétrant à l'intérieur, elle respira avec bonheur l'odeur des herbes séchées qui embaumaient l'endroit ; elles inspiraient la sérénité, et si sa nouvelle vie ne l'attendait pas ailleurs, elle y resterait pour profiter pleinement de ces odeurs. Mais comme elle les ramènerait avec elle, elle pourrait retrouver cette sensation de bonheur en respirant les plantes séchées.

Passant derrière son comptoir, elle attrapa deux tasses et la théière avec laquelle elle servait des tisanes relaxantes ou des thés énergiques, remplissant cette dernière d'eau avant de la mettre à chauffer dans sa petite cheminée, puis un sachet de feuilles de cerisier qu'elle posa sur le comptoir.

En attendant que l'eau chauffe, elle invita l'homme à s'asseoir à la petite table qui se trouvait à côté du comptoir, et apporta des petits gâteaux secs avant de repasser derrière le comptoir pour surveiller l'eau. Les yeux fixés sur sa théière, elle lança :

D'où venez-vous, et que faites-vous en plein désert ? Non pas qu'il n'y ait rien d'intéressant, mais tout de même... Faestalia aurait été une destination plus adaptée si vous cherchiez un endroit plus peuplé que le village où vous êtes actuellement.

Elle entendit, sitôt son petit speech terminé, sa théière l'appeler avec un sifflement. Iryo la sortit du feu et y mit les feuilles de cerisier séchées pour les faire infuser pendant quelques minutes. Elle était curieuse de savoir ce qui avait bien pu conduire l'étranger jusqu'à Sahawi.

Hector suivi la belle jeune femme à travers un rideau de perles qui cliquetait joliment. L'obscurité empêchait le voyageur de bien distinguer les formes de son hôtesse mais ce n'était pas grave, son imagination débordante agissait comme un millier de lucioles dessinant dans le noir les courbes sensuelles de la "reine" de feu. Les derniers effets de l'herbe à pipe étaient à peine nécessaire pour hypnotiser notre cher Hector qui resta sans voix le temps qu'Iryo prépare le thé. Ce n'est que sa voix qui le sortit de ses songes.

-D'où venez-vous, et que faites-vous en plein désert ? Non pas qu'il n'y ait rien d'intéressant, mais tout de même... Faestalia aurait été une destination plus adaptée si vous cherchiez un endroit plus peuplé que le village où vous êtes actuellement.

La question était posée. Le but de son séjour en Feu était plus ou moins secret et Hector, bien que seul avec son interlocutrice, lui répondit tout de même à mi-voix, comme pour explique à Iryo que cela devait rester entre eux, que l'identité de celle qu'il recherchait ne devait pas être connu... En fait, c'était surtout son identité à lui qui ne devait pas être connue. Heureusement, dans son délire, il ne le lui avait pas donné.

-Je recherche une jeune femme appelée "Amir Lak'shir"... ça vous dit quelque chose ? Elle vient de Feu... mais je ne sais plus d'où exactement, de quel village... Peut-être l'avez vous déjà vue ? C'est une marchande, une colporteuse. Elle voyage beaucoup avec son cheval et sa charrette... Ça ne vous dit rien ?

Hector était revenu à son état normal. Légèrement gêné par toute l'histoire qu'il avait dû faire vivre à son hôtesse, il dit :
-Mais, dîtes-moi, vous n'êtes pas vraiment reine ?

Puis après un petit temps de réflexion, il ajouta :

-Je m'appelle Hans Krigelstein. Je suis désolé de vous avoir embêté cette nuit. J'espère que vous ne m'en voulez pas mademoiselle...

Il laissa trainer la dernière syllabe afin qu'elle lui révèle son nom. Pourquoi ça ? La simple curiosité, d'un part. Mais il voulait également pouvoir mettre un nom sur l'héroïne de cette drôle d'histoire. Il lui tardait de la raconter à ses amis !

