 Mer 11 Jan - 20:40 |  | | | | - Citation :
- Raconte ton retour à Him'Nea
(narration italique /Parole en gras avec tiret est la mise en forme qui me convient le mieux. Si vous voulez que je change, faites moi signe !)
Loris, effondré sur le dos d'Hayden, contemplait d'un seul œil la beauté sans équivoque des plaines mystiques. Le royaume de la terre était particulièrement grand, cependant le Lorialet n'avait jamais réellement prétendu aller plus loin que la capitale. Bien que le royaume était apparenté à une série de mauvais souvenirs, le jeune homme s'était accoutumé aux vastes plaines vertes des lieux, et même à la chaleur qui y régnait, et non sans mal car sa peau venait souvent à être marquée de coups de soleils rougeoyants et malheureusement peu flatteurs ... S'apparentant plus facilement à des brûlures qu'a de simples émanations d'ultra violet. Loris désirait ardemment rejoindre le froid polaire de ses terres natales, ne serait ce que pour éviter ces désagréments devenus quotidiens, au fil du temps. Le jeune homme se redressa sur le dos de son chien et lui caressa la crinière. Hayden émit un léger bruit distinctif des autres, démontrant que cet endroit était bel et bien un endroit à grattouiller, et Loris sourit lorsque la réflexion du chien fut claire dans son esprit. Hayden était devenu grand et sombre ... Il était certes beau mais paradoxalement unique, et il apparaissait impossible de le cacher à la vue des autres, maintenant. Cependant le lorialet était loin de se douter qu'il n'était pas le seul détenteur d'une monture mystique dans les environs, et quand bien même il en aurait eu la preuve cela ne lui aurait surement fait ni chaud ni froid. Il fallait partir du simple principe que Loris n'avait qu'une seule idée en tête : Avancer. Sans trop savoir ou, ni pourquoi ... Se fiant à ses souvenirs d'enfants pour retracer un chemin totalement hasardeux entre les chemins de terre et de hautes herbes. Les ailes du jeune homme étaient déployées, formant un "X" fragile, reflétant les couleurs du soleil et les renvoyant. Loris portait une partie des habits des religieux de Zelphos : Les habits de ceux ayant habilement réussi le test de confirmation initialement prévu après le drame météorologique dont Loris était la cause, au même titre que la colère qu'il éprouva à ce moment là.
Le jeune homme réfléchissait depuis son départ à son village natal. Il pensait à Him'Nea. Il pensait à ses parents, ses anciens "amis", l'homme qui lui avait appris le solfège aussi ... Loris reviendrait grandi ... Il aurait surement changé de bien des manières, mais il aurait avant tout grandi. Et c'est cette grandeur qui lui faisait peur. Allait-on bien l’accueillir ? Cela faisait cinq ans désormais ... Peut-être six ... Lui qui était parti pour devenir ce grand musicien qui ferait la fierté de tous ... Il n'était plus rien. Ou plutôt : il n'avait jamais rien été. A son plus grand malheur. Mais ceci ne lui empêchait pas d'avoir des rêves ... D'autres rêves. Le jeune homme sortit d'un petit sac jaune, fait en cuir et en toile, une flûte. Une flûte traversière qu'il n'avait jamais quitté. Une flûte faite à partir des glaces éternelles de la Toundra. Cet instrument produisait le son le plus pur possible et malgré son apparence gelée, pouvait réchauffer n'importe quel cœur.
