Mellinià 113

Hector portait un grand manteau marron, assez vieux, assez sale. Cependant, il lui tenait chaud et c'était bien là le principal. Sous celui-ci, une chemise à carreaux et un pantalon épais. L'hiver était rude bien que sans neige. Le vent était glacial et à chaque bourrasque, les cheveux longs d'Hector lui revenaient dans le visage. Heureusement son bonnet de laine beige et sa barbe épaisse le protégeaient assez efficacement.

Hector avait bien travaillé aujourd’hui encore, dans la forêt de Drayame. Il avait « descendu » beaucoup d’arbres, comme on disait entre bûcherons. Et c’est ainsi, fourbu, qu’il prit le petit sentier forestier, direction Sombrebois (son village). La nuit venait de tomber et sa torche éclairait à quelques mètres autour de lui. Il craignait un peu l’hiver à cause de ça : rentrer des bois, la nuit, était toujours un peu dangereux. Beaucoup de créatures avaient la vision nocturne… mais pas lui ! Aussi était-il souvent sur ses gardes, mais, la fatigue aidant, il lui arrivait aussi d’avoir des absences.

Et là, il en avait une, d'absence. Il était "ailleurs", marchait comme un zombie, suivait bêtement ses pieds...

Un matin, comme tous les autres… Je n’avais rien à faire. Je m’ennuyais tout simplement. A force de fixer, les murs de ma demeure, j’avais l’impression qu’il avançait vers moi. Je devais sortir. Je devais partir pour un temps, faire un genre de voyage. J’allais dans le bureau de mon mari. Rien n’avait changé depuis sa disparition, tout était à la même place.

Je n’arrivais pas à accepter sa mort. J’avais l’impression qu’il franchiserait la porte comme si de rien n’était, avec son sourire charmeur… Cependant, son corps gisait dans le mausolée familial. J’étais là, je l’avais vu. J’avais constaté sa mort. Des fois, il m’arrivait de rêver, que ce n’était qu’un cauchemar.

Je cherchais une carte dans ce bureau, alors que la poussière avait pris place. Je voulais voir ou je pouvais aller, me perdre un instant, et vivre sans être hanté par le passé. Je l’étalais sur le bureau, et je m’assis sur le fauteuil. Le seul meuble ou la poussière avait refusé de se poser. Normal, j’y passais des heures à fixer les tableaux en pensant à lui. Je devais faire mon deuil, j’en avais conscience. Cependant, au fond de moi, j’espérais quand même trouver l’assassin de mon mari.

Je regardais sur la carte, le dessin de la forêt de drayame. Ca faisait bien longtemps que je n’avais pas mis les pieds là - bas. Je la trouvais apaisante malgré ce qui y rôde. Peut – être parce que moi –même j’étais une prédatrice qui aimait se baigné dans le sang ? Surement.


Je décidais donc d’y aller. Je rangeais la carte à son endroit. Rien ne devait changer dans ce bureau. Je demandai d’atteler mon cheval. C’était un cheval noir avec une tache blanche à l’encolure. Il se nommait Sleipnir. Je pris aussi deux sacoches. Elles regorgeaient d’objets en tout genre pour le voyage. Je pris mon épée, ainsi qu’un arc, et un carquois. Sans oublier, les petites lames que j’aime tant.

Je décidai de mettre une tenue plutôt simple. Je partais pour une longue balade à cheval, je serais plus à l’aise vêtue de la sorte. Je mis un pantalon brun foncé qui dessinait la forme de mes jambes, et qui était recouvert par des cuissardes noires à talon carré. Pour simple haut, j’avais une tunique blanche qui se terminait à mi - cuisse, de cette manière me permettait de cacher mes lames. Elle était pourvu de manche courte, et avec une ceinture noire sous ma poitrine. Et pour finir le tout, j’avais une cape à capuche noire.

Je partis dans la journée. Je prévoyais de revenir dans trois semaines. Je mis plusieurs jours pour arriver dans la forêt. J’avais besoin de prendre l’air. Par moment, je m’arrêtais à des auberges pour passer la nuit. Et une fois ou deux, un homme disparaissait. J’aimerais bien m’excuser de mes crimes, cependant, je ne regrettais rien.

C’était le soir quand je vis les premiers arbres grandir vers les cieux. La lune était magnifique. On la voyait entre les nuages. Je me faufilais entre avec mon cheval. Il avait l’air un peu effrayé. Avait – il une créature qui nous fixait ? Je passais ma main dans sa crinière, pour le rassurer.

Je m’enfonçais donc tranquillement dans le domaine des elfes. J’en avais déjà rencontré par le passé, et j’avoue n’avoir jamais goutté leur chair. C’est la que je sentis des gouttes tomber. Cette odeur ? Je la connaissais. Je levais les yeux vers le ciel en écoutant les vibrations. Quelque chose était dans l’arbre… Je sortais la langue pour attraper une goutte, comme un enfant ferait avec la pluie… Ce n’était pas de l’eau, mais du sang.

J’aurais dû choisir un autre lieu. La chose saignait. Etait – ce une créature ? Ou un être humanoïde ? Tout ce que je pouvais sentir, c’était qu’il ne dégageait pas de vibrations comme si il était mort.

Je serrais les rênes du cheval pour qu’il se calme. Car monsieur commençait à stresser, et gesticuler dans tous les sens. Et ce n’était pas le moment, vu qu’il embrouillait ma perception des vibrations…

Un rugissement se fit entendre criant son envie de nous dévorer… Je ne voulais pas savoir ce que c’était …. Je sortis mon épée de son étui qui était accroché à la selle. On ne sait jamais. Malheureusement pour moi, Sleipnir se braqua, et se cabra… Je tombais, épée en main sur le dos… J’entendis un « craque »… et une douleur fulgurante parcourra ma jambe, puis mon dos… Je priais pour que ma jambe ne soit pas cassée… Ou autre chose de mon corps… Quand au cheval, il s’échappa de peur dans la forêt.


- Sleipnir ! SLEIPNIR ! REVIENS !

Rien à faire ! Et pour couronner le tout, le rugissement retentit à nouveau. Et j’étais un peu sonnée, donc je ne pouvais pas bouger.

Hector fût sorti de ses pensées par le passage à coté de lui d’un cheval au galop. Ni un cheval sauvage, ni un cheval avec un cavalier. Un cheval sellé… mais seul. Il y avait un souci quelque part ! Et, effectivement, quelques instants plus tard il entendit des cris :
SLEIPNIR ! REVIENS !

Hector continuait d’avancer lorsqu’il vit au sol, une femme. Visiblement blessée, elle semblait légèrement apeurée. Elle tenait sa main à plat comme pour voir si la pluie tombait… sauf qu’au creux de celle-ci, c’était des gouttes de sang qui étaient tombées… Hector leva la tête et vit un animal qu’il connaissait bien : un skoll, une sorte de tigre à la peau d’écorce. Celui-ci tenait dans sa gueule un renard sanglant. Hector prit la hache à sa ceinture dans sa main libre. Il ne pouvait lâcher sa torche pour prendre son bouclier dans l’autre main.

Le skoll sauta de sa branche et lâcha le renard à coté de lui. Hector attaqua. Un beau coup de hache dans le tronc du skoll. Un coup assez puissant qui fit hurler de rage et de douleur la bête sauvage. Diminué mais énervé, le skoll attaqua. Il bondit la gueule ouverte, en direction de la tête du pauvre bûcheron. Dans un réflexe, celui-ci se baissa et tenta de brûler au passage la bête. Le coup fonctionna et la bête commença à prendre feu. Elle s’allongea alors au sol pour étouffer les flammes et Hector voulu en profiter pour charger de nouveau. Malheureusement, en se retournant trop vite, il glissa et se retrouva un genou à terre. Il en profita pour regarder du coté de la cavalière. Où en était-elle ?

