Terra Mystica

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 [Terminé] [Mission] Un peu de courage...

 
[Terminé] [Mission] Un peu de courage...  Sand-g10Sam 2 Avr - 11:05
Cela ne pouvait plus durer ainsi ! Le seigneur de Sen’fy tapa rageusement du poing sur sa table avant de se calmer et de s’asseoir sur une chaise en velours décorée par de magnifiques dorures. Une chaise qui avait dû coûter plus cher que le salaire d’un ouvrier. Un discret coup frappé à la porte le tira de ses pensées.

- Oui qui y’a-t-il ?! Vociféra-t-il à l’attention du gêneur impromptu. Une jeune femme apeurée entra en s’inclinant très bas.
- Pardonnez-moi de vous déranger monsieur… Commença-t-elle d’une voix mal assurée en tentant de dissimuler le tremblement de ses doigts. Une goutte de sueur perla le long de sa tempe pour s’écraser sur le sol parqué de bois précieux.
- Que voulez vous ?!

Prononcée de façon aussi tranchante et agressive, sa question sonnait comme un ordre.

- Ce…ce… ce…
- Mais parlez à la fin !
- Certains ouvriers se sont encore rebellés. Prononça-t-elle d’une voix trop rapide en se recroquevillant pour se protéger d’un potentiel coup.

Mais le Seigneur se contenta de jeter violement une lampe qui décorait son bureau. Une lampe qui valait le poids de la servante en argent. Cela ne pouvait plus durer ! La troisième rébellion en un mois! Mais où étaient passés les ouvriers dociles qui travaillaient avec acharnement sur le chantier de sa maison pour trois fois rien ?

- Et que veulent-ils cette fois-ci ?!

La jeune servante qui maudissait le ciel pour avoir la tâche d’annoncer cette nouvelle, prit une grande inspiration, et toujours plaqué contre le sol, elle dit en essayant de ne pas bégayer.

- Une…

Elle avala difficilement sa salive avant de poursuivre.

- Une augmentation de salaire et moins d’heures de travail par jour…
- Quoi ?!

Sen’fy serra tellement les points que ses phalanges blanchirent.

- Mais que fait la milice ?!
- Le chef de la milice est le chef de cette rébellion….

Après un temps d’infime surprise, le Seigneur hurla de rage et la servante plus qu’effrayée se précipita dehors comme si sa vie en dépendait. Ce qui était peut être le cas…

Le seigneur n’y prêtant aucune attention se leva, et ouvrit d’un coup sec les rideaux en soie, les arrachant presque au passage. Sa propriété était devenu une véritable forteresse. Quelques cadavre de milicien jonchait le sol si bien entretenu de sa demeure. Il vit quelques ouvriers courir, armés de pioches et d’autres instruments peu appropriés pour une guerre. Il n’allait pas se laisser faire ! Attrapant une plume et un bout de lettre, le seigneur se mit à écrire. La système magique de sa maison lui permettait d’envoyer son courrier par magie, il n’avait donc nul besoin de sortir de son bureau. Cette lettre, loin d’être anodine, était adressée au patron d’une auberge réputée pour être un nid d’assassins et de guilde du même genre. La missive promettait deux Phoenix d’or à celui qui tuerait Yalisan Klar, guerrier expérimenté.

Ce qu’il ignorait, c’est que le dénommé Yalisan, jeune guerrier charismatique finement sculpté qui maniait sa lame comme s’il était née avec, avait lui aussi envoyé une lettre à un ami lui demandant de trouver de l’aide
.


********************

PNJ :
- Yalissan Klar, jeune guerrier, ex-chef de la milice, plutôt bel homme.
- Le seigneur de Sen’fy, riche propriétaire de la demeure et du chantier destiné à l'agrandir, agé d'une trentaine d'année il possède un ventre bien rond montrant son opulence.

[center]Sont recherché :
--> Assassins (ou mercenaires)
--> Combattants qui défendent les ouvriers

Récompense :
Le vainqueur (même s'il n'y a qu'un seul camp qui participe) gagnera 2 phoenix d'or.
Si les deux campas participent, le perdant gagnera tout de même un phoenix d'or.



Edit Lheve : Nous avons décidé de faire cette mission dans un cadre temporel différent du forum, c'est à dire en Hiver ( Silldalunà précédent ) au lieu de Vennà, afin de pouvoir répercuter notre relation et cette expérience dans nos rp et dans l'évent.

Mystica

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Maître du Jeu


[Terminé] [Mission] Un peu de courage...  Empty
[Terminé] [Mission] Un peu de courage...  Sand-g10Lun 20 Juin - 0:55
Eliaz était tout simplement assis dans l'auberge, sirotant un verre de l'infâme picrate que servait l'aubergiste. Mais il n'était pas là pour boire. Comme à son habitude, il s'était installé à la table qui se trouvait le plus à droite de la porte. Il était confortablement calé dans le coin de la salle, les pieds sur le table, et attendait que viennent les missions. Cette auberge était connue pour être fréquentée par bon nombre de personnes peu regardantes sur la nature du contrat, du moment qu'il apportait gros. Les parchemins étaient cloués à un panneau derrière le comptoir à mesure qu'ils arrivaient, et ceux qui étaient potentiellement intéressés s'attroupaient autour, le contrat revenant à celui que l'aubergiste jugeait le plus apte.
Le temps se consuma au rythme des bûches dans la cheminée, et rien ne bougea. Eliaz avait fini son verre depuis longtemps et en avait commandé un autre pour pouvoir rester, mais l'avait laissé intact. L'auberge se vidait peu à peu, ne restant que les habitués, les ivrognes endormis et les serveurs. Soudain, il détecta du mouvement au comptoir. L'aubergiste tenait dans sa main un parchemin qu'il cloua rapidement au panneau, puis il s'écarta et laissa les quatre ou cinq personnes qui s'étaient approchées le lire. Eliaz laissa faire, attendant que les débats pour la prime commence.
Lorsque les voix s'élevèrent, chacun voulant prouver qu'il était le plus apte à remplir sa mission, il se leva et s'approcha tranquillement. Il parcourut rapidement le papier des yeux, jaugeant l'intérêt de la mission. Une affaire de rébellion d'ouvriers, dont on voulait supprimer le leader. Contrat relativement banal, comme il en avait rempli des dizaines. L'objectif n'était pas vraiment loin, il pouvait boucler la mission en moins d'une semaine, voyage compris. S'il était généralement du côté du peuple, il n'éprouva pas de scrupule en jugeant le pour et le contre. Et la prime balaya ses doutes. Pour mettre une telle prime sur la tête d'un chef de rébellion mineure, le seigneur devait être riche, pressé d'en finir et très stupide. Toutes les qualités du client parfait pour exercer ses talents de bourreau des nerfs. Il décida de prendre le contrat. Et il savait comment faire.

Il retourna à sa table, étendit tranquillement ses jambes et patienta. Bientôt, le cri de l'aubergiste mit fin aux délibérations. Il désigna un homme aux allures d'Assassin, dont les vêtements et le maintien académique et calibré trahissaient son appartenance au Clan. Eliaz sourit. Cela ne prendrait pas longtemps. L'homme tendit la main, empocha le parchemin que lui tendait l'aubergiste et passa la porte prestement, sous les regards mauvais des autres chasseurs de primes.
Quand leur attention se reporta sur le contenu de leurs verres, il se leva, posa deux pièces de bronze sur le comptoir et sortit dans l'air frais de la nuit.
Les traces étaient fraîches, il ne s'était écoulé que quelques minutes depuis le départ de l'autre homme. Il rassembla ce qu'il savait de lui. Il ne portait pas de sac, ses bottes étaient propre malgré la pluie de la veille, et il était parti de l'auberge aussitôt. Il était donc à cheval, logeait dans un autre bâtiment et comme il était membre du Clan, il n'avait pas beaucoup de moyens. Le Clan était assez avare vis-à-vis de ses membres « vagabonds », chargés de répandre leur réputation au gré des missions qu'ils recevaient ou non. Tout cela ne laissait qu'une seule solution. Il dormait avec son cheval et ses affaires. Eliaz connaissait la ville, il y transitait régulièrement, il prit donc d'un pas assuré le chemin de l'unique écurie de la bourgade. Au bout d'une quinzaine de minutes, il atteint le bâtiment de bois au toit de chaume. Tout était éteint, mis à part le box le plus à droit d'où s'échappaient les bruits caractéristiques du cheval qu'on sellait. Il s'approcha discrètement, ne marchant que sur les touffes d'herbes qui perçaient du pavé pour éviter de faire résonner ses bottes sur la pierre. Arrivé contre le mur de l'écurie, il tira son couteau et utilisa la lame courbée et polie pour regarder l'intérieur du box. L'Assassin lui tournait le dos, s'affairant à remplir ses fontes de selle, puisant dans un tas d'objets à ses pieds pour les mettre dans les sacs de cuirs. Eliaz jaugea la distance, le temps qu'il lui restait avant que l'homme ne se retourne, et passa à l'action. Il décolla son dos du mur et avança, accroupi dans la paille humide et sale. En quelques pas, il arriva dans le dos de l'Assassin. Il se releva doucement et passa le fil de son couteau sous sa gorge. De l'autre main, il maintint sa tête en arrière et commença à reculer avant même que l'homme n'ait réagi. Une fois revenus dans l'ombre, il commença à parler.

- Bonsoir. Tu es Assassin, tu sais comment ça se passe. Tends tes bras en croix, ne tente aucun geste brusque et on pourra tout deux aller dormir.

Il sentit l'homme trembler contre lui. Il devait être inexpérimenté. Eliaz approcha son visage et commença à le travailler

- Bien, quel âge as-tu ?

- Di... Dix-huit ans. Monsieur, s'empressa-t-il d'ajouter

- Bien. Tu vois, on progresse ! Je ne te demanderai pas ton nom, je dois avouer que je m'en moque royalement. Qu'est-ce qui t'amène dans cette ville ?

- Le Clan des Assassins... Eliaz perçut dans sa voix qu'il espérait lui faire peur. Il affermit sa prise sur son front et appuya sur sa gorge avec le couteau. Le garçon paniqua et se mit à parler très vite. Ils m'ont demander d'accepter toutes les missions que je trouverais pendant six mois. Pour la réputation...

Eliaz soupira

- Oui oui, je sais... Et tu t'es dit que cette mission te conviendrait ? Tu penses sérieusement être à la hauteur ? Ah ah ah, laisse-moi rire !

Il respira une grande bouffée d'air chargé des relents âcres de la sueur et sourit de plus belle. Rien ne valait ce moment privilégié, ce sentiment de puissance et de domination sur sa victime tremblante. Il adorait son métier.

- Cette mission est au-dessus de tes capacités, petit ! Si tu n'es pas capable d'entendre mon arrivée, que veux-tu faire face à ceux qui seront tes adversaires ?

- Mais...

- Ne dis rien, je sais ce que tu penses. Mais crois-moi, ce contrat n'est pas pour toi. Donne-le moi, personne n'en saura rien, et tu te lèveras demain matin pour commencer une journée qui ne te mèneras pas à une mort certaine. Allez, ne fais pas ton timide ! Enlève ton manteau...

Il poussa le jeune homme du plat de la main et pointa son arme sur lui tandis qu'il enlevait son manteau et le jetait au sol. Celui-ci s'accroupit et retira le parchemin de la poche intérieure du vêtement, le jeta aux pieds d'Eliaz qui le lit et l'empocha. Le garçon se releva en tremblant, visiblement sur le point de fondre en larmes.

- C'est bien. Tu vois, tout s'est bien passé. Maintenant, tu ramasses ton manteau et tu t'enfuis en courant avant que je ne décide de me faire un bonnet avec la peau de ton crâne. Et un conseil. Change de vocation. Assassin, c'est pas pour toi.

Il regarda le garçon détaller et rit sans joie. Il n'aurait pas aimé avoir à le tuer. Mais tout c'était bien passé et il avait maintenant sa mission à accomplir. Mais avant cela, il devait retourner à l'auberge pour y passer la nuit et récupérer son cheval et ses affaires.

Il ne savait pourquoi, mais ce contrat s'annonçait amusant...

Invité

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[Terminé] [Mission] Un peu de courage...  Sand-g10Lun 20 Juin - 1:00


L'hiver de ce long mois de silldalunà avait jeté son blanc manteau sur les plaines ancestrales de Terra. Les sentiers sinueux les plus empruntés présentaient une teinte grisâtre, le gel insinué dans la bourre craquant sous les pas des voyageurs. De part et d'autre de ce louvoiement, une herbe fraiche et grasse recouverte d'une pellicule floconneuse. Les plantes vivaces aux corolles épanouies se dressaient contre ce rudoiement, enchâssées dans leur propre écrin de neige. Ce jour là, Elly passait sous les branches d'un arbre aux branches figées par la glace, situé à l'entrée d'une auberge à l'allure peu engageante. Tout était agréablement silencieux, dans ce paysage atone à l'étrange floraison immaculée. Depuis l'intérieur de la bâtisse, une vive discussion entre trois hommes bourrus attira son attention. Elle s'immisça dans la taverne et se glissa insidieusement jusqu'au bar façonné de vieux bois pantelant, sa longue cape effleurant le sol ondulé par l'humidité. Faisant mine d'observer la décoration de cette modeste demeure l'elfe s'accouda au bar, concentrant son ouïe fine sur les sarcasmes des truands. Ses yeux couleur de lune eux détaillaient l'endroit innocemment …  

- Paraît qu'un type d'ici est r'parti avec un contrat intéressant !
- Ct'un jeunot on l'a tous vu, ce sale milicien de Yalissan ne va en faire qu'une bouchée !
- J'en doute, le petit est plus expérimenté qu'il n'y paraît, va y avoir de la viande sur les murs.
- Assassinat en règle quoi, commandité par l'autre ventripotent.
- Tout ça pour une histoire de bouseux qui réclament une augmentation de salaire.
- Ouaip. Par diou j'ai soif moi !

Le haut plafond aux poutres apparentes était éclairé par un unique luminaire à pampilles, le reste de l'ambiance oranger de la salle provenait de modestes torches appliquées directement sur les murs. Les larges comptoirs de bois grossier, gravés de toutes sortes de poèmes et odes étaient séparés par des demi-cloisons en arc de cercle, rappelant curieusement les racines d'un grand arbre. De ci de là, quelques minuscules tableaux sans aucune valeur tentaient de combler le gros manque d'élégance de l'endroit. Lorsqu'elle eut entendu la totalité des informations débitées, Elly se décolla du bar plutôt subitement, attirant sur elle les regards en biais de plusieurs tablées. Son visage aux traits gracieux, sa longue chevelure d'or et son port de tête haut placé, n'avaient décidément rien en commun avec le faciès abrupt des personnes présentes en ce lieu. Il lui fallut déployer un léger effort afin de pouvoir faire une totale abstraction des yeux qui coulaient sur son corps. Thunderblades resserra son vêtement autour d'elle, puis couvrit son identité d'une capuche où tout ce qui trahissait sa beauté se fondit instantanément dans l'ombre. Lorsqu'elle put enfin tourner le dos à tous les regards après avoir paisiblement traversé sa geôle dans un silence de mort, l'intruse entendit brièvement quelques remarques interloquées sur les deux pommeaux de dagues qui sortaient entre ses omoplates. La porte de l'auberge se referma sur ces quelques mots.

- A ton avis ou qu'elle va …

Où allait-elle ? Remplir sa part du contrat tout simplement. Un pacte scellé de naissance pour l'équilibre de ce monde, qui lui valait le lourd statut de gardienne. Yalissan devait selon leurs dires être le chef de cette rébellion de culs-terreux, par ailleurs si elle avait bien entendu, il s'agissait tout de même d'un milicien. Le contraste entre ces deux fonctions voulait qu'il fut un traitre à son rang, ce qui logiquement aurait pu attirer les foudres d'un nobliau « ventripotent ». Or, se battre pour la situation de pauvres gens restait dans une optique de bonne grâce, aussi périr par la simple volonté d'un homme égoïste et plus que fortuné parut à l'elfe un destin bien peu empreint de justice. Quant à l'assassin en question, elle s'attendait à un garçonnet à peine majeur. Si ce Yalissan était réellement une personnalité importante, meurtrier ou pas, cet enfant mourrait pour avoir simplement voulu quelques pièces d'or. L'issue du combat était donc bien trop incertaine pour qu'Elly ne s'introduise pas dans l'affaire.

~ ~ ~ ~


L'elfe n'eut aucune difficulté à trouver le camp de rebelles. Les plaines mystiques avaient beau être vastes, elles restaient soumises à leur faible déclivité, aussi était-il donc complexe de dissimuler des habitations occasionnelles dans un paysage relativement plat. Les yourtes de couleurs diverses s'étaient implantées en cercle autour de la tente dirigeante. Autour de cette organisation classique, des palissades de quatre mètres environ aux pointes renforcées d'acier avaient été dressées. A un écart de douze pieds chacune, six plateformes avec quatre archers vêtus de cotes de mailles et d'un casque constituaient la surveillance autour du rassemblement. Pas un seul ne tremblait, malgré le froid particulièrement mordant de ce crépuscule frileux.

" Qui va là ?"

La voyageuse se présentait à l'unique entrée de cette mini forteresse. Imposante dans son immobilité la plus parfaite, ses pieds bottés fermement plantés dans vingt centimètres de neige. Deux des dix gardes armés de lances, s'avancèrent prudemment vers l'inconnue qui se trouvait là. Était-elle une espionne à la solde du seigneur tyran ? Afin d'ôter leur doute, Thunderblades sortit ses bras blancs de sa cape et ôta avec délicatesse son couvre chef, découvrant à leurs yeux ébahis sa propre identité. Ostensiblement, elle souriait avec douceur.  

" J'aimerais m'entretenir avec votre chef, Yalissan, au sujet d'une épée de Damoclès qui ne devrait pas tarder à étendre l'ombre de sa menace. "

Tous se détendirent immédiatement. Pour plus de sûreté, l'elfe confia ses dagues à l'un des gardiens qui lui en avait poliment fait la requête. On la conduisit à travers la masse des colériques qui se trouvaient là, affairés à diverses tâches. Certains battaient du fer rouge, d'autres lavaient du linge, quelques uns encore préparaient distraitement le repas du soir, composé principalement de galettes au seigle, de légumes bouillis et de rares morceaux de viande ramenés par des archers lors de leurs pauses qu'ils passaient la plupart du temps embusqués dans les fourrés.
Enfin, le bras droit du commandant l'introduisit à l'intérieur de sa tente d'épais tissus bleu. Yalissan se trouvait là assis derrière un bureau de fortune, il semblait assoupi mais travaillait en réalité sur l'établissement d'une stratégie prompte à faire tomber le seigneur ennemi. Lorsqu'elle pénétra sa yourte, le dirigeant se leva avec hésitation … aussi, le sentant perturbé par sa présence, Elly engagea le symposium avant qu'il ne panique.

Spoiler:


Je suis venue vous avertir du danger qui pèse sur vous.
Quel danger ?
Votre tête a été mise à prix, l'ignorez-vous ?
Ah … je m'en doutais. C'est pourquoi j'ai fait envoyer une lettre à l'un de mes plus fidèles amis.

L'un des gardes s'avança d'un pas, puis exhiba devant son nez une enveloppe percée d'une flèche et visiblement tâchée par du sang humain. L'ex-milicien se passa une main sur le visage et retomba lamentablement sur son siège, secoué par ce que cela signifiait.

Yalissan votre vie est menacée, et je suis là pour vous aider.
Une femme … enfin, une elfe …

La voyageuse empoigna fermement l'encolure du jeune général et le souleva avec force vers son visage, fronçant nerveusement les sourcils. Pris au dépourvu, le jeune homme la contempla béatement, désarmé par ses yeux gris et son expression mortelle. Une myriade de zébrures électriques s'insinuèrent entre les mailles de son vêtement, piquant à vif la peau du soldat devenu pantin. Il tressaillit, les gardes pouffèrent de rire ...

Tenez vous a votre vie commandant ?
Autant que vous semblez déterminée à me suivre.
Je ne vous suivrai pas comme n'importe quel sous-fifre, je vous protégerai.
Très … très bien je vous engage.

Elly

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[Terminé] [Mission] Un peu de courage...  Sand-g10Lun 20 Juin - 22:02
En rentrant à l'auberge, Eliaz croisa sur son chemin une silhouette dont la démarche gracieuse attira son attention. Il tourna légèrement la tête à son passage, puis se désintéressa du sujet. L'Assassin franchit à nouveau les portes de l'auberge et se dirigea vers le comptoir. Il héla le propriétaire et commanda quelques vivres facilement transportable, puis traversa la pièce jusqu'aux escaliers . Il monta rapidement les quelques marches qui menaient à l'étage et entra dans sa chambre. Là, il verrouilla la porte et commença à rassembler ses affaires. Sans perdre de temps, il fourra dans un sac les quelques vêtements qu'il avait sorti, chaussa ses bottes de voyage et mis également les autres dans le sac puis boucla le tout. Sortant dans le couloir, ses affaires sur l'épaule, il retourna dans la pièce principale et attendit que sa commande arrive. Au bout d'une dizaine de minutes, un commis de cuisine revint avec une miche de pain, un morceau de jambon et un autre de fromage. Eliaz les enveloppa dans des linges séparés et fourra le tout dans son sac. Il remercia d'un hochement de tête et posa la clef de sa chambre sur le comptoir, ainsi qu'une pièce d'argent.

- Pour le cheval, le repas, et la chambre.

L'aubergiste acquiesça, empocha l'argent et retourna à ses occupations. Eliaz sortit par la porte de derrière qui menait aux écuries privées des clients de l'auberge et se rendit au box où il avait laissé son cheval. L'animal à la robe bai était calme, tel qu'Eliaz avait voulu qu'il soit dressé. Ce cheval le suivait depuis deux ans, et il commençait à s'y attacher. Il marcha sur la paille fraîche et propre et entreprit de seller l'animal. Cela fait, il le sortit, monta et attacha son sac sur le côté de la selle. Il ajusta ses dagues pour ne pas qu'elles le gène, s'assura que son manteau tombait bien afin qu'il ne se prenne dans aucune branche, et partit en direction du Sud et de son contrat. Au pas d'abord, pour ménager sa monture, il ne résista pas à l'appel de cette nuit de fin d'hiver et lança le cheval au galop. Le vent froid fit perler des larmes de ses yeux et engourdit ses joues, mais il accepta cette gène avec plaisir. Il aimait cette sensation de liberté, galoper dans la nuit, seul, sans limite ni devoir. Il ferma les yeux un instant, laissant son destrier le guider, bercé par le balancement régulier de sa course.

