Malgré toute la douceur qu’il a su faire preuve, la douleur fut quand même dure à supporter. Je serrais les dents. Je le laissais faire sans rien dire. Trop concentrée sur la douleur pour penser à autre chose ou lui dire qu’il pouvait prendre un compresse et un bandage dans la trousse… Quand il eut fini, ma blessure était recouverte d’une serviette qui prit un peu la couleur du sang. Je suis fière, je ne suis pas faible, et j’ai réussi à tenir.

Cependant qu’est-ce que j’ai mal !

Pendant que je fermais les yeux, pour reprendre un peu mes esprits, je l’entendais s’affairer calmement à quelques choses. J’ouvris les yeux à nouveau quand il me demanda ce que je voulais boire. Je lui avais répondu de l’eau. Je ne voulais ni alcool, rien de sucrée… Je voulais juste quelques choses de léger. J’étais bien fatiguée de cela. Je voulais me reposer mais j’avais l’impression d’avoir trop demander à Hector.

- Tu es adorable ! Finis – je par dire.

Nos verres s’entrechoquèrent dans un contact des plus doux, et pendant qu’il gouttait à son vin et moi à mon eau, je me blottis contre lui, posant le verre sur la petite table, et ensuite, je mis ma main sur son torse, jouant avec le tissu. J’avais envie de contact doux et reposant. Je ne le séduisais pas, je ne voulais pas le séduire. Je profitais juste de sa présence.

Je n’étais pas le monstre, ni le prédateur, j’étais une personne normale dans une maison normale avec un bucheron. Je fermais les yeux.

- Je te suis redevable !

Comment lui rendre ce qu’il me donne ?

Je cherchais dans mon esprit. Qu’est- ce qu’il souhaiterait ? Je ne pouvais pas le dire. J’ouvris légèrement les yeux alors que ma main lui caressa la joue. Je le regardais boire son vin. Je n’avais rien dit, ni rien souffler.

J’approchai mes lèvres de son cou, et je lui fis un baiser tendre à ce niveau - là. La douceur nacrait mes lèvres pour lui prodiguer un peu de tendresse, à cet homme qui ne m’a pas abandonné !
C’est ridicule ? Non, je ne crois pas. Il méritait bien cela. Et je pensais qu’il l’espérait !


Je n’avais rien dit de plus, je n’avais que commis ce geste. Je ne le regardais pas. Je posais juste ma tête sur son torse, alors que ma main glissait contre celui – ci. Je ne regardais pas les conséquences.

- Tu es adorable ! Dit Freya

Hector ne sut trop quoi répondre et se contenta de trinquer avec elle. Elle posa ensuite son verre d’eau et se blottit contre lui, caressant son torse à travers le tissu de sa chemise. Ce geste accompagnait parfaitement les pensées d’Hector. Cette fille n’était pas sensuelle. Elle était la sensualité ! Même ainsi, blessée et fatiguée, elle parvenait à rendre ce moment de repos particulièrement excitant. Hector passa sa main dans le dos de Freya. Il lui caressait doucement celui-ci, remontant parfois jusqu’à la nuque.

- Je te suis redevable ! Ajouta-t-elle.
Redevable ? Mais non… Tu m’as autant aidé que j’t’ai aidé.

Il marqua une pause

On s’doit rien du tout.

Il craignait, en effet, qu’elle ne se donne à lui que pour « payer une dette » – qui, d’ailleurs, n’existait pas ! Il but alors une gorgée de vin. Il ne vit pas la belle fille aux cheveux noirs ouvrir légèrement les yeux. Il ne sentit que sa caresse sur sa joue. C’était si agréable. Il n’avait pas ressentit une telle chaleur, une telle proximité, depuis fort longtemps. Il sourit. Elle l’embrassa dans le cou. C’était un baiser très léger, qui avait à peine effleuré la barbe du bûcheron, et pourtant, celui-ci le fit chavirer.

Hector posa du bout du bras son verre sur la table et s’affaissa un peu plus sur le canapé. Freya posa sa tête sur son torse. L’instant était divin. L’entendait-elle, le cœur du bûcheron qui commençait à battre un peu plus fort, un peu plus vite ? La pièce était presque totalement silencieuse. Seul le doux crépitement du feu se faisait entendre… Hector passa sa main dans les cheveux sombres et lisses de la demoiselle. A vrai dire, c’était sûrement la partie de son corps qui lui avait le plus plu jusqu’à présent...

Et puis, alors que Freya glissait sa main contre le torse d’Hector, le bouillon de la soupe se fit entendre. Et si Hector avait faim, il n’avait, en fait, pas vraiment la tête à manger. Il caressa la joue de Freya, replaçant une mèche noire qui barrait son visage. Ensuite, il mit une main sous sa tête pour la soulever tandis qu’il descendait du canapé. Il posa alors sa tête sur le canapé et s’agenouilla en face d’elle. Là, voyant ses petites lèvres légèrement rosées, il les embrassa légèrement puis s’écarta doucement. Il resta un instant près d’elle à la regarder puis, souriant malicieusement, il demanda, comme si rien ne s’était passé :

Tu veux de la soupe ?

Un sourire se dessina sur mes lèvres alors que mon regard le suivait. Nos lèvres s’étaient rencontrés dans un touché furtive mais délicat. J’avais apprécié. Et je fis comme lui, je faisais comme si c’était normal, comme si rien n’avait eu lieu. Ma tête reposa sur les coussins moelleux du canapé. Je ne bougeais pas. J'avoue avoir apprécié ce doux contact.

J’aurais aimé qu’il reste, et que je profite encore de ce contact mais la soupe était prête. Il me demanda si j’en voulais. Je veux un bon morceau de viande fraiche ou de la moelle osseuse… Hum… De la soupe ça ira.

- Oui, je veux bien.

