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Depuis quelques temps la grogne régnait dans les couloirs du palais, d’ordinaire magnifiquement décorés et parfumés par de gigantesques bouquets de Lyssiflores, les vases, jarres ou amphores  restaient désespérément  vides depuis quelques jours.
Sweet bien que très occupée par ses blessés avait toujours gardé en charge de fournir en fleurs le palais mais là, elle avait couru  tous les marchés de Luütra  et n’avait trouvé qu’une petite brassée de ces magnifiques fleurs blanches au parfum suave. C’était très ennuyeux, l’impératrice allait surement rouspéter mais que faire…. Ces belles fleurs poussaient à foison dans les prairies de Silena mais pas dans la contrée de Selian. Le jardinier avait bien réussit avec beaucoup de patience et de soin à garder un massif de Lyssiflores dans les jardins du palais mais rien de suffisant, juste de quoi fleurir et parfumer la chambre de l’impératrice.
C’est donc la mine défaite que Sweet rentra au palais avec sa maigre récolte. Pas de chance pour elle, le major d’homme la vit arriver et l’interpella de suite :

« Et là !  Bonjour Damoiselle Sweet, vous revenez du marché ? Et c’est tout ce que vous nous rapportez ? Bigre, si vos patients vous empêchent à ce point de bien servir notre Impératrice je vais devoir l’en aviser ! »

« N’en faites rien, je vous en prie, la saison à été mauvaise vous savez et les liaisons avec  Silena sont de plus en plus difficiles mais je vais trouver une solution ! »

La jeune femme parlait à son supérieur en baissant les yeux, consigne de l’impératrice qui l’autorisait à exercer son pouvoir  Yogaï pour soigner son armée et les rebelles mais uniquement dans ce cas là. Le reste du temps, afin de ne pas inquiéter tout les habitants du palais, elle devait baisser les yeux. Sa mère, Yaelune, essaya d’intercéder en sa faveur,  de plaider sa bonne éducation et sa droiture, mais rien n’y fit.

Le major d’homme grommela, tourna le dos et rentra dans sa loge laissant Sweet bien ennuyée par ce qu’elle venait de promettre. Cependant il en fallait beaucoup plus pour décourager cette jolie personne et après avoir déposé son petit bouquet dans un vase d’argent elle sortit du palais en direction de la gran’place de la ville ou elle savait trouver quelques aventuriers qui, moyennant une petite somme accepteraient surement de l’accompagner dans cette contrée de Silena pour y trouver les fleurs de l’impératrice.

IL était tôt encore et la place grouillait de monde, mais pas un seul visage connu….

« Au revoir, ma chère demoiselle. Si l’occasion de vous aider se présente à nouveau, je n’hésiterai pas un seul instant à voler à votre secours. »

Cette phrase était probablement l’une des plus clichées de l’histoire, et les deux protagonistes le savaient. Tant la jeune femme sur le pas de la porte que Sebastian, qui la saluait une dernière fois avant de s’en aller. Malgré cela, les deux s’en contentaient parfaitement. Elle savait pertinemment bien qu’elle ne reverrait jamais le Suniage de sa vie. Au moins, il lui avait fait vivre un rêve qu’elle et beaucoup de ses amies partageaient, à savoir celui d’être la demoiselle en détresse sauvée par un jeune homme vaillant. Et l’illusoire euphorie provoquée par un évènement aussi marquant dans la vie monotone de cette épouse d’un riche homme en déplacement lui avait permis d’ouvrir sa porte, son cœur et diverses autres choses. Et lui, il ne ressentait pas le besoin de faire une sortie fantastique et originale. Il avait eu ce qu’il lui fallait. Le gîte pour la nuit sans avoir rien à payer, et une somme assez coquette dans ses poches. Et le plus beau dans tout cela, c’est qu’il n’avait rien eu à faire de plus que de suivre deux bandits inexpérimentés et imprudents et en venir à bout.

Pas spécialement pressé par une quelconque nécessité, mais ne voulant pas rester dans une inactivité ridicule, il se décida d’aller faire un tour dans un lieu fort peuplé. Il y trouverait probablement quelqu’un qui, dans son besoin de chercher une aide particulière, se libérerait un peu d’espace dans les poches. Et même si la somme serait ridiculement basse, il n’en avait actuellement pas besoin. Tout ce qu’il souhaitait, c’était trouver une façon de se divertir durant un certain temps. Restait à découvrir cet être qui serait capable de l’intriguer.

Il observa les gens autour de lui. De nombreux regards vides, accompagné d’un visage fermé d’émotions et d’une démarche rapide. De telles expressions faciales étaient souvent le signe que ces personnes savaient vers où elles allaient, que ce soit positif ou négatif. Du moins, elles pensaient qu’elles le savaient. Et si leur montrer le contraire était aisé, et pouvait rapporter gros, cela n’avait souvent aucun autre intérêt. Mieux valait trouver quelqu’un qui avait le regard fureteur ou fuyant. Ceux-ci ont effectivement aussi un objectif en tête, comme tout le monde, mais ne savent cependant pas encore comment y parvenir.

