[Terminé] Un discours pour une goutte [PV: Aile Ténébreuse] | |
| Jeu 12 Sep - 14:15 | | | | Un discours pour une goutte ƒ Le palais de Sent'sura me paraissait toujours aussi luxueux que la première fois que j'avais eu le droit d'y mettre les pieds. Pas cette luxure timide que prônait parfois les humains. Pas des petites touches par-ci par-là, mais un véritable étalage de richesse. Ce genre d'étalage qui doit intimider n'importe quel visiteur, qui le fait plier le genou avant même d'avoir pu rencontrer le roi démon. Et cette richesse me plaisait, me rappeler le pouvoir de ce Dieu vivant que j'allais rencontrer. Rien que le couloir était impressionnant. L'or, le rouge symbole du sang que nous avions fait couler pour en arriver à cette grandeur, la couleur sombre du bois à laquelle on pouvait assimiler nos cœurs de démon. Un ensemble classique mais qui me plaisait. Peut-être aussi que cela m'impressionnait, m'écrasait légèrement et que c'était cette même sensation que ma mère avait cultivé chez moi pour développer ma foi.
ƒ La réunion entre les archevêques et les alchimistes avait été complexe, difficile, longue, épuisante. Et à son issue je n'avais pas pu refuser la mission qu'on m'avait subitement confiée. Prise au dépourvue, une demande. Une simple prière que je devais lui adresser mais qui devait être tournée exactement comme il le fallait pour que notre Seigneur accepte d'y laisser une partie de lui-même. Pourtant nous n'avions pas le droit à l'erreur, que cela nous plaise ou non, l'influence de Nayris n'avait jamais était aussi forte. Elle ne pouvait pas revenir sur Terra sans mettre à mal l'ordre que l'Empire avait établi depuis plusieurs années. Et c'était notre rôle à tous de tout mettre en oeuvre pour que notre Seigneur n'ait strictement jamais à s'en soucier. A part pour la petite coupure dont j'aurais besoin si je parvenais à mes fins.
ƒ En poussant la porte de la salle du trône, je prenais une profonde inspiration. La tête légèrement inclinée vers le bas, je vis le bas du corps de mon Seigneur en face de moi. J'entrais doucement sans relever les yeux pour ne jamais sembler irrespectueuse. & Mon seigneur... & dis-je avec respect. Je m'agenouillais devant lui, servilement, car je n'aurais jamais imaginé me comporter autrement devant lui. Les informations que je devais lui présenter tournaient dans ma tête cherchant d'elle même une façon harmonieuse de s'imbriquer devant cet être exceptionnel. & Je vous remercie de m'avoir accordé cette audience. Je suis ici au nom de l'ensemble de vos dévoués Archevêques & déclarai-je en guise d'introduction et cela en attendant d'avoir la permission de continuer plus avant mon discours.
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| | Anthithée Féral
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| | Dim 29 Sep - 17:48 | | | | Les audiences était bien ce que le Roi Démon haïssait le plus, dans sa charge de souverain. Rien, à Zelphos, ne peut vous préparer à cela : entendre des inférieurs vous supplier pour tel ou tel besoin quelconque, réclamer votre aval pour telle construction, etc... Là d'où il venait, les choses ne se passaient pas ainsi : avant son avènement, le monde était divisé en de nombreux royaumes guerriers, dont les allégeances variaient bien vite. Régner ne signifiait ni plus ni moins que guerroyer. La politique était l'art de choisir qui attaquer en premier, et la population ne venait réclamer que plus d'épées pour se battre. Après qu'il soit monté sur le trône et ait "unifié" - un doux euphémisme - le monde de Zelphos, Azraël avait commencé à rencontrer les affres du gouvernement : une révolte par ci, une révolte par là, un chef de guerre qui voulait combattre en son nom, etc... Même les violents démons s'avaient vite compris les vertus de l'obséquiosité quand on a un souverain unique et puissant.