Loris joua. Il joua deux heures, ne s'arrêtant que pour reprendre son souffle ou observer les environs. La mélodie était envoutante ... Spirituelle ... et surtout le lorialet se sentait de mieux en mieux, au fur et a mesure que les notes sortaient. Il reprenait confiance en lui et sa mémoire lui revenait peu à peu. D'un seul coup il s'arrêta et pointa l'est. Il se rapprocha de l'oreille de Hayden et murmura "- Fonce dans cette direction, s'il te plait." L'esprit lunaire fit une pointe d'accélération. Quelques minutes plus tard, ils se retrouvèrent devant un cimetière. Le Lorialet, tremblant, descendit de son chien et rentra dans la zone. Il chercha attentivement jusqu'à trouver la tombe qu'il désirait. Sur la pierre tombale, faite de marbre et ornée d'un sceau représentant une fleur de lys, était écrit en incrustation :
"Emporio"
Loris ne prêta pas attention au reste des gravures. Le jeune homme s'agenouille et déposa une fleur sur la tombe, puis repartit. Cette action, aux abords simples, était absolument décisive pour la suite du périple du Lorialet. Il ne désirait plus qu'une chose désormais, en apprendre plus sur le monde qui l'entourait. Loris avait à l'esprit qu'Emporio lui avait appris les bases de la lecture, de l'écriture et de l'arithmétique, et que ces notions étaient fondamentales pour survivre. Chez Zelphos, l'enseignement fut plus rigoureux encore, mais tout aussi profitable. Le Lorialet pouvait désormais survivre seul, mais se demandait toujours de quoi serait fait demain, et sous quelles conditions.
Lorsque l'homme arriva devant un bateau susceptible de le conduire chez lui, il embarqua. Bien sur ce ne fut sans peine ... Ne pouvant payer, et étant accompagné de Hayden, Loris se résolut a devenir le ménestrel du bateau, travaillant pour passer la frontière maritime. Le voyage fut sans encombre cette fois. Loris chantait et jouait le jour, écrivait lorsqu'il le pouvait, et contemplait la lune la nuit, dormant sur une des tours de vigies du navire. La lune régénérait les pores de sa peau, par ailleurs, et lui rendait une frêle partie de l'énergie qu'il avait dépensé toutes ces années.
Lorsque le bateau arrima sur les terres proches de Him'Nea, Loris et Hayden sautèrent de joie, se roulant dans la neige matinale. Le Lorialet était fier d'être revenu dans ses terres natales, et désirait rejoindre son village, puis la Toundra. Le jeune homme et Hayden marchèrent des heures, avant de rejoindre la porte du village. Les gens présents dans les allées reconnurent Loris, mais eurent des réserves quant à ce qu'il était devenu ... En effet le jeune homme semblait bien plus froid qu'avant, mais la joie supplanta tout le reste, et lors d'un diner chez d'anciens amis aux tanneurs qu'étaient ses parents adoptifs, Loris apprit bien plus de vérité qu'il n'y parut. En effet le couple expliqua à Loris que ses parents adoptifs étaient morts de vieillesse et avaient été enterrés non loin d'ici, par le biais d'un rite visant à affecter la déité de la Lune et du temps. C'était une chose compliquée mais Loris fit un effort pour comprendre. Puis le même couple annonça en fin de soirée, difficilement, que Loris n'était pas réellement leur fils.
Mais il le savait. Il s'en était rendu compte il y a déjà longtemps. Le lorialet remercia le couple et s'installa dans l'ancienne chaume. Déposant ses habits, les lavants et remettant sa tenue propre, le lendemain, Loris alla au cimetière du village après une nuit mouvementée, et déposa deux autres fleurs sur la tombe de ses parents adoptifs. Le Lorialet voulut déposer une larme mais n'y parvint pas.
Le jeune homme s'enfonça dans la Toundra et y resta trois jours complets. Ce ne fut qu'au bout d'un certain temps qu'il trouva une couverture, enfouie dans la neige. Ou plutôt que la couverture le trouva, puisqu'elle sortit doucement de l'épaisse couche de neige, froide, mouillée, mais semblant rattachée au sol. Loris la prit dans les mains et l'observa ... Après toute ces années ...
Le jeune homme regarda la Lune. Tout était clair à présent. Loris désirait retrouver sa vraie mère, la Lune, ou qu'elle fut.
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