Terminé - Les éclats de la vérité [PV Hector Schwerbess ]

Spoiler:

Le repas s’annonçait onctueux et délicat. La fumée de ce met passait dans les fentes de la porte comme pour nous donner l’eau à la bouche. Après avoir demandé au serviteur de nous ramener le repas, je rentrais à nouveau dans la chambre m’assurant de bien fermé la porte.  Je m’approchai du lit sans me soucier du  reste, comme si tout était normal cependant ce n’était pas le cas.
Hector  paniqua  tenant la lettre que je m’étais amusée à écrire de ma plus belle plume.  Je restais perplexe face à sa panique, ne la comprenant décidément pas. Pourquoi paniquait – il ainsi ? Il parla du fait qu’il était recherché et qu’il allait venir ici. Personne ne va venir ici… Enfin de qui il parlait comme ça ?

- Tu vas te  calmer et souffler un bon coup. Tu es recherché par qui ?


J’étais intriguée par ce comportement. Qui pouvait bien le rechercher à ce point-là ? Je supposais que ce n’était pas au nom de l’empire car si c’était le cas, cela signifie que son crime est plus grave qu’une trahison. J’ai entendu des rumeurs de trahison et si elles sont vraies l’empire n’a jamais rien fait pour ça.   Il est vrai que nous recevons des avis de recherche sur des grands criminels, des individus liés au culte de Nayris, et avec beaucoup de chance des traitres.  Alors elles sont placardées pour que la population du duché soit au courant. En général, il est indiqué «  Mort ou vif » et une somme pour motiver les gens à dénoncer ou ramener à la justice le criminel.  
J’aurais su si son nom était sur un avis de recherche venant d’A.T. :  il serait forcément passé entre mes mains  vu que je dirige ce duché.  Je fronçais les sourcils perplexes quand on toqua à la porte.  Un serviteur portait un plateau fait de fruits, de morceaux de viande et de pain accompagné par une bouteille de vin et deux verres. Il le posa sur le meuble puis s’inclina en signe de respect avant de prendre congé et de fermer la porte.  Une fois cela fait, je me retournais vers Hector qui paraissait toujours autant stresser.

- Qu’as-tu bien fait pour qu’on te voue un tel acharnement ?  S’il y avait eu un avis de recherche officiel, je le serais. J’en aurais été informé. N’oublie pas que tu es connu dans cette demeure et dans les vignes. Et je ne parle pas du village à côté des vignes, alors forcément quelqu’un aurait fait le lien. En général, il n’y a pas que le nom qui prône sur l’avis mais aussi une esquisse de ton visage. Et puis … Tous ne sont pas au courant que tu as été tué puis ressuscité.

Je pris une pause avant de reprendre.

- Une rumeur sur ta mort a bien circulé mais pas dans tout le pays, pas en si peu de temps.

Il m’avait tendu au préalable la lettre que j’avais posée sur le meuble avant même d’avoir commencé à parler. Je me rapprochai plus de lui, me collant contre lui. Mes mains étaient sur son torse, trônant sagement près de ses tétons alors que je sentais sa peur plus que je la voyais. Son corps tremblait, faisant vibrer doucement sa peau ainsi que le sol. Elle était palpable et je tentais de le réconforter. Mais il était trop tard, la lettre avait déjà circuler dans les terres du duché.  Arrêter ce messager était donc inutile.

- Ne t’inquiète pas, tout va bien se passer… Soufflai – je en lui caressant la joue avec une douceur réconfortante ce qui ne me ressemblait pas.

Je réconfortais que très peu. Je préférais plutôt torturer, anéantir et briser l’esprit de mes jouets avant de les laisser paisiblement dans un traumatisme qui pouvait durer tout une vie… Ou je les mangeais. Y avait les chanceux et les maudits.  Hector était un privilégié dans cette histoire.

Freya avait, semble-t-il, oublié ce qu'Hector avait fait. Il lui avait pourtant dit. C'était lors de leurs retrouvailles, après sa longue fuite à travers Terra. Il lui avait dit qu'il avait tué un démon d'Aile Ténébreuse qui l'avait pris pour un rebelle, que c'était pour ça qu'il avait changé de nom...

- Souviens toi, quand j'étais revenu, je t'avais expliqué qu'un démon d'Aile Ténébreuse m'avait accusé de rébellion à la sortie de l'auberge de Sombrebois, il voulait m'emmener ou m'exécuter et, par chance, j'avais réussi à le tuer... mais voilà, après ça, j'ai dû m'enfuir... Et je t'avais retrouvé quelques mois plus tard. C'est là que j'avais changé de nom...

Le vin et les victuailles étaient arrivées mais Hector n'y prêtait guère attention. La duchesse lui disait qu'aucun avis de recherche n'était parvenu jusqu'à la Toile Noire. Mais cela ne rassurait pas le jeune homme. Il était méfiant et craignait surtout un démon isolé, missionné par "l'empereur" pour le trouver et lui couper la tête... en toute discrétion.

Ce n'est que lorsqu'elle posa ses mains sur son torse qu'Hector se calma un peu. Il n'avait jamais raconté à Freya qu'il avait ouvertement combattu Aile Ténébreuse lorsqu'il était dans l'armée de Lyonnesse. Il ne lui avait surtout jamais avoué qu'il était un rebelle. Qu'il avait ouvertement combattu Aile Ténébreuse après sa victoire et qu'Hector était déjà un nom d'emprunt. Son visage ne devait pas être connu par l'ennemi mais ses noms l'étaient. Peut-être même avaient-ils fait le lien entre toutes ses identités... et si les descriptions qu'ils avaient pu récupérer auprès de ceux qui l'avaient connu correspondaient, alors, son allure leur était connue.

Hector se dit alors qu'il devrait encore changer de nom et - peut-être - d'apparence.

- Ne t’inquiète pas, tout va bien se passer, disait son amante en le caressant avec douceur.

Hector sourit.

- Mmmh... Il serait quand même plus prudent de me donner un nouveau nom. S'ils viennent ici, tu pourrais leur dire que Schwerbess Mariachi est parti... Peut-être même que...

L'idée de quitter le pays lui effleura l'esprit. Aurait-il le courage de quitter Freya ?

- Même pour toi c'est dangereux, non ? S'il apprennent que tu... qu'on est ensemble... Ils pourraient peut-être te chercher des noises...

Et s'ils partaient tous les deux ? S'ils quittaient ce duché et allaient s'installer très loin d'ici... Cette idée amusa Hector tant il lui semblait impossible que Freya l'envisage.

- ... Alors partons tous les deux ! Allons vivre ailleurs, très loin d'ici ! Ah ah ah ! Il est trop gros ce château, non ? Une petite chaumière serait bien suffisante, tu crois pas ? Hé hé !

Ayant posé ces questions, il tapota le postérieur de Freya et fit les quelques mètres qui le séparaient de ses habits et se rhabilla.

- Je réfléchirai mieux le ventre plein ! Conclut-il en s'approchant du meuble qui portait le repas qu'on leur avait préparé.

Ah… Cette histoire-là ! Je l’avais oublié car pour moi et à mes yeux, l’empire n’allait pas le rechercher pour le meurtre d’un simple démon. Surtout que même Aile Ténébreuse est capable de tuer ses démons pour un steak trop cuit. Du moins, selon la rumeur car je ne l’ai jamais rencontré. Il n’avait rien à craindre pour ce meurtre-là. J’ai déjà tué des démons et pourtant je suis toujours debout et bien vivante.
La loi du plus fort qui régissait sur Zelphos est restée une devise pour les démons. Après tout, j’étais moi – même considérée comme un démon vu que je venais de là- bas. Ce qui me faisait rire car je devais être une des plus civilisée à côté de certain.
Je reculais légèrement me décollant de cette étreinte et je le regardais tout en restant calme. Cela ne m’affolait pas et je n’avais pas peur de l’empire, je faisais partie de l’empire.

- Je me souviens. Tu t’inquiètes de cela ? Etait – ce un démon important dans la hiérarchie ?


Durant son absence, il s’est passé beaucoup de chose comme par exemple ma participation à l’expédition des Férals au côté du général de l’armée impériale. Je suis une alliée de l’empire, une pro A.T. ce qu’il ignorait. Il était aussi en danger avec moi, si on suit ses craintes.

- Un nouveau encore ? Pourquoi changer ? Tu n’as tué qu’un démon, non ?

Je relativisais tout cela comme si c’était banal. Et pourtant, il en avait bien peur. Je me demandais pourquoi… Sachant qu’Ezéchiel est dans le même camp que moi et n’aime pas Hector, si sa tête était vraiment recherchée, il aurait pris un malin plaisir à l’offrir à l’empire, sa tête… Sûrement après l’avoir torturer violement… Je restais toujours calme sans montrer la moindre inquiétude, le moindre sentiment de panique comme si cela était normal et même exagérer.
Mais peut –être qu’un humain comme lui est plus facilement en proie avec ce genre d’inquiétude même si elles sont fantasques.

- Tu ne risques rien venant de l’empire. Le seul vrai danger dans cette histoire c’est qu’un autre démon proche de celui que tu as tué, demande vengeance.