Ma tête tournait. Je la posais un instant sur le sol, fermant quelques secondes les yeux. Une bête rodait, je ne devais pas l’oublier. Elle était peut être au-dessus de moi… Je devais me reprendre. Pourquoi ce cheval s’est barré ? Je soufflais fort. Les vibrations se mélangeaient et je n’avais plus que mes yeux pour voir… Je suis bonne pour avoir une migraine. Je me redressais un peu, tout en me tenant la tête, quand une douleur me figea… Je m’étais fait quelques choses à ma cheville… Génial !

Je regardais autour de moi dans ce noir, et je ne vis pas grand-chose. Quand soudain, un homme arriva avec une torche. Je me couchais à nouveau contre le sol. C’est là que je sentis une odeur macabre… Je fixais à coté de moi, et une bataille se déclara. Je devais m’enlever de là. Et toutes ses vibrations me faisaient si mal à la tête que je criai…

« Ça suffit ! »

Je n’en pouvais plus. Je me mis finalement assis avant de prendre un coup, quand la bête pris feu… FEU ! Je me figeai. Je n’aime pas le feu, j’en ai limite peur quand il est en dehors d’une cheminée ou d’une lampe à l’huile, voire d’une bougie. Je me mis à trembler. Je glissais sur les fesses pour m’écarter le plus loin possible de ce feu, de ce brasier vivant. Je voulais que la bête meurt aussi vite que le feu a pris.

Quand je fus contre un arbre, je remarquais que je n’avais pas lâché mon épée. Ce qu’il m’aurait fallait sur le coup, c’était mon arc. C’est là que je pensai à mes lames, celles qui se trouvaient autour de ma cuisse. Je remontais ma tunique, prise une. Je savais qu’avec toutes ses vibrations qui s’embrouillaient, j’aurais du mal à viser. Cependant je devais essayer. Je tendis mon bras vers la bête, et je lançai ma lame. Une lame qui fendit le feu pour se loger dans l’œil de la bête. Elle hurla de douleur, enfin son cri ressemblait à ça.

Maintenant, fallait attendre. Soit le feu plus ma lame la tuait, soit on était tous morts. La peur ne m’aidait pas à voir clair. Je cherchais l’homme du regard. Je le voyais un genou à terre… Que pouvais – je bien lui dire… Il m’avait aidé sans que je lui demande… Je ne savais pas quoi lui dire… Que ferais une personne normal face à cette situation ? Euh…. Je tentais de réfléchir mais mon mal de tête m’y empêcha.

Donc avec une douceur dans la voix, et le plus naturellement possible, je lui dis :

- Ca va ?

La fille semblait aller mieux, elle s'était assise contre un arbre, releva sa tunique, prit une lame qui était accrochée à une sorte de jarretelle sur son pantalon et la tira en direction du monstre. Celle-ci alla se loger dans l’œil de la bête. Celui-ci hurla de douleur et s'effondra. Hector courut vers lui et lui mit un gros coup de hache dans la tête suivi de deux ou trois autres dans le dos.

- Ca va ? Demanda la fille.

Hector ne l'entendit pas.

Là ça devrait être bon, j'pense... Dit-il en souriant à la jolie fille en noir.

Et en effet, le skoll était bel et bien décédé. Paix à son âme, si tant est que ces sales bestioles en soient pourvues... Hector alla alors vers la jeune femme et lui tendit la main pour l'aider à se relever.

Hector Schwerbess, enchanté, tu vas ... bien ?

Il était souriant. Ce petit combat l'avait réveillé et il était content d'avoir pu faire équipe avec cette jolie fille. Elle avait le teint clair et des cheveux d'un noir de jais. Le contraste était saisissant... et très beau !

J'ai croisé un cheval tout à l'heure... C'était le tiens, non ? Noir qu'il était, il me semble... Tu ... veux qu'on aille le chercher ?

Non, vraiment, très très beau, le contraste.

La bête était morte. L’homme s’était acharné dessus. Je n’allais pas lui reprocher. Il fallait mieux être sûr. Je ne veux pas finir en steak ! Ma jambe me faisait mal. Je pliais mon genou, et je touchais la cheville. Elle était humide… Et la cuissarde déchirait ! Youpi ! Je suis blessée.

Maudit cheval ! Après je comprends Sleipnir, mais voilà… Il aurait fuir avec moi sur son dos ! Je reprenais mon souffle. Ma tête me faisait toujours aussi mal. Cependant la folie des vibrations se calma. Ça me soulagea un peu la migraine. L’inconnu n’avait donc pas entendu ma question ?

J’aurais du rien dire ? Je ne savais pas quoi faire. J’étais coincée contre un arbre devant un monstre. J’étais même crispée. Le feu brulait toujours. Il était moins fort qu’avant mais ce maudit feu était toujours là. Je devais paraitre calme comme si je contrôlais la situation, et ce n’était pas du tout facile !

Il alla vers moi, me tendant la main. Je le fixais. Je ne savais pas si je devais le suivre. Est-ce que je pouvais marcher correctement ? Je n’avais pas envie de sortir mes pattes. Montrer ma vraie nature tut de suite comme ça, je ne voulais pas.

Je le regardais, essayant de lui faire un sourire.

- Enchanté Hector, je vais… En fait, je suis blessée pour tout avouer.

Je pourrais toujours l’empoisonner si, il venait à vouloir me tuer. Une simple morsure. Je restais donc sur mes gardes. Il me demanda pour le cheval. Il l’avait vu donc il pouvait savoir quelle direction, mon cheval avait choisi.


- Je m’appelle Freya, juste pour information. Et c’est bien mon cheval. Sleipnir. J’aimerais bien le retrouver. Dans une de ses sacoches, il y a de quoi me soigner.

Je lui offris un vrai sourire. Je tentais de me relever avec mon épée, celle que je n’ai toujours pas lâchée. Ma main était crispée sur le manche, à telle point que mes articulations me firent mal. Je chutais au passage. Ma cheville n’était pas cassée, j’en étais sûr. Cependant elle était fragile, trop à mon gout.

Je tapais l’épée contre le sol, en avalant ma salive de travers. Foutu cheville !

Enchanté Hector, je vais… En fait, je suis blessée pour tout avouer. Je m’appelle Freya, juste pour information. Et c’est bien mon cheval. Sleipnir. J’aimerais bien le retrouver. Dans une de ses sacoches, il y a de quoi me soigner.

Mais elle ne prit pas la main qu’Hector lui avait tendu et s’en mordit – peut-être – les doigts car elle chuta en essayant de se relever seule, en s’appuyant sur son épée. Hector examina sa main… Elle n’était pas plus sale que d’habitude. Peut-être que la fille était une bourgeoise – ah oui, elle en avait l’air – et qu’elle ne voulait pas mettre sa douce main dans la grosse patte calleuse du bûcheron !

Néanmoins, il la prit par les aisselles pour l’aider à se relever. Il n’était pas rancunier, Hector ! Une fois sur pied, l’homme et la femme s’engagèrent dans la direction d’où venait Hector pour retrouver le cheval. Freya boitait bas.

Si tu veux, tu peux t'appuyer sur mon bras... Proposa-t-il, hésitant.

Hector marchait tranquillement. Il avait toujours sa torche à la main. Il avait remis sa hache à sa ceinture et sa deuxième main trainait négligemment dans sa poche. Il regardait à droite à gauche pour voir si le cheval ne se cachait pas hors du chemin et il en profitait de temps en temps, pour admirer discrètement le céleste visage de Freya.

