- Général ! Les démons seront à nos portes dans quelques heures !

Dans la pièce du palais, au premier niveau, où Galaad passait de nombreuses heures en temps de paix, ce dernier accueillit les paroles du messager avec un air sombre et acquiesca doucement.

- Répandez la nouvelle dans les casernes. Uniquement les casernes ! Evitez de créer tout mouvement de panique. Je dois voir la famille royale, ont-ils été informés ?

- Pas encore, la nouvelle vient d'arriver.

- J'irais les voir. Vous avez vos ordres.

Galaad quitta la pièce et se rendit à ses appartements en toute hâte afin d'enfiler une tenue plus appropriée à la cour. Il s'y dirigea quelques minutes plus tard, ayant revêtu son armure rutilante, l'épée désormais accrochée à la ceinture. Pour parler de la guerre, il fallait être un homme de guerre. Même si la guerre risquait d'être courte.
Après de nombreuses salles et autant d'escaliers de marbre, plusieurs valets lui ouvrirent les portes et il pénétra enfin dans la salle du siège royal, pièce aux proportions spectaculaires évoquant l'intérieur d'une nef. Sur les murs d'une hauteur considérables s'élevaient de grandes tentures ou des fresques aux détails minutieux, ainsi que de larges fenêtres laissant passer à grands flots la lumière du jour. Au plafond, soutenu par des colonnades, divers ornements marqués du sceau du Royaume alternaient avec de lourds lustres de cristal que de grandes chaînes, elles aussi ouvragées, tenaient suspendus à quelques mètres du sol et des occupants.
Pour tout cela, qu'il avait déjà contemplé, Galaad n'avait plus d'yeux. En ce moment, seuls lui importaient le roi et la reine qui se tenaient tout au fond, sur leurs trônes respectifs, tandis qu'une marée chamarrée de nobles, courtisans et valets traçait un chemin de tissus et de dentelles jusqu'à eux.

Galaad n'eût pas à jouer des coudes car chacun s'écartait largement sur son passage avec la même déférence, éblouis tant par l'homme que par l'armure qui, tout aussi majestueuse, attestait de son rang. Le couple royal s'en était aperçu et le fixait tandis qu'il avançait jusqu'à eux, les conversations s'éteignant sur son passage et de plus en plus de ragards braqués sur lui. Enfin, il fut à quelques pas du trône, son visage grave et figé contrastant avec le calme précédent de sa marche, et s'inclina respectueusement.

- Je vous présente mes respects, sires, ainsi que de graves nouvelles.

Enfin, le silence s'établit complètement, les dernières discussions cessant lorsque l'écho de ses paroles traversa la salle. Tous les hommes et femmes présents avaient désormais les yeux sur lui, immobiles et attentifs. Le roi, reposa sa main plus commodément sur l'accoudoir de son trône et parla :

- Sont-ce encore des troubles ou des révoltes menées par le culte de Zelphos, ce chancre religieux qui infeste nos terres ?

- C'est hélas bien pire". Répondit Galaad. "C'est la créature qui a inspiré ce mouvement qui, en ce moment, vient elle-même à notre approche. Le démon appelé Aile Ténébreuse".

Un frisson agita l'assemblée et une exclamation de surprise commune naquit de toutes les gorges, se répétant en d'inquiétants échos contre les murs et les décorations. A travers les fenêtres, les rayons du soleil semblaient être moins intenses. Galaad continua.

- Il a quitté les terres de feu et se dirige vers nous. Il a à ses côté des légions de démons, comme ceux qui apparaissent de plus en plus fréquemment dans les contrées, mais nous n'avions pas été avertis de leur présence. Ils ne semblent avoir traversé aucune ville, aucune frontière.

La reine s'exprima à son tour.

- Est-ce une démonstration de force de leur part, une intimidation ? Ou ont-ils déclaré les hostilités et viennent-ils pour nous affronter ?

- Madame, leur présence sur vos terres a déjà déclaré la guerre mais nous ignorons leurs intentions véritables, même s'ils semblent posséder tout le matériel nécessaire à un assaut.

- Et sont-ils nombreux ?

