Ayael n’était pas une habituée des tavernes douteuses, néanmoins, il lui était nécessaire de s’y rendre quelque fois, ne serait-ce que pour faire marcher les affaires. En entrant dans la salle bondée d’ivrognes puants, Ayael fut saisit par la terrible odeur qui y régnait. Ne se donnant même pas la peine de masquer son dégout elle entra avec une assurance non feinte et traversa la salle sous les regards lubriques ou encore surpris. Il faut dire qu’elle n’avait pas vraiment sa place ici. Ayael était une femme qui cultivait la classe et l’élégance dans le moindre de ses mouvements, faisant preuve d’une grâce que beaucoup de personnes lui enviaient alors elle faisait vraiment tache dans ce genre d’endroit. Ayael était une assassine, mais loin de la déranger, l’attention qu’on lui portait la ravissait. Sa personnalité était paradoxale, capable de la plus grande discrétion, elle adorait se faire remarquer, être le centre de tous les regards… pour disparaître la seconde suivante. Disparaître. C’est exactement ce qu’elle fit. La vérité était beaucoup moins belle, elle se contenta de se glisser dans l’ombre et d’emprunter une porte dérobée assez rapidement pour que les hommes, déjà bien éméchés, croient qu’elle s’est envolée.

Après avoir descendue un escalier interminable qui ondulait dans la pierre, Ayael atterrit dans une vaste grotte naturelle que l’homme et le temps avait polie. Elle n’était pas seule, il y avait deux autres sortent de personnes. Des silhouettes furtives semblables à des ombres et des nobles qui affichaient clairement leur opulence. Ayael de part sa tenue richement décorée, certes d’un noir intense, et part sa démarche féline ne se classait dans aucune catégorie. Elle était une noble qui affichait clairement sa richesse mais aussi l’une des meilleures assassines de Terra Mystica.

Mais si Ayael était ici ce n’était pas pour rien, elle avait reçu un contrat. Ne sachant pas qui était son potentiel employeur elle s’appuya négligemment sur l’une des colonnes qui soutenait la voute. La première personne qui s’approcha était un noble pas trop mal fait qu’il lui sourit et regarda ostensiblement son décolleté. Pas le moins du monde importuné par se comportement, Ayael l’ignora. Si elle portait des robes aussi ouvertes, c’était pour que les yeux des hommes s’y perdent. Elle s’en servait comme d’un moyen destiné à détourner l’attention. Point. Son corps tout entier n’était à ses yeux qu’une arme. Une arme qu’elle aiguisait en se maquillant et en mettant ses courbes en valeur, en poussant la souplesse au-delà de ses limites. Une arme mortelle aussi bien pour sa beauté que pour ses capacités.

-Mademoiselle la Rose Noire.

Ayael se retourna un monsieur tout-le-monde la regardait avec un sourire avenant. Il lui tendit la main, elle resta les bras croisés. Il plongea son bras dans ses poches et en sortit une bourse manifestement pleine.

- Une personne m’importune j’aimerais m’en débarrasser le plus vite possible, mais je vous préviens ce ne sera pas facile.
Cette dernière phrase éveilla l’intérêt d’Ayael qui se fichait parfaitement de l’argent, elle en avait suffisamment, seuls les défis et le frisson de l’aventure l’intéresserait.

*********************

Le corps de l’homme tomba sur le sol sans bruit. Ayael nettoya sa lame avec un soupire dépité. A son grand damn, cette mission s’était révélée beaucoup plus facile que prévu. Elle haussa les épaules, de toute manière elle ne pouvait rien y faire.

Sortant par la fenêtre Ayael commença sa désescalade de la tour dans laquelle elle était entrée quelques minutes plus tôt. Cela représentait sans doute la partie la plus délicate de sa mission, bien que les pierres offrait des prises largement suffisantes, tout le monde sait que descendre est beaucoup plus difficile que monter. Après presqu’une minute ses pieds touchèrent enfin une corniche en tuile et elle pu reposer quelques instants ses doigts endoloris. Après quelques instants elle reprit sa désescalade en contournant adroitement la corniche. Elle était à plusieurs mètres du sol retenu par le mince relief d’une tour abrupt pourtant elle se sentait bien.

