Le soleil était haut dans le ciel en cette douce journée éclairant par ses rayons une grande plaine avec quelques arbres dispersés par-ci et là. Le ciel n'était pas couvert par le moindre nuage, un vent léger soufflait dans les branchages des arbres égarés. Cet endroit était sûrement habité avant la venue d'Aile Ténébreuse, mais aujourd'hui il ne l'était plus. Seuls quelques oiseaux et autres animaux des forets parcouraient ce territoire sans craintes, en dehors du gibier qui lui se cachait dès l'approche d'humains ou d'une autre créature susceptible d'en faire sa proie. L'air de la plaine était chaud, la journée s'annonçait torride. Non loin, une jeune femme s'exerçait à l'arc, bien qu'exerçait n'était pas un mot qui lui aurait convenu, elle perfectionnait un art qu'elle maîtrisait déjà, presque, sur le bout des doigts. Son maintien de l'arc, sa position, l’écartement de ses jambes, la traction de son bras, le bandage de l'arc, elle ne se souciait plus de ces détails, la gestuelle était devenue une habitude. Un croassement surgit du ciel, tandis que le corbeau au plumage de nuit se posa lentement sur le bras tendu de la jeune femme du nom de Aerith, Lioralet ayant grandit chez les amazones, est maintenant Archère d'élite pour Aile Ténébreuse, le chemin pour en arriver là, avait été long et semé d'embûche, mais la jeune femme pouvait être fière d'avoir réussi. Elle souria à l'oiseau qui, lors de ses entraînements semblait prendre un malin plaisir à la déranger dans sa tache, elle tira cependant, la flèche fila en arc de cercle avant de plonger sur une cible qu'elle avait accroché à une centaine de mètres d'ici. Dans le mile. L'oiseau ouvrit ses ailes en prenant son envol, reprenant ses croassements avec plus d'ardeur, comme s'il voulait accompagnait le rire cristallin de la jeune femme. Cette dernière passa son arc par dessus sa tête, avant d'aller chercher sa flèche - qu'elle avait elle même fabriquée comme toutes les autres - elle la remit dans son carquois avant de prendre la route du campement.

Alors qu'elle s'apprêtait à quitter la clairière, une ombre familière passa près d'elle. Il ne lui fallut pas moins d'une minute pour reconnaître le visage du grand homme, un homme plus âgé qu'elle, ayant sûrement la quarantaine. Bien sur, il n'avait pas manqué l'entraînement de la jeune femme, l'observant seulement de loin. Il était alors le chef des archers et bien qu'un homme avec de grandes responsabilités, il prenait toujours du temps sur lui pour s'occuper de ses hommes. Darägor ainsi l'appelait-on, avait - depuis l'arrivée de la jeune femme dans l'armée d'Aile Ténébreuse - toujours eu une sorte de fascination pour celle-ci, elle lui avait conté son histoire et il n'en fut que plus intrigué par l'évocation de ces dites amazones, créatures enchanteresses, tirant aussi bien que la grande déesse de la chasse, d'une beauté intrigante et aux coutumes un peu trop expéditives à son goût. Il l'avait prit sous son aile et l'avait aidé à s'intégrer aux autres, ils s'appréciaient tous deux.

« Je me demande quand rateras-tu une flèche ... » dit-il de sa voix grave avec un léger sourire dessiné sur ses lèvres, les bras croisés sur son torse, adossé à un arbre à l'entrée de la foret.

« Tu ne verras jamais cela de ton vivant, je te l'assure. » répondit-elle franchement, en le regardant installé comme il était. Il était resté ici toute l'après-midi à la regarder tirer ?