- Plus que nous. Bien plus qu'il n'en faut pour que nous perdions la cité. Et ce sont des démons, aucun de leurs séides n'est à négliger.

Dans la salle, tout le monde écoutait avec une attention religieuse, respirant à peine et n'osant émettre la moindre parole, le moindre bruit, les mines inquiètes et la peau plus blanche que de coutume. Seuls les époux royaux et Galaad semblaient animés. Le roi continua :

- Il faut envoyer des messagers à leur rencontre et leur proposer des négociations. La paix est bien trop établie pour que nous la rompions ainsi. Et que s'autres avertissent nos provinces de la situation.

Galaad eut un sourire sans joie.

- On ne parlemente pas avec les démons. Leur envoyer des messagers, c'est condamner ces derniers à mort. Nous ne pourrons parler que lorsqu'ils seront sous nos murs. Je vous recommande de prendre vos dispositions avec la cour pour assurer une voie de retraite.

Les deux régents se redressèrent pleinement sur leurs sièges, la mine impassible, et parlèrent de concert :

- Le siège du Royaume est ici, c'est donc ici que nous devons diriger nos sujets et non préparer notre fuite. Quand arriverons les démons ?

- Quelques heures, certainement lorsque la nuit tombera.

- Alors, défendez la cité. Nous nous préparerons pour parler avec eux et les convaincre de cesser leurs exactions.

C'était une chose dont Galaad doutait fortement mais il n'en cessa pas moins de discuter et salua avant de tourner les talons. Tandis qu'il franchissait à nouveau les portes, la cour s'anima et les paroles fusèrent, inquiètes, aigues, puis les portes furent refermées et en étouffèrent le bruit.

Peu de temps après, Galaad rassembla tous les dirigeants de l'armée et envoya des messagers aux villes les plus proches afin de les avertir de la situation, puis il évoqua les faits connus et fit se mobiliser l'armée. Tandis que l'après-midi s'écoulait avec lenteur, des bataillons armées commencèrent à s'assembler dans toutes les casernes et à parcourir la ville. Sur les murs, la couleur des tabards vint peu à peu égayer celle de la pierre. Depuis le chateau, chacun avait une vue privilégiée sur l'ensemble de l'immense cité où s'amassaient sujets, marchands et voyageurs par dizaines de milliers.
C'est ainsi que la journée s'éteignit dans une atmosphère fébrile où toute la garde fut mobilisée tandis que la population était peu à peu informée de la situation. Au soir, les remparts flamboyaient par la multitude des torches qui s'y trouvaient tandis que la ville semblait endormie, ses rues presque vides seulement parcourues par des bataillons tandis que les citoyens se terraient chez eux. C'est ainsi, alors que Galaad se trouvait non loin du corps de garde de l'entrée principale, que des lueurs se multiplièrent à l'horizon, dans l'obscurité croissante. Aile Ténébreuse et les siens arrivaient.

Il ne leur fallut qu'une heure, depuis leur apparition au loin, pour arriver à quelques centaines de pas des remparts, sur la plaine. Là, chaque homme et chaque femme put alors observer comme une marée de métal percée de geysers flamboyants et aux relents âpres. Les démons s'établissaient sur de multiples rangs, de toutes les formes, ayant toutes les apparences possibles, certains similaires aux humains, d'autres monstrueux. Puis tous s'immobilisèrent et chacun n'entendit plus qu'un gigantesque souffle, celui de toutes ses créatures, passer au-dessus de la ville.

Depuis la muraille où il se trouvait, Galaad s'agrippa au parapet et observa, attentif, tandis que les soldats à ses côtés déglutissaient avec peine, des gouttes de sueur glacées perlant de leurs fronts inquiets. Le face à face dura une dizaine de minutes, comme si les démons voulaient laisser à leurs adversaires le temps de prendre conscience de leur nombre et de leur force, puis il y eut un remous dans les troupes massées au dehors - mais l'obscurité empêchait d'y voir exactement - et celles-ci s'écartèrent. De l'espace dégagé, une silhouette sembla s'avancer lentement, à pas mesurés, jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'à une portée de flèche de la ville où elle demeura immobile. Chacun se demandait qui était là quand la forme bougea à nouveau, semblant se redresser. Un vent de panique passa et une voix s'éleva, terrifiante, monumentale, audible à des lieues à la ronde sans paraître avoir été criée, plus froide que la glace.

