Le couronnement d'Elwing

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Raconte le couronnement d'Elwing du point de vue de Lëaya et ce qu'a ressentie celle-ci en voyant son idole enfin monter sur le trône.

Lëaya était terriblement excitée. Elle n'avait pas réussi à fermer l’œil de la nuit tant elle était impatiente d'assister au couronnement d'Elwing. En fait, à part la princesse elle même il n'y avait sans doute personne au monde qui attendait ce jour avec autant d'impatience.

Après ces siècles de débauche, le peuple elfique allait enfin pouvoir briller sous l'égide d'une reine vraiment royale. En fait, il n'y avait pas de mots pour décrire le bonheur de Lëaya à cet instant. Non seulement Elinfraï qu'elle haïssait ardemment avait péri, mais en plus, Elwing qu'elle adorait tout aussi ardemment, allait pouvoir réaliser ses ambitions. Car, contrairement à certaines de ses sœurs qui ne s'intéressaient nullement à la politique, elle savait qu'Elwing avait le sort de son peuple à cœur. D'ailleurs, Lëaya croyait sincèrement que cette dernière ferait une merveilleuse souveraine. Elle avait absolument tout pour ça : la prestance, la subtilité, la motivation et, tout simplement, le talent.

Levée bien avant l'heure de la procession, Lëaya s'efforça de passer le temps avant d'aller voir Elwing. Cela lui laissa tout le temps de se pomponner bien plus qu'à l'accoutumé. En effet, elle avait troquée ses vêtements pratiques pour une robe de mousseline verte assez légère, qui, ferait sans conteste moins tâche à une telle cérémonie. Peignée et même maquillée comme jamais elle avait également sortie ses plus beaux bijoux toujours animée par l'idée qu'elle ne devait pas faire honte à Elwing.

Ce n'est que quand elle fut certaine que sa reine était bien levée et sans doute en train de se préparer qu'elle se dirigea d'un pas décidé vers les appartements de cette dernière. Elle savait qu'Elwing serait très occupée mais elle ne pouvait pas s'empêcher de vouloir rester un peu avec elle. Même si les servantes s'affairaient déjà à la rendre encore plus royale que d'habitude, Lëaya appréciait de pouvoir passer un moment à ses côtés. En effet, la jeune elfe savait pertinemment que la soirée de sa reine appartiendrait aux grands de ce monde, et elle ne comptait pas traîner dans ses pattes. Tout au plus elle se contenterait de veiller de loin sur elle. Non pas parce que sa reine eu un quelconque besoin de protection, mais parce que Lëaya aimait bien remplir ce rôle à l'occasion. Il y avait pire comme occupation que d'admirer de loin la plus belle femme du monde.

Lorsque enfin il lui fut donné de voir l'objet de sa venue, Lëaya retint son souffle. Pour l'occasion, Elwing était encore plus magnifique qu'à l'accoutumé. Elle ne se priva pas d'ailleurs de le lui faire savoir :

« Vous êtes absolument splendide », dit-elle simplement avec l'air empathique qui sied à ce genre de propos. Mentir était chose aisée pour Lëaya mais pourtant il y avait tant de conviction dans son admiration qu'il était presque impossible de douter de la sincérité de son compliment.

Elle aurait aimé dire beaucoup d'autres choses à sa reine, s'enquérir de son état notamment, mais une armée de conseillés débarqua à ce moment précis et Lëaya eu la décence de se retirer après avoir effectué une gracieuse révérence et un petit sourire compatissant beaucoup plus complice.

Il y avait tellement d'animation dans le palais ce jour là, qu'elle ne s'ennuya pas une seule seconde en attendant le moment fatidique.

Perdue dans la foule qui formait une haie d'honneur à la reine, Lëaya eu tout le loisir de voir celle-ci s'avancer vers l'imposant trône de la salle. Pourtant, malgré l'ambiance calculée pour être impressionnante, Lëaya n'avait d'yeux que pour Elwing. Jamais elle n'avait vu femme plus belle et plus majestueuse. Sa reine rayonnait presque littéralement par sa prestance qui écrasait toutes les autres personnes présentes, tuant dans l’œuf la plus infime critique sur la légitimité d'Elwing à siéger sur le trône de Drayame.

Alors que chaque pas de sa reine se gravait dans sa mémoire pour toujours, Lëaya avait l'impression d'assister à un moment historique. Elle était convaincue au fonds d'elle qu'il n'y aurait pas d'instant plus important dans sa vie futur que celui-ci. Comment décrire ce sentiment d'apothéose. Comment expliquer ce que l'on peut ressentir lorsqu'on se retrouve face à la cristallisation de ses espoirs les plus intenses, espoirs mûris pendant de si longues années d'existences. Elle aimait tellement Elwing qu'une partie de ses désirs étaient devenus les siens sans aucune distinction. Il n'y avait rien qu'elle ne souhaitait plus que de voir sa reine monter sur le trône.

Les cérémonies s’enchaînèrent sans que Lëaya ne s’ennuie vraiment. Pourtant, ce n'est pas dans sa nature d'être aussi patiente, mais Elwing était comme un joyaux qu'on ne pouvait pas se lasser d'admirer.

Puis, vint son moment préféré, celui du serment. Bien entendu, Elwing brilla encore une fois par sa prestance, mais aussi par sa verve. Son discours enflamma la foule qui se retrouvait déjà au paroxysme de l'excitation quand le prêtre prononça la dernière phrase rituelle, plongeant tout le monde dans un silence respectueux. Lëaya laissa ses lèvres dessiner les syllabes au fur et à mesure que le prêtre les prononçait, transportée par la beauté de ce serment : « Puisse le sang de notre Ebelia ne plus jamais être sur tes mains ». Elle regarda la sève de l'arbre roi, plus dorée que de l'or, plus soyeuse que du fils d'Araniame, imprégner les mains de sa souveraine, pour auréoler Elwing de sa puissance. Le silence régna encore quelques secondes dans la salle, puis, subitement, la foule éclata. Un tonnerre d'applaudissement et d'exclamation fit vibrer la salle du trône.

Lëaya frappait dans ses mains comme tous les autres mais aucun son ne sorti de sa bouche. Si elle avait dû crier autant qu'elle était grisée, elle aurait sans doute hurlé. Alors qu'elle continuait d'applaudir à s'en faire rougir les mains, elle croisa le regard d'Elwing. Peut-être était-ce son imagination mais elle voulait vraiment croire qu'il lui était destiné. Extatique elle sourit de plus belle les yeux rivés sur la nouvelle reine des elfes.
Enfin, sa reine était Reine.