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 Leçon mouvementée

 
Leçon mouvementée Sand-g10Mar 29 Avr - 15:14
Citation :
il fut engagé par la famille Selig, dont il prit nom et couleurs, en temps que précepteur de leurs plus jeunes fils, deux jumeaux, aujourd’hui âgé de douze ans, prénommé Fenrir et Jör.

Raconte un cours avec les enfants au cours duquel un changement de perrsonnalité se produit et comment tu fais pour le cacher.

« Lequel de vous deux peut me donner la définition du mot Armoiries ? »

Comme à l’accoutumé, Fenrir leva la main et attendit sagement que je l’interroge, sachant pertinemment que son frère n’avait pas la réponse.

« Enfin, Jör, essaye de répondre ! Je sais que tu as du mal avec toutes ces notions mais ce n’est pas une raison pour ne pas fournir d’efforts. Et ôte ce pouce de ta bouche, c’est parfaitement inconvenant. »

Difficilement, comme un contrecœur, l’enfant assis à droite de son frère retira son doigt plein de bave pour l’essuyer discrètement sur la manche de son jumeau, croyant naïvement que je serais dupe. Je pris néanmoins le parti de ne pas réagir, sachant à quel point les réprimandes étaient vaines contre le jeune garçon. Fenrir, lui, ne sembla s’apercevoir de rien, sans doute trop habitué aux excentricités de son frère pour s’offusquer de si peu. Le silence emplit l’annexe de la bibliothèque, dans laquelle je dispensais la plupart de mes cours. Sur la table de bois laqué qui me séparait de mes élèves, reposait pléthore de documents, parfaitement empilés selon un ordre presque maniaque, à l’image du reste de la pièce. Les livres qui s’élevaient jusqu’au plafond reposaient calmement sur leurs étagères, rangés par ordre alphabétique de thèmes puis auteurs. Cette salle était d’autant plus impressionnante que la famille qui l’avait financé n’était d’une bourgeoisie que très modeste, ainsi, une telle somme d’ouvrage, qui devait tenir front aux demeures les plus nobles, semblait assez incongrue. C’était pour cette raison particulière que j’avais accepté de m’engager dans cette lignée précise, alors que tant d’autres, avec des salaires bien plus affriolants, m’ouvraient leurs portes.

Tandis que je me retranchais dans ce silence impatient, Jör, qui avait sans doute fini de nettoyer sa phalange, daigna enfin répondre :


« Des armoiries, c’est un ensembles de meubles… »

Je fermai les yeux afin de retenir à grande peine mon soupir. Si je n’étais rémunéré qu’à la connaissance inculquée, ce n’était certainement pas ce gamin qui ferait ma fortune. Son jumeau, quant à lui, était davantage studieux, m’apportant un réconfort bienvenu dont il n’avait même pas l’idée. Alors que tout enfant aurait rit de la bêtise de ce camarade arriéré, Fenrir restait calme, la main toujours levé, attendant mon attention. Quant enfin je lui fis signe de répondre, il formula sa phrase d’une voix claire, posée et parfaitement articulée, peu commune aux autres jeunes gens de son âge :

« Ensemble des emblèmes consacrés par l'art héraldique et constitués par des signes en couleur, distinctifs et symboliques, attribués à des familles nobles, des villes, des peuples, des corporations… »

« Bien, et vous pouvez sans doute me dire – Jör, ne grimpe pas sur la table ! – vous pouvez sans doute me dire quelles sont les armoiries de votre maison. »

Cette fois, mes deux élèves levèrent la main. Jör, heureux d’avoir enfin une réponse, se trémoussa un instant, s’asseyant sur les genoux pour paraitre plus haut que son frère dont il était le portrait craché, et n’attendit pas que je l’interroge pour débiter sa pensée :

« Nous, on a un écu, avec… avec sur le haut, du noir et du bleu, et… et en bas, un pégase avec dans la bouche le… truc du vase. »

« Le truc du vase s’appelle la anse d’une amphore. Mais tu as l’image en tête. Peux-tu me donner la symbolique de ces éléments ? »

Jör me fixa un moment, la bouche grande ouverte, avant de se rendre compte qu’il ne connaissait pas la réponse, et il s’assit, dépité. Je reportais mon attention sur Fenrir, qui commença :