Les démons sentimentaux, ça existe ! Et plus qu’on peut bien le penser.
C’est là qu’il me demanda de tout quitter pour le suivre et vivre dans une petite maison. Je fus surpris par cette envie. Malheureusement comme il pouvait s’en douter, je ne pouvais pas accepter. Je suis liée à jamais à ce duché, ayant promis de le protéger et puis c’est le dernier vestige de mon mari défunt. Et j’avais un combat à mener contre le maléfice et les ADNs. Et surtout, j’avais fait allégeance à l’empire encore une fois après avoir repris la gouvernance du duché.
Je suis loyale tant que le pouvoir sur mon duché m’est assuré. Je suis capable de trahir mais je n’aime pas qu’on me trahisse…

- Dangereux pour moi ? Absolument pas. J’ai survécu à bien pire dans ma jeunesse. Tu ne devrais pas t’en soucier. J’ai le contrôle sur ce qui s’y passe.

Est – ce que je pourrais tuer Hector si cela me permettrait de garder le pouvoir ? Oui. Cependant aujourd’hui ce n’est pas la question. Et j’avais vraiment le contrôle sur ce qui se passe. J’avais fait que l’information suit son chemin même si c’est par le biais des araignées.

- C’est suffisant tant que je me sens bien. Cependant comme tu dois le savoir, je ne peux pas tout quitter et partir avec toi. De plus, tu es en sécurité ici.

Et si un démon se pointait pour le récupérer, je saurais comment m’y prendre pour qu’il parte.

- Oui, mangeons tranquillement. On pourra en discuter par après tranquillement de ce bout de papier et du fait que tu veuilles changer de nom encore une fois. Dis – je en prenant le plateau et en le posant sur le lit.


La bouteille de vin et les deux verres, je les mis sur la table de nuit pour éviter de les casser. Je m’assis ensuite sur le lit et tapa le matelas comme pour inviter Hector à me rejoindre.
Alors que de mon autre main, je pris un morceau de viande que je mâchai délicatement.

La discussion continuait sans qu'on ne touche ni aux délicats mets ni à la sombre bouteille.

- [...] Tu t’inquiètes de cela ? Etait–ce un démon important dans la hiérarchie ?
- Aucune idée, il m'a pas dit... mais ... Il serait quand même plus prudent de me donner un nouveau nom. S'ils viennent ici, tu pourrais leur dire que Schwerbess Mariachi est parti... Peut-être même que...
- Un nouveau encore ? Pourquoi changer ? Tu n’as tué qu’un démon, non ?
- Oui ! C'est déjà pas mal un... Non ? [...] Même pour toi c'est dangereux, non ? S'ils apprennent que tu... qu'on est ensemble... Ils pourraient peut-être te chercher des noises...
- Dangereux pour moi ? Absolument pas. J’ai survécu à bien pire dans ma jeunesse. Tu ne devrais pas t’en soucier. J’ai le contrôle sur ce qui s’y passe.
- Mouais, tu dis ça pour me rassurer mais... qu'est-ce que tu pourrais faire si AT envoyait un espion ... et qu'il nous assassinait dans notre sommeil ? Alors partons tous les deux ! Allons vivre ailleurs, très loin d'ici ! Ah ah ah ! Il est trop gros ce château, non ? Une petite chaumière serait bien suffisante, tu crois pas ? Hé hé !
- C’est suffisant tant que je me sens bien. Cependant comme tu dois le savoir, je ne peux pas tout quitter et partir avec toi. De plus, tu es en sécurité ici.
- Mmmh... tu as peut-être raison... m'enfin, je réfléchirai mieux le ventre plein !

Les deux amants s'installèrent finalement sur le bord du lit et mangèrent avec appétit le plat qui les attendait. Ça faisait longtemps qu'Hector n'avait pas mangé un vrai repas ! Depuis qu'il avait quitté Luinil et Drayame, en fait. La viande, ici, était délicieuse. Préparée par le cuisinier du château sans doute. Elle était cuite à la perfection : grillée à l'extérieur, saignante à l'intérieur.

- Mmmiam ! Se contentait de dire Hector.

Puis il se rendit compte qu'aucun d'eux n'avait servi le vin. Il répara donc rapidement cette erreur et tendit le premier verre à Freya. En reposant la bouteille il déclara :

- A nos retrouvailles !

Puis il porta le verra à ses lèvres et en but une bonne gorgée. De bon vin, il n'en avait pas bu depuis bien plus longtemps encore ! Et celui-ci en était un, assurément.

- Quel délice ! Dit-il avec un grand sourire.

Effectivement, bien manger et bien boire lui redonnait joie et espoir. Il tourna la tête vers sa tendre Freya. Sa peau immaculée ne semblait pas vouloir s'empourprer malgré la douceur du vin. Les pensées d'Hector vagabondaient. Les vignes, les fruits, les arômes, les senteurs, les sensations, les femmes, la femme, l'amour...

- "Dans ta jeunesse" tu avais dit... que tu avais survécu à bien pire... Tu es pourtant si jeune... Que t'es-t-il arrivé ?

Il avait posé sa main dans le dos de Freya et le caressait avec douceur. Il n'aimait pas être indiscret mais l'alcool et l'amour aidant, il voulait savoir. Il ne savait finalement pas grand chose de cette femme qu'il aimait tant. C'était paradoxal. Il était sûrement temps de se dévoiler un peu plus.

La jeunesse d'Hector avait été plutôt heureuse. Une famille aimante, aisée. Un vie paisible. Tout cela s'était achevé avec la venue d'Aile Ténébreuse. Mais il n'était déjà plus vraiment très jeune à l'époque. Il était en tout cas assez "grand" pour connaitre les cotés sombres de la vie. C'est pour ça qu'il avait toujours considéré la jeunesse comme un moment heureux, un prélude sacré avant la confrontation avec la réalité. C'est pour ça qu'il avait été marqué par cette phrase que Freya avait prononcé de manière presque anodine. Une enfance ne pouvait pas, selon Hector, être touchée par la mort ou même le danger.

Hector but le restant de son verre et, après avoir posé ce dernier sur la table de chevet, se reposa en arrière sur ses coudes, prêt à écouter l'histoire de la jeune duchesse. Serait-elle sombre, serait-elle triste ? Il serait là pour la réconforter si elle en avait besoin.

Cette histoire le chamboulait. Cela se sentait, c’était comme une épée au-dessus de sa tête qui pouvait à tout moment tomber pour l’achever. Et quoi que je puisse dire, cela ne le rassurait pas. Pour une fois que je ne mentais pas… Bon ce n’était pas la première que j’étais sincère avec lui. En fait, je ne me souvenais pas de lui avoir menti une fois. J’ai juste omis de dire des choses. Ce n’était pas mentir. C’était simplement oublié de tout dire. Je reprenais un morceau de viande quand il me tendit un verre avec du vin. Je le pris entre mes doigts sans reverser. Le vin c’est bon mais ça tâche.
On trinqua à nos retrouvailles. J’avais un sourire et je le préférais comme ça. Un peu insouciant, avec un peu de fraicheur et souriant.
Je bus une gorgée de ce bon vin. J’aime profiter du vin en laissant couler doucement dans ma gorge comme si il me réchauffait le cœur. J’aime le vin, c’est tout ! Je lui souris quand il me regarda.

Il avait raison cela faisait du bien de manger tranquillement sur le lit sans soucier du reste comme si il y avait que nous au monde. Je pris un morceau de fruit que je mangeais après avoir bu encore une gorgée. Je prenais mon temps. J’espérais qu’il comprendra les choses. Je ne comprenais pas vraiment son inquiétude car je n’ai jamais dû changer de nom pour m’en sortir.

Avait – il seulement ce démon dans l’histoire ? Tuer un simple démon, ce n’est rien. Changer de nom pour ça, je trouvais cela tellement ridicule mais je n’étais pas à sa place. Et je n’allais pas critiquer sa façon de faire et ses peurs. Les êtres humains ont quelques choses de fascinant. C’est peut – être pour ça que j’adore les torturer. Je continuais à manger doucement tout en profitant de mon verre de vin quand il me demanda plus sur mon histoire.
Que pouvais- je lui raconter ? Je ne pouvais pas être honnête du moins sur certain détail de ma vie. Personne ne devait savoir que je venais de Zelphos, ma vraie nature. Personne ne le savait sauf Ezéchiel. Ce qui était normal vu qu’on s’est rencontré sur Zelphos pendant un carnage.

- Tu veux vraiment savoir ce qu’il m’est arrivé ?

Ma jeunesse est éternelle. Quand il sera vieux, j’aurais toujours le même visage, la même fraicheur. Je n’aurais pas changé. Je lui posais la question connaissant déjà la réponse. Je finissais doucement mon verre en réfléchissant à ce que je pouvais lui dire. Je n’avais pas le choix, je devais lui mentir. Heureusement que je suis une très bonne menteuse. Je savais restée calme, être sincère alors que mes mots étaient inventés. Et j’avais appris que se rapprocher de la vérité aidait plus à mentir. Devais – je lui dire que j’ai dû tuer pour ma vie ? Que je vendais mon corps pour me nourrir ? Devais – je lui dire la vérité sur ces détails ?


- Il m’est arrivé beaucoup de choses. Trop peut-être. Dans ma jeunesse, je vivais orpheline dans les rues de Sen’tsura. J’ai appris à vivre dans l’insalubrité de la ville en faisant des choses qui n’étaient pas légales. J’ai appris à voler entre autre. Et j’ai déjà tué dans ma vie, soit pour vivre soit pour protéger.