Il faisait bon et le vent frais agitait ses cheveux qui lui fouettaient délicieusement le visage, elle sentait la lumière lunaire ainsi que l’obscure clarté des étoiles caresser son visage avec assez d’intensité pour lui permettre de voir et assez de ténèbres pour qu’elle puisse se dissimuler dans l’ombre. Elle adorait la nuit et elle adorait la hauteur quoi de plus normale qu’elle se sente bien agrippée à cette tour.

Son « inspiration poétique » disparu à l’instant même où ses prises disparurent. La pierre avait été recouverte par une sorte d’huile qui, traitresse, lui interdisait le moindre appui. L’inévitable se produisit. Ayael glissa avant de tomber. Comprenant qu’elle avait été piégée elle cria « Le salaud », pas du tout choquée par sa propre vulgarité.

La chute lui parut à la fois étrangement courte et interminable, en revanche, le choc lui fut aussi bref que douloureux. Escaladeuse chevronnée Ayael plia les jambes pour s’amortir, elle aurait sans doute eu toute les jambes disloquées si elle n’avait pas atterri sur un truc mou. Elle cria de nouveau en sentant sa cheville gauche se rompre sur l’impact et s’évanouit.

Dans les rues de Sent'sura, vers la fin de la journée, un noble de la ville rentrait à sa demeure d'un pas alerte. Quelle belle fin de journée ! Quelle agréable nouvelle il emportait avec lui ! Car il sortait tout juste du palais de l'une des créatures qu'il n'aurait jamais imaginé rencontrer quelques mois plus tôt : un archevêque !

Et l'occasion était de taille. Les archevêques, quels qu’ils puissent être, tenaient autant de la réalité que du mythe. Certes, on parlait incessamment de haut-dignitaires ayant gagnées la confiance et les faveurs du Démon, mais comment les connaître ? Voilà une question de moins, déjà, maintenant qu'il en connaissait une. Peu importait qui étaient les autres pour le moment, un archevêque était une proie à ne jamais laisser filer.

C'est pourquoi il sortait de son palais. Que de sueur, d'inepties et de courbettes pour parvenir à entrer dans le cercle de ce serviteur d'Aile Ténébreuse ! Que de journées - ou plutôt de nuits - à se présenter devant cette créature infâme, à lui adresser des compliments mielleux et des flatteries sans fins ! Que de temps, enfin, pour parvenir à intégrer sa "cour", ces débauchés de haut lignage rampant pour la moindre faveur, pour obtenir quoique ce soit de cette créature !
Mais, maintenant, le temps de la soumission était révolu. Cet archevêque, cette archevêchesse plutôt, allait payer le prix de ses actes.

Avec un sourire de chat satisfait, l'homme atteignit sa demeure où une succession de valets lui prit son manteau et le débarassa de tous ses habits d'extérieurs pour l'installer plus confortablement dans ces salles luxueuses. Quand cela fut fait, l'homme les congédia et gagna ses appartements privés, brandissant une lanterne car le soir était déjà bien avancé. Lorsqu'il fut seul et eut fermé la porte, il s'éclaircit la gorge et releva un peu plus la lampe. Dans la chambre, aux proportions très confortables, une demi-douzaines de personnes étaient assises sur les moelleux fauteuils, immobile. Malgré la pénombre que ne dissipait qu'à peine la lumière diffuse de la lampe, leur accoutrement les identifiait comme extérieurs à ce milieu fortuné. Des tenues, vieillies mais néanmoins intactes et aux couleurs sombres, enserraient leurs corps, de larges capes en haillons pendaient à leurs épaules et retombaient sur les fauteuils comme de grands voiles funèbres, ne cachant plus les multiples dagues, épées et fioles qu'ils portaient sur eux. Parfois, une pièce d'armure enserrait un bras ou un seul poignet, affûtée et tranchante. Malgré le manque de lumière, tous plissaient les paupières, de sorte que leurs yeux restaient invisibles, à peine perceptibles comme un disque de lune. Aucun ne bougea et le noble posa la lampe avant de parler.

- Vous avez donc bien reçu ma missive.

- La Rébellion veille sur ses informateurs et vos informations nous sont très précieuses.

- Celles que je détiens actuellement valent sans doute plus que tout ce que vous avez pu savoir depuis le début. Votre cible est un archevêque.

En entendant ce mot, les intrus commencèrent à se mouvoir, se levant pour s'approcher du noble. Il y avait là trois femmes et trois hommes, tous arborant un visage fermé. Les marques et les cicatrices qui barraient leurs visages témoignaient bien de leur passé avant qu'ils n'aient rejoint la Rébellion : sans doute des voleurs et des assassins.
Ils écoutèrent dans un silence religieux.