« Le noir du champ peut avoir plusieurs signification mais la plus probable serait celle des épreuves et les hermines bleues, la bonté. Ainsi, nous mettons en avant le caractère solidaire de notre maison. Le pégase, dans sa symbolique populaire, représente l’Esprit et l’amphore : la vie et le plaisir. De ce fait, c’est par l’élévation de l’esprit que l’ont touchera le bonheur. C’était la ligne de pensée de notre ancêtre philosophe qui a apportait la noblesse à sa descendance. Les supports de part et d’autre de l’écusson sont des Woxors, représentations de l’Introspection – encore un rappel à la profession de notre parent. La devise « Je meurs où je m'attache » nous dirige vers une recherche constante de la liberté, et nous apprends également à savoir prendre du recul sur tout, pouvoir se défaire de nos liens, autant physiques que sentimentaux ou moraux. »

« Excellent ! Prends notes Jör, je pourrais être tenté de t’in… »

Un violent vertige me pris, me coupant dans ma phrase. Le décor autour s’embrouilla, comme le reflet dans une surface d’eau qui venait d’être perturbée par la pénétration d’un caillou. Les signes étaient symptomatiques. Le fauteur de troubles était en route. Non, non, non ! Ce n’était vraiment pas le bon moment, surtout avec les deux paires d’yeux fixées sur moi, cherchant la cause de mon brusque silence. Trébuchant sur chaque mot, je formulais difficilement ma phrase :

« Jeunes gens, je vous mets au défi de me trouver l’ouvrage l’Histoire de Zelphos et le bestiaire de Terra. »

Ravi, du petit jeu inattendu, Jör se rua dehors, rapidement suivit de Fenrir. Zelphos et Créature. Deux sections opposées de l’immense bibliothèque, cela me laissait du temps. Je déchirais rapidement un bout de papier sur lequel j’écrivais de ma main tremblante, m’arrêtant par moment pour repousser les assauts psychique. Quant enfin, j’eus fini le dernier mot, je m’effondrais sur la table.



Ah ! Combien de fois devrais-je répéter à l’autre abruti de s’allonger ! Il n’y avait rien de plus pénible que d’ouvrir les yeux pour voir qu’on est entrain de tomber. Je me redressais vivement, me massant le front. Cette table n’était vraiment pas confortable. Un bout de papier sous mon coude attira mon attention. Je reconnu l’écriture penchée et élégante que je n’avais jamais su reproduire, quant bien même ce fut la mienne.

« Élèves sont là. Pas de conneries. »

A en croire sa calligraphie légèrement tremblante, il ne devait pas avoir anticipé mon arrivée. J’adorais les surprises ! Un bruit de cavalcade se fit entendre et l’un des deux jumeaux – je ne les reconnaissais jamais – déboula, une grosse encyclopédie entre les mains.

« C’est moi ! J’ai trouvé avant Fen’ ! J’ai gagné ! »

Le deuxième frangin entra dans la pièce et posa un livre devant moi, comme si j’en avais quelque chose à faire.

« Dites monsieur, intervint le premier, on fait quoi maintenant ? »

« Rien, le cour est terminé ! »

Je me levais d’un bond et sortis de la salle, regardant à droite, à gauche, afin de retrouver un chemin familier qui me permettrait de sortir de la demeure et de rejoindre le bordel le plus proche. Norost, qui jusqu’alors était resté assoupis sur la table se réveilla brusquement et, d’un saut, rejoignit mon épaule où il s’agrippa.

« Terminé ? Mais ça fait à peine une heure que nous avons commencée.
-Ouais. Mais les armoiries c’est chiant, on pourrait pas plutôt travailler sur autre chose !
-Non. C’est important de connaitre l’histoire de notre famille.
-Non, on s’en fout ! Moi j’veux apprendre à me battre ! Plus tard, je serais le plus grand guerrier de tout les temps !
-Nous sommes les derniers nés de la famille, nous ne sommes pas fais pour devenir guerrier.
-Oui, mais moi je veux quand même. Tu verras que je…
-FERMEZ LA, BANDE DE MORVEUX !
»

Les sales mômes m’observèrent, bouche-bée, sans doute peu habitué à me voir élever la voix. J’allais sortir ma Miséricorde pour poignarder l’un des deux, avant de retenir mon geste. Après tout, on pouvait bien s’amuser tous les trois. Je m’accroupis pour arriver à leur niveau et souffla d’une voix mielleuse et sifflante.

