Située à la limite du quartier marchand, au plus loin possible du port - comme pour s'éloigner au possible de l'odeur marine puissante du port - la boutique, coincée entre deux maisons d'habitation, expose aux badauds son enseigne sang et or. Le bâtiment aux mur gris épais s'élève sur quatre étages.
Tout en haut, sous le toit solide et bien isolé, se trouvent les chambres de la maisonnée, au nombre de deux - une pour Dame Awynthur, une pour Jehan - ainsi qu'une salle de bain modeste pourvu simplement d'une cuve faite d'un demi et large tonneau dans lequel a été placé un grand linge blanc pour le confort. Au deuxième étage, les pièces de vie : d'abord le salon, de petite taille, comportant une bibliothèque étroite, et deux gros fauteuils sur un large tapis tissé faisant face à une cheminée ; puis la cuisine et sa partie salle à manger, le domaine de Dame Awynthur et où Jehan n'est autorisé à pénétrer que pour savourer les repas préparés par sa mère.
Le premier étage est déjà plus intéressant pour les affaires dont nous allons traiter : tout cet étage est prit par l'atelier du couturier. C'est tout à la fois son bureau et son usine, la seule pièce de la maison où Dame Awynthur ne pénètre jamais, pas même pour offrir son goûter à son fils - qu'il prend soit en bas dans la boutique, soit en haut dans la cuisine - et le domaine bien gardé de Jehan. Depuis le magasin, on y entend régulièrement du bruit comme si quelqu'un s'y affairait, même lorsque Jehan ne s'y trouve point, et lorsqu'il s'y trouve des chants se font parfois entendre.
Le rez-de-chaussée, en toute logique donc, n'est autre que la boutique. Après avoir admiré l'enseigne et les deux vitrines - à droite celle pour les habits d'enfants et les chaussures allant avec, à gauche celle pour les toilettes féminines et les atours d'hommes, ainsi que là aussi quelques chaussures appropriées - on entre dans le vif du sujet dès que l'on passe la lourde porte en bois massif et sombre, sculptée soigneusement et représentant une tête de cerf aux bois stylisés. Et quel sujet !


L'entrée est encadrée de portants chargés de tenues diverses et variées, tout comme celles qui sont comme des épines sur les deux murs latéraux. Par endroit, sur des étagères ou des tablettes au bout de certains portants, on trouve des chaussures, pour femmes, pour hommes, pour enfants, basses comme hautes, en cuir ou en tissus épais ... Au centre de la pièce, une très grande table cernée de ses six fauteuils assortis. Au fond, les trois cabines d'essayage à gauche et le comptoir à droite. Derrière celui-ci, l'escalier menant aux étages ainsi que, caché par une tenture pourpre, la même que les rideaux des cabines, un réduit conduisant aux jardins privés de la maisonnée. Entre l'escalier et les cabines, se trouve une fenêtre haute, la seule de la pièce étant donné que les vitrines sont caché de l'intérieur par des parois en bois percées chacune d'une porte pour accéder au vitrines. Hormis cette fenêtre au fond, le seul éclairage vient du lustre surplombant la table centrale et des bougies disposées sur le comptoir et dans les cabines.



Concernant les services fournis par Jehan Polghotyer, sont proposés :

¤ Vente de prêts-à-porter hommes, femmes, enfants et créatures diverses humanoïdes, comprenant et de façon non-exhaustive : robes, sous-chemises, jupes et jupons, chemises de jour et pour la nuit, pantalons, braies, vestes, corsets, caracos, vestons, manteaux, capes, mantelets, capelines, et couvres-chef divers.

¤ Confections sur-mesure, sur place ou sur commande (frais de déplacements compris dans les prix, logement et restauration du couturier à votre charge). Contre des mesures précises, il est toujours possible de passer commande sans vous déplacer, mais la maison recommande de venir essayer soi-même ou de faire venir le Styliste pour les derniers essayages pour les habits ajustés près du corps.

¤ Ré-arrangement de votre style vestimentaire, un nouveau style pour une nouvelle vie !

Prix de la demande : 30 AB
Description de la demande: Une armure en cuir capable de rester ajustée malgré un changement d'apparence de la personne qui la porte, contenant des poches cachées des gants, et remontant jusqu'au nez pour cacher l'identité de qui la porte. Accompagnée d'une cape noir souple à capuche, couvrant les épaules, la tête et le front et cachant ainsi le reste du visage.