Vers le milieu de la journée suivante, il fit sa première vraie pause. Il arrêta son cheval sur le bas-côté de la route, un coin dégagé qui lui permettait de voir et surtout d'entendre de loin d'éventuels agresseurs. Il attacha sa monture à un buisson à l'aide d'une longue longe tirée de ses fontes de selle, permettant ainsi à celle-ci de bénéficier d'assez d'aisance pour brouter à volonté les quelques herbes qui perçaient de la neige en train de fondre. Il retira la selle et le tapis qu'il étendit par terre afin de bénéficier de la chaleur de l'animal, l'odeur l'important peu, et qu'il recouvrit d'un deuxième tapis de selle qu'il gardait en cas de besoin. Il s'allongea dessus, reposa sa tête sur sa selle posée à terre et s'enroula dans sa cape. Il s'endormit rapidement de son sommeil léger mais réparateur, n'éprouvant aucune crainte à dormir en plein air, vulnérable aux attaques extérieures. Les brigands ce coin de la plaine le connaissaient tous de près ou de loin, et il avait déjà fait affaires avec le chef d'une des bandes principales, s'octroyant ainsi une sorte d'immunité partielle, tant qu'il ne détenait aucune richesse réellement intéressante. Ce qui était actuellement le cas. Et de toute façon, son cheval était dressé à hennir à l'approche d'un étranger, et il avait déjà fait la preuve de son efficacité.

Il s'éveilla deux heures plus tard, son cheval toujours présent l'observant d'un œil inquisiteur. Eliaz sourit, se releva en époussetant ses vêtement de la neige fine qui tombait à présent. Il n'avait pas froid, son manteau le protégeait efficacement. L'Assassin enroula le premier tapis de selle et posa le second sur le dos de sa monture, rattacha la selle et enleva la longe qu'il rangea dans les fontes. Puis il se remit en route en mangeant sans appétit un morceau de pain.

Eliaz arriva en vue du château de Sen'fy le lendemain matin, alors que se levait un soleil timide sur la plaine couverte de neige fondue. La citadelle de taille modeste, se découpait dans le ciel rougeoyant, et on pouvait distinguer au loin un rassemblement de tentes aux couleurs éclatantes entourées de palissades. Le camp des rebelles, à n'en pas douter. Il haussa les épaules et poursuivit sa route, menant son cheval droit sur l'édifice de pierres noires. Les tours crénelées et les murailles devenaient de plus en plus distinctes à mesure qu'il s'approchait, et il put bientôt voir le château en sa globalité. L'architecture même respirait la vanité, la recherche aveugle de dépense immodérée et l'absence totale de goût et d'efficacité militaire ou esthétique. Eliaz continua son chemin, longeant des champs délaissés par leurs anciens exploitants et des bâtiments en construction laissés à l'abandon. Lorsqu'il arriva devant les gardes, il eut un aperçu de l'état dans lequel se trouvait la seigneurie. Les soldats qu'on pouvait s'attendre à trouver étaient remplacés par des mercenaires crasseux revêtu d'un tabar mal cousu et tenant par miracle leur lance dans le bon sens.

- Euh... excusez-moi ? Les gars ?

L'appel de l'Assassin parut les prendre par surprise tant ils veillaient à la sécurité de la porte.

- Je suis là pour euh... la mission ? Vous savez, le contrat ? Devant l'absence de réaction, il se mit à mimer le fait d'égorger quelqu'un. Tuer le méchant ? La rébellion, tout ça... non ?

Les gardes grognèrent enfin, l'un des deux se gratta la tête pour se donner de la contenance. Eliaz leva les yeux aux ciels et soupira.

- Bref, j'ai un cheval et des armes mais pas de temps à perdre, donc vous me laissez passer.

Il jeta deux pièces de bronze à terre. Les gardes ouvrirent grand les yeux et lâchèrent leurs armes pour les ramasser. Le plus grand, celui qui s'était gratté la tête, regarda à nouveau le jeune homme à cheval et désigna du menton la porte entrebâillée.

- Merci bien... Lâcha Eliaz

La situation de Sen'fy était déplorable, il fallait y remédier au plus vite.
Il emprunta l'allée principale couverte de détritus, évitant les mercenaires ivres qui dormaient ou chantaient un verre à la main, et atteint les portes du château. Il sauta de selle et s'apprêtait à héler un garçon d'écurie lorsqu'il réalisa qu'il n'avait aucune envie de laisser son cheval entre les mains d'un étranger en ces lieux. Il mena donc sa monture par la bride et monta les escaliers de pierre puis poussa portes de bois qui n'étaient même pas verrouillées. Il pénétra dans le hall principal sous les yeux médusés de quelques servants effrayés au visage fatigué et émacié. Il en désigna un du doigt et lui demanda d'aller chercher le maître des lieux. Celui-ci s'enfuit en courant, trop content d'avoir une bonne raison de quitter les lieux. Visiblement, tout le personnel du château craignait les mercenaires et plus généralement, tout ce qui vivait au-delà des portes de chêne. Quelques instants plus tard, un homme ventripotent à l'allure sévère et naturellement crétine fit son apparition

- Et bien, qu'est-ce donc que ceci ? Que faites-vous dans ma demeure avec votre... animal ?

Eliaz décida qu'il ne l'aimait pas, et sourit intérieurement à l'idée de ce qu'il allait pouvoir lui dire et faire une fois le contrat rempli

- Mon... Il hésita sur la façon dont il devait l'appeler. Monsieur, je suis là pour répondre à votre demande. J'ai ouï dire que vous aviez besoin des services d'un Assassin. Me voilà donc.

Le nobliau eut une moue dédaigneuse. Il tourna les talons dans un bruissement de sa cape trop longue.

- Suivez-moi.

Eliaz éleva la voix pour le retenir avant qu'il ne soit hors de portée

- Euh... Pour mon cheval ? Je refuse de les laisser à vos abrutis de mercenaires. Si vous n'avez pas de personnel de confiance, ou qui ne risquerait pas de s'enfuir sur son dos, il reste avec moi.

Le seigneur se retourna, jugea la situation quelques instants, puis leva une main boudinée et alourdie par quantité d'anneaux et de bracelets, tous de grande valeur.

- Laissez-donc votre monture à celle-là. Il désigna une servante qui s'inclina aussitôt. Et dépêchez-vous...

« Oooh toi mon gros, tu ferais bien de rembourrer ton royal fessier, j'ai le coup de pied qui me démange »

Eliaz ravala ses pensées et tendit la bride de son destrier à la femme en lui adressant un sourire. Il avait prit en pitié tous ceux qui travaillaient dans le château. Ils avaient l'air de subir la situation plus qu'autre chose, et la colère du seigneur devait se répercuter fréquemment sur la peau de leur dos.

Quelques heures plus tard, Eliaz était assis sur un fauteuil de bois brut, dans une chambre des plus démunies. Si le seigneur était opulent dans ce qui se rapportait à se personne, il était extrêmement avare concernant les autres. Sauf pour la prime du contrat, bien heureusement. Il avait expliqué la situation à l'Assassin, et celui-ci avait décidé d'agir le soir-même. Une bande de paysans, des miliciens de seconde zone pour protéger un jeune meneur... Dans une demie-journée, la cible baignait dans son sang. Dans trois jours, quatre tout au plus, Eliaz avait les poches pleines et sirotait un verre dans sa taverne habituelle. En attendant l'heure propice, il décida d'arpenter les couloirs de la demeure et de s'enquérir de l'état de son cheval. Il n'avait toujours pas confiance en le personnel du château.

La nuit était tombée depuis une heure. Eliaz vérifia une dernière fois son équipement et sortit par la fenêtre. Moins il y avait de monde au courant de son départ et mieux il se porterait. Heureusement, sa fenêtre donnait directement sur l'extérieur de la citadelle. Encore une lubie esthétique et totalement idiote d'un point de vue stratégique. Il atterrit doucement sur le sol boueux et s'élança en courant à petites foulées. La lune était masquée par des nuages lourds, facilitant ainsi son travail. Une vingtaine de minutes plus tard, il atteint les palissades du camp. Sa vision nocturne lui permit de dénombrer quatre archers qui faisaient la ronde et il eut tôt fait de trouver le moment où il pourrait grimper sans se faire voir. En attendant cet instant, il se prépara. Il tira d'une poche de sa ceinture un petit grappin relié à un fil très fin et solide, objet hautement précieux qu'il avait dérobé à un elfe, et sortit d'une autre une paire de gants dont les doigts se terminaient par des crochets d'acier très utile pour se suspendre provisoirement à un support en bois. A une palissade, par exemple.
Un garde passa. Il compta mentalement jusqu'à dix puis lança son grappin qui se fixa entre deux des pointes renforcées. Comptant toujours dans sa tête, il commença à grimper. Il ne disposait plus que de quinze secondes pour atteindre le haut de la fortification. Soudain, son pied glissa sur le bois humide et il perdit son appui ainsi que de précieuses secondes. Il n'était pas encore tout à fait en haut quand il entendit le deuxième garde arriver, et il dût tout lâcher pour se retrouver uniquement suspendu par ses griffes fichées dans le bois, position hautement inconfortable. Lorsque l'archer fut passé, Eliaz atteint le sommet des troncs taillés et les franchit d'un bond, puis regarda à ses pieds. Quatre mètres le séparaient du sol. Il regarda autour de lui, repéra le garde qui était le plus éloigné de lui et partit dans cette direction à la recherche de quelque chose pour amortir sa chute. Il trouva vite une pile de tonneaux de vin ou de nourriture et sauta sur le plus haut en priant pour qu'ils soient solidement attachés. Mais tout tint bon, et il sauta à nouveau pour arriver sur la terre ferme. Puis il chercha des yeux une tente qui pourrait être celle du chef. Une tente plus grande, plus haute, mieux orientée ou... Il avisa une tâche de lumière dans le camp endormi. Plus éclairée.

Elle était située à l'opposée exacte de la porte du camp, contre la palissade de bois. Eliaz se déplaça en silence, longeant les fortifications et se servant de sa vision nocturne pour éviter les pile d'arme, de vivres ou les fils tenseurs des tentes. Lorsqu'il atteint la tente principale, il décela du mouvement à l'intérieur, un homme qui s'affairait à un bureau, très agité et visiblement armé. Cela ne posait pas de problème outre mesure. Il dégaina ses armes, attacha la chaîne de la dague de droite au pommeau de la dague de gauche et s'apprêtait à pénétrer dans la tente lorsqu'il sentit un objet pointu piquer le creux de ses reins

- Bouge un cil et le bas de ton corps devra se passer du haut.

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[Terminé] [Mission] Un peu de courage...  Sand-g10Mar 21 Juin - 21:17


Après une brève mais mémorable entrevue avec Yalissan, l'ex-milicien avait pris congé de tous ses gardes ne conservant au près de lui que la nouvelle venue. Le soir tombait prestement, et curieusement l'atmosphère se réchauffait sur les vastes landes de Terra. Peu à peu, la poudreuse immaculée qui avait recouvert le paysage durant de longues semaines fondait sous les pieds vaillants des campeurs qui, quant à eux, s'affairaient déjà sur la préparation du repas du soir. Loin de se soucier de ce phénomène, lové dans son siège de cuir couvert d'une ample peau de bête, le jeune officier observait Elly d'un air circonspect. Une fourchette en argent à trois piques à la main, ce dernier porta à ses lèvres un tendre morceau de gibier. Du lièvre braisé plus précisément, ramené un peu plus tôt par l'un de ses archers. Il mastiqua sa bouchée le regard vide quand soudain celui-ci se planta dans les prunelles grises de son interlocutrice.

Qu'est-ce qui vous taraude ? Vous n'avez pas faim ?

La voyageuse qui affichait depuis le début du repas une moue relativement dédaigneuse lui répondit immédiatement sur un ton sensiblement agacé.

Je me disais simplement que pour quelqu'un qui soutient une révolte contre la pauvreté, manger égoïstement votre viande, au chaud dans votre tente, quand eux ne se contentent que de racines bouillies dans le froid hivernal m'apparaît quelque peu … inacceptable.

Yalissan eut un violent haut le cœur secouant jusqu'à ses épaules, et s'étouffa bruyamment après avoir dégluti. Le visage de l'homme prenant une jolie teinte bleu-violet, l'elfe contourna avec célérité le bureau faisant office de table dinatoire et lui assena un violent coup du plat de sa main dans le haut du dos.

Arf !

Le milicien sembla un instant cracher ses poumons et rapidement envoya valser le morceau de lièvre embourbé dans sa salive sur la table. Hébété, il chercha du regard tout en tentant de reprendre contenance, celle qui venait de lui cracher ses quatre vérités en plein faciès. Mais Elly avait déjà soulevé une tenture de la yourte et lui faisait signe d'aller rejoindre ses hommes, et si possible de ne pas sortir les mains vides. Acquiesçant d'un simple hochement de tête accompagné d'une réelle bonne foi, le commandant se saisit du plat dans lequel attendait la viande prédécoupée, d'une corbeille d'osier pleine de galettes croustillantes et de deux gourdes de vin. Lorsqu'il sortit enfin précédé par la gardienne de l'équilibre, les soldats enjoués par un tel acte s'approchèrent et formèrent sans s'être consultés au préalable, un cercle d'une largeur de douze pas empreint de toute la chaleur humaine alors disponible. On avait courageusement dégagé la neige, et ce furent assis sur d'épaisses nattes tressées que les rebelles gouttèrent en compagnie de leur chef, au plaisir de se retrouver pour partager un repas convivial avant la bataille. L'elfe dont l'appétit était aussi gros qu'un merle se contentait de raviver le feu afin de tous les maintenir au chaud et en pleine lumière.

~ Et au milieu des rires, l'astre lunaire en vint à régner en maître dans l'immensité bleutée. ~

Une fois le cœur réchauffé et l'estomac apaisé, les habitants du camp regagnèrent leur propre tente. Les gardes reprirent leur ronde au sommet de la palissade et Yalissan souhaita poliment bonne nuit à celle qui veillerait un court laps de temps sur lui et sa moralité. Cependant, le jeune gradé ne comptait pas sombrer immédiatement dans un sommeil réparateur, il avait en effet une importante carte de combat à terminer, et alluma pour faire son office une lampe elfique qui éclairait bien d'avantage qu'une torche lambda. Elly se glissa hors de sa tente et fit quelques pas dans le campement des rebelles … on entendait parfois certains d'entre eux ronfler de tout leur saoul, les murmures de quelques autres et l'unique silence sous une majorité de yourtes. Le regard perçant de la sylvaine détailla la place vide au centre de cette petite forteresse. N'y restait guère plus qu'un brûleur à marrons, ou à grains dont on se servait pour faire une boisson sans autre forme de torréfaction. Le fourneau était cylindrique et pourvu de quatre pieds, surmonté d'un tambour horizontal à manivelle et d'une cheminée en forme d'entonnoir renversé. La senteur des graines grillées combinée à l'odeur du combustible donnait une épaisseur toute particulière au parfum qui embaumait les alentours.

Alors qu'elle dépassait la tente de l'ex-milicien, Elly remarqua un oiseau au bec d'ardoise et à la huppe bleue entrain de construire son nid dans un monticule de paille, presque aussi haut que la moitié de la palissade, à l'aide d'une imposante bourre de coton trouvée elle ne savait où. Tandis que son attention s'était entièrement portée sur ce moment de grâce naturelle, le bruit d'un froissement de tissus la fit s'immobiliser presque instinctivement. Sa respiration ralentit, endormant son rythme cardiaque et décuplant son ouïe déjà fine ainsi que sa vision de nuit … cela venait de la droite.
Soulevant son bras dans la torpeur nocturne, l'elfe parvint à sortir de son fourreau de cuir l'une de ses dagues sans produire le moindre son. Le métal brilla faiblement sous la lune, elle tint la lame au plus près du sol afin d'éviter ses doux miroitements. Elle même courbée vers l'avant, la belle entreprit de faire le tour de la yourte, un pied après l'autre, aussi légère que le vent dans les blés, elle progressa sans encombre jusqu'à sa cible. Une ombre confirma soudainement la présence d'un intrus. Risquant un rapide coup d'œil, la gardienne perçut furtivement un reflet argenté dans quelque chose qui semblait s'apparenter à une chaîne. Avançant une ultime fois ses pieds en une position mi-belliqueuse et ayant prit soin de ne rien laisser effleurer le sol, elle pointa sans attendre sa lame sur les reins de celui ou celle qui lui tournait le dos désormais, et pour faire bonne mesure, piqua la peau de l'importun en déclarant froidement …

Bouge un cil, et le bas de ton corps devra se passer du haut.

Un seul geste brusque de sa part, et l'ombre récupèrerait ses entrailles à la cuillère.  

Tiens donc, le jeune nobliau avait donc son chien de garde.

Lui répondit une profonde et sarcastique voix masculine dans laquelle toute marque de surprise était inexistante. Souriante dans l'ombre, l'elfe accentua lentement la pression de l'aiguillon contre le dos de l'inconnu. Il avait un certain humour …

Et le gras seigneur n'a su envoyer que son folâtre, dont le chien connait bien l'odeur de l'échec suintant. Lâche ton arme je te prie …  Ogar ! Viens garder cet homme pour moi deux minutes !

C'était donc lui le renard chargé du contrat. Un archer descendit de sa tour pendant qu'Elly balayait les lames de la tranche du pied. Les deux dagues de l'intrus s'insinuèrent sous la tente de Yalissan qui sursauta et ramassa les objets tranchants d'une incroyable qualité sans oser bouger d'avantage, le souffle court. Ogar pointa insensiblement son arbalète sur la tête de l'homme, il savait qu'elle ne l'avait pas quémandé au hasard, en effet le commandant avait vanté ses mérites et son adresse au tir durant tout le repas. Rangeant sa propre arme, l'elfe posa ses mains sur les omoplates de l'inconnu s'apprêtant à opérer une fouille en règle et détailla les lignes de son dos, la cambrure de ses reins, les formes de ses jambes tout en modifiant l'appui exercé selon l'endroit que frôlaient ses doigts. Rien par là. Curieusement, elle se serait attendue à un corps bien plus juvénile selon les dires des trois brigands. La sylvaine tira doucement la capuche de son prisonnier humant son parfum boisé ce qui la déstabilisa brièvement et apposa ses mains sur son torse, restant tout de même derrière lui. Elle arpenta sa poitrine, son ventre puis le devant de ses jambes pour finir en remontant par l'intérieur des poches qu'elle put atteindre. Rien non plus, ou en tout cas, pas d'arme, et ses effets personnels ne l'intéressaient pas.  

Bien, rentrons à présent.

Suivie d'Ogar et de l'intrus, la gardienne s'introduisit dans la yourte du commandant. Ce dernier s'était installé sur son trône de fortune et affichait un sourire satisfait. On installa le captif en face de lui, apportant un soin infini à lier fermement ses poignets et ses chevilles contre les accoudoirs et les cales du siège, ce sur quoi l'archer s'éclipsa de la tente. Le milicien observa méchamment celui qui aurait dû être son assassin. Pendant ce temps, Elly considérant sa mission comme accomplie rassemblait indifféremment son paquetage au fond de l'habitation, quelques mètres à peine derrière Yalissan qui lui tournait le dos, enfin le fauteuil.  

Je suis présentement le chef des rebelles. Oui, c'est bien moi que vous cherchiez. Ceux qui sont aujourd'hui sous ma coupe ont réclamé à votre ventripotent seigneur une augmentation de salaire afin de pouvoir nourrir leur progéniture convenablement. Ils sont … importants.

L'elfe tiqua, se redressant. Ayant perçu son mouvement, le commandant se tut tandis qu'elle approchait et se postait à son côté droit. Elle reprit d'une voix douce,

Ils sont les mains, la force et le sang du royaume. Sans eux la noblesse ne serait pas ce qu'elle est, et votre seigneur n'aurait pas d'avantage de quoi s'emplir la panse et porter sa joie sur la chopine.

Son regard brillait, comme à chaque fois qu'elle prenait sincèrement le parti de défendre une cause. Balayant son intervention d'un revers de la main, sans toute fois être désobligeant, Yalissan referma la parenthèse sans s'étendre d'avantage sur le sujet, l'œil malicieux.

Qu'allons-nous faire de vous …

Elly

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[Terminé] [Mission] Un peu de courage...  Sand-g10Mar 21 Juin - 23:44
Eliaz n'avait pas peur outre mesure. Il s'était déjà trouvé dans une telle situation un bon nombre de fois et avais toujours réussi à s'en sortir. Bien souvent, la personne qui le menaçait ainsi était beaucoup plus terrifiée, et il suffisait de peu pour l'amener à commettre une erreur.
Mais la réponse de la femme, puisque ça voit trahissait que c'en était une, le déstabilisa quelque peu. Il n'était pas habitué à ce qu'on réponde à ses sarcasmes par le sarcasme. La propriétaire de l'arme qui lui piquait la peau avait donc également une tête bien faite et un esprit solide... Voilà qui s'annonçait intéressant. Se laisserait-elle prendre au jeu de la guerre des nerfs ?

Le garde arriva, pointa son arbalète sur son front d'un air menaçant. Il était toujours plus facile de se sentir puissant lorsqu'on était à deux contre un, avec une arme de la puissance de l'engin qu'il tenait entre les mains. D'autant que ses propres armes étaient maintenant hors de portée, et un bref coup d'œil à l'ombre qui se découpait sur la toile de la tente lui confirma qu'elles étaient tombé entre des mains étrangères. Un fait qui l'irritait au plus haut point.
La femme qui se tenait dans son dos entrepris de le fouiller, et Eliaz fut heureux qu'elle ne vit pas sa réaction lorsque ses doigts se posèrent sur son dos. Une elfe. Cela changeait la donne. Ce peuple avait des réflexes bien supérieurs à ceux d'un humain, même les siens. Et leurs esprits étaient fermés, verrouillés, impossible à corrompre ou à perturber par des moyens conventionnels. L'Assassin failli s'avouer vaincu, puis se souvint de la teneur du contrat. L'elfe était au service d'une autre personne, bien humaine elle, et surtout jeune. Autrement dit, il lui restait toujours une échappatoire s'il parvenait à tourner les mots de la bonne façon. Une fois sorti vivant du camp fortifié, il pourrait toujours revenir remplir son office, en s'occupant tout d'abord du cas de son garde du corps.
Les doigts glissèrent le long de son torse et des ses jambes, et il ne put contenir un léger frisson à leur contact. Les elfes étaient tellement délicats, gracieux et doux, même leur courroux devait être plaisant. Eliaz se mordit la joue, honteux de se laisser avoir par les charmes du Beau Peuple. Il n'empêchait, il connaissait quelques poivrots qui seraient prêt à lui payer bon nombre de coups à boire pour qu'il leur raconte comment une jeune elfe avait promené ses doigts sur tout son corps.
Il sourit intérieurement. Encore une bonne raison de sortir vivant de ce trou. L'inspection terminée, il fut amené dans la tente du chef de la rébellion. Il tomba sur un jeune homme à l'allure préoccupée, la fatigue et l'angoisse ayant alourdit le poids des années. Il souriait néanmoins, visiblement heureux d'avoir déjoué les magouilles du gros seigneur. Quelque part, Eliaz le comprenait.