Je le regardais faire, observant chaque détail. Je repensais à ce qu’il avait dit plus tôt. Je ne lui dois rien ? Rien ? Je me sentais redevable. Quoiqu’il puisse dire, cela ne changera à rien. Et je payerais ma dette de la même façon que lui, en l’aidant.

- Si, un jour, tu as besoin d’aide, pense à moi ! Je me ferais un plaisir à t’aider.


Je n’ai rien dit de plus. Juste assez pour lui montrer que je serais là sans pour autant parler de dette ! Je finis par fermer les yeux. Je ne dormais pas, mais ce n’était pas loin. J’étais fatiguée par cette aventure, et j’avais toujours autant mal. Les vibrations résonnaient à chacun des pas d’Hector, ça me berçait. Je me sentais étrangement bien ici. Ça doit être à cause de mon état, de la chaleur qui se dégageait de cet endroit.

Je finis par ouvrir les yeux quand je l’ai senti s’approcher. Je lui souris. Qu’est ce que je n’avais pas envie de bouger. Après quelques minutes à le regarder, je me redressais. Je m’étirais un petit peu.

- Cela m’étonne que tu sois tout seul. Je suis sûr que tu pourrais être un formidable mari, et père.

C’était comme ça, rien qu’en le regardant. Ce n’était pas sans fondement. Je le pensais vraiment. Je fixais ma blessure, et me disait qu’il faudrait changer le pansement pour un plus solide. Je ne pouvais pas rester ici. Je devais rentrer tôt ou tard. Je n’abuserais pas de sa gentillesse. J’étais d’humeur gentille ! Et puis il me plaisait bien, sympa et charmant.

- Alors on mange ou ta soupe, mon cher Hector ?

Un grand sourire se dessina sur mes lèvres. On voyait un peu mes crocs, mais on aurait pu croire que c’était des canines anormalement grandes. J’espérais qu’il ne s’effraye pas à ça. Mon sourire était chaleureux et accueillant.

- Oui, je veux bien. Dit la jeune femme.

Hector se leva et se dirigea donc vers la cheminée. Il prit un torchon pour sortir du feu la casserole qui contenait le potage bouillonnant qu’il versa dans deux grands bols. Il revint ensuite vers la table et posa dessus les deux bols.

- Si, un jour, tu as besoin d’aide, pense à moi ! Je me ferais un plaisir à t’aider.

Hector sourit. Était-ce une phrase en l’air ?

D’accord Freya, j’penserai à toi…

Il vit ensuite la jolie brune fermer les yeux. Cela fit plaisir à Hector car il avait l’impression qu’elle se plaisait chez lui.

Oh les cuillères…

Hector alla chercher deux grandes cuillères dans un placard et approcha une deuxième chaise de la table. Freya se redressa et s’étira.

- Cela m’étonne que tu sois tout seul. Je suis sûr que tu pourrais être un formidable mari, et père, lui dit-elle.

Boah, ça viendra p’t’être, je suis pas si vieux qu’ça, tu sais, j’ai que 24 ans.

Il hésita. C’était une drôle de remarque qu’elle faisait là.

Et toi… tu… tu as quel âge ? Demanda-t-il finalement, de peur d’être trop indiscret.

C’était d’ailleurs étonnant de sa part. Lui qui d’habitude ne se gênait pas trop aurait certainement demandé à une autre fille si elle était mariée, ou célibataire, ou si, par hasard, elle ne voulait pas l’épouser (pour plaisanter). Mais là, il n’osa pas. Le halo de mystère qui entourait Freya l’empêchait de dire trop de bêtises.

Peu après elle demanda avec un grand sourire :

- Alors on mange ou ta soupe, mon cher Hector ?

Oui, t’as raison, assez parlé ! Tiens installe toi là – il désigna une chaise – tu peux mettre ta jambe là si tu veux, tu seras p’t’être mieux. Voilà ton bol, voilà le mien. Ta cuillère, tiens. Ma cuillère, hop !

Puis il se mit à couper des tranches de saucisson. Il avait l'air pressé. Il était en fait pressé de manger !

Et voilà du saucisson et là du pain. Sers-toi, fais comme chez toi, si tu veux autre chose, n’hésite pas à demander !

Lui-même se mit alors à manger. Il avait si faim ! La soupe était chaude mais son estomac ne pouvait attendre. C’était une soupe de légumes (carottes, potirons, tomates) qui était d’une belle couleur rouge orangée.

Alors qu’est-ce que t’en dis ? Pas mauvais, hein ? C’est moi qui l’ai fait la s’maine dernière. Me suis dis que si elle était pas bonne, elle serait au moins jolie ! Une réussite, non ?!

Il lui fit un clin d’œil pour préciser qu’il n’était pas réellement si prétentieux.

Mon âge ? J’ai la jeunesse éternelle, je ferais 20 – 25 ans toute ma vie. Devais – je dire mon âge, telle qu’est la réalité ? Je peux vivre longtemps si j’ai aucune blessure ou maladie qui m’emportent. J’étais chanceuse sur ce point-là.

Qu’est –ce que je pourrais lui répondre ? Mon vrai âge ? ou bien un qui va plus avec mon visage ? Je réfléchissais à ce que je pourrais lui répondre.

- Mon âge n’a pas d’importance. Je suis un peu plus vieille que toi, c’est tout.


Il avait faim, ça se voyait. Je lui souris. Et j’écoutais, et m’installais avec du mal à l’endroit qu’il m’indiqua. Je bougeais le moins possible. Ma jambe avait besoin de repos avant mon départ. Je ne pouvais pas rester plus longtemps ici. Je le savais. Le savait – il ? Me laissera – t- il partir ?

Je regardais le bol de soupe puis la cuillère, puis ce qu’il faisait. Du saucisson ? Tiens, ca fait longtemps que je n’en ai pas mangé. L’odeur de la soupe était appétissante même si j’avoue ne pas être une grande amatrice de légumes. Je pris la culière entre mes doigts, et je mélangeais. Je le regardais en même temps, alors qu’il mangeait. Il devait avoir vraiment faim.