C’était simple. Après sachant qu’il y a peu, j’ai participé à une bataille sur les terres infectées, que pendant l’année 113, j’ai tué des zombis pour éviter que l’épidémie se propage… Je peux dire que j’ai dû tuer par nécessité. Toute de façon, j’ai tué pour survivre sur Zelphos. En ça, on ne pouvait pas me le reprocher.
Je n’avais que menti sur la ville ou j’ai vécu et encore… J’ai vécu dans cette ville dès mon arrivé sur Terra. Ce n’est pas totalement un mensonge. Une vérité partielle et utile pour me protéger. La vérité devait se taire. Il pourrait avoir peur de moi s’il le savait. C’était même une certitude. Et cette peur pouvait le tuer car il irait sûrement le balancer à tout le monde. Je ne pouvais pas lui dire.

- Mais aujourd’hui, c’est du passé. Je suis chez moi et je contrôle ce duché.

La luminosité de la pièce baissa. Les nuages se faisaient de plus en plus sombre au dessus du château de la duchesse. L’atmosphère se faisait plus intime, en un sens.

- Tu veux vraiment savoir ce qu’il m’est arrivé ?

Hector opina du chef en avalant une nouvelle gorgée de vin. Il n'aimait pas ce ciel gris. Les arômes de ce vin fleuraient bon le soleil, mais ils n'avaient pas la force d'invocation suffisante pour chasser les nuages. Freya commença à raconter qu'elle était orpheline, qu'elle avait vécu dans le rues de Sen'tsura. Elle le disait avec un détachement étonnant, comme sans émotion. Elle ne semblait pas avoir été affectée le moins du monde par cette misère, ni par le fait qu'elle ait dû voler et tuer pour survivre ! Hector était intrigué. S'il n'avait vécu que la moitié de ce qu'elle avait vécu il en aurait été traumatisé à vie ! Encouragé par l'alcool et le ton serein de Freya, il lui demanda :

- Mais... tes parents... tu... tu les as connu ? Personne ne s'occupait de toi quand tu étais petite ?

Qui l'avait élevé ? Un bébé ne pouvait pas survivre seul dans la rue, n'est-ce pas ? Freya avait forcément eu des tuteurs, des gens qui s'étaient occupés d'elle...

- ...Enfin, tu n'es pas obligée de me raconter... Je suis peut-être indiscret...

Hector remplit les verres vides. Serait-ce enfin aujourd'hui, le jour où les deux amants apprendraient à mieux se connaitre, à connaitre leurs passés ? Le jeune homme l'espérait un peu. Il n'en avait pas vraiment besoin mais aimait se dire qu'il comptait assez aux yeux de Freya pour qu'elle lui raconte son passé, sa vie.

Au moment où il but une nouvelle gorgée de ce délicieux breuvage rouge, un moineau vint se poser sur le rebord de la fenêtre. Il venait chercher un coin sec. En effet, la pluie tombait à l'extérieur. L'oiseau observait en profita pour regarder les deux être assis sur le bord du lit qui buvaient et mangeaient, tranquillement. Il ne pouvait entendre le son de leurs voix. Il n'aurait d'ailleurs pas pu les comprendre à moins d'être un oiseau magique, un homme changé en volatile pour mieux espionner la duchesse et son drôle d'invité.

Hector tourna ses yeux amoureux vers Freya. Un petit cliquetis se fit entendre sur la fenêtre de la chambre. Le petit oiseau frappait au carreau avec son petit bec pointu...

Il écouta avec attention ce que je disais me demandant si j’avais connu mes parents. Je n’ai jamais connu mon père, supposant que ma mère l’a dévoré pendant l’acte. J’ai bien des frères et des sœurs mais eux aussi ont disparus de ma vie. Soit, il était dévoré par ma mère ou ma tante soit ils avaient fui la folie familial ou la folie populaire. Même les démons avaient peur de finir manger par nous dans l’ivresse de la chair. Cela avait quelques choses d’amusant et pourtant de très terrifiant car il fallait quand même se cacher.
Je repensais à cette vie sans attachement. Heureusement qu’Ezéchiel était arrivé dans ma vie. Sinon, j’aurais été encore seule longtemps. Cependant, je ne pouvais pas lui dire tout cela. Je devais simplement rester cohérente à l’univers de ce monde sans vraiment mentir. Je devais rester cohérente. Je réfléchissais à comment lui dire alors qu’il rajouta que je n’étais pas obligé.

J’allais quand même lui répondre pour lui montrer que je peux en parler. J’omis juste certains détails comme toujours, dirais – je.

- J’ai connu ma mère ainsi que mes frères et sœurs mais cela n’a pas duré. A mes cinq ans voir six ans, ma mère mourut. Nous avons été séparés et je me suis retrouvée dans la rue.

J’avais été sereine dans mes paroles comme si j’avais accepté cette évidence et cette fin familiale. Ma mère ne m’a jamais manqué de même pour ma tante. Mes demi– frères et mes demi- sœurs étaient que des chiffres dans cette grande famille. Je m’en moquais qu’ils soient morts ou vivants. Il y avait juste mes deux frères jumeaux et ma sœur jumelle qui me manquaient… Et encore avec le temps, j’avais su passé à autre chose sans pour autant les oublier. Les gens meurent, d’autres naissent ainsi de suite. Il suffit d’accepter pour ne pas en souffrir.
Et le fait de ne pas aimer ma mère et d’autres membres de famille aidait aussi à ne pas s’attarder sur leur sort. Ma mère avait quand même tenté de me manger quand j’étais qu’une enfant.

- Et toi as-tu connu ce que c’était une famille aimante ? Dis- je avec un sourire.


L’amour familial, je l’ai connu grâce à la famille de Noah. Au début ce fut très dur mais avec le temps, je me suis fait de ma belle – mère une amie, comme une deuxième maman même si je n’étais pas certaine de ce que c’était d’avoir une mère. Le seul amour que j’ai d’une figure maternelle, c’est le goût que je pouvais avoir si je finis en rôti.
Et je trouvais cela intéressant de lui demander comment était sa jeunesse, comment cela était avec les siens. J’avais juste envie de savoir.
Un oiseau, un moineau se posa sur le rebord de la fenêtre fermée comme pour se protéger de cette douce pluie. Il se lava les plumes après avoir cogner contre la vitre, ce qui avait attiré mon regard. Cet oiseau était atypique mais je le laissais faire. On avait tous le droit de se protéger. Je pris une gorgée de cette coupe de vin, profitant de ce nectar.

Et entre deux gorgées, je m’approchais de lui et dans une envie enivrante, je l’embrassais goûtant à ce vin qui restait sur ses lèvres. Une fois ce doux échange accompli, je pris un morceau de viande que je mangeais doucement. On discutait, oubliant un peu ce qui l’inquiétait. Et c’était plus plaisant ainsi. Et peut-être que durant la nuit, nous dormirons ensemble. Je ne dirais pas non mais si les débats ne seront pas au rendez- vous. Je voulais que ce moment dure avant que la réalité revienne à nos esprits.

Elle avait toujours ce ton détaché... elle ne savait même plus précisément à quel âge elle avait perdu sa mère. Quant à son père, il semblait même n'avoir jamais existé !

- Mais... qui vous a séparé ? Et pourquoi ?!

Ces mots étaient sortis tout seuls tellement Hector était surpris qu'elle ne soit pas plus touchée par cette conversation. Mais, pensa-t-il finalement, peut-être que l'indifférence qu'elle affichait devant lui était feinte ? Peut-être qu'elle souhaitait rester vague et brève afin de ne pas replonger dans ce passé malheureux ? C'est pourquoi, peu de temps après, il ajouta :

- Je suis désolé, je dois être trop indiscret... Excuse-moi...

Puis il retourna à son repas et à son verre. Après tout, il aurait sûrement l'occasion de revenir sur le sujet, ou peut-être le referait elle d'elle-même.

Dehors, le ciel gris et la pluie lourde ne semblait pas vouloir quitter le pays. L'oiseau avait disparu. Hector sentit une pointe de mélancolie lui piquer le cœur. Le passé était une chose bien étrange, capable de vous faire sourire un jour et et pleurer le lendemain. Notre cher jeune homme, lui, était le plus souvent heureux lorsqu'il repensait au passé. Ses pensées vagabondaient en général entre toutes les femmes qu'il avait connues et aimées. Mais là, en discutant avec Freya, il avait repensé à ses parents et à sa sœur dont il était séparé depuis longtemps. Et cela était loin de le réjouir, vous vous en doutez. Heureusement la nourriture délicate et le vin chaleureux le réconfortaient.

Il repensa alors à cette lettre que Freya avait envoyée et qui pouvait faire de lui un homme recherché. Outre l'alcool et les mots de son amante, une chose pouvait le rassurer. Savez-vous de quoi il s'agissait ? L'épée d'amour, évidemment ! Cette épée grande comme une faux et légère comme un poignard ! Elle l'avait sauvé très souvent. Trop peut-être puisqu'Hector s'était sentit si fort avec elle, qu'il avait, une fois, défié un sorcier et qu'il en était mort... A présent ressuscité, il voulait retrouver cette épée pour se sentir à nouveau en sécurité.

- Au fait, demanda-t-il d'un air innocent, quelqu'un a récupéré mon épée ? Sais-tu où je pourrais là récupérer ?

Pourquoi ne pas me répondre ? Ma question était si dérangeante ? Sa famille était – il un sujet tabou ? Décidément ces humains…Il me demanda avec curiosité et complétement intrigué comment j’avais été séparé de ma famille. Que dire à cela, que répondre à cette question ? J’étais si petite, si fragile dans le fond. La menace rôdait sans cesse autour de moi. A tout moment, j’aurais pu finir comme mon père, dévorer par ma mère… La faim la rongeait comme une poison qui fissurait son estomac.

