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 Une once de noblesse et beaucoup de mascarade [Sunaï Hinara & Erwan d'Ablaÿ].

 
Une once de noblesse et beaucoup de mascarade [Sunaï Hinara & Erwan d'Ablaÿ]. Sand-g10Ven 12 Juil - 23:22
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    Journée de merde. Et définitivement rien pour l’aiguayer un tant soit peu.
    A l’orée de la forêt, sortant des arbres, une silhouette en piteuse état avançait péniblement, clopin-clopant, à travers ce mur de hautes-herbes qui lui barrait la route. Les fougères, pissenlits et autres ronces se dressaient sur son chemin, dans cette cambrousse environnante d’un champ laissé depuis bien trop longtemps à l’abandon, et une main agacée, couturée de petites griffures, venait calmer leur ardeur en les pliant sans aucune douceur sur son passage. C’était que le jeune homme avait perdu le gant de sa dextre, gant qui lui avait toutefois et très probablement sauvé un ou deux doigts lorsque cette horrible gueule baveuse s’était précipitée sur le membre qui avait tenu son épée.
    Et il continuait d’avancer péniblement, en cette heure fort avancée de l’après-midi. Il faisait sombre alors que dansait lugubrement le vent dans les feuillages des arbres, derrière lui, si sombre que l’on eût presque pu sonner none là où il n’était pas même sexte, et son champ de vision se réduisait à ce fouillis de plantes et de terre qui le ralentissait davantage encore que ne le faisait sa jambe. Et pas la moindre personne dans les alentours, semblait-il, sur laquelle il eût pu s’appuyer quelque peu afin de supporter que plus facilement la douleur qui lui lançait la jambe.
    Pourvu que cela ne soit pas grave, songea-t-il encore pour lui-même. Son tourment demeurait fort heureusement supportable, tant et si bien qu’il parvint à s’accoutumer à cette blessure légère, qu’il avait héritée suite à sa chute de cheval, jusqu’à pouvoir marcher presque normalement. Et qu’est-ce qui lui a pris, à lui aussi ?!
       
    La journée avait pourtant bien commencé avec cette partie de chasse à cours organisée par lui et quelques-uns de ses proches voisins avec lesquels il s’entendait plutôt bien. L’on s’était amatiné à l’aurore, avait déjeuné d’arrache-pied et monté les chevaux dans la fraîche rosée qui perlait encore sur l’herbe humide avant de partir dans les sous-bois. Tout se déroulait parfaitement bien, oui ; les mâtins recherchaient avec effervescence le gibier qui suintait la peur, ne rendant que plus facile encore la traque des canidés qui s’en donnaient à cœur joie. Point de discrétion dans ce qui allait s’annoncer comme étant un petit carnage pour ces braves bêtes dont les aboiements sonores retentissaient à des lieues à la ronde, rendant craintifs les différents volatiles qui s’envolaient à tire-d’aile du faîte des arbres à leur approche. Et les sabots des montures, surmontées par tous ces hobereaux, frappaient le sol en cadence dans une envolée de poussière et de mottes de terre, suivant la route que leur désignaient leurs maîtres.

    Soudainement, un cerf surgit bien à droite d’Erwan comme toute la petite troupe qu’il accompagnait avait continué tout droit. Pour peu qu’il s’y prît bien, et l’animal était à lui, pour lui seul. Saisissant son arc et haranguant ses chiens, il se mit à la poursuite du cervidé, lequel, le voyant si promptement approcher, s’enfuit aussitôt, ne demandant pas son reste. Un énorme fossé subsistait nonobstant entre traquer quelque créature que ce fût et la mettre à mort. Si le cerf avait paru somme toute assez proche de prime abord, il s’avéra insaisissable, galopant par-ci, disparaissant au détour d’un virage par-là lorsqu’il ne sautait tout simplement pas derrière un épais fourré épineux. Le jeune héritier savait bel et bien dompter sa monture tout autant qu’il savait assurément monter, mais rien n’en fit, et l’animal parvint à conserver une distance qui, pire, n’alla qu’en s’agrandissant à mesure que les hourvaris de ses nobles comparses s’éteignaient lentement au loin.

    Il eût été dès lors plus sage que de rebrousser chemin, mais tout borné qu’il était, Erwan s’aheurta dans sa décision, revendiquant pour lui ce cervidé qui n’appartenait pas à autre personne, en vérité, que la nature elle-même. Et cette dernière, indépendamment de la volonté d’Erwan, faisant fi de ses envies belliqueuses et meurtrières à l’encontre de son rejeton animal, permit au cerf de s’évader une bonne fois pour toute.
    Quant à Erwan, force lui fut que de constater qu’il avait perdu la partie, ce tour-ci. Mâchoire serrée, il endêvait mentalement tandis que ses mâtins, tout langue pendue que d’avoir trop couru qu’ils étaient, haletaient à ses côtés et vagabondaient librement autour de lui, acceptant cette défaite bien plus facilement que leur maître.
    Ce fut un noir regard que le jeune homme posa sur ce paysage bucolique qui l’entourait ; restait encore à retrouver son chemin jusqu’à chez, et il se retrouvait subitement dans l’incapacité de le faire. S’il connaissait les routes de ses terres ainsi que les différents hameaux qui les composaient et pouvait dès lors se repérer en terrain découvert, la nature étant ce qu’elle était, et le tronc d’un arbre ressemblait bigrement à celui d’un autre.
    S’en suivit alors une longue errance au milieu de cette partie sauvage des bois profonds. Le soleil, au travers des arbres feuillus, s’éclipsait de plus en plus comme la soif, elle, se faisait de plus en plus présente à mesure que le temps passait. Un silence pesant s’était fait dans les proches environs, silence que venait briser le craquement d’une brindille ou le renâclement du cheval. Les oiseaux s’étaient tus dans le faîte de la forêt ou, plus précautionneusement, avaient tout simplement disparu, et les autres animaux qui y vivaient habituellement avaient pris grand soin à faire de même, semblait-il, eu égard à cette sensation de vide qui s’installa. Et une autre vint prendre le jeune homme ; ce sentiment désagréable et suspicieux qui vous indiquait que quelque chose ne tournait pas rond, et la chair de poule qui lui effleura soudainement la peau n’alla pas pour le rassurer.

    Un premier mâtin commença à gronder, et la monture du jeune homme ne renâcla que plus fort encore, frappant violement le sol de l’un de ses sabots. S’en suivit un deuxième, puis un troisième qui, gueule baissée entre leurs pattes de devant, aboya violemment, tandis que leurs yeux étincelaient d’une lueur mauvaise. Et qui dire, alors, de la réaction d’Erwan, lorsqu’il s’aperçut que c’était envers et contre lui que ses chiens s’énervaient ?
    Il tenta bien de les apaiser, de les calmer de sa voix, doucement au début, puis par plusieurs invectives. Il en résultat que les canidés s’affolissaient et qu’un premier chien vint hargneusement mordre sa monture, laquelle, effrayée depuis peu par tous ces grondements, se cabra brusquement.

    Tout éplapourdi par cette réaction à laquelle il ne s’attendait pas, Erwan fut propulsé au sol. Durant sa