- J'ai pu connaître celui-ci lorsqu'il est arrivé à ce poste. C'est assez récent et toute la cour parle d'un assassinat du précédent archevêque mais ce n'est pas le plus important. Ce qui compte est que votre cible n'est pas humaine... Son train de vie, son apparence, ne laissent aucun doute : c'est une vampire.

- Elle n'en reste pas moins mortelle.

- Peut-être, peut-être... mais c'est une archevêchesse. Ses capacités doivent être considérables pour qu'elle ait pu se hisser à un si haut poste. Avez-vous d'autres acolytes... pour vous aider à la vaincre ?

- Il ne s'agit pas de la tuer. Un archevêque... est une bien trop précieuse source d'information pour que nous nous en débarassions sans lui avoir extorqué la moindre information. Et ne craignez pas de nous voir si peu... la Rébellion cache ses forces.

Le noble déglutit, son attachement à la cause n'empêchant pas une certaine inquiétude. Les vampires étaient des créatures mortelles aux humains. Si cela se passait mal... Il demanda :

- Alors... que comptez-vous lui faire ?

- La capturer et l'amener à nos inquisiteurs. Ils sauront lui arracher tous ses secrets et nous livrerons ainsi les identités des autres archevêques et bien des desseins du Démon. C'est certain. Nous aurons encore besoin de vous, baron. Préparez-nous un moyen de fuite, nous en userons dès que nous l'aurons à notre merci.

Il opina, à peine plus rassuré.

- Vous aurez tout ce que vous demandez. Soyez prudents, elle a sûrement quelques gardiens qui veillent sur elle.

- Cela," termina une des femmes avec un sourire cruel,"nous en faisons notre affaire".


Lorsque la nuit fut pleinement installé, d'innombrables paires d'yeux scrutait le palais de l'archevêchesse avec une attention extrême. Le nobliau avait prévenu que l'archevêchesse restait généralement cloîtré dans ce lieu et la discussion était de savoir s'il valait mieux se faufiler à l'intérieur et la capturer ou patienter en attendant une occasion. Ce fut la deuxième solution lorsque la vampire quitta le lieu. Seule. Voilà qui n'était pas anodin. Les assassins se concertèrent, craignant sa puissance pour qu'elle osa sortir seule, et décidèrent d'agir tout de même. Avec discrétion, les ombres commencèrent à se mouvoir sur les toits, précautionneusement, restant à bonne distance et laissant le vent et les odeurs de la ville camoufler jusqu'à leurs traces. D'autres attendaient dans les rues adjacentes, recouverts de leurs capes et encapuchonnés, négligemment appuyés contre les murs, attendant le signal. N'y avait-il aucun garde, vraiment ? Plusieurs rebelles aperçurent alors un petit contingents d'hommes en armes battant le pavé, leurs armures cliquetant avec régularité tandis qu'ils se dirigeaient... vers les ruelles que la Rébellion investissait. Qui ils étaient, aucun ne le savaient car leur tabard n'était pas aux couleurs de Sen'tsura mais ils avaient l'air prêts à en découdre. Pourquoi ?

Peu importait, au final, il fallait capturer ce vampire, peu importe le prix. Le meneur s'approcha d'une torche murale, près à s'en saisir et à donner le signal, lorsqu'un cri surprit toutes les personnes présentes.

- Le salaud !

Étonnés, les assassins virent alors une silhouette se détacher d'une tour environnante et tomber, émettant ce cri. Bien que personne ne l'ait remarqué avant, tous la virent chuter... sur l'archevêchesse ! Le meneur se saisit de la torche et la brandit un court instant. Aussitôt, les rebelles parcoururent les toits, se rapprochant de leur cible, tandis que ceux au sol perdaient toute immobilité et se précipitaient vers les deux femmes à quelques ruelles de là. Néanmoins, la troupe de soldats repérée quelques instants auparavant tira les armes et courut elle aussi vers les deux femmes. Les rebelles serrèrent les dents. Leur proie ne devait en aucun cas leur échapper. L'acier scintilla lorsque épées et poignards furent extirpés de leurs fourreaux.