- QUE LES SOUVERAINS DE SEN'TSURA S'AVANCENT ET VIENNENT A MA RENCONTRE.

L'armée de Sen'tsura frémit, Galaad lui-même agrippant le parapet avec tant de force que ses jointures blanchirent. Il se tourna néanmoins vers une estafette et lui intima l'ordre d'aller chercher le couple royal, même s'ils devaient avoir entendu l'injonction aussi clairement que lui. Puis il se retourna vers la silhouette, que tous savaient désormais être le démon, et cria d'une voix où ne transparaissait aucune inquiétude.

- Nos souverains ont entendu votre appel ! De quel droit vous présentez-vous ainsi sur leurs terres et réclamez leur présence ?!

Le silence suivit ses paroles, le monde ayant retrouvé son immobilité première, et quelques secondes passèrent avant que la réponse ne vint, aussi froide que la précédente.

- JE VIENS PRENDRE ICI CE QUI ME REVIENT ET APPARTIENT A ZELPHOS. AVANCEZ ET ENTENDEZ MES ORDRES.

A nouveau le silence. Galaad observait ces démons brûlants de haine tandis que leur immobilité semblait contaminer l'air d'une chape de glace. Aucun ne bougeait, y compris Aile Ténébreuse dont la silhouette semblait être celle d'une statue. Mais le roi et la reine arrivaient, suivis d'une grande escorte et de plusieurs mages du Royaumes qui assuraient leur protection. Ils gravirent eux aussi les marches menant au chemin de garde et débouchèrent parmi les soldats, ceux-ci s'écartant largement devant eux en inclinant la tête. Galaad arriva vers eux et leur conseilla plus de prudence mais les magiciens qui suivaient hochèrent la tête, révélant de puissants enchantements destinés à préserver les monarques. Galaad les convia alors à répondre au Démon. Le roi prit place au parapet et assura sa voix.

- Nous sommes devant vous, démon. Quelle audience réclamez-vous ?

Un frisson passa sur le champ de métal de leurs adversaires.

- UNE AUDIENCE ?! DE MOI, JAMAIS VOUS NE RECEVREZ UN TEL HONNEUR.

Une pause marqua ces menaces. Aux côtés du général, le roi et la reine, peu préparés à avoir à faire face à une telle créature, étaient d'une pâleur mortelle. Heureusement, l'obscurité masquait cela et ils restaient maîtres de leur voix, ayant l'ai rassurés malgré la situation. Le démon reprit.

- SEN'TSURA EST MON DOMAINE ET JE VIENS PRENDRE MA PLACE DANS CE MONDE. OUVREZ MOI LES PORTES, HUMAINS, ET J'EPARGNERAIS VOTRE PEUPLE AU LIEU DE L'ECRASER.

Galaad serra les mâchoires, la situation allait très vite changer. Sur les murs, les soldats resserèrent les rangs et redressèrent les boucliers et les lances. Plusieurs déclics se firent entendre tandis que les balistes étaient armées et pointées vers les démons avec précaution.

- Vous ne recevrez rien de nous ! Repartez à vos cultes impies là où vous les avez fait naître et laissez ce monde ne paix. Nous ne vous livrerons rien, si ce n'est notre plus farouche résistance ! Vos intimidations sont...

- PAROLES PUERILES, PETIT ROITELET ! JE PRENDRAI CE QUE JE VEUX... D'UNE FACON OU D'UNE AUTRE !

Soudain, la silhouette d'Aile Ténébreuse reflua, retournant parmi les rangs des démons. Une rumeur grondante s'éleva de ceux-ci. Galaad saisit le souverain.

- C'est inutile, ils vont attaquer ! Retounez à la forteresse. Mettez-vous à l'abri !

Tandis que les souverains descendaient précipitamment du rempart, la horde des démons se mit à hurler et chargea. Les défenseurs de la ville levèrent leurs arcs et encochèrent les flêches. Lorsque l'ennemi fut assez proche, ils tirèrent et l'assaut commença.

