Faire Bon Méchage ! [PV : Aërith ; Eve] | |
| Dim 6 Oct - 7:33 | | | | « Alors Balthy, je vois qu'on se refuse rien hein ! »
J'ouvre les yeux sur le vide sidéral, j'en suis sidéré. Ici une planète annelée, éventrée où rougeoie un noyau volcanique, il pleure et aussi inconcevable que cela puisse paraître semble se plaindre à mon encontre. Il me suffit d'y penser, et soudainement je me retrouve à quelques mètres de ce cœur déchiré. La touffeur m'assommerait presque. le simple fait de penser à m'en écarter me transpose là, où une étoile se meurt ; sa lumière chimérique me brûle les rétines. Mon calvaire prend fin lorsqu'elle implose, déversant dans cet univers constellé une poussière endiamantée, précédée elle-même d'une vague destructrice d'énergie stellaire...Mais je reste en vie, à vrai dire je n'ai rien senti si ce n'est un tressaillement.
Mille dragons ! Où pouvais-je bien me situer ? C'était tel que le passé, le présent et le futur se superposaient formant ainsi une boucle temporelle. Le temps n'était plus. J'essaie de maîtriser mes pensées, une simple idée me propulse dans un multivers d'incohérences logiques, où toute occurrence génère un circuit de probabilités infini que je peux, à ma guise subvertir. Quand tout cela devient familier, et que le grondement des désirs cesse, j'arrive enfin à écouter pour la toute première fois de mon existence, le Silence. Je me ra-ppelle dans le souffle, et me salue dans l'éternité, je suis...
« Dans ton âme ? »
Cette voix, je l'entends clairement désormais. Railleuse et friponne, je la reconnaîtrais entre mille.
« Deylina...c'est impossible !
- Si vieux, et pourtant si bête. Tu crois qu'il se passe quoi quand tu ingères - sans ménagement - une âme, que c'est comme manger une friandise ? Elle devient une partie intégrante de la tienne, elle est englobée.
- Et comment tu sais ça ?
- Tu m'as dévorée, tu te souviens ?
- Que trop bien oui. Dis moi, toi qui as l'air d'en savoir beaucoup, comment je me suis retrouvé ici ?
- Tu dors. Je veux dire, réellement. Tu en es à la phase du sommeil paradoxal.
- Et je suis supposé comprendre avec ça ?! Les démons ne dorment pas ! Que tu essaies de me faire croire le contraire prouve que je ne suis pas dans un rêve ou je-ne-sais-quoi, alors ferme ton clapet avant que je t'y contraigne. »
J'ai la sensation de flotter, plus la conversation s'éternise, et plus Deylina prend forme physique, comme matérialisée par mes souvenirs. Plus aucun doute, je suis pris dans une illusion, il me faut conjurer le sort !
« Et à ton avis, gros malin, pourquoi les démons ne dorment pas ?
- Parce que tes activités phalliques les tiennent éveillés ?
- HaHa...Toujours aussi demeuré. Si nos maîtres nous ont conditionnés ainsi, c'est à cause de la propension des âmes à se régénérer. J'ai eu des siècles entiers pour observer ton Soi, et Balthy, sache qu'il s'étiole. Tu as sûrement dû le remarquer.
- Je n'ai pas de Soi, la catalyse m'en a dépouillé.
- Quel cancre ! Je viens de te dire que ton âme VEUT se régénérer, pour que le vide existe, il lui faut son inverse. C'est une loi universelle ! A force de l'ignorer tu vas finir par perdre ton essence ; écoute, le sommeil est allégorique pour l'âme, sans ça elle dépérit. »
La Deylina que je connais ne parlerait jamais de choses aussi complexes. Maintenant que la conscience de ce lieu m'était acquise, et que son principe fondamental m'était révélé, à savoir que la pensée prévaut, il me "suffisait" de concevoir une sortie, de projeter une idée de mon être hors d'ici.
« Balthy...je te dis adieu, car ton agonie ne fait que commencer.