Il pensa un moment appeler le cheval mais il se dit que celui-ci ne viendrait pas si c'était lui qui l’appelait. Alors, ne sachant trop que faire, il engagea la conversation.

Et sinon, qu’est-ce que tu f'sais dans la forêt, si tard ? Tu dois pas y travailler ? J’t’ai jamais vu par ici…

Il me proposa de m’aider. Je trouve cela bien charmant de sa part. Il m’aida d’ailleurs à me relever. Je me sentais ridicule pour le coup. Je ne voulais pas l’embêter avec mes soucis. C’était stupide de venir ici alors que la nuit était tombée. Cependant, j’assumais ma folie, et l’embarquais dans une telle aventure… Ca je ne voulais pas. Je n’avais pas envie de tuer pour le moment, et d’en faire ma proie. Hector était en sécurité pour le moment.

J’avais l’habitude de contrôler la situation, d’avoir un plan de secours, de gérer cela. Ce soir tout était hors de contrôle. Le cheval avait cabré et prit le contrôle de la situation avec lui. Je soufflais pour cacher que m’avoir aidé à me relever m’avait fait mal à la cheville.

Devais – je le remercier ? Il ne me laissait pas toute seule dans la forêt. Il était gentil. Devais – je être sincère ?

- Merci, dis – je avec une certaine hésitation.

Avant de prendre la route, je rangeais mon épée dans la ceinture qu’il y avait sous ma tunique. Ensuite, j’ai essuyé ma main moite contre mon pantalon. Je l’avais trop serré. Et c’est là qui me proposa son aide. Je boitais en marchant… Et c’est vrai que j’avais du mal à marcher. Je ne savais pas si je devais refuser ou simplement accepter… Je finis par simplement ne pas répondre. Pour le moment, je voulais avancer seule.

Il me demanda ce que je faisais ici. Je ne savais pas quoi lui dire. Lui mentir comme j’ai tant l’habitude de faire ? Aucun intérêt. Je détournais simplement la vérité en ne la disant qu’en partie, et j’ai omis de dire le reste.

- Cela fait bien longtemps que je ne suis pas venue ici. C’est peut- être pour ça que tu ne m’as jamais vu dans la forêt.

Qu’est-ce que j’avais mal… Mais je suis forte, je réussirais à surmonter la douleur ! De plus, on devait chercher mon cheval. Hurler son nom, c’est se faire remarquer des bêtes qui rôdent autour de nous, et qui ont faims. Déjà que … La torche n’allait pas nous aider à rester discret. Et surtout, je n’aime pas le feu. Je jetais un regard accusateur envers le feu. C’était ridicule de ma part, mais je n’ai pas pu m’empêcher.

- J’en conclus que tu travailles ici, donc tu es bucheron ? voir chasseur ?

Sympathiser avec lui n’était pas une mauvaise idée. Et puis, Hector était gentil avec moi, et charmant. En même temps, j’essayais de me concentrer pour sentir les vibrations qu’un cheval peut émettre. Même si les vibrations ne font que le tour de l’animal, dessinant sa forme, j’arriverais à le reconnaitre.

- Il a du s’enfoncer dans la forêt… Ce cheval !

Ca m’agaçait de lui courir après dans la nuit, dans cette forêt. De plus avec mon mal de crâne, j’avais du mal à décerner les choses. Je suis maudite !

J’essayais tellement de me concentrer sur les vibrations que je posais le mauvais pied au sol, que… Je me suis fait super mal… Une douleur parcourra violement ma jambe. Je lâchais un petit cri « Merde ». Je perdis mon équilibre, et tombai sur Hector. Magnifique ! Maladresse en plus ! J’ai senti le feu trop près de moi, et je me crispais contre lui. Foutu peur qui sert à rien …


- Euh….

J’étais gênée pour le coup. Qu’est ce que je suis pathétique ce soir, ce n’est pas possible !!

Peut-être avait-elle ravalé sa fierté car elle remerciât - avec une certaine retenue tout de même - le bûcheron quand il l'aida à se remettre sur pieds.

- Cela fait bien longtemps que je ne suis pas venue ici. C’est peut- être pour ça que tu ne m’as jamais vu dans la forêt.

Mouais, pensa Hector, ça répond pas trop à ma question mais bon...

Une fille qui se promenait ainsi, avec épée, lames et cheval... C'n'était pas une simple promeneuse. Peut-être Schwerbess aurait-il dû s'en inquiéter. Mais non, même ici dans cette sombre forêt, même ici dans ce pays où la guerre n'était jamais très loin, Hector était serein. Rien à voir avec la jambe en vrac de la fille. C'était autre chose, une sorte de confiance qu'il donnait aveuglément à cette fille au visage angélique. Elle ne pouvait être mauvaise, au fond... Elle prenait sûrement quelques précautions ou bien elle craignait - à juste titre - les mauvaises rencontres !

- J’en conclus que tu travailles ici, donc tu es bucheron ? voir chasseur ?

Hector lui sourit.

Gagné ! Chuis bûcheron.

Il montra sa hache.

C'était pas trop difficile à deviner, en même temps !

En la regardant, il crut la voir froncer les sourcils. Elle devait souffrir.

- Il a du s’enfoncer dans la forêt… Ce cheval !

Je m'y connais pas trop en chevaux... Dit simplement le bûcheron, légèrement inquiet pour Freya.

Un peu plus tard, alors qu'ils marchaient doucement cote à cote, la fille tomba sur Hector.

Merde ! Dit-elle en perdant l'équilibre.

Hector la rattrapa. Elle se serra contre lui.

Oups, ça va Freya ?

Il l'observa et vit comme de la peur dans ses yeux.

Etrange...

Hector s'accroupit, posa sa torche contre une pierre, et aida la fille à se poser contre une souche d'arbre.

Tu sais, vaut p't'etre mieux rentrer au village si tu peux pas marcher... Le cheval reviendra p't'etre... et puis, vaut mieux perdre un cheval que la vie.

Il espérait qu'elle se reposerait un instant pour réfléchir calmement.

Si tu portes la torche, j'peux t'porter jusqu'au village...

- Euh…. Oui, je crois…

Je ne lâchais pas le feu du regard, puis je me recentrais sur Hector, j’avais posé mes mains sur son torse.

- J’ai perdu mon équilibre… Désolée…

Je n’aime pas être faible ! Je ne peux pas être faible ! C’était inconcevable ! Enfin, ce soir, on dirait que tout est possible ! Je baissais les yeux. Ce n’est pas parce qu’il est moche ou quoique ce soit de ce genre, non juste que… Je me sentais stupide de ma faiblesse.

Il posa sa torche maléfique, et m’aida à me poser contre la souche d’un arbre. On devait retrouver mon cheval ? Pourquoi faisait – il cela ? Je ne comprenais pas son comportement. Quel étrange personnage ! J’en profitais quand même pour la toucher. Je saignais, et j’étais enflée… Bravo ma petite, tu aggraves ton cas, pensais – je. Ça m’énervait !

- Laisse-moi ici, je me débrouillerais !


Il perdait son temps avec moi. Je trouverais bien un moyen de me débrouiller… Je sais !!!! Erina, était toujours sous ma chevelure. Elle s’accroche à mes cheveux comme si c’était une toile d’araignée. Elle en fait pas mal mais dans les chutes comme celle que j’ai eue, elle tire un peu les cheveux. La petite mygale a tendance sur pointer sur épaule pour voir ce qu’il se passait. Et je lui demandais de me retrouver le cheval ? Ce serait une bonne idée ! Elle est mon amie, fiable et fidèle ! Cependant, une question restait en suspens. Devais – je laisser Hector la voir ?

- Rentrer au village ?

Il m’avait interrompu dans ma réflexion. Pourquoi arrêter là, et allait au village ? Il veut me porter ? Il est fou ? Je ne touche pas à cette torche !