En quelques instants, un grand nombre de silhouettes commença à se rapprocher d'un centre : l'archevêchesse et cette personne, si inopinément tombée ici, peut-être une alliée de cette dernière.

Etre ballotée par une vampire n’est pas forcément le meilleur endroit pour dormir, surtout si une odeur nauséabonde vous a déjà assailli plus tôt ! Aussi Ayael reprit connaissance quelques minutes après son évanouissement. Sa cheville l’élançait horriblement mais pour le moment elle cherchait plus à savoir où elle était et ce qu’elle y faisait. Ah… Une demoiselle la traînait comme elle pouvait apparemment pressée. Après quelques secondes de réflexion, elle se dit que cette mystérieuse inconnue lui avait peut être sauvé la vie. Après tout si une personne avait pris le temps de soigneusement enduire un mur d’huile, elle aurait envoyé quelqu’un vérifier qu’elle était bien morte. En tout cas c’est ce qu’elle faisait. Vu la rapidité de sa respiration et le ralentissement de ses mouvements, sa sauveuse devait avoir du mal à tenir le rythme. Et l’ouïe d’Ayael entendait clairement un groupe de soldat en armure.

-Hum, c’est très gentil à vous de me porter mais j’ai un autre moyen de transport si vous voulez…

Son orgueil en prenait un coup mais Ayael n’était pas stupide elle n’était pas en état de se battre, elle ignorait jusqu’au nom de ses adversaires ! Apparemment la personne comprit le message puisqu’elle s’arrêta, essoufflée. L’assassine debout sur un pied souleva délicatement ses cheveux et posa Unmei par terre. Après une demande polie la belle araignée grandit jusqu'à avoir la largeur d’une table de salon. Ayael grimpa délicatement sur son dos et invita la demoiselle à la rejoindre. Après tout huit pattes, c’est pratique pour courir vite !

Ayael ferma les yeux quelques secondes et lorsqu’elle les rouvrit elle y voyait plus clairement qu'en plein jour. C’est ainsi qu’elle repéra deux silhouettes sur le toit. Confortablement installée sur Unmei, Ayael sortit une petite lame de jais de son décolleté. Malgré le temps qu’elle prit pour viser elle rata sa cible, frustrée, elle en sortit une deuxième qui atteint la gorge d’un de leurs poursuivants.

-Bon désolé miss, mais si tu tiens à rester en vie tu grimpes vite sinon je pars sans toi ! Déclara Ayael, son ton clame contredisant avec l’empressement de ses paroles.

Sur ce elle remit délicatement une mèche derrière son oreille et sortit une autre lame de son avant bras cette fois. Elle toucha de nouveau sa cible avant que l’archer -qui visait sa sauveuse et non elle- n’ait le temps de tirer.

Elle ne l’aurait avoué pour rien au monde mais qu’est ce qu’elle avait mal. Elle avait l’impression que quelqu’un martelait sa cheville à cou de burin à chaque seconde. Elle essayait de ne pas bouger mais il fallait absolument qu’elle trouve un guérisseur ou du moins qu’elle se fasse une atèle solide !

Lames au poing, la meute des rebelles se rapprochait de leur cible, parcourant toits et ruelles et dardant leurs regards vers l'archevêchesse. Il ne fallait pas qu'elle leur échappe, peu importe les obstacles ! D'ailleurs - au moins un point positif à la présence des démons dans la capitale - les rues étaient souvent désertes, la population préférant éviter de sortir sous la lune. Le tout était d'éviter les guetteurs ou de s'en débarasser.

Un groupe d'assassins suivait la vampire et sa nouvelle compagne d'aventure depuis les toits, profitant des ruelles pour sauter de maison en maison tant l'espace entre les bâtiments était restreint. Néanmoins, la poursuite déboucha sur une rue un peu plus large où les deux femmes s'immobilisèrent, les rebelles en profitant aussitôt pour rattraper la distance, certains commençant à désescalader les façades pour pouvoir les rejoindre. Mais, avec stupeur, ils virent arriver dans le même temps la troupe de soldats qu'ils n'avaient pu identifiés, ceux-ci tout aussi brusquement stoppés par un pouvoir de la vampire.

