BlackHost venait d’en finir avec le vampire qui était la cible de son dernier contrat, ça ne fut pas très compliqué en réalité, en plein jour, celui-ci étant un vampire actif, il avait tué pas mal de gens et Zeeta c’était bien défoulé sur lui. Immobilisé par la douleur que lui causait les cris de ses innombrables victimes raisonnant dans sa tête, le vampire n’était pas une menace à proprement parler sur le coup. Le chasseur de monstre n’eut qu’à lui couper la tête avec le katana que lui avait offert l’einherjar pour en finir.
Comme d’habitude ! pensa-t-il.
Oui, merci qui ? chanta la petite qui venait de disparaître.
On ne dit pas merci pour ce genre de chose Zeeta ! répondit le chasseur mentalement.
Pourquoi donc ? s’enquit l’einherjar.
Tout simplement parce que la mort n’est pas un cadeau, le fait que tu m’aides à tuer quelqu’un, c’est mal au fond, pensa Delonias.
Alors pourquoi le fais-tu ?
Parce que… je suis plutôt doué pour ça… lui répondit le chasseur.
Je vois ! Mais, tu ne devrais pas culpabiliser de tuer des meurtriers tu sais ! A partir du moment où mon pouvoir fait effet sur elle, je considère que ma cible mérite de mourir ! lança la petite avec légèreté.
Penses-tu que je mérite de mourir ? Parce que, finalement, si nous rencontrions un autre hôte, son pouvoir marcherait-il sur moi ? Je le pense, je mérite donc de mourir d’après toi, se questionna BlackHost.
Eh bien… je peux dire ce que je veux, tu trouveras toujours le moyen de le détourner alors maintenant je vais me taire et point ! gronda la petite vexée.
Delonias ne releva pas, ces moments de tranquillité se faisaient tellement rares qu’il ne pouvait se permettre de les laisser passer. Zeeta était du genre très bavarde, toujours à le harceler de pensée obscure, sadiques, toujours à attiser son besoin de vengeance envers Christabella, et s’il y avait bien quelque chose qui n’avait pas besoin d’être plus attiser, c’était bien ça ! Le chasseur prit la tête du vampire, et la fourra dans un sac. En effet, l’employeur était des plus méfiant, il désirait qu’on lui apporte une preuve irréfutable de l’exécution du contrat, ainsi, avec son petit sac, BlackHost revint se présenter à la demeure de celui-ci. Il toqua et une femme lui ouvrit, l’air accablé, le visage en pleurs.
« - Qui êtes vous ? lança-t-elle entre deux sanglots
- Je… je suis chasseur de monstres, le maître de maison m’a contacté pour que j’élimine un vampire, il brandit alors le sac, et c’est fait.
-Le maître de maison est mort, mais…je suppose qu’il a dû vous laisser quelque chose, entrez donc, dit-elle en lui ouvrant la porte en grand.
- Merci, vous étiez sa femme ? lui demanda le chasseur en entrant.
- En effet… je vais aller voir dans sa chambre s’il vous a laissé un cadeau ou une bourse… " dit la femme en montant des escaliers, laissant BlackHost seul (aussi seul que c’était possible du moins) en bas. La maison était assez austère, tout était bien rangé, très symétrique, rien n’était désordonné, même les livres, parfaitement droits et alignés, dans une petite bibliothèque en bois tendre, semblaient avoir peur de dénotés. Le chasseur rejoignit un fauteuil qui avait l’ait assez confortable et s’y assit.
Bein vas-y fais comme chez toi ! lança Zeeta qui sorti finalement de son mutisme.
La réplique fit mouche, et BlackHost se releva immédiatement, pas encore bien habitué à avoir cette petite dans sa tête. Il lui arrivait souvent d’être surpris par celle-ci, et c’était plutôt gênant quand ça arriver en publique. Heureusement, Delonias se montrait de moins en moins souvent en ville, et se retrouvait par conséquent la plupart du temps en solitaire avec l’einherjar, dormant dans les vignes ou dans les arbres en pleine forêt, il aimait bien être seul, se sentir en sécurité loin de l’agitation urbaine, avec pour unique compagnie l’outil de sa vengeance future.
Le chasseur finit par s’adosser à la rambarde de l’escalier qu’avait emprunté la femme en l’attendant. Et attendit. Longtemps. Très longtemps. Au bout d’une vingtaine de minutes, BlackHost se décida à aller voir ce qui se passait à l’étage, et justement, il ne se passait rien. Il découvrit le cadavre de la femme percé au niveau du cœur par un épieu, avec son mari ( l’employeur du chasseur ) penché sur son corps.
" - Vous n’êtes pas supposé être mort ? lui lança le chasseur avec surprise.
-Non, cette garce a bien essayé, mais je suis plus solide qu’elle le pensait ! " répondit l’homme en retirant l’arme du corps de son « épouse ».
Il était couvert de sang, et blessé assez gravement au niveau de l’épaule.
" - Ça va aller ? demanda BlackHost un peu inquiet en voyant l’état du trentenaire.
- Oui, oui c’est juste une petite égratignure, répondit l’autre en riant.
A quoi il joue celui là ?
Je n’sais pas mais j’ai de moins en moins confiance.
Utilises mon pouvoir et on saura s’il mérite de mourir ou pas !
Zeeta !
- Bon dans ce cas, je vais vous laisser, euh… j’allais oublier ! le chasseur brandit à nouveau le sac avec la tête du vampire à l’intérieur, ça y est c’est fait !