- Le village est – il loin ?

Ce cheval était important pour moi. Ma vie a autant de valeur que la vie de ce cheval ! Chacun ses priorités dirons – nous.

Je tentais de me relever, ce que je réussis m’en aidait d’un arbre, et de la souche. Enfin debout, je pris Enira, et la posa dessus. Bien sûr, j’étais dos à Hector. Je murmurais à ma Mygale de rechercher Sleipnir. Elle connaissait le cheval. Le seul cheval qui a accepté la mygale sans me cabrer sans arrêt de peur. Je la laissais partir dans les arbres.


Je me retournais vers Hector, reprenant mon courage.

- Me porter ? Non ! Vaut mieux que tu me laisses ici. Tu risques beaucoup en étant avec moi. Je pus le sang…

Je mords la prochaine créature qui me veut du mal !!!! Non mais j’ai rien demandé moi ! Juste une balade tranquille dans cette forêt !

- Tu risques ta vie avec moi.

Laisse-moi ici, je me débrouillerais ! Dit-elle.

Hector était un peu décontenancé par cette proposition. Il s’attendait à ce qu’elle accepte d’être ramenée au village ou à ce qu’elle lui demande de l’aider à chercher son cheval mais là laisser là, ça non, il ne l’avait pas prévu.

Te laisser là ? Dans cet état ? Demanda-t-il d’un air surpris, presque choqué.

Mais elle répondit au bûcheron par une autre question !

Rentrer au village ? Le village est-il loin ?

Non pas trop, 1 km je dirais, à peine… C’est pour ça, j’pourrais te porter sans soucis, t’inquiète…

Et puis elle ajouta :

Me porter ? Non ! Vaut mieux que tu me laisses ici. Tu risques beaucoup en étant avec moi. Je pus le sang… Tu risques ta vie avec moi.

Mmmh, elle devait craindre les bêtes sauvages et maléfiques celles que font rappliquer l’odeur du sang… Mais Hector avait trop aimé le contact de sa main sur son torse pour la laisser ici, seule et blessée.

Mais c’est quoi ton plan ? T'es blessée, tu peux pas marcher… Tu … Comment tu veux r’trouver ton ch’val dans ces conditions ? J’te laisserais pas là, toute seule, ça c’est sûr mais… ‘Fin si tu m’expliques comment tu comptes t’en sortir, j’te laisserais faire, hein, pas d’souci ! Simplement, j’laisse pas les gens blessés comme ça, seuls dans la forêt, la nuit !

Hector regarda autour d'eux au cas où d'autres vilaines bêtes surgiraient de nulle part. Mais pour l'instant, tout était calme.

Je le regardais. Je ne disais rien. Un silence rôdait. Je savais me débrouiller mais lui, il ne voulait pas me laisser seule. Pourquoi ? Et puis, je ne suis pas seule. Je me sens au final jamais seule même si des fois, j’en ai l’impression. Je ne le lâchais pas du regard quand il me demanda comment je comptais faire. Je n’allais pas tout lui dévoiler.

J’haussais les épaules. Je pouvais toujours demander de l’aide aux araignées. D’ailleurs Enira cherchait mon cheval dans la forêt. Et j’avais confiance en elle pour ce genre de chose. Qu’est ce que je pouvais bien lui dire… Déjà, je refusais catégoriquement qu’il me porte.

- Je peux me débrouiller. Que ce soit pour marcher ou pour retrouver mon cheval. Un kilomètre c’est bien trop long. Mon cheval risque de se faire attaquer, et comme dit, il a des sacoches avec de quoi me soigner.


Je me relaissais tomber. Je déchirais ma tunique. On voyait un peu mon ventre. Je rapprochais ma jambe vers moi, et je fis un bandage avec le tissu autour de ma blessure, serrant fort. Il fallait bien atténuer ce souci de sang. J’aurais du y penser plus tôt. Je suis tête en l’air parfois. Ca a fait mal. Ma jambe est endolorie. Je me mis ensuite à quatre patte, puis je me relevai en posant le moins possible ma jambe blessée. Je devais être soignée, c’était un fait évident mais je refusais de quitter la forêt sans ma mygale, et sans mon cheval.

- Je veux mon cheval ! Donc pour ta sécurité, il vaut mieux que tu me laisses. Je ne vois pas d’autre solution.

Je suis têtue. Je sais. Je ne changerais pas. Il n’avait pas le choix.

- Et je ne veux pas que tu me portes, hors de question !

Je m’approchais de lui en boitant, me collant presque contre lui. Je penchais vers lui, et lui fit un bisou au coin des lèvres en soufflant dans son oreilles « merci ».

Je reculais, et partie dans un chemin au hasard. Le moins infranchissable que je trouvai. J’étais lente, et je devais tout mettre sur mon autre jambe, ca va être long !

Je peux me débrouiller. Que ce soit pour marcher ou pour retrouver mon cheval. Un kilomètre c’est bien trop long. Mon cheval risque de se faire attaquer, et comme dit, il a des sacoches avec de quoi me soigner.

Mmmh, je vois… Répondit Hector qui ne voyait, en réalité, rien du tout !

Freya s’assit de nouveau avec peine et déchira sa tunique pour s’en faire un bandage. Hector s’en voulut de ne pas lui avoir proposé une telle aide mais la fille semblait débrouillarde, tant mieux.

Le bûcheron en profita pour réfléchir tranquillement, sans rien dire, puis il sortit de sa poche son paquet de tabac et sa pipe.

Elle reprit alors la parole.

Je veux mon cheval ! Donc pour ta sécurité, il vaut mieux que tu me laisses. Je ne vois pas d’autre solution. Et je ne veux pas que tu me portes, hors de question !

D’accord, d’accord, pas d’soucis, j’ai compris !

Il prit alors une brindille par terre, la fit brûler à sa torche - qui était toujours contre une pierre - et alluma sa pipe avec.

Bon … ben… j’vais rester là, avec toi, si ça t’va… j’aimerais pas apprendre demain qu’on a r’trouvé ton cadavre dans la forêt, mangé par les loups, tu vois… Ajouta-t-il

Puis, Freya se releva, s’approcha de lui en boitant et, se collant presque contre lui, lui fit un bisou au coin des lèvres en soufflant dans son oreille « merci ».

Hector fût très surpris par cet étrange baiser. Agréablement surpris évidemment mais tellement surpris qu’il ne pensa ni à le faire durer, ni à enlacer la jolie demoiselle.

Et quand il y pensa enfin, l’instant d’après, elle avait déjà fait un pas en arrière, faisant fi de sa douleur, et sembla même s’engager sur un chemin, dans le noir.

Hey Freya, qu’est-ce que tu fais maintenant ?! Dis Hector, encouragé par cette chaude sensation qui avait envahi son corps.

Pipe en main, il courut rejoindre celle qui l’intriguait et l’attirait de plus en plus.

Tu comptes aller loin, comme ça, dans le noir, blessée ?! Lui demanda-t-il en posant sa main libre sur son flanc, non loin de l’endroit où sa tunique était déchirée, si près de cette peau claire, qui semblait si douce...

Vaut p't'être mieux rester là où ton cheval t'as quitté, il reviendra p't'être...

Une sensation parcourra mon flanc. Je me retournais. Il m’avait touché. Je ne lui fis aucune remarque. Ca ne me dérangeait pas. Je lui pris la main, et je me mis en face de lui avec un sourire.

Les ténèbres sont mon antre, j’aime m’y balader. J’aime me perdre dans les bois, pour profiter du noir qui s’égare pour laisser les bêtes féroces vivre. Je n’avais pas peur. Cependant j’avais commis une erreur. J’étais venue en cheval. Je n’aurais pas du.