Il ne fallut pas plus de quelques minutes pour que le chasseur de prime en quête de divertissement trouve un passant, ou plutôt une passante qui répondait à ses critères. Venant d’arriver sur la place, elle sortit de la masse de gens de par sa tenue bleue et sa prestance différente des autres. Son regard observateur et sa démarche semblaient correspondre au profil d’une personne qui pourrait intéresser Sebastian. Il marcha en sa direction, et passa près d’elle, comme un simple passant, de façon à se faire une meilleure idée du genre d’individu à qui il aurait affaire. Ce court passage confirma ses pensées quant au fait qu’elle cherchait quelque chose, et qu’importe de savoir quoi en ce moment. N’était-il pas là pour s’amuser. Il suivit donc la personne qu’il avait repérée, attendit qu’elle ralentisse et s’approcha d’elle. Il la bouscula très légèrement, juste de manière à ce qu’elle y fasse plus attention qu’au simple mouvement de la foule sans pour autant qu’elle ne se sente en danger.

Il s’arrêta simplement, sans rien dire, un air gêné créé sur son visage. Il connaissait le regard qu’il devait avoir. Il maîtrisait ce sourire ennuyé qui était le symbole d’une envie de s’excuser sans oser le faire. Et après quelques secondes de spectacles, il fit mine de s’en aller. Restait à voir si l’appât allait prendre ou non.

Tsss ce n’était vraiment pas de chance ! Il n’y avait sur cette place que des matrones revenant du marché avec leur panier plein, quelques marmots accrochés à leurs basques un ou deux  pochtrons qui sortaient de la taverne mais pas du tout le genre de personne qu’elle cherchait.
Sans se défaire de son calme, malgré le caractère quelque peu urgent de sa quête elle traversait la gran’place persuadée, malgré tout, d’arriver à trouver les compagnons qui lui fallait. Elle se faisait un peu bousculer, mais rien de méchant, avec tout ce monde  c’était fatal, tous semblaient si pressés  traçant leur route sans même regarder ou ils allaient, sans même un petit mot d’excuse.

Pour la énième fois  on lui accrocha légèrement  l’épaule, par réflexe elle regarda qui l’avait heurté et se trouva fort étonnée devant un individu au capuchon bleu, d’où s’échappaient quelques mèches folles,  bleues elles  aussi, et qui semblait désolé de l’avoir ainsi bousculée.  Elle ne put retenir un léger sourire tant le regard de l’homme était  contrit et pour lui signifier que tout allait bien posa une main rassurante sur son épaule.
Elle fit ce geste machinalement et allait poursuivre son chemin quand un « je ne sais quoi » lui fit  regarder cet inconnu avec un peu plus d’attention. Elle connaissait pas mal de monde à Luünara mais sa tête ne lui disait rien pourtant un jeune homme bleu … elle l’aurait remarqué ! Et puis  ses yeux si clairs qu’on dirait de l’eau des glaciers et cette expression  sur son visage…. C’était curieux, charmant, étrange. Du coup, elle laissa sa main quelques secondes de plus sur l’épaule de l’inconnu et  lui dit d’une voix douce :
« Rien de grave ! Ne faites pas cette tête, vous n’êtes que la centième personne à me bousculer mais la première à sembler  vouloir s’en excuser ! »
Ôtant rapidement  sa main de son épaule, continua :
« Vous n’avez pas l’air d’être d’ici, y’a toujours beaucoup de monde sur cette place le matin, c’est jour de marché ! On y trouve tout ce qu’on veut… ou presque. »
Sweetmemory regarda un peu mieux cet étranger,  en fait il n’avait pas l’air de quelqu’un qui  va au marché... ni d’un soldat…ni d’un joli cœur en quête de conquêtes. Elle fronça légèrement les sourcils et, sous sa cape, vérifia que sa petite bourse était toujours accrochée  à sa ceinture.

S’il n’avait été qu’un simple bandit débutant dans le domaine, Sebastian n’aurait pu réprimer un léger sourire de victoire en sentant sur son épaule la main de la jeune femme. Déposée d’une manière à bien lui faire comprendre qu’aucun mal n’avait été fait, elle signifiait qu’une partie du travail avait déjà été faite, à savoir celle d’attirer l’attention. Mais cela faisait bien longtemps qu’il avait dépassé cette étape de l’être qui se satisfait de ses actes partie par partie, ce qui entraînerait une perte de concentration pour la suite. Il se retourna simplement, écoutant les mots que l’inconnue lui disait pour confirmer la sensation que donnait la pose de sa main. Le ton de sa voix était différent de ce que le chasseur de primes avait l’habitude d’entendre. Plus calme, plus doux. Peut-être même trop pour le propre bien de cette personne, qui semblait être une cible facile pour les manipulateurs en tous genres. Il écouta ce qu’elle disait, remarquant au passage une petite longueur sur la fin de sa phrase, mettant en valeur un élément.