Armure de cuir:

Ashae jeta un coup d'oeil à ses vêtements noirs miteux qu'elle utilisait pour les missions. Troués, sales et peu pratiques, elle se dit qu'il était grand temps de les changer. Surtout qu'avec ses différentes missions, elle avait réuni un petit pécule qui lui permettrait d'avoir voir un couturier et de lui expliquer très exactement ce qu'elle souhaitait. Mais elle ne pouvait pas faire cela à Sen'tsura, les marchands parlaient beaucoup trop, et un habit d'assassin fait par un grand couturier de la capitale ne passerait pas inaperçu. Heureusement, Ashae avait entendu parler d'un très bon couturier dans les Glaces. C'était l'occasion de voyager un peu hors de Terre, ce qui arrivait très rarement à la jeune femme.

***

Une semaine plus tard, Ashae entra dans la boutique des Trois Salinéens, son sac à dos sur une épaule. Plusieurs femmes se tournèrent vers elle et la dévisagèrent de la tête au pied en se demandant ce que cette pouilleuse pouvait bien faire là. Elle avança sans ciller jusqu'au comptoir, où elle fit la rencontre de Jehan Polghotyer, le fameux jeune couturier dont on lui avait vanté les mérites. Il était habillé de façon très extravagante, mais Ashae n'y fit pas attention. Elle sortit un dessin plutôt mal fait de ce qu'elle attendait de l'artiste, en lui demandant de garder toute discrétion à ce sujet. Elle fit tomber sa bourse sur le comptoir, pour faire comprendre qu'elle était prête à payer ce silence et le travail du couturier au prix fort. Puis la polymorphe lui sourit, prête à lui donner toutes les explications qu'il souhaitait pour pouvoir obtenir l'habit de ses rêves.

Jehan aimait les commandes spéciales, surtout quand le client - ou la cliente - avait des goûts sûrs et des idées arrêtées. Cela évitait de devoir s'évertuer à trouver pour lui les bonnes idées. C'était reposant. Il n'avait plus qu'à exécuter la commande tranquillement, et de se faire payer. Comme des vacances, en somme. Un petit congé.

Cette nouvelle commande était de plus divertissante. Il n'était pas habituel de voir une damoiselle demander une toilette si farouche. Mais Jehan ne demanda pas pourquoi et se contenta de hocher la tête après avoir examiné le dessin. Il souriait alors que la bourse pleine de la jeune femme tinta sur le comptoir. Délicatement, Jehan jeta un coup d'oeil à l'intérieur et examina le contenu. Oui, cela devrait suffire.

Si vous le permettez, ma Dame, il va me falloir prendre vos mesures avec exactitude pour faire un vêtement ajusté. Je vais également vous montrer plusieurs échantillons de cuir afin que vous me disiez celui que vous préférez porter. Ne vous en faites point pour la couleur, le résultat sera dans votre idée.

Naturellement et avec vélocité, le couturier dégaina son mètre-ruban tandis que la jeune femme, à l'abri d'une cabine d'essayage, se mit dans une tenue plus propice à cet exercice. Le styliste travailla avec rapidité et griffonna des mesures sur un carnet. Il laissa la jeune femme se rhabiller et l'attendit au comptoir, où elle le trouva en train de noircir une page de papier épais.

Voici le devis de votre commande. Notez que je pourrais éventuellement être amené à augmenter ou baisser le prix légèrement, ce n'est ici qu'une idée globale de ce qu'il en coûtera. Revenez dans quatre jours, votre commande sera prête. Il faudra peut être faire quelques ajustements, mais cela ne sera pas bien important. Tenez ... conclu-t-il en tendant la feuille, signée de sa main, à Ashae.


Quatre jours plus tard, Ashae revint chercher son du. A son entrée, le couturier s'exclama et l'invita à le rejoindre au comptoir. Il passa derrière un rideau et en revint chargé d'une housse en tissu très épais et brunâtre. Il l'ouvrit et en extirpa l'habit conçu pour sa cliente.

C'était exactement ce qu'elle avait demandé : une belle armure en cuir épais et noirci, que le styliste avait avec une habile formule enchantée pour que celle-ci soit toujours ajustée à sa porteuse, quelle que soit sa forme. Cela avait été délicat à faire, et plusieurs essais ratés jonchaient le sol de l'atelier. Mais il avait fini par trouver ! Et le résultat était parfait ! Le cuir, pourtant solide et dur, donnait l'impression d'être élastique, extensible. En outre, le masque avait été gravé d'arabesques discrètes et fort jolies. Les gants étaient visiblement solides et de très bonne qualité, mais on n'en attendait pas moins venant du grand Polghotyer ! Enfin, la cape était élégante et somme toute féminine - bien qu'elle pouvait aller tout aussi bien à un homme - et la capuche était aussi efficace que l'avait souhaitée la commanditaire.
Petite particularité : chacune des boucles de métal ciselé qui ornait la tenu était différente des autres. Toutes étaient uniques, que ce soit par leur motif, leur taille, leur matière, leur couleur ... Toutes raffinées et délicates.