- Défendez la cité !" Hurla Galaad et l'ordre fut repris parmi les bataillons. Puis le chaos vint.

L'armée du Démon heurta les murs et leva les échelles. Quelques instants plus tard, les corps à corps s'engagèrent et Galaad tira son épée pour y participer. Le couple royal était désormais non loin du château tandis que des contingents d'hommes venaient à contresens aider à la défense.
Soudain une ombre s'éleva de la plaine et passa haut dans le ciel, traversant la ville à toute allure. Galaad leva les yeux et se figea. Aile Ténébreuse prenait les devants. Soudain glacé d'effroi et d'unmauvais pressentiment, le général se précipita vers les escaliers pour regagner la ville où, d'un geste impérieux, il intima à un cavalier de lui céder son cheval. Il prit sa place d'un bond et partit aussi vite que possible vers la forteresse, bientôt suivi d'un contingent entier en renfort et laissant derrière le vacarme des combats et la gestion des troupes à ses subordonnés.

Au bout de quelques minutes à plein galop, la troupe gagna les portes de la forteresse et les franchit sans ralentir puis s'arrêta dans la cour. Sans attendre, ils mirent pied à terre et entrèrent dans la bâtisse, les gardes présents leur demandant quel était cette ombre qui venait d'atterir sur les tours qui les surplombaient. Ils coururent à travers les salles, répandant l'agitation et l'état d'alerte jusque dans le palais alors que l'armée démoniaque était toujours contenue en dehors de la ville, et firent irruption dans la salle du trône devant les valets surpris. Le couple royal était là, en grande agitation et tournant en rond au milieu d'une armée de nobles et de conseillers frénétiques, ainsi que de leur escorte. Tous se tournèrent vers Galaad et celui-ci se campa devant eux.

- Le Démon est ici. Il a laissé ses troupes mener l'assaut et vous a suivi.

Les membres de la cour glapirent d'effroi et réagirent de façon désordonnée, certains s'agitant inutilement sur place tandis que d'autres partaient rapidement. D'autres encore gardèrent un certain calme et écoutèrent la suite.

- Vouloir vaincre leurs armées est illusoire. Vous devez vous enfuir tant qu'il est encore temps.

Une assemblée de barons se porta au devant.

- Nous sommes de l'avis du général et nous pouvons vous fournir une escorte et vous permettre de voyager en sécurité jusqu'à d'autres lieux.

Les monarques nièrent.

- Ce serait abandonner le pouvoir et laisser le peuple aux griffes de ce Démon.

- Nous sommes les garants du Royaume. Notre fuite ne ferait qu'aggraver les choses.

- Nous refusons de partir.

- Sires !" S'exclama Galaad. "Vous serez capturés si vous restez, peut-être tués ! Dans tous les cas, Aile ténébreuse prendra les rênes du pouvoir".

- Pas si d'autres poursuivent le combat. Il faut surveiller le Démon.

A ce moment, un gigantesque fracas se fit entendre d'immenses blocs de pierre tombèrent sur la forteresse tandis qu'une des tours de la structure explosait. Aile Ténébreuse se frayait un passage jusqu'à eux. Plusieurs levèrent les yeux vers le plafond et Galaad s'avança encore.

- Il arrive. Nous n'avons plus le temps de discuter.

Mais aucun des monarques ne bougea. Au lieu de cela, ce furent les barons qui se répartirent dans la salle et tirèrent l'épée, scrutant les alentours. Le roi sourit faiblement au général.

- Contre ce Démon, nos efforts sont vains mais nous pouvons temporiser.

Il lui posa la main sur l'épaule.

- Aile Ténébreuse ne peut être défait mais nous pouvons sauver ce Royaume. Nous allons accéder à sa demande et nous rendre mais vous non.

La reine continua, fébrile tandis que des bruits sourds mais violents se faisaient entendre, de plus en plus proches.

- Il vous faut l'Harmonium. Ce cristal... est l'artefact le plus puissant que nous ayons dans ce monde. Il ne doit en aucun cas s'en emparer, ce serait notre fin à tous. Prenez le et fuyez, vous, à notre place. Nous ferons notre possible pour contenir le Démon et tempérer sa rage tandis que vous organiserez sa chute.