Cela ne servait à rien que je regrette mes actes, alors au lieu de laisser la nuit l’emporter… J’essayais de réparer mon erreur.

Il me posa ses questions. Il était curieux ? Ou soit - il s’inquiétait pour moi ? On ne doit pas s’inquiéter pour moi. Je suis le loup carnassier. Une dévoreuse de chair caché par le visage d’une femme. Je suis humaine sans l’être. J’étais blessée, et je n’irais pas forcément loin. Cependant, je voulais le retrouver, et je comptais sur mes capacités de veuve – noire pour le repérer. Ce qu’Hector ne sait pas, c’est que j’ai pour l’habitude de porter un bandeau sur les yeux et de me fier aux vibrations pour avancer. Ma blessure n’est qu’une entrave à ma vitesse, et à ma concentration. Le mal de tête était plus faible, mais ce n’était pas trop ça encore. Donc je comptais aussi sur Enira pour le trouver.


- Si je compte bien m’enfoncer dans la forêt pour le retrouver. Blessée ou pas. Ce n’est qu’un détail. Tu peux me suivre mais alors éteint ta torche.

Je ne lui avais pas lâché la main, je la serrais même délicatement.

- Sleipnir ne reviendra pas. Son instinct ne le poussera jamais à revenir à l’endroit où il a senti un danger. Il faut le retrouver par nos propres moyens. Tu es libre d’agir, et de faire ce que tu penses juste pour toi.


J’attendais sa réponse, en essayant d’écouter la forêt. Les araignées discutent. Et Elles discutent assez fort pour que je les entende. De vraies pipelettes ! Cependant, elles pouvaient discuter de choses intéressantes.

- Que choisis – tu Hector ? Veux-tu rester avec moi ? Ou préfères-tu rentrer chez toi ?


Je réfléchissais calmement. J’eus un sourire quand j’entendis une araignée parler d’un joli insecte qu’elle a dévoré. Ça m’amusait d’entre les banalités de leur vie.

- Si tu viens avec moi, et qu’on retrouve le cheval. Je t’accompagnerais ensuite vers ton village, et comme ça tu pourras me soigner.

J’avais dit cela sans attendre qu’il accepte mais comme ça, s’il s’inquiète vraiment pour moi, cette possibilité le rassura. Je finis par lâcher sa main.

- Alors ?

Freya s’arrêta, pris la main d’Hector et lui sourit. Toujours aussi intrigante, la demoiselle voulait s’enfoncer dans la forêt, et sans torche qui plus est ! Point positif : elle lui proposa de l’accompagner.

Hector ouvrit des yeux comme des billes !

Sans torche ?!

Il hésitait. Il trouvait la proposition terriblement … risquée… mais, vraiment, cette fille, elle en valait la chandelle !

T’as raison Freya, j’trouvais justement qu’elle éclairait un p’tit peu trop, c’te torche ! Dit-il d’un air goguenard.

Freya serra légèrement la main d’Hector.

Sleipnir ne reviendra pas. Son instinct ne le poussera jamais à revenir à l’endroit où il a senti un danger. Il faut le retrouver par nos propres moyens. Tu es libre d’agir, et de faire ce que tu penses juste pour toi.

La décision d’Hector était toute prise… mais… la fille avait un défaut ! Elle était bavarde ! Hector ne pouvait en placer une ! Il attendit donc encore un peu…

Que choisis-tu Hector ? Veux-tu rester avec moi ? Ou préfères-tu rentrer chez toi ?

Il la regarda en souriant et s’apprêta à lui répondre quand…

Si tu viens avec moi, et qu’on retrouve le cheval. Je t’accompagnerais ensuite vers ton village, et comme ça tu pourras me soigner. Alors ?

Alors si je peux t'soigner, je fonce !

Il proposa son bras gauche à Freya, et l’emmena dans la direction que son cheval avait prise lorsqu’ils s’étaient croisés. Puis il revint sur cette histoire de soins :

J’espère que tu tiens pas trop à la vie… parce que si tu sors vivante de la forêt, tu peux être sûre qu’avec moi comme médecin, tu tiendras pas la nuit !

Puis ils se lancèrent sur le chemin. Hector ne voyait vraiment pas bien. La demi-lune n’éclairait pas grand-chose, d’autant que le ciel n’était pas complètement dégagé et que les arbres de cette forêt couvraient partiellement la voûte céleste. Et pourtant, Freya semblait à l’aise pour suivre le chemin. En fait, si Hector lui servait d’appui, c’était bien elle qui guidait le couple dans l’obscurité ! Du coup, Hector, lui, fumait calmement sa pipe en se laissant guider. Lorsqu’il l’eut fini, il la rangea et déclara :

J’pensais qu’on galèrerait plus pour marcher dans le noir.

Disant cela, sans faire exprès, il s’écarta légèrement de la fille et trébucha sur une racine d’arbre.

Wouaille, j’ai parlé trop vite !

Il se serra alors contre Freya.

Là au moins, j’éviterai les obstacles… On dirait qu’t’as comme un sixième sens pour marcher dans la nuit ! T’aurais dû m’le dire dès l’départ, j’aurais été rassuré, tu sais !

Au même moment, on entendit un fort ululement lointain. Hector pria pour qu’il ne s’agisse que d’un gentil oiseau de nuit. Néanmoins, il prit dans sa main droite la hache accrochée à sa ceinture. Puis il chuchota à Freya :

Bon ça c’est moins rassurant ! J’espère que c’est qu’une chouette…

- Tu sais désinfecter une plaie ?

Avancer sans se fracasser, sans sombrer dans le prochain ravin, éviter les embuches, en faisant attention au gros méchant loup qui court derrière nous, je savais le faire. J’avais certes du mal dans cette forêt. Mais, je ne désespérais pas. Je savais qu’on nous pouvions y arriver. Je voulais retrouver mon cheval. Je ferais tout pour cela. Hector me soutenait alors que je nous guidais dans l’antre de la bête. La forêt comme un dédalle d’escalier qui mène au dragon. Et nous sommes les chevaliers qui voulons le trésor. J’aime beaucoup cette image.

Il fumait sa pipe. L’odeur n’était pas si désagréable que ça. Cependant, j’étais bien contente qu’il s’arrêta de fumer. Je le vis trébucher. Un sourire se grava sur mon visage. Les vibrations qu’il dégagea, me permirent de décrire ses mouvements, grossièrement. Il se serra à moi.

- Un sixième sens ? Si on veut. Je ne savais pas si te le dire était une bonne idée. Alors, je n’ai rien dit. On a tous des secrets.

Je lui pris la main, entrelaçant mes doigts avec les siens. Je l’ai fait pour qu’il ne se perde pas dans la noirceur, et tombe dans le trou d’un monstre. Alors que je sentais sa main droite prendre son hache. Un hululement avait résonné. Je fermais les yeux pour plus me concentrer. C’était bien un chouette qui était non loin de nous. Cependant, je ne lui disais rien. Il valait mieux qu’il a son arme dehors, prête à frapper.


Je m’arrêtai, ne bougeant plus. Je lui serrai la main doucement. Un grand sourire se marqua sur mes lèvres. Les araignées avaient parlés d’un cheval scellé sans cavalier plus au sud, dans notre direction. Je soufflais un « merci » inaudible.

- Je sais où il est !

J’étais contente ! J’accélérais donc le pas. La douleur était présente, mais je devais y arriver avant qu’il s’échappe à nouveau. Des « de rien » résonnaient dans toute la forêt.
Si je pouvais, je me serais mise à courir. Maudite blessure !

