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 Bandits hors du droit chemin

 
Bandits hors du droit chemin Sand-g10Jeu 28 Mai - 22:05
La fleur qu'elle recherchait n'était pas très rare, puisqu'elle se trouvait un peu partout sur Terre. La seule difficulté était de la reconnaître, car elle ressemblait à s'y méprendre à une autre plante qui malheureusement s'avérait mortelle.
Se guidant autant par les yeux que par son odorat rendu surpuissant, Lewisaëlle guettait chaque souche d'arbre - endroit privilégié pour sa cible - le tout en marchant doucement afin de ne rien rater. D'autres odeurs parvenaient à ses narines, mais la jeune femme s'efforçait de les ignorer. Ce n'était pas assey gênant pour provoquer une migraine, mais tout de même gênant.
On ne pouvait pas vraiment dire qu'elle voyageait, dans le sens où elle n'avait pas de destination précise et se contentait plus ou moins de vagabonder là où ses talents seraient utiles ( et un peu rémunérés quand même, pour qu'elle ait de quoi se nourrir). En tout cas, Lewisaëlle n'était pas du genre à s'éloigner trop des routes, à part lorsque la recherche d'une plante ou d'un autre élément lui paraissait véritablement essentielle - et pas trop risquée. Et ce jour là, s'éloigner de la route pour cueillir des fleurs lui avait paru être une très bonne idée. Même le léger parfum de sang qui lui parvenait ne lui faisait pas prendre conscience d'un danger qui pourrait être imminent. D'après elle, il ne pouvait s'agir que d'un animal mort ou blessé, c'est à dire rien qui vienne la déranger dans l'immédiat à part l'odeur en elle-même.
Seulement, ce fumet peu rassurant se rapprochait d'elle. Et, en parfaite couarde qu'elle était, Lewisaëlle préféra cesser l'usage de sa magie plutôt que de considérer l'éventualité qu'un quelconque animal veuille sa peau. Puisqu'elle n'avait aucun moyen de défense, elle préférait encore fuir toute possibilité belliqueuse.
Cependant, son esprit ne réussissait pas à écarter totalement l'idée d'une attaque de créature, et au moment où elle entendit des pas derrière elle, son sang ne fit qu'un tour. Elle se retourna brusquement en direction du bruit, les mains devant elle comme si cela la protégerait de quoi que ce soit, elle qui ne maîtrisait pas un seul sort d'attaque.

- Tu bouges plus, toi !


Lewisaëlle n'avait, de toute façon, ni l'envie ni la capacité de bouger. Rien que la vue de ces épées, ou du moins ce qu'elle considérait comme apparenté, la paralysait totalement. Les deux hommes valides se tenaient face à elle, tandis que sur sa droite un autre de ces étranges personnages portait avec difficulté un homme qui sentait le sang, même sans utiliser une magie quelconque. Vu leurs vêtements ils devaient voyager beaucoup, et vu leurs têtes ils ne devaient pas apprécier la compagnie des herboristes perdues.

- Qu'est-ce que tu fais ici ?


La voix était aussi dure que désagréable, et émanait sans aucun doute de celui qui semblait être le chef de la petite bande. La jeune rousse ne détachait pas son regard de son visage, ses cheveux bruns et courts, ses jolis yeux, et en même temps cette expression déterminée légèrement effrayante...
Pourtant il fallait bien répondre. Les gens de ce genre n'aimaient généralement pas attendre.
L'Esper ouvrit grand la bouche, dans le but de s'expliquer, mais puisqu'au fond elle n'avait aucune justification au fait de se trouver précisément à cet endroit, ça lui servit uniquement à prendre une grande inspiration.

- Parle !


Seconde grande inspiration, yeux écarquillés comme s'il lui parlait dans une langue étrangère... Tellement de classe réunie en elle, s'en était presque impressionnant.

- Je... Je suis herboriste.


Elle riva ses yeux au sol si brusquement qu'elle eut presque peur que ce soit considéré comme un mouvement interdit par ses... Agresseurs ? Elle n'était pas tout à fait fixée pour le moment. En tout cas, ils la regardaient comme si elle appartenait à une espèce rare ou disparue, et Lewisaëlle ne savait vraiment pas à quoi s'attendre. Et d'un autre côté, il fallait bien avouer qu'elle venait sans aucun doute de donner la justification la plus pathétique de l'histoire des interrogatoires. Sans compter que son nez la grattait affreusement sans qu'elle ose y remédier.

- Herboriste hein ? Vas-y Jorth, fouille son sac.

Un des deux hommes les plus menaçants abaissa son arme, mais il n'eut même pas besoin de s'approcher. Lewisaëlle, complètement effrayée, avait désobéi à leur ordre pour leur lancer son sac. S'ils voulaient lui voler quoi que ce soit, qu'ils le fassent et lui laissent la vie sauve !
Le dénommé Jorth avait attrapé la lourde mais assez petite besace, et fouillait à l'intérieur sans rien sortir, se contentant d'un compte rendu oral à son camarade.