Galaad allait protester à nouveau mais il se ravisa et acquiesca sombrement, conscient que c'était le meilleur des choix qu'ils avaient. Le visage fermé, il salua une dernière fois et fit signe à ses hommes de le suivre. Ils n'avaient presque plus de temps. Sur son passage, un des barons lança :

- Le Démon ne pourra pas tout détruire s'il veut garder l'ascendant. Nous nous assurerons du sort du Royaume autant que nous le pourrons. Vous aurez toujours des alliés ici.

Désormais courant à grandes enjambées, Galaad et les siens se précipitèrent vers les hauteurs de la forteresse, là où l'Harmonium était secrètement conservé et fortement gardé, dans une des plus épaisses tours de la bâtisse. Avec un peu de chance, Aile ténébreuse chercherait d'abord à atteindre la famille royale pour en connaître l'emplacement, ce qui leur laissait très peu de temps...
Ils arrivèrent à l'entrée. Ici, ce n'étaient plus des gardes mais de puissants mages du Royaume qui s'assuraient de la sécurité du cristal et en contenait les énergies. Voyant arriver le général, ils le guidèrent jusqu'à la salle centrale et supprimèrent les protections sur leur passage. Puis ils entrèrent là où le cristal était.

La salle était circulaire et de petite taille, seul le plafond était haut. Sur les murs de pierre, polis au point d'être aussi lisses que des miroirs, des entrelacs d'enchantements de grande puissance se mouvaient paresseusement. Au centre, le cristal, quoique de petite taille, émettait une douce lueur qui se réflétait sur les parois. Tous marquèrent un arrêt en entrant mais une nouvelle secousse mit fin à cela. Le château dans son ensemble tremblait sous la puissance du démon. Un des mages fit un geste et les enchantements se figèrent ; un second mouvement et le cristal quitta son piédestal sur lequel il lévitait pour reposer dans le coffre qu'un autre mage tenait ; au troisième geste, le coffret se scella et dissipa la lueur du cristal. Ensuite, ils remirent gravement l'objet à Galaad.

C'est ainsi que Galaad et ses soldats se ruèrent hors de ce lieu, parcourant à nouveau les dédales du château pour en sortir, les mages sur les talons. Mais, alors qu'ils arrivaient dans la cour centrale, à l'air libre, une forme entennèbrée surgit par une autre ouverture. Tous s'arrêtèrent sur le champ et le temps sembla un instant interrompre son cours. Aile Ténébreuse venait d'arriver face à eux et ils ne voyaient qu'une forme indistincte tant le Démon s'entourait de noirceur. Mais ce dernier avisa alors ce que tenait Galaad, le coffre, et émit un rugissement inhumain. L'instant d'après, il avait disparu dans les galeries du palais.

- C'est donc vrai..." Murmura Galaad. "Il a peur de ce que peut lui infliger ce cristal..."

Néanmoins, conscient que la chance seule leur avait sourit, tous reprient leur course et récupèrerent les chevaux qu'ils enfourchèrent sans attendre. Tandis que le palais résonnait des assauts d'Aile Ténébreuse, ils traversèrent la ville morte au galop et en sortirent par une poterne, bien loin de l'endroit où les démons assaillaient les murs. D'ailleurs, plus aucun vacarme ne venait de combat ne s'y faisait entendre. Au lieu de cela, et ils le virent juste avant de quitter définitivement la cité, les démons entraient par la grande porte sans rencontrer d'opposition. Galaad se rappela des paroles souveraines : Il fallait céder au Démon le pouvoir afin de leur donner du temps, à eux. Sen'tsura et ses troupes s'étaient rendues et avaient cessées de combattre.

Galaad se détourna de Sen'tsura et regarda ceux qui les suivaient. Des soldats, des mages, des nobles, seulement plus d'une centaine. Puis il regarda le coffre qu'il tenait dans ses bras. Pour combattre le démon, il leur fallait le laisser savourer cette première victoire et s'organiser. ils reviendraient ici sous un nouveau couvert, celui de la Rébellion.