Il fut attaché à un fauteuil et mit en face du jeune homme qu'il regarda droit dans les yeux, refusant d'afficher le moindre signe de son désappointement. Il garda son sourire sarcastique, les yeux à demis plissés, et attendit.

- Je suis présentement le chef des rebelles. Oui, c'est bien moi que vous cherchiez. Ceux qui sont aujourd'hui sous ma coupe ont réclamé à votre ventripotent seigneur une augmentation de salaire afin de pouvoir nourrir leur progéniture convenablement. Ils sont … importants.

Une banale histoire de rébellion, en somme. Rien qu'il ne savait déjà. En tout cas rien qui l'intéressait. Il écouta d'une oreille distraite, échafaudant un plan pour s'en sortir.

- Ils sont les mains, la force et le sang du royaume. Sans eux la noblesse ne serait pas ce qu'elle est, et votre seigneur n'aurait pas d'avantage de quoi s'emplir la panse et porter sa joie sur la chopine.

L'intervention de l'elfe le tira un court instant de sa réflexion, mais il y replongea aussitôt. Il ne devait plus jamais se laisser piéger. Il les regardait sans les voir réellement, mais son regard passait de l'un à l'autre pour qu'ils n'imaginent pas qu'il se moquait royalement de leur histoire.

- Qu'allons-nous faire de vous …

Question rhétorique. Eliaz sentit néanmoins que c'était à lui de jouer.

- Et bien... Vous pouvez me relâcher, en espérant que je me décourage et que je retourne d'où je viens la queue entre les jambes. Mais vous devezêtre assez intelligents pour savoir que je n'en ferais rien. Il haussa un sourcil. N'est-ce pas ?

Le général s'emporta, frappant du poing sur l'accoudoir de son trône de fortune. Exactement ce que voulait Eliaz

- Espèce de vermine, tu te crois malin ? Tu n'es rien, ici ! Ta survie n'est due qu'à notre bon vouloir, donc tu ferais bien de retenir tes remarques !

Eliaz accentua son sourire, défia le jeune homme du regard. Mais l'elfe s'interposa, coupant court à la manœuvre de l'Assassin.

- Ne vous laissez pas emporter, Yalissan. S'il vous prend à son jeu, s'en est fini de vous. Puis elle se tourna vers Eliaz. Cette affaire n'est pas plus compliquée qu'elle n'y paraît. Les habitants de ces terres ont besoin de cette rébellion. Le tyran qui gouverne les presse jusqu'à leur mort, et la seigneurie coure à sa perte si son peuple n'est plus capable de la faire vivre.

- Écoutez, ma belle dame, rétorqua Eliaz en conservant son sourire, cette affaire n'est pas de mon ressors. Mon boulot à moi, c'est d'exécuter le contrat, quel qu'il soit. Je prend le papier, je tue la cible, j'empoche l'argent et je rentre chez moi. Ce aussi simple que ça.

Le jeune général intervint, visiblement avec une idée en tête.

- Et si nous... imaginions que nous vous proposions un autre contrat ?

Eliaz haussa un sourcil.

- Vous pourriez par exemple retourner voir notre seigneur et retourner le contrat contre lui. Je le connais assez, il n'acceptera aucune revendication Tuez-le et vous serez libre. Qu'en pensez vous ?

- Je... dois dire que l'affaire rutile, vue de l'extérieur. Mais vous oubliez certains points. Premièrement, vous n'avez rien à me payer. Deuxièmement, vous ne baignez pas assez dans le milieu de... l'illégal pour en connaître les subtilités. Si j'abandonne un contrat en cours de route, il me faudra une bonne raison pour ne pas en faire pâtir ma réputation.

- Il ne s'agit pas d'abandonner un contrat, mais de le retourner. En fin de compte, vous remplirez votre objectif. Et pour la prime, je m'assurerai de votre juste rémunération une fois le contrat rempli. Je saurai être moins avare que ce gros imbécile. De plus, je propose de vous... céder la demoiselle ici présente, dit-il en désignant de la main l'elfe qui se trouvait un peu en retrait. En plus de peser dans la balance de votre choix, j'ose espérer qu'elle veillera à ce que tout se passe convenablement.

Il n'avait même pas regardé celle-ci dans les yeux lorsqu'il avait joué sa vie et sa dignité d'elfe sans hésiter. Eliaz n'était pas un sentimental invétéré et encore moins un humaniste, mais le fait qu'on puisse la considérer comme une simple prime supplémentaire l'énervait passablement. D'un autre côté, il n'avait pas le choix. Et tuer le seigneur le satisferai déjà beaucoup. Restait à savoir s'il pouvait faire confiance à Yalissan pour remplir sa part du marché...
Il pencha sa tête d'un côté, puis de l'autre, et fronça les yeux, affichant l'expression d'un homme pris au piège. Il fallait que le rebelle le croit en son pouvoir s'il voulait tirer son épingle du jeu. Afin de garder sa propre dignité, il y mêla une moue légèrement dégoûtée.

- Et bien... Mon cher et téméraire ami, je suis obligé de faire affaire avec vous. Doublez ma prime de départ, laissez-moi la tête du seigneur, et je suis votre homme. Quant à votre garde du corps... Vous devriez accorder plus d'importance à sa vie et à son honneur, si vous tenez à rester vivant et fier pour le reste de votre petite existence.

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[Terminé] [Mission] Un peu de courage...  Sand-g10Jeu 23 Juin - 16:26
" Memento, homo, quia pulvis es
et in pulverem reverteris. "




" Et bien... vous pouvez me relâcher, en espérant que je me décourage et que je retourne d'où je viens la queue entre les jambes. Mais vous devez être assez intelligents pour savoir que je n'en ferais rien. N'est-ce pas ?"

Yalissan manqua de briser l'accoudoir de son siège en frappant du poing sur ce dernier. L'elfe leva  les yeux au ciel, lui était-il impossible de se maîtriser d'avantage devant un simple assassin ? Elle se mordit la lèvre inférieure pour s'empêcher de s'introduire immédiatement dans la discussion.

"Espèce de vermine, tu te crois malin ? Tu n'es rien, ici ! Ta survie n'est due qu'à notre bon vouloir, donc tu ferais bien de retenir tes remarques !"

L'inconnu souriait ostensiblement, ne ménageant pas les nerfs du commandant. S'il continuait de la sorte, Yalissan allait sortir de ses gonds, et du sang tâcherait les tentures à coup sûr. L'heure était venue de s'interposer afin d'éviter une boucherie irréparable, et par la même occasion, de rappeler à l'ex-milicien le contenu du plan B préétabli la veille. Elly s'insinua d'un ton calme et posé ...

" Ne vous laissez pas emporter, Yalissan. S'il vous prend à son jeu, s'en est fini de vous. Cette affaire n'est pas plus compliquée qu'elle n'y paraît. Les habitants de ces terres ont besoin de cette rébellion. Le tyran qui les gouverne, les presse jusqu'à leur mort, et la seigneurie coure à sa perte si son peuple n'est plus capable de la faire vivre."

L'assassin qui semblait se remplumer déclara à son tour, tout sourire.

" Écoutez, ma belle dame, cette affaire n'est pas de mon ressors. Mou boulot à moi, c'est d'exécuter le contrat, quel qu'il soit. Je prends le papier, je tue la cible, j'empoche l'argent et je rentre chez moi. C'est aussi simple que ça. "

Après cette brève estocade orale, Yalissan se décida enfin à présenter son offre personnelle au captif. Il s'agissait de retourner ne contrat contre le seigneur tyran, moyennant bien entendu un revenu d'avantage attractif aux yeux de l'assassin, que la faible rémunération originellement proposée par son employeur. Par ailleurs, celle que l'on nommait Thunderblades aurait un double rôle dans cette nouvelle affaire. Confiée « aux bons soins » de l'assassin, elle serait à la fois le témoin de l'accomplissement du contrat déféré et une aide pour cette mission. Dans le cas où l'inconnu tenterait une manœuvre inconsidérée, l'ordre jugé sage était son exécution pure et simple sans vergogne ni scrupule. Ce plan de secours avait été créé de toutes pièces durant le repas baptisé « souper de neige » qui avait réuni soldats et supérieurs hiérarchiques. Chacun d'entre eux y était allé de ses idées pour en arriver à cette conclusion unanime. La sylvaine ne ressentait aucunement le sacrifice, elle avait d'ailleurs elle même proposé de s'intégrer à l'optique de se rendre au château seigneurial, car tous le savaient, ce qui les attendait là-bas n'avait rien d'une promenade de santé. Aux côtés du peuple jusqu'à la mort, là était ce qui lui semblait représenter la façon la plus juste de procéder.

" Et bien … Mon cher et téméraire ami, je suis obligé de faire affaire avec vous. Doublez ma prime de départ, laissez-moi la tête du seigneur, et je suis votre homme. Quant à votre garde du corps... Vous devriez accorder plus d'importance à sa vie et à son honneur, si vous tenez à rester vivant et fier pour le reste de votre petite existence."

Yalissan haussa les épaules tout en bavant de plaisir.

" Même aux portes de la mort vous restez dur en affaire. Soit, je double votre salaire, mais vous serez payé une fois la mission accomplie bien entendu. Vous partirez dans une heure, la nuit sera noire et cela vous laisse le temps d'établir une petite stratégie si cela vous chante. Quant à moi, je vais rejoindre la tente surprotégée qui m'attend pour la nuit … j'ose croire que vous n'avez pas espéré que je reste sans protection pour autant, ma chère Elly n'étant plus à mes côtés, je préfère dormir au milieu de mes gardes. N'ayez crainte mon jeune ami, je la paierai au même titre que vous. Douce nuit  !"

Le commandant s'extirpa de la yourte sans plus attendre, emportant avec lui l'unique source de lumière elfique. Dans l'obscurité nouvelle, la jeune voyageuse tâtonna un bref instant dans un profond tiroir duquel elle sortit bientôt un candélabre d'argent à trois branches. Dans ses encoches dormaient encore des cierges à moitié consumés. Le déposant sur le bureau, la sylvaine entoura chaque mèche de quatre doigts, produisant instantanément une importante étincelle rouge-oranger qui embrasa chaque bougie. Disposant enfin d'un éclairage correct inondant la tente, elle s'avança  paisiblement vers le prisonnier toujours attaché à son siège, et s'employa avec douceur à le libérer de ses liens. Pendant que ses fines phalanges jouaient avec les nœuds solidement confectionnés, Elly fit le choix de ne pas laisser le silence s'imposer en maître.

Yalissan est quelque peu imbu de sa personne. Toutefois c'est un bon milicien qui a su se tourner vers le peuple lorsque celui-ci en a eu le besoin. J'ai accepté de le protéger en retour de ce qu'il s'oblige à faire pour eux, et rien d'autre. Je n'ai aucune motivation pécuniaire. Voilà pourquoi lui et moi avions préétabli l'idée de nous débarrasser du tyran qui les asservit. En un sens nous … on peut dire que nous étions certains que vous alliez accepter notre offre.

Cette brève explication donnée, elle retira le dernier lien et se dirigea vers le fond du velum sans poser un seul regard sur le visage de l'assassin. Son odeur l'ayant déjà troublée plus que de raison. Déverrouillant les portes d'une armoire de bois verni, elle en tira les doubles lames reliées par une chaîne de l'inconnu. Faisant tinter le métal de cette dernière entre ses doigts, elle lui avoua en souriant;

"C'est une arme bien pensée, mais voici ce qui vous a trahi face à mon tour de garde. Je vous les rends, car vous êtes enchaîné par un contrat au prix d'or. N'allez pas croire que je vous considère en ami pour autant. "

Alors qu'elle lui tendait ses armes, son regard d'acier se planta dans les prunelles émeraude de son interlocuteur.

" Beaucoup de gens sont morts pour avoir fait confiance à un vieil ami, et bien plus encore ont péri pour moins que ça. "

Se détournant, l'elfe dont la chevelure avait la couleur soleil s'installa à l'ancienne place du commandant. De l'intérieur du sous-main, elle extirpa le plan détaillé du château où ils mèneraient leur assaut, et l'étendit sous les yeux de son équipier tout en approchant la source lumineuse. Avant de se mettre au travail, elle n'oublia pas de le remercier pour la protestation qu'il avait élevé contre Yalissan à son égard, et pour faire bonne mesure, se permit de le tutoyer étant donné qu'ils allaient probablement risquer leur vie ensemble.  

"Je me souviendrai de ta bonne grâce, même si l'idée originale était mienne. Tu sais je crois que l'homme a besoin, de temps en temps, d'un holocauste. D'une sorte de bouc-émissaire dans lequel il épanche ses vices, sa bestialité et ses instincts diaboliques. Après quoi, naturellement, il adore ce qu'il a sacrifié …"

Elle avait parlé sans quitter le parchemin des yeux, ses ongles entretenus parcourant quelques lignes tracées au fusain. Le château dans lequel s'enfermait la cible avait des contreforts extrêmement bien gardés. Aux dernières nouvelles, des centaines de gardes surveillaient les issues, les chemins de ronde étaient blindés d'archers et de lanciers plutôt entraînés. La main de l'elfe s'immobilisa à quelques centimètres des murs de la bâtisse, au beau milieu d'un champ marqué d'une esquisse de quelques arbres et d'une croix fléchée vers le bas. L'entrée d'un souterrain menant à la demeure du seigneur, qui lui servait tout autant à fuir des assaillants qu'à entrer en silence après une nuit chez ses maîtresses paysannes ...

" Homme, rapelle toi que tu es poussière
et que poussière tu redeviendras."

Elly

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[Terminé] [Mission] Un peu de courage...  Sand-g10Dim 26 Juin - 23:15
[RP à quatre mains, écrit avec l'aide d'Elly Thunderblades]

Lorsque le milicien lui tourna le dos pour se rendre à sa tente, affichant toujours son sourire dominateur, ses mots et le ton qu'il avait pris résonnait encore dans la tête d'Eliaz. Rien que pour sauver sa fierté et expulser sa frustration, il aurait volontiers planté une de ses dagues dans le cou de cet arrogant. Il savait exactement où, entre les deuxième et troisième vertèbres, là ou la lame traverserait tout sans rencontrer aucune résistance, sectionnant artères et veines. Le coup aurait été fatal, le sang aurait coulé sans éclabousser partout. Du beau travail.
Mais il ravala ces douces pensées et se concentra sur l'elfe, restée seule avec lui. L'obscurité englobant l'endroit, sa vision nocturne ne lui rendait que des nuances d'oranges, mais même ainsi l'être qui se trouvait en face de lui restait fascinant. Il s'en voulait d'éprouver quelque chose d'aussi futile et banal que l'admiration, et se mordit la joue à nouveau pour éclaircir son esprit. Pendant qu'elle s'affairait dans un tiroir, sans doute pour rétablir la lumière ambiante, il songeait à un moyen de remplir sa mission en tirant le maximum de bénéfices. D'après ce qu'il avait vu, les "soldats" seigneuriaux n'étaient que des mercenaires avinés. Mais leur maître ne devait pas être assez stupide pour n'avoir engagé que des incapables, et au moins une compagnie d'élite devait veiller sur lui et ses intérêts. La question était donc, "Élite, oui, mais à quel point ?"
Il avait déjà dû se frotter à toutes sortes de mercenaires, de l'ivrogne armé d'une fourche au vétéran de guerre aussi couturés qu'aguerris. Si on pouvait échapper aux premiers en marchant vite, les seconds étaient bien plus dangereux. Dans le cas où le seigneur en avait engagé suffisamment, il faudrait être très prudent.

Une étincelle le tira de sa réflexion. L'elfe venait d'allumer des bougies par magie. Un fait des plus intéressants, il se trouvait en présence d'une guerrière élémentaliste. Et à en juger par la façon dont elle avait usé de sa magie, produisant une étincelle au lieu d'une flamme, il s'agissait d'une manipulatrice de la foudre. Nouvel élément sur l'échiquier, qui pouvait aussi bien lui sauver la vie que la lui prendre. Mais en partant du principe que les hommes qu'ils allaient affronter maniaient des armes en acier, étaient revêtus de pièces d'armures du même métal et évoluaient dans un environnement laissé partiellement à l'abandon donc humide, il décida de considérer cela comme un avantage.
Puis elle s'approcha, jouant de ses longs doigts délicats pour libérer Eliaz de ses entraves. Ceux-ci dansaient habilement, et les deux liens qui enserraient ses pieds furent promptement retirés. Alors qu'elle s'attaquait à ceux de sa main droite, elle se mit à parler. L'Assassin ne l'écouta que d'une oreille lorsqu'il comprit qu'elle tentait de défendre Yalissan, et replongea dans l'élaboration de son plan.

-... On peut dire que nous étions certains que vous alliez accepter notre offre.

Eliaz fulmina de plus belle et ravala une remarque acerbe. Il détestait qu'on prédise ses réactions. Il voulait toujours avoir un coup d'avance sur son adversaire, pas l'inverse.
Mais la situation exigeait qu'il ravala sa fierté, ce qu'il fit avec une grimace de dégoût. L'Assassin suivit des yeux son interlocutrice qui ouvrit une armoire vernie et en tira ses armes. Le cœur d'Eliaz se fit plus léger à la vue de celles qui n'avaient jamais quitté sa vie et très rarement sa vue au cours des dernières années. Entre les mains de l'elfe, les jumelles paraissaient déployer toute leur beauté mortelle. Ces armes étaient ce qu'il avait de plus précieux, et les voir resplendir de la sorte entre les mains d'une étrangère le fit souffrir quelque peu.
Aux paroles d'Elly, puisque tel semblait être son nom, il devina une vieille histoire, un livre à la couverture poussiéreuse mais dont l'encre n'était pas encore sèche. Une amitié déçue, ou brisée peut-être, par le temps, par les circonstances, par la mort. C'était un lien tellement fragile que l'amitié. Voilà pourquoi il n'avait jamais rien entreprit de tel avec quelqu'un. Pourquoi s'encombrer d'une relation amicale là où de simples camarades de besoin faisaient l'affaire ? Eux n'attendaient rien en retour sinon leur paye, et les quitter pour ne plus jamais les revoir avait toujours laissé Eliaz indifférent. Et si l'elfe l'avait troublé, il comptait bien s'en aller pour ne plus jamais la revoir le plus tôt possible. Elle planta son regard dans le celui de l'Assassin. A son grand désarroi, il fut presque tenté de détourner le regard mais se concentra de plus belle sur les iris gris de l'elfe, déterminé à ne pas se laisser dominer. Quelqu'un qui avait le don d'accaparer son esprit aussi vite, qui semblait prédire ses réactions et qui pouvait le faire réagir de la sorte ne pouvait être que dangereux. Il fallait s'en départir au plus vite.

- Beaucoup de gens sont morts pour avoir fait confiance à un vieil ami, et bien plus encore ont péri pour moins que ça.

Eliaz comprenait le sens de ces paroles, et acquiesça en silence. Même s'il n'avait jamais connu l'amitié et en souhaitait pas y plonger, il avait vu nombre de personnes risquer leur vie pour un ami et au moins autant mourir de leurs mains. Il saisi ses arme et détacha la chaîne en argent. Les mailles fines mes solides tintèrent doucement quand il la roula en la rangea dans une sacoche dans le creux de ses reins. Puis il glissa les lames dans leurs fourreaux et s'avança vers la table sur laquelle Elly, maintenant assise sur le siège de Yalissan, avait étalé une carte du château. Eliaz se pencha dans la contemplation du plan, cherchant des yeux chaque recoin, chaque cache que pourraient dissimuler les murs de pierre de l'édifice. Un angle plein dans un couloir, une bifurcation sans raison évidente, une pièce sans porte, un mur trop épais, autant d'indices qui permettaient de déceler les mystères du château.

- Je me souviendrai de ta bonne grâce, même si l'idée originale était mienne. Tu sais je crois que l'homme a besoin, de temps en temps, d'un holocauste. D'une sorte de bouc-émissaire dans lequel il épanche ses vices, sa bestialité et ses instincts diaboliques. Après quoi, naturellement, il adore ce qu'il a sacrifié …

Elly le prit au dépourvu. Il releva les yeux, regarda le visage concentré de l'elfe en cherchant à y trouver une trace d'une émotion quelconque. Mais les elfes étaient connus pour leur impassibilité, c'était peine perdue et il le savait. Il garda le silence encore une fois, les interventions de son équipière avaient le don de le laisser sans réponse satisfaisante. Il se remit à l'étude du plan.
Lorsqu'il pensa avoir trouvé toutes les pièces dissimulées et les recoins cachés, il le marqua mentalement dans un coin de son esprit, cherchant pour les plus évidentes ou les plus dangereuses un repère qu'il saurait reconnaître facilement. Puis les doigts agiles de l'elfe désignèrent un point dans un champ, et Eliaz compris qu'il s'agissait d'une entrée souterraine. Voilà qui facilitait la chose, ils n'auraient ni à escalader les remparts, ni à entrer par la grande porte ou une poterne qui ne manquerait pas d'être lourdement gardée.
Un souterrain, même s'il était connu et utilisé par le maître des lieux, était par définition fait pour être dissimulé. La protection n'en sera que plus légère, uniquement suffisante pour faire taire les voyageurs qui passaient au hasard et les quelques éclaireurs envoyés par les rebelles.

- Mon amie, nous avons trouvé notre porte d'entrée. S'il nous est possible de nous orienter dans le tunnel, ce dont je ne doute pas vu mon expérience et tes... prédispositions naturelles, nous devrions arriver non loin des appartements du seigneur. Il nous suffira alors de trouver un garde ou un serviteur et de lui demander gentiment de nous orienter.