Pour ce qui était des bottes, Jehan, ayant parfaitement compris l'utilisation de la tenue, avait renforcé la semelle et le talon, et dans ce dernier il avait aménagé, dans chaque botte, un tout petit compartiment pouvant loger une petite fiole. Il présenta cela à Ashae comme étant un "petit cadeau de la maison pour la remercier de sa commande" ... Fidéliser le client, toujours !

Voilà ma Dame. En temps et en heures, conforme à votre demande ! Au plaisir de vous revoir chez nous !

Jehan tandis à sa cliente une grande boîte dans laquelle il avait rangé la tenue, bien à l'abri dans un écrin de papier de soie noir. Ne faillissant point à la coutume du métier, il y glissa également un petit carton portant le nom de sa boutique, ainsi que sa localisation et ses heures d'ouverture. L'esprit commercial n'est jamais très loin ...

Bonne fin de journée ! lança-t-il alors que la cliente s'en allait avec son précieux colis ...

HRP:

Prix de la demande : 40 ABs
Description de la demande: Une tenue de cuir noircie à capuche et cache-nez, avec une multitude de poche, des gants, bottes: Tenue de cuir

Une tenue de ville en tissu de bonne facture avec une veste en cuir à capuche : Tenue de ville

Des lunettes d'aviation en cuir à verre blanc (n'améliore pas la vue ou quoique ce soit d'autre) : Lunette d'aviation

Ainsi qu'un masque d'aviation en cuir : Masque d'aviation 



Laissant Aidan, son griffon, à l'extérieur de la ville. Evrann s'aventura dans les ruelles n'hésitant pas à demander son chemin pour trouver les lieux. Éreinté par une longue marche, le jeune esper arriva enfin devant la boutique. Simple de conception, elle ne semblait guère différente des autres et pourtant sa renommée était, avec une pointe d'exagération, légendaire, même s'il l'ignorait quelques jours plutôt.

Entrant dans la boutique, celle-ci était vide. Tant mieux songea le jeune esper, avant de prendre la direction du comptoir. Des bruits de pas à l'étage l'informèrent que l'on n'ignorait pas sa présence, si bien qu'Evrann prépara les plans rapidement dessinés avec l'aide de sa mère, ainsi que des parchemins décrivant les détails de ce qu'il ne pouvait transposer sur un plan. Il désirait que les choses se fassent vite et bien, surtout bien.

Quand finalement un homme au look relativement extravagant apparu, saluant Evrann qui le lui rendit à son tour, avant de prendre la parole :


S'éclaircissant la gorge tout en désignant du doigt quelques articles plus "habituel" dans les rayons qui l'intéressaient, mais dans d'autres couleurs et à sa taille.

C'était chose rare, un événement étrange, mais parfois les clients ne venaient pas à la boutique. Souvent, c'était à la fin du mois, voire à la fin de la semaine, quand les gens attendaient leur prochaine paye tout en se lamentant de ne plus pouvoir dépenser un sous de la précédente. Chaque fois que cela arrivait, Dame Awynthur en profitait pour passer une rouste aux mauvaises herbes qui avaient osé pénétrer son jardin en tentant de défigurer ses parterres, ou bien elle menait une guerre sans merci contre les araignées et leurs œuvres entoilées. Ou bien encore faisait-elle un sort à la poussière qui essayait de se faire une place sur les étagères. Ou bien encore récurait-elle à fond l'argenterie ou les cuivres. Mais aujourd'hui, elle était déchaînée : aujourd'hui c'était cirage de parquet lamé !

De fait, Jehan s'était enfermé dans son domaine. Enfin, enfermé non, la porte de l'atelier était grande ouverte afin qu'il puisse entendre d'éventuels curieux entrant dans sa boutique. Il nettoyait, triait, rangeait. Il classait les tissus, jetait les croquis qui ne resserviraient jamais, ainsi que les vieux numéros de Vague et Cardrakalitain. Bref, il s'occupait. C'est donc avec ardeur et grande joie qu'il descendit l'escalier quant il entendit qu'un client était là ! Ah !

Bienvenue chez Polghotyer Mère et Fils ! Que puis-je pour vous Monsieur ?

Rapidement il examina les dessins tendu par ce jeune homme, commentant de quelques "oh", "ah oui", "bien ça", "ah" et "hum hum" ce qu'il voyait et entendait. Il se grattait le menton, faisait la moue, semblait songeur. Un habitué comprendrait qu'il cogitait. Un néophyte pourrait avoir peur ...