- Des fioles bizarres, toutes petites... Des plantes... Des instruments... Des trucs bizarres que je connais pas... Ouais, herboriste.

- C'est une bonne nouvelle.
- Une bonne nouvelle ? On va en faire quoi ? Prendre des tas de trucs bizarres sans savoir quoi en faire ? Merci du cadeau, j'aurais préféré un repas à la taverne pour mon anniversaire !

- Mais tu le fais exprès ou quoi ? Les herboristes ça soigne les gens non ?


Les deux hommes se tournèrent vers Lewisaëlle, qui osa à peine relever les yeux. Oui, c'était évidemment d'elle qu'ils étaient en train de parler. Le troisième homme, qui était resté muet pendan ce temps, s'empressa de déposer son ami au sol, aux pieds de la jeune fille totalement perdue. Les trois bandits se regardèrent à peine avant de la menacer à nouveau avec leurs armes.

- Oui...

- Alors soigne le.


Les mains tremblantes, les yeux hésitant entre le sol et son désormais nouveau patient, Lewisaëlle murmura tout doucement.

- Il me faudrait... S'il vous plaît... Ma besace...

- Quoi ?
- Qu'est-ce qu'elle a dit ?


La rouquine se racla la gorge.

- Ma besace, s'il vous plaît.

Jorth la lui rendit, ce qui permit alors à l'alchimiste de se sentir plus rassurée. Elle s'agenouilla doucement vers le blessé, contemplant d'un air inquiet l'énorme blessure ensanglantée qu'il portait au niveau du coeur, où une flèche était encore plantée.
Une blessure mortelle, en somme, qui ne laissait que très peu de temps de vie à son porteur. Lewisaëlle ne savait pas vraiment quoi dire, sachant que vu les conditions actuelles elle serait incapable de le soigner. Il fallait pourtant faire quelque chose, ne pas rester inactive, leur prouver qu'elle y mettait de la bonne volonté...
Tout en tremblant, elle fouilla dans son sac, réprimant son envie de tout sortir pour un inventaire complet et un véritable diagnostic. Cet homme était déjà presque mort de toute façon. Il était livide, inconscient, et vu tout le sang qui suintait de ses vêtements...
Lewisaëlle sortit l'outil dont elle se servait habituellement pour couper les tiges des plantes, et ouvrit entièrement la chemise tachée du blessé. Voilà un bon début. Elle attrapa ensuite un chiffon - sale malheureusement - qu'elle déposa près d'elle. Elle comptait bien enlever cette flèche, et essayer de comprimer le flot de sang qui jaillirait normalement de la blessure. * Il est déjà mort, il est déjà mort...* La rouquine saisit des deux mains la base de la flèche, mais ne se résolut pas à la retirer. Elle savait que c'était parfaitement inutile et qu'il était trop tard. Elle observa un instant le visage figé de l'homme, avant de glisser une main sur son cou, puis sur son poignet et de constater l'absence de tout signe de vie.

- Est-ce qu'il souffre ?


Complètement dépassée par la situation, la jeune Esper leva des yeux embués de larmes vers les autres hommes qui avaient fini par baisser leurs armes et l'observer en silence. Elle en aurait presque oublié leur présence l'espace d'un instant.
Incapable de former un seul mot, la rouquine secoua négativement la tête. Il était mort, il ne souffrait plus.

- Est-ce qu'il est...?


Cette fois-ci, le mouvement de tête de Lewisaëlle fut positif. Elle baissa immédiatement les yeux, car même si elle n'y était pour rien elle craignait qu'ils ne lui fassent payer la mort de leur camarade. Chaque seconde qui s'écoulait pourrait être celle où une lame allait s'abattre sur sa nuque. Et pourtant non.

- Ça fera plus de butin pour nous !


Les bandits se concertèrent du regard. La mort d'un camarade n'était pas joyeuse, parce qu'ils se connaissaient depuis de nombreuses années maintenant. Mais il fallait voir le bon côté des choses.
Ils s'approchèrent avec des démarches assurées du cadavre, commençant à se disputer pour savoir qui allait récupérer quoi, partant du contenu des poches et de son sac jusqu'à ses bottes ou sa ceinture. Lewisaëlle s'était instinctivement éloignée, tirant son matériel près d'elle.
Et elle fuit en courant alors qu'elle entendit le bruit d'un tissu déchiré, certainement parce qu'il était source d'une trop grande convoitise. Aucun des hommes ne fit mine de la poursuivre: ils n'avaient certainement ni besoin d'elle ni envie qu'elle soit mêlée à leurs affaires, et qui croirait une fille aussi facilement impressionnable si elle racontait ce dont elle avait été témoin ? Personne, ou alors ils auraient déjà eu le temps de partir bien loin.
Le drame était surtout qu'avec tout ça, elle n'avait pas trouvé sa fleur.

Lewisaëlle Naeth

Lewisaëlle Naeth


Esper

Partie IRL
Crédit avatar : deviantart et moi même
Double compte : Astrid Laventure
Vitesse de réponse : Rapide


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