Le chef rebelle, pressentant d'autres complications à venir, ordonna à tout un groupe de ses hommes de s'occuper de ces gêneurs en armure, les autres continuant la poursuite qui avait reprit.
Aussitôt, le premier groupe se saisit des fioles accrochées aux ceintures et les jeta vers les hommes, soldats ou mercenaires, peu importe, le verre se brisant et libérant un âcre nuage de vapeurs aux capacités étourdissantes. Déjà destabilisés, les hommes vacillèrent, chancelèrent et plusieurs tombèrent au sol, sans connaissance.
Le second groupe avait presque atteint les deux femmes lorsque celles-ci firent une nouvelle pause, l'archevêchesse posant l'autre à terre. Etrange comportement pour un suppôt du Démon... Les rebelles, destabilisés au premier abord en voyant apparaître une araignée gigantesque, bondirent sur elles mais le premier se fit faucher par une petite lame lancée par l'une des deux, sans doute une assassine. Parmi les rebelles, quelques elfes côtoyaient les humains et l'un d'entre eux banda son arc, cherchant à décocher un trait qui ne partit jamais car il mourut avant. Néanmoins, le meneur fit signe de poursuivre et ce furent près d'une dizaine d'hommes et de femmes qui touchèrent le sol des rues, les autres étant encore sur les toits à encocher leurs flêches.

- Attrapez l'archevêchesse ! Tuez l'autre !

Une avalanche de couteaux et de dagues fut projetée vers cette dernière, certains ratant leur cibles, d'autres déviés mais deux percèrent l'araignée au niveau des pattes et de l'abdomen, en deux blessures non mortelles mais douloureuses.Les rebelles les lançaient sans crainte de blesser l'archevêchesse. Vu sa position dans la hiérarchie démoniaque et vu les pratiques cruelles et barbares de ces êtres, ce n'était pas une petite blessure qui allait la tuer. Mais cela l'handicaperait, c'est pourquoi aucun rebelle ne rechigna à décocher ses projectiles.

Commençant à envahir les toits alentours et à commencer un encerclement, les rebelles se saisirent également de leurs épées pour venir au contact, pointant tout un ensemble d'armes d'acier et de mains gantés pour blesser, tuer ou saisir les deux femmes malgré la présence de l'araignée.
Le meneur jeta un bref coup d'oeil aux alentours.

- Attrapez la et filons avant d'attirer la garde !

Alors qu’Ayael sentait Unmei paniquer car ils étaient encerclés, un énorme chat, non une sorte de tigre, débarqua in extremis et commença un joli massacre. Profitant de l’occasion Unmei s’élança dans l’ouverture tendis que sa nouvelle amie regardait anxieusement la créature après avoir prononcé son nom. Apparemment elle n’était pas la seule à avoir un familier intéressant. Par contre, même avec toute la bonne volonté du monde, sa chère araignée ne laisserait jamais un félin monter sur son dos !

Ayael passa rapidement la situation en revu, elle avait été piégée comme une débutante, sa cheville lui faisait tellement mal qu’elle en avait des nausées, elle était poursuivit par on ne sait qui, et par un merveilleux hasard elle s’était retrouvé en compagnie de l’Archêvesse, elle aussi pourchassée par des personnes mal intentionnées. Une seule conclusion était donc possible : La situation ne pouvait pas être pire.
« Bon au moins la situation ne peux pas être pire » cette phrase est magique… dès que le héros la prononce il lui arrive une nouvelle tuile. Et Ayael ne dérogeait pas à la règle, il se mit aussitôt à pleuvoir des cordes. Rendant la progression de l’araignée plus difficile, en effet parfois celle-ci patinait, il devenait urgent de trouver un abri.
*Le destin est décidément bien facétieux.* Pensa Ayael avec ironie, elle qui ne supportait pas l’eau en dehors de celle de sa baignoire, se voyait trempée jusqu’au os à cause d’une saleté de pluie diluvienne.

Elle était tellement absorbée dans ses pensées pessimistes qu’elle ne vit pas l’ombre menaçante qui ne les quitaitr pas d’une semelle, planant au dessus d’eux comme un vautour affamé.

Malgré le tambourinement de la pluie, Ayael entendit clairement des cliquetis d’armures. Apparemment le chaton n’était pas infaillible. Il ne manquait plus que ça. Sentant la peur commencer à la submerger elle ferma les yeux, ignora la douleur qui lui martelait la cheville avec l’acharnement d’un nain bourré, et se concentra sur sa coiffure. Non, n’allait pas croire, que dans une situation désespérée sa priorité devienne ses cheveux et son maquillage. C’est juste qu’elle avait déjà perdu une bonne partie de ses lames dans la précédante « bataille ». Et qu’il ne lui en restait qu’une. Celle-ci ressemblait plus à une longue aiguille quàa une dague, et qu’elle avait piqué dans ses cheveux.