- Très bien mon garçon, très bien, " dit l’homme.
A cet instant, BlackHost remarquai ce qui n’allait pas chez cet homme, sa blessure à l’épaule se refermait toute seule ! Le chasseur ne laissa pas transparaître sa stupeur, mais resta un moment sans rien dire.
Oh c’est pas vrai !
Oh que si ! Hihi ! Enfin un peu d’action !
« - Je peux avoir ma paye maintenant, dit Delonias en faisant rouler le sac à terre jusqu’à son employeur.
- Bien sûr, bien sûr suis moi, lui répondit l’autre en s’enfonçant dans un couloir de l’étage et pénétrant dans une pièce remplit de sortes de trésors, c’est ça que la femme voulait, j’ai amassé une véritable fortune d’antiquité depuis que je suis pilleur de tombes.
- Pilleur de tombes ?
-Oui, c’est ce qui m’a valu la colère de ce puisant vampire dont vous n’avez apparemment fait qu’une bouchée. Prenez ce qui vous plaira, je n’ai que faire de la plupart de ses vieilleries pour tout dire ! »
BlackHost ne savait quoi penser. Il était nez à nez avec une sorte de monstre tel qu’il n’en avait jamais vu auparavant, un immortel ? Peut être, mais il valait mieux obéir, prendre une de ses babioles et s’en aller tant qu’il le pouvait. Son regard se promena dans toute la pièce avant de s’arrêter sur une bague sertie d’une pierre bleu ciel avec quelques tâches blanches. Le chasseur fut immédiatement saisit par la beauté du bijou, hypnotisé par la pierre, et alors qu’il la fixait avec intensité, Zeeta se manifesta de façon très virulente.
N’y penses même pas espèce d’ordure ! lança-t-elle le plus fort possible.
Quoi ! pensa BlackHost choqué par la réaction de la fillette.
Tu sais très bien ce qu’est cette bague et tu sais ce qu’elle me fera si tu la portes alors je t’interdis de la prendre un point c’est tout ! hurla-t-elle avec violence.
Et depuis quand tu m’interdis des choses toi ?!
Je ne plaisante pas, ne prends pas cette bague imbécile.
C’est si gentiment demandé, finit-il avec ironie.
« - Je prendrais cette bague, lança finalement le chasseur à son employeur d’un air triomphant.
- Ah oui, celle-ci n’est pas censée se trouver là, répondit-il en la récupérant et en se la mettant au doigt.
- Comment ça ?
- Choisis autre chose, cette bague m’ait très cher, répondit l’homme avec un air sombre.
Dans les dents !
Pourquoi tu détestes cette bague au juste ?
- J’insistes, rien d’autre ne m’intéresse.
Tu ne sais vraiment pas ce qu’elle représente ?
- Et bien vous n’aurez rien d’autre dans ce cas. »
Non, dis moi ce que c’est ! insista l’hôte.
Rêves ! répondit-elle avec un ton des plus provocants.
Zeeta viens à moi…
Profondément énervé par le comportement de ses deux interlocuteurs, BlackHost invoqua l’einherjar pour lui faire cracher le morceau. Ainsi, elle serait obligée de lui répondre.
« - Que représentes cette bague pour toi Zeeta !?
- Que… vous êtes un hôte !?! balbutia le trentenaire.
- C’est la Bague de Sérénité, elle fait taire la voix de l’einherjar lorsqu’un hôte la met au doigt maître.
-Très bien ! Tu peux revenir ! ordonna-t-il ensuite
- Comment savez-vous que je suis un hôte au juste ?
- Pour la même raison que celle qui me fait porter cette bague, j’en suis un aussi ! » sur ces mots, il tendit sa main.
Vite invoques moi idiot avant qu’il ne te devances ! hurla la petite.
Zeeta viens…
Trop tard, l’homme envoya valser sa bague et fit apparaître son einherjar, un jeune homme avec la moitié du visage calciné, un trou entre les deux yeux. Des voix se mirent à raisonner dans la tête du chasseur, il savait enfin ce qu’il faisait subir à ses victimes, et c’était atroce. BlackHost n’avait pourtant pas tuer des milliers de personnes, mais leurs cris étaient si puissants, si dur à supporter, il arrivait à peine à entre-ouvrir les yeux pour apercevoir l’homme qui brandissait son épieu au-dessus de sa tête.
La bague bon sang, met la bague !
Rassemblant le peu de volonté de vivre qu’il lui restait, le chasseur roula sur le côté et réussit de justesse à esquiver l’épieu qui allait se loger bien profondément dans ses entrailles. La bague n’était plus loin, à quelques centimètres de sa main, et l’épieu de l’autre hôte s’était coincé dans le sol, laissant à BlackHost l’occasion de s’élancer avec toute l’énergie qu’il pu en direction de l’anneau qui devrait le sauver. Et en effet, ce fut le cas, les cris cessèrent dés qu’il le passa au doigt. Le chasseur sentit ses forces le regagner, se releva, et donna un coup de pied rapide en pleine tête de celui qui tentait de retirer son épieu du parquet boisé, le faisant basculer en arrière et tomber à genoux un peu sonné. L’einherjar disparut alors, et Delonias ôta la bague, puis sortit le katana de Zeeta de son fourreau, le pointant en direction de l’autre hôte.
Bien joué ! Maintenant, tues-le ! lança la fillette avec hystérie.
BlackHost s’exécuta et tailla l’homme à genoux en deux. Le chasseur sentit une pointe de regret lui percer le cœur, ça aurait pu aussi bien être lui…