Aaaaaaah ! Bibliothèque ! Livres ! Rêve éveillé devant mes yeux. Douce vision qui s'épanouit face à moi. Mon antre ! Que je pouvais me sentir bien dans ce temple du savoir. Pourquoi je ne pouvais pas passer des jours entre les livres et y trouver le sommeil ? Ah si... En fait, c'était déjà le cas à la guilde. Oui bon, mais ça ne m'empêchait pas de me réjouir lorsque je me retrouvais dans une bibliothèque. Hors, c'était le cas. Sen'Tsura qui avait sut acquérir au cours du temps bon nombre d'ouvrages d'un réel intérêt, tout comme d'autres ne pouvaient être que de simples divertissements. On ne pouvait pas leur reprocher le manque de variété et même si la bibliothèque de Glaces était la plus grande et la plus complète de Terra, celle-ci n'en restait pas moins impressionnante. Mais au moins, s'il existait de rares endroits ou situations dans lesquels je savais me montrer calme, celui-là était bien l'un d'entre eux.

Je pris un nouveau livre, l'ajoutant à la petite pile qui commençait à se former dans mes bras. Qui plus est, je saurais me montrer d'autant plus sérieuse que je suis ici pour le travail. La recherche de l'information ou comme diraient certains "le savoir c'est le pouvoir". En résumé, c'est ça. Ma journée d'aujourd'hui était donc consacrée à mon travail pour la guilde. Un petit travail que je m'étais donné à moi-même en fait, mais ça me plaisait alors pourquoi se priver lorsque l'on peut joindre l'utile à l'agréable ? Je tendis la main pour attraper un autre livre.

- Presque... Ah !

Un ouvrage de plus venait compléter ma petite collection. Il serait peut-être bon d'aller prendre une table maintenant. Ah non ! Celui-là. Un livre de magie. Je me rappelais l'avoir vu une fois mais n'avais guère eu le temps de le prendre. Ils en avaient donc un exemplaire. Je résistais quelques secondes à l'envie. Et pourquoi donc ?! Allez, je peux bien me faire plaisir. Je pourrais bouquiner un peu quand je voudrais faire une pause. Je me mis sur la pointe des pieds, cherchant à atteindre le livre disposé sur la plus haute étagère. Elle était difficilement accessible et j'aurais dû m'aider des aides mis à disposition ou demander à quelqu'un mais quand son attention est entièrement accaparée, on en oublie parfois les solutions les plus évidentes. Dans mon cas ? Une ou deux fois oui... Pas toujours soyons d'accord ! Mais c'était déjà arrivé par le passé. Et comme il fallait bien qu'il m'arrive quelque chose, je perdis l'équilibre en réussissant à attraper le livre que je convoitais.

- Aaaaaaaah !

Pas les livres. Mon premier réflexe, amoureuse des livres que j'étais, fus de resserrer ma prise autour de mes trouvailles, me servant de mes deux bras afin de les protéger. Je me sentais tomber rapidement vers le sol et fermais les yeux en attendant l'impact. N'ayant pu m'aider de mes bras pour amortir, la coup me parut plus rude. Tombée sur les fesses, je me redressais légèrement, les jambes repliées une de chaque côté du corps, les pieds pointés derrière moi. Charmant.. Au moins, la pose aurait pu être plus ridicule, je m'en sortais. Mais plus important, les livres que je serrais toujours dans mes bras étaient intacts.

- Ouille... fis-je avant d'ajouter pour les autres lecteurs. Excusez-moi pour le bruit...

Une main que je vis en relevant la tête. Une voix que j'entendis. On me proposait de l'aide pour me relever. Gardant les livres contre moi d'une main, j'acceptais l'aide que l'on me proposait de l'autre et me relevais.

- Je vous remercie. J'étais... concentrée ! dis-je en riant. Aussi bête que ça puisse vous paraître, je n'y ais pas pensé sur le moment.

Je regardais un peu plus attentivement la personne qui m'avait aidé. Un jeune homme plutôt séduisant. Dire le contraire aurait été mentir. J'entendis des chuchotements qui me firent jeter un coup d'oeil derrière mon épaule. Effectivement, parmi les gens qui contemplaient la scène depuis ma chute, il y avait étrangement une large majorité féminine qui à mon humble avis vu le regard qu'elles portaient à mon interlocuteur étaient là pour lui et profitaient simplement de ma chute pour avoir une raison de mirer dans cette direction. Je ne disais pas que c'était toutes leur cas, mais honnêtement, de ce que je voyais j'avais raison pour une bonne partie de ces gens. Il fallait dire aussi qu'elles manquaient pour la plupart tellement de discrétion. Et non, chez moi c'est volontaire. Je sais parfaitement me montrer discrète au besoin !

Reportant mon attention sur le jeune homme, je le regardais avec plus d'attention. Des cheveux clairs qui semblaient receler quelques mèches rouges et dorées. Des prunelles qui semblaient elles aussi faites d'or, envoûtantes. Une expression douce. Il semblait quelqu'un de si calme et posé. Tout mon contraire sur ce point. N'oubliant pas d'en rester polie, je l'écoutais avec attention lorsqu'il reprit la parole. Lui répondant d'un sourire sincère, je hochais la tête.

- Ce serait avec plaisir. Mais si je puis me permettre, vous semblez également fin connaisseur. Je m'appelle Leyna. Enchantée.