Dans la ville, on nous vivions, les gens disparaissaient… La population n’aimait cette menace qui courait les rues. La folie les embrasait et elle nous a trouvé.
Dans le chaos de ce jour-là, je me souvenais que des portes de cette armoire en bois. J’étais séparée de ma famille car ma mère et ma tante ne savaient pas être discrète. Quelle stupidité ! Et je ne pouvais pas lui dire. Le silence était de mise.

Alors je décidais de résumé la situation comme toujours dans ces cas –là. Ne dire que le résultat, ma mère n’existait plus, elle avait été tué puis brûler ainsi que ma tante. Elles ne me manquaient pas. Je ne connaissais pas l’amour maternel, familiale. Et même si pendant ma jeunesse, j’ai connu n’est – ce qu’un peu l’amour fraternel, seul Ezéchiel me le faisait vivre.
D’ailleurs, il doit se demander ce que nous faisons, tiens.


- A cinq ans, on ne comprend pas tout. Je ne sais pas pourquoi et je n’ai jamais su. Je sais juste que la mort a emporté beaucoup membres de ma famille. C’est la vie, non ? Dis – je normalement sans tristesse.


Je n’étais pas triste pour eux. Je ne connais pas le deuil comme on le voit sur ce monde. Je le fais assez vite et le plus long deuil que j’ai eu c’était celui de mon mari. Il ne comprendra sûrement jamais cela mais ce n’était pas grave. Chacun à sa façon de vivre, non ?

- Profite des tiens si tu le peux encore. Dis – je avec un sourire. Et puis ce n’est pas grave, tu peux demander, je te répondrais dans la mesure du possible.


Je bus une gorgée de vin, mangeant encore un morceau. Je ne le quittais pas du regard. Ses joues étaient rosies par l’alcool. C’était amusant de le voir comme cela. Un peu pompette ? Et je pensais à l’idée de prendre un bon bain. Mais ce sera pour plus tard. Il me demanda par rapport à son épée. Cette épée gisait avec son cadavre dans une tombe. D’ailleurs, son corps était – il toujours dedans ? Toujours à se décomposer ? C’était une bonne question…

- Oui elle a été récupérée, et je sais où tu peux la trouver. Cependant, tu ne pourras pas la récupérer comme ça.

Je bus une nouvelle gorgée. La profanation était considérée comme une pratique des ADNs dans le duché et la justice est très claire à ce propos-là. Et sans mon accord officiel, il ne pourra pas la récupéré sans conséquence.

- A moins que tu veux finir en prison.


Je n’étais pas rentrée dans les détails pour le moment. Je ne faisais que répondre à ses questions.

Hector avait fait semblant de ne pas entendre la question de Freya... Certes il mangeait et buvait lorsqu'elle lui avait demandé s'il avait connu une famille aimante, mais surtout, il ne savait que répondre à la duchesse. Il aurait, bien sûr, pu lui répondre par l'affirmative mais s'il avait dû lui expliquer les raisons pour lesquels il l'avait quittée, il aurait dû mentir ou bien lui expliquer qu'il avait été dans la rébellion ... Heureusement, la conversation continuait sur un autre sujet.

- Et peux-tu me dire comment faire pour récupérer cette épée ?

Il avait posé une main sur la cuisse de Freya, tandis que l'autre faisait glisser son assiette sur la table de nuit.

- Et sans finir en prison, si possible !

Il repensa à son retour dans ce château. Il était arrivé là plein d'espoir, de joie et elle l'avait envoyé dans les geôles de son domaine, sans explications. Il avait attendu dans ce lieu sombre et triste comme une nuit d'hiver. Et ce n'est qu'après de longues heures d'attentes qu'elle était venue, froide comme la glace, pour lui indiquer qu'il allait devoir être ausculté par un médecin afin de voir s'il était bien vivant et en bonne santé. Ce fût un moment bien difficile pour Hector. Heureusement, il avait l'espoir que tout cela finirait bien... et il ne se trompait pas. Après avoir vérifié tout ce qu'elle devait vérifier, Freya se montra de plus en plus chaleureuse... jusqu'à ce qu'elle lui revienne tel qu'il l'avait connu avant sa mort, sensuelle et brûlante comme une danseuse du désert

- ... enfin sauf si tu me promets la même réconciliation que tout à l'heure !

Un sourire s'afficha sur son visage. Il se leva et se dirigea vers la fenêtre. Au loin, une trouée dans les nuages laissait passer des rayons de soleil qui illuminaient les ormes d'une grande forêt. L'espoir d'une fin d'après-midi ensoleillée naissait dans l'esprit d'Hector. Il se dit qu'aller se promener au grand air serait vraiment appréciable. Peut-être que sa chère et tendre pourrait lui faire découvrir quelque autre bel endroit de son pays...

Cette épée faisait partie des signes concernant son identité. Il y avait aussi ce portrait de moi qu’il avait dessiné quand on s’est rencontré. C’était des indices importants qui gisaient dans un trou. Et malgré ces demandes, je me posais la question concernant son corps. Qu’est – ce qu’il y avait dans ce cercueil ? Des vers cherchant de la chair à manger sans pour autant la trouver ou son ancien corps qui sert de garde mangé. J’étais curieuse et à la fois, je ne voulais pas savoir. C’était une drôle de sensation qui me parcourait la peau. Je le regardais avec un léger sourire.


- Ton épée est dans ta tombe qui se trouve dans un cimetière. La profanation de cimetière est un crime puni par soit de la prison soit le pilori. Dis – je sérieusement.


Je finis mon verre de vin et je le posai sur la table de nuit. J’avais assez bu pour cette fin de journée. Je suis une grande admiratrice de vin mais j’ai des limites. J’ai un duché à gérer. Enfin heureusement qu’Ezéchiel est là pour m’aider.

- Donc si tu allais comme ça au cimetière, tu finirais surement devant un tribunal. Et là, je ne pourrais pas intervenir en ta faveur. Egalité pour tous.


J’étais sérieuse. Je ne voulais rien omettre. Avec mon défunt mari, on a instauré une justice pour tous. Il n’y avait aucun traitement de faveur et c’était une des raisons qui faisait que je sois prudente et qu’aucuns cadavres ne soient trouvés. Et je me débrouillais plutôt bien.

- Il te faut une autorisation officielle de ma part et du chef du village pour y accéder et avoir le droit à ouvrir la tombe.

Je laissais sa main passé sur ma cuisse doucement avant de se lever et d’aller à la fenêtre. J’étais toujours vêtue d’une chemise et une culotte. Je me levais à mon tour, amusée par son trait d’humour. Je me plaquai contre son dos, passant ses mains sous ses bras, posant sur son torse. Je me blottissais contre lui, profitant de son odeur. Ma langue se tarda dans son cou suivit d’un long baiser. J’avais envie de le faire, donc je l’ai fait. C’était simplement ça.

- Et je peux t’accompagner pour simplifier cette démarche car elle peut prendre du temps. Qu’en penses – tu ?

Il faut comprendre par-là que le chef/ maire du village va vouloir faire une petite enquête avant de donner son accord, ce qui était normal. Il faut avoir une bonne raison pour ouvrir une tombe. Etant la duchesse du ce duché, je n’avais pas eu le droit à cette enquête et ma raison était légitime. Je ne bougeais pas, je restais simplement comme ça. J’aimais bien. Est – ce que lui aussi aimait bien ? J’espérais. Je posais ma tête contre son dos, calmement. On a bien du temps à perdre !

...Sa tombe, c'est une chose qu'il avait du mal à imaginer. Il avait été en terre et il était pourtant là, bien vivant... Il se souvenait parfaitement de son séjour dans les limbes. Il ne manquait à sa mémoire que deux épisodes :
Il ne savait pas ce qui était arrivé entre le moment où la lame du sorcier l'avait transpercé et son arrivée dans le territoire de Nayris.
Il ne savait pas non plus comment la pierre de vie l'avait ramené à Drayame.
Peut-être que la réponse à la première énigme se trouvait dans ce cimetière...

- Il faudrait y aller...

Elle s'était levée à sa suite, s'était blottie dans son dos. Que cette Freya lui faisait du bien !

- Et je peux t’accompagner pour simplifier cette démarche car elle peut prendre du temps. Qu’en penses – tu ?
- C'est gentil, ma Freya, je veux bien, lui répondit-il en regardant un cavalier qui chevauchait dans le lointain.

Freya avait posé sa tête contre la nuque d'Hector. Il profita un instant de ce moment de douceur avant de se retourner doucement pour serrer Freya contre lui. Ses pensées s'échappèrent jusqu'à Drayame et cette première rencontre dans les bois quand ils s'étaient pris par la main et qu'ils avaient marché silencieusement côte à côte dans la nuit tombante.

- Allons braver la pluie, lui chuchota-t-il à l'oreille.

Il était vrai que dehors, l'averse, si elle s'était un peu calmée, était toujours là, faisant tomber régulièrement des petites gouttes sur la verte campagne de la Toile Noire.

- On pourra se réchauffer en rentrant... Ajouta-t-il en caressant son dos sous l'ample chemise qu'elle lui avait emprunté.
Hector repensa à ces journées de travail, lorsqu'il était bûcheron et qu'il pleuvait. Il n'aimait rien tant que de rentrer chez lui, d'allumer le feu et de s'étendre prêt du poêle. Cette douce chaleur, à ce moment là, valait tout l'or du monde. Et ici, en compagnie de Freya, il connaissait un moyen encore meilleur pour réchauffer son corps.