« Et bien, je… »

Sebastian avait à peine eut le temps de commencer sa phrase avant de se rendre compte d’une légère montée de la méfiance. Le mouvement avait été discret et rapide, mais il était clair que la jeune femme en bleu vérifiait que rien n’avait disparu dans ses affaires. Le Suniage souria, amusé, à la vue de ce bref instant de doute survenu bien plus tard qu’à l’accoutumée. Il se fit rassurant à son tour, sans quoi aucune confiance ne pourrait jamais être acquise en son égard.

« Oh, ne vous inquiétez pas. Je suis un chasseur de primes, je n’ai aucunement l’intention de vous détrousser. Et encore moins d’une manière aussi lâche que celle d’un voleur à la tire, au beau milieu d’un marché bondé. Seule ma maladresse fut la cause de cette bousculade, et je souhaite à nouveau présenter mes excuses à ce propos. »

Il laissa un court moment de silence, en profitant pour observer son interlocutrice un peu plus précisément. Sa cape propre, sa posture, son visage soigné et son parfum laissait entendre qu’elle n’était pas une simple passante, mais qu’elle venait d’un domaine un peu plus élevé. Lequel, et quelle place y tenait-elle, cela restait encore à voir. Ces constatations faites, Sebastian reprit la parole.

« Je ne suis effectivement pas d’ici, vous avez raison. Je suis ici… Pour le plaisir. Pour faire simple. Et vous ? Je vous ai entendu dire que presque tout était disponible en ce marché. Cela implique-t-il qu’une chose manque à votre liste d’achats ? »

Citation :

« Oh, ne vous inquiétez pas. Je suis un chasseur de primes, je n’ai aucunement l’intention de vous détrousser. Et encore moins d’une manière aussi lâche que celle d’un voleur à la tire, au beau milieu d’un marché bondé. Seule ma maladresse fut la cause de cette bousculade, et je souhaite à nouveau présenter mes excuses à ce propos. »

Un peu gênée que l’inconnu ait remarqué son geste de méfiance Sweet fit une petite moue ridicule, mais bon, ce n’était pas un voleur à la tire mais un chasseur de primes et ça ne la rassurait pas entièrement car on trouve dans cette profession autant loyaux et fideles serviteurs de l’impératrice que de vils escrocs. Cependant pour saluer la politesse de l’homme elle lui sourit.

Citation :

« Je ne suis effectivement pas d’ici, vous avez raison. Je suis ici… Pour le plaisir. Pour faire simple. Et vous ? Je vous ai entendu dire que presque tout était disponible en ce marché. Cela implique-t-il qu’une chose manque à votre liste d’achats ? »

La jeune femme laissa échapper un petit rire cristallin :
« Et bien vous alors ! On peut dire que vous avez un sacré sens de la déduction ! Oui en effet je n’ai pas trouvé ce qu’il me fallait sur le marché ce matin et j’en suis fort ennuyée mais ce n’est certainement pas votre problème et je ne vais pas vous retenir. Profitez bien de votre séjour d’agrément dans notre jolie ville Monsieur, aurevoir ! »

Sweetmemory tourna les talons, fit un pas et s’arrêta brusquement, une idée lumineuse venait de germer dans son esprit : Finalement si cet homme était ce qu’il disait peut être pourrait –il l’aider et puis elle n’avait rien à perdre à demander. Elle fit volte face et l’interpela :

" Attendez !... excusez moi …vous allez penser que je suis bien effrontée mais... voilà, je m’appelle Sweetmemory et effectivement je cherche quelque chose. Plus exactement je cherche quelqu’un qui pourrait m’accompagner jusqu’à Him’néa la capitale de Silena pour y trouver la marchandise qui me manque : des Lyssiflores. Vous connaissez Him’néa ? »

Elle le regardait maintenant avec un peu plus d’attention, espérant que sa demande ne le choque pas trop ou ne lui paraisse bien futile. Elle se trouva même complètement stupide d’avoir demandé une chose pareille à un inconnu, chasseur de primes, mais les dés étaient lancés et il fallait de toutes manières qu'elle trouve une solution pour approvisionner le Palais au plus vite.Calmement elle remit en place une boucle brune qui sortait de sa capuche bleue histoire de se donner une certaine contenance et attendit la réaction de l’homme.