- Merci

Je gouttais à sa soupe. Elle était chaude, un peu brûlante mais ce n’était pas dérangeante, au contraire cela faisait du bien à ma gorge. Je la sentais descendre le long de mon cou pour se perdre dans mon corps. Il me posa la question alors que je pris un morceau de ce saucisson. Il voulait savoir mon avis sur la soupe même si dans le fond, il rigolait.

- Alors cette soupe…. Hum … Elle est bonne !

Je lui offris un sourire chaleureux en réponse à son clin d’œil. Je mangeais cette soupe tranquillement en réfléchissant. Je pensais qu’il devait savoir ce que j’avais prévu. Je devais lui dire… Je profitais du repas pour ça.

- Hector après le repas, je pense que je vais te laisser, et rentrer chez moi. C’est mieux comme ça. Il faudra juste que je refasse le bandage. Tu m’aideras une dernière fois ?


Je lui pris la main doucement, lui caressant la paume de mes doigts.

- S’il te plait.


Mon sourire resta sur mes lèvres. Je ne voulais finalement pas déranger cet homme plus longtemps. Il avait mieux à faire que faire le docteur. Et dans mon duché, on serait s’occuper de moi. Je n’avais pas envie de partir, j’étais bien ici. Je devais l’avouer. Cependant, je pensais que c’était la meilleur des solutions.

- Mon âge n’a pas d’importance. Je suis un peu plus vieille que toi, c’est tout, dit-elle après réflexion.

Bizarre, je l’imaginais plus jeune, pensa Hector.

L’avait-il vexé en posant la question ? Son « c’est tout » résonnait bizarrement à ses oreilles. Et puis, malgré son sourire elle dit :

- Hector après le repas, je pense que je vais te laisser, et rentrer chez moi. C’est mieux comme ça. Il faudra juste que je refasse le bandage. Tu m’aideras une dernière fois ?

Le visage d’Hector se décomposa. Il réfléchit un instant et tenta de trouver une raison pour garder Freya près de lui, au moins pour la nuit… Et celle-ci lui prit la main doucement, lui caressant la paume de ses doigts délicats.

- S’il te plait.

Bien sur que j’t’aiderais, répondit Hector, mais Freya, tu vas pas partir seule en pleine nuit, avec ta jambe blessée ?

Il serra légèrement la main de celle qui faisait doucement chavirer ses sens.

Reste au moins jusqu’au lever du soleil… ce serait trop…

…Dangereux, bien sûr mais il préféra jouer la carte de la franchise.

… dommage… J’ai… enfin… j’pensais qu’c’aurait été agréable de profiter un peu de… de c’moment, de tout ça.

Avait-elle peur de quelque chose ? Hector était persuadé que ce qui se passait entre eux était quelque chose de rare. Enfin, pour lui au moins. Mais était-elle si différente pour ne pas ressentir l’attirance qui existait indubitablement entre eux ?

Laissant tomber la cuillère de sa main droite, il joignit alors celle-ci à celle de Freya et la regarda dans les yeux.

Tu veux vraiment pas rester ? On … on s’ra bien ensemble…

Il y avait dans ses yeux de la crainte. Il n’était pas un homme sûr de lui. Il ne pouvait croire que ses paroles pouvaient beaucoup influer sur le cours de choses ou sur les pensées des autres.

Je l’écoutais. Je n’enlevais pas ma main. Le repas s’était stoppé par mes mots. Je le regardais essayant de dire ce qu’il avait envie de dire. C’était touchant. Je me suis mise à rire de façon assez spontané.

Ce n’était sans méchanceté, et avec affection que mon rire s’échappait. Il était innocent alors que je ne le suis pas.

- Tu es bien avec moi ?

Ma question était directe, mais elle pouvait changer ma décision. J’étais bien avec un humain, et je ne le voyais pas comme un prédateur. C’est peut –être l’exception qui confirme la règle. Tous ne sont pas des steaks ! Devrais – je rester ? Lui devais – je bien ça ?

Je ne le sais pas au final. Je perdais quoi ? Je ne pensais rien. Tenter ? La question se posait, et la réponse tardait à se montrer.

Je ne bougeais pas, je faisais que de la regardais. Que devais – je faire ?

- En effet, c’est risqué. Je le sais très bien.

Je savais qu’il me fallait plusieurs jours de repos. Sinon ma jambe allait faire la grève. Et j’avais besoin d’elle. Le repos ? Je n’ai jamais pris le temps de me reposer. Ma seule vraie détente depuis la mort de mon mari, c’est mes bains dans le sang de mes victimes… Ca me manquait. Je ne suis que le monstre, un monstre sous un beau visage. Je le savais. Je l’assumais. Je recommencerais à tuer en quittant cet endroit.

- Je n’ai pas peur du risque, Hector. Pourquoi t’inquiètes tu comme ça pour ?

Il m’intriguait. C’était comme si, il ne voulait pas se séparer de moi. Lire dans les réactions humaines n’est pas mon fort. Je continuais de caresser la paume de mon pouce. Devais – je penser à ma jambe ? Devais – je penser à lui ? Penser à quelqu’un d’autre ? Suis – je capable de cela ?

Je l’ignore. L’apprendrais – je ? Mon mari était l’exception, et on l’a pris.
J’avais repris un visage calme sans sourire sur mes lèvres, car je m’interrogeais. Je voulais comprendre. Il essayait de me convaincre. Il me mettait plus de doutes.

- Pourquoi veux – tu que je restes ?