C’est là qu’un bruit étrange se fit retentir. Il était faible mais bien présent. Aucunes vibrations ne venaient de là où le bruit retentit. Ca ne pouvait que venir du ciel. Je ne sentais pas ce qui venait du ciel. Je frissonnais même.

Le bruit se rapprocha. Et il était si proche que je forçai Hector à se baisser. Sous la faible lumière de la lune, je pus voir un écureuil volant planer vers un autre arbre.

- Pardon, mais on ne sait jamais.

Je ne lui avait pas lâché la main.

Désinfecter une plaie ? Oui, ça ça va, ça reste dans mes compétences ! J'ai même une très bonne gnôle pour ça ! Elle est si forte qu'elle peut servir à plein d'choses … mais pas à boire ! Enfin, sauf si on veut vraiment prendre une grosse grosse cuite !

Un peu plus tard, sur le chemin, après qu’Hector eut trébuché, Freya lui prit la main… C’était assez inhabituel pour Hector de se promener main dans la main avec quelqu’un… S’il était assez habitué à la compagnie des femmes, il était le plus souvent seul quand il marchait en forêt. Il n’avait jamais pensé à proposé à ses conquêtes des promenades romantiques en forêt ! Et puis, le plus étrange, c’était que tout ça vienne de cette fille ! D’habitude, c’était plutôt lui qui prenait les devants avec les filles. Et là, il était un peu sur la défensive, un peu impressionné par cette cavalière habillée de vêtements sombres. Elle était mystérieuse, belle, entreprenante… Un genre de fille qu’il n’avait encore jamais rencontré ! Néanmoins, il se laissa faire avec plaisir. Cette main dans la sienne était si douce. C’était agréable d’avoir dans sa main rugueuse autre chose qu’un manche de hache ou l’écorce d’un tronc d’arbre. Et puis cette main lui transmettait une agréable chaleur.

Hector caressa de son pouce le revers de la main de Freya.

Après avoir entendu le hululement, elle s’arrêta. Hector se tourna vers elle, serrant sa main un peu plus fort. Elle souriait. Hector allait s’avancer pour l’embrasser mais elle dit :

Je sais où il est !
Ah ! Euh… Super !

Tout surpris et un peu déçu qu’il était, il ne pensa même pas à lui demander comment elle le savait ! Et puis, avec son sixième sens, tout était possible, certainement !
Elle accéléra donc le pas. Hector était surpris de la voir aller si vite. Et là, un étrange bruit se fit entendre, venant d’en haut. Hector leva instinctivement la tête et serra ses doigts sur le manche de la hache mais il ne vit rien ! Et puis, juste après, Freya tira la main d’Hector vers le bas et ils s’accroupirent. Hector entendit comme un souffle d’air rapide à un mètre ou deux au dessus de leurs têtes.

Pardon, mais on ne sait jamais.
Pourquoi ? C’était … Ah ! Un écureuil ! Dit-il en levant la tête et en l’apercevant subrepticement. Y en a pas mal dans la forêt, ouais !

Puis ils se redressèrent, toujours main dans la main. Ils étaient si proches l'un de l'autre, en cet instant qu'Hector, là, sans trop réfléchir, laissa tomber sa hache à ses pieds, passa sa main ainsi libérée dans le dos de la fille et approcha ses lèvres de celles de Freya.

Je l’ai senti. Ce n’était pas des vibrations. Ce n’était qu’un sentiment. Il aurait pu terminer ce qu’il avait envie de réaliser. Je ne l’aurais pas engueulé ni même giflé. Il était gentil avec moi. Cependant, je mis mes doigts contre ses lèvres avant qu’il effleure les miennes des siennes. Je lui offris un sourire. Je ne l’avais pas pris mal. Je le pris dans mes bras, lâchant la main, le serrant contre moi doucement. Je rapprochais mes lèvres de son oreille.

- Tu y auras peut – être le droit quand on sortira de la forêt avec mon cheval. Lui susurrai-je.

Je lui donnais un petit coup de langue à l’oreille, par jeu. Ensuite, je le relâchai, en m’écartant légèrement. Je me redressais avec beaucoup de mal. J’ai même failli tomber. Foutu jambe qui me fit mal comme cela sans raison.

- Il n’est pas loin ! Il faut se dépêcher avant qu’il s’échappe à nouveau. Tu viens ?

J’espérais qu’il me suive. Je voulais tellement récupérer Sleipnir que je partis sans l’attendre. On était si proche de cheval. Je pouvais le sentir ! Je marchais dans les profondeurs des bois quand je le vis. Il était là !!! Sleipnir était là, à brouter l’herbe comme si de rien n’était ! Franchement … Irrécupérable comme monture ! Je sifflais. Il tourna la tête vers moi genre qu’est ce tu veux… Et quand il comprit que c’était moi, il marcha vers moi. J’attrapai son encolure, et la rêne. Je ne le lâcherais pas !

Je me retournais un peu pour voir si Hector était là. C’est alors que j’entendis Enyra me narguer, en me disant, je l’ai trouvé avant toi. Quelle coquine, elle était dans la crinière de Sleipnir !

Je me tenais bien au cheval. Il me servait de béquille, et me devait bien ça. Je fouillais de mon autre main la sacoche. Je trouvai ma gourde. Je l’ouvris et bus un coup. J’allais en proposer à Hector quand j’entendis un bruit suspect ! Je regardais le cheval, qui fit comme si de rien n’était. Le bruit recommença à titiller mes oreilles. Je regardais autour de moi. J’étais curieuse, non intriguée et prudente à cause de ce bruit. Qu’est-ce que cela pouvait bien être ? Une créature ? Un elfe qui s’est perdu ? Ou bien une bête mignonne comme une biche ? Je ne bougeais pas, j’attendais.

Cette fille était réellement envoûtante ! Délicate, charmeuse et mystérieuse, elle repoussa le baiser qu’Hector lui offrit … mais l’enlaça et lui murmura quelques mots doux à l’oreille… Quel délicieux instant ! Le bûcheron en était tout chamboulé !

Cela étant, ce moment fût bref. Freya repartit rapidement à la recherche de son cheval et Hector la suivit. Après quelques minutes de marche, à peine, le dénommé Sleipnir fût retrouvé ! Freya l’attrapa et but une gorgée d’eau à sa gourde. Elle tendit alors la gourde à Hector – toujours sous le charme de la sombre demoiselle – et il but également quelques gorgées d’eau. Ce faisant, il observait sa partenaire et vit qu’elle semblait « à l’affût ». Aussi, lorsqu’il eut fini de boire, il regarda Freya d’un air interrogatif et… entendit ce qui semblait l’inquiéter.

Effectivement, on entendait des bruissements de feuilles. Et ceux-ci se faisaient plus forts, plus bruyants. Hector tentait de percer l’obscurité avec ses pauvres yeux humains mais évidemment, il ne vit rien ! Serrant tout de même le manche de sa hache, il se positionna instinctivement entre Freya et « le bruit » avant de murmurer à celle-ci :

On peut monter à deux sur ton ch’val ?

Il espérait pouvoir ainsi fuir le danger qui semblait imminent.

Mais, avant que celle-ci n’ait pu répondre, deux yeux rougeoyants à hauteur de hanches apparurent dans les buissons. C’était une bonne et une mauvaise nouvelle, n’est-ce pas ? Hector pouvait ainsi voir la créature au regard vermillon et … haineux. Aussi, il n’hésita point. Il envoya avec force la tête de sa hache dans la direction des deux points écarlates. Hector sentit qu’il avait touché la bête. Celle-ci poussa un cri de douleur, puis, siffla une sorte de « shakcha, shakcha ».

Et merde, dit Hector.