« Dites, les garçons, dans la vie, ce n’est pas tout de connaitre les règles et de les réciter sagement. Parfois, il faut faire preuve d’initiative et savoir sortir des sentiers battus.
-Un peu comme le dit notre devise ?
-Euh… Ouais… Tout pareil. Bref ! Est-ce que vous êtes prêts à sortir des sentiers battus ?
-OUIIIIII !
»

Je tournais la tête vers le gamin surexcité qui venait de crier, sa voix atteignant des aigus difficilement supportables. Je l’aimais bien, ce gosse.

« Je ne suis pas sur que ce soit une très bonne i…
-Allez, Fen’ ! S’te plait !
-D’accord, mais il faudrait prévenir nos p…
-Ah, au diable la prudence. Apprenez à vivre jeunes gens !
»

Je pris la main de chacun des frères et les entrainèrent vers la sortie que je venais juste de repérer. Au loin, j’entendis la voix cristalline de la maitresse de maison.

« Excusez-moi ! Byron ! Où allez vous donc ainsi ?
-Inculquer de bonnes valeurs à vos enfants !
»

Sans autres explications, je m’engouffrais par la grande porte et montais dans le véhicule qui stationnait toujours dans l’allée de la demeure.

« Le marché populaire. »

Je me laissais aller contre le dossier rembourré de la banquette.

« Mère et père nous ont dit de ne jamais s’approcher des quartiers populaires.
-Et vous avez obéit sans vous posez de questions. Comment savoir si on est loin de quelque chose qu’on ne connait pas ?
»

Le jeune garçon sembla réfléchir longuement cette phrase, comme si elle était porteuse d’une lourde vérité alors même que je l’avais lancée sans réfléchir. Le trajet dura de longues minutes silencieuses. L’un des deux enfants était à genoux sur le siège, les mains et le front collés à la fenêtre tandis que son alter ego était calmement assis, attendant que la voiture s’arrête. Enfin, nous pûmes descendre pour nous heurté à l’hystérie permanente de cette place publique. Les marchands criaient leurs annonces, tentant de couvrir la voix de leurs concurrents ; les voleurs bousculaient dans tout les sens, laissant leurs mains s’attarder près des poches trop exposées ; les ivrognes, déjà bien éméchés à cette heure avancée de l’après-midi, chantaient en titubant, apostrophant les gens pour leur tenir des propos incohérents. Je guidais les enfants effarés aux cœurs de cette cohue comme l’habitué que j’étais, ne faisant pas l’économie de coups de coude pour imposer mon passage. J’arrivais enfin à un endroit plus calme où je pus faire face à mes deux élèves.

« Alors, les garçons ! Qu’est-ce qui vous ferez plaisir ?
-Rentrer !
-Une glace !
-Pourquoi rentrer déjà alors qu’on commence juste à s’amuser. Allons pour la glace !
»

Deux minutes plus tard, nous nous enfoncions dans une ruelle sordide, bien loin de l’agitation du marché, armés chacun de notre glace, que j’avais pris soin de prendre de tailles inégales afin de montrer ma supériorité par le nombre plus conséquent de boules. Tandis que je léchais joyeusement mon met, une voix retentit :

« Alors jeune homme, besoin de compagnie ? »

Lentement, mon regard dériva vers une femme, sans doute une décennie de plus que moi, vêtue de draperies affriolantes, caractéristique de sa profession. Les deux mômes nous fixèrent sans comprendre. Je m’accroupis devant eux et leur souffla à l’oreille :

« Allez, les jeunes, il est temps pour vous de se comporter en hommes ! J’ai un petit jeu pour vous. Je vous abandonne là et le but et votre but est de survivre. Comme ça va être amusant ! Enfin vous verrez bien ! On se revoit plus tard ! Si on en a l’occasion, du moins. »

Sans accorder un autre regard à mes deux élèves perdus, je rejoignis la catin qui, me prenant par la main, me conduisis au hasard des ruelles. Norost sauta de mon épaule et se dirigea vers les deux gamins. D’un haussement d’épaule, je laissais mon animal s’éloignait.