Il embrassa tendrement son amante puis se dirigea vers l'endroit où il avait laisser ses bottes, pour les chausser de nouveau. Une fois cela fait, il se dirigea d'un pas volontaire vers la porte de la chambre, l'ouvrit et déclara solennellement :

- Après vous, duchesse !

Et si je lui arrachais la gorge de mes crocs, laissant le sang se déverser sur moi, offrir sa mort encore une fois au destin. J’aimais regarder la peur dans les yeux de mes proies, les sentir se briser, les détruire tout simplement. Mes ongles avaient envie de lui percer la chair. Je me perdais dans les pensées que pouvaient avoir une veuve noire. J’avais envie de chasser, de séduire, et de simplement dévorer. Une envie qui naissait simplement en restant contre lui, en entendant son cœur battre. Je voulais éteindre son cœur. J’espère être celle qui le fera dans l’art.
Il était déjà mort une fois, pourquoi pas une deuxième fois ? C’était une délicieuse envie que je n’allais pas concrétiser pour ce soir. Il avait encore le temps devant lui. Mais combien de temps ? Un sourire sadique se dessina sur mes lèvres à cette pensée. Il ne me voyait pas, il ne pouvait pas se douter de ma joie sanguinaire naissante.

Et il ne saura de quoi je suis capable que quand il finira par être ma proie. J’aimais tant chasser. La pluie faisait rage mais si elle était légèrement calmée. Elle continuait à déverser ses larmes. J’aimais voir la pluie nettoyer la terre mais je pensais aussi à toutes ces araignées qui finiront noyées.
Il s’était retourné et me serra contre lui. Mon regard se perdait dans ses yeux. Il m’avait sorti de mes pensées macabres. Il voulait partir tout de suite, ne pas attendre. Il se rendit compte qu’il était bien trop tard ?
Nous nous ne pouvions pas partir comme cela. J’avais encore des choses à faire. Je gérais ce duché et je ne pouvais pas tout laisser tomber sur un coup de tête. Il fallait de la préparation. Il était libre d’aller où il voulait. Il n’avait pas de responsabilité, alors pouvait – il vraiment comprendre ma situation ?


- Tu veux aller au village ? Là tout de suite ? Demandai- je alors simplement.

Je voulais être certaine d’avoir bien compris. Le village était à quand même une journée d’ici voir plus. Son corps n’était absolument pas dans le village où il est mort. Son corps avait été déplacé. Je n’ai jamais su pourquoi vraiment. Je savais juste que ce genre de combat ne devait pas entacher le prestige des vignes. Et j’étais plutôt d’accord avec cela.

Et je ne pouvais décidément pas partir comme ça en fin d'après - midi environ, réveiller ou déranger le maire pour une épée. Un peu de décence et de respect…
Après un tendre baiser très agréable, il alla mettre ses bottes. Il était vraiment décidé à partir. Je le regardais faire perplexe.

- On ne partira pas ce soir. Il faut que je m’organise et prévienne Ezéchiel. De plus, je ne me vois pas embêter le maire du village en pleine nuit pour ton épée. Nous partirons demain dans la journée au plus tôt. Dis – je avec une certaine autorité sans pour autant être agressive.

Je décidais quand même de m’habiller. Donc j’enlevais la chemise et je remis la robe avec un peu de difficulté. Je posais ensuite la chemise sur le lit. Je le regardais toujours même après sa dernière réplique.

- Pourquoi es – tu si pressé ? Tu n’as pas le temps ?

C’est là que la porte s’ouvrit. C’était Ezéchiel. Il entra comme si tout était normal. Il espérait me voir nue ? Nous voir nus ? Quel petit coquin ! Cependant son regard n’était pas à la rigolade mais il était sérieux. Mauvais présage !

- Freya, peux – tu venir ? C’est important.
- Oui, j’arrive. Hector peux – tu m’attendre ? Demandai- je en avançant vers la porte.

Et sans attendre, je franchis la porte. Une porte qu’Ezéchiel ferma en le regardant avec une certaine haine dans les yeux. S’il pouvait le tuer, il l’aurait fait sur le champ. J’avançais dans le couloir avec lui en étant silencieuse pendant quelques minutes.

- Que se passe – t-il ? Finis – je par dire.
- Tu ne vas pas aimer… Dit- il tout simplement.

Je n’aimais vraiment pas ça.

- Je me sentirais plus en sécurité avec mon épée, répondit-il à Freya.

Mais il était vrai que le village n'était pas si près que ça, et puis le temps n'incitait pas vraiment à la promenade. Seule l'impatience d'Hector de retrouver son arme l'avait encouragé à aller au plus vite chercher son épée... Mais les mots de Freya eurent raison de cette impatience. La décision la plus raisonnable était d'y aller plus tard.

-... mais ça peut attendre demain, conclut-il avant que la porte ne s'ouvre.

C'était ce coquin d'Ezéchiel, toujours prêt à embêter les amoureux quand l'occasion se présentait ! Mais cette fois, à la vue de son visage, il y avait fort à parier qu'il ne s'introduisait pas, cette fois, uniquement pour le plaisir de déranger Hector et Freya, mais que quelque chose d'assez grave était arrivé.

- Freya, peux–tu venir ? Demanda-t-il. C’est important.
- Oui, j’arrive, répondit la duchesse. Hector peux–tu m’attendre ? Ajouta-t-elle à l'adresse de son amant retrouvé.
- Pas de souci, j'attends par là... Dit-il avec un sourire détendu.

Hector pensait que le problème qu'avait à régler Freya n'avait aucun rapport avec lui et qu'il serait résolu sans difficulté. C'est pourquoi il conservait sa bonne humeur et son optimisme légendaire. Néanmoins, un soupçon de méfiance s'insinua dans son esprit en voyant le regard haineux qu'Ezéchiel lui adressa. En guise de réponse, Hector souleva un sourcil et lui sourit d'un air taquin, comme pour dire : "alors l'ami, pas trop deg' que je m'tape la patronne ?"

Lorsque la porte fût refermée, Hector parcourut des yeux la chambre et les draps défaits du grand lit, puis il retourna vers la fenêtre pour regarder le temps qu'il faisait. Les nuages semblaient vraiment vouloir laisser place au beau temps. Dans une heure ou deux, le ciel serait dégagé. La nuit tomberait en même temps et avec un peu de chance, l'on pourrait apprécier la vue du ciel étoilé. N'ayant pas grand chose à faire, Hector sauta sur le lit moelleux et voulu faire une sieste. Peut-être que l'on viendrait le chercher pour le dîner. En attendant, il pourrait se refaire une santé dans ce lit, l'un des plus confortable dans lesquels il ait pu dormir.

Cependant, il n'avait pas vraiment sommeil. Heureusement, ce don qu'il avait lui permettrait de voir un peu ce qu'il se passerait entre Freya et Ezéchiel, et en même temps, il le fatiguerait assez pour s'endormir facilement. Usant donc de son pouvoir de télévision, il "regarda" ce que faisait sa belle amante pendant qu'il se reposait tranquillement sur ce lit de roi, encore parfumé par l'odeur de sa tendre reine.

Marcher dans ses dédalles de ce château, pendre les escaliers pour descendre dans le hall, et attendre qu’Ezéchiel me parle de cette affaire, m’énervait déjà. Ce silence avait quelques choses d’agaçant … Je voulais savoir ce qu’il n’allait pas, pourquoi il m’avait appelé… Je voulais tout savoir.
Et je finis par tout savoir.

Un homme, un homme de loi qui venait de ma milice m’attendait dans le hall. Je me demandais bien ce qu’il voulait. Je me rapprochais de lui alors qu’Ezéchiel me souffla qu’il avait quelques à me demander et qu’il ne pouvait qu’en parler avec moi. Je remerciais Ezéchiel.
Le soldat s’inclina devant après tout, j’étais de rang noble.

- Vous voulez me parler de quelques choses à ce que j’ai compris.
- C’est cela.
- Suivez-moi, nous allons dans mon bureau.

Je marchais tranquillement dans les couloirs, me dirigeant vers le bureau. J’étais plutôt calme et lui aussi. C’était un des chefs de ma milice dont décidément le nom m’échappa encore une fois. Et comme par hasard, il s’en souvenait.
Une fois assise sur mon siège, je l’invitai à faire. Il se présentait et m’expliquait la situation. Il se nommait bien comme je le pensais : Williams Darcourt. Chef milicien d’une ville moyenne et des villages des environs.
La sécurité intérieure est importante au final. Alors oui j’avais du temps pour l’entendre et lui répondre. La sécurité est une preuve de durée. Si les gens se sentent en sécurité dans ce duché, ils resteront.

- Je vous écoute.
- Madame, un groupe de bandit sévit dans mon secteur. Nous en attrapons mais sans comprendre comment, le groupe reste fort. On aurait besoin de plus d’homme pour encadrer le secteur.
- Expliquez-moi plus en détail, je vous prie.

Il m’expliqua la situation en détail et me remit un rapport sur les arrestations. C’était une affaire importante que je devais gérer avec précaution. Et je savais déjà que la peine de mort était la seule solution. Aucun bandit ne partira gagnant dans mon duché.

- Est – ce qu’il vous reste des prisonnier de cette bande ?
- Oui.
- Combien ?
- Deux, Madame.

Une sourire se dessina sur mes lèvres. J’avais une idée, une idée qu’allait sûrement plaire à Ezéchiel.

- Les avez – vous déjà interrogé ?
- Oui mais ils ne disent rien.
- Et la torture ?
- Non pas encore. Je voulais vous en faire part avant.
- Bien. Je vous invite à rester dormir ici pour la nuit pour vos reposer pendant que je réfléchisse. Demain nous en reparlerons.