- Au diable tes belles paroles, je mets un terme définitif à ce faux-semblant ! »
~
Je me réveillai en sursaut, sans hurler comme un humain froussard le ferait probablement, mais en découvrant que je venais effectivement d'avoir eu un moment d'absence, une rage inexprimable m'envahit. Il me fallait tuer quelqu'un ou quelque chose, sans quoi Eve ferait malencontreusement l'expérience d'une violence trouvant ses origines en un monde où la loi du plus fort s'exerçait sans relâche. Un miasme raviva mon olfaction. En tournant la tête je perçus un loup boulottant les entrailles putrides du Shakcha, il tombait à pic. Dans ma prévisualisation, l'action avait été on ne peut plus claire, néanmoins une fois lancé mon corps ne répondit pas comme à l'usance ; tout d'abord je dérapai grotesquement, arrachant une motte au passage en voulant limiter le ridicule. Le canidé de son côté vit cela comme une chance inespérée - et je le comprenais - de prendre le pas sur moi, plantant vigoureusement ses crocs dans ma cuisse. Une aubaine que mon épiderme profitait d'un renforcement naturel, sinon au lieu de simplement entamer la couche supérieure, cet opportuniste cabot m'aurait paralysé un muscle. Je n'étais pas mauvais joueur, pour preuve mes deux poings s'écrasèrent pesamment sur son échine, partageant sa colonne vertébrale en trois parties distinctement égales. Inutile de préciser qu'il lâcha prise dans le même temps. C'était exactement ce que je disais à Eve tout à l'heure, il faut savoir lâcher prise !
Plaisanterie privée qui me redonna le moral. Mon esprit lui, ne parvenait pas à se désembuer. Tout portait à croire que je venais bel et bien de vivre une sorte d'introspection. Quelle horreur ! Pire que d'écouter un nain blablater sur une récente théorie alchimique. Ça y était ! J'en avais plus qu'assez de Drayame, maintenant que je détenais ce que j'étais venu chercher - en faisant une intéressante rencontre aussi -, l'intérêt de cette forêt tombait au ras des pâquerettes. Un faisceau lumineux m'éblouit subitement, m'obligeant à mettre une main en visière pour distinguer le front solaire poindre à la cime des lointaines montagnes. Je me hâtai, rien n'était plus désagréable que le jour naissant. Les promesses généreuses qui en émanaient ne trouvaient pas bon client auprès des créatures démoniaques. De plus la nuit m'avait déjà suffisamment irrité pour que je ne subisse en sus son faux gémeau.
Les écailles du Shakcha étaient reliées entre elles par une fine membrane, cette dernière à son tour faisaient la liaison entre les muscles et les os de la bestiole. En m'assurant de ne pas délier sa structure, je m'étais également assuré de pouvoir transporter toutes les écailles d'un seul bloc. Plus exactement, j'avais conservé intact l'exosquelette. Par conséquent, il m'eut été facile de placer le butin sur une épaule. Mes ailes s'éployèrent alors que j'arrivai devant l'humaine, leur texture laiteuse rejaillissait les rayons du soleil.
« Je vais accélérer le mouvement pour nous rendre à Sen'tsura. Tu ferais bien de t'accrocher. »
Sans plus de cérémonie, je l'embrassai fermement lui chuchotant à l'oreille.
« Quoi qu'il arrive, respire calmement. En altitude tu aurais vite fait de perdre connaissance sinon. »
Les ailes se courbèrent progressivement, laissant le vent s'accumuler. J'aurais pu prendre mon essor à toute vitesse, mais la jeune et frêle hominidé pouvait, par surprise, se tordre le cou.