Freya se mit à rire des mots d’Hector et cela le fit rougir. Puis, elle lui posa quelques questions directes qui ne mirent pas le bûcheron plus à l’aise. Il était difficile pour lui de mettre de mots sur ses sentiments, ses sensations. Et s’il avait connu pas mal de filles, celle là était différente des autres. Elle l’avait touché par sa grâce éthérée, son calme, sa sérénité dans les moments dangereux qu’ils avaient vécu et puis, surtout, il y avait cette simplicité dans leur relation, cette évidence dans leurs gestes, ces mains qu’ils s’étaient donnés, ces baisers qu’ils avaient échangés. Tout cela était arrivé le plus naturellement du monde, sans gêne, sans heurt, comme s’ils étaient déjà amants.

Mais Hector n’avait pas le recul et les mots pour expliquer tout cela.

Ben ouais j’suis bien avec toi… Depuis l’début j’ai l’impression qu’on s’connaît, qu’on est bien ensemble.

Il rit (jaune), alors, de la pensée qui lui traversa l’esprit, du doute qui venait s’insinuer en lui.

Enfin j’suis p’t’être le seul à l’penser, et dis le moi tout d’suite si c’est pas vrai, que j’arrête de rêver, mais j’avais l’impression que… qu’ça pouvait marcher entre nous… C’est pour ça qu’j’voudrais que tu restes. Pas que pour une nuit d’ailleurs… mais bon… j’sais pas si tu ressens la même chose, toi…

Hector enleva sa main de celle de Freya comme s’il s’attendait à une réponse négative. Peut-être ses mots avaient-ils brisé, justement, cette relation belle et simple qui semblait exister entre eux. Il le craignait en tout cas… Il n’osait pas encore parler d’amour car il ne connaissait Freya que depuis quelques heures, mais s’il était franc avec lui-même et s’il examinait son cœur avec honnêteté, il ne pourrait que se rendre à l’évidence...

Je regardais ma main, celle qu’il avait lâchée. Avait – il si peur de ma réponse que ça ? Devais – je être sincère ? Et me dévoiler un peu plus ? Surement…. Mais je pourrais tellement le tuer, s’il reste trop près de moi, trop longtemps. C’était un risque non négligeable. Devait – il savoir que je pouvais le dévorer dans son sommeil ? Lui priver de sa vie pour toujours ? Ou devais – je juste en profiter rien qu’un instant, et disparaitre ? Profiter ? Je lui dois plus ou moins la vie, et il a été prévenant avec moi.

Décidément, je n’ai pas l’habitude d’une telle attention. J’ai tellement l’habitude de tous ses masques posés sur les visages des gens que j’ai finis par les traiter que comme des jouets. J’aime jouer avec ces vies, et les voir mourir sous mes doigts, et dans l’extase de mes gestes.

Quand à Hector, il était différent. Pensait – il vraiment ce qu’il disait ? La question pouvait se poser malgré tout. Cependant à force de réfléchir, j’en oubliais l’essence même de la vie, et de ce moment. Cette essence est simple : il faut profiter de chaque instant comme si c’était le dernier.

Et je me répète mais je suis bien avec lui.
Donc malgré ma jambe, malgré ma maladresse, je tentais de me relever. On dirait une vieille grande – mère qui n’a plus de grâce depuis au moins vingt ans ! J’ai même failli tomber ! Vive le handicape de merde ! Je me suis rattrapé à la table, juste à côté d’Hector. J’écartais la table de lui… D’accord, j’ai encore failli tomber à cause de cette dite table… Je suis maladroite ce soir. Vivement que je guérisse.

Je me mis donc avec du mal, sur ses genoux, à califourchon. Je ne pouvais donc pas rester debout, sinon le prochain mouvement, je suis par terre. Je me blottissais bien contre lui. Mes mains prirent son visage. Chaque main sur ses joues ! Et de mes pouces, je lui caressais la peau.

Titillais – je son cœur avec mes gestes ? Peut – être… Mais je fonctionnais à l’envie. Et l’envie cause des fois, des choses très intéressantes comme très perturbantes.
Alors que nos visages étaient si près l’un de l’autre, je laissais quelques minutes passaient.


- Tu sais, tu es mignon quand tu doutes de tes mots.

Un sourire espiègle se dessina sur mes lèvres pour disparaitre aussitôt.

- Je vais t’avouer quelques choses.

Cela aurait pu sonner comme quelques choses de grave mais au final, c’était bien simple, et pour une fois la vérité !

- Je suis bien avec toi et ici. Cela a dut se sentir. Je veux bien rester avec toi, pour une nuit ou deux.


Je me trouvais pitoyable dans la niaiserie. Arf, la sincérité n’est pas fait pour moi ! Je secouais un peu la tête, et cachais mon visage dans son cou, après avoir mis ses cheveux derrière, libérant ainsi la peau. Je glissais mes mains le long de ses flancs, et je restais silencieuse.

Freya mit un petit moment avant de lui répondre. Hector craignait le pire. En plus, elle commença à se lever tant bien que mal, évitant une chute de justesse.

Et merde, elle va partir ! Pensa le bûcheron.

Et puis, finalement, la fille fit le tour de la table et passa une jambe au dessus de celles d’Hector, surpris, et s’assit sur ses genoux, face à lui. Hector rougit, d’autant plus qu’elle resta pendant un long moment ainsi, face à lui, son visage à quelques centimètres de celui d’Hector, sans rien dire. Il sentait la chaleur de sa peau, si proche. Il retenait son souffle. Puis, enfin, elle prit la parole.

Tu sais, tu es mignon quand tu doutes de tes mots. Je vais t’avouer quelques choses. Je suis bien avec toi et ici. Cela a dut se sentir. Je veux bien rester avec toi, pour une nuit ou deux.

Hector était aux anges et voulut alors embrasser la jeune fille mais celle-ci enfouit sa tête contre le cou du jeune homme. Il se contenta donc d’embrasser ses longs cheveux noirs et de serrer la jeune femme contre lui. Il caressa ensuite son dos avec délice. L’étreinte était si douce, cela faisait du bien à Hector. Il était tellement soulagé de voir qu’elle ressentait sinon la même chose que lui, au moins quelque chose d‘approchant.