J’appelais un serviteur et lui demanda de conduire M. Darcourt à une chambre pour la nuit. Le chef milicien se leva, s’inclina pour me saluer et finit par suivre le serviteur.
Je me levais par la suite et allais voir Ezéchiel qui s’impatienta. Je me rapprochais de lui soulagée finalement que ce ne soit pas si grave que ça.

- Tu accompagneras William Darcourt demain dans son secteur et tu interrogeras à ta façon deux bandits pour savoir où est le reste de la bande. Je veux qu’à ton retour, le problème est réglé. Et je dois prévenir ma belle – mère pour qu’elle gère le duché pendant ma petite absence.
- Tu pars où ?
- Régler un souci avec le maire d’un village à propos d’une tombe.
- Haha, tu vas déterrer cet homme ?
- Oui, tu as tout compris !
- Ok ça marche. Tu veux que je m’occupe de prévenir Eugénie ?
- Oui je veux bien, merci.

Une fois que cela fut réglé, je retournais voir Hector. J’entrais doucement dans la chambre et je le vis dormir. Cela m’amusait. Je sortais doucement le laissant dormir et j’allais dans le salon pour boire un verre de vin tranquillement devant la cheminée tranquillement. Je devais lui dire qu’on ne pouvait pas partir demain et qu’il fallait attendre ma belle – mère. Il va être déçu. Cependant peu importe. Je bois doucement une gorgée en étant pensive.

Il vit Freya, agacée, qui marchait dans son grand château, dans ces couloirs, ces escaliers qu'il connaissait bien. Puis elle parla à quelqu'un. Enfin, elle marcha vers son bureau, pour finir la discussion, semblait-il. Cela devait être une affaire sérieuse... Rien de bien intéressant pour Hector... surtout sans le son ! Hector se contentait de regarder les traits harmonieux de son amante. Mais là, face à quelqu'un d'autre que lui, face à quelqu'un qui venait pour une affaire sérieuse, elle ne dégageait pas la même sensualité qu'il lui connaissait bien, et qu'il aimait par dessus tout. Il abandonna donc cette activité et, un peu plus fatigué, se cala confortablement dans le lit pour y dormir paisiblement.

Quelques temps plus tard - Hector n'aurait su dire combien exactement - il entendit du bruit dans la chambre. Entrouvrant les yeux, il vit passer sa tendre Freya. Elle souriait. Cette vision lui fit plaisir. Il hésita un instant entre se lever ou rester là... et le temps de choisir, la duchesse était déjà repartie. Ce n'était pas ce qu'Hector souhaitait alors, à sa suite, il se leva et tenta de la retrouver. Malheureusement, il ne fût pas assez rapide et - Leineichte sait pourquoi - il se dirigea vers la salle de bain. Évidemment, Freya n'était pas la et notre jeune homme tomba sur un serviteur en train de laver le sol. Les deux hommes eurent l'air aussi surpris l'un que l'autre de se retrouver ainsi nez à nez. Une fois la surprise passée, Hector lui sourit et, sans un mot, quitta la salle de bain.

Ce n'est qu'à ce moment là qu'il se décida, tout simplement, à aller au salon ! Cette destination était, ma foi, la plus logique et Hector fût ravi d'y trouver celle qu'il cherchait, devant la cheminée, buvant un verre de vin. A pas de loup, Hector arriva derrière elle, posa ses mains sur ses yeux et, d'un air espiègle en se faisant une voix plus grave qu'elle ne l'était en réalité, demanda :

- Devinez qui c'est, Madame !

Un petit jeu bien anodin. Restait à savoir si la noble veuve noire était d'humeur joueuse en cette soirée pluvieuse !

Je réfléchissais à ce que je pouvais faire. Je devais juste attendre qu’Eugénie vienne gérer le duché. Elle aimait être la régente et ne disait jamais non. J’avais appris à l’aimer aux fils des jours, surtout après la mort de Noah. Je buvais une gorgée de vin encore une fois. Le feu était plutôt calme dans sa cheminée. Tant qu’il restait loin de moi, ce feu était agréable.
La chaleur de la pièce était apaisante et me permettait de bien réfléchir. Le temps que ma belle – mère vienne, on mettra du temps pour partir. Cependant, le groupe de bandit devait être réglé bien avant cette histoire d’épée. Il y avait des priorités dans la gestion d’un duché.

Le repas allait être bientôt servi mais je ne prêtais pas attention à l’heure. J’étais tranquille assise confortablement sur mon canapé, à boire. Et c’est alors que je me perdais dans mes pensées que je sentis quelqu’un entrée dans le salon rien qu’en laissant les vibrations me montrait la silhouette. Un sourire se dessina sur mes lèvres quand des mains s’apposèrent sur mes yeux. Je savais que c’était Hector rien qu’au touché. Après tout mon sens du touché est plus sensible que la normal.

- Alors Hector, on est réveillé ? Dis – je sur un ton taquin.


Je posais mes mains sur les siennes pour les lui enlever. Tout en gardant mon sourire, je relevais la tête. On peut difficilement me surprendre. Voulait – il jouer ? Et même si j’aurais été d’accord pour cela, il fallait d’abord que nous discutions.

- Peux – tu venir t’assoir à côté de moi ? J’ai quelque chose à te dire par rapport à notre voyage. Rien de bien méchant.

Dès que ma belle – mère arrivera, on pourra partir. J’espérais au fond de moi qu’il comprendrait et serait attendre.

- Veux-tu du vin ? Peut – être ?

Je lui lâchais les mains après poser ma dernière question. Je croisais mes jambes et but une gorgée de plus tout en attendant qu’il s’assoit à côté de moi. Une bonne soirée s’annonçait, du moins je l’espérais. Et c’est là qu’Ezéchiel entra dans la pièce avec un grand sourire comme si il était content de nos interrompre.

- Je tombe mal ?

Je l’imaginais déjà rire tellement sa question paraissait être une blague.

- Non non.
- Tant mieux. Dit – il avec un grand sourire. Le message a été envoyé à Eugénie. Elle l’aura rapidement.
- Merci.
- Je t’en prie, à plus tard.
- A plus tard.


Il jeta un regard à Hector, un peu dur. Il ne l’aimait vraiment pas. Ezéchiel finit par partir sourire aux lèvres. Il doit se réjouir par rapport à l’affaire des bandits.

- Alors Hector, on est réveillé ? Disait–elle sur un ton taquin.

Damn it ! Elle m'a reconnu ! Se dit Hector, légèrement énervé. Quelle poisse ! Il croyait pourtant avoir été très discret.

- Mmmmh, grogna-t-il.

- Peux–tu venir t’assoir à côté de moi ? J’ai quelque chose à te dire par rapport à notre voyage. Rien de bien méchant. Veux-tu du vin ? Peut–être ?

- Je veux bien un peu de vin, oui, répondit Hector en s'asseyant à coté de Freya.

Qu'avait-elle à lui dire ? Sûrement quelque chose en rapport avec la venue de l'homme avec qui elle avait discuté dans son bureau. C'était au tour d'Hector d'annuler l'effet de surprise de Freya.

- Surement un rapport avec ce visiteur que tu as vu pendant que je "dormais" ! Non ? Dit-il d'un air malicieux.

Puis, en attendant la réaction, puis l'explication de Freya, Hector regarda autour de lui. Tant de luxe, c'était toujours aussi impressionnant pour l'ex-bûcheron. Il se demandait si c'était bien raisonnable. Qu'en était-il des pauvres travailleurs du Duchés de la Toile Noire. Il n'étaient pas mieux lotis que ceux de Lyonnesse, ils gagnaient de quoi boire et manger... et c'était tout. Bon, pour l'heure, ces petites gens pouvaient déjà s'estimer heureuses d'être en vie. La guerre contre Aile-Ténébreuse les avaient épargnées... Néanmoins, un sentiment d'injustice naissait doucement dans le cœur d'Hector...

Si l'espoir de convaincre Freya d'engager le duché de la Toile Noire dans une rébellion contre l'archi-démon était mince, Hector imaginait Freya capable d'entendre ses critiques quant à ces injustices et, peut-être, pourrait-elle redistribuer autrement les richesses de son peuple.

En attendant, il voyait déjà son meilleur ennemi, ce brave Ezéchiel, venir interrompre, comme souvent, la conversation qu'il avait avec la duchesse. Qu'apportait-il à présent comme triste nouvelle, cet oiseau de mauvais augure ? Un message pour Eugénie ? Qui était cette Eugénie ? Hector n'en avait aucune idée... A vrai dire, il était tout de même rassuré : un instant avait traversé son esprit l'idée qu'il était recherché par les forces de l'empereur. Une femme ne pouvait pas être affectée à la recherche d'un criminel, alors, rassuré, un sourire s'afficha sur son visage en attendant la suite de l'histoire.

Les choses allaient prendre une tournure plutôt négative. Sa phrase, sa demande était comme un écho. Je me la répétais sans cesse comme pour être certaine d’avoir bien entendu ce qu’il a dit. Et une question résonna dans ma tête : « Comment ? ». Une colère passa dans mes membres, les contractant pour s’éteindre dans ma gorge sur la montrer sur mon visage. Il me devait des explications et risquait le cachot encore une fois.
M’avait – il espionner ? Et demandait – il pour mieux m’espionner ? Le doute était permis ! Je me levais me dirigeant vers la porte sans pour autant répondre à ses questions ni même lui donner un verre de vin. Je réfléchissais alors que j’arrivais à la porte. Je me collais contre elle, dos au bois, main sur la poignée. Je le regardais. Mon regard était dur et si froid comme si toute chaleur et toute douceur avaient disparu.
J’étais plutôt serein en apparence mais mon cerveau se perdait dans des suppositions. Et si c’était un traitre ? Et si je devais le tuer ? Lui prendre sa vie encore une fois pour protéger ce duché ?