- Bon, maintenant, il va falloir la jouer fine, murmura-t-elle à l’attention de son interlocutrice.
Elle se para de son sourire le plus avenant et demanda à Obscura de faire de même.
-L’objectif là maintenant tout de suite, c’est de faire en sorte qu’ils ne nous malmènent pas trop, vu ?

Ayael savait que c’était risqué, surtout qu’elle n’était pas seule, mais elle ne voyait pas comment s’en sortir autrement. Surtout qu’elle avait clairement entendu qu’ils voulaient l’Archêvesse vivante.

-Tu n’as pas trop le choix, tu dois me faire confiance.

Ayael attrapa sa lame défaisant ses cheveux par la même occasion, et la plaça sous le cou de Lara en espérant que les hommes que son chat avait massacrés étaient ses poursuivants et pas les rebelles.

- Ecoutez-moi vous ! Je m’appelle la Rose Noire, et je suis assassine professionnelle indépendante, ma mission était de capturer l’ârchevesse, et de la remettre aux rebelles. Alors je vous conseille de pas être trop menaçant, parce figurez vous, que je tiens à ma vie, donc je préfère perdre mon contrat que de mourir. En clair ça veut dire que si vous ne posez pas vos jolies petites armes par terre, je la tue.

Déclara-t-elle avec une assurance qu’elle était loin d’éprouver.

Au paroles de l'assassine, un remous de surprise agita les rebelles qui, lancés à la poursuite des deux femmes, tentaient - avec grande peine, il fallait bien l'avouer - de les capturer. Aussi, alors qu'ils recommençaient à les encercler, suspendirent-ils leurs gestes avec précaution. Plusieurs des membres de la Rébellion pointaient dagues, flèches et sabres vers les deux femmes, d'autres tournaient autour du félin enragé qui avait mis à bas plusieurs d'entre eux, d'autres enfin en terminaient avec la petite troupe de miliciens qu'ils assommaient sans grande difficultés.

Ce fut donc en entendant les paroles d'Ayael - qu'aucun ne connaissait personnellement - qu'ils cessèrent le combat mais les armes restèrent levées tandis que celui qui faisait office de chef pour cette mission s'avançait, deux couteaux effilés en main.

- Hé, c'est la Rose Noire, elle est connue pour avoir eu déjà pas mal de contrats et...

- La ferme, abruti !

Le rebelle se tut et le chef put continuer.

- Si tu étais vraiment de notre bord, à devoir nous ramener cette créature, tu n'aurais pas tué plusieurs d'entre nous avec tes propres armes, ni secourue cette infâme personne - il désignait Lara avec dégoût - alors que nous étions prêts à la capturer.

Sensible à ses paroles, le cercle des rebelles se ressera, menaçant. Plus en arrière, le félin de l'archevêchesse grondait sourdement tandis que d'autres voleurs et assassins le tenait à une distance respectueuse en le menaçant de la pointe de leurs armes ou en agitant des fioles capables de répandre des vapeurs aux vertus soporiphiques. Depuis le début, plusieurs rebelles avaient trouvés la mort et les survivants, encore nombreux, n'étaient pas disposés à laisser la mort de leurs camarades impunis.

- Mais on n'a pas le temps de discuter, reprit le chef, la garde sera là dans quelques instants, alors tu vas agir comme on va te le dire. Ce faisant, il désignait Ayael. Livre nous l'archevêchesse et on saura être un peu clément à ton jugement lorsque tu auras comparu devant nos maîtres, mais n'espère pas qu'on va bien gentiment t'obéir et poser nos armes pour te permettre de filer. Alors, tu remballes tes menaces et tu nous suis bien gentiment dès qu'on a celle qu'on venait chercher entre nos mains.

Ce faisant, les rebelles des environs tendaient la corde de leurs arcs pour témoigner de leur présence et de leur volonté d'en finir, intransigeants.

- Alors vous calmez vos bestiaux, l'araignée et le félin, et vous nous suivez, parce que, si on ne peut pas vous ramener à la Rébellion, on ne vous laissera pas partir vivantes. Ni l'une ni l'autre.