Il avait entendu parler de ce monstre qu’on appelait le Shakcha (à cause de ce bruit, justement) et il s’en méfiait car ses griffes étaient empoisonnées et provoquaient des nécroses… Mieux valait éviter de se faire toucher ! Heureusement, elle était certainement blessée et, peut-être qu’un coup ou deux, encore, l’achèverait. Néanmoins, Hector était bien malheureux de ne pas avoir pris son bouclier ce matin. En même temps, comment aurait il pu penser qu’il ferait des « heures supp’ » ce soir là ? Du coup, et comme le premier coup avait touché, il attaqua de nouveau la bête, espérant achever celle-ci avant qu’elle passe à l’offensive. Le problème fût que la bête esquiva la deuxième attaque d’Hector, d’un bon en arrière. Pour couronner le tout, la bête bondit ensuite vers Hector, griffes en avant ! Heureusement, Hector fit deux pas de coté et put éviter le monstre. Lorsque ce dernier retomba sur ses pattes, il était en relativement mauvaise posture car pris en tenaille entre Hector et Freya. Mais celle-ci était-elle en mesure de l’attaquer ?

Personne ne voudrait que je parte de cette forêt, ou les animaux me pensent peut être trop appétissante pour vouloir me laisser galoper loin d’ici. J’avais noté la question d’Hector, cependant je n’ai pas eu le temps de répondre que tout s’enchaina assez vite. Une créature blesser, et plus vorace qu’au début nous faisait face. Hector avait fait acte de bravoure… Il devrait reculer, se mettre à l’abri. Même les araignées avaient peur de cette créature. La nature était trop silencieuse, si on ne faisait pas attention au cri de la créature.

- Recule.

Je l’avais dit doucement. Aucun mouvement brusque, ni voix trop élevé ne devaient donner une raison au monstre de nous sauter dessus. Je caressais le flanc de mon cheval pour le rassurer, tout en gardant sa rêne autour de mon poignet. J’évaluais la scène. Seul, une arme à distance pouvait le tuer, sans qu’on risque de se faire tuer. Je pensais donc à mon arc, et son carquois. Ils étaient accrochés à la selle du cheval. C’était parfait.

Je pris l’arc et une flèche. Je soufflais à Hector de ne pas bouger, et de rester silencieux pendant je bandais l’arc. La bête avança vers nous d’un pas, criant de douleur. Elle allait attaquer, ça se sentait. Je n’avais qu’une chance, que le droit à une flèche. Je ne devais pas rater ma cible. Je visais quand l’animal se mit à bondir, puis avant qu’il nous atteigne, je décochais.


La flèche ne paraissait pas aller vite et pourtant…. Elle fracassait l’air, se plantant dans le crâne de l’animal qui s’écroula. Il bougea encore un peu puis plus rien… Il était inerte. J’avais eu du mal à tirer, car je ne pouvais pas tenir correctement sur mes deux jambes. J’accrochais mon arc, soufflant, et posant légèrement mon pied sur le sol pour que la douleur s’apaise un peu. Je regardais Hector, un peu inquiète.

- Ça va ?

Je caressais à nouveau le flanc de Sleipnir, pour le calmer. Il avait eu peur, cela se sentait.

- On peut monter à deux sur mon cheval, mais… Il ne va pas aller très vite.

Je répondais à sa question poser plus tôt dans la soirée comme si de rien n’était. Cette bête était morte, et pour ce que j’avais vu, elle n’avait touché personne. Je n’aurais pas aimé que ses griffes me transpercent la peau… Tenant le rêne du cheval, je m’avançais vers Hector, posant ma main sur son épaule.

- Hector ? Ca te dit de sortir de cette forêt à cheval ?

Freya avait récupéré l’arc et les flèches qu’elle avait dû abandonner sur son cheval et s’apprêtait à s’en servir. Hector, qui, lui, s’apprêtait à attaquer la bête de nouveau resta donc à distance et regarda – autant qu’il le put – la flèche partir et finir sa course dans le crâne du monstre. Ce dernier s’écroula au sol et mourut quelques instants plus tard.

Hector, soulagé, s’approcha de Freya.

-Ca va ? Lui demanda-t-elle.
-Ouais, merci. T'as bien assuré avec ton arc ! Et toi, ça va toujours ? Lui demanda-t-il à son tour, voyant que ses appuis étaient un peu hésitants.

Mais apparemment, elle n’avait pas subi de nouvelles blessures.

-On peut monter à deux sur mon cheval, mais… Il ne va pas aller très vite.

Mmmh, commença-t-il.

Elle posa alors sa main sur l’épaule du bûcheron.

-Hector ? Ca te dit de sortir de cette forêt à cheval ?

Cette fille avait quelque chose dans la voix aussi, quelque chose de terriblement attractif. Hector avait du mal à garder la tête froide.

-Ouais, avec plaisir ! J’crois qu’j’ai eu mon compte de forêt pour ce soir !

Cela étant, Hector était un piètre cavalier. Il menait de temps en temps une charrette pour transporter du bois mais n’avait monté des chevaux (lui-même sur une selle) qu’une demi-douzaine de fois. Aussi, il préféra se montrer prudent :

-Comment on fait pour monter à deux ? Tu veux qu’j’t’aide à monter en premier ? Et j’grimpe comme je peux après ? Ou t’as un meilleur plan ?

Il marque une pause.

-Si c’est pas pratique, j’peux aussi marcher à coté… Dit-il d’un air peu enthousiaste.

Se priver d’une petite balade à cheval, tout contre Freya, lui semblait, en effet, fort regrettable.

Douce, et magnifique forêt comme j’aime marcher dans ton antre, et écouter la nature vivre…. Et comme, j’ai tant besoin de te quitter.

Ces arbres si majestueux m’ont tellement épuisé que les quitter, me ferait du bien. Je souris à Hector, soulagée qu’il n’ait rien. Il vaut me que je monte la première, pensais- je. Je regardais ma jambe blessée.

Je ne voulais pas de son aide pour tout avouer. Je voulais me débrouiller toute seule comme une grande fille. Je suis une tueuse, une meurtrière, une dévoreuse de chair … Je peux bien monter à cheval, même blessé, non ? Etrangement, je me sentais redevable envers lui. Cependant, ce sentiment disparaitra assez vite dès que la faim prendra le dessus, et qu’il deviendra la proie. Je soufflais. Il fallait que je monte du coté ou mon pied, le plus faible reposeras sur l’étrier.

Et que ma jambe valide prenne appuie sur le sol. Je serrais fort les rênes dans ma main alors que l’autre tenait la selle. Je vais y arriver ! Je sautillais un peu sur place pour prendre de l’élan, et ensuite je grimpai. J’avais plus de mal qu’à l’habitude. Quand je finis par être très bien installer, je tendis la main vers Hector.

- Je vais t’aider.

J’attendis qu’il prenne ma main, et je l’aidais à monter. Sleipnir n’était pas trop d’accord mais je lui caressai la joue pour le calmer en me penchant un peu vers lui.

- Accroche-toi bien à moi !

Je fis un léger mouvement avec les rênes, et le cheval partit au trot. J’étais soulagée de l’avoir retrouver, et qu’on quitte cette forêt. Il a fallu plusieurs minutes pour sortir de la forêt.


Enfin sortie de cette forêt, je jetais un regard à Hector.

- Tout va bien ?

Je fixais ensuite le ciel, qui se voulait clair, montrant la lune.

- Alors, il est où ce village ?

Un sourire se grava sur mes lèvres.

Freya déclina l’aide d’Hector et grimpa en serrant les dents, semblait-il. Elle devait être fière, très fière même, pour refuser l’aide d’un homme qu’elle semblait pourtant apprécier… Mais Hector n’en fut pas vexé pour autant et prit, lui, sans complexe, la douce main que Freya tendait vers lui.

Mmmmmerci ! Dit-il en se hissant sur le cheval.