Ezéchiel avait déjà qui la pièce mais je pouvais l’appeler à tout moment ou même des gardes. Les prochaines réponses qu’il m’offrira devront être clair et sans mensonge. Je voulais savoir et s’il refusait d’obtempérer, j’use de la torture sans problème. La sécurité de ce Duché avant tout. J’en fais la promesse en reprenant la régence, le poste de mon défunt mari. J’étais bien trop silencieuse. Je le regardais examinant son comportement pour voir la défaillance de cet homme. Comprenait – il ce qu’il allait lui arriver ? L’impact de sa question ? Le risque qu’il encourait ? Le comprenait – il seulement ?

Il était coincé dans cette pièce avec moi car j’étais contre la seule sortie envisageable de ce lieu. Après quelques minutes de silence, je finis par poser mes questions, une après l’autre laissant le temps à cet homme de s’expliquer. Je commençais par la plus importante, celle qui pourrait lui couter la vie. Il avait intérêt à me dire la vérité.

- Hector, comment tu sais que j’ai reçu un visiteur ? Dis – je d’un ton plutôt sec. Et tu n’as pas intérêt à mentir.


Je restais pourtant calme dans le sens où aucun signe de colère ou de sévérité ne se figeait sur mon visage. Je paraissais maitriser une situation qui était finalement incertaine. Je laissais le silence s’installer quelques minutes. On ne pouvait qu’entendre si on prêtait bien l’oreille, nos respirations. Et une fois que les minutes furent posées, je relançais par une autre question.


- Que sais – tu d’autre ?


Je voulais savoir si il m’espionnait depuis longtemps et qu’est – ce qu’il détenait comme information. Devrais – je lui couper la langue ? Ce serait une punition légitime en attendant que je statue sur sa vie et son jugement…. Je ne le quittais pas des yeux, comme un bourreau devant sa victime. Il était en mauvaise posture ! S’en rendit – il compte ?

La petite blague d'Hector ne semblait pas du goût de la duchesse. L'ex-vagabond voyait les traits de son amante se tendre, se raidir. La situation était-elle si grave que cela ? Il ne comprenait pas vraiment pourquoi autant de colère transpirait du visage de son aimée.

- Hector, comment tu sais que j’ai reçu un visiteur ? Et tu n’as pas intérêt à mentir.

Hector réfléchit un court instant. Il lui sembla qu'il valait dire la vérité.

- Et bien... j'ai longtemps hésité à t'en parler, mais finalement je me dit que c'est le bon moment...

Il sourit, comme pour apaiser la situation.

- En fait j'ai un don... je suis capable de voir les gens à distance. Je peux pas les entendre ou voir beaucoup de choses autour d'eux, mais je peux les voir... Là, par exemple, tout à l'heure, j'ai vu que tu étais allée dans ton bureau... et j'ai vu que tu parlais à quelqu'un... mais je n'ai pas vu son visage par exemple. Je ne peux voir que ceux que je connais.

Il regarda les yeux de Freya. Cette explication lui suffirait-elle ? Apparemment pas :

- Que sais-tu d'autre ?
- Je... et bien... par exemple, je sais qu'Ezéchiel, ce petit pervers, fouille parfois dans tes placards pour renifler tes sous-vêtements ! Ha ha ha !

Reprenant son sérieux, il continua :

- Non, je plaisante, en fait je ne m'en sers pas beaucoup de ce don. J'aime bien l'utiliser quand je n'arrive pas à dormir car il me fatigue beaucoup et du coup, je m'endors facilement ! Donc je sais pas grand chose d'autre... Ah siiiii ! Un truc m'a surpris une fois : tu ... câlinais une grosse araignée ! Je sais pas si c'était vrai ou si je rêvais déjà mais ça m'avait surpris et ça avait l'air réel ! Alors, c'était vrai ?

A l'évidence, notre cher Hector, s'il ne se rendait pas compte du risque qu'il avait pris, disait la vérité. On ne pourrait mentir avec tant d'aplomb, à moins, peut-être, d'être un comédien de toute première classe, ce qu'à l'évidence, Hector n'était pas !

Adossée contre cette porte, tenant cette poignée entre mes doigts, je le regardais avec fermeté. Que me cachait – il ? Devait – il simplement mourir sans que je ne cherche à comprendre la vérité ? C’était une solution des plus simples et des plus radicales. Cependant, je voulais comprendre, je voulais savoir.
Et il était nécessaire, il aurait dans une cellule jusqu’à que son corps s’écroule et qu’il ne puisse que dire la vérité. Je n’avais pas de cœur quand il s’agissait d’espionnage. Ils doivent périr ou me servir. Le choix était simple mais efficace. La plus part était exécuté. Je ne fais pas confiance facilement. Et Hector risquait d’en souffrir. On ne m’espionne pas ! Que soit dans le futur, dans le passé ou dans le présent, cela était intolérable.

Et il ne faut pas oublié que la sécurité du duché était une de mes priorités. Je le devais bien à Noah… Qu’est- ce qu’il me manquait dans ces moments. Il savait toujours prendre la bonne décision… Cependant il n’était plus là, il était mort et j’avais pris sa place comme héritière légitime. Je me reconcentrais sur lui, attendant des réponses qui finirent par arriver.
Je l’écoutais patiemment. Et là, j’appris qu’il avait un don. Qu’il pouvait donc voir ce qu’il se passait dans ce château sans le son … Il était un danger pour la sureté de ce duché. Devais – je le tuer ?

- As – tu déjà raconté ce que tu as vu à quelqu’un d’étranger au château ? Lui demandai- je avant de l’entendre parler d’Ezéchiel.


Son trait d’humour ne me fit aucun effet. La situation était bien trop grave pour que je sourie à cette blague. Et même si Ezéchiel faisait cela, ça n’avait aucune importance. Ezéchiel était celui en qui j’avais le plus confiance. Et même si il osait faire cela vu notre passé commun, ça ne changerait rien.
Il continua par parler des fois ou je câlinais Enyra ma mygale. Il n’aimait pas les araignées ? Ou bien il ne croyait pas à leur capacité à ne pas terroriser les foules ? Sa réaction était déplaisante.

- Tu n’as pas rêvé. Cela te pose un souci ? Tu n’aimes pas les araignées ? Demandai – je sur un ton plutôt calme mais tout aussi froid que précédemment.

Je demandais par télépathie en langue des araignées à Enyra de venir me rejoindre. Je voulais tester ses réactions. Voir comment il réagirait face à une telle vision… Voir simplement si il était digne un jour de savoir la vérité sur ma nature ou pas … Mais si il faudrait plus que ça pour me convaincre. Le secret devait perdurer et je n’étais pas certaine qu’il sache garder des secrets quelque qu’il soit le secret.
Enyra descendit du mur doucement en faisant bien attention où elle posait ses pattes. Elle se rapprocha de moi montant sur ma tête, se laissant glisser le long de mes cheveux pour finir sur mon épaule droite. De ma main droite celle qui était donc libre, je l’attrapais. Elle se mit calmement dans le creux de ma main et fixa Hector.


- Voici l’araignée que tu as vue. Dis – je simplement sans faire les présentations.


Personne n’avait le droit de la toucher sans mon accord et de toute façon, elle ne se laissait faire que par moi. Je tendais mon bras pour qu’il puisse mieux la voir.
Et je lui précisais : « Mais tu n’as pas le droit de la toucher. »

L'heure n'était pas à la plaisanterie. Le regard et l'attitude de Freya suffisait à le faire savoir. Hector n'aimait pas ça. En quoi ce don pouvait bien embêter sa chère Freya ? Il ne pouvait pas lui causer du tort...

- As–tu déjà raconté ce que tu as vu à quelqu’un d’étranger au château ?
- Non, jamais, répondit-il d'un air penaud.

Au sujet de sa vision, elle ajouta froidement :

- Tu n’as pas rêvé. Cela te pose un souci ? Tu n’aimes pas les araignées ?
- Euh non... Enfin, j'ai rien contre... juste, j'ai pas trop envie de la câliner...

Cela aurait pu être drôle mais, même Hector n'avait plus envie de rire d'autant que quelques instants plus tard, l'araignée qu'il avait vu grâce à son don descendait d'un mur puis rejoignit la duchesse, grimpant sur sa tête puis se posant sur son épaule. Ensuite, Freya la pris dans sa main. L'araignée semblait fixer Hector. L'ex-bûcheron n'était guère rassuré par cette vision. Il connaissait les araignées, il n'en avait pas une peur phobique comme certains (et certaines). Seulement il n'en aurait pas fait un animal de compagnie ! Il les écrasait quand il en voyait dans sa chaumière et les laissait vivre lorsqu'il les voyait en forêt.

Et l'araignée que Freya tenait dans ses mains était énorme, très impressionnante, velue, noire, inquiétante.

- Voici l’araignée que tu as vue, dit-elle.
- Hum, oui, je... je la reconnais, mais dans mon souvenir elle était pas si... grosse, répondit-il avec un léger tremblement dans sa voix.
- Mais tu n’as pas le droit de la toucher.
- Ça tombe bien, j'avais pas vraiment envie de la toucher, ajouta-t-il avec un léger sourire.