« On décolle ! »
D'une pulsion nous atteignîmes les hauteurs, son poids n'était pas dérangeant mais nier son incidence sur un voyage d'une demi-journée était une idiotie propre à un diablotin. En prévoyance je m'élèverai au-dessus des nuages, alternant méthodiquement mes battements avec des temps de vol plané. L'espace de quelques longues encablures, elle pouvait contempler du ciel les nombreux territoires. Marrant de se dire qu'une telle vue était rêvée par la plupart des êtres humains, car pour moi la magie n'opérait plus depuis longtemps, peut-être n'avait-elle jamais opéré en fait, je ne saurais m'en rappeler. A force de dompter les cieux, je m'étais imaginé que la planète était un visage, que les étendues verdoyantes représentaient sa peau, et que les canopées qui se succédaient dispersement n'étaient autre que de purulentes pustules proéminentes. Après c'est un avis personnel, vous pouvez voir ça autrement, si ça vous chante.
Nous arrivâmes au terme de notre voyage, au loin se dessinait enfin Sen'tsura la magnifique. Je procédai à la descente, sans avoir besoin d'expliquer quoi que ce soit. La ville parlerait d'elle-même. Il restait une dizaine de mètres avant d'atteindre le sol que je congédiai mes comparses ; naturellement, l'atterrissage fut plutôt brutal et bruyant, mais j'aimais tellement les entrées dynamiques. Face à nous le fameux pont de cristal et de diamant, unique moyen d'accéder à la resplendissante capitale. Véritable oeuvre d'art, alliant à merveille rutilance et indestructibilité ! Cela n'était qu'un avant-goût. Nous traversâmes le pont où refluaient une foule hétéroclite de païens issus de toutes les contrées, de toutes les baronnies, de tous les comtés. Sen'tsura était catégoriquement l'incontournable, la splendide cité que nul ne pouvait méconnaître.
J'avançai malgré l'épuisement avec le port altier même si je conservais un dos légèrement voûté en signe de non-conformité. Arrivé devant l'entrée béante de la ville, la douane -composée de soldats en armure impériale lourde- comptait pas moins de vingts soldats dont les compétences guerrières n'étaient plus à démontrer. Le capitaine sortait du lot avec son armure de plate distinguée et lustrée. Lorsque je leur en revint, ils se raidirent prestement en beuglant.
« Mon Général !
- La ferme ! Je suis éreinté, je n'ai pas besoin que l'on me ravage les tympans avec ça. Cette damoiselle m'accompagne, laissez-la passer sans histoire.
- Bien mon Général ! »
Nous entrâmes dans l'enceinte, je savais les yeux d'Eve ailleurs que sur les échoppes ou les passants. Sen'tsura avait ce pouvoir là. Quand on ne regarde pas où l'on met les pieds, le danger ne peut venir d'en haut.
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| | Balthazar Féral
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| | Mar 8 Oct - 20:14 | | | | « COUUURS »
Aerith ne se fit pas prier pour se mettre à faire de grandes enjambées dans … le néant ? Elle n’avait aucune idée d’où elle se trouvait, il faisait juste nuit, et froid. La température avait glacé ses sens, son souffle ne produisait qu’une faible buée blanche réchauffant un instant le contour de son visage avant de la refroidir de nouveau. Ses pieds enveloppés dans des bottes semblaient-il, s’enfoncer dans la.. neige ? Alors qu’il n’y avait rien quelques instants plus tôt. Mais l’écho de l’ordre qu’elle venait de recevoir résonna de nouveau dans son esprit la forçant a garder une allure stable, sans jamais regarder derrière elle. Peu à peu des éléments du décors s’installèrent autours de la jeune femme, tout d’abord des murs sombres tachés de sang pour la plupart, puis tout disparu en une fraction de secondes pour laisser place à la toundra hivernale. Rien d’autre que de la glace, de la neige, et de grands espaces vides.
Mais bien que forte et endurante, Aerith ne put tenir le rythme bien longtemps de plus que quelque chose semblait l’empêcher d’aller plus vite et de continuer. Quelque chose de lourd, emprisonnant tout son corps, elle toussota et des gouttes de sangs vinrent se mêler à la neige blanche plus bas. Quelques uns de ses vêtements disparurent révélant sa peau opaline, des coupures, égratignures et blessures parsemées son corps de couleurs virant entre le jaune et le pourpre. Elle avait été violentée.