Un sacré sens de la déduction… Oui, on pouvait définir la capacité d’observation de Sebastian comme cela. Pour autant que l’on utilise la définition populaire du mot comme c’était le cas ici, et non pas la plus dogmatique. Il eut pourtant un très léger doute sur ses capacités quand il vit la jeune femme s’éloigner en lui souhaitant un agréable séjour, se disant qu’il s’était peut-être trompé sur le fait qu’elle aurait besoin de lui. Y avait-il eut des ratés dans son approche, dans son discours ? Sa confiance lui revint rapidement, heureusement. Quelques pas plus tard, la demoiselle en bleu semblait avoir changé d’avis, se retournant et interpellant le Suniage. Elle se présenta à lui, tout en expliquant ce dont elle avait besoin.

Bien sûr, il se demandait pourquoi elle avait besoin de fleurs, et surtout pourquoi ce type bien particulier. Cela avait peut-être un rapport avec son parfum, qui sait ? Mais dans l’immédiat, il n’était d’aucune utilité de se renseigner sur les raisons de cette recherche. Passer pour un interrogateur n’était pas forcément ce qui mettait le plus en confiance, et le chasseur de primes était certain de l’apprendre tôt ou tard de toutes manières. De fait, il laissa toutes ses questions de côté, dont celle qu’il posait habituellement en rapport avec l’argent qu’il y gagnerait. Il s’approcha de la jeune femme, souriant :

« Je n’ai pas le souvenir de m’y être rendu, mais j’en ai entendu parler. Une de mes connaissances m’a conseillé de m’y rendre, ne fût-ce qu’une fois. Il paraît que l’on peut y passer un moment sympathique et observer des coutumes qui sont devenues fort rares de nos jours. »

Il s’arrêta de parler, faisant mine de réfléchir. Il observa la jeune femme, tentant sans succès de deviner d’où elle pouvait venir. Une nouvelle question pour laquelle il devrait attendre la réponse. Le demander de suite le ferait passer pour quelqu’un de malhonnête, qui n’hésiterait pas à profiter de la position que pouvait occuper son interlocutrice. Et mieux valait que cette dernière ne découvre pas tout de suite la vraie nature du jeune homme.

« Je me dis que… Comme je viens de vous le raconter, une de mes connaissances m’a proposé d’aller visiter Him’néa. Et vous cherchez quelqu’un pour vous y accompagner. De fait, si vous le souhaitez, il me semble tout à fait faisable de partir un peu plus tôt que prévu vers cette destination de manière à faire la route avec vous. Je pourrais ainsi mettre mes services à votre disposition, dans le cas où le besoin d’un chasseur de primes se ferait ressentir sur la route. »

Faire la route vers une ville primitive pour chercher des fleurs n’était pas vraiment dans les activités quotidiennes et prisées pas Sebastian. Cependant, il n’y avait aucune raison que rien de plus passionnant ne se passe sur la route. Et puis, sa curiosité était piquée au vif envers les origines de cette personne. Si jamais rien de particulier ne se présentait, il lui restait de fait la possibilité de jouer aux devinettes pour en savoir plus. Restait à savoir si la jeune femme accepterait son aide.

Sweet écoutait  l’inconnu accepter de faire route ensemble jusqu'à Him’néa, et regardait ses yeux clairs comme l’eau des glaciers, se demandant si  elle pouvait  faire confiance à cet homme qu’elle n’avait jamais vu. Était –elle trop stupide ou trop naïve pour ne pas déceler chez lui un fond de méchanceté ou de malhonnêteté ?
C’était assez étrange, rien ne l’alertait  et même au contraire elle se sentait assez bien avec lui. Etait-ce sa façon de parler, calme et posée, ou la couleur dominante de sa personne, le bleu comme elle, qui provoquait cette curieuse attirance ? Parce qu’elle devait bien se l’avouer, ce qu’elle était en train de faire relevait de la pure inconscience.
Sans se départir de son calme elle lui demanda :

« Je suis ravie que vous acceptiez de m’accompagner et je le serais encore plus lorsque vous m’aurez dit comment vous vous appelez ! Pour votre gouverne, ne comptez pas trop  vous enrichir avec moi, ma bourse n’est pas remplie de pièces d’or! Juste de quoi faire le voyage, vous offrir à manger et une nuit à Nim’ néa car nous ne pourrons certainement pas revenir dans la journée et je dois bien sur acheter mes Lyssiflores. Par contre, à notre retour je pourrai vous payer surtout si vous êtes raisonnables dans vos tarifs! »

Elle savait bien que les chasseurs de primes ne faisait jamais rien  pour rien mais préférait que les choses soient claires et tant qu’a essuyer un refus, autant que ce soit de suite.

« Je ne vais pas vous couvrir d’or et vous ne serez sans doute pas adulé pour votre exploit quand nous reviendrons, je préfère être claire et je comprendrai que vous ayez mieux à faire. »

Un franc sourire se dessina sur ses lèvres.

