Issendra immobile contemple le corps figé de sa mère. Tout son être clamait la légèreté glacée des fantômes qui lentement s’effacent, et malgré la pâleur extrême de sa peau qui se confondait dans la neige, elle était belle. Ses longs cheveux blonds coulaient dans son dos avec la grâce et la douceur d’une étoffe de soie, scintillant à la moindre caresse du soleil. Débarrassé de la fatigue et momentanément préservé de l’usure du temps, son visage arborait la délicate sérénité que seul la mort peut offrir. Glaciale malgré la tourmente qui l’habitait, la solitude écrasante et le désespoir qui ronger son cœur, Issendra resta droite et son visage aussi lisse que celui d’une statue de marbre. Pourtant malgré son impassibilité la tristesse donnait à ses traits une grave profondeur qui semblait la vieillir de plusieurs années. Lentement Issendra dégagea une mèche soyeuse du front de sa mère. Qu’est ce qu’elle devait faire ? Depuis l’annonce du décès, Issendra c’était forcé à ne pas pleurer, malgré son jeune âge, elle avait affronté la douleur seule, avec toute la dignité qu’il était possible d’avoir. Mais elle se sentait perdu. Sa mère était morte depuis moins d’une semaine et tout le vautour du palais se battait déjà pour avoir sa succession, tout le monde la traiter comme une petite fille fragile qui à besoin d’être consoler. Elle n’était pas une poupée ! Elle avait besoin de conseil pas de réconfort !

Echo à ses pensées quelqu’un entra furtivement dans la pièce. Cherchant certainement à ne pas troubler sa quiétude celle-ci resta sagement en retrait jusqu'à ce qu’elle se retourne. Un poids s’enleva de ses épaules lorsqu’elle aperçut Enélaya. Sans doute la seule personne au monde à mériter sa confiance et son respect. Percevant son trouble, son ancienne nourrice posa une main apaisante sur son épaule. Aussitôt une onde de chaleur rassurante se propagea dans tout son être. Les mains d’Enélaya étaient tièdes, contrairement à celle de sa mère qui frôlait le zéro absolu.

Un silence respectueux propice à la rêverie régnait dans la salle. Peu à peu Issendra nostalgique plongea dans ses souvenirs. Elle se rappela de sa candeur, quand petite elle tentait d’attraper la poussière en suspension que le soleil faisait brillait, elle était persuadé que c’était des fées lilliputienne insaisissable. Elle se souvint de sa mère qui riait devant ses tentatives infructueuses et la prenait affectueusement dans ses bras pour la consoler de son échec. De son chagrin qui s’envoler face au sourire si magnifique de sa mère. Elle revit sa mère la bercé doucement pour l’aider à trouver le sommeille, elle se remémora ses mains si chaude qui caresser doucement ses cheveux tendis qu’elle lui murmurerait de belle chanson, de ses bras accueillant toujours là pour la protéger du moindre danger imaginaire, de ses paroles à la fois profonde mais mystérieuse qui prenait soudain un sens. Quand elle émergea enfin dans la réalité, au lieu de ressentir la mélancolie caractéristique de ceux qui savent tout les instant précieux qu’ils ne revivront plus, elle était emprunte d’une force et d’une détermination nouvelle. Après avoir déposé un léger baiser sur le front de sa mère qui avait la saveur d’un pacte éternel, elle referma le couvercle de cristal scellant définitivement le tombeau.

Enivrer par une nouvelle conviction qui lui apparaissait aussi évidente que vitale elle se redressa légèrement, se composa un masque impassible et plongea son regard dans celui d’Enélaya. Celle-ci acquiesça en souriant rayonnant de sérénité et de confiance. Même ci celle-ci lui avait juré qu’elle ne lisait pas dans les pensées Issendra en avait toujours douté. Conforter par se soutient qu’elle lui savait éternel la jeune fille quitta la salle mortuaire et se dirigea d’un pas décider vers la salle du Conseil. Les gardes surpris s’inclinèrent néanmoins en la laissant passer. Lorsque la future impératrice pénétra dans la salle talonné par Enélaya une agitation sans nom balayer la pièce. Le débat pourtant très animé cessa à la seconde où ils s’aperçurent de sa présence replongeant la salle dans un silence troublant, qui n’était pas sans rappeler celui qu’elle venait de quitter.

Malgré le chaos de son cœur et de son esprit et son manque d’assurance elle traversa la salle d’un pas assuré et s’assit sur le trône en bout de table, avec un naturel déconcertant. Puis elle prit la parole imprégnant chacun de ses mots d’une ironie cinglante.

-Eh bien, je suis rassuré de voir que le royaume ne risque rien ! Ma mère n’est pas encore enterrer et ses généreux conseiller sont déjà en train de remplir leur fonction, veuillez me pardonner mon manque de professionnalisme. Déclara-t-elle en remerciant le ciel pour ne pas avoir fait trembler sa voix. Un silence choqué s’installa tendis que les conseillers sidérait la dévisageait d’un œil nouveau. Derrière elle Enélaya n’avait pas bronché, un simple sourire qui en disait long étirait pourtant ses lèvres.

-Puis je savoir qu’elle était le sujet de votre conversation ?
Un homme assez âgé qui semblait aussi l’être le plus équilibré présent autour de cette table lui répondit calmement.
-De la succession de l’Impératrice.

Issendra l’aurait parié. Prenant une profonde inspiration qu’elle voulu discrète elle se leva solennellement et fit de son mieux pour rendre sa voix aussi tranchante et inflexible que l’acier.
-Je m’appelle Issendra Selian, et je suis la fille d’Inéalisse Selian, la direction de l’empire des Glaces me revient de droit, alors cette discussion n’a plus lieux d’être. Ce n’est pas parce que la couronne n’est pas encore poser sur mon front que je ne suis pas en mesure d’assumer mes responsabilités d’Impératrice. Le prochain qui me fera l’affront d’envisager nommer quelqu’un d’autre ira réfléchir dans une prison, est ce clair ?
- Mais enfin mademoiselle, vous êtes trop jeune…
-D’après l’article trois cent cinquante trois de la charte de cristal rédiger par ma grand-mère, en cas de décès imprévu, c’est à Enélaya si elle est toujours en vie de décider si l’impératrice est apte ou non à assurer ses fonctions.

Lentement la jeune fille se tourna vers sa nourrice consciente que son cœur n’avait jamais battu aussi vite. Celle-ci sourit et sa voix s’éleva dans la pièce avec la même légèreté envoutante qu’elle possédait à l’accoutumé.

-Je déclare officiellement Issendra Selian impératrice de Selian. Le couronnement sera célébrer dans deux jours. Que ceux qui refusent de travailler avec une fille jeune mais sage, ne viennent pas lui prêter allégeance. Pour les autres, je pense qu’Issendra vous accueillera avec plaisir.

Elle s’inclina gracieusement et quitta la pièce d’un pas léger. Laissant Issendra gouttait au poids des responsabilités mais aussi à celui la victoire.