« Ne te retournes pas. » murmura une voix dans le creux de son oreille. Bien sur, cela n’eut pas l’effet escompté. La Lorialet se retourna dans un souffle court alors qu’elle reconnu avec grand regret le visage de son ancien supérieur, l’ancien chef des archers qui avait donné sa vie pour la sauver. Un cri provenant du plus profond de son être jaillit, elle ferma les yeux et se prit la tête entre les mains, ce n’était qu’un cauchemar, rien qu’un cauchemar.
Elle se réveilla, dans une salle qui lui remémora beaucoup de souvenir. Impossible de se mouver, ses mains et ses pieds étaient attachées a une chaise, les murs étaient d’un gris que trop peu rassurant. Des sueurs froides la saisirent alors qu’une forme sombre s’approchait d’elle. Bientôt elle fut assez prêt pour être reconnue de la jeune chef. C’était une vampire d’une certain âge, des cheveux blonds autant que les blés et des yeux de sang, un sourire sanglant assombrissait son visage alors qu’elle se rapprocha jusqu'à échanger un souffle avec Aerith.
« Alors ma belle, je t’ai manqué ? » susurra t-elle avant d‘approcher ses crocs de sa gorge.
Dans un cri effréné, Aerith se leva de son lit, sa dague de protection dans sa main soulevée vers l’avant comme pour ce protéger de cette vampire qui n’avait été elle aussi qu’un simple rêve. De la sueur coulait légèrement sur son front, ses yeux tournèrent dans toute la pièce avant qu’elle ne puisse reprendre ses esprits et se rendre compte qu’elle ne craignait rien ici. L’une de ses mains se posèrent sur sa gorge ou se trouvait encore les marques de morsures qu’elle avait subit il y a peu. Chaque nuit, le même rêve se perpétrait. Sa mission avait été rude, elle s’en apercevait seulement maintenant. Peut-être qu’Aertith ne pourrait jamais oublier ce qui c’était passé, brouillant ainsi sa capacité à réfléchir correctement. Après un instant, la jeune femme sortit de son lit alors que les rayons du soleil commençait à peine à percer à l’intérieur de son chez elle. La chef des archers ne prit qu’un court instant pour se laver, se changer par la même occasion les idées, et se changer pour la journée. Aujourd’hui rien de bien intéressant, formation des nouvelles recrues, plus le topo fait par elle-même, plus pour mettre la pression aux petits nouveaux que pour les rassurer, Aerith aussi avait connu cela et cela n’était pas une mauvaise méthode, mais ne faisait que mettre une sorte de compétition dans l’esprit de ses jeunes qui se donneront alors tous a font pour réussir le test et donc l’entrée dans l’élite. Avant de sortir de chez elle, la femme prit son arc et son carquois avant de prendre le chemin du terrain d’entraînement. Plume, son familier qui attendait sagement sur son perchoir à l’extérieur de la demeure vint se poser sur l’épaule de sa maîtresse en croassant allègrement.
« Coucou toi » lâcha t-elle dans un faible sourire, il était l’un des seuls a pouvoir la faire sourire en ses jours.
Sent’sura, la ville dominée par la présence des AT était toujours aussi active. Habillé de son plus simple habit de cuir, pantalon et bustier lui couvrant la totalité de son haut pour ne laisser apercevoir rien de compromettant a sa stature. Ses cheveux de lin noirs étaient attachés en une queue de cheval, tout ce qu'il y avait de plus simple. Des avants bras et des chausses toujours de ce même marrons foncés, les blessures quelles avait pu revoir dans son rêve étaient visible sur sa peau, des morsures de vampires dans le coup, des égratignures sur les bras et des cicatrices pas tout à fait refermées pour certaines, mais il était impossible de la tenir dans un lit plus de quelques heures. Mais la jeune Lorialet ne put faire quelques pas tranquillement avant qu'un de siens ne vient à sa rencontre baissant symboliquement la tête en guise de salut.