« Ahah, trêve de plaisanteries, je viens t'annoncer une bonne nouvelle. »

« Ah ? »

« Nous avons décidé de frapper fort, une guerre contre Flore a été ouverte, toutes nos troupes sont demandées sur place dans deux jours. » il déclara cela avec une pointe d'angoisse dans la voix, mais la jeune femme n'aurait su pourquoi, peut-être la guerre le tracassait-il ? Il y aurait des pertes, cela était sur et il devait sûrement s'en faire pour cela. Mais le général démoniaque avait ordonnée à ses troupes de se battre, alors elles combattraient. Le corbeau choisi ce moment pour venir se poser sur l'épaule de sa maîtresse en caressant sa tête contre sa joue, elle souria en lui caressant le haut de sa petite tête.

« Enfin de l'actions et pas une simple mission comme d'habitude, qu'attendons nous pour nous rendre à Flore ? »

* * *

-Flore-

L'endroit semblait sortir d'un véritable conte de fées, il y avait tant de couleurs, de créatures qu'Aerith n'avait encore jamais vu. Un paysage féerique et fantastique s'étendait sous ses yeux, du moins c'est ce qu'il en fut les premiers jours. Les troupes d'Archers et de la Cavalerie réunies, avait fait un long chemin pour arriver jusqu'à Flore, ils leurs avaient bien fallu deux jours avant d'atteindre la frontière de Flore, beaucoup de ceux qui n'y avaient encore jamais mit les pieds furent éblouis par la splendeur des lieux. Mais le temps n'était pas à la visite culturelle de la région, mais plutôt à la bataille qui se préparait. Le terrain avait déjà été préparé par les troupes qui étaient là, les sentinelles, depuis plusieurs jours, après tout, les batailles ne se font pas du jour au lendemain. La belle Flore, ne l'était plus désormais, non ce n'était plus qu'un champ de combat, ou le sang et la violence étaient maîtres ; le paysage ainsi que les habitants n'en sortiraient pas indemnes, la Flore d'avant ne serait plus jamais celle de demain.



Cela faisait donc trois jours, que Aerith ainsi que tous les autres archers se trouvaient au front, l'avancée du camp d'Aile Ténébreuse ne faisait aucun doute, des rumeurs circulaient même sur le fait que le souverain de Flore avait déserté les lieux. Mais tant que la région ne serait pas sous le contrôle de l'armée, elle continuerait d'avancer écrasant tous ceux qui s'y interposeraient. La soit disant guerre était gagnée d'avance, les forces qui se dressaient contre eux n'étaient pas assez puissantes, des gens et l'armée de Flore principalement, aidés par les rebelles, ou du moins ce qu'ils étaient à l'époque, un troupeau mal organisé. Enfin c'est ce que les Pro AT s'imaginaient.

Aerith Laurélÿn se trouvait à la tête des archers attaquant par l'est de la bataille, le sang coulait a flot sur les plaines de Flore. La jeune femme aurait sûrement aimé vivre dans cette contrée quelques années auparavant, l'endroit devait être calme et paisible d'ordinaire, mais un jour ou l'autre tout doit bien changer ... Plume, le corbeau de la Lorialet volait au dessus du terrain, évitant du mieux que possible les projectiles qui volaient par-ci par-la. L'archère s'en servait pour élargir son champ de vision et voir l'avancée de l'armée et de ses compères. Darägor n'était jamais loin, en apercevant l'oiseau il lui fit un signe amical comme s'il savait que la jeune femme le verrait par ses yeux à ce moment là. Petit à petit, les forces ennemis cessèrent de se battre, la victoire était inexorable. Alors que la pression redescendait dans les épaules de la jeune femme, son familier croassa étrangement, attira l'attention de la jeune femme qui utilisa son don de vision. A l'arrière des troupes que menait le chef des archers, la faune de Flore sembla se réveiller tandis que les arbres se mirent à gronder et tanguer. Ce ne fut qu'un long cri venant des profondeurs de la terre qui réveilla les troupes. Un dragon de la taille d'au moins dix hommes surgit de nulle part, arrachant la tête des AT qui se trouvaient au mauvais endroit au mauvais moment. Les écailles de la bête était d'un vert émeraude particulier, son souffle brûlant blessa de nouveau des soldats. L'armée se retourna de suite contre lui.

