Après le départ de Wode Everhatt, Alys et Heylë étaient retournés près de leur campement, qu'ils avaient remis en place après une nuit à surveiller les alentours pour rassurer leur hôte, qui se sentait observé. On voyait bien qu'il n'avait pas l'habitude de vivre dans une forêt...

Bref, une fois celui-ci parti, remis sur le bon chemin pour quitter la forêt, le duo décida de se promener. Alys prit son arc et son carquois, comme d'habitude, et laissa son renard partir le premier. Lui avait besoin de se dégourdir les pattes, et il en profitait bien, à courir après les cailles. Jusqu'à ce qu'il arrive, en gambadant derrière un lièvre, sur un homme qui s'apprêtait à tuer une biche. Il poussa un glapissement, mais déjà sa maîtresse était prête à tirer une flèche vers l'homme ; elle cria pendant qu'Heylë grondait :

Laisse cette biche tranquille, si tu ne veux pas te recevoir une flèche entre les deux omoplates et mon renard accroché à ton derrière !

Elle était prête à tirer, mais attendit de voir la réaction de l'homme. Heylë continuait à gronder en direction de l'homme, laissant s'échapper le lièvre qui n'en demandait pas tant pour prendre la poudre d'escampette...

L'homme se tourna vers Alys, qui continuait à le menacer de sa flèche, pendant que lui avait rangé son arc et sa flèche, et prit la parole :

La loi de la nature veut qu'une chaîne alimentaire soit respectée... Si je ne tue pas cette bête pour la manger, il se peut qu'une autre le fasse, et je sais exactement quel autre animal sauvage pourrait la manger.

Aussitôt un loup apparut et plaqua la biche qui voulait en profiter pour s'échapper. Il était à un coup de croc ou une griffe de l'exécuter, et attendit la réaction d'Alys. Heylë recula et cessa de gronder en s'asseyant, signe qu'il fallait que ça se fasse. L'Elfe regarda la biche avec tristesse, et tira une flèche vers le cœur de la bête afin d'abréger ses souffrances, puis baissa son arc en murmurant :

Tu as raison. La nature est maîtresse en ces lieux...

Elle se reprit et, affichant un sourire, se présenta à l'homme :

Au fait, je m'appelle Alys, et voici mon Familier Heylë. Et vous ? Qui êtes-vous ?

L'homme répondit à sa demande de présentation aussitôt :

Je suis Haestrom, et voici Whiteghost. Je l'ai baptisé ainsi au fur et à mesure que je le connaissais... White pour son pelage blanc et Ghost pour d'autres raisons...

Il ajouta de manière plus solennelle en réponse à son sourire :

Je suis désolé pour la mort de la biche... Je crois comprendre que tu es une amoureuse de la nature, mais j'avais un peu faim, mais mon loup lui n'a que faire des sentiments des autres hormis les miens...

Alys leva la main pour le rassurer : la nature est ainsi faite, il ne fallait pas aller à son encontre... Heylë poussa un glapissement moqueur quand le ventre de Haestrom se fit entendre, interrompant pour quelques secondes le repas du loup avant qu'il ne reporte son attention sur sa proie : l'homme sourit et demanda :

Néanmoins je ne suis pas spécialement un carnivore comme mon loup, si tu as des plantes qui apaiseront ma faim je suis preneur et pour l'avenir ça m'évitera de me faire menacer?

Alys haussa un sourcil, puis fronça les deux en réfléchissant pendant un moment, puis répondit :

Je dois avoir ça, mais si ça ne t'ennuie pas, je t'invite à me suivre jusqu'à mon campement, je pourrais te préparer quelque chose. Heylë, laisse la biche au loup et va chasser ton lièvre de tout à l'heure.

Le renard, qui s'était approché sur la pointe des pattes de la biche, se figea. Et zut ! Pourquoi les Elfes avaient-ils l'ouïe aussi perçante ? Il revint près de sa maîtresse et la suivit, vérifiant - comme pour se faire pardonner - qu'Haestrom les suivait. Et le loup aussi. Accessoirement.

L'homme accepta l'invitation de l'Elfe, et la suivit jusqu'au campement qu'elle avait installé avec Heylë un peu plus loin du lieu de leur rencontre avec Haestrom et son loup. Une fois installés, il déclara à Alys qui préparait un bon repas nourrissant à la mode elfique :

C'est très gentil de votre part de partager votre campement avec une personne que vous connaissez à peine... et surtout très courageux, je ne suis pas sûr que plus des trois-quart des habitants de Terra ferait la même chose par peur. Je tenais à vous remercier pour ce geste.

Alys sourit et reporta son attention sur la soupe qu'elle préparait, pendant qu'Heylë partait à la chasse au lièvre interrompue quelques instants plus tôt. Haestrom ajouta en riant :

Peut-être que c'est plus facile de me tuer dans votre campement aussi!

Alys répliqua avec sérieux tout en continuant à s'occuper de sa soupe :

Je ne te permets pas de dire cela. Je suis pacifique, mais je n'hésiterai pas à te tuer si tu cherches à m'enlever la vie. Et si j'avais voulu te tuer, je n'aurais pas attendu de t'amener jusqu'ici.

Elle huma sa soupe : satisfaite, elle en servit un bol qu'elle tendit à Haestrom avec un léger sourire :

Voilà, régale-toi. Bon appétit.

Elle s'assit en tailleur devant la marmite et se servit un bol de soupe ; au même moment, Heylë revint avec son lièvre, qu'il dégusta à côté d'Alys. Miam, il en valait la peine, ce lièvre...