« Dame Laurélÿn, le General Démoniaque est de retour, il a franchi depuis peu les portes de Sent'sura, il m'a semblait bon de vous prévenir. » dit-il clairement. Dame Laurélÿn, c'est le nom que l'on lui donnait, il n'y avait que très peu de gens qui l’appelaient réellement chef ou par un synonyme de la sorte. Tous lui portaient attention à sa stature de femme, ce qui l'avait dérangé dans les premier temps avant de s'y faire tant que ses hommes savaient en qui écouter, ils pouvaient bien la nommer comme ils le souhaitaient. « Merci. » répondit-elle en laissant croire à son indifférence quant à la chose. L'homme s’écarta, mine de rien les pas gardèrent le même chemin comme-ci en aucun cas elle avait envisagé de prendre un nouveau chemin pour accueillir son supérieur à qui elle devait un rapport de nouveau, sa mission catastrophe avait fait le tour de la hiérarchie d'Aile Ténébreuse, désormais elle se sentait comme souillée de devoir être mise sous tutelle comme une enfant.
Une fois la rue commerçante passée, un regard en arrière, sur la gauche puis sur la droite, aucuns regards. Aerith bifurqua vers une petite ruelle pour rattraper l'entrée de la grande ville, finalement elle n'attendrait pas ce soir pour obtenir un rendez-vous avec le grand Balthazar. Le rythme de ses pas se répercutèrent dans la petite ruelle sombre, alors qu'elle courrait seule dans l'ombre comme à la poursuite d'une chose qu'elle ne pouvait atteindre. Elle finit par atteindre son but, Balthazar ne fut pas compliqué à trouver, il était un démon, et pas n'importe quel démon. Quelques soldats lui montrèrent signes de respects a son passage. D'un pas assurée la brune s'avança a son tour, son supérieur était en face d'elle a quelques pas, cependant avant qu'il ne puisse poser les yeux sur elle, un détail l'interpella. Les cheveux d'or, le regard presque innocent, et si visage rassurant mais a la fois … Cachant sûrement de nombreuse folie, a moins que ce ne soit elle la folle a cet instant la. Sans y faire attention sa poigne se resserra sur l'une des dague qu'elle portait à sa ceinture. Plume, son corbeau prit son envol en sachant que ce qui allait se passer .
Les gens aux alentours s’écartèrent comme s'ils pouvaient sentir l'aura malsaine qui tournait autour d'Aerith, s'approchant dangereusement des deux compagnons. Comme une ombre, elle se glissa entre Balthazar et l'inconnue au regard presque angélique, trop angélique. L'espèce d'un instant le moment sembla se figer, alors que l'air entourant la Lorialet se changea subitement passant au glacial, comme le pouvait tout ceux de sa race créer de micro climat. « Ne me dis pas que tu t'es fais berner par cette illusion de douceur, car elle n'en est rien. » chuchota t-elle pour son supérieur si doucement qu'elle ne fut pas sure qu'il est entendu. La morsure à son cou la picota légèrement, alors que la folie s'introduisait dans ses veines.
« Écarte toi de mon chemin. » rugit-elle à l'intention de la blondinette, ses yeux d'un noir sans pareil semblèrent l'espace d'un instant s’être embrassés. Rêve, douleur, imagination, la réalité n'avait plus sa place dans les yeux de douce Lorialet.