- Le tunnel sera sans doutes gardé, et je ne puis croire qu'il y ait beaucoup d'endroits où se cacher, dans ce champ.

- Fais confiance en mes talents d'Assassin. Il lâcha un sourire. Je m'occupe des gardes. S'il veulent discuter, nous discuterons. Et s'ils refusent... Je m'adresserai à eux avec Tact, il tira sa première dague, et Délicatesse. Il dégagea la seconde de son fourreau et la lança en l'air.

L'acier immaculé tournoya en brillant, la lumière orangée des bougies se reflétant sur la lame. Eliaz la rattrapa entre deux doigts et les rangea toutes deux dans leurs fourreaux.

- Bien, poursuivit-il, si le plan te satisfait, je vais aller reconnaître le terrain.

L'elfe garda un visage impassible et l'Assassin tourna les talons, lorsque la voix claire et tranchante fendit l'air.

- Attends !

Eliaz se retourna, affichant une mimique interrogative.

- Il m'est impossible de te faire confiance. Qui me dit ce que ton esprit te dictera, lorsque tu auras franchit les limites du camp ? Il me faut un gage, une preuve que tu reviendras. Et que tu n'avertiras pas le seigneur de notre plan.

Il fronça les sourcils, pressentant un dénouement qu'il n'apprécierai pas. Le regard d'Elly se posa sur le manche d'une de ses armes.

- Ta dague, par exemple. Tu sembles y tenir plus qu'à ta vie. Donnes-en une, et tu pourras partir. Tu la récupéreras lorsque tu reviendras, n'aie crainte.

Eliaz était à nouveau piégé. Il contint sa fureur et tira son arme d'un geste sec. La note claire résonna quelques secondes dans l'air immobile de la tente.

- Très bien. Mais toi, qui me dis que tu me la rendras ? Faisons un échange. Ma dague contre la tienne. Équitable, non ? Quand à mon silence, tu n'as que ma parole. Mais travailler pour vous me semble bien plus amusant que de remplir les basses besognes de ce gros imbécile. Aie confiance ! Dit-il en affichant volontairement son sourire le plus dérangé.

L'elfe se tut quelques instants, son visage de marbre parut dissimuler deux partis qui se battaient en duel. Puis elle hocha la tête et tira de derrière son omoplate une arme immaculée, d'argent poli. La dague n'affichait nulle brèche, aucune rayure, rien qui puisse laisser transparaître son âge. Une arme elfique, en somme. En parfait état.
Eliaz présenta sa lame, poignée en avant, Elly en fit de même. Il saisirent chacun l'arme de l'autre au même moment, lâchèrent la leur simultanément. L'Assassin frissonna au contact de l'arme. L'argent de la lame semblait receler bien des souvenirs, et sa beauté froide, à l'image de son possesseur, dissimulait la quantité de sang qu'elle avait fait verser.

- On dit que la dague est honneur, et qu'elle se retourne d'elle même contre les traîtres

Les paroles d'Elly s'installèrent dans sa tête et y restèrent telle une mélopée éternelle qui tournoyait continuellement. Il passa l'arme à sa ceinture et acquiesça de nouveau. Leur marché était scellé.
Il tourna les talons et sortit de la tente en adressant un bref salut à Elly par-dessus son épaule. Une fois dehors, il rabattit sa capuche et traversa le camp. Les nuages étaient partis et la lune éclairait maintenant toute la place. Il pressa le pas et arriva au bas des palissades. Là, il s'arrêta et ferma les yeux. Une lueur rouge enveloppa bientôt tout son être, et il avança au devant des troncs d'arbre. Il les traversa comme s'ils n'étaient pas réels et rouvrit les yeux, quelques dernières étincelles écarlates dansant sur son manteau et ses vêtements. Puis il partit à grandes enjambées, sans se soucier des archers qui faisaient la ronde derrière les rondins taillés en pointes.
En un quart d'heure, puisqu'il avait pressé le pas, il arriva non loin du château, aux bords du champs où devaient se trouver l'entrée du souterrain. Il se dissimula derrière un des arbres délimitant les parcelles de terre et observa. Deux hommes armés de lance, l'épée au côté, patrouillaient en cercle serré autour d'un empilement de caisses et de tonneaux. Un troisième était assis sur le sommet de la pile, une arbalète lourde en travers des genoux, et un quatrième entretenait un feu modeste mais suffisamment conséquent pour éclairer et réchauffer à quelques mètres à la ronde. Tous portaient un cor à la ceinture.
Eliaz jura doucement. Ils étaient bien organisés, et à en juger par leur garde sans faille, ils étaient aguerris et près à se battre. Seul, il n'y arriverait pas. Il allait avoir besoin d'Elly, et même ainsi, il allait falloir ruser. De toute manière, les tuer maintenant ne servirait à rien puisqu'il ignorait quand viendrait la relève. Un deuxième point sur lequel il pesta, puisqu'ils risquaient ainsi de se retrouver à huit contre deux. Il attendit ainsi une vingtaine de minutes, observant leurs allées et venues, guettant un signe de fatigue ou de faiblesse. Mais il s'agissait de vétérans, et s'ils étaient fatigués, ils ne le montraient pas. Il quitta donc son poste d'observation et retourna au camps fortifié.

Arrivé là-bas, il traversa à nouveau les palissades, puis retourna dans la tente à présent vide, et attendit assis sur le siège de Yalissan, étudiant une dernière fois le plan du château. Quand l'heure arriva, il éteignit les bougies et sortit, retrouvant Elly qui attendait devant la porte du camp. Eliaz s'arrêta à côté d'elle, sans la regarder. Il tira de sa ceinture l'arme elfique qui semblait crépiter d'avoir été trop longtemps éloignée de sa maîtresse et la lui tendit. Elle en fit de même, et ils retrouvèrent chacun leurs armes. Eliaz lâcha un très léger soupir de soulagement lorsque la lame retrouva son écrin de cuir.

- Prête ?

L'elfe garda le silence. Puis sa voix résonna dans la nuit calme, au silence uniquement rompu par le martèlement régulier des pas des gardes sur le chemin de ronde et les ronflements et autres bruits nocturnes des rebelles endormis.

- Je crois que l'on est jamais assez prêt, surtout lorsque l'on va risquer sa vie.

Eliaz hocha la tête sur le côté. Deux gardes sortirent de l'ombre de chaque côté de la porte ouvrirent celle-ci et les deux compagnons de fortune avancèrent dans la nuit. La lune était à nouveau partiellement couverte, mais ils marchaient d'un pas assuré.

- Combien de temps avant d'arriver ? Demanda Elly

- Vingt minutes. Il faudra se faire discrets cinq minutes avant, nous nous arrêterons à hauteur des arbres, à la limite du champs.

L'elfe se tourna soudain vers Eliaz, et il sentit son regard d'acier scruter le plus profond de son être.

- Comment peux-tu n'avoir aucune attache, rien à défendre, juste un besoin au jour le jour ?

L'Assassin garda le silence un moment, réfléchissant à une réponse.

- Et bien... j'ai toujours appris à me défaire de ce à quoi je tenais. Je n'ai jamais eu besoin de m'accrocher à quelque chose, et aussi loin que je m'en souvienne, je nage toujours seul. Et je n'ai pas encore coulé.

- Aucun idéal, nulle cause, jamais d'amis, rarement de la reconnaissance... est-ce là ton bonheur ?

Eliaz réfléchit de nouveau. Il aimait de moins en moins les questions inquisitrices de l'elfe.

- Je n'ai besoin de personne. Toutes mes relations sont basées sur le besoin, la nécessité, et l'apport mutuel intéressé. C'est tout ce qui compte, aujourd'hui. Trouver des gens qui pourront être utiles, sauver le monde dans l'ombre, récupérer l'argent et s'assoir au chaud derrière un verre plein et une assiette garnie. Il marmonna pour lui-même. Dans le meilleur des cas...

Il scruta à son tour le visage d'Elly

- Tu n'as pas assez vécu dans les bas-fonds pour savoir de quoi je parle.

Puis il se remit à regarder droit devant lui, signifiant ainsi qu'il ne souhaitait pas en dire plus. Elly comprit et respecta sa demande, et ils poursuivirent leur chemin en silence.

Arrivés au niveau de l'arbre dans lequel il avait observé les gardes, ils se tapirent derrière le tronc et attendirent. Eliaz regarda à nouveau en direction de la pile de caisses. Les gardes avaient changé. L'arbalétrier avait été remplacé par un archer, et le garde qui entretenait le feu était maintenant un colosse qui affutait avec application une hache à double tranchant. Eliaz jura à nouveau.

- Bon, les choses ont un peu changé, mais voilà le plan. Je fais le tour du champs, sur la droite. J'essaie d'en attirer un maximum à moi, et si au moins deux d'entre eux viennent, tu t'occupes des autres. Si un seul se fait prendre, tu restes à ton poste et tu attends que je revienne.

Son ton ne souffrait aucune contestation. Dès le début, la situation était délicate, c'était son domaine, l'elfe n'avait d'autre choix que de l'écouter. Il en était convaincu.

Il s'accroupit et avança le plus discrètement possible, restant au maximum sous le couvert des buissons et des arbres. Lorsqu'il atteint le point qu'il s'était fixé comme objectif, il se leva et s'appuya contre le tronc d'un arbre. Baissant les yeux, il aperçu accroché à une racine tordue un collet du genre utilisé pour chasser la perdrix. Les gardes devaient donc n'être relevés que tous les jours, et les provisions étaient sûrement chichement distribuées. Eliaz fouilla dans une des sacoches qui pendaient à sa ceinture et en tira un appeau. Il le porta à sa bouche, lançant trois cris brefs mais puissants, espérant que les gardes croient à un oiseau pris au piège.

L'effet fut rapide. Les gardes se regardèrent, souriant, et deux d'entre eux se levèrent pour relever le gibier. L'archer descendit de son perchoir, ainsi qu'un des gardes patrouillant. Ils se dirigèrent vers Eliaz, qui tira ses lames et se prépara à les accueillir en soupirant. Que lui et Elly en aient deux chacun était leur meilleure chance de réussite. Il fallait les éliminer rapidement et presque simultanément pour que personne ne puisse lancer l'alerte.

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[Terminé] [Mission] Un peu de courage...  Sand-g10Mar 28 Juin - 20:21


" Mon amie, nous avons trouvé notre porte d'entrée. S'il nous est possible de nous orienter dans le tunnel, ce dont je ne doute pas vu mon expérience et tes... prédispositions naturelles, nous devrions arriver non loin des appartements du seigneur. Il nous suffira alors de trouver un garde ou un serviteur et de lui demander gentiment de nous orienter. "

Effectivement, choisir une entrée souterraine était probablement bien plus judicieux que de forcer le passage par une poterne, ou de faire une simple tentative d'escalade. Elly hocha imperceptiblement la tête, quelque chose la taraudait. Son compagnon semblait fort sûr de lui même, et quant à elle, lui attachait peut être un peu trop de capacités. Elle haussa les épaules, le doigt toujours sur la carte, en présentant son propre point de vue sur la situation à cet endroit précis.

" Le tunnel sera sans doutes gardé, et je ne puis croire qu'il y ait beaucoup d'endroits où se cacher, dans ce champ. "

Les champs comme les plaines étaient sans déclivité, inutile d'espérer se dissimuler derrière un arbre ou un fourré. Il n'y en avait aucun. De plus, les gardes et les archers ne manqueraient pas de les remarquer depuis leurs hauts chemins de ronde en serpentins, construits d'ailleurs très intelligemment sur les différents remparts. Ils avaient une vue imprenable, et les deux acolytes se feraient allègrement transpercer par une pluie de flèches, avant même d'atteindre le premier fossé. Mais apparemment, quoi qu'elle puisse dire, son compagnon dont elle ignorait toujours le nom avait déjà son idée sur la question. Sa voix remplaça la sienne de nouveau, dans la chaleur épaisse de la tente mère.  

" Fais confiance en mes talents d'Assassin. Il lâcha un sourire. Je m'occupe des gardes. S'il veulent discuter, nous discuterons. Et s'ils refusent... Je m'adresserai à eux avec Tact … et Délicatesse. Si le plan te satisfait, je vais aller reconnaître le terrain
"



L'assassin tournait les tallons. Elly se redressa subitement sur le siège de bois massif, facile, trop facile de filer de la sorte, alors qu'aucun pacte concret n'avait été scellé. Il était hors de question qu'elle le laisse s'en tirer à si bon compte, d'autant plus qu'elle le savait pertinemment, lui permettre de partir ainsi, c'était la mort de leur accord. L'elfe avait eu soudainement peur … comme si tout pouvait disparaître d'un seul coup, tel un dessin balayé par l'écume. Les yeux écarquillés, la voix rauque, elle l'avait hélé maladroitement.

" Attends ! "

L'inconnu s'était immobilisé, affichant une expression interloquée. Gagné, de simples sons sortant de ses lèvres étaient parvenus à le retenir.

" Il m'est impossible de te faire confiance. Qui me dit ce que ton esprit te dictera, lorsque tu auras franchit les limites du camp ? Il me faut un gage, une preuve que tu reviendras. Et que tu n'avertiras pas le seigneur de notre plan. … Ta dague, par exemple. Tu sembles y tenir plus qu'à ta vie. Donnes-en une, et tu pourras partir. Tu la récupéreras lorsque tu reviendras, n'aie crainte. "

" Très bien. Mais toi, qui me dis que tu me la rendras ? Faisons un échange. Ma dague contre la tienne. Équitable, non ? Quand à mon silence, tu n'as que ma parole. Mais travailler pour vous me semble bien plus amusant que de remplir les basses besognes de ce gros imbécile. Aie confiance ! "

Le marché lui parut équitable. La voyageuse acquiesça puis, s'approchant de son compagnon de route, retira l'une de ses lames de son fourreau protecteur, quant à lui, il détachait la chaine reliant ses dagues jumelles. Ensemble, ils se tendirent le pommeau de leur arme respective et lâchèrent prise sans aucune équivoque. Mais afin d'être certaine qu'il ne renoncerait pas à ses propres paroles, Elly lui rappela un précepte important que les maîtres d'armes enseignent à leurs élèves, afin d'en faire d'honnêtes combattants. Des mots qu'elle n'avait jamais pu oublier, qu'elle respectait à la lettre et qui résonnaient en elle depuis une cinquantaine d'années déjà …

" On dit que la dague est honneur, et qu'elle se retourne d'elle même contre les traîtres. "

L'assassin passa la lame à sa ceinture. Il en prendrait soin, elle en était persuadée. Cela n'était pas uniquement de la considération, ni de l'affection, mais la sylvaine eut un bref tressaillement lorsqu'elle le vit sortir du camp. Peut-être ne reviendrait-il réellement pas ? Ce qui était déjà fait ne pouvait être modifié désormais, aussi se détourna t-elle des palissades impassible de nouveau, s'obligeant à une discipline mentale plus dure que le roc. Puisqu'il allait se risquer à tâter le terrain, la moindre des choses serait de préparer de quoi faciliter leur avancée une fois parvenus en territoire ennemi. Elle glissa la dague de l'inconnu à la place de la sienne, dans son fourreau de cuir, et cette dernière y trouva étrangement sa place, ne causant aucun déséquilibre dans son port, comme si elle avait été la sœur de forge de la lame sortante.

L'elfe arpenta silencieusement le camp endormi jusqu'à l'armurerie. Il s'agissait de l'unique construction en dur, faite de planches externes, consolidée intérieurement de plaques d'acier, afin qu'aucun petit malin ne s'amuse à en percer les murs. Yalissan avait laissé la clé de ce précieux trésor dans le tiroir de son bureau, aussi n'eut-elle aucune difficulté à y entrer sans effraction. Étalant le plan de la forteresse sur le sol au milieu des étalages d'armes, elle le parcourut d'un œil expert. Bien entendu, elle ne pouvait pas se permettre de s'encombrer plus que de raison. Mais il valait mieux prévoir trop que pas assez, en cas de besoin immédiat. Elle ouvrit une armoire où étaient entreposés plusieurs fourreaux neufs et lanières de cuir souple dont elle se servirait pour embarquer un équipement discret. Elly noua une bande large comme trois doigts sous la pièce qui protégeait son avant bras gauche. Cet objet possédait trois encoches de profondeur moyenne dans lesquelles elle enfonça trois lames de jet plates, aux pointes effilées. Puis, sous l'acier protégeant son avant bras droit, elle  plia soigneusement un filin métallique elfique, dont la solidité à toute épreuve contrastait totalement avec sa finesse. Au niveau de son plexus, sous son plastron couleur lie de vin, elle lia une arme rétractile. Ronde, légère et d'apparence inoffensive comme un galet, ce petit bijou une fois la pièce centrale enfoncée découvrait trois lames circulaires. La voyageuse fit volte face, refermant l'armoire d'armes de jet.

Nouant un lien de cuir à chacune de ses cuisses, l'elfe s'approcha d'un coffre dont elle souleva le couvercle, le retenant afin d'éviter qu'il ne cogne la paroi. Elle en tira un simple bout de tissus résistant qu'elle déchira d'une ancienne tenue et la roula en boule dans son décolleté. De quoi faire un garrot ou toute autre chose. Sa main trouva également qu'une flasque de liquide inflammable qu'elle fixa à l'un des liens précédemment cités, de façon à ce qu'elle soit dissimulée sous le volant latéral de sa jupe. Refermant le coffret, elle détacha du plafond deux coutelas crantés d'une quinzaine de centimètres, puis en fourra un dans chacune de ses bottes hautes. Se retrouver ainsi armée jusqu'aux dents la fit sourire, surtout lorsqu'elle passa devant un miroir placé là par hasard, se rendant compte qu'aucune de ses malices n'était visible. Elle avait gardé cette habitude de ses multiples entraînements, lorsque son maître la désarmait, elle appréciait avoir de quoi le surprendre en présentant à ses yeux une arme sortie de nulle part. Sortant de la cahute, elle alla récupérer une gourde d'eau au centre du camp, se mouilla la nuque d'un revers de main avant de boire le reste. Observant les changements de couleur du ciel, elle mâchouilla un bout de pain récupéré sur l'une des tables non loin de là. Pas de quoi faire un festin, mais cela représentait une quantité suffisante pour un membre du beau peuple, un apport relatif de glucides pour reprendre des forces avant la bataille. Ce après quoi, elle se rendit à l'unique trouée entre les palissades …

La sylvaine et l'assassin se restituèrent mutuellement leur lame, non sans soulagement. Ainsi donc, il était revenu … Durant le trajet, ils s'entretinrent quelque peu, elle posant des questions, lui, répondant du mieux que sa conscience le lui permettait. Un cœur fermé ne s'ouvre que peu à peu, mais ce qu'elle apprit de lui la satisferait pour un moment. L'homme n'était pas quelqu'un de mauvais, même s'il aimait le laisser penser. La vie, la mort, la naissance comme le meurtre, tout cela existait depuis l'aube des temps, et il était tout bonnement impossible de le renier, ou d'y mettre fin. Après ce jeu d'interrogations, elle accepta le silence sans autre forme de procès. Par ailleurs, ils arrivaient déjà à destination et devaient à la fois se concentrer ainsi que se libérer de toute émotion distrayant leurs pensées.
Ils se glissèrent derrière un tronc d'arbre. L'inconnu lui fit part de son idée.

" Bon, les choses ont un peu changé, mais voilà le plan. Je fais le tour du champ, sur la droite. J'essaie d'en attirer un maximum à moi, et si au moins deux d'entre eux viennent, tu t'occupes des autres. Si un seul se fait prendre, tu restes à ton poste et tu attends que je revienne. "

~ ~ ~ ~ ~

Le stratagème de l'assassin eut un franc succès. L'archer s'avança dans sa direction, suivi d'un garde abandonnant sa patrouille. Elly battit des paupières, l'obscurité masquerait le combat, mais le calme de la nuit ne pourrait pas étouffer tous les sons. Un second garde, ainsi qu'un imposant individu dont la hache possédait une double lame s'étaient redressés devant l'entrée du souterrain. L'elfe avait collé son ventre contre le tronc, les mains sous celui-ci. Elle se permettait uniquement de brefs coups d'œil, tel un professeur veillant sur deux enfants prompts à commettre une bêtise. Les deux affreux semblaient d'être mis d'accord pour maintenir leur position. Habituée, la jeune femme escalada la souche avec une facilité déconcertante et sans produire le moindre bruissement. Les jambes fléchies sur une solide branche, elle se mêla au feuillage.

Soudain, le garde armé d'une lance esquissa un pas vers l'endroit où se trouvait l'assassin et ses deux fardeaux. * où tu vas comme ça, toi ? *. D'un geste vif, la sylvaine passa deux doigts sous sa cuirasse et tira une lame de jet. Le garde s'éloignant entendit siffler le projectile, se retourna vers son complice, et s'effondra lamentablement sur le sol. L'homme à la carrure imposante se pencha sur lui, ôtant l'objet qui s'était fiché dans sa tempe gauche. Puis, jurant et blasphémant, il s'élança d'un pas extrêmement rapide pour une telle bête, directement vers l'arbre où se trouvait la meurtrière.
Ses prunelles grises s'élevèrent et se baissèrent précipitamment, balayant la gauche puis la droite, mais c'était indubitable, elle n'avait pas le temps de s'enfuir. La frondaison était bel et bien l'unique dissimulation possible et les ramées étaient toutes relativement basses. Enragé, l'homme qui faisait au moins deux mètres balança sa lourde hache contre le tronc de l'arbre qui trembla de toutes ses feuilles. Elly dut faire un pas de côté pour ne pas perdre une cheville, mais son antagoniste en profita pour se saisir de sa jambe et la projeter violemment sur le sol où elle s'écrasa sur le dos dans un bruit sourd.