Et bien, il faudra peut être plusieurs essais pour les lunettes, car entre les verres et la monture, il me faudra vous les faire tester. Mais tout me semble dans mes cordes. Veuillez passer dans une de nos cabines je vous pris et vous dévêtir juste ce qu'il faut, il faut que je prenne vos mesures pour faire à votre taille.

Jehan invita son client à le suivre et lui ouvrit le rideau d'une des cabines. Sitôt l'homme un peu moins habillé, il dégaina son mètre-ruban et fit le tour de sa "victime" en reportant précieusement chaque nombre sur un petit croquis. Une fois ceci fait, il invita le client à se rhabiller tandis qu'il préparer le devis.

Bien, je vous ai écris tout ce qui est convenu, pas de surprise, avec une estimation des frais. Je vous rassure, dans la plupart des cas le résultat final est plus souvent en dessous de cette estimation. Comptez environ une semaine pour tout faire, mais j'aurais besoin de votre présence régulière pour les essais des lunettes. Si vous voulez bien indiquer ici où vous logez, je vous ferais prévenir ou viendrais vous rendre visite si besoin. Voilà ... Bien ... Et bien je vous souhaite une bonne fin de journée Monsieur !

A peine le client expédi... sorti, Jehan se lança à son affaire. Enfin, il lança ses outils par magie ... Ce qui lui permit d'aller commander les verres pour les lunettes au souffleur de verre qui s'était établi à quelques pas de là. Un génie qui maîtrisait tout autant l'art de l'embouteillage que celui des vitraux. Il commanda par ailleurs un nouveau stock de cuir : ce devait être à la mode chez les voyageurs, visiblement ... il fallait en profiter !

Il ne fallut au final qu'un seul essai pour ajuster les lunettes, le choix des verres et du cuir ayant été fait on ne pouvait plus judicieusement. En six jours à peine tout fut fait. Jehan fit donc envoyer un jeune cardrakien avide d'argent de poche chercher le client. En attendant, il prépara le paquet : dans une belle boîte en bois très fin, il avait emballé chacune des tenues dans du papier de soie - le bleu foncé pour la tenue de ville, et le rouge sombre pour celle en cuir, et dans une plus petite boîte, ronde celle-ci, il avait déposé les lunettes et le masque dans un écrin de ouate colorée en marron et vert. Dans chacune des boîtes, au-dessus des articles, avait été placé en évidence et maintenu par un petit lien en cuir, un carton avec l'appellation de la boutique accompagnée des horaires d'ouverture, et au dos, un joliment calligraphié "Merci de votre confiance". Le tout était disposé sur le comptoir et attendait son futur propriétaire.

Quand celui-ci entra enfin, Jehan sortit en trombe de nulle part - en fait il surgit plutôt de derrière le comptoir, il venait de faire tomber un bouton - et adressa un grand sourire à Evrann :

Ah ! Vous voilà ! Tout est là, conforme à vos demandes. Pour plus de confort, j'ai pris le parti de doubler la tenue de cuir avec un tissu en coton doux et non irritant, que j'ai traité avec un produit contre l'humidité. Le cuir est très solide et souple à la fois, vous verrez, c'est très agréable à porter. Pour les poches, j'ai pensé que vous aimeriez que leur contenu ne se fasse jamais la malle, alors j'ai mis à chacune un système de fermeture à la fois résistant et pratique. Vous pourrez faire le poirier si ça vous chante, vos deniers ne se sauveront pas ! Hahaha .. hum ... Oh et la capuche est amovible, vous verrez, c'est très simple, un simple lien en cuir, très discret. Voilà pour ça ... la tenue de ville ... Alors là pareil, la capuche est amovible. Discret, pratique, solide, tout y est. J'ai utilisé la fameuse Soie des Montagnes Noires, donc côté résistance, vous verrez, ce vêtement vous fera longtemps ! Pour le masque, rien de bien méchant, ce n'était pas le plus compliqué à faire. Comme pour la tenue en cuir, c'est doublé pour plus de confort, on est pas des bêtes tout de même ! Les lunettes, ça a été un défi, mais je pense que vous conviendrez que je m'ne suis plutôt bien sorti. Doublé aussi, mais avec une fourrure douce cette fois. C'est plus agréable pour cette partie du visage, et vu vos besoins, ça ne vous fera pas de mal ne altitude, n'est-ce pas ? Voilà, on a tout. Bien sûr, comme tous nos articles sur-mesure, vous bénéficiez d'une garantie d'un an : au moins accroc, n'hésitez pas à revenir ici, je vous arrangerais ça sans frais et sans délai !

Le client satisfait, le paiement versé, il était temps de se séparer.

Polghotyer Mère et Fils vous souhaitent une agréable journée Monsieur, merci pour votre visite et à bientôt !