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| | Jeu 10 Oct - 13:37 | | | | La petite heure de sommeil dont je profita ne s'encombra pas de rêves. Déjà, le soleil s’éveillait lentement, ses rayons animèrent mon esprit endormi. Somnolente, je ne bougeais pas , tentant de replonger dans l'inconscience, quand un mouvement attira l'attention de mon regard encore brouillé. La scène qui se déroula sous mes yeux eut le même effet qu'une douche froide au réveil. Impossible de se rendormir, et une grande envie de crier dans les aigus malgré l'inutilité assumée de cette idée. Restons positive, au moins j'était sure que je n'avais pas rêver l'étrange rencontre avec Balthazar hier, le démon n'avait pas changé. Décidée à commencer la journée avec optimisme, je détournais le regard de l'animal qui gisait au sol et m’étirais lentement avant de me lever. Un main passée sur mon ventre me rassura quand à l'évolution de ma blessure; malgré le sang séché qui lui donnait un aspect inquiétant, je sentait clairement que la chair s'était refermée. Je ne garderais qu'une belle cicatrice, mais qui se confondrait rapidement avec celles héritées des Limbes. Constatant par la même occasion que le coup du Shakcha avait déchirée ma robe, je m'empressa de remettre ma cape sur mes épaules, et la referma soigneusement à l'avant.
- Je suis p... commençais-je en me tournant vers Balthazar.
Doté de deux impressionnantes ailes, le démon était devenu soudainement bien plus impressionnant, si besoin en était. A vrai dire, le choc, cumulé à la fatigue, fut si grand que je sentit mes jambes trembler, si bien que quand il me prit soudainement dans ses bras, je ne songeait pas à m'en offusquer.
"respire calmement". Plus facile à dire qu'à faire! La chose, déjà pas simple, se compliqua quand je réalisais que mes pieds ne touchaient plus la terre. Certes, la vue qui s'offrit à moi était belle à vous en couper le souffle, mais l'idée d'être suspendue en l'air par la seule force des bras et des ailes de Balthazar m'affolait. Et si il me lâchait? Et si un grand coup de vent le faisait perde l’équilibre? Et si une flèche égarée lui blessait une aile? Et si... Agrippée à lui comme un naufragé à une bouée, je paniquais pendant un bon quart d'heure, jusqu'à ce que le manque d'oxygène chasse la peur de mon esprit et me plonge dans une douce euphorie. Nous n'étions qu'à quelques dizaines de mètres au dessus du sol, mais le sentiment qui m'étreint n'aurait pas été différente si nous avions changé de planète, changé de monde. Silencieuse, immobilisé par cette vision, je restait captivée longtemps, émerveillée par la beauté de la Création que l'on ne cessait jamais de redécouvrir. Finalement, une fois ma curiosité satisfaite et toutes peurs disparues, je m'endormie, trop épuisée par toutes ces émotions.
Le seconde réveil de la journée ne fut pas plus doux que le première, mais apporta lui aussi son lot de merveilles, de nouveauté. A première vue, il n'y avait qu'un pont, lequel suffit à me faire garder le silence tandis que nous le traversions tant il était harmonieux. Je ne perçut pas grand chose de l'échange assez sec entre Balthazar et les hommes qui se tenaient devant la porte, même s'il fut assez clair qu'il ne s'agissait pas de retrouvailles amicales. Encore désorienté par toutes ces nouveautés, je saluait poliment un à un les soldats qui, selon les cas, furent amusé ou intrigué par ce geste. Qu'importe, personne ne m'accuserais d'avoir osé souhaiter le bon jour à ces étranges hommes couverts de métal! Ce que je découvrit une fois une fois à l’intérieur des remparts me laissa sans voix, les yeux écarquillés, le cœur battant. On aurait dit une montagne doté de l’élégance d'un grand chêne, ou bien un chêne aussi massif qu'une montagne. Et à cela il fallait ajouter la marque de l'homme qui avait érigé l'ensemble de ce miracle permanent. Un sourire apaisé sur les lèvres, je compris ce qui me touchait particulièrement dans cette ville. J'y retrouvais la même harmonie que celle que recherchais sans cesse Yehadiel dans ses créations. Ici, l'élève avait rejoint le maître, la créature rencontrait son créateur.