Ils restèrent ainsi quelques instants, puis, Hector, sentant les mains de Freya lui caresser les flancs fût submergé par une vague de chaleur et d’excitation. Ses mains glissèrent alors sous la tunique déchirée de Freya pour atteindre sa blanche peau, cette peau qui l’obsédait depuis qu’il l’avait entraperçu cette nuit, dans les bois. Et elle était aussi douce que dans son imaginaire… peut-être même plus. Il avait presque honte de la toucher avec ses mains rugueuses de bûcheron mais, tant pis, la sensation était si agréable ! Il pencha ensuite son visage dans le cou de Freya pour s’enivrer de l’odeur de son cou et de ses cheveux noirs.

Dieu, que c’est bon !

Hector fût parcouru par un frisson et – sentit-il la même fièvre du coté de Freya ? – il commença à soulever la tunique de la douce jeune femme, tentant de la faire glisser par-dessus ses épaules…

Freya, j’ai envie de toi… Chuchota-t-il à ses oreilles.

L’étreinte était douce, agréable. Ca fait du bien sachant la dure nuit que nous avons eu. J’en profitais, le temps que ça dura. J’aurais pu rester des heures comme cela, blottit contre lui. Je sentis ses mains parcourir ma peau, se faufiler sous ma tunique pour tenter de mieux l’enlever. Un sourire se dessina sur mes lèvres, alors que mon souffle chaud caressa la peau de son cou. Cette phrase avait retenti dans mon esprit comme un parfum sur sucré.

Je me redressais, le regardant dans les yeux. Je lui pris les mains, je croisais ses doigts avec les miens. Ma tunique retomba le long de mon corps.

- Cela te brûle ?


J’approchais mon visage du sien doucement, et lui fit un bisou au coin des lèvres. Je le fis durer quelques secondes. Je ne lui lâchais pas les mains, restant contre lui, si près de son visage. C’était comme je le gardais pour pas qu’il fuit !

- Ce serait très plaisant de se laisser aller à cette envie… Et j'en ai peut -être aussi envie. Cependant, je t’avouerais que je serais plus rassuré quand mon bandage sera refait, et que je sois sûr qu’il tient.

Je lui lâchais enfin les mains, et je les posais sur son torse. J'avais envie, au point que mon cœur battait fort, et que ma peau dégageait une certaine chaleur... J'aurais pu succomber... J'aurais pu.

- Je sens que la serviette glisse déjà à cause du sang…. J’ai pas envie de me vider de mon sang.

Je tapotais son torse de mes petits doigts.

- Dès que mon pansement sera refait, tu auras de ma tendresse en récompense.


Comme dit, une serviette même bien serré, n’est pas assez solide pour tenir, et bloquer le sang. Je devais refaire mon pansement, ça devenait assez urgent en fait. Et la blessure me fatiguait. J’avais envie de bailler. J’étais sérieusement affaiblis par ma stupidité, et par mon côté suicidaire.

- Je suis désolée que ton envie doit restée silencieuse mais c’est assez urgent.

Je l’embrassais légèrement sur les lèvres.

- Cela te brûle ? Demanda-t-elle.

Hector sourit.

Un peu, oui !

Elle entremêla ses mains à celles du bûcheron, l’embrassa et lui avoua que malgré l’envie, elle avait comme priorité de sauver sa jambe ! Etonnant, non ?

Hector regarda la serviette maculée de sang et, sortant de son rêve d’amour et de volupté, passa à l’action. Il fit glisser sa chaise en arrière et se leva, avec Freya dans ses bras, assez délicatement.

Ouais t’as raison, vaut mieux refaire ça. J’t’avais dit qu’j’étais pas un bon médecin !

Il allongea la jeune femme sur le canapé et s’agenouilla en face de sa jambe pour défaire la serviette. Effectivement, la jambe était loin d’être soignée ! Récupérant dans la trousse de secours la potion désinfectante, il nettoya de nouveau la blessure. Et là, il vit dans cette même trousse, une sorte de fin linge blanc et un long bandage enroulé sur lui-même…

Ah mais ça ! Et ça aussi ça à l’air pas mal ! S’exclama-t-il.

Il prit alors la compresse et l’appliqua sur la blessure. Il enroula ensuite le tout avec le bandage qu’il serra un peu plus fort que la serviette précédemment.

Là ! Ce sera sûrement plus efficace comme ça… Dit-il d’un air enthousiaste.

La jambe proprement bandée, Hector se décala vers le visage de Freya en caressant sa hanche. Il ouvrit ensuite la bouche pour parler mais il ne sut quoi dire. Il lui fit alors un sourire et, remarquant la fatigue dans le regard de son invitée, il dit :

Tu seras mieux dans le lit…

Il passa alors ses bras sous les jambes et le dos de la demoiselle et se dirigea vers le petit escalier de bois, au bout de la pièce principale. Il pensait bien la porter à l’étage, dans la grande pièce sous le toit qu’il avait aménagé en chambre, où un simple matelas légèrement ramolli par le temps, faisait office de lit. Baignant dans l’obscurité, la fille ne pourrait pas voir le désordre régnant là haut, les affaires qui traînaient par terre et les esquisses qu’Hector dessinaient de temps en temps, quand il avait un moment.

Suis – je une poupée ? Une poupée qu’on peut trimballer partout ? Non, je ne crois pas. Il se leva, et m’embarqua avec lui. Je fus surprise, trop même… Reflexe, je m’accrochais à son cou, serrant un peu. Je ne voulais pas tomber. Mon visage était figé contre sa joue. Je ne disais rien. Que pouvais – je dire ? Ou que pouvais – je faire ? Mes lèvres se posèrent dans le creux de son cou puis il posa sur le canapé...

- J’aurais pu marcher, tu sais !

