Sa colère

Elwing a grandi dans l’amertume et la haine de sa mère. Elle a donc développé un caractère difficile et ombrageux. La patience n’est pas une vertu reconnue chez la reine et lorsqu’elle la perd, son tempérament tempétueux fait alors surface. Pourtant, ses colères, bien que violentes et subites, sont souvent brèves et accompagnées d’un prompt repentir.

Son reigne

Elwing n’en reste pas moins diplomate quand la situation est délicate et en tant que bonne souveraine elle peut facilement dissimuler son caractère derrière un masque d’impassibilité. Un masque qui ne risque pas de craqueler de sitôt malgré le précieux temps que vous lui faites perdre. Au pire, quelques remarques acides seront lancées çà et là, sous couvert de sous-entendus discrets dont elle a le secret.

Son amour

Dans l’intimité, la reine se révèle pleinement. Elle peut, certes, s’emporter facilement au moindre propos qui ne lui plait pas, mais elle peut également faire preuve d’une grande douceur si son interlocuteur gagne son respect. Quant à gagner son amour, c’est un autre challenge un peu élevé. En effet, au contraire de sa défunte mère, Elwing ne multiplie pas les partenaires. Ces derniers ont été très rares même durant sa très longue vie.

Sa vie

Toujours pour s’éloigner le plus loin possible de sa mère, Elwing n’apprécie pas le faste et le luxe, considérant que ces derniers peuvent facilement mener à la débauche et la paresse. Elle préfère donc la simplicité avant tout et s’impose un entrainement physique quotidien. Exigeante avec elle-même, elle l’est aussi avec ceux qui la servent sans distinction de leur sexe. Elwing est partisane d’une égalité homme-femme très stricte et poussée, se montrant d’autant plus dure avec les femmes qui n’arrivent pas à égaler les hommes.

Sa fidélité

Elwing est définitivement du côté de l’Aile Ténébreuse, espérant que son règne apporte la stabilité dans le monde et peu importe ce qui doit être sacrifié pour ça. Elle n’est pourtant pas une fanatique religieuse qui voue un culte aveugle à cette divinité. Son respect et sa dévotion sont principalement basés sur les espoirs qu’elle place dans ce nouveau maitre du monde.

-Vous voulez en savoir plus sur la reine des elfes de l’an 114 ? Demanda le petit homme en haussant ses sourcils de plaisir.

Piaffant d’impatience, le petit bibliothécaire grimpa sur une échelle fixée sur des rails et commença à parcourir les étagères avec une vitesse surprenante. Au gré, des « Ohoh ! », « Non, pas ça », des parchemins étaient extraits de leurs poussières séculaires pour revenir ensuite s’insérer à leur place sous le regard déçu du bibliothécaire.

-Ca y est ! S’exclama-t-il en brandissant un vieux parchemin jauni. C’est un extrait d’un discours que la reine Elwing a récité devant sa cour. Jetez-y un coup d’œil pendant que je cherche autre chose.

Le petit homme vous tendit le parchemin avec insistance, trop pressé de retourner s’immerger dans ses recherches.

Citation :

La Mémoire

Je me souviens… Vous aussi peut-être ? Pourtant vous n’en avez pas l’air. Souvenez-vous avant qu’Alastair n’ouvre le portail, et que le monde soit en passe de se faire dominer par l’Aile Ténébreuse. Souvenez-vous bien avant que l’Hiver Eternel nous frappe et nous oblige à coopérer pour survivre. Avant que la paix chasse de nos esprits les quelques millénaires de guerre qui l’ont précédés. Moi je me souviens. Je me souviens des conflits incessants, des alliances signées dans l’eau, éphémère et traitresse. Les elfes tombaient comme des feuilles mortes sur le sol de nos forêts que nous tentions de garder par tous les moyens. Mon père fut l’un de ceux-là, mes amis, mes frères. Je me souviens de la peur, de la colère et de la vengeance, la nôtre, la mienne, mais aussi celle de nos ennemis. L’espoir était une petite flamme malmenée par un orage de violence et de haine. Je m’en souviens comme si c’était hier et ce n’est pas ces cent cinquante années de simili paix qui changeront ma conception du monde. Rebelles et Glace devraient remercier l’Archidémon de leur offrir un ennemi commun sinon ils seraient encore en train de s’entre-déchirer. Toutes les raisons sont bonnes pour que ces créatures éphémères fassent tout leur possible pour écourter encore plus leur misérable existence. Ils nous entrainent dans leur jeu macabre, nous dont la vie est inestimable car immortelle. C’est pour cette raison que j’ai choisi l’Aile Ténébreuse.

Il faut un maitre incontesté pour pacifier ce monde. Les Anciens nous ont abandonnés. Livrés à nous-mêmes, nous sommes redevenus les bêtes que nous étions jadis, et comme pour n’importe quelle bête sauvage, il nous faut un maitre. Alors pourquoi pas un dieu pour nous unir, puisqu’il FAUT nous unir. Sous son règne nous pourrons grandir et nous épanouir. Nous serons protégés de Nayris et de son culte macabre. Il y aura peut-être des injustices et du mécontentement, mais mes frères et sœurs cesseront enfin de tomber inutilement pour des idéaux qui ne survivent que quelques ridicules décennies. Vos vies et votre bonheur est plus important pour moi que des promesses emportées par le temps.

Nous autres ne nous épanouissons que dans la stabilité. C’est Zelphos qui nous l’apportera. Si notre foi reste inébranlable, nous prospèrerons et nous survivrons. Gloire à l’Empire !