Je suivait sagement Balthazar, trop étonnée par les lieux pour parvenir à poser lui une seule question parmi la centaine qui se bousculait dans mon esprit, quand une femme s'avança vers nous, la démarche assurée, élégante et marquée par une certaine noblesse. Svelte, féminine, le visage doux... Je tressaillit en croisant son regard plus noir que le charbon. L'image du Shakcha me revint en mémoire et, à vrai dire, la situation n'était pas très différente. Mais comme pour le gros reptile, pas question de se laisser submerger par la peur avant d’être sure de ses intentions.
Écarte toi de mon chemin.
Bien, il me semble que ses intentions sont claires maintenant! Je réalisais que cette femme m'évoquait autre chose que la créature qui m'avait attaquée hier... Autre chose, ou plutot quelqu'un d'autre... Une femme de caractère, une femme qui incite au respect et qui, à sa manière, m'avait aussi dit, il y a bien des années, "écarte toi de mon chemin". Ce rapprochement, si il accentua ma crainte, raviva aussi la détermination qui m'avait animée pendant des siècles d'obscurité. Le poing sur les hanches, la tête légèrement inclinée sur le coté, un sourire entre l'amusement et le défi sur les lèvres, je m'adressa à l'inconnue, sans trop savoir si ces mots lui étaient vraiment destinés, ou s'ils n'étaient qu'un vieux réflexe hérité des Limbes que je renvoyais à Nayris.
- Sinon quoi?
Que peux-tu me faire de plus que toutes les tortures que tu as inventé depuis tout ces millénaires? Tu ne sais pas ce que je peux supporter... Tu as bien fini par te lasser. Tu ne connais pas la vraie détresse des Limbes... La confusion entre la jeune femme face à moi et la déesse s’amplifiaient. Pourtant, cette angoisse, cette douleur dans le regard noir de l'inconnue témoignaient que, elle aussi, avait du souffrir la cruauté d'un bourreau.
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| | Eve*
Partie IRLCrédit avatar : SuzyDouble compte : Sinan OuhiVitesse de réponse : Rapide (sinon empechement je vous previens!)
| | Mar 15 Oct - 4:14 | | | | L'effervescence citadine accaparait toute mon attention. Entre les criées des marchands qui -en arrivait-on à le croire- se battaient pour prouver à leurs concurrents qu'ils pouvaient toujours atteindre une octave supérieure, jusqu'à s'égosiller, oubliant de la sorte le but premier de leur présence : commercer ; et entre le chahut des visiteurs et promeneurs, éberlués devant la magnificence architecturale de la cité leur mâchoire inférieure pendante, à deux doigts de se disjoindre pour aller claqueter des dents au sol. Je pouvais fourrer mon poing jusqu'au fond de leur gorge pour y arracher leur épiglotte qu'ils n'en ressentiraient qu'un léger picotement. Ils étaient là, babillant sans fin sur la provenance de telle pierre précieuse, ou spéculant sur les origines d'un textile que l'on ne trouvait que sur le gigantesque marché de Sen'tsura... certains même, bien plus osés, se permettaient d'engager quelques réflexions politiques. Afin de vous éviter tout intérêt que vous pourriez porter à ces gueux et épargner une susceptible intrigue engendrée par un penseur révolté, mu par les flammes de la justice ; Aucun ne faisait jamais long feu. Voilà.
Bref, entre la cacophonie de la plèbe, l'irisation des lumières naturelles à travers les édifices de cristal et tutti quanti, le pullulement des brassages ethniques attirant maints sociologues de terres reculées, les formes géométriquement insolites des bâtisses à en défaire les axiomes euclidiens, les bêtes de foire, l'arène et ses gladiateurs, les vins tranquilles, la pauvreté, la richesse, les enfants en haillon, les nobles en fourrure d'hermine, les garnisons armurées, la vie en mouvement, la mort en suspens, le NÉANT !!! Je vais y arriver, mais il fallait vraiment comprendre que monts et merveilles, Sen'tsura en promettait tant et plus. Je disais donc, Bref ! Entourés de tout cela, nombre d'aventuriers avaient perdu leur âme pour ce monde inventé dans un autre. Moi, ça me laissait à chaque fois songeur, je riais intérieurement en sachant que cette ville était un peu -même carrément- comme une rose sublime que l'on savait pertinemment pourvue d'épines venimeuses, mais dont la beauté nous encourageait à en saisir fermement la tige.