« VISEZ LES YEUX, AINSI QUE SES PATTES. » Cria la jeune femme tirant par la même occasion une volée de flèche en direction de l'animal rugissant à en faire exploser les tympans. Les hommes la suivirent, visant principalement le visage de l'écailleuse, pour le priver de sa vue et ainsi le tuer plus rapidement. Bien vite le dragon fut assaillit de flèche et de soldats, bien que la plupart de ceux qui osaient s'approcher se retrouvaient écrasés ou décapités, mais il faiblissait à vu d'oeil. Bandant son arc, la jeune femme visa l'oeil droit de la bête, elle ne manqua pas sa cible et l'animal tangua sur la droite faisant voltiger une dizaine de soldats trop prêt.
Plume croassa de nouveau, il se trouvait au dessus de la troupe de Darägor. La troupe se battait, sortant leurs poignards et tirant sur ceux qui se trouvaient à distance, les rebelles avaient profité de ce léger moments d'inattention pour attaquer par l'arrière, tuant tout sur leur passage. Aerith quitta les yeux de son oiseau, levant la main pour reprendre l'attention de ses coéquipiers, tandis que plus loin, le dragon tomba au sol, du sang coulant de son énorme gueule, il n'était pas encore mort, mais trop faible pour se relever.

« Le dragon n'était que diversion, soutenez l'équipe Alpha, des rebelles se sont introduit parmi nos rangs. » déclara t-elle, avant d'accrocher son arc à son épaule, et courir vers la troupe Alpha, se trouvant plus loin sur la plaine, assez pour qu'elle n'arrive pas à temps ... les rebelles avaient été neutralisés, certains furent capturés d'autres tués. Les soldats d'AT s'en sortaient plutôt bien, des blessures certaines plus grave que d'autres. Essoufflée et à la fois rassurée, la jeune femme se plia, posant ses mains sur ses cuisses, reprenant un rythme cardiaque proche du normal. Une fois cela fait, elle chercha un visage connu dans la troupe, mais rien... Son coeur s'accéléra.

« Darägor, ou est-il ?? » se mit-elle à crier vers les soldats qui se retournèrent vers elle, en se demandant si elle allait bien et n'avait pas perdu la tête. Une main l'attrapa par l'épaule, elle se retourna pour lui faire face, son visage dur se transforma doucement lorsqu'elle plongea ses yeux couleur nuit dans les yeux marron de son supérieur.

« Alors on s'inquiète pour moi, petite ? » dit-il en sachant qu'elle détestait qu'on l'appelle ainsi. Aerith lui mit une tape sur la tête, avant de se retourner et de se mettre dans les rangs, sa troupe arrivant après elle.

« Tu devrais d'abord t'inquiéter pour toi même, Aerith. » Ses mots semblèrent bien trop sérieux dans sa bouche, il lui toucha une mèche de ses cheveux retenue dans son chignon qu'elle portait habituellement en mission. Se retournant, elle voulut lui faire face, cependant ses yeux captèrent un autre mouvement.


« Des flèches ... » murmura t-elle dans un souffle, à cet instant elle se sentit faible. Darägor prit les devant : « TOUS AUX ABRIS, PROTÉGER VOUS SOUS LES BOUCLIERS. » les hommes l'écoutèrent sans broncher, tandis que la salve de flèche, tel un nuage noire s'avançait dangereusement, il ne restait plus beaucoup de temps. « Reste près de moi » murmura l'homme à Aerith, comprenant bien vite que s'échapper n'y changerait rien et avant que celle-ci ne puisse réagir, il l'enveloppa de son corps, l'empêchant par la même occasion de bouger ou de fuir, la fuite ici ne résumerait que la mort, les flèches arrivaient trop vite pour être esquivées, de plus ni elle, ni lui n'avait de protection tels les cavaliers ou soldats, rien d'assez solide pour passer cet essaim.