« Ah ! J’oubliai, appelez moi Sweet ! C’est ainsi que tout le monde m’ap….. »

Elle ne termina pas sa phrase, un vieillard venait de s’écrouler juste derrière l’inconnu. D’un geste ferme elle l’écarta en s’excusant, s’agenouilla auprès du pauvre homme qui gémissait  sur le sol les mains serrées sur son ventre, un petit filet de bave mousseuse s’échappant de sa bouche.
Immédiatement Sweet se rendit compte qu’il s’agissait d’un empoisonnement, c’était fréquent. Elle prit le visage blême de l’homme entre ses mains et de sa voix la plus douce le rassura, lui dit qu’elle allait le soigner, qu’il ait confiance en elle, qu’il devait juste la regarder, ouvrir les yeux… Ce qu’il fit. Des jolies lèvres bleues s’écoulèrent alors des paroles si douces et apaisantes que le regard du malade se fixa sur celui de la jeune femme, confiant.
Sans cesser de lui parler, elle attrapa dans une petite poche intérieure de sa cape une fiole bleu nuit et fit en couler quelques gouttes dans la bouche du vieillard puis le caressant de ses mots le remis debout. Elle eut un petit claquement sec des doigts et souriante lui dit d’une voix plus claire :

«  Allez mon brave, vous devriez allez vous reposer, et méfiez vous à l’avenir de ce que vous avalez ! »

Les quelques badauds qui s’étaient arrêtés  reprirent leur route sans avoir bien compris ce qui s’était passé et l’homme parti comme si rien ne lui était arrivé.
Sweet se retourna vers son chasseur de primes avec un petit soupir désolé.

« Excusez moi, c’est un sale défaut chez moi……je n’aime pas voir souffrir ! Mais... nous parlions d’argent je crois ? »

Visiblement, Sebastian était parvenu à convaincre la jeune femme qu’il n’était pas une menace mais plutôt un allié potentiel. Après tout, c’était la vérité actuellement. Au contraire, plutôt que d’avoir une certaine méfiance qui aurait été fort légitime, elle affirmait être ravie de l’avoir comme compagnon. Il se surprit même à avoir un instant de sympathie envers cette personne, qui ne semblait pas se douter que quoique ce soit de mal puisse se produire. Mais cela disparut vite. Sweetmemory lui faisait effectivement penser aux siens, dont il essayait de se dissocier au maximum. La seule différence, c’est qu’il n’était pas certain qu’elle soit naïve au point de ne jamais se rendre compte d’un mal qui lui était fait.

Il remarqua un passant, plutôt âgé, se dirigeant dans leur direction. Il avait l’air mal en point, titubant péniblement dans la foule. Le jeune homme n’y prêta pas plus attention que cela, écoutant sa récente commanditaire lui expliquer qu’il n’allait pas sortir enrichi, financièrement parlant, de cette aventure. Au moment où il allait lui répondre que l’argent n’était pas la question importante, elle s’avança brusquement vers lui et, s’excusant, le poussa sur le côté. Au départ, il crût qu’elle s’était rendu compte d’une faille dans son jeu d’acteur. Mais cette très légère frayeur s’évapora lorsqu’il vit le vieillard qu’il avait vu quelques secondes plus tôt au sol. C’était vers lui que Sweet, puisqu’elle lui avait proposé de l’appeler comme cela, s’était précipitée.

Il observa la jeune femme. Elle savait ce qu’elle faisait, cela semblait parfaitement clair. Il ne comprenait pas un seul des mots qu’elle disait au malade, mais cela semblait le relaxer au plus haut point. Et, malgré l’aspect assez paniquant de la scène, Sebastian se sentait relaxé en voyant cette scène. Le sentiment que la jeune femme donnait au Suniage était désormais plus éloigné de celui de la pauvre personne parfaitement naïve. Peut-être l’était-elle, et cet acte confirmait une certaine ressemblance avec les Suniages, mais au moins elle savait ce qu’elle faisait.

Il ne fallut pas bien longtemps pour que le vieil homme se relève, et s’éloigne. Il ne la remercia pas, rien d’étonnant. Lorsque Sweetmemory revint vers le jeune homme, elle soupira et s’excusa d’avoir porté secours à celui qui, selon toute vraisemblance, n’en avait de toutes manières plus pour longtemps à vivre.

« Très impressionnant, je dois l’avouer. Ne vous excusez pas pour ce don. Le désir d’aider son prochain est une qualité fort appréciable et presque inexistante en ce monde. Je dois avouer, bien honteusement, faire partie de la masse. »

Il retint un petit rictus, amusé de cette phrase. Bien entendu qu’il faisait partie de la masse. Il était peut-être même bien pire. Mais un brin d’honnêteté ne pouvait pas faire de mal.