Lorsque je voulus regarder si mon invitée ne s'était pas déjà faite engloutir par la masse fourmillante, une succube à la ligne allongée me lorgna de toute sa coquinerie. Elle gloussa en cachant ses lèvres de la main, un trait charmeur caractéristique de son espèce, mais qui fonctionnait sur beaucoup de mâles. Ses cheveux de jade ne m'aidaient pas à annuler ce profond désir qui survint, et sur l'instant, j'aurais juré entendre sa voix miauler mon nom dans mon esprit. Oh quelle petite renarde, malheureusement pour elle, on ne me la faisait plus. Ses pouvoirs télépathiques ne se substitueraient pas le moins du monde à mes propres pensées, même si un doute pointait ; cette envie pressante de l'empapaouter venait bien de moi, d'elle, ou de notre tentation conjointe ? Vire de mon chemin, onirique créature, ou tu risques fort de rentrer chez toi la queue entre les jambes... Littéralement, j'entends !
Je ne la sentis pas très convaincue au départ, et puis impossible de savoir si la communication mentale pouvait se faire à double sens. Dans ce cas, et parce que j'aimais que les choses soient limpides entre deux personnes, je m'efforçai de lui projeter des arguments illustrés en couleur, avec des légendes, des miniatures, tout pour qu'elle comprenne parfaitement la dimension de mes instincts. Un hoquet psychique me répondit éloquemment avant qu'elle ne file à toute vitesse à mon opposé. Quelle tristesse, n'avais-je point d'âme sœur en ce bas monde ?
Tout à coup, l'air ambiant se rafraîchit alors que les gens récemment encore dispersés ne s'écartèrent de ma position, formant un cercle telle une foule prête à assister au combat de l'arène. Sur ce, une timide voix peina à se faire entendre.
« Ne me dis pas que tu t'es fais berner par cette illusion de douceur, car elle n'en est rien. »
Ce à quoi j'eus une réaction -et il m'en coûte de le dire- normale.
« Hein ? »
Je me retournai en tombant sur le dos d'une femme à la chevelure noire, en prêle, ses bras égratignés et ses meurtrissures laissaient vaguement planer l'hypothèse d'une guerrière tout juste remise sur pied. Bon très bien, on dirait une femme qui a loupé une marche et qui s'en est battu l’œil sur dix mètres de dénivelé, avec à l'arrivée le droit de refaire un tour ! Que celui qui me trouve pathétique se regarde dans un miroir, en pensant avant d'entrer dans la salle d'eau, de bien faire attention à la marche. Le plus intriguant dans tout ça, furent les multiples plaies distinctives à son cou. La répétition des morsures montrait que le vampire l'avait torturée sans vergogne ; pourquoi avais-je l'intuition que cela me concernait également ?
La brune prit la mouche et la blonde fit mouche. Sans y avoir contribué de quelque façon que ce soit, deux femelles se toisaient farouchement. Les gueux retinrent leur souffle, l'atmosphère même semblait créer un microclimat. L'effarade distillée par Eve et sa nouvelle amie me rendait fou de joie ! J'en aurais presque tapoté d'admiration si la tension ne suggérait pas à ce point le silence. Un garde s'approcha de moi, indécis sur la marche à suivre. Je lui attrapai si rapidement le col que ses panards raclèrent le sol jusqu'à ce que je puisse lui en toucher deux mots.
« Rameute discrètement les parieurs, et va en cuisine me chercher de la viande et des gaudes.
- Des gaudes ?
- Oui des gaudes ! Tu veux que je te le grave sur le front ?
- pardonnez-moi...s'aplatit-il.
- Et par-dessus tout, dépêche-toi. »
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| | Balthazar Féral
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