- Accroche-toi bien à moi ! Dit la demoiselle avant le lancer le cheval, au petit trot sur le chemin du village.

Hector, en gentil garçon obéissant, posa ses mains sur les hanches de la cavalière. Les secousses du cheval eurent raison des quelques centimètres qui les séparaient. En outre, la main du bûcheron glissa quelques fois - plus ou moins à cause de ces mêmes secousses - sur la peau dénudée de la fille.

Malheureusement, le chemin qui les mena à la lisière du bois fût vite avalé. Laissant les derniers grands sapins derrière eux, Freya demanda :

- Tout va bien ?
Oui, oui, ça va bien… Je pensais que ton cheval aurait plus de mal à nous porter jusque là ! Et toi, ta jambe, tu souffres pas trop ?

Un peu après, elle lui demanda la localisation de son village.

Ben en fait mon village est le premier après le bois, regarde, il est juste là.

Il montra du doigt les premières maisons qu’on distinguait facilement à environ 300 mètres de là. Les toits des maisons brillaient légèrement sous la lumière lunaire et des volutes de fumées s’échappaient de leurs cheminées.

Lorsqu’ils passèrent devant la première maison, Hector dit :

Et voilà, on y est ! C'te p’tite maison, là, c’est chez moi ! Tu vois c’était pas loin ! Tu peux aller de l’autre coté de la maison, il y a une barrière pour attacher ton cheval et du bois pour le feu.

Une fois au sol, Hector prit quelques bûches et emmena Freya vers la porte d’entrée. Posant les bûches au sol, il sortit une clef de sa poche et déclara :
Allez, encore un ptit effort et tu pourras t’reposer.

Une fois la porte ouverte, il désigna un modeste canapé adossé à un mur de la pièce principale.

Installe-toi là pendant que j’allume le feu et qu'j’vais chercher l’alcool.

Hector était doublement heureux. D’abord, après cette dure soirée, il retrouvait enfin sa douce chaumière. Et puis, ensuite, il était en fort bonne compagnie ! Il lui fallut quelques minutes pour allumer le feu. Ensuite, il alla chercher l’eau de vie et une serviette propre dans un lourd placard de bois massif. Avant de retourner vers le canapé, il s’étira de tout son long en disant :

Aaaaaaaaaaaaaah ! Sacrée soirée, quand même !

Le feu, le brasier rongeant le bois, et la chaleur qui inonda la pièce.
J’étais là assise sur le canapé, aidée par Hector. Je pourrais ressasser le chemin. Le cheval était fatiguée, je l’attachai. Je sortis de quoi lui donner à boire d’une de mes sacoches, puis je pris ces dites sacoches pour éviter qu’on me les vole, et mes armes.

Je me reposais, et j’enlevais le tissu, et ma botte… J’ai galéré. Je mis au moins une bonne dizaine de minutes avant d’y arriver. Quand la botte tomba au sol, Hector s’étira. J’avais plié ma jambe, posant ma cheville sur mon autre cuisse, et la tenait vu que ça faisait trop mal. Une douleur qui parcourra violement la jambe, je me pinçais la lèvre. Quand j’enlevais mes mains, elles étaient recouvertes de sang. Et ma cheville était enflée. J’ai trop abusé avec. Je suis condamnée à ne pas bouger pendant plusieurs jours.

- Euh… Merci. Puis – je avoir une serviette ?

En attendant, je remis le tissu sur la plaie pour éponger le sang qui coulait encore. Je ne saignais pas beaucoup, mais c’était clair que si un médecin était ici avec nous, il dirait que je ne devais plus utiliser ma jambe. Je soufflais pour calmer la douleur. Je m’en voulais d’être si faible, si fragile… Je devenais dépendante à un homme, et cela ne m’était pas arrivé depuis mon mari. Cependant, lui c’était mon cœur qui parlait. Je ne préférais ne pas y penser.

- C’est adorable de ta part de m’accueillir chez toi, et de me permettre de me soigner.

Je lui donne une trousse avec des pansements, et même un « potion » désinfectante, et d’autres choses qui serviront à soigner.

- Ça t’aidera pour me soigner. Et Je préfère ça à ton alcool.

La sensation de brûlure que l’alcool cause en contact avec une plaie ouverte est horrible… Et ça me rappelle le feu. Je hais le feu, je le supporte que pour me réchauffer à une bonne distance de moi, comme là.

- Je te laisse faire. Même si j’avoue que je suis crispée. Sois doux ! Ce serait adorable de ta part !


Je lui fis un sourire chaleureux. Et je tendis avec beaucoup de mal ma jambe. Une fois cela fait, je remontais mon pantalon, montrant ma jambe nue à Hector.

Et j’attendis.

- C’est adorable de ta part de m’accueillir chez toi, et de me permettre de me soigner.

Boah, c’est normal. J’allais pas te laisser comme ça et puis … ça m’fait plaisir. C’est plutôt agréable d’avoir quelqu’un comme toi à maison !

Elle tendit au bûcheron une trousse de secours.

- Ça t’aidera pour me soigner. Et je préfère ça à ton alcool.
Ah… D’accord, comme tu veux !
- Je te laisse faire. Même si j’avoue que je suis crispée. Sois doux ! Ce serait adorable de ta part !

Elle souriait malgré la douleur et tendit sa jambe vers Hector qui la prit dans une main. De l’autre, il attrapa une des quatre chaises qui attendait sagement autour de la petite table du salon et s’assit dessus. En face du canapé et de Freya, il posa le talon de la demoiselle sur sa cuisse et commença à humidifier la serviette avec la potion désignée. Alors, Freya enleva le tissu qui recouvrait sa blessure, découvrant ainsi sa jambe nue et blessée, blanche et rouge… Hector vit l’origine du saignement et appliqua doucement la serviette sur la plaie, sans frotter. Il répéta l’opération plusieurs fois jusqu’à ce que la serviette n’ait plus un seul coin propre ! Ensuite il se leva. Laissa la jambe reposer sur la chaise et alla chercher une serviette propre qu’il noua à la jambe de Freya.

Voilà, ça devrait aller comme ça. Dit-il avec le sourire. ‘Fin j’suis pas médecin, si tu penses à quelque chose, n’hésite pas !

Il se dirigea vers les placards de son modeste salon. Il prit une casserole de soupe qu’il mit à chauffer dans la cheminée. Puis il sortit des assiettes, des verres, des couverts, du pain, du saucisson, de l’eau et du vin. Il mit tout cela sur la table qu’il fit bruyamment glisser vers le canapé.

Eeeeeet voilà, en attendant la soupe on peut commencer par ça !

Il s’affala sur le canapé à coté de Freya et poussa un soupir de soulagement.

Fiouuuu, ça fait du bien d’se poser !

Il tourna la tête vers Freya pour voir si tout allait bien puis il lui demanda ce qu’elle souhaitait boire. Ensuite, il coupa quelques tranches de saucisson et lui en proposa également.

C’est mon pote Riblon qui fait le saucisson, il est délicieux !

Puis il servit les boissons et leva son verre (de vin pour lui).

A notre survie !

Les verres s’entrechoquèrent dans un tintement joyeux et Hector trempa paisiblement ses lèvres dans le verre de vin qu’il attendait tant. Il pouvait enfin se détendre, là, adossé au canapé, après ce début de soirée si mouvementé. Il affichait un sourire serein. Si la cheminée réchauffait la pièce, la présence de la jeune fille à coté de lui réchauffait son cœur et, l’alcool aidant, il pouvait enfin rêvasser tranquillement à la petite phrase que Freya lui avait sensuellement glissée à l’oreille un peu plus tôt : « Tu y auras peut-être le droit quand on sortira de la forêt ».