« Mon nom est Sebastian Oltres. Et ne vous en faites pas pour le budget. Votre prix sera le mien, et je saurai me charger de tous les frais imputés par le voyage. Après tout, je vous ai proposé de vous accompagner, non ? »

« Et bien parfait ! Cher Sebastian, on peut y aller, tout le monde sait à quoi s’en tenir et il  ne faut vraiment plus perdre de temps si on veut arriver avant la nuit. Ah si … On fait un petit crochet pour récupérer un sac  de provisions pour notre repas de midi car je doute fort qu’on trouve une auberge dans cette lande glacée ! »

Sur ces mots, la jeune femme traversa la gran’place d’un bon pas,  jeta un œil par-dessus son épaule pour voir si Sébastian était toujours avec elle, lui sourit et continua sa route à travers les ruelles de Luütra. Les cuisines du Palais avaient une entrée par derrière, pour les livraisons, c’était plus rapide et beaucoup plus discret, nul besoin d’ameuter tout le monde de son expédition et en plus elle ne voulait pas mettre son équipier mal à l’aise avec le protocole un peu stricte des lieux. Arrivés devant la porte de service elle dit :

« Attendez-moi ici ! Je ne serai pas longue. »

Effectivement elle revint bien vite avec un petit baluchon, un sourire de satisfaction au coin des lèvres.  

« Et voilà ! On peut partir Monsieur le chasseur de primes ! Au fait, ce n’est pas très compliqué, je me suis renseignée et il n’y a qu’une route pour rejoindre Silena. En quittant la ville on rejoint le grand fleuve de glace, il y a un bac qui nous permettra de traverser ensuite c’est la lande glacée ! J’espère que nous n’aurons pas trop de vent, les rafales forment des congères et on perd vite le chemin…Mais ? Dites moi vous avez l’habitude de voyager Sebastian ? Vous venez de quel endroit ? »

Sweet ne se posait plus de question sur le bien fondé de cette expédition avec Sebastian, elle avait décidé de le faire et elle irait jusqu'au bout et puis , elle ne partait pas pour 6 mois non plus!

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Sweetmemory ne manquait pas de motivation et de bonne humeur, même pour une tâche aussi basique que celle de chercher des fleurs. Il suffisait de l’entendre parler ou de la voir se déplacer d’un pas rapide pour s’en rendre compte. Il était amusant pour Sebastian de voir un tel comportement, qui lui semblait parfaitement insensé. De fait, sa curiosité de voir où tout cela allait le mener était de plus en plus grande. Et la première étape, ce fût celle d’aller se ravitailler en passant par des petites ruelles peu fréquentées. La jeune femme connaissait son chemin, et n’hésitait pas un seul instant. Chacun de ses pas était fait dans une direction qui lui était connue. Et comme elle ne l’était pas par le Suniage, la jeune femme regardait de temps à autres dans son dos, pour vérifier s’il n’était pas perdu.

Il n’était effectivement pas perdu, physiquement du moins. Il ne se laissait pas distancer par sa guide, et avait assimilé le chemin de manière à pouvoir se retrouver dans ces ruelles sans le moindre souci. Là où il se sentait un peu plus égaré par contre, c’était dans ses pensées. Bien entendu, il ne faut pas comprendre cet état comme un état parfaitement général. Il s’agissait seulement de ses réflexions quant à la destination qui étaient un peu confuse. Où se rendait sa guide ? Aucun détail ne ressortait du chemin qu’elle parcourait. Elle ne faisait que passer devant diverses maisons et petits commerces sans intérêt. Peut-être ne faisait-elle que rentrer chez elle prendre ses quelques affaires, mais si tel était le cas, pourquoi avait-elle besoin de faire une telle route pour quelques fleurs ?

La réponse ne se fit pas trop attendre. Sans prévenir, Sweet s’arrêta et demanda à son compagnon de route de l’attendre. Si, d’apparence, la porte par laquelle elle était entrée était fort classique et ne ressortait pas spécialement du reste, Sebastian se rendit bien vite compte qu’il fallait regarder juste un peu plus loin pour voir que rien de classique ne se trouvait derrière cette porte. Les quelques personnes qui se trouvaient dans les alentours rentraient et sortaient de la nourriture en grande quantité. Un bal d’hommes et de femmes transportant des caisses de denrées alimentaires d’une manière rapide et organisée sous le regard de deux gardes. Et au vu de la quantité incroyable de marchandise, il était simple de savoir que le tout se destinait à plus qu’à une simple taverne de bas étage. Sweetmemory venait donc du palais. Voilà au moins de répondue une première question que se posait le jeune homme. Cette réponse entraînait inévitablement une autre question : qu’y faisait-elle ?