Bon, je voulais limite pas le lâcher, et je mis du temps à le faire. Je m’allongeais sur le canapé, reposant ma tête. Je me demandais ce qu’il comptait faire. Il voulait me soigner. Je tendis ma jambe, et je le laissais faire. Ça me faisait mal surtout quand il retira la serviette… Elle s’était collée à ma peau. Mon visage se crispa sous la douleur. Je fermais les yeux. Je tournais la tête vers le feu qui dansait en silence. Je ne voulais pas y penser. Dès qu’il eut fini… J’ai eu l’impression qu’il a mis des heures à le faire… Foutue douleur !

J’ouvrais les yeux quand il eut fini, et je sentis sa main courir sur ma hanche. Je le regardais me sourire… Pourquoi avait – il parler de lit ? J’étais fatiguée mais mais… Qu’est ce qu’il fait ? Il me prit comme si j’étais une poupée ou une chose handicapante. Je ne voulais pas.

- Lâche-moi ! Je peux marcher ! Et j’étais bien sur le canapé cela suffisait…. Je ne suis pas handicapée.

Je me débattais. Je ne voulais pas qu’il me porte. Je suis grande, je sais marcher toute seule même si je prendrais trois heures pour monter l’escalier. Je suis fière… têtue et que sais – je encore ! Je voulais tellement descendre que je finis par tomber sur les fesses… Et ça fait mal !!!

Bon accessoirement, j’ai embarqué Hector, en lui tirant sur le haut… Je suis maladroite en cette nuit. Fichtre !!! Il était donc au dessus de moi, pas loin de mon visage. Je lui souris.

- C’est dangereux ! Je n’ai pas fait exprès ! On peut dire que j’ai fait une connerie. Tu n’as pas trop mal ?

Si, il ne s’enlevait pas, je ne pouvais pas me relever. Alors j’attendais. Et puis, j’ai eu une idée.

- Dis tu ne voudrais pas dormir avec moi ? Je me blottirais contre toi.

Hector crut qu’elle râlait pour de faux lorsqu’il la porta de la table au canapé (surtout qu’elle l’embrassa dans le cou à ce moment là) ! De même, donc, il croyait qu’elle plaisantait lorsqu’elle commença à se débattre alors qu’il la portait vers l’escalier. Mais, elle ne plaisantait pas ! Et donc, à force de se débattre, elle chuta et entraîna Hector dans sa chute ! Elle garda néanmoins le sourire et dit :

- C’est dangereux ! Je n’ai pas fait exprès ! On peut dire que j’ai fait une connerie. Tu n’as pas trop mal ?

Non, ça va j’ai rien – il sourit – espèce de sauvageonne, tu aurais pu nous tuer avec tes bêtises !

Puis, là, alors qu’il se penchait vers elle pour l’embrasser, elle ajouta :

- Dis tu ne voudrais pas dormir avec moi ? Je me blottirais contre toi.

Il finit donc de s’approcher d’elle et l’embrassa tendrement.

Bonne idée… Je te laisse monter toute seule, alors ? Demanda-t-il avec un clin d’œil.

Après s’être relevé, il tendit tout de même sa main pour aider Freya à se mettre debout. Ensuite, il rangea rapidement les restes du repas avant de suivre la demoiselle dans la dure ascension vers la chambre du bûcheron. Il profita de la lente marche de son invitée pour allumer et prendre avec lui une chandelle. Voir quelque chose là haut ne serait pas du luxe… ça empêcherait en outre la jeune fille de trébucher sur une chemise ou un pantalon qui traînait là haut.

Hector avait tellement hâte qu’elle se blottisse contre lui… Il avait du mal à penser à autre chose qu’au corps de Freya, lové contre le sien. Dieu que cette nuit s’annonçait douce…

Je lui tirais la langue légèrement après avoir entendu « sauvageonne ». Mon côté espiègle qui se manifestait. Rien de bien méchant !

J’aurais pu le tuer ? Hum… Je n’y avais pas pensé. Je l’ai dit que j’étais maladroite ce soir. Il m’embrassa, et je répondis doucement à ce baiser. J’acceptais sa main pour m’aider à me relever, et je pris comme appuie le mur qui était à côté. Vivement que je retrouve l’usage de ma jambe. J’avais mal mais ça allait.

- Oui oui ! Je peux le faire toute seule !

Bon, J’étais partie pour monter de façon trop longtemps. Je montais donc doucement en évitant de trop toucher le sol avec ma jambe blessée. Comme mon mal de tête était passé, mes vibrations étaient plus claires, et plus perceptible.

Dans ce noir, je voyais tout. Je ne trébuchais pas. Ma main s’accrochait à la rambarde pour faciliter ma montée. Chaque marche était limpide. Une petite lueur brilla derrière moi, je ne prêtai aucune attention. Arrivée en haut, je m’arrêtai. Je me retournai pour voir qu’Hector me suivait.

Je préférais continuer à marcher. Cela menait directement à la chambre. Il avait donc une petite maison. Je n'avais pas l'habitude de cela. Normal, je vis dans une demeure qui a énormément de chambre pour moi toute seule ! Il serait surement perdu dedans.

La chambre était dans le noir. Il y a un peu de bordel, cela se sentait. Cependant, je ne disais rien. Je le laissais passer devant moi. Lui, il sait mieux que moi.

- Honneur à Monsieur !


Un sourire se dessina sur mes lèvres alors que je fis une petite courbette. Je le taquinais. J’étais d’humeur joueuse pour le coup.
Je me redressais, et rigola un petit peu. C’était à lui de montrer la voie ! C’est chez lui après tout.

J’aurais pu avancer. Je savais ou était le lit, cependant, j’avais décidé qu’il me guiderait comme je l’ai guidé.


- Je suis contente que tu veuilles bien dormir avec moi !

Je lui souris avec tendresse. Je lui pris la main, et la serrais doucement.