Mais non, ce n'était décidément pas pareil... Une cour, des conseillers, des doléances... Où était l'intérêt dans tout cela? Il était un Dieu, il savait ce qu'il faisait. Les moeurs de ce monde le troublaient, ou du moins, le plongeaient dans la plus totale perplexité. Il se rappela la venue d'un seigneur local, il y a de cela des mois. Celui ci était venu quérir de l'aide, car sa seigneurie était la cible de brigands, qui ravageaient ses terres et massacraient ses paysans. Quelle ne fut pas la surprise du Roi Démon quand, non seulement l'homme se lamenta sur la perte de ses gens, mais qu'en plus, il demanda des troupes royales pour l'aider à assurer la protection de ses terres. C'était le genre de requête que nul démon n'aurait jamais proféré : si l'on était incapable de défendre ses terres, alors c'est que l'on ne méritait pas de les garder, tout simplement. Le seigneur eut-il parlé d'agents rebelles et d'armée naine, pourquoi pas : connaître leur emplacement était un avantage pour Aile Ténébreuse, et le cas échéant, il aurait envoyé des troupes. Mais des bandits... Qu'est-ce que la couronne pouvait bien avoir à faire de bandits? Même après que ses conseillers aient tenté de lui expliquer, cela ne fit définitivement aucun sens à ses yeux. Et l'incrédulité avait tendance à l'énerver, en témoignait le cadavre déchiré dudit seigneur.
C'est ainsi que ce fut au tour d'un de ses hommes d'entrer dans la salle du trône et de lui présenter ses respectueuses salutations. Au moins s'adressait-elle a lui avec humilité, et le respect dû à sa divinité. Peut-être sa requête sera-t-elle considérée en ce cas.
Aile Ténébreuse, sous sa forme pseudo-humaine, les ailes repliées derrière lui, resta assis, et la toisa du regard.
"Redresse toi et parle. Qu'attends de ton Dieu?"
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| | Jeu 3 Oct - 12:13 | | | | ƒ Je voyais de ma position les ailes sombres de notre Seigneur derrière lui. Elles étaient belles. Comme si même là, il était aussi parfait qu'on le décrivait au peuple de Terra. Je ne pouvais m'empêcher de penser à tout ça. Au fait qu'il était là, ici, et que je pouvais lui parler seul à seul comme oser à peine le rêver les prêtres et prêtresses de ville ou de campagne de l'Empire. A travers Terre, Feu, Eau et Air, un nombre importants d'âmes avaient surement prié pour être à la place que j'occupais en cet instant. Pourtant cette place était dangereuse à en donner le tournis. Aile Ténébreuse était capricieux. Parce qu'il est un démon et parce qu'il en a le droit, pour nous avoir sauver du monde de Zelphos. J'aimais en fait cette facette de sa personnalité qui me fascinait, qui me rappelait que j'étais de la même race que mon Seigneur.
ƒ Les idées qui se pressaient dans ma tête ne me laissèrent même pas le temps de m'interroger sur les quelques secondes de silence qui s'égrainèrent avant que mon Dieu ne m'adresse la parole. M'avait-il trouvé à son goût? Etais-je suffisamment claire? Pourrais-je l'avoir froissé ? & Redresse toi et parle. Qu'attends de ton Dieu? & Je retenais un soupir de soulagement en entendant ces mots. Avec une infinie lenteur tant je devais faire un effort pour le contrôle, mon corps se releva jusqu'à ce que je soit totalement debout, ma tête s'était légèrement relevé suivant le reste de mon être. Pourtant, jamais ma ligne de vision ne dépassa son buste. Comme si croiser ses yeux avait pu me figer, comme face à une méduse. Comme si mon coeur empli de foi avait pu exploser à ce simple contact visuel.
ƒ La gorge sèche, je pris une légère inspiration avant de commencer mon discours. & Maître de Terra, vous savez surement que certains adeptes de la déesse des morts tentent d'utiliser la prophétie pour ramener celle-ci dans notre monde. L'arrivée du continent d'Adhès a été la preuve que son pouvoir commence à pénétrer dans ce monde qui est votre. Vos serviteurs dévoués, que j'ai l'honneur de représenter aujourd'hui ont travaillé pour que cela n'arrive jamais. Vous êtes le seul Dieu qui doit être et vivre sur ce monde. & Je fis une légère pause, attendant une réaction quelconque. Ni reconnaissance, ni félicitation, mais au moins un geste, une indication pour savoir si le sujet avait un minimum d'intérêt à Ses yeux. Mais que mon Seigneur me fasse cette bonté où non je savais que je devais continuer, prudemment...