Aerith entendu l'averse de flèche, ainsi que le souffle du chef des archers dans son cou, son muscles se contractant sous elle, sa douleur éteinte dans une plainte presque sourde. Il lui fallut une longue minute avant d'oser bouger, le corps de Darägor tomba en arrière sur le sol, cette fois-ci il laisse un léger cri de douleur sortir du profond de sa gorge alors que les pointes des flèches vinrent s'enfoncer dans sa chaire, à travers son armure de cuir. La jeune femme se précipita vers lui, les blessures ainsi que flèches en métal étaient trop nombreuses, l'homme aurait perdu tout son sang avant de pouvoir espérer être guéri. L'homme ouvrit les yeux en respirant comme il le put, cherchant son souffle, la jeune femme posa une main sur son torse troué d'impact. En regardant autour d'elle, la jeune femme vit une montagne de dard. Certains des siens n'avaient pu en rechaper d'autre si.


« Pourquoi ... On aurait pu ... Tu es complètement stupide. » dit-elle, sa voix n'était plus aussi sereine qu'avant, ses mains se mirent à trembloter, mais l'homme posa l'une des siennes contre sa main posée sur son torse, levant les yeux vers le visage de la Lorialet.

« Nous serons .. tous deux morts. »

« J'aurais dû mourir pour toi ! »

« Ahah, avec .. ce corps frêle ? Non .. plus. » Rigola t-il laissant échapper quelques gouttes de sang d'entre ses lèvres que la jeune femme essuya avec son pouce. « Écoute ... Je n'ai plus ... la force ni la précision ... de mes vingt ans... » toussota t-il « Cela aurait dû arriver ... Ma mort avait été prédite ... non la tienne... Tu es bien .. trop jeune pour connaitre ... une telle fin... » Sa main relâcha celle d'Aerith et tomba mollement sur le sol. L'archère, regarda son supérieur un long moment, des hommes l'avaient rejoint, genou à terre, tête baissée. Le corbeau noir de la jeune femme se posa sur le corps de Darägor, regardant sa maîtresse, cette dernière les yeux remplis de tristesse, elle ferma les yeux de l'homme mort devant elle, mort pour elle. Il avait fait un choix idiot, un choix stupide, c'est ce qu'elle pensait à ce moment là. Sa mort à lui contre sa vie à elle. Il n'avait pas semblé surpris et avais prit la décision de s'offrir pour la Lorialet comme ci cela était normal pour lui ce qui ne l'était pas pour elle en tout cas. Sa mort avait un goût amer dans sa bouche ...

* * *

Flore fut bientôt conquit et sous le contrôle de l'armée et d'Aile Ténébreuse en personne, les morts se comptèrent par centaine, ce qui n'était pas énorme d'après certains. Beaucoup avaient perdu des amis, des proches, des connaissances ou des meneurs. Mais la vie était ainsi et le court de cette dernière ne s'arrêtait pas pour la mort d'hommes. C'est ce qu'on répéta de nombreuses et nombreuses fois à la jeune femme, qui avait du mal à oublié les événements de Flore, personne ne pouvait vraiment la comprendre. Mais son devoir devait l'occuper avant tout, elle se remit peu à peu dans le rythme sans oublier les événements qui la perturbaient.


Quelques semaines s'étaient écoulées avant que le général démoniaque demande à recevoir la jeune Lorialet. Il avait prit une décision la concernant, le chef des archers avait besoin de renaitre, mais avait-elle les épaules assez forte pour une telle tâche ? Oui, pour Darägor, elle en serait capable. Elle reprendrait son devoir la ou il l'avait laissé, avec courage, force et rigueur dont il était maître. Lui faire honneur tout comme il lui avait fait honneur. Sans jamais ternir son nom et ce qu'il était, son souvenir resterait toujours chaud comme la braise dans son esprit. Un genou un à terre, elle accepta la demande.

« J'accepte cet honneur que vous me faites et j'utiliserais toute ma force, tout mon courage pour répondre à ma tâche. »