Il n’eut guère de temps pour y réfléchir. Comme elle lui avait promis, la femme vêtue de bleu ne tarda pas à revenir avec ses provisions. Elle se mit presque immédiatement à lui parler, lui expliquant la route qu’il fallait suivre et l’une ou l’autre appréhension par rapport aux conditions météorologiques. Elle semblait toujours aussi motivée, parlant assez vite sur un ton léger. Peut-être ne sortait-elle pas souvent du palais, et appréciait l’idée de faire une expédition ?

« Est-ce que j’ai l’habitude de voyager ? Mon occupation professionnelle me l’impose. Pour diverses raisons. Mais cela n’est pas important. Pour autant, je n’ai que rarement l’occasion de transformer ceux-ci en voyage d’agrément. Qu’en est-il de vous ? »

Il savait très bien qu’il avait esquivé la seconde question de la jeune femme. Ce n’était pas tellement parce qu’il ne voulait pas répondre, mais plutôt parce qu’il ne savait pas quoi répondre. À partir de quel moment de sa vie devait-il réfléchir pour pouvoir affirmer venir de quelque part ? Il n’en savait rien, et préférait de fait laisser cela en suspens.

Ils arrivèrent ainsi devant la grande porte de Selian, majestueuse, argentée et  finement ornée d’écritures étranges certainement magiques, ciselées dans le métal. Un petit frisson lui parcouru le dos, ce n’était pas le petite vent glacé de la lande qui sifflait sous la porte mais certainement plus l’excitation liée à ce  voyage et  un peu de crainte face à tout cet inconnu… L’homme avec qui elle s’embarquait et cette route jusqu'au royaume de Silena, mais  elle était ravie de rompre un peu la routine du palais.
Finalement depuis sa naissance elle n’avait pas beaucoup bougé, ses obligations auprès de l’impératrice et les soins qu’elle donnait lui prenaient tout son temps et bousculer un peu sa vie ne lui déplaisait pas bien au contraire.
Ils allaient franchir le porche, la porte s’était ouverte sur une immensité blanche ou les rafales de vent soulevaient une multitude de flocons scintillants.
La jeune femme ajusta sa capuche et regarda Sebastian :

«  Pour vous répondre, c’est la première expédition que je fais si loin de ma ville natale ! Je n’ai voyagé jusque là qu’au travers des récits de mon père qui était garde au Palais et des blessés dont je m’occupe, donc pour ce qui est de l’expérience,  je compte sur vous ! Je vous laisse passer devant ? »

Elle plissa légèrement les yeux et regarda en direction du grand fleuve gelé mais on ne pouvait pas distinguer les berges et encore moins le bac qui les feraient traverser,  elle serra un peu plus fort les pans de sa cape et  ajouta :

« C’est par là de toute manière y’a qu’a suivre la route ! »

Elle regardait les mèches bleues qui volaient autour du visage de l’homme, elle aimait bien ce côté mystérieux, sa manière de répondre à ses questions sans vraiment y répondre, et puis cette distance qu’il avait l’air d’avoir avec tout aiguisait sa curiosité.
Finalement avait-elle besoin d’en savoir plus sur celui qui avait accepté  aussi de partir avec une parfaite inconnue, de modifier se projets ne fussent ils que de villégiature ? Non peut être pas mais il n’en était pas moins vrai que Sweet avait toujours une question sur le bout des lèvres.
Un petit sourire se dessina sur ses jolies lèvres bleues et avant de s’engager sur la route et de braver le froid elle lui dit d’une vois douce, fixant son regard dans celui de Sebastian :

« Je me trompe peut être mais vous ne semblez pas inquiet par ce voyage ! Vous me faites confiance ? »

D’un premier abord, difficile de savoir exactement ce qu’appréciait Sebastian, ce dernier ne montrant jamais rien de ses préférences. Et si quelque chose ressortait, cela ne voulait pas forcément dire qu’il appréciait au plus profond de lui. Pourtant, si quelqu’un avait jeté un œil attentif au visage du personnage, il y aurait vu un très léger sourire apparaître durant un bref instant quand les portes s’ouvrirent. Le Suniage trouvait le spectacle splendide. La danse de la neige, l’étendue blanche, les effets lumineux des quelques rayons lumineux réfléchissant sur le sol, le tout offrait au spectateur une vue magnifique. Même si ce n’est que pour un bref instant, puisqu’il ne faut pas abuser des bonnes choses paraît-il, ce genre de décor peut s’avérer être particulièrement enchanteur pour n’importe qui.