La réponse de l'étranger ne tarda pas :

Je recherche une jeune femme appelée "Amir Lak'shir"... ça vous dit quelque chose ? Elle vient de Feu... mais je ne sais plus d'où exactement, de quel village... Peut-être l'avez vous déjà vue ? C'est une marchande, une colporteuse. Elle voyage beaucoup avec son cheval et sa charrette... Ça ne vous dit rien ?

La jeune femme hocha la tête négativement ; non, cette Amir Lak'shir ne lui était pas familière, une anonyme parmi tous ceux qui traversaient le désert. La description que lui donna l'humain était trop vague, de plus ; nombreux étaient ceux qui se baladaient avec un cheval et une charrette dans les environs...

Iryo haussa un sourcil lorsqu'il lui demanda, un peu gêné :

Mais, dîtes-moi, vous n'êtes pas vraiment reine ?

Puis, après quelques secondes de réflexion, il ajouta :

Je m'appelle Hans Krigelstein. Je suis désolé de vous avoir embêté cette nuit. J'espère que vous ne m'en voulez pas mademoiselle...

Si je l'étais, ça se saurait. Je ne dormirais pas dans une hutte et je privilégierai le confort luxueux au confort simple, répliqua-t-elle avec un léger sourire. Quant à mon nom, inutile de le savoir, puisque la probabilité que vous recroisiez ma route est quasi faible. Sitôt votre verre avalé, vous repartirez et vous m'oublierez.

On sentait encore une pointe de colère dans sa voix, une colère maîtrisée cependant. Et puis, elle n'avait que très moyennement confiance en cet homme, même s'il n'était plus sous l'emprise des psychotropes.

Buvant une gorgée de thé, la jeune femme se relaxa un peu et s'excusa :

Excusez-moi si je peux vous paraître froide et distante, mais je le suis avec tous ceux qui peuvent représenter une menace pour moi. Et malheureusement, vous en faites partie.

Elle esquissa un léger sourire d'excuse avant de boire à nouveau son thé. Elle ignorait ce qui allait se passer par la suite, mais là, elle n'avait qu'une hâte, retourner se coucher. Et pourtant, elle se doutait qu'elle ne rejoindrait pas les bras de Morphée de sitôt.

Aucune information sur celle qu'il recherchait. Il n'avait que peu d'espoir vu le nombre de personnes à qui il avait déjà posé la question mais ça ne l'empêchait pas d'être déçu. Mais ce qui le déçu plus encore fût le ton qu'employa la jeune femme pour répondre au reste de ses questions.

-Si je l'étais, ça se saurait. Je ne dormirais pas dans une hutte et je privilégierai le confort luxueux au confort simple, répliquait-elle avec un sourire ironique. Quant à mon nom, inutile de le savoir, puisque la probabilité que vous recroisiez ma route est quasi faible. Sitôt votre verre avalé, vous repartirez et vous m'oublierez.
-Mais pas du tout ! Vous savez, j'oublie rarement les ... ceux que je rencontre.

Elle but alors une gorgée de thé et Hector l'imita afin de se donner un peu de contenance. Plus le temps passait, plus il se sentait gêné de l'attitude qu'il avait eu en entrant chez la demoiselle.

-Excusez-moi si je peux vous paraître froide et distante, reprit son hôtesse, mais je le suis avec tous ceux qui peuvent représenter une menace pour moi. Et malheureusement, vous en faites partie.

Le sourire qu'elle montra à Hector à la suite de ces mots n'aida guère à améliorer l'ambiance qui régnait dans cette pièce. Visiblement, elle n'attendait qu'une chose : le départ de notre pauvre jeune homme.

-Je suis vraiment désolé de vous avoir fait peur, dit-il en se levant, je n'vous embêterai plus ce soir.

Laissant sa tasse à moitié pleine où elle était il fit les quelques pas qui le séparait du rideau de perles. Là, il marqua une pause.

-Bonne nuit... Fit-il en écartant le rideau pour se diriger vers la sortie.