Freya plaisantait un peu.

C’est la première fois ! Se dit Hector.

Elle devait réellement se sentir bien ici, auprès de lui, pour s’amuser comme ça, simplement, naturellement.

Excuse, c’est un peu l’bordel ici, mais … ce matin, j’savais pas qu’t’allais venir !

Elle ne s’en offusqua pas et dit :

- Je suis contente que tu veuilles bien dormir avec moi !

Ensuite, elle lui prit la main et la serra légèrement. Hector sourit silencieusement. C'était la première fois qu'on lui disait quelque chose comme ça. Il ne savait pas trop à quoi s’attendre pour la suite : cette fille était si différente des autres qu’il imaginait sans peine que lorsqu’elle parlait de dormir avec lui, elle voulait uniquement dormir avec lui. Lui, évidemment, espérait bien pouvoir satisfaire le désir qui avait grandit en lui depuis les premiers contacts qu’ils avaient eu dans la forêt, ces caresses timides, ces baisers maladroits, jusqu’à ceux – plus intense, plus sûrs – qu’ils avaient échangés dans sa maisonnette. Mais il n’était pas trop soucieux de tout ça... consciemment. Freya lui avait dit qu’elle resterait quelques jours. Il n’y avait pas d’urgence.

Cependant, il savait que les corps avaient leur mot à dire dans ces affaires, que les cerveaux n’étaient pas seuls maîtres à bord. Alors, tout ne serait peut-être pas si facile...

Hector tendit la petite bougie vers le matelas au sol, au milieu de la grande pièce en bois, sous le toit.

C’est ici, chère madame !

Évidemment, cela n’avait rien d’un lit de princesse, mais, il y avait quelque chose de chaleureux dans cette chambre obscure. Le plafond bas et pentu, les poutres sous les tuiles, le parquet rugueux, les dessins d’arbres, au sol, ces arbres dont les feuilles semblaient presque bouger sous la lumière frémissante du bougeoir que le bûcheron venait de posé au sol, à coté d’eux.

Sans lâcher la douce main de Freya, Hector pris de son autre main un coin de la couverture défaite pour la remonter jusqu’aux oreillers, entraînant la jeune femme sur le coté du lit.

Et le lit est même fait, regarde !

Disant cela, il se tourna vers le visage de celle qu’il chérissait en ce moment. Dans l’obscurité, ses traits étaient toujours bien visibles. Ses yeux et ses cheveux sombres ressortaient si bien au devant de sa peau de porcelaine. Le cœur d’Hector frappait sauvagement contre sa cage thoracique. Le corps, toujours le corps. Hector ne pouvait s’y résoudre mais le sien le dominait tellement, à ce moment précis.

Il fit un petit pas en avant pour venir se coller contre Freya. Il avait besoin de la sentir contre lui, de la serrer – ce qu’il fit – et de lui dire à l’oreille :

T’avais raison, tout à l’heure, ça me brûle.

Je me suis laissée entrainer. Je me suis laissée embarquer dans ce nuit des plus chaudes. Je ne le regrettais pas. Je ne regrette que très peu mes actions, et mes décisions. Il faut savoir assumer si on ne veut pas chuter. Je lui lâchée la main pour l’applaudir avec taquinerie après sa phrase concernant le lit.

- Bravo !

Je m’amusais. J’avais bien le droit. Il se rapprocha de moi, se collant contre moi. Je posais mes mains sur son torse, sentant son cœur s’affolait. Cela me fait sourire. Je le laissais me murmurer une douce réponse à une question posée plus loin. Que devais – je ? Le laisser se consumer de cette envie ? Ou le refroidir de mon doux contact ?

La fatigue était présente dans mon corps. Hector n’était-il donc pas fatigué ? Je lui fis un tendre bisou sur la joue à la suite de ses aveux. Ensuite, je passais ma main sur sa joue délicatement.

- Qu’aimerais-tu ?

Une question qui veut tout dire, mais qui peut en cacher tout autant. Je m’écartais de lui, glissant ma main de sa joue, en passant son cou avant de ne plus le toucher.

J’enlevais maladroitement ma botte restante, et mon pantalon. Je n’aime pas dormir tout habillée. Si cela ne tenait qu’à moi, je dormirais nue, mais vaut mieux éviter de tenter ? Je ne sais pas. Ma tunique du fait qu’elle ne recouvrait plus qu’un de mes flancs, Hector put voir ma culotte en dentelles noires. Je lui souris comme si tout était normal.

Je me baissais pour retirer la couverture, et je m’assis sur le matelas en tendant ma jambe blessée…. C’est que vu la fragilité de ma cheville, je ne pouvais pas rester debout… Vivement que je guérisse. Je me sens si faible. Je l’attendais, lui qui était debout devant moi.

Je mis mes longs cheveux noirs en arrière, dégageant ainsi mon visage. J’aurais du emmener un élastique. J’aurais pu ainsi m’attacher les cheveux !

Je finis par m’allonger en travers du lit, mes cheveux s’éparpillant autour de moi. Est-ce que je dois l’inviter ou est – ce que je dois le laisser tranquille ? Libre de ses mouvements ? Il est libre de partir, de se coucher, de me parler, de me souffler des choses… Est – ce que ma question lui posait des soucis ?

- Mon cher Hector, n’aurais – je pas du poser cette question ? Je t’attends sagement sur ce lit.

Je fermais les yeux en posant mes mains sur mon ventre. J’étais fatiguée mais je pouvais encore tenir éveillée.

- Si tu te couches à côté de moi, je poserais ma tête sur ton torse et j’écouterais ton coeur battre avec ardeur alors que ma main se reposera sur ton torse.

Freya déposa un tendre baiser sur la joue du bûcheron et lui caressa la joue délicatement.

- Qu’aimerais-tu ?

Haaa ! Ce que j’aimerais… Pensa Hector.