" Alors ma jolie on s'amuse bien ? "

Cet imbécile allait alerter des renforts. Bien que le souterrain se situe à une distance respectable des remparts, un seul signal d'alarme visuel, ou un cri poussé assez fort pouvait mettre tout le plan à plat en quelques secondes. Étendue face vers le ciel, Elly envoya son pied droit briser les phalanges qui enserraient son mollet gauche. Grognant, la brute récupéra sa hache et l'abattit droit sur sa victime. L'elfe roula sur le flanc droit par deux fois, jusqu'à ce que son échine rencontre le tronc de l'arbre, bloquant sa course. La jeune femme eut juste le temps de s'aplatir entièrement sur le sol. La lame destructrice, dans un formidable coup circulaire chuinta lorsqu'elle s'enfonça dans le bois résineux. Ses dagues restaient inaccessibles dans une telle position, mais n'attendant pas que son ennemi dégage la hache de son piège naturel, la voyageuse se cambra, saisit le coutelas cranté glissé à l'arrière de sa botte droite et se releva violemment. Elle enfonça sa lame de toutes ses forces dans le poumon de son agresseur en lui plaquant une main sur la bouche afin d'éviter qu'il hurle et rameute d'autres gardes. Elle sentit de brèves secousses, à chaque fois qu'un cran acéré s'enfonçait plus profondément dans la chair humaine … Du sang perla rapidement entre ses doigts, signe que les organes étaient gravement touchés. Les yeux du moribond se révulsèrent et il s'affaissa vers l'avant, Elly ralentissant sa chute comme elle le pouvait …

~ ~ ~

Elle se laissa choir sur le dos reprenant son souffle paisiblement, sa poitrine se soulevant au gré de sa douce respiration. Son visage aux traits si fins se détendit, malgré la belle frayeur qu'elle venait de surmonter. Cet homme faisait une tête de plus qu'elle et probablement le double de son poids. Pourtant sa rapidité l'avait surprise … elle avait clairement failli y laisser la vie. Le fait qu'elle n'ait reçu aucune blessure relevait du miracle, seule son épaule gauche avait été légèrement éraflée lorsqu'il l'avait propulsée contre le sol compact. Après un court instant de répit, l'elfe se releva, faisant un bref bilan de la situation. Le coutelas resterait là où il se trouvait, en revanche elle récupéra la petite lame plate et la replaça dans sa cachette. Puis elle traina les corps des gardes dans l'ombre du tronc, et alimenta le feu afin qu'il ne s'éteigne pas immédiatement.  

Son compagnon ne tarderait pas à la retrouver, elle en était sûre. Malgré la pointe d'inquiétude qui perçait en elle, l'elfe choisit de ne pas traîner plus longtemps et s'avança vers l'entrée du souterrain. Il était masqué par un monticule de caisses, mais il suffisait d'en déplacer quatre ou cinq pour apercevoir la première marche de l'escalier en granit. Même si l'assassin ne lui avait pas encore adressé la parole, elle sentait désormais sa présence auprès d'elle. Il l'avait rejointe sans faire le moindre commentaire sur ce qui venait de se produire, le fait qu'ils furent en vie tous les deux suffisait à contenter les esprits. Elly ramassa une épaisse branche, sortit de son plastron la bande de tissus qu'elle y avait glissé et la noua autour de son extrémité. Accroupie, afin d'éviter qu'une sentinelle remarque qu'un nouveau foyer se déplaçait au loin, elle incendia la torche de fortune avec le brasier déjà allumé et se glissa dans les ténèbres …

Le colimaçon ne comptait pas plus d'une vingtaine de marches, mais cela suffisait pour échoir dans un corridor large de deux mètres cinquante et fleurant l'humidité à plein naseaux. La voyageuse comptait sur son compagnon pour replacer une caisse ou deux sur l'ouverture du passage, et visiblement ce dernier s'en était chargé, puisqu'ils se retrouvèrent dans l'obscurité la plus totale. Parvenue au bas de l'escalier, la belle s'immobilisa. Plus loin, elle pouvait discerner le couinement aigu de quelques rats ainsi que le plic-plac de gouttelettes suintant des murs de pierre sans mortier, entre lesquelles poussaient quelques herbes folles, des os d'animaux ou de la terre simplement. Elle éleva précautionneusement la torche au dessus de sa tête, inondant le souterrain d'une chaude lumière qui fit fuir les rongeurs. L'endroit était peut-être gardé, mais de toute évidence, cela faisait bien des mois que personne n'y avait mis les pieds. Ils avancèrent en silence, les sens à l'affut de la moindre bizarrerie sur le sol ou les murs, sans autre bruit que celui de leurs pas qui se voulaient légers et de leur respiration …  

Après quelques minutes d'avancée, la torche montra des signes de faiblesse et s'arrêtant, la sylvaine eut à peine le temps de la relayer par quelques vieux bouts de bois qui se trouvaient enfoncés dans les murs. La pause leur était imposée, ils devraient trouver une solution ou faire choix de progresser dans le noir. Mais alors que le flambeau qui produisait le plus de luminosité s'éteignit, deux yeux rougeoyants apparurent à une dizaine de mètres d'eux, à hauteur d'homme. La bête, car s'en était une, lâcha un grondement caverneux et sépulcral … un souvenir d'enfance qui fit reculer la jeune femme de deux bons pas, les yeux clos. Une créature du démon, dont le sang et la salive avaient la vertu d'empoisonner les membres du beau peuple. Le seul et unique être sur cette terre qu'elle appréhendait … une crainte colossale, remontant au plus ancien de ses souvenirs.
Anxieuse comme elle le montrait rarement, Elly à force de reculer toucha du dos le torse de l'assassin. Sa main chercha la sienne et effleura le bout de ses doigts. Impassible malgré le feu qui se déchaînait en elle, elle murmura à son attention quatre mots qu'elle ne prononçait jamais.  

" Je ne peux pas …"

Plus honteuse d'elle même que jamais, une larme coula froidement sur sa joue droite.

Spoiler:

Elly

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[Terminé] [Mission] Un peu de courage...  Sand-g10Jeu 30 Juin - 18:48
Eliaz se tenait le plus immobile possible, osant à peine risquer un œil en direction des deux hommes qui se dirigeaient vers lui. Il se fia à son oreille, jaugea la distance qui les séparait de l'arbre grâce aux crissements de la neige légère qui fondait rapidement. Bientôt, il put discerner leur respiration, lourde et puissante, comme on pouvait s'y attendre venant d'hommes de leur trempe. Il tourna doucement, le dos toujours collé à l'écorce rugueuse du tronc, afin de laisser passer le premier homme. Ils avaient adopté une formation de base, preuve de leur expérience, et l'archer se tenait à quelques pas derrière le lancier. Lorsqu'ils eurent tous deux passé la limite des arbres et fourrés qui marquaient les différentes parcelles cultivées, il passa à l'action. Alors que le premier homme se penchait dans les buissons pour inspecter les pièges qu'ils avaient posé, il passa derrière l'archer et tira sur une lanière qui dépassait à peine de la pièce de cuir protégeant son avant-bras. Une lame circulaire sortit d'une fente sur le côté, et avant que l'homme n'ait pu esquisser le moindre mouvement, il plaque une main sur sa bouche et l'égorgea en silence. Puis il le lâcha et avant même que le corps encore agité de spasmes ne touche le sol, il tira ses dagues et bondit sur le dos du deuxième mercenaire, accroupi dans un buisson. Sous le poids et la vitesse de l'Assassin, il s'effondra face contre terre et celui-ci n'eut plus qu'à glisser sa lame entre deux vertèbres, épinglant le soldat sur la terre gelée. Lorsqu'il fut sûr qu'ils étaient bien morts, leur sang écarlate contrastant avec la neige immaculée et l'herbe qui perçait entre les flocons.

Eliaz se releva, prenant appui avec son pied sur le cou du soldat pour dégager sa lame et entreprit de dissimuler les deux corps derrière des buissons. Il épousseta son manteau et essuya ses doigts rougeâtre dans la neige, puis regarda en direction de la pile de caisse. Aucun soldat n'accourant, personne n'avait dû donner l'alerte. Elly avait rempli sa mission avec brio. Il l'aperçut, marchant en direction de l'entrée du tunnel, et franchit la limite des arbres pour aller à sa rencontre. Il arriva à ses côtés alors qu'elle avait déjà déplacé quelques caisses qui masquaient une volée de marches de granit. Aucun mot, aucun regard ne furent échangés. Ils se savaient en vie, nul besoin d'en dire ou faire plus. L'elfe confectionna une torche qu'elle alluma sur le feu de camp, et ensemble ils s'engouffrèrent dans le souterrain. Derrière eux, Eliaz roula un tonneau pour masque l'entrée et déposa quelques caisses dessus et autour, puis il emboîta le pas à sa coéquipière. Ils progressaient pas à pas dans un tunnel relativement haut et large, uniquement éclairé par la torche de fortune d'Elly. L'odeur de terre humide, d'eau croupie ou de décomposition emplit les narines d'Eliaz, mais il n'y prêta pas attention. C'était le genre de senteur qui peuplait son quotidien et sans y avoir pris goût, il s'était habitué. Il était plus calme, depuis qu'ils étaient à couvert. L'endroit était délaissé depuis longtemps, et le sol de terre n'affichait aucune trace de pas assez récente pour être inquiétante. Il garda néanmoins son esprit attentif et se tint près à être attaqué à tout moment. Après quelques pas, il décida de se préparer et attacha la fine chaîne d'argent aux pommeaux des dagues qu'il conserva prêtes à l'emploi dans ses poings serrés. Les maillons tintèrent légèrement et rougeoyèrent en reflétant la lueur de la torche. Celle-ci s'amenuisait rapidement à mesure qu'ils avançaient, et Elly dût bien vite substituer sa branche par des morceaux de bois pourris qui brûlaient encore plus vite. Il fallait trouver quelque chose pour remplacer, et vite. Eliaz cherchait des yeux autour d'eux, dans les murs, par terre, au plafond, usant de sa vision nocturne pour balayer un plus large espace, quand il sentit l'elfe reculer. Un grognement sourd emplit l'endroit, et le corps maintenant si frêle d'Elly s'appuya contre le sien. Ses doigts fins effleurèrent les siens, et il la sentit frémir de tout son être. Relevant la tête, il aperçut en dehors du halo de lumière, qui se resserrait de plus en plus, une paire d'yeux flamboyants.

- Je ne peux pas...

Le ton qu'elle avait pris, plus que leur sens, fit comprendre à Eliaz qu'il allait devoir s'occuper de la bête et protéger Elly du danger présent, mais aussi de ses souvenirs. Il empoigna doucement mais fermement l'épaule de l'elfe et la fit passer derrière lui. Utilisant sa vision nocturne, il détailla le monstre, jaugeant sa force et sa rapidité d'après sa morphologie.
Une créature comme il n'en avait jamais vu auparavant. Elle mesurait deux mètres de haut, et sous sa peau grisâtre saillaient des muscles puissants. Ses bras démesurément long et se terminant par des mains énormes aux longs doigts dotés de griffes longues comme des lames de couteaux, ses grandes jambes puissantes recouvertes d'écailles et d'une fourrure rêche et drue, son dos arrondi et écailleux terminé par une tête trop petite aux yeux écarlates et à la gueule remplie de crocs suintants de bave et acérés... Tout dans la créature poussait à prendre la fuite. Pourtant, Eliaz avança d'un pas confiant, sans montrer la crainte qui lui broyait l'estomac. Il n'avait pas appris à repousser la peur, ni à l'ignorer, mais à la masquer, l'accepter et l'utiliser. Il affermit sa prise sur ses armes, et fit tinter la chaîne en argent. Sans se retourner, il s'adressa à Elly, assez fort pour l'interpeller.

- Elly ! Reste dans le halo de lumière, essaie de trouver d'autres morceaux de bois, mais surtout reste en dehors de ça !

Puis il accéléra le pas et jeta son arme droite vers le monstre. La lame incisa son épaule et la blessure, à défaut d'être profonde, détourna son attention. Il pouvait donc percer son cuir. Un bon point. Alors que l'arme était toujours en l'air, il tira un coup sec sur la chaîne qui s'enroula autour de son bras. Eliaz se jeta en avant, récupéra la dague au vol et passa sous la patte griffue qui se tendait vers lui. Il tira vers le bas, amenant le membre à lui, et tailla dans la chair de son triceps, creusant deux sillons rouges dans le bras de la créature. Celle-ci hurla de douleur, et avant même que l'Assassin n'ait pu esquisser un semblant de parade ou d'esquive, il balaya l'air d'un large geste et Eliaz fut projeté contre la paroi et atterri lourdement sur le sol. L'humidité de la terre amorti sa réception, mais la violence du coup lui coupa le souffle. Son épaule gauche le fit souffrir, mais il sentait qu'il pouvait encore s'en servir. Il se redressa et roula en arrière, esquivant la patte du monstre qui frappa le sol à l'endroit où se trouvait son estomac une seconde plus tôt. Il saisit une de ses lames, toujours enroulées par la chaîne au bras du monstre, et taillada le jarret écailleux. Dans un élan d'inspiration incontrôlé, il utilisa une technique de corps à corps classique contre les humaines normaux. Il attrapa le poignet énorme du monstre, tourna vers l'avant et appuya de tout son poids sur l'arrière de son genou, écrasant du même coup la blessure qu'il venait de lui infliger. La bête, entraînée par son propre poids et par la torsion du poignet, chuta face contre terre. Sans perdre une seconde, Eliaz libéra ses armes, infligea une autre blessure au monstre en lacérant l'arrière de son épaule, puis bondit en avant pour s'échapper lorsqu'il sentit que la créature se dégageait.

Il se rétablit d'une roulade aux côtés d'Elly et lui jeta un regard rapide. Elle semblait avoir quelques peu repris ses esprits, et Eliaz se concentra à nouveau sur la bête. Il lui avait infligé cinq blessures dont quatre profondes, et elle boitait ostensiblement, répartissant son poids de façon à ménager sa patte droite. L'Assassin se rua sur sa gauche, se baissa pour esquiver un coup de patte qui balaya l'air au-dessus de sa tête et chargea de toutes ses forces sur le flanc du monstre. Celui-ci chancela, émit un grondement de colère, puis sa patte blessée céda et il posa un genou au sol. Eliaz en profita pour bondir sur son dos et d'un geste rapide, enroula deux fois sa chaîne autour de son cou atrophié. Il bloqua sa prise en plantant ses armes dans les épaules de la bête, et ceintura son abdomen avec ses jambes. Alors que la créature s'était redressée, ruant en tous sens pour se débarrasser de son agresseur, celui-ci cria en direction de l'elfe.

- Elly ! Finis-le ! Je ne... peux pas y arriver... seul !

Puis le monstre se jeta contre un mur, et Eliaz fut écrasé entre son adversaire et la paroi de terre heureusement meuble. Il eut à nouveau le souffle coupé, et ses côtes le firent souffrir. Mais il tint bon et enfonça encore plus profondément ses lames dans la chair. Il serra de plus belles sa prise, les muscles de ses jambes commençaient à le faire souffrir. L'odeur putride du monstre lui emplissait les narines, il sentait ses poils drus contre son ventre et ses jambes, ses écailles suintantes lui labourait la peau, mais il ne lâcha pas prise. Le sang de la bête coulait sur ses vêtements, poissaient sa peau, sa bave dégoulinait sur ses doigts. Soudain, Eliaz entendit un cri. Pas un cri de douleur, ni de peur, mais un cri de rage. Le genre de cri que l'on pousse pour se donner du courage, un hurlement à vous glacer le sang s'il vous est adressé. Relevant les yeux, il vit Elly tirer ses armes de leur fourreau et courir vers le monstre, lames en avant. L'Assassin lâcha alors les poignées de ses armes et passa ses bras sous les aisselles du monstre puis attrapa de nouveau ses armes. La créature se retrouva les bras bloqués en l'air, sans pouvoir bouger plus, et Eliaz banda ses muscles en serrant les dents pour ne pas lâcher prise.
La voie était libre pour Elly, et elle enfonça d'un même geste ses deux armes dans la poitrine de la créature, perçant son cœur par deux fois. Le monstre cessa soudain de se débattre, s'affaissa à genoux puis tomba face contre terre et s'éteint dans un dernier spasme. Eliaz eut juste le temps de bondir et se rétablit quelques pas plus loin. Il regarda son équipière, toute tremblante et haletante d'avoir combattu sa peur. Elle regarda ses armes et les jeta au loin, comme si elles étaient empoisonnées. Eliaz revint vers le corps de la bête, récupéra ses armes et les essuya sur un morceau de tissu qu'il jeta également. Puis il regarda à nouveau Elly, sans savoir quoi lui dire. Elle paraissait exténuée, son visage était pâle et ses gestes incertains. Lorsqu'elle avança en direction de l'Assassin, elle trébucha sur le cadavre du monstre et chuta vers le sol où une flaque de sang se dessinait dans la lumière qui faiblissait.
Elle écarquilla de grands yeux, la frayeur se peint sur son visage, et Eliaz eut juste le temps de la rattraper avant qu'elle n'entre en contact avec le liquide vital de la bête terrassée. Il l'aida à se relever, et ses yeux rencontrèrent ceux d'Elly

- Merci... ?

- Eliaz. Ne me re...

Il stoppa sa phrase, tira une de ses armes et trancha l'air à quelques millimètres du visage de l'elfe, manquant de peu ses doigts avec lesquels elle retenait une mèche rebelle.
Une mèche de cheveux vola en l'air, la mèche-même qu'elle allait prendre entre ses doigts tremblant. Ces cheveux, d'ordinaires blonds comme le soleil, étaient teintés d'un liquide rouge et poisseux. Eliaz rangea son arme et poursuivit sa phrase.

- Là en revanche, j'ai un sauvetage d'avance sur toi ! J'ajoute ça sur ton ardoise, on règlera ça quand tout sera terminé.

Il esquissa un sourire puis se détourna.

- Comment as-tu su ? Pour le sang...

Il se retourna et la regarda encore.

- Le fait que tu l'aies tué de manière à ne pas t'éclabousser et que tu te sois débarrassé aussi rapidement de tes armes alors que tu semblais y tenir plus qu'à ta vie. Et ton expression lorsque tu es tombée. Une peur bien plus forte que celle provoquée par une simple chute.

La lumière de la torche faiblit encore et s'éteignit complètement.

- D'accord, ça se complique. Bon, j'imagine que tu ne vois pas dans le noir ?

Elly fit «non» de la tête, mais ajouta bien vite.

- Il s'agit d'un labyrinthe, j'ai ma propre méthode. Par contre, je préfère que l'on se lie, pour ne pas se séparer sans le vouloir.

Bon. Il tira sa chaîne de sa sacoche. Tiens ça, enroule-le plusieurs fois autour de ton bras.

La sylvaine obtempéra, et exposa son idée.

- Je suppose que tu connais le principe, pose ta main gauche sur la paroi. Arrange-toi pour toujours la toucher. Et ta vision nocturne combinée avec ça, tu devrais pouvoir nous sortir d'ici...

Il prit les devants, marchant assez doucement pour que l'elfe puisse le suivre. Il essayait de s'orienter dans le dédale devenu orangé grâce à son artefact. Tournant toujours à gauche dès qu'il avait un choix à prendre, il parvinrent face à un mur de terre d'où parvenait un très léger vent plus chaud que l'air ambiant.

Eliaz inspecta les contours du mur, cherchant un mécanisme, une poignée, quelque chose qui leur permettrait de sortir. Il finit par faire tomber une motte de terre plus solide que les autres qui dégagea une serrure dissimulée. Ne leur manquait que la clé de la liberté. Mais le crochetage de serrure était son domaine.
Il sortit quelques passe-partout d'un sac qui pendait à sa ceinture et entreprit de forcer la serrure. Après quelques minutes d'efforts infructueux, il se retourna en soupirant. La serrure était plus complexe qu'elle n'y paraissait, et très profonde. La clé qui l'ouvrait était très longue et fine, rien de comparable à ce qu'il avait sous la main.
S'ils ne trouvaient pas de solution, leur mission pouvait très bien s'arrêter ici.

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[Terminé] [Mission] Un peu de courage...  Sand-g10Ven 1 Juil - 18:56


Pétrifiée, tel était le mot. Elly sentit brièvement la main de son compagnon empoigner son épaule et la tirer vers l'arrière. Entraînée par ce mouvement, incapable d'y opposer une quelconque résistance, elle recula de trois ou quatre pas, tandis que ce dernier s'élançait déjà vers la monstruosité leur barrant la route. Elle aurait voulu le retenir, mais la sensation d'impuissance s'était faite si forte que la voyageuse se trouvait clouée sur place. Mais alors qu'elle esquissait un pas vers lui, la main tendue vers l'avant pour se saisir de sa capuche, l'assassin fit tinter sa chaine et sa voix raisonna dans l'antre caverneuse …

Elly ! Reste dans le halo de lumière, essaie de trouver d'autres morceaux de bois, mais surtout, reste en dehors de ça.

Ne pouvait-elle rien faire d'autre ? Immobilisée par ces quelques mots, elle constata que ses doigts tremblaient méchamment. Même si elle le voulait, son corps faisait une sorte de réaction pré-allergique à combattre la bête, autrement dit, son être tout entier répugnait à s'avancer vers le combat. Faisant volte-face, elle se déplaça rapidement dans la partie du corridor qu'ils avaient déjà parcouru, ses pieds foulant légèrement la terre meuble, ramassant de ça de là un tas de bois moisi ou avec un peu de chance, encore sec. Même à plusieurs dizaines de mètres, l'elfe entendait les lames de son compagnon lacérer le cuir de la créature cauchemardesque. Elle s'en voulait, plus que jamais d'être aussi inutile face à leur ennemi commun. En peu de temps, la voyageuse avait récupéré assez de planchettes pour illuminer l'endroit durant quelques minutes. Revenant prudemment en arrière, elle fit de son mieux pour incendier sa trouvaille en un flambeau terrestre qui tiendrait l'endroit lumineux, du moins, autant que faire se pouvait.

Se redressant, la belle vit l'assassin rouler de côté. Ce dernier lui lança un coup d'œil furtif, sans se déconcentrer. Elle lui assura d'un bref hochement de tête que tout allait bien, laissant son regard balayer le corps du monstre. Son compagnon l'avait largement entaillé, et du sang se déversait abondamment sur une terre noire et molle, qui pourtant semblait refuser toute absorption du liquide vital, si bien qu'une large flaque rougeâtre se formait déjà sous leurs pieds. L'homme rentra dans le flanc de la bête en une puissante charge qui la fit chanceler, puis lâchant un grognement de colère Elly vit le genou meurtri céder sous son poids. L'assassin s'accrocha au dos de la créature, enserrant sa taille de ses jambes. Il enroula sa chaine flamboyante autour du cou difforme de leur ennemi qui rua en tous sens pour se débarrasser du parasite qui l'étouffait allègrement. La voix du passe-murailles s'éleva de nouveau, saccadée par l'action qu'il menait avec force.

- Elly ! Finis-le ! Je ne … peux pas y arriver … seul !