-Intéressant, n’est-ce pas ? Clama le bibliothécaire alors qu’il voyait que vos yeux léchaient le bas du parchemin, lui indiquant ainsi que vous aviez fini votre lecture. Certains passages mériteraient d’être complétés et épurés de leur démagogie latente, mais ça reste une précieuse archive pour cerner cette antique reine.

Le bibliothécaire vous reprit le précieux parchemin des doigts et le replia avec une délicatesse extrême. En échange il vous tendit un petit recueil enveloppé dans une couverture de cuir rendue aussi mince que la soie avec le temps.

-Ceci est une copie des écrits d’un contemporain de la reine, vous expliqua le petit homme dans un murmure de confidence. Ici, l’auteur semble recopier un passage d’un hypothétique journal intime de la reine. Ce n’est donc pas à prendre au pied de la lettre mais ça donne toujours un point de vue de quelqu’un qui la côtoyait régulièrement. Huhu ! Fascinant !

Citation :

La Haine

Ma chère mère morte, c’est à moi qu’il revient de guider mon peuple. Je ne ressens aucune tristesse, car cela fait des siècles que j’attends ce moment. Ce n’est pas mon ambition dévorante qui parle, mais la haine séculaire que je voue à ma mère, sans parler de sa politique que je désapprouve totalement.

J’ai eu du temps pour nourrir ma rancœur. La haine est un poison insidieux. Un venin froid qui s’insinue dans votre esprit, capable de plier les plus pures de vos sentiments et d’abattre vos plus solides résolutions. Je suis heureuse que ce poison soit mort en même temps que ma défunte génitrice. Je me sens libre et je peux même me replonger dans le passé sans sentir la caresse glacée de la colère sur ma nuque.

J’aurais pu me remettre de ne jamais avoir connu mon père. Probablement. Mais comment faire lorsque votre propre mère est incapable de se rappeler à quoi il ressemblait ? A sa décharge, mon père n’était qu’une friandise parmi d’autres, perdu dans ses souvenirs où les orgasmes fleurissaient comme des champignons après une averse. Sans doute pour compenser sa laideur. Toutes ses mains étrangères, ses entremêlements de corps, les uns après les autres, toujours plus nombreux, toujours plus différents. Je me sentais souillée à sa place. Je ne suis pas le fruit de l’amour, mais d’une passion bestiale entre deux inconnues. Je suis souillée.

Je l’ai toujours détesté pour ce mode de vie débauché indigne d’une reine. Quel exemple et quelle image donnait-elle de notre peuple aux nations étrangères ! Sa mort est une bénédiction, pour moi et pour mon peuple. Ainsi que pour l’Aile Ténébreuse bien sûr. Je ne suis pas idiote, je sais qu’un tel miracle ne serait jamais arrivé si mon allégeance avait été différente. L’assassinat de ma mère était sans doute le plus beau cadeau que l’on puisse me faire. Cette femme ne me fera plus jamais de mal. Je n’ai pas de larmes à gaspiller sur sa dépouille.

-Ohohoh ! Ricana le petit bibliothécaire en agitait frénétiquement ses petits bras. La preuve par écris que les conflits mère-fille datent de la nuit des temps. Un texte, je vous le rappelle, qui n’est pas à prendre au premier degré.

L’homme vous laissa consulter le recueil à loisir tandis que le crissement de l’échelle sur ses rails faisait écho dans l’immense bibliothèque vide et silencieuse. Il s’éloignait, vous laissant seul avec les manuscrits millénaires dont l’odeur de moisissures sèches emplissait vos narines. Le petit homme continuait de s’invectiver lui-même, commentant ses découverts avec des onomatopées toujours plus sonores. Agacé, vous feuilletez les pages du recueil où d’autres « extraits » du prétendu journal intime de la reine étaient inscris. « La monogamie » retient alors votre attention :

Citation :

L’Amour

Au contraire de ma chère mère, je promeus l’amour unique. Je considère que la polygamie est une aberration que nous devrions laisser aux animaux. L’amour véritable est singulier et en aucun cas multiple. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’il est unique dans une vie, mais il doit laisser une trace indélébile dans notre cœur comme dans notre mémoire.

Moi-même, je n’ai eu que peu d’amour, tous tombés au combat dans des guerres dont le monde ne se rappelle même pas. Comme je méprise les humains pour leur passion démesurée du présent et leur mémoire courte. Leurs actes et leurs erreurs sont aussi répétitives que les saisons. Je les envies parfois, mais je ne pourrais jamais les respecter ou les aimer.

Je ne suis pas une fanatique et je ne vais pas imposer à mon peuple des idées qui ne regardent que moi, mais je compte bien donner l’exemple. C’est ce qu’une reine se doit de faire pour forger un peuple fier et fort. Je serai forte pour eux et eux le seront pour moi. J’aime mon peuple par-dessus tout et je n’agirai pas comme un tyran aveugle. Leurs mœurs évolueront peut-être d’eux-mêmes mais surement pas par la force.

-Oh ! Ça n’a rien à voir mais je me rappelle d’une citation d’Elwing qu’elle aurait soi-disant prononcée et dont l’histoire s’est rappelée :

Citation :

Mon cœur est trop menu pour accueillir plus d’un homme à l’intérieur

Le petit bibliothécaire venait de surgir presque dans votre dos. Il portait une pile de parchemin plus haute que lui, qu’il déposa diligemment sur un petit bureau éclairé par la lueur tremblante d’une lampe à huile.

-Si vous cherchez une information plus précise, j’ai bien peur qu’il ne vous faille éplucher les archives historiques. J’ai commencé à vous trier ceux qui traitent de la reine Elwing. Vous trouverez la liste ci-dessous. Bonne lecture !