Je lui tendis la main. Nous allions bien passer un moment à nous pencher sur une commune lecture ? Je pouvais donc lui donner au moins mon nom. Je remarquais également l'oiseau perché sur son épaule et lui adressais aussi un sourire. Etrange de sourire à un oiseau ? Non, je ne trouve pas. Et puis j'étais moi-même une créature non humain alors bon... C'est pourquoi j'ajoutais à l'intention de son compagnon ailé :

- Ravie de faire votre connaissance également. Puis, tournant la tête à gauche à droite. Nous devrions peut-être chercher une table. Je pense aussi que je devrais me faire oublier de vos admiratrices !

Ce sur quoi, je me mis à rire doucement. Après tout, j'étais détendue car je n'étais pas sérieuse. La réaction de ces demoiselles et dames était le cadet de mes soucis. Au départ, j'étais ici pour travailler moi. Et si elles avaient quelque chose à me dire, qu'elles viennent donc. Je me ferais un plaisir de leur rappeler le but de cet endroit.

Il l’aida à se redresser avec amabilité et lui sourit, il la comprenait parfaitement lorsqu’elle disait ne pas y avoir pensé. Elle semblait aussi passionnée que lui. Il ne remarqua pas les demoiselles qui murmuraient en le fixant et quand bien même il n’aurait pas sût pourquoi elles chuchotaient à son passage. Toujours attentif à son interlocutrice, il lui serra la main lorsqu’elle la lui tendit, assez maladroitement d’ailleurs, ne sachant pas trop quelle attitude adopter. Il s’empressa cependant de répondre à la jeune femme très courtoisement.

-Je vous remercie, je me nomme Yahiro Azaï et voici Yun, un grand bavard qui se tait uniquement dans les bibliothèques.

Il lâcha un sourire amusé et assez juvénile avant de pencher la tête sur le côté, comme le ferait un oiseau intrigué, perplexe.

-Mes admiratrices ?

Il ne voyait absolument pas de quoi elle parlait, quoi qu’il en soit il l’accompagna jusqu’à une table dans un coin tranquille, sans prêter attention le moins du monde aux jeunes femmes qui le dévisageaient à son passage. D’un autre côté lorsque l’on avait l’habitude de voir le monde du ciel on ne prêtait pas attention à tout ce qui était dans le champ de vision. Peut-être était-ce pour cela qu’il ne les voyait pas. Le cianopsitta tira une chaise pour Leyna et attendit qu’elle s’asseye pour faire de même en face, tournant le dos au reste de la bibliothèque. Il plongea son regard doré dans celui de la jeune femme –certes tout était relatif. On lui avait toujours dit que les yeux étaient le miroir de l’âme et reflétaient la personnalité de quelqu’un. De ce qu’il pouvait en voir, pendant ce court contact qu’il ne voulait pas prolonger pour éviter de la mettre mal à l’aise, c’était que la jeune femme avait un tempérament plutôt impétueux et elle semblait dissimuler un lourd passé. Il regarda à nouveau les livres qu’elle avait pris et esquissa un sourire aimable.

-Des livres de poésie ? demanda-t-il en montrant certains de la pile dont celui qu’elle avait réussie à attraper en finissant sur le derrière. À moins que vous n’ayez écho d’autre chose à leur sujet.

Nous nous sommes dirigés vers une table tranquille et je le remerciais lorsqu'il me tira une chaise. Il était décidément très poli ce garçon. Lorsque nos regards se croisèrent, je lui adressais un sourire. Inutile de se forcer avec lui. C'était tout naturel. Yahiro me retourna mon sourire avant de regarder la pile de livre que j'avais sauvé in extremis en sacrifiant mon pauvre fessier. Hochant la tête, j'attrapais le livre qui m'avait demandé un effort à l'atteindre. Caressant un instant la couverture du bout des doigts, je le lui tendis.

- En effet. Vous êtes fin observateur aussi à ce que je constate. Je peux bien vous le dire. Au travers de ces vers, se cachent des informations sur la magie.

Je souris et pris un autre livre que je me mise à feuilleter. Pourquoi est-ce que je lui racontais ça moi ? Allez savoir... Je me sentais plutôt en confiance bien que je ne le connaisse pas. Le cas du "ne faites pas confiance à un étranger" ne s'appliquait pas ici. Quelque part, il était comme moi. Pas au niveau caractériel nous sommes bien d'accord... Le jour et la nuit. Je parle de cette façon d'aborder les livres. Je ne saurais développer davantage mon point de vue pour le moment car ne sachant rien de lui. Il faudrait que je lui parle davantage.

- Vous voyez... en général quand on souhaite garder une trace des informations, les faire partager ou qu'importe le but de l'auteur, l'utilisation de code est assez courante. Ce peut être une langue ancienne également si les livres datent d'une époque reculée. Un code propre à l'écrivain. Celui-ci a dissimulé les informations par le biais de la poésie.

Et là allait commencer les ennuis. Je soupirais. J'aimais bien la poésie, les vers autant que la prose. Le souci étant que ce n'était pas le domaine où j'avais le plus de connaissance. Certes j'arriverais au bout de ce code, à n'en pas douter... mais au bout de combien d'heures de recherches ? Alors que si ça n'avait pas été de la poésie, le temps se serait vu réduit de manière significative. En même temps que je voyais si une idée me parvenait, je commençais mes recherches dans le livre que j'avais ouvert, parcourant les pages, concentrée. Je murmurais à moi-même.

- Finalement... il serait peut-être préférable d'avoir une aide..

Je parlais non seulement pour le cas présent, mais aussi en général à la Confrérie. J'avais beau aimer énormément les livres, autant que je voulais. La gestion seule n'était pas de tout repos. Il faudrait que j'en parle à Luz une fois rentrée. Le moment était peut-être venu d'avoir un partenaire de travail.