Hector attendait la suite des évènements... Est-ce que la révélation de ce don qui lui semblait si inoffensif allait le mettre dans une situation gênante. Il le craignait. Il avait quelques fois des points d'accroches avec Freya mais ceux-ci avaient toujours été surmontés et les réconciliations avaient toujours été célébrées comme il se doit. Il attendait donc tranquillement que sa bien-aimée s'adoucisse et qu'elle lui laisse la possibilité de l'enlacer de nouveau. Il n'aspirait qu'à retrouver leur amour, fort et brûlant comme il l'avait été si souvent.

Le jeune homme se cala contre une table et tenta d'offrir à Freya un sourire doux et sincère. Il avait bien compris que Freya craignait qu'il l'ait espionné. Mais il n'avait aucun intérêt à cela, ni aucun contact intéressé par des informations sur le duché de la Toile Noire. Il avait simplement envie, parfois, de voir ce que faisait son aimée... Comprendrait-elle cela ?

Si Enyra pouvait, elle lui aurait sûrement déjà tiré la langue voire même mordu. C’était comme si elle ne l’appréciait pas. Elle grimpa le long de mon bras doucement comme pour narguer Hector. Elle prenait volontairement tout son temps montant sur mon épaule. Elle frôla son corps tout doux contre ma joue pour me faire un câlin. Je lui fis un petit bisou. Elle se perdit dans ma chevelure comme pour se cacher de cet homme. Je la sentais dans ma nuque, se blottir contre la racine de mes cheveux, cachée. Elle se mit bien pour dormir. Elle faisait toujours ça. Et dans mes cheveux vu leur épaisseur, on ne la voyait pas.
Quant à moi, je ne bougeais pas, jaugeant chaque de ses réponses. Disait – il la vérité ? Mentait – il ? Devais – je le croire ? Et si je lui mettais un espion à ses trousses ? Un espion bien discret assez pour savoir…. Je pensais que c’était une bonne idée alors que mon regard se plongeait dans le sien. Il était intense voulant se noyer dans le sien pour mieux le dévorer.

Et pourtant, je ne cherchais pas à le dévorer. Je cherchais juste à le regarder. Je lâchais la poignée et m’approchai doucement de lui. Mon visage pouvait paraitre hostile cependant il ne l’était pas. Il était sérieux, une expression stoïque mais douce sans pour autant paraitre agressive, colérique. J’aurais pu lui tendre la main, le serrer contre moi, lui offrir un doux sourire.
J’aurais pu me montrer simplement tendre avec lui mais il devait comprendre que la sécurité doit être préservée.


- Je dois m’assurer que tu ne me trahiras pas en allant raconter à mes voisins ce que tu vois, que tu sais sur ce duché. Ce n’est pas parce qu’il y a aucune guerre que les espions ne rôdent pas en secret sur les routes de mon duché. Tu ne dois pas raconter ce que tu vois par ce don ou sans à qui que soit en dehors du duché. Si j’apprends que des informations ont filtrés de ta part, je te trouverais et te tuerais sans hésiter. Dis – je un ton plutôt glacial.


J’étais sérieuse. Cet homme devait faire attention à ce qu’il faisait surtout à ce qu’il disait. Déjà que la rumeur du mage noir que l’aurait tué… ne me plaisait déjà pas. Je soufflais me collant à lui, susurrant de façon glacial dans son oreille :

- As-tu bien compris ?


Je descendis mes mains contre son torse doucement sans agressivité puis je reculais tout doucement. Enyra quant à elle, elle dormait paisiblement comme si tout cela était normal. Après me connaissant, c’était tout à fait normal comme scène.


- Assieds – toi, je vais te parler de quelques choses.


Je me dirigeai vers le canapé et je m’y assis confortablement sans trop m’adosser contre le dossier car Enyra était toujours dans ma nuque. Je l’attendais avant de commencer à parler. Cependant, je n’oubliais pas mon idée de départ. Il fallait que je prenne plus de temps à réfléchir sur le moyen qu’elle soit efficace. Chaque chose en son temps ! Oui chaque chose en son temps !

Hector regardait, légèrement inquiet, la petite scène que jouait Freya avec son araignée. Cela n'avait rien de rassurant, pour lui, de voir l'araignée se promener ainsi sur le corps et dans la belle chevelure noire de son amante. Mais les mots que prononçât cette dernière, peu après, le furent encore moins :

- Je dois m’assurer que tu ne me trahiras pas en allant raconter à mes voisins ce que tu vois, que tu sais sur ce duché. Ce n’est pas parce qu’il y a aucune guerre que les espions ne rôdent pas en secret sur les routes de mon duché. Tu ne dois pas raconter ce que tu vois par ce don ou sans à qui que soit en dehors du duché. Si j’apprends que des informations ont filtrés de ta part, je te trouverais et te tuerais sans hésiter.

Hector en resta bouche bée. Elle menaçait à présent de le tuer, purement et simplement. Et comme si ses propres mots étaient sans importance, la duchesse s'avança d'un pas serein vers Hector et lui chuchota la question suivante :

- As-tu bien compris ?

C'est d'une voix fantomatique qu'Hector répondit par l'affirmative.

- Assieds–toi, je vais te parler de quelques choses, lui dit-elle en se dirigeant elle même vers le canapé sur lequel elle s'assit tranquillement.

Hector avait du mal à cacher sa nervosité. Sa démarche était lente et presque vacillante. Il s'assit à coté de Freya après avoir posé ses deux mains sur le canapé. Il ne s'était pas collé à la jeune femme. Il était à un cinquantaine de centimètres de celle-ci. L'araignée et la menace de Freya l'avait refroidit. Il n'avait guère envie de proximité à ce moment précis. En réalité, il n'avait envie de rien ! Il était abasourdi et obéissait simplement à l'ordre de Freya. Son esprit s'était presque vidé et ses yeux pointaient face à lui, vers la table sur laquelle il s'était précédemment appuyé. Mais il ne la voyait pas. Il ne regardait rien. Seuls les mots de Freya résonnaient encore dans sa tête "Je te trouverais et te tuerais sans hésiter". Il était bien loin de sentir la fraicheur qui commençait à envahir la plaine entourant le château. La pluie s'était arrêtée mais un air frais accompagnait le coucher du soleil.

Hector reverrait-il le soleil après la nuit à venir ?

Je le voyais comme perdu dans le vide, ne sachant pas comment se comporter, comment réagir face à ma froideur, à ma menace, ma mise en garde plutôt. Etait – il vraiment perdu ? Je lui jetais un regard comme si je voulais sonder son esprit pour mieux savoir. A quoi pensait-il ? Avait – il peur de moi ?  J’aurais pu lui prendre la main pour le réconforter. Cependant, je voulais qu’il comprenne que j’étais sincère et affreusement capable de le tuer de sang froid ! Je ne suis pas une duchesse docile ni encore moins faible. Je savais ce que je voulais et j’étais prête à tous les sacrifices pour ça.   Enyra se redressa, je la sentais dans ma nuque. Elle bailla surement. C’était son genre après une sieste écourtée de bailler alors pourquoi pas cette fois – ci. Elle me souffla à l’oreille : «  A toute à l’heure et sois bien sage. » C’est une mygale qui a de l’humour.  Je l’aimais bien ! Elle grimpa sur le dossier du canapé se camouflant dans mes cheveux. Hector ne pouvait pas la voir partir. Elle était plutôt douée pour se fondre dans le décor. Elle partit en se baladant tranquillement.
Hector était donc à côté de moi attendant que je lui parle, pris dans ses pensées sûrement.  

- Je suis contente que tu comprennes cela. Dis – je simplement sans froideur comme si c’était un vilain cauchemar.

Je me retournais vers lui, tentant d’être rassurante.  Cependant l’heure n’était pas à la tendresse. Je devais lui parler de ce retard dans notre programme en espérant que là aussi il comprenne.  Il y a des choses qui méritent plus d’attention que d’autre, et de priorité.  Il devait le comprendre. Après tout n’a- t-il pas accepter mon statut en même temps que moi.  Il pouvait toujours ouvrir la porte et partir, en plus revenir. Simplement dire stop à tout ce plaisir qu’il avait avec moi, dire stop ces chevauchés. Seulement s’il était clair dès le départ en ouvrant la porte que c’est fini. Alors là, oui, il aura la liberté qu’il désirait.  Pour l’instant, on était là, assis un à côté de l’autre.

- On va bien partir récupérer ton épée seulement ce ne saura pas demain. A moins que tu veuilles y aller seul. Je peux te faire un papier pour que le maire enfin chef du village t’accorde le droit fouillé ta tombe.  Sinon tu devras attendre avec moi qu’Eugénie arrive pour gérer le duché en mon absence.  Soufflai- je calmement.


Je lui pris finalement la main, la serrant doucement. Un léger sourire se dessina comme si tout n’avait été qu’un cauchemar, une illusion parfaite d’une facette de ma personnalité. Pour lui, je n’étais pas encore ce monstre qui rôdait entre les draps pour mieux terrifier.  J’étais encore cette femme douce et sensuelle. Et étrangement, je voulais qu’il garde cette vision de moi encore longtemps.  Je ne savais pas pourquoi mais je le voulais.


- Que choisis – tu ? Demandai – je calmement.  

Je ne voulais pas le brusquer ou lui faire peur trop longtemps. Je voulais juste qu’il comprenne et qu’il retienne que le silence était important pour la sureté du duché. C’était simplement ça.