« J’ai entendu certaines personnes dire que les voyages n’ont pas besoin d’être physiques pour que l’on puisse en profiter, mais peuvent très bien être spirituels. Je suis persuadé qu’ils ont tort. Aussi intéressant les histoires de votre père ont-elles pu être, je pense qu’il est regrettable qu’il n’ait pas eu la possibilité de vous emmener avec lui au moins une fois. Loin de moi le désir de le critiquer à ce propos, il devait avoir des raisons pour cela. »

Le chasseur de primes fit quelques pas en avant, tendant sa main pour prendre quelques flocons, et les observa. La quête de fleurs de Sweetmemory était donc en rapport avec le palais. Cependant, peu importe la place que la jeune femme y occupait ou l’importance de cette mission, pourquoi envoyer quelqu’un qui n’avait jamais voyagé ? N’y avait-il rien d’étrange à cela ? Peut-être que l’homme se posait trop de questions, et qu’il s’imaginait des choses. Revenant vers la jeune femme, un sourire en coin sur le visage, il continua :

« Dans tous les cas, qu’importe ! Il n’est jamais trop pour prendre la route, et vous risquez fort d’apprécier l’expérience. Parions même sur le fait qu’une fois ce court voyage fini, vous souhaiterez en faire d’autres, et des plus longs. »

Quelques secondes passèrent dans le silence tout relatif du pied de la sortie de la ville. Un garde regardait les deux personnes, qui ne semblaient pas se décider à partir. Visiblement, il n’attendait qu’une chose : Pouvoir refermer l’imposante porte et retourner au chaud dans les baraques, probablement pour participer à une quelconque beuverie ou un jeu d’argent des plus communs avec ses collègues. Et aussi plaisante l’activité de le faire réellement travailler pouvait-elle être, Sebastian se décida à se mettre en route pour de bon. Jusqu’au moment de la question de Sweetmemory, qui le laissa un peu perplexe. Cela se vit probablement, d’ailleurs. Il ne resta certes immobile que l’espace d’une seconde, mais ce temps de réflexion était amplement suffisant pour que l’œil humain le perçoive. Cette seconde écoulée, le Suniage s’avança, intimant son accompagnatrice de le suivre d’un signe de tête.

« Inquiet, non, je ne le suis pas. Ce n’est pas à moi de l’être, je suis là pour vous protéger. M’inquiéter ne me ferait que faire des erreurs, et ne vous mettrait pas à l’aise. Pour ce qui est de la confiance… N’est-ce pas plutôt à vous-même que vous devriez demander cela ? Pour ma part, je pourrais aussi bien vous répondre oui que non. Ai-je une quelconque raison de me méfier de vous ? »

Sweet se mis à rire :
« Non, non, pas du tout… je me suis mal exprimée ! Je ne veux pas dire que vous devez vous méfiez de moi ! Mais c’est  plutôt en rapport avec mon inexpérience des voyages car je risque, sans le savoir, de vous faire prendre des risques plus importants que vous ne devriez !   Et pour moi... et bien j’ai décidé de vous faire confiance  ai-je tords ou raison je ne me pose même pas la question, je dois aller chercher ces fleurs c’est tout et vous avez accepté de m’aider, donc tout va bien.
Je crois d’ailleurs que nous devrions y aller, le temps passe vite et j’aimerais  arriver avant que les marchands n’ aient plié bagages. »

Elle était déterminée et elle joint le geste à la parole.

La distance à parcourir entre les remparts de la ville et le fleuve gelé ou attendait le bac fut rapidement  faite malgré les bourrasques de vent qui faisait virevolter les flocons de neige et les plaques de glaces qui rendait la route bien dangereuse. Une ou deux fois seulement la jeune femme du se raccrocher au bras de Sebastian pour ne pas glisser et décida que pour éviter une troisième fois de rester a son bras  jusqu’aux rives du fleuve. Que cela plaise ou pas à son chasseur de primes elle n’en avait cure… elle voulait simplement rester sur ses pied.
Le passeur attendait, transi, et les fit embarquer pour  traverser le fleuve tumultueux.
Sweet crut sa dernière heure arrivée en voyant de gros blocs de glaces, charriés par les eaux sombres,  percuter le bac et le faire tanguer dangereusement. Toujours soudée au bras de son accompagnateur elle devait faire un effort incroyable pour rester maître d’elle-même, et cherchait dans le regard translucide de Sebastian un peu de soutien car ne sachant pas nager, l’idée de se retrouver dans ces eaux glacées l’inquiétait encore plus qu’une rencontre avec les forces d’Ailes Ténébreuses.
La rive opposée semblait ne jamais se rapprocher, ils n’étaient qu’au milieu du fleuve  et elle voyait le passeur, qui était passé du bleu au rouge, se battre contre les éléments déchainés. Lorsque la berge fut à portée son cœur se calma un peu et elle reprit son calme et sa douceur pour remercier le brave homme qui les avait emmenés à bon port et pour s’assurer qu’il serait encore là le lendemain pour leur retour.
Jamais la terre ferme ne lui parut si accueillante même avec le gel et la neige, c’était un vrai bonheur, et ils reprirent la route d’un bon pas pour voir quelques heures plus tard se dessiner devant eux les petits murs d’enceinte de la ville d’Him’néa.