ƒ Posant mes mains l'une sur l'autre bras tendus sur mon ventre, j'aspirai à nouveau un peu de cet air que je partageais avec Lui avant de poursuivre mon explication. & Cette union entre les serviteurs de Zelphos et le grand apothicaire nous a permis de découvrir un antidote à cette prophétie, une sorte de potion qui nous permettra de nous débarrasser de la déesse des morts, de ne pas redouter sa venue. Mais notre puissance n'est pas telle que la vôtre mon Seigneur et c'est à ce titre qu'aujourd'hui je viens humblement vous supplier de nous fournir un peu de votre aide pour réaliser cette mixture. & Je me penchais une nouvelle fois en avant en signe de soumission. Je ne pouvais pas continuer tant qu'il n'aurait pas accepter de m'entendre jusqu'au bout. S'il refusait de nous aider, alors je devrais braver le danger pour lui expliquer tout de même. Mais je pensais que le roi démon avait peut-être besoin de distraction et tentais, si je le pouvais, d'éveiller sa curiosité pour notre plan.
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| | Anthithée Féral
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| | Jeu 3 Oct - 17:42 | | | | Il aimait qu'on le craigne. Pour beaucoup, en ce monde aux coutumes si étranges, la vénération n'allait pas forcément de paire avec la peur. En étudiant de près les religions de Terra, le Roi Démon - c'est en effet quelque chose qu'il du faire lui même, car il n'y avait aucun théologien en Zelphos - le Roi Démon disais-je, constata que presque toutes invoquaient une certaine dualité : le bien, et le mal. Il existait souvent, même dans les religions dites monothéistes, une figure que les croyants adoraient, aimaient et en laquelle ils avaient une confiance absolue, contrebalancée par une figure plus sombre, plus cruelle, que l'on rendait responsable des maux du monde et des souffrances.
Cette dualité était totalement inexistante chez les démons, de même que le concept de religion tel qu'on l'entendait ici. Chaque homme vénérait son chef, qui vénérait lui aussi son supérieur, et ainsi de suite. Ceux qui ne partageaient pas cette foi avaient deux choix : défier ledit chef, ou quitter son commandement, en espérant ne pas perdre la vie, car la désertion était, bien entendu, punie de mort. Les époques passant, cette adoration s'estompa un peu, certes, mais, avant son avènement, Zelphos comptait autant de "dieux" qu'il y avait de chef de guerre. Mais, là encore, son accès au trône avait chamboulé le monde tout entier, car tous les chefs de guerre furent vaincus par un seul et même être, qui les surpassa tous, et qui décida d'asseoir sa domination sur le monde. Alors tous, en ce monde, le prirent pour Dieu. Il fut souvent défié, et gagna toujours. Il perpétua cette religion une fois sur Terra, se heurtant aux différences d'opinion que nous avons mentionnées.
Mais face à lui, la jeune femme ne faisait montre d'aucun de ces défauts. Elle se contentait de croire en sa toute puissance, et de la craindre. C'était cela, l'état d'esprit dans lequel chaque être vivant devait se trouver face à lui.
Patient, il écouta ses explications. Si elle prenait tant de gants avec lui, ce n'était certainement pas sans raisons. Craindre son pouvoir était autre chose que de craindre sa réaction, et ici, c'était clairement le dernier point qui l'effrayait.
Il se leva alors, et marcha vers elle. Soit, il avait entendu ses raisons, mais son temps était précieux, et il commençait à s'égrainer un peu trop à ses yeux. Lentement, il avança, étendant ses ailes avec majesté, et se planta, droit et haut, devant elle. Il ne chercha pas particulièrement à paraître menaçant... Mais le fait est qu'il n'en avait pas besoin.
"Je suis le seul Dieu qui doit vivre en ce monde, c'est évident, oui... Et vous vous souciez de l'influence que prennent les adorateurs de la déesse Morte. Je suis... Satisfait de voir que vous êtes parvenus à quelque chose contre les païens.
J'espère simplement que vous avez une bonne raison de venir me demander mon aide pour un travail que je vous ai moi même chargé d'accomplir..."