Je me retournais, poussant un long soupir et rejetant au loin l’oreiller qui me couvrait la vue. Je me redressais, détaillant prudemment la pièce dans laquelle je me trouvais. Un grand lit constituait la quasi-totalité du mobilier. Les draps et les couvertures éparses ne laissaient pas le doute quant à l’activité qui avait été menée. Fourbu, je me remis sur pied et m’habiller rapidement. Dans la pièce d’à côté se trouvait une femme, sans doute trentenaire, un verre de vin dans une main et une cigarette dans l’autre. Elle me fixa un instant :

« Vous m’avez l’air différent.
-Combien je vous dois ?
»

Je ressortis de l’appartement sordide pour me retrouver emporté par les tourbillons d’une rue populaire en ébullition. Mais que pouvais-je bien faire là ? Subitement, un poids familier se fit sentir sur mon épaule. Tournant la tête, je me retrouvais nez-à-nez avec la petite boule de poiles qui avait l’habitude de hantait cette endroit. Je me dirigeai vers les quartiers nobles afin d’y retrouver Fenrir et Jör, quand je sentis les petites dents de Norost se plantait dans mon coup. Je reportais à nouveau mon attention sur l’animal qui bondit à terre et disparut au coin d’une petite ruelle. Je me dépêchais de le suivre, étonné par son comportement. Quand enfin il daigna s’arrêter, je vis deux silhouettes prostrées sur le sol. Je m’approchais pour voir qui étaient ces deux être quand l’une se releva d’un bond et couru vers moi pour se blottir contre mon flanc.

« Fenrir ? Mais que fais-tu ici ?
-Dites, vous n’allez plus nous laisser, hein ?!
»

J’avais rarement vu Fenrir aussi hystérique. Saisissant sa main, je me dirigeai vers Jör, toujours assis par terre, occupé à bloquer de sa main le flux de sang qui sortait de son nez. Me ressaisissant, je relevais le jeune garçon et fis pression juste en-dessous de l’os nasal.

« Qu’est-ce que vous faites ici, tout les deux ?
-Mais c’est toi qui nous a conduit ici. Tu nous a abandonné !
-Oui, pourquoi t’as fait ça ?!
»

Je ne répondis rien, maudissant intérieurement l’Autre. Que ne comprenait-il pas dans les mots « Pas de conneries » ? Mais l’heure n’était pas aux réprimandes. Pour l’instant, il était essentiel que je sauve la face. Je réfléchis à toute allure, cherchant une raison pour une telle escapade.

« Vous vous souvenez la devise de votre maison ?
- Je meurs où je m'attache
-Exact, Fenrir. Et qu’as-tu dis à ce propos ?
-Qu’il ne fallait pas seulement le prendre au premier degré. Qu’il fallait également se détacher des codes préétablis.
-Pas seulement. Tu manques l’essentiel. Il faut se détacher des modèles ! improvisais-je. C’est le plus important. Quelle folie vous a prise de me suivre sans vous poser de question ? Ce n’est pas parce que vous êtes entourés de parents, nourrices et professeurs que vous ne devez pas réfléchir par vous-même en regardant au-delà de ce que d’autres ont pensé pour vous. Je vous ai demandé de me suivre dans une aventure particulièrement dangereuse et irraisonnable et vous avez obéit. Sans prendre conscience de la folie de mon acte. Tout ceci nous prouve que vous n’avez rien compris de la leçon qu’a voulu transmettre votre ancêtre. Vous avez appris votre devise sans la comprendre. Nous allons devoir y retravailler. Allez, venez !
»

Heureux de ma sortie honorable, je posais mes mains sur l’épaule de chacun des deux frères et pris la direction de notre maison. Je savais pertinemment que je ne pourrais pas toujours couvrir les frasques de l’Autre et qu’en grandissant, mes élèves se rendraient compte de l’absurdité de tout ceci. Mais pour le moment, je savourais le moment présent, ravi d’avoir échappé à un scandale rocambolesque. Les deux garçons, la tête baisée, honteux, ne reparleraient sans doute jamais de cette expérience. De quoi pouvais-je me plaindre en ce bel après-midi ensoleillé ?

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