Ces mots éveillèrent la conscience de la gardienne. Son visage baissé vers le sol, elle ferma son regard au monde extérieur. Lentement … les battements de son cœur ralentirent, jusqu'à devenir perceptibles. Il palpitait de plus en plus clairement, éloignant en elle toute autre forme de pensée que le néant le plus abstrait … Boumboumboum …. boum

Le craquement sourd du mur contre lequel venait de se fracasser volontairement la bête, la fit instantanément redresser la tête. Ses prunelles grises au regard acéré se portèrent sur son compagnon, écrasé entre les pierres terreuses et le dos musculeux du monstre. L'espace de quelques secondes, elle vit en lui le petit garçon qui s'était jeté entre elle et son agresseur, alors qu'elle n'avait que treize ans. Il lui avait tranché un bras avec une épée d'entraînement. La créature avait alors lacéré le torse de son ami de façon si profonde qu'il lui avait arraché le cœur de la poitrine, aspergeant la petite de son propre sang dans la vitesse de ce mouvement circulaire, avant de se faire elle même percer de flèches par trois archers qui avaient suivi sa trace. Elly n'avait jamais oublié … les heures de souffrance à recracher le poison par chacun des pores de sa peau. On avait disposé sur elle des cataplasmes envoutés qui aspiraient le liquide vicieux, mais on lui avait avoué que la réussite du traitement était plus qu'incertaine. Pourtant, au petit matin, la dernière goutte de poison s'était échappée de son petit corps. Et on lui avait appris qu'elle ne reverrai jamais son camarade d'entraînement. Elle avait déversé tant de larmes sur ses cendres que pendant plus de trente années, elle n'avait pu pleurer de nouveau. Mais aujourd'hui, elle allait le venger … cette nuit là, elle ne laisserait pas quelqu'un d'autre mourir pour elle. Quitte à souffrir des heures durant, autant que cela soit pour la défense d'une noble cause.

Élevant ses coudes à la hauteur de son visage, elle posa ses mains sur les pommeaux de ses dagues. Les deux lames d'argent glissèrent hors de leur fourreaux de cuir dans le silence le plus absolu. Seul leur éclat miroitant sous les flammes du foyer, eut un effet réflecteur sur les parois inégales … la rage montait en elle, sourde comme la mort. L'assassin parvint à bloquer les membres de la créature à distance de son corps, c'était le moment où jamais. Le pied droit de la sylvaine fit un demi-cercle dans la terre meuble, y laissant sa trace. Elle s'appuya fermement sur sa jambe  et se lança vers sa cible en se donnant une bonne impulsion, qui lui coupait toute idée de retraite lâche. Un cri rauque s'extirpa des profondeurs de sa rancune, une clameur effrayante, grave et promettant une mort rapide et sans équivoque. Sprintant, elle croisa ses deux lames pointes vers l'avant parvenue à deux mètres de la bête, et enfonça puissamment les dagues ainsi positionnées dans son cœur, perforant sa cage thoracique. Ils étaient sauvés …
Arrêtée net par ce choc, Elly recula d'un pas, extirpant ses armes ensanglantées du corps poisseux de sueur et écailleux qui s'affaissait déjà. Comme si elle eut touché d'ardentes braises, elle lança ses lames à quelques mètres de là, s'essuyant machinalement les paumes sur les volants de sa jupe. Le souffle court, réalisant à peine qu'elle venait de combattre sa peur, le visage de la belle reflétait un désordre incommensurable. Elle était sonnée, tout simplement. Et alors qu'elle s'apprêtait à enjamber le cadavre pour aller récupérer ses dagues, son pied heurta une patte et elle sentit son corps partir vers l'avant. Trop loin des murs pour pouvoir s'y appuyer, chacun de ses muscles se crispa lorsqu'elle s'aperçut qu'une flaque ensanglantée l'attendait à la réception. Mais son compagnon avait le geste rapide, et leurs bras se croisèrent. Les mains de l'assassin allèrent se poser contre les épaules de la jeune femme qui fit de même sur les siennes, suspendue en une diagonale peu confortable au dessus du sol par leurs forces combinées.

A peine eut-elle le temps de le remercier, que celui qui se nommait Eliaz trancha l'une de ses mèches de cheveux. Les fils blonds souillés par le sang de la bête s'étalèrent sur le sol devant eux. Sauvée … une fois de plus. Elly écarquilla les yeux;

- Comment savais-tu pour le sang ?

L'assassin fit volte-face, lui répondant en souriant.

- Le fait que tu l'aies tué de manière à ne pas t'éclabousser et que tu te sois débarrassé aussi rapidement de tes armes alors que tu semblais y tenir plus qu'à ta vie. Et ton expression lorsque tu es tombée. Une peur bien plus forte que celle provoquée par une simple chute.

Il l'épatait littéralement, et d'une certaine façon lui fit presque peur. Était-elle trop expressive face à ses interlocuteurs ? Un défaut à corriger au plus vite, car si en cette situation cela lui avait sauvé la vie, c'était un fait qui pouvait également lui porter préjudice. Une fois ces quelques phrases prononcées, les flammes du foyer se noyèrent dans leur propre aliment, les ramenant à une obscurité quasi totale. Bien que les elfes aient une vue exceptionnelle, certains n'avaient pas une excellente vision de nuit. Pour tout dire, la voyageuse n'était nullement nyctalope, et son compagnon devrait prendre les devants pour avancer en toute sécurité. Elle exposa son idée, il y joignit la sienne, puis ils se lièrent par une chaine à leur bras afin de ne pas se perdre dans les ténèbres.

Après de longues minutes de marche, les acolytes parvinrent à un mur terreux. Il s'agissait en fait d'une porte masquée par un contingent de glaise meuble. Eliaz en écarta un bloc, dévoilant une serrure à priori banale. Cependant après d'infructueux essais de crochetage, le jeune homme se détourna de son office en soupirant. La sylvaine avait tâtonné contre les murs durant ce temps là, mais les recherches n'avaient rien donné de son côté. Alors elle s'avança vers le cadre métallique qui donnait du fil à retordre à son compagnon, et risqua un bref coup d'œil à travers le trou de la clenche . Cela suffit à la renseigner sur la nature de ce qui se trouvait derrière. Les geôles de la forteresse. Le sol était pavé, et elle avait remarqué une vive lueur indiquant probablement un éclairage continu grâce à de grandes torchères murales. Aucune autre issue, ils devaient forcer le passage.

- Bien, je crois que nous n'avons pas le choix. marmonna t-elle.  

Ôtant silencieusement une dague de son fourreau, Elly s'agenouilla et apposa le bout effilé de sa lame à  la jointure de la serrure et de la porte. Puis, donnant une forte impulsion de son épaule et de ses jambes, elle fit sauter le verrou dans un cliquetis grinçant, lui même étouffé par la gangue de terre. L'elfe rangea son arme, et saisit le travail de ferronnerie entre ses doigts. Avec douceur, elle retira la façade visible de la serrure qu'elle posa sur le sol et glissa son index à l'intérieur du trou béant. Il lui fallut une seconde à peine pour appuyer sur le mécanisme et entrebâiller la porte. Ils virent alors qu'en réalité, la solide motte de terre la recouvrant était clouée de l'intérieur afin de se maintenir en place, ainsi, il suffisait au seigneur d'en replacer uniquement sur le verrou après chaque passage. La voyageuse se glissa dans l'ouverture, et s'aplatit contre le mur de pierres polies et taillées à la perfection cette fois-ci. Elle laissa ses yeux s'habituer quelques secondes à la lumière émanant des escaliers en colimaçon, et détacha la chaine qui la liait à son comparse.

Toutes les cellules grillagées étaient vides, ainsi que celles à barreaux. Pourtant, il y avait bel et bien une ronde de garde. Du haut des marches, elle entendit une porte s'ouvrir en forçant sur ses gonds mal huilés, suivie d'un bruit régulier de pas descendant l'escalier. Elly fit un signe de la main à Eliaz, lui désignant un repli ombrageux dans l'angle d'un mur. Il y avait le même symétriquement à l'opposé de la pièce. L'endroit était globalement plongé dans une pénombre rassurante. Elle se rendit à son poste en silence, ses bottes de cuir souple effleurant à peine le sol. Le dos contre la paroi, elle s'insinua dans les ténèbres. L'elfe ferma momentanément les yeux. Si son souvenir du plan détaillé était exact, au dessus d'eux se trouvait la salle des banquets ... Il leur suffisait de traverser un grand hall, puis de monter une volée de marches pour arriver à l'étage des appartements. Trouver la chambre du seigneur ne devrait pas être chose complexe, plusieurs gardes devraient être postés à son entrée. L'avantage pour les missionnaires était surtout l'heure tardive qu'il était à ce moment là. Hormis des cerbères du royaume, aucun serviteur et surtout aucun courtisan n'arpentait les couloirs de la forteresse.  

Soudain, deux gardes en armure firent irruption dans les geôles. L'heure de la relève probablement, ils devaient d'avantage veiller sur le passage secret que sur les prisonniers alors inexistants. Chacun d'entre eux se posta d'un côté des marches, puis ils plantèrent simultanément dans le sol l'extrémité de leur lances. Tous deux portaient à leur ceinturon une épée courte ainsi qu'une corde pour immobiliser d'éventuels agresseurs. Leur visage restait impassible, et même seuls dans cet endroit humant le renfermé et la tristesse, les deux agents du seigneur n'échangèrent pas un mot. Le regard lunaire de la voyageuse balaya son champ de vision, apparemment rien ne semblait destiné à prévenir du renfort en cas d'intrusion dans les souterrains. Pas de cloche, pas de double foyer synchronisés, pas le moindre moyen de communication avec l'extérieur que les escaliers. Ils devraient s'en débarrasser rapidement et discrètement, tout en évitant que l'un d'entre eux ait le temps de s'enfuir pour donner l'alerte. Sans même lui demander, Elly était certaine que son compagnon avait fait à peu près le même constat qu'elle, aussi, elle émit un simple raclement de gorge pour lui faire comprendre qu'ils passaient à l'action sans plus tarder. Les deux cerbères pointèrent leur lance en direction de ce bruit impromptu …

- Salut les gars !

" On dit que le sang appelle le sang "


L'elfe sortit brusquement de sa cachette, dagues en main. Le premier garde s'avança rapidement vers elle, tentant de lui percer le ventre directement. Elly pivota vers sa droite, esquivant la pointe acérée du fer de lance. Elle en profita pour briser le bâton de son arme en frappant verticalement ce dernier. Un craquement sourd confirma sa réussite, puis d'un geste habile du pied, elle envoya le fer valser sur un sac en toile de jute tout en pointant sa dague gauche sous la gorge de son agresseur. Impétueux, ce dernier dégaina son épée avec célérité et éloigna la lame de son cou dans un fracas métallique. La voyageuse recula d'un pas, il tenta d'abattre l'épée sur son épaule en bondissant en avant, mais elle bloqua la lame en pivotant son poignet gauche, sa dague venant s'interposer avant le choc irréparable. De son bras droit, elle lacéra l'air horizontalement, forçant son adversaire à reculer pour pouvoir conserver sa tête. Mais le garde n'en fit rien, il se courba simplement vers l'arrière pour esquiver la dague. Grossière erreur. L'elfe s'abaissa promptement, lâchant ses lames dans le même mouvement, puis inclinant son corps sur la gauche avec comme appui ses mains jointes en « v » sur le sol, elle envoya sa jambe droite balayer les chevilles de son opposant.

- Petite garce !

L'homme avait à peine eu le temps de prononcer son blasphème, étendu sur le dos, la sylvaine avait profité de sa chute pour se redresser en empoignant ses armes. Son pied s'était posé violemment sur le poignet du garde, le privant de l'usage de son épée. Puis dans un sifflement presque indécent de grâce, l'elfe avait croisé ses dagues dans un double geste circulaire et symétrique. La tête de son ennemi s'était détachée du reste de son corps sans bouger toutefois de son emplacement, l'astreignant au silence éternel. Une simple marque apparut progressivement dans son cou, inondant le pavage de son sang écarlate … Les poignets croisés sur sa poitrine, ses dagues ensanglantées pointées vers le ciel de part et l'autre de son corps, la belle affichait un visage redoutablement impassible.

" Pourtant il semble que celui-ci ne se lave qu'avec des larmes."

Elly

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[Terminé] [Mission] Un peu de courage...  Sand-g10Lun 15 Aoû - 2:06
Tapis dans son coin d'ombre, Eliaz attendait le signe de sa compagne. Il avait entendu comme elle les bruits de pas des gardes approchant, il tira donc ses armes et attacha la chaîne à sa dague de droite. Quand les deux hommes entrèrent dans la pièce, se postant face à l'entrée du passage secret, Elly toussa et passa à l'action. Elle accapara l'attention du premier garde, se plaçant de façon à n'en affronter qu'un seul à la fois. L'autre resta néanmoins derrière, pointant sa lance sur les combattants, prêt à intervenir. Lorsque l'elfe déséquilibra son adversaire, le deuxième garde s'apprêta à attaquer quand une chaîne d'argent s'enroula autour de la hampe de son arme. Eliaz tira la chaîne vers lui d'un mouvement sec et la lance fut arrachée des mains de son adversaire. Il récupéra l'arme et la lança sur son propriétaire qui esquiva d'un pas de côté. Le fer entailla néanmoins la peau de sa joue, et un filet de sang coula sur son visage. Le garde écarquilla de grands yeux et tira son épée courte, puis chargea avec un cri de rage. L'Assassin fit un mouvement sec du poignet et l'extrémité libre de sa chaîne fouetta l'air et heurta le visage du garde. Sonné, celui-ci recula en chancelant, et Eliaz en profita pour enrouler la chaîne autour de son cou d'un autre mouvement du poignet. Il tira à nouveau et le garde, encore étourdit et blessé, ne put retenir l'élan qui l'entraîna droit sur la pointe de la dague. L'arme s'enfonça dans son épaule droite, sa jumelle perça son épaule gauche, et le soldat ne put contenir un gémissement de douleur. Eliaz prit appui sur les poignées de ses armes, se cambra et sauta en arrière en poussant des deux pieds sur le torse de son adversaire. Avant même d'avoir touché le sol, il lança ses deux lames qui vinrent se ficher dans le ventre du garde et le clouèrent au mur. Il atterrit sur ses mains et se rétablit, puis avança d'un pas rapide vers son ennemi agonisant. Saisissant ses dagues, il tira d'un coup et les planta dans le cœur de son ennemi pour s'assurer de sa mort, puis essuya les lames sur le tabar du cadavre.

Il se retourna et aperçu Elly, le visage tourné vers le ciel, ses lames croisées sur sa poitrine. Elle affichait un masque d'acier, l'expression d'une beauté impénétrable et insensible face à la mort. D'aucun aurait pu croire qu'elle n'avait pas de cœur, Eliaz en vit néanmoins un s'exprimer à travers ce visage. Un cœur rendu glaciale, un cœur pétrifié par trop de blessures, dressant devant lui une distance face à la réalité pour ne plus souffrir. Il eut soudain envie de faire fondre la glace, de briser la pierre et de soulever le voile.
Il se réveilla soudain. Une fois encore, il s'était laissé déconcentrer. Une fois encore, par cette elfe. Elle était décidément trop dangereuse pour lui, il ne devait pas la laisser détruire ainsi la personnalité qu'il avait forgé à partir de rien depuis tant d'années.

Eliaz fit un signe de tête et rengaina, puis monta les escaliers quatre à quatre dans un froissement de tissu. Il arriva face à la lourde porte qu'il avait entendu gémir. Elle était fermée, mais une vérification rapide lui apprit qu'elle n'était pas verrouillée. Il posa sa main sur la poignée et tira doucement. Rien ne bougeant, il força et la lourde porte s'ébranla en grinçant. Grimaçant à cause du bruit, Eliaz tira de toutes ses forces et la porte s'ouvrit complètement sur le hall d'entrée désert. Le vacarme résonnait encore dans les colonnes et escaliers quand il s'élança vers une volée de marches plus large que les autres. Elly sur ses talons, il arriva à l'entrée de l'escalier et se plaqua contre le mur. Tendant l'oreille, il risqua un œil, cherchant à percer l'obscurité froide de l'escalier de pierre. Après quelques instants où rien ne brisa le silence, il avança en frôlant les murs, montant les marches avec prudence. Quand ils arrivèrent enfin à l'étage, il regarda et écouta autour de lui. Il se retourna, observa le visage impassible d'Elly qui acquiesça en silence. A gauche, le couloir menait directement sur un mur et aucun garde n'était visible. Ils jetèrent donc leur dévolu sur la droite, où le couloir était coudé. Quelques torches éclairaient faiblement l'endroit, mais rester dans l'ombre était facile tant elles étaient prêt de s'éteindre. Ils évoluèrent donc en silence et atteignirent l'angle rapidement.

Eliaz se retourna et chuchota.

- Attends ici, et reste cachée. Je vais occuper un ou deux gardes.

Sans atteindre le consentement de l'elfe, il se redressa en marcha d'un pas léger sur le tapis du couloir, s'efforçant d'afficher un air assuré. Il avisa deux gardes massifs en faction devant une porte et décida que c'était là la chambre du seigneur. Sans s'occuper de leur expression mi-surprise, mi-meurtrière, il se planta devant eux et les regarda avec le sourire.

- Salut les gros !

Les deux gardes sursautèrent devant son insulte et affermirent leurs prises sur leurs lances. L'un des deux se mit même à grogner

- Qu'est-ce que tu veux ? Et qui t'es ?

L'Assassin sourit de plus belle. Il décida d'adopter leur registre.

- Moi ? Oh, je suis l'assassin engagé par votre patron pour dérouiller du rebelle... Enfin vous savez ce que c'est, les mercos sont comme nous, peut importe le job du moment qu'il paye bien, pas vrai ?


Les deux gardes gardèrent leur expression belliqueuse, mais l'un des deux hocha la tête. Eliaz poursuivit.

- Mais bon... C'est pas un peu rasoir de garder une porte pour la protéger d'une meute de pécores ? Je veux dire, avec la tripotée de gardes qui tournent, je les vois mal débarquer ici l'arme à la main.

Les deux gardes se détendirent. Très légèrement.

- C'est les ordres. On nous paye pour garder un bout de bois. On garde un bout de bois. C'est tout.

Eliaz cherchait toujours un moyen de laisser le champs libres à Elly. Puis il avisa leur ceinture, et eut une idée.

- Heureusement qu'il y a « ça » pour faire passer le temps, pas vrai ?

Il exhiba fièrement le flacon de vin qu'il venait de substituer à un garde. Celui-ci, surprit, regarda sa ceinture et constata le manque. Eliaz vit les muscles de sa mâchoire se crisper et en déduit que c'était une propriété privée.

- Cela dit, c'est pas très règlementaire... Je me permets de la garder, pour sauvegarder votre image auprès du patron.

Il glissa la flasque dans un repli de son manteau. Les gardes paraissaient maintenant extrêmement énervés.

- Allez les gars, faites pas la tête. Je vous assure, c'est la seule solution si vous voulez vraiment remplir « ceci » comme il se doit.

Il leva son autre main. La bourse de l'autre garde y pendait, les quelques pièces qu'elle contenait tintant faiblement.

- Considérez ça comme un paiement de la dette que vous me devez. Allez, bon courage les gars. A bientôt !

Il lança la bourse en l'air et la rattrapa puis l'escamota dans son manteau. Puis il tourna les talons et fit le chemin en sens inverse d'un pas tranquille.

- Bouge pas, je m'occupe de la crevette et je reviens.

Entendant ces grognements, il força l'allure et bifurqua à l'angle du couloir, puis se mit à courir dans la zone éclairée par les torches. Il passa devant Elly sans la regarder mais sut qu'elle était prête. Il s'engouffra dans l'escalier et se plaqua contre le mur, dans le noir. Le garde arriva en haut de l'escalier, scruta l'obscurité et se lança dans la volée de marche. Grave erreur. Il suffit à Eliaz de lancer son pied et avant et le soldat trébucha, roula, heurta le mur en face et poursuivit sa chute jusque dans le hall. Au bruit qui résonna et au silence qui régna ensuite, Eliaz sut que son adversaire était hors d'état de nuire pour un moment, sinon définitivement. Il fit demi-tour et retourna devant les appartements seigneuriaux.

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[Terminé] [Mission] Un peu de courage...  Sand-g10Lun 15 Aoû - 14:52


Ils remontèrent les escaliers quatre à quatre, pénétrant dans un couloir majestueux bien qu'extrêmement sombre. Les torches menaçaient de se noyer dans leur aliment, cela sans doute dans le but de ne pas éveiller les gardes qui … étaient sensés barrer l'accès à la chambre du seigneur. Ce dont ils semblaient peu se soucier vu qu'ils dormaient contre leurs armes. Plaquant leur dos contre le mur pierreux, les deux acolytes firent un bref tour d'horizon avant de s'accorder quasiment tacitement sur la procédure à suivre. Eliaz s'élança le premier, usant d'ingéniosité et de ses multiples talents de passe-muraille et probablement pickpocket à ses heures perdues, le jeune homme déstabilisa les deux gardes jusqu'à ce que l'un d'eux craque et décide d'occire l'importun. Amusée par la malice de son compagnon, l'elfe affichait un sourire confiant, riant presque lorsque ce dernier défila à toute allure près de l'endroit où elle s'était fondue dans l'ombre.

Sur sa gauche, l'assassin entraînait son assaillant vers un piège inévitable, et d'une simplicité étonnamment efficace. Mais le second garde n'entendait pas se faire avoir ainsi, d'un pas qui se voulait assuré, il se dirigea droit vers Eliaz et son infortuné camarade, de l'écume colérique lui montant aux lèvres. Elly saisit une lame de jet dans chacune de ses douces mains, la tête contre la paroi froide, elle fermait ses yeux et comptait silencieusement les pas de sa future victime … accordant son pouls à leur rythme.

Un …

Le garde progressait rapidement, dégainant une épée courte à la lame bien affutée.

Deux …

L'ombre de l'homme apparut sur le sol près d'elle, la Sylvaine pivota sur elle même en sortant latéralement de sa cachette, se retrouvant face à l'homme.

Et trois !