La température baissa légèrement, symptôme de son agacement que lui même ne pouvait contrôler.
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| | Dim 6 Oct - 12:59 | | | | ƒ Le mouvement me surprit, tellement je ne savais à quoi m'attendre. L'enjeu ce n'était pas de savoir s'il était agacé contre moi mais bien de réussir ma mission. La distance qui nous séparait, se réduisait graduellement, comme si chaque pas était un grain de sable tombant sur l'amas déjà descendu dans un sablier. Et quand il s'arrêta devant moi, j'avais l'impression que cette mini dune de sable venait de s'écrouler. Mais je savais d'où venait cette impression. Ce n'était pas du sable qui venait de céder sous le poids de cette dernière chute. C'était la confiance que j'avais réussi à maintenir dans mon esprit qui venait de s'aplanir comme un rien, sous l'imposante stature de mon Dieu.
ƒ C'était presque paralysant de le sentir si proche. J'eus du mal à déglutir, comme si son pouvoir était devenu trop intense autour de moi. Sa voix grave dans la pièce me parut presque réconfortante malgré la menace relative qu'elle contenait. & Je suis le seul Dieu qui doit vivre en ce monde, c'est évident, oui... Et vous vous souciez de l'influence que prennent les adorateurs de la déesse Morte. Je suis... Satisfait de voir que vous êtes parvenus à quelque chose contre les païens. & Un sourire furtif passa sur mes lèvres. Comment aurai-je pu le retenir de toute façon ? C'était à peine une félicitation, mais je savais combien ce tout-puissant en était avare. Alors la recevoir comme cela, était déjà une victoire que j'attendais depuis que ma mère m'avait appris à dire son nom.
ƒ Un frisson passa le long de mon échine. La température avait baissé et c'était un signe que je ne pouvais surtout pas me permettre d'ignorer. & J'espère simplement que vous avez une bonne raison de venir me demander mon aide pour un travail que je vous ai moi même chargé d'accomplir... & Une bonne raison? Son aide était indispensable évidemment. Nous n'aurions jamais osé venir le déranger pour autre chose. Par crainte diraient certains, mais pour moi c'était avant tout une question de profond respect. Et pourtant, l'importance et l'urgence nous avaient forcé à prendre cette décision. Le choix d'Alastaïr m'avait menée jusque devant ce Démon déifié que j'avais toujours espéré rencontrer. Ce puissant guerrier dont mon père m'avait chanté les louanges et ma mère m'avait conté la force depuis que j'étais venue au monde. Et pour toutes ces raisons, mon courage revint timidement se faufiler pour alimenter mes paroles.
ƒ & Seigneur, jamais je n'aurais l'audace de venir jusqu'ici si j'étais capable d'accomplir seule les choses que vous nous avez confiées. Cette potion, dont je vous entretiens, est puissante et pour cela elle a besoin d'un ingrédient tout aussi puissant. Cet ingrédient que nous ne pouvons obtenir sans vous, est une goutte du sang d'un archidémon... & répondis-je avec plus de conviction et de douceur que je ne m'étais imaginé. Pas cette douceur qu'on porte à quelqu'un qu'on aime, mais celle-là même qu'on applique à ses paroles pour parler d'un point délicat, un qu'on doit aborder plus qu'on n'en a envie. Après une pause, je m'inclinais profondément avant d'ajouter de la même voix. & Vous savez qu'aucun autre bras dans ce monde ne peut nous fournir ce qui nous manque pour accomplir vos voeux... & Une fois ces quelques mots lâchés le reste ne m'appartenait plus du tout.
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| | Anthithée Féral
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| | Sam 12 Oct - 10:42 | | | | Une goutte de son sang... Une goutte de son sang?! Voilà plusieurs centaines d'années qu'il n'avait pas saigné, que personne n'avait réussi à l'atteindre ! Il en avait oublié la couleur, il en avait oublié la chaleur, il avait presque oublié comment le faire couler !
Innombrables furent ceux qui tentèrent de le répandre, tant dans son monde que dans celui ci, et, tout au long de son interminable existence, ils ne furent pas plus d'une dizaine à y parvenir, et ceux qui réussirent le firent alors qu'il n'avait pas encore atteint son premier siècle. Aucun être vivant n'avait jamais vu la couleur du sang de l'archidémon et, de fait, beaucoup pensaient qu'il ne pouvait saigner.