Euh… Hésita-t-il. J’sais pas trop. J’aimerais… beaucoup de choses ! Enfin « beaucoup »… C’est peu de choses à la fois… Répondit-il, mystérieux et gêné par le coté direct de la question.

Freya enleva alors bottes et pantalons et s’installa dans le lit. Elle portait une petite culotte en dentelles noires qu’Hector remarqua avec délice.

Lui aussi se déshabilla. En caleçon, il dévoila un corps assez peu musclé pour un bûcheron. Ses bras l’étaient bien un peu plus que la moyenne mais son torse et ses muscles abdominaux ne trahissaient pas une activité physique si importante que ça.
Et, contrairement à ce que sa barbe pouvait laisser croire, son torse n’était pas poilu et sa peau, assez pâle, avait, ça et là, quelques cicatrices…

Freya s’allongea. Sa chevelure noire éparpillée autour de son visage angélique était sans nul doute la plus belle chose qu’Hector ait pu voir sur son lit. Il resta un moment sans voix !

- Mon cher Hector, n’aurais – je pas du poser cette question ? Je t’attends sagement sur ce lit.

Elle ferma les yeux et Hector s’agenouilla à coté d’elle. Il regarda ses belles jambes nues au galbe parfait, sa petite culotte qu’elle dévoilait sans pudeur, sa tunique, son doux visage et ses cheveux, qui formaient des sortes de flammes noires autour d’elle. Il en arrangea certaines pour former un cercle plus parfait encore.

A cet instant, il pensa qu’il devrait tenter de dessiner la jeune femme, son portrait au moins, ce visage et ces cheveux étalés qui lui rappelaient le feuillage rond de certains arbres. Mais il n’en fit rien. Peut-être le ferait-il le lendemain, peut-être un autre jour ou peut-être jamais… De quoi peut-on être sûr, si tôt dans une relation ? Et bien Freya, elle, semblait être sûre d’elle, de ce qu’elle voulait :

- Si tu te couches à côté de moi, je poserais ma tête sur ton torse et j’écouterais ton coeur battre avec ardeur alors que ma main se reposera sur ton torse.

Hector posa ensuite sa main sur celle de Freya (celle qui était sur son ventre), décala vers le haut les mèches noirs qui les séparaient et s’allongea à coté d’elle. Il cala sa tête contre celle de Freya et lui murmura :

T’as une idée précise de ce que tu veux, dis donc ! Ben moi si tu fais ça, j’crois qu’j’passerais une main sous ta tunique et que j’caresserais tes hanches… J’ai un faible pour les hanches…

Hector trouvait très sympathique ce petit moment de confidences sur l’oreiller, dans sa chambre doucement chauffée par le poêle en dessous et à peine éclairée par la faible flamme de la petite bougie. Il avait l’impression d’entamer un petit jeu. Un jeu où l’on dévoilait ses envies… sans rien faire directement !

Hector embrassa le bord de l’oreille dans laquelle il venait de parler et ajouta, d'un voix qui tentait de paraître calme :

A toi de jouer…

En réalité, Hector avait plus que jamais envie d'elle et les battements de son cœur trahissait sans mal ce feu intérieur.

J’avais envie d’être douce, gentille… Douce… J’ai déjà dit cela. J’étais bien, très bien ici. Trop peut –être ? Je m’en moquais. Il faut savoir profiter de la vie, et de l’instant présent. Il avait envie cela se sentait. Je souris.
Je le laissais faire sans bouger. Un peu de tendresse, ça ne fait pas de mal.

- Alors succombe à tes envies, je ne t’arrêterais pas.

Je tournais légèrement la tête vers lui, en ouvrant les yeux. Un sourire resta dessiner sur mes lèvres. Je lui fis à nouveau un bisou sur la joue. Je me blottis ensuite contre lui, contre son torse nu, posant ma tête pour écouter son cœur qui battait si fort. Je fermais à nouveau les yeux, alors que ma main droite se plaquait contre la peau. Sa peau était chaude, mais douce. Mes cheveux se reposaient sur mon épaule.

Je fermais à nouveau les yeux. Cependant, je ne m’endormais pas. Je ne voulais pas encore m’endormir. Je voulais profiter de cette position, et de cette tendresse. Je savais bien que cela était éphémère, et dès que je serais partie, il m’oubliera. Seulement, je ne voulais pas y penser. Par contre, je me demandais bien à ce qu’il pensait. Pensait – il juste à la coucherie, et à me virer, ou voulait – il simplement plus qu’une nuit éphémère…

En réfléchissant, je n’ai pas remarqué que je jouais avec sa peau et mon ongle… Je passais mes ongles partant du haut allant vers le bas instinctivement… Je n’arrêtais pas, même en le remarquant. Si cela le dérangeait, il le dirait.

J’écoutais son cœur battre. C’était comme une musique agréable à entendre. J’aimais bien.

- Ton cœur bat si fort.... C’est agréable à entendre !

Je me blottis plus contre lui, aimant ce contact. Il n’y avait plus d’espace libre entre nous. On aurait dit un couple qui profite d’un moment de répit dans leur vie pour profiter l’un de l’autre. L’image est belle mais si fausse… Ce n’est qu’un détail, vaut mieux que je n’y pensais pas. Il était libre de mettre ses mains ou il voulait, je n’allais pas l’empêcher.

- Je pourrais rester des heures comme ça, contre toi.

Ma pensée m’a échappée. Elle se libéra de mes lèvres pensant que je ne le disais pas à voix haute. Je bougeais légèrement, sans rien dire d’autre. Je le laissais dans le silence de ce moment. Quand je suis faible, je me trouve plus « humaine » dans mes paroles. Ce n’est pas un défaut, je crois. Du moins, j’espère.
Une chose est sûre, je suis étrangement sincère. Je me demande bien pourquoi… Ca doit être dû à ma fatigue ? Peu importe au final. J’étais bien !


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