D'accord j'aurais pas dû rentrer comme ça mais bon... je suis pas armé et... m'inviter à prendre le thé pour m'envoyer chier après. J'la comprends pas celle là ! Quelle garce ! Pensa Hector.

Puis d'un pas discret il retourna vers la porte d'entrée, l'ouvrit et s'apprêta à retourner à la fête. Les villageois autour du feu étaient moins nombreux, principalement des hommes. La musique s'était faite plus lente et moins forte. Hector se dit qu'il allait bientôt pouvoir dormir. S'il avait dû renoncer à quelques heures de sommeil pour une compagnie sympathique cela ne l'aurait pas dérangé, au contraire... Mais pour l'heure, rien ne présageait une telle issue à cette soirée en Feu.

La jeune femme ne broncha pas lorsque Hans, comme il se faisait appeler, se leva et déclara :

Je suis vraiment désolé de vous avoir fait peur, je n'vous embêterai plus ce soir.

Puis elle le vit se diriger vers la sortie et lui souhaiter une bonne nuit avant de disparaître, laissant Iryo seule avec les deux tasses de thé, dont une à moitié pleine. Iryo poussa un soupir ; elle aurait peut-être dû être plus cordiale avec cet homme, surtout après qu'il soit libéré des psychotropes. Malgré tout, elle se doutait que quelque chose ne tournait pas rond, chez lui.

Haussant les épaules, elle se résolut à jeter le thé qu'elle avait fait, puis nettoya les tasses derrière son comptoir. Voyant deux ombres s'arrêter devant sa porte, elle lança :

Passez votre chemin, la boutique est fermée pour aujourd'hui.

Les deux ombres hésitèrent, avant de faire demi-tour pour rejoindre la fête qui s'était un peu calmée. Les personnes avaient dû ressentir le besoin de se reposer après tout ce temps à danser et à chanter, ce qu'elle pouvait parfaitement concevoir.

Une fois qu'elle eût fini sa vaisselle, elle ferma sa porte à double tour et retourna se coucher en maugréant quelque peu ; dès le lendemain, elle partirait avec ses plantes et son barda, et laisserait derrière elle ce village appartenant désormais au passé. Sen'tsura et son compagnon l'attendaient avec impatience, mais en attendant... Iryo se glissa dans ses draps fins et ferma les yeux, s'abandonnant à Morphée et baissant sa garde...

L'hôtesse anonyme n'essaya pas de retenir notre cher Hector. Alors, il retourna à la fête. Malheureusement, son vieil ami n'y était plus et, n'étant plus d'humeur à faire des rencontres, il s'en retourna auprès de sa jument. Celle-ci dormait paisiblement. Il lui passa une main sur la tête avant de s'asseoir contre elle. Hector vérifia que son paquetage était complet (notamment son épée). C'était bien le cas alors le jeune homme s'allongea, la tête sur son sac, et s'endormit.

Au petit matin, réveillé par les premiers rayons du soleil, il se leva rapidement, donna de l'eau à sa jument puis entreprit de continuer sa route en Feu. Il avait quelques provisions alors il pouvait continuer son voyage à travers la chaude contrée qu'il découvrait peu à peu. D'après ce que lui avait dit un des villageois, il avait assez de nourriture pour aller jusqu'à Faestalia. La plus grande ville de Feu était l'endroit où les chances de retrouver Amir étaient les plus grandes. Il avait bon espoir de l'y trouver, ou du moins, de trouver quelqu'un qui pourrait l'aider dans sa quête !

Après avoir - en pensée - dit un dernier au revoir au petit village endormi qu'il quittait à présent, Hector regarda les montagnes qui hérissaient l'horizon. Il n'avait pas encore vu de ces célèbres phénix mais comptait bien en voir quelques uns. Ces oiseaux mythiques devaient être si grands et majestueux... Quel spectacle cela devait être d'en voir un, voler au dessus de sa tête, avec ses ailes immenses, ses plumes multicolores ! Hector alluma sa pipe et, laissant sa jument avancer tranquillement au pas, il se perdit dans d'agréables pensées.