La température chuta a une vitesse vertigineuse.
"Mon sang? MON SANG?!"
Sa voix, d'ordinaire calme et plutôt suave aux oreilles des mortels, résonna dans l'immense salle du trône, faisant trembler les tapisseries. Il avait saisit la jeune femme par la gorge et la soulevait désormais de terre. Il ne serrait pas sa main, cela dit. Pas encore...
"Vous osez me demander mon sang?! La déesse morte doit beaucoup rire, si elle nous regarde en ce moment !! Le seul moyen de la ralentir, c'est de faire couler le sang d'un Dieu ! Et vous m'annoncez que c'est là le seul moyen?! La voilà qui s'est bien joué de nous !!!"
Il jeta alors son interlocutrice à travers la pièce comme si elle était une poupée de chiffon.
Malgré son indicible rage, il gardait les idées claires. La femme avait raison, et s'ils avaient osé venir lui demander cela, et transcender la crainte qu'ils éprouvaient à son égard, c'est bien parce qu'ils n'avaient rien trouvé d'autre. Aussi, sa colère n'était pas dirigée contre cette Anthithée, mais bien contre Nayris et, en éloignant, certes de façon plutôt sommaire, la jeune femme de sa poigne, il avait fait en sorte qu'elle ne soit pas victime de sa colère. Il avait encore besoin d'elle.
Le temps s'écoula alors dans un silence de mort, personne ne faisant la moindre bruit, pendant que le Roi Démon tâchait de se contenir, ce qui n'était pas coutumier, chez lui. Il en avait tué, des conseillers, mais ils étaient remplaçables, tous autant qu'ils étaient. Les alchimistes et les scientifiques, il l'avait vite appris, étaient... Plus rares.
Après un long, un interminable moment, Azraël marcha vers Anthithée, tandis que la chaleur commençait à regagner la pièce. Les gens de Terra associaient souvent son monde à un enfer, fait de chaleur et de flammes, mais la vérité, c'est que c'est le froid qui y régnait. Un froid qui glaçait aussi bien les coeurs que les corps.
"Seul un Dieu, dit-il alors à la femme, sa voix ayant reprit cette douceur que lui trouvaient les mortels, seul un Dieu peut venir à bout d'un autre Dieu. La Maîtresse des Limbes espérait peut-être que je sois trop stupide pour me refuser à verser une goutte de mon sang si pur. Mais je suis un Dieu aussi puissant qu'avisé. Donnez moi la fiole, et réjouissez vous : ceux qui ont eu le privilège de me voir saigner se comptaient sur les doigts de votre main, et ont tous fini par en périr"
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| | Mar 22 Oct - 15:59 | | | | - Spoiler:
Désolée pour le retard. ^^'
ƒ Inclinée, le visage vers le sol, je ne vis pas vraiment la fureur passer dans les yeux de mon Dieu. Non la seule indication de ce que je pensais être une explosion fut la température. Le froid pénétra ma chaire aussi mordant qu'un loup des neiges. Comme si le temps lui même avait gelé au moment ou mes paroles avaient résonné dans la salle du trône.& Mon sang? MON SANG?! & Je n'avais aucune raison d'essayer de bouger. J'avais suffisamment vu les colères de mon oncle pour savoir ce qui allait se passer. Si je me débattais je ne ferais qu'attiser sa haine et sa colère. Oui, il était mon Dieu mais il était aussi un démon dans toute sa splendeur.
ƒ Ma gorge s'écrasait contre sa main puissante par le seul effet de la gravité. L'air glacé emprisonné dans mes poumons ne cessant heureusement de se réchauffer. J'avais seulement agrippé le poignet du Seigneur pour attraper quelques filets d'air. & Vous osez me demander mon sang?! La déesse morte doit beaucoup rire, si elle nous regarde en ce moment !! Le seul moyen de la ralentir, c'est de faire couler le sang d'un Dieu ! Et vous m'annoncez que c'est là le seul moyen?! La voilà qui s'est bien joué de nous !!! & Oui c'était évident. La déesse qui régnait autrefois sur cette Terre, bien avant nous ,avait surement beaucoup rit en se rendant compte de l'ironie de ce que nous devions faire. Mais le sang d'Aile Ténébreuse était précieux. J'espérais juste encore, entre deux respirations désespérées, qu'il ne le trouverait pas trop précieux pour nous aider.