Les lames au niveau de ses pommettes, Elly détendit brusquement ses avants-bras. Les projectiles se plantèrent symétriquement dans chaque épaule du garde qui lâcha un effroyable cri de douleur. Bien plus résistant qu'il n'y paraissait, la brute arracha ses lames et se rua sur la jeune femme, l'épée en direction de ses entrailles. L'elfe esquiva plusieurs fois, entraînant son adversaire dans une ronde interminable, où lui seul était armé. Les mouvements de l'homme étaient trop rapides pour qu'elle saisisse des propres dagues, ayant l'obligation de se déplacer avec célérité, elle avait besoin de ses bras comme balanciers pour se donner de l'élan à chacun de ses pas. Peu à peu, ils reculaient dans le couloir et parvinrent juste devant la porte cible. Un cliquetis attira l'attention de l'elfe vers l'entrebâillement de la porte … Le seigneur constatant la scène se claquemura immédiatement à triples tours de verrous. Comment ne pas se laisser déconcentrer par l'apparition de la tête du contrat ?

Profitant de cet ultime instant inattention, l'homme envoya son épée droit sur le cou découvert de celle qui l'énervait au plus haut point, l'obligeant à  ployer son échine vers l'arrière pour ne pas finir sans tête. Dans le même mouvement d'avancée, le garde vint la saisir à la gorge, la plaquant contre le sol face vers le ciel.

Alors ma biche, on fait moins la fière hein ?

Les yeux bouffis de l'individu glissèrent sur la poitrine de la jeune femme. L'ordure … scandalisée, vexée d'avoir été mise à mal et reluquée de la sorte, Elly saisit son poignet avec force et y planta ses ongles. Le garde desserrait à peine sa prise que déjà la belle se redressait avec fulgurance, enfonçant d'un revers du coude le nez de son agresseur à l'intérieur de son crâne. Chancelant, l'ahuri agrippa le collier sacré de la sylvaine, brisant la chaîne. Impardonnable. Le regard d'icelle se durcit instantanément, ses muscles se contractèrent, des éclairs menaçants zébrant sa chevelure dorée. Le garde ricana de sa prise en balançant le pendentif sous son nez, tandis que le sien déversait un flot de sang vermeille sur sa tunique …

Rends le moi, misérable humain.    prononça t-elle froidement.

L'homme hocha négativement la tête en souriant étrangement, avec des dents en moins. Elly s'avança vers lui, le toisant méchamment de ses yeux métalliques. Elle s'insurgea tout contre lui, au point de sentir son haleine fétide.

Rends le moi … souffla t-elle ...

Le garde ricana.

he he he … viens le chercher !

Elly vrilla sur elle même avec une vitesse surprenante. Son buste s'inclina vers la droite dans un mouvement de rotation, ses bras s'écartèrent légèrement pour lui donner de l'élan, son pied droit se souleva rapidement, muscles tendus à l'extrême,  elle enfonça son talon dans le plexus de l'homme tout en donnant une ultime impulsion vers le haut grâce à sa jambe gauche fermement appuyée sur le sol. Dans cette position, la belle formait un étrange Y inversé, ayant quasiment son visage au niveau de son mollet gauche …
Le garde décolla littéralement, son corps alla défoncer encadrement, porte et verrous, avant de s'effondrer lamentablement sur le sol au milieu de la chambre seigneuriale. Le filou, un homme rondelet s'écria d'une voix de castrat suraiguë,

SEIGNEUR DIEU !!!

Une elfe de plus d'un mètre quatre-vingt apparut dans la poussière soulevée par le carnage. Ses iris avaient viré du gris clair au noir profond, elle récupéra sans plus attendre son médaillon dans la main du cadavre gisant sur le sol… puis se redressant gracieusement, son regard meurtrier à la pupille en forme d'étoile à dix branches, et dont la prunelle était redevenue lunaire se planta dans celui de son contrat … l'homme eut ce jour là, l'une de ses pires visions d'horreur.  

Échec et mat.

Elly

Anonymous




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[Terminé] [Mission] Un peu de courage...  Sand-g10Ven 16 Sep - 15:36
Eliaz arriva devant la porte, ou plutôt ce qu'il en restait. Devant lui se dressait Elly, mais ce n'était plus vraiment elle. Elle paraissait plus imposante, même de dos, et une aura sanglante émanait d'elle. Il nota de ne jamais mettre un elfe en colère, puis pénétra dans la pièce. Il passa à côté du corps qui gisait sur les fragments de la porte, et nota un mouvement. Sa poitrine défoncée se soulevait imperceptiblement. Il tira une lame et d'un revers du poignet, lui ouvrit la gorge. C'était autant par pitié que par soucis du travail bien fait qu'il l'avait achevé, et il ne s'attarda pas plus sur le sort du malheureux. Elly l'entendit et se retourna dans sa direction. Son visage affichait toujours une expression menaçante, et son regard brillait telle une étoile dont sa pupille avait pris forme. Elle tenait dans son poing serré son médaillon, et la chaîne d'argent pendait doucement. A sa vu, elle parut se détendre et détourna son regard. Eliaz la contempla, mi-craintif mi-curieux, et jura l'avoir vu rapetisser. De quelques centimètres, certes, mais le seigneur jusqu'alors caché était maintenant visible par-dessus son épaule. Il tremblait comme une feuille, parvenant à peine à balbutier quelques borborygmes incompréhensibles. L'assassin se planta aux côtés de l'elfe, toisant du regard son ancien employeur.

- V...Vous ! T... T... Traître !

Eliaz éclata de rire.

- Mon ami, sachez qu'il n'y a de trahison que quand un accord franc est passé. Nous étions liés par un lien vénal, j'ai trouvé meilleure offre, grand bien m'en fasse. En attendant, votre misérable existence s'arrête ici.

Des profondeurs du château résonna un bruit de cavalcade. Quelqu'un avait découvert les cadavres dans les geôles. Il ne pensait pas que ça arriverait si tôt.

- Eliaz...

Il se tourna vers Elly. Elle lui fit signe que le temps pressait. Il acquiesça.

- Surveille la porte, je m'occupe de ce porc. Je n'en ai que pour quelques instants

- Je crains que quelques instants ne soient trop encore longs...

Elle se détourna néanmoins, tira ses armes et se posta dans le cadre de la porte. Eliaz reporta son attention sur le seigneur qui n'avait pas bougé. La dague toujours à la main, il commença à lui tourner autour.

- Vous savez, je comprends votre goût pour l'argent. Je veux dire, nous autres, gens de la... lame, nous tuons pour gagner notre vie, et plus le contrat est juteux, plus nous y mettons du cœur, peu importe la tête à prendre. Les sentiments ne font pas partie de notre quotidien alors, croyez-moi ou pas, je vous comprends un peu...

Les traits crispés du seigneur s'affaissèrent d'un soulagement naïf

- MAIS...

Il sursauta

- Qu'on extorque de l'argent pour le plaisir à des gens innocents, qu'on les fasse souffrir sans utilité, et qu'en plus on dépense cette argent volé dans des choses si futiles, vaniteuses, pompeuses et... laides. Il désigna l'ensemble de la pièce d'un large mouvement du bras. Ça en revanche, j'avoue ne pas cautionner.

Des pas résonnèrent dans l'escalier de pierre, puis s'arrêtèrent. Eliaz entendit un son feutré, étouffé
par le tapis du couloir.

- Eliaz ! S'impatienta Elly.

L'Assassin leva une main en signe d'apaisement. Il se mit à jongler avec son arme. La lame d'acier tournoyait dans les airs, brillant à la lumière de la lune qui perçait par les fenêtres.

- J'aurais pu garder cela pour moi et faire avec si vous n'aviez pas vous-même été si arrogant et imbu de vous-même. Un simple seigneur de bas-étage qui se prend pour plus qu'il n'est et qui se permet de cracher sur les autres, ça a le don de me mettre en rogne. Mais figurez-vous que je comptais quand même remplir mon contrat, même si mon envie de vous corriger grandissait.

Il se planta devant le seigneur qui tomba à genoux

- Pitié... j'ai de l'argent !

- Et puis je suis arrivé au camp,continua-t-il, ignorant sa victime. Je suis tombé sur votre chef rebelle et la charmante demoiselle que voici, il désigna Elly, on m'a fait une offre intéressante, qui comblait mes besoins financiers et mes envies de violence à votre égard. Alors me voici !

- P... pourquoi me racontez-vous ça ?

Eliaz rit à nouveau.

- Pour mon plaisir, pour vous faire comprendre ce que vous avez fait, pour que vous sachiez pourquoi vous êtes mort et surtout, que vous réalisiez que c'est entièrement votre faute.

Sur ces mots, son bras fit un mouvement vertical et sa lame traversa la tête du seigneur de bas en haut, ressortant par le haut de son crâne. Avec une grimace de dégoût, il dégagea son arme et se tourna vers Elly. Il eut juste le temps de croiser son regard quand un carreau d'arbalète claqua contre le cadre de la porte, à quelques centimètres du visage de l'elfe. Elle recula d'un bond.

- On dégage.

Eliaz saisi une chaise par le dossier et la projeta dans une fenêtre. Le verre vola en éclat, et il posa un pied sur le rebord. Le sol était à cinq mètres, trop haut pour sauter. Un sifflement résonna derrière lui, et il se retourna pour attraper par réflexe le fin rouleau de corde elfique que venait de lui lancer Elly. Il acquiesça et regarda dehors, à droite puis à gauche. Il avisa un épais crochet de métal fiché dans le mur juste à côté de lui, sûrement destiné à remonté directement de l'eau chaude pour le bain du défunt seigneur. Il enroula la corde autour de façon à ce qu'elle pende des côtés d'une longueur égale. Malgré sa légèreté et sa finesse, le rouleau contenait plus de dix mètres de corde extrêmement résistante. Il laissa Elly descendre la première, puis se retourna pour voir trembler l'ombre d'un homme sur le mur derrière lui. Les gardes arrivaient, il fallait faire vite. Lorsque l'elfe mit pied à terre, il fit volte-face, renversa un bureau qu'il mit en travers de la porte et intercala un banc entre celui-ci et le lit. Il leur faudrait ainsi passer par-dessus ou casser le banc pour pouvoir pénétrer dans la chambre. De quoi les retenir quelques minutes.

Il retourna à la fenêtre en courant et, saisissant au vol les deux filaments qui pendaient au crochet et sauta. Il se retourna en l'air et encaissa la réception sur le mur extérieur. Alors qu'il entamait la descente, il entendit le bois craquer. Sans plus réfléchir, il desserra son emprise sur la corde, plia les jambes, mit ses pieds en V sur le mur et se laissa glisser. A un mètre du sol, il serra à nouveau la corde et stoppa nette sa descente. Il sauta à terre, puis tira sur une des deux extrémités. Le nœud coulant libéra la corde lorsque la première moitié eut passé le point d'attache, et ils détalèrent aussitôt. Tout en enroulant la corde qui trainait derrière lui, Eliaz remercia à nouveau la lubie de son ancien employeur d'avoir fait percer des fenêtres donnant directement sur l'extérieur. Puis il tendit le
rouleau à Elly et la regarda. La belle courait de toutes la force de ses jambes, et ni expression ni fatigue ne déformait ses traits de marbre. Alors, Eliaz réalisa qu'il ne pouvait rien faire. Quoi qu'il
veuille, quel que soit la puissance de sa volonté de se défendre d'elle, il était trop tard. Son cœur se réchauffait, il sentit une tiédeur envahir sa poitrine. Et pour la première fois, il n'essaya
pas de s'en défendre.

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[Terminé] [Mission] Un peu de courage...  Sand-g10Sam 17 Sep - 18:38


« Toi mon insolence, dis moi quand tu tues, à quoi tu penses ? »
 

Dégainant ses lames argentées, les laissant pendre le long de son corps souple, Elly s'imposa dans l'encadrement de la porte qu'il n'y avait d'ailleurs plus, gardienne de la scène qui allait se jouer dans son dos. Eliaz avait pris son temps, savouré l'instant, et elle le comprenait à merveille. Silencieuse et concentrée sur sa surveillance du couloir qui se voulait encore exempt de toute intrusion, elle écouta paisiblement le dialogue morbide entre son compagnon de route et sa victime, l'homme assassinait lui même le suspens de l'acte à venir, tel était là son contrat. La jeune femme le trouva fort honnête avec une pourriture telle que l'était le seigneur au teint déjà cadavérique, mais elle n'eut pas le loisir d'y songer d'avantage, entendant des pas résonner dans l'escalier de pierre à sa droite. Elle héla l'assassin une première fois, qui balaya son avertissement d'un geste d'apaisement. Le regard de la sylvaine scruta l'ombre naissante, les torches s'éteignant peu à peu … son ouïe ne pouvait la méprendre, une dizaine de personnes au moins approchaient à pas lents et lourds.

Provenant de quelques mètres derrière elle, le bruit de la chair et des os que l'on traverse par le fer attira son attention. Non pas qu'elle l'apprécie de façon particulière, mais cette fois il avait une véritable signification du type « mission accomplie ».  Pivotant sur elle même, Elly croisa le regard déterminé de l'assassin qui avait enfin achevé sa triste besogne. Le corps mutilé du noble gisait sur le sol dans un bain de sang écarlate, vision fort peu agréable qui ne troubla pourtant pas la quiétude des traits fins de l'elfe. Cependant, le carreau d'arbalète qu'elle entendit siffler au vent la fit réagir plus rapidement encore qu'elle n'aurait pu l'escompter de son propre corps. D'un bond en avant, elle esquiva de peu la flèche mortelle qui se planta dans le cadre vide de la porte, emportant avec elle deux longs fils dorés de sa chevelure. Une pointe d'inquiétude naissant au fond de ses prunelles lunaires, elle entendit Eliaz annoncer d'une voix forte le repli stratégique et nécessaire en ces circonstances. Ce dernier fit exploser le vitrail de la fenêtre en défenestrant une pauvre chaise innocente qui se trouvait là, geste auquel Elly répondit en tirant de sous son plastron le rouleau de corde elfique fine et extrêmement solide qu'elle avait emporté consciencieusement. Son compagnon situé au bord du précipice mit rapidement en place leur unique solution d'échapper aux gardes et lui tendit galamment la corde. La belle se hissa sur le rebord et après avoir chuté sur quelques mètres enroula ses jambes respectivement autour des deux pans de la corde, se laissant glisser sans hésiter le long d'icelle.  

Parvenue à quelques mètres du sol, elle força sur ses bras en délassant ses jambes et atterrit donc en souplesse. La sylvaine observa la fenêtre au verre défoncé, pourquoi Eliaz ne descendait-il pas ? Son regard d'absinthe lui revint en mémoire, troublée elle secoua vivement la tête pour chasser ces idées faiblardes. Dès qu'elle le vit entamer sa descente, Elly recula de quelques mètres, laissant le champ libre à son arrivée, ce dernier se hâtant de détacher la corde salvatrice. Sans plus attendre, l'elfe se mit à courir, accompagnée du seul bruit de ses dagues tintant imperceptiblement dans leurs fourreaux, elle évoluait grâce à de longues enjambées que sa plastique forestière fine et musculeuse lui permettait, son seul objectif étant alors de s'éloigner de leur contrat. Plusieurs carreaux d'arbalète relativement bien visés suivirent leur course, mais rapidement, les deux comparses se retrouvèrent hors du champ de vision qu'offrait la tour. Par intermittences, l'elfe jetait un coup d'œil à l'assassin afin de s'assurer que tout allait bien de son côté, leur fuite avait beau être commune, rien ne lui garantissait qu'il n'allait pas filer sans demander son reste. Pourtant, au plus profond d'elle même, la jeune femme restait persuadée qu'il n'en ferait rien …

Après un long moment de voyage, les deux contractants se virent contraints à la halte, tous deux hors d'haleine. La neige tombée en début de soirée avait presque totalement fondu, mais la nuit se voulait extrêmement froide, presque givrante, et le ciel dégagé aux myriades d'étoiles scintillantes n'offrait pas de perspective de pluie qui aurait réchauffé quelque peu l'atmosphère et terminé de liquéfier les monticules floconneux. Les bosquets d'abord rares s'étaient accumulés depuis quelques kilomètres, et au milieu de cette petite jungle, une clairière bien que peu élaguée leur garantirait le repos pour quelques heures, et une discrétion relative. Parvenue aux abords de cette dernière, Elly ralentit sa course, pour arriver à une marche soutenue puis enfin un pas simplement fatigué. Ses jambes ne la portaient plus que moyennement, et elle avait besoin de se réchauffer. Bien que les membres du beau peuple ne craignent pas réellement le froid, une exposition prolongée au milieu nocturne leur donnait cette sensation de frilosité qu'ils n'appréciaient guerre. Tâtonnant du bout du pied le sol de la clairière afin de s'assurer qu'aucun piège à loup ne dormait là, elle lança à son compagnon le petit flacon de liquide inflammable qu'elle dénoua du lien de cuir entourant sa cuisse, dans le but de lui suggérer l'embrasement d'un foyer pour un peu de lumière et de chaleur. D'une voix douce, elle s'expliqua, reprenant son souffle peu à peu...

- Des patrouilles ont dû partir de la forteresse, il vaut mieux attendre qu'elles échouent sur quelques pistes avant de rentrer au camp. Yalissan n'apprécierait pas que l'on se fasse suivre comme des débutants jusque chez lui je pense. Et de toute façon … je suis lasse.

Rassérénée, la jeune femme ôta les fourreaux d'entre ses omoplates les déposant près d'elle et se laissa choir sur le sol, étendue sur le dos. La broche dorée retenant ses cheveux se détacha dans son mouvement et laissa sa chevelure s'étaler comme un soleil autour de son visage d'albâtre. Elle observa le feuillage au dessus d'elle, silencieuse tout d'abord. Puis, d'un geste presque empreint de regret, elle sortit de sous son protège avant bras une bourse longue dans laquelle s'entassaient des pièces de bonne valeur. Elly cligna des yeux, saisie d'une étrange inquiétude devant l'objet, s'adressant à son compagnon de route …

- La moitié de la somme promise seigneur assassin, si vous pensez que cela est suffisant, vous êtes libre de vous échapper dès à présent. Je ne vous poursuivrai pas.

Ces quelques phrases prononcées rapidement, elle propulsa la bourse dans sa direction, et osa fermer un instant ses beaux yeux gris, se tournant sur le côté gauche, ne supportant plus de regarder cet homme dont elle ne voulait pas le départ. Mais pourquoi cela ? Il avait occis froidement un homme tout en s'en moquant éperdument, et elle avait aimé son geste, sa prestance, ses qualités au combat. Pourquoi cette sensation de faiblesse tout à coup ? Meurtrie par son propre ressenti, elle se mordit la lèvre inférieure jusqu'au sang et enfonça son poing dans la terre meuble devant elle, fixant les ténèbres l'entourant.

« Dis quand tu tues, est-ce que tu penses à moi ? »

Elly

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[Terminé] [Mission] Un peu de courage...  Sand-g10Mar 8 Nov - 0:25
Eliaz attrapa la bourse au vol, les yeux toujours fixés sur le feu de camp, et la fit disparaître dans son manteau. Il n'esquissa pas un geste de plus, pas un regard en direction d'Elly qui le perturbait de plus en plus. Il ferma les yeux violemment, cherchant à se focaliser sur quelque chose d'autre. Il pensa à sa taverne, son bouge peuplé de truands et d'ivrognes. Voilà un endroit qu'il avait presque hâte de retrouver après toute cette histoire. Il risqua un œil en direction de l'elfe et la vit étendue sur le sol, les yeux clos. Elle ne dormait certainement pas, mais sa poitrine se soulevait imperceptiblement, comme si elle allait s'éteindre après chaque inspiration. Il s'accroupit sur ses talons et remua les buches du bout d'une branche morte. Ses pensées se perdirent dans les danseuses orangées qui se déchaînaient sous ses yeux, l'hypnotisant de leurs mouvements gracieux et captivants. Au loin, il percevait des bruits de cavalcades, des cris étouffés par la distance. Mais ils s'éloignaient, et bientôt il n'entendit plus rien. S'ils parvenaient à dissimuler leur présence jusqu'au matin, il serait tirés d'affaire. Il regarda autour de lui, partout ou ses yeux pouvaient se poser sans qu'il ait à changer de position. Pour autant qu'il en voyait, la clairière était bordée d'arbres serrés, dont les pieds étaient reliés par un cercle de buissons épineux aux feuilles persistantes. La lueur du feu ne devait pas vraiment percer au travers des branches enchevêtrées, et ils pouvaient difficilement se faire prendre par surprise. Sans pour autant que son sentiment de danger permanent ne le quitte, il avait maintenant atteint un stade qu'il connaissait comme signifiant une relative sécurité.

Après de longs moments, il regarda à nouveau Elly. Elle était toujours allongée, un bras passé derrière sa nuque, presque immobile, si ce n'était cette légère contraction des narines lorsqu'elle respirait. Sans un mot, sans un bruit, Eliaz se leva. Il tira la bourse de son manteau, compta rapidement les pièces. A peine moins que son dû originel. Il manquait quelques pièces pour rentabiliser cette aventure, mais peu importait. Il l'escamota à nouveau, remit quelques branches dans le feu, puis rabattit sa capuche et disparut dans les ombres du bosquet. Après quelques pas, il fit volte-face. Revenu au niveau du feu, il tira une branche partiellement incandescente. Il éteignit la flamme à son extrémité et traça quelques lettres, faisant fondre la neige et brûler l'herbe à l'aide du bois brûlant. Ceci fait, il détourna les talons et parti pour de bon.

Il ne regrettait pas son geste. Il avait toujours été seul, et il avait besoin de cette solitude. Il lui tardait de retrouver l'Eliaz qu'il connaissait. Sans attache, libre, sombre et solitaire. Nul besoin d'une elfe pour lui occuper l'esprit. En réalité, il avait peur.