ƒ Je sentis le bras bouger sous mes doigts et quelques secondes plus tard, je rencontrai violemment le sol de pierre de la salle du trône. Je me redressai le plus rapidement possible restant les genoux à terre et le buste penché. Je n'avais aucune envie de le provoquer en relevant les yeux ou en le fixant. D'abord parce que oui je le craignais. Je le craignais avec tout le respect dont j'étais capable. Pas à cause de son comportement violent. Non ce genre de chose était inscrite dans mon ADN au moins autant que dans le Sien et ce depuis notre monde. Mais j'avais peur de la puissance qu'il dégageait, destructrice et démoniaque, une puissance avec laquelle je ne pouvais certainement pas rivaliser. Ni même penser à égaler.
ƒ Quand je sentis qu'il revenait vers moi, j'osais relever les yeux vers lui avec un regard timide plus qu'implorant en réalité. Puis j'écoutais avec une patience plus que religieuse. & Seul un Dieu... seul un Dieu peut venir à bout d'un autre Dieu. La Maîtresse des Limbes espérait peut-être que je sois trop stupide pour me refuser à verser une goutte de mon sang si pur. Mais je suis un Dieu aussi puissant qu'avisé. Donnez moi la fiole, et réjouissez vous : ceux qui ont eu le privilège de me voir saigner se comptaient sur les doigts de votre main, et ont tous fini par en périr. & Merci, Seigneur. Je suis plus qu'honorée. & dis-je en attrapant la fiole confiée par l'alchimiste en chef. C'était un petit tube à essai long et épais comme un index un peu potelé. Je le tendais avec un calme tout relatif à l'Empereur. & Le grand alchimiste à précisé que quelques gouttes seulement suffiraient. Si je peux vous aider d'une façon ou d'une autre, mon Roi j'en serai heureuse. & ajoutai-je en me redressant sur mes pieds.
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| | Anthithée Féral
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| | Lun 28 Oct - 20:00 | | | | Il prit la fiole, sans un regard à la fille. Elle n'existait plus en cet instant. Elle était simplement un coeur qu'il entendait battre, une respiration filante qui s'affermissait d'instants en instants, une petite forme à peine mouvante qu'il distinguait du coin de l'oeil.
Seul le petit flacon existait. Pensif, il le regardait intensément. Son sang... De quelle couleur était-il, déjà? Ceux de ce monde avaient presque tous le sang rouge, comme les autres démons, mais le sien... Il avait beau chercher, il n'en avait aucun souvenir. Il allait s'en rendre compte par lui même. Ce petit flacon... Bien des guerriers avaient tenté de le faire saigner, sans y parvenir. Seul un Dieu pouvait faire saigner un autre Dieu. Beaucoup de mortels auraient interprété cela comme un combat divin, mais Azraël voyait ici qu'il n'y avait nul besoin de lutter pour blesser. Ce n'était là rien plus qu'une nouvelle preuve de sa divinité. La déesse Morte, de part ses manigances, avait gagné cette manche, quitte à perdre son avantage, sa "peste", qui sévissait dans le monde des vivants.
Mais une autre question lui occupait l'esprit, tandis qu'il voyait son divin reflet dans le verre de la fiole. Son sang... Nayris fut enfermée dans les limbes il y a des millénaires, selon les croyances de ce monde. Et maintenant, après tout ce temps, le seul moyen de contrer l'avancée de la déesse Morte était une goutte du sang d'un être venant d'une autre dimension, qui n'avait jusqu'alors eu aucun contact véritable avec Terra.
En plus de cela, certains des sceaux de la prophétie avaient un rapport avec ses démons... Cela ne voulait dire qu'une seule chose : les deux Dieux de ce monde savaient, pour sa venue. Il y a plusieurs millénaires, cette Nayris, en ce faisant enfermer, savant pertinemment, qu'elle aurait besoin de la venue d'Aile Ténébreuse pour la faire sortir. Et si Yehadiel le savait, il aurait simplement du tuer Alastair Zelphos, le grand prêtre, lui qui porte en nom de famille le nom du monde du Roi Démon. Un véritable Dieu ne reste pas de côté : s'il veut garder son pouvoir, il intervient !
Une fois Nayris vaincue, il partirait à la recherche de ce faux Dieu... Il montrerait alors au monde que si lui a pu saigner, d'autres Dieux peuvent même mourir.
S'arrachant à ses pensées, il fit léviter la fiole près de son poignet, et s'entailla avec ses propres griffes. Le petit picotement qu'il ressentit le surpris, lui qui marchait à travers les flammes et les flèches sans faiblir ni rien ressentir. Il attendit quelques instants, puis il le vit. Épais, noir et brûlant, son sang affleurait à la surface de sa peau. Il pencha le poignet et laissa tomber les gouttes dans la fiole, fasciné. Il en laissa tomber une petite dizaine, puis referma sa blessure en la brûlant.
Il tendit alors la fiole, étonnamment plus lourde qu'elle n'en avait l'air, à Anthitée.
"J'espère pour vous que vous n'échouerez pas."
S'ils réussissaient, ils auraient un autre travail à accomplir. Quand on travaillait pour le Roi Démon, on se devait de réussir. Il n'y avait aucun sens à féliciter quelqu'un pour ce qu'il est sensé faire de part sa nature.
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| | Mar 29 Oct - 11:59 | | | | ƒ J'osais malgré moi relever la tête pour regarder ce... spectacle. Il n'y avait pas d'autre mot pour me venir à l'esprit. L'air qui se lisait sur le visage de mon Dieu était indescriptible. Je ne savais si c'était de l'appréhension, de l'hésitation, de la curiosité ou simplement de l'amusement. Oui, peut être de l'amusement. Comme un enfant jouerait avec son corps pour le découvrir. Il allait le faire. Remplir cette fiole d'un liquide que beaucoup avait rêver de voir couler sans jamais y parvenir. Et moi qui n'y avais jamais songé, j'allais voir ce miracle se produire. L'ironie ne put que tendre les muscles de mes lèvres alors que je m'interdisais formellement de sourire pour ne pas perturber l'instant.
ƒ 1... 2... 3... 4... 5... je comptais les gouttes tombées alors que le bruit du liquide qui coulait, résonnait dans la salle du trône. Chaque goutte me provoquait presque un frisson. Lentement, je vis le petit flacon être refermé et m'être tendu. C'était presque un rêve tant mes pensées n'avaient été remplies que par ces gouttes quelques instants plus tôt. & J'espère pour vous que vous n'échouerez pas. & Je m'inclinais une nouvelle fois avant de prendre le flacon entre mes doigts. On aurait dit une sorte de plomb liquide tant il était lourd et sombre. & Nous exécuterons votre volonté, Seigneur. & répondis-je avec fidélité. J'attendais quelques secondes avant de me relever. Je ne pouvais pas rester le gêner et, en même temps, ce moment m'avait paru un des plus merveilleux de ma vie. J'étais fourbue par la tension et mon vol plané, mais j'étais heureuse aussi d'avoir réussi ma mission et rencontrer celui que je servais depuis tout ce temps.
ƒ Tout en quittant la salle du trône, je fis une dernière révérence avant de refermer les lourdes portes et de partir à travers le palais, la fiole de sang toujours au creux de ma main. Je n'avais pas pu me résoudre à la ranger. Me rendant chez le grand Alchimiste, je m'arrêtais dans un des nombreux couloirs déserts du palais pour admirer encore un peu ce sang si lourd dans le tube de verre. 10 gouttes... les plus lourdes de ce monde assurément. J'expirai pour me calmer avant de sortir un autre tube pour séparer le contenu en deux. 5 gouttes dans l'un, 5 gouttes dans l'autre. Tout était en ordre. J'allais jusqu'au laboratoire d'Antripus pour déposer l'une des deux, souriante. La peste ne serait surement bientôt qu'un lointain souvenir maintenant...
FIN
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| | Anthithée Féral
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