Il avait peur d'elle. De son influence sur son cœur, sur ses actions. Il voulait ne dépendre que de lui-même, et éventuellement de ses employeurs. Certainement pas d'une femme venue de nulle part, aussi elfique fut-elle. Il lui fallait partir. Non pas fuir, il détestait devoir se dire qu'il fuyait Elly. Mais un peu quand même. A mesure que ses pieds l'éloignaient de la clairière, son cœur s'allégeait. Chaque pas en avant laissait derrière lui la dépendance amoureuse et accélérait son retour à la vie d'avant Elly.
Cependant, à chaque fois que son pied touchait à nouveau le sol, une petite pique aiguillonnait sa poitrine. Elle était imperceptible, jusqu'à ce qu'Eliaz fasse une erreur. Une erreur qui n'en était pas une pour une personne normale, mais qui de son point de vue était pire que fatale. Il s'arrêta, poussa un profond soupir de regret mêlé à de la résignation, puis se retourna pour regarder une dernière fois le bosquet faiblement illuminé. Il vit un groupement compact d'arbres dénudés, comme s'ils s'étaient approchés pour se réchauffer. Il entrapercevait la lueur ténue du feu qu'Elly avait allumé. Elly. Son visage revint à son esprit. Il la revit étendue sur le sol, à même les quelques flocons qui persistaient sur l'herbe dont les brins pointaient timidement. Elle l'avait aidé. Il l'avait aidée aussi, à contrecœur au début, par obligation, puis rapidement par choix. Elle lui avait fait confiance. Ou en tout cas, elle avait fait ce qui s'en approchait le plus. Elle était la première à lui faire réellement confiance, sans assurance vénale en arrière-pensée. Elly l'avait vu autrement que comme un simple contractant, et il la récompensait en l'abandonnant. Mais il était dangereux pour lui de rester avec elle. Elle était sa faiblesse. De plus, il ne trahissait rien. Leur accord originel était basé sur l'argent. Rien de plus. Et elle ne devait tout compte fait pas voir autre chose chez lui. En quoi serait-elle différente ?

Il n'avait pas détaché son regard du bosquet. Lorsqu'il se détourna enfin, le mot s'afficha en lettres de feu dans son esprit. TRAITRE. Elles brillaient de plus en plus à chaque pas. Et son corps était transpercé de toute part. Il s'arrêta à nouveau, planta ses pieds dans le sol, puis baissa les yeux sur la neige. La lueur de la lune éclairait faiblement ses bottes. Il aperçut sur la pointe gauche une tâche qui reflétait la lumière argentée. Un point, d'un centimètre de diamètre. Il se pencha, l'essuya du bout des doigts, reconnu du sang. Un sang épais,
partiellement coagulé. Certainement pas humain. Il se souvint du gardien du souterrain. Celui dont le sang pouvait causer la mort de sa coéquipière. Celui qu'il avait tué en risquant sa vie pour elle. Il se souvint de la mèche de cheveux coupés. Le liquide rougeâtre poissait l'extrémité de son majeur. Il serra le poing, frappa le vide et rejeta sa tête en arrière. Sa capuche tomba, il poussa un cri d'impuissance, bref et puissant. Puis il essuya sa main ainsi que sa botte dans la neige et fit demi-tour, courant vers le bosquet.


Il revint en quelque minutes, jeta un œil en direction de l'elfe et vit qu'elle n'avait pas bougé. Il s'avança
vers le feu, racla la neige du pied et remua les braises à l'aide d'une branche. Puis il s'assit par terre, prenant soin d'étaler son manteau sous lui, et risqua un derrière regard à Elly avant de dormir. Peut-être ses yeux le trahissaient-ils, mais il était sûr de la voir esquisser un léger sourire. Il s'assoupit peu après, de son habituel sommeil léger, l'oreille aux aguets et la main posée sur une de ses dagues.


Il s'éveilla quelques heures plus tard, alors que le soleil pointait ses premiers rayons à travers les arbres nus. Elly était en train d'étouffer les derniers tisons du feu mourant. Il se leva, la salua d'un signe de tête et réajusta son manteau. Ils ne mangèrent rien, se contentant de repérer la direction à suivre pour retourner directement au camp. Elly sortit du bosquet s'assurer que personne ne les attendait ni ne les suivait, puis ils partirent tout deux en direction de Yalissan et de sa rébellion réussie grâce à eux. Ils ne laissaient derrière eux que deux carrés de neige fondue, les restes d'un feu et une inscription presque effacée. « Pardon »
Ils parvinrent au camp fortifié peu de temps plus tard, quand l'astre du jour commençait à peine à réchauffer la terre encore frissonnante de cette fin d'hiver. Ils entrèrent par la grande porte, et les gardes en faction, à savoir deux paysans grelottant de froid et brandissant des lances rouillées, s'écartèrent quand ils virent Elly s'avancer vers eux. Ils se dirigèrent directement vers la tente du chef rebelle, et Eliaz écarta d'un large mouvement de bras le pan de tissu qui couvrait l'entrée. Il laissa passer l'elfe, et ensemble ils se présentèrent debout devant le bureau de campagne du jeune général. Il paraissait ne pas avoir dormi, et les nombreux documents et plans étalés sur son bureau en témoignaient, ainsi que le nombre de bougies consumées éparpillées un peu partout.

- Mission accomplie, lâcha Elly.

Yalissan releva la tête, son expression ne trahissait ni surprise, ni satisfaction. Elle ne trahissait en fait
rien du tout.


- Hm... Comment puis-je en être sûr ?

Eliaz sorti la main de sous son manteau et jeta sur le bureau un des lourds anneaux que portaient le seigneur à ses doigts épais.

- Vous reconnaissez ceci ?

La chevalière portait l'emblème du seigneur et devait lui servir à sceller et marquer ses documents officiels.

- Et bien... Je suppose que cela constitue une preuve suffisante. Alors je vous adresse à tout deux mes
félicitations ! Et mes plus profonds remerciement, maître Assassin. Je suppose qu'Elly vous a déjà donné votre paiement, alors j'imagine qu'il est temps pour nos chemins de se séparer...


- Veuillez m'excuser, il me semble n'avoir reçu que la moitié de la somme qui m'était due, l'autre devant venir de vos propres mains.

- Allons allons, soyez raisonnable. Une rébellion n'est pas si facile à financer, et nous ne pouvons nous
permettre de débourser une telle somme. De plus, la moitié du montant représente la prime originelle offerte pour ma tête. En fin de compte, vous rentrez dans vos frais !


- Ne me prenez pas pour un amateur, Yalissan. Vous avez promis une somme, et vous allez la payer.

Le rebelle se mit à rire.

- Et vous comptez m'obliger ? J'ai ici une centaine d'hommes armés, tous prêts à me défendre. Si vous
esquissez un geste à mon encontre, je sonne l'alarme et vous ne sortirez pas d'ici vivant. Rentrez chez vous, vermine, et
estimez-vous heureux d'avoir touché un pécule pour une mission aussi basse. Je vous laisse dix minutes pour...


Il n'eut pas le temps de finir sa phrase. Avant que personne n'ait pu bougé, Eliaz tira son couteau et le planta avec force dans la table, juste entre deux doigts du général. Dans le même mouvement, il posa un genou sur le bureau, tira sa dague et la posa juste sur la pomme d'Adam du jeune Yalissan qui stoppa net toute remarque blessante. Au même moment, il sentit une main douce, sans hostilité ni violence, mais résolument ferme.
Eliaz se pencha encore en avant et susurra à son oreille.

- Écoutez-moi bien. On ne discute pas avec moi. Quand on fait une promesse, on la tient. Soit vous me donnez l'argent que vous me devez, soit je m'assure que mourir soit la chose la plus douce qui puisse vous arriver. Essayez seulement de m'avoir, ou d'appeler votre meute de péquenauds surgelés, et vous tuer sera mon dernier geste sur cette terre. Compris ?

Yalissan esquissa un hochement de tête timide, et Eliaz retira sa lame. La poigne d'Elly se desserra au même moment. Il descendit de la table et délogea son couteau. La lame était tachée d'un filet de sang. Il avait entaillé dans son geste la peau du doigt du général.

- Bien. A présent, je propose que vous rassembliez votre joyeuse troupe et que nous nous rendions au château de notre défunt ami. Maintenant que le paiement n'est plus assuré, les mercenaires ont dû lever le camp et emporter tout ce qui parait précieux. Je propose que nous en profitions pour vous rendre maître des lieux. Qu'en penses-tu ?

Il se tourna vers Elly. Elle lui rendit son regard et desserra les lèvres.

- Cela me paraît être une bonne idée. Nous ne devons pas trop attendre, alors partir le plus tôt possible me semble être une bonne chose.

Ils se tournèrent tous deux vers Yalissan qui semblait avoir du mal à se remettre de ses émotions.

- Je... je vais ordonner le ralliement.

Eliaz voyait enfin se profiler la fin de cette aventure. Dans quelques heures, il aurait récupéré son argent, son cheval et sa liberté.

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[Terminé] [Mission] Un peu de courage...  Sand-g10Mer 9 Nov - 22:46


L'évidence même, Eliaz avait à peine attendu qu'elle paraisse prisonnière des bras de Morphée pour quitter le navire … comme un rat ?. La respiration lente, laissant son esprit vagabonder après cette mission sournoisement éreintante, elle sentit la présence de l'assassin diminuer peu à peu, rétrécir dans le lointain, jusqu'à sortir même de son champ olfactif. Implacable et résignée, elle rouvrit ses yeux argentés vers le ciel, inexpressive comme à son habitude. Il avait exécuté la mission avec une facilité presque déconcertante pour un simple humain, elle l'avait payé de la somme dont elle disposait comme convenu, Yalissan serait satisfait et la brève épopée toucherait à sa fin. Elly se laissa rouler sur le flanc droit, les braises du feu mourant réchauffant doucement son visage d'albâtre. Ses prunelles se perdirent dans les formes mouvantes, vaguelettes mirages au dessus du foyer encore rougeoyant d'avoir fièrement élevé ses flammes. Cependant, alors qu'un triste sommeil commençait enfin à l'emporter loin de la clairière, une silhouette se détacha dans l'obscurité. Elle crut d'abord avoir une vision, à travers les méandres cotonneuses dans lesquelles elle sombrait, mais il n'en était rien. Immobile, les yeux mi-clos, elle regarda revenir l'assassin …

Eliaz, sa carrure à la fois musculeuse et fine, ses mouvements souples et gracieux, ses déplacements rapides et précis, voir calculés, ses longs cheveux d'un noir de jais et son captivant regard d'émeraude. La sylvaine devait bien l'admettre, pour un banal être humain, celui-ci défendrait amplement sa place parmi les membres du beau peuple. Blottie sur le côté, elle resserra instinctivement son poing contre sa poitrine, se demandant intérieurement pourquoi cet humain revenait vers elle … touchée et troublée. L'appât du gain ? Ou peut-être allait-il l'attaquer durant son prétendu sommeil ? Elly cambra imperceptiblement ses reins, rassérénée immédiatement par la présence éternelle de ses dagues jumelles tout contre sa colonne vertébrale. Toutefois il apparut qu'Eliaz n'était définitivement pas mal intentionné à son égard, et son bref entretien des braises, ponctué de brefs regards étranges en sa direction lui crevèrent littéralement le cœur. Était-il possible qu'il fut revenu pour elle ? l'Elfe aurait aimé ouvrir ses grands yeux gris et lui dire telle une femme forte « je vais bien, ne t'en fais pas, tu peux partir », mais un petit quelque chose, au plus profond d'elle même l'en interdisait.

Les heures nocturnes défilèrent follement, Elly ne s'était autorisé qu'un profond mais réparateur sommeil d'une demi-heure environ, avant de se redresser et de s'asseoir paisiblement en tailleur. Son regard lunaire simplement posé sur son compagnon de route, elle le veilla toute la nuit, telle un oiseau ivre. Si forts durant les combats, l'elfe aux larmes d'or, l'homme au sang vermeil, pourtant elle prenait enfin conscience de leurs ressemblances … l'autre, altérable comme elle. Et déjà le soleil pointait le bout de son nez.
Ils repartirent assez tôt, regagnant rapidement le campement de Yalissan. Debout en face de son bureau, l'elfe lâcha la pure vérité lui brûlant les lèvres depuis l'aube. Le goût de la réussite envahissant ses papilles, tel le coutumier litre de vin partagé après une victoire.

- Mission accomplie

Tout aurait pu s'achever ainsi, si le jeune imbécile n'avait pas tenté d'escroquer le passe-muraille. Mais pour tout dire, Elly s'y attendait. Yalissan essaya maladroitement d'argumenter sur son point de vue pour économiser quelques piécettes, mais naturellement ce fut en vain. Humain est vénal, et le sang chaud d'Eliaz n'attendit pas d'avantage pour bouillir dans ses veines. La sylvaine se tenant quelque peu en retrait des antagonistes, perçut avec un soupçon de concentration les battements de cœur de l'assassin, dont un avait manqué à l'appel suite à la décision du général. Habituellement, elle usait de cette technique pour déceler le mensonge dans les paroles d'un tiers, mais pas ce jour là. Eliaz sauta littéralement à la gorge de sa proie, menaçant de sa lame habile un point critique. S'avançant témérairement d'un pas en sa direction, Elly se saisit de son épaule gauche, d'une poigne ferme mais profondément bienveillante, foudroyant le jeune général du regard. Elle sentit presque aussitôt les muscles du jeune homme se détendre légèrement, et ne desserra entièrement son étreinte que lorsqu'il s'éloigna de Yalissan.
L'assassin proposa d'aller installer le nouveau monarque en sa nouvelle demeure, fraichement débarrassée des nuisibles. Après avoir rassemblé les troupes et levé le camp, tous s'ébranlèrent à travers champs et sentiers dans la direction du château. Elly ressentait un remord atterrant, la certitude qu'avoir rencontré cet homme des bas fonds marquait un tournant dans sa vie. Elle se voyait affaiblie par sa présence, mais d'avantage encore par l'idée de séparer son chemin du sien. Or ce simple constat la rendait purement et simplement malade, tant il semblait inhabituel. Pas une seule fois durant cette longue marche, elle ne lui adressa un regard. Elle ne céda à la rigidité de sa contenance qu'aux environs de leur destination, alors qu'ils éliminaient ensemble les ultimes mercenaires opposant une farouche résistance à la capture des lieux. Le seigneur avait été vaincu en personne la nuit passée, ils n'avaient donc désormais plus de chef, or d'aucun sait qu'un peuple sans tête n'a plus la foi nécessaire pour se battre, et ce quelque soit sa force armée.  

En quelques heures, tout fut terminé. Les soldats avaient envahi la caserne du château, quelques femmes et enfants faisaient office de courtisans en attendant l'arrivée d'émigrés, et Yalissan trônait fièrement, en petit roitelet qu'il était, au beau milieu de la grande salle. Elly s'approcha respectueusement, déposant un genou à terre. Elle avait elle aussi terminé sa mission de protection, et l'équilibre serait sous peu rétabli dans la région. Le petit prince courba l'échine, glissant impunément ses doigts dans les cheveux relâchés de la sylvaine …

Votre chevelure est une rivière d'or tiède, que vous le croyez ou non, vous tourmenterez mon âme durant bien des mois ...

L'elfe se redressa doucement, reculant ostensiblement d'un large pas, se plaçant hors de la portée de ses mains. Son visage fermé témoignait d'un trouble bien plus grand qu'elle n'osait se l'admettre. Cet idiot avait-il pris cette expression pour lui ? A cette pensée, la gardienne ne put s'empêcher de lâcher un rire bref, mais franc et cristallin qui résonna dans la grande pièce. Légèrement plus détendue, elle croisa ses bras sur son torse, attendant son propre dû. Yalissan comprit et obtempéra …

Je vous remercie Elly, pour tout ce que vous avez fait pour moi.
C'est mon rôle en ce monde. Eliaz en revanche, attend toujours la moitié de son paiement, il est aux écuries je crois, allez donc ...

L'homme l'interrompit, tendant une bourse vers elle en tremblant.

Si … si vous n'y voyez pas d'inconvénient, j'aimerais qu'en ultime service vous lui remettiez ceci à ma place. Avec toute ma gratitude !
Ce sera fait Yalissan. Adieu.

Elle ne précisa pas l'usage peu élégant qu'aurait fait Eliaz de sa « gratitude ». La jeune femme erra péniblement jusqu'aux écuries de la demeure, l'œil rivé sur le pavé vieilli, s'enivrant patiemment d'un parfum de tristesse, en colère contre elle même. Lorsqu'elle aperçut l'assassin entrain de sceller un cheval, elle marqua une courte pause dans l'ombre d'une colonne de pierre, s'autorisant impunément une dernière fois le détail de sa silhouette.  

Renforcement du courage, naufrage du cœur …

- Eliaz ?

Sa voix, d'une pureté sans égale s'était pourtant cassée sur les dernières sonorités prononcées. Innocence flamboyante … elle ne ferait pas de discours. Elly s'avança vers son interlocuteur, s'arrêtant tout près de lui. Son regard qu'elle tentait de conserver dur défaillait peu à peu, et elle n'y comprenait foutrement rien.
- Yalissan m'a chargée de te remettre le solde, comme convenu.

Les doigts fins de la jeune femme allèrent trouver la main de l'assassin, naturellement. Elle la retourna doucement, paume vers le ciel et y déposa la bourse pleine d'espèces sonnantes. A ce contact, elle tressaillit de façon à peine perceptible. Dès qu'elle rompit le contact avec sa peau nue, Elly se sentit mourir … farouche douleur, masquée d'une pudeur grelottante.

- Va. Que les vents te gardent passe-muraille ...

Elle avait murmuré ces quelques mots du bout des lèvres, pantelante, approchant son visage du sien sans même s'en rendre compte. Son parfum musqué la rappela violemment à la réalité, il était un  homme, elle était une elfe. Reculant légèrement son minois, Elly ouvrit plutôt ses bras avec célérité et attira Eliaz dans sa propre chaleur. Combien d'hommes sur Terra avaient eu l'honneur de sentir un cœur elfique battre la chamade contre sa poitrine ? Fort peu probablement … Bien qu'elle fut grande, il la dépassait aisément d'une tête. Jamais jusqu'à présent elle n'avait remarqué sa taille plutôt imposante pour un homme de l'ombre, mais elle appréciait ce détail qui lui permettait d'enfouir son visage dans son cou. La jeune femme agrippa son vêtement de sa main gauche posée entre ses omoplates, et de sa jumelle dormant sur ses reins, si elle avait pu le retenir …

Au prix d'un gros effort mental, elle se détacha consciencieusement de l'homme, craignant de lui imposer sa présence. Alors, sans lui accorder l'ombre regard supplémentaire, elle fit volte-face. L'elfe marcha d'un pas rapide jusqu'à l'entrée de l'écurie, attrapa la plainte de l'entrée du bout de ses doigts nouvellement gantés de cuir, utilisa son élan de mouvement pour basculer en tirant sur ses bras, se hissa par une brève rotation, et disparut adroitement par les toits …



Il était homme, elle était elfe, il était LUI, elle n'était qu'elle
Et de façon incurable, elle l'aimait.

Elly

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[Terminé] [Mission] Un peu de courage...  Sand-g10Sam 19 Nov - 22:33
Eliaz sellait sa monture, pensivement, sans prêter la moindre attention aux gestes mécaniques de ses mains. L'animal n'avait pas souffert, aucune blessure, il avait été nourri et soigné. Les gens de ce château avait encore quelque mérite, et les mercenaires avaient été soient trop idiots soit trop pressés de partir pour l'emporter. Une fois l'enharnachement terminé, il caressa les flancs du cheval, flattant son unique compagnon. Unique, jusqu'à l'arrivée d'Elly. Comment une simple personne avait-elle pu le perturber à ce point ? Mais la réponse s'imposait d'elle-même. Elle n'était pas une simple personne. Il fit le tour de sa monture, vérifia une dernière fois ses sacs de selle et se força à penser à autre chose. Il y parvint, pendant quelques instants. Mais inévitablement, ses pensées se tournèrent à nouveau vers...

- Eliaz ?

...elle. Il se retourna, la vit s'approcher, senti son cœur s'emballer. Avait-il perçu le moindre sentiment dans sa voix ? Il était d'ordinaire doué pour sonder les âmes des gens, mais il n'était plus sûr de rien, avec elle. Elle s'arrêta devant lui, ses yeux d'argent à hauteur de la bouche de l'Assasin. Elle prit sa main, y déposé une bourse. L'argent. Elle avait réussi à lui faire oublier le paiement de sa mission. Sa chair s'électrisa à son contact. Elle avait une peau douce, fraîche, vivante. Tout comme l'aura qui l'entourait, sa peau rayonnait de vie, il pouvait sentir les pulsions du sang courant dans ses veines à travers la peau fine mais travaillée par l'exercice martial. Presque d'un réflexe qu'il regretta au moment même où il arriva, Eliaz retira sa main. Doucement, sans violence ni peur apparente, mais son inconscient, la parcelle d'homme libre et solitaire qui subsistait en lui, avait prit le dessus pour jouer son épitaphe dans le cœur brûlant de l'Assassin. Elle s'avança vers lui, son visage à quelques centimètres du sien. Il désirait l'embrasser, son âme hurlait son nom, mais il ne devait pas. Et pourtant, rien ne put l'arrêter, et si elle ne s'était pas retiré au dernier moment, ses lèvres auraient parlé pour lui. Avant qu'il n'ait pu réfléchir à ce qu'il s'était passé, il se sentit emporté dans l'étreinte de l'elfe. Son corps contre le sien. Il senti son cœur palpiter au rythme du sien, en chœur, collés l'un contre l'autre. Les mains gracieuses se posèrent sur sa nuque et dans le creux de ses reins, entre les dagues. Jamais personne ne l'avait touché d'aussi près depuis son père, mais il était incapable de se débattre. Son cœur approuvait, son esprit était avec lui et son corps était sur le point de céder. Il enlaça à son tour Elly, passant ses bras dans son dos, les paumes posées sur sa colonne vertébrale. Il l'attira à lui, s'interdisant de la laisser partir.
Il prit conscience de tout. Sa chaleur, sa vie, sa puissance, sa douleur, ses formes discrètes mais néanmoins indéniablement attirantes, et une fraction de ce qu'il identifia par élimination comme de l'amour. Elle l'aimait. Ou du moins, il s'en était convaincu.

Lorsque le charme fut rompu, plus rien n'existait autour d'eux. Ils étaient là, à se regarder, et bientôt ils n'allaient plus se revoir. Rien d'autre n'importait. Elle se détourna sans un mot, prit la fuite d'un pas rapide. Il la regarda d'un œil absent s'envoler sur les toits, réalisant ce qu'il venait de se passer. Elly Thunderblades venait de disparaître de sa vie. Plus rien n'avait de sens. Mais le vagabond reprit le dessus. Il lui chuchota à l'oreille qu'il serait mieux sans elle, et son âme orpheline se prit à le croire. Il monta en selle, et au moment de lancer son cheval au galop, il remarque un fil d'or prit dans les fibres de son manteau. L'elfe lui avait laissé un souvenir involontaire. Il le saisit entre deux doigts, le glissa dans une petite bourse qu'il rangea dans son manteau, puis partit dans un nuage de poussière et de morceaux de paille vers l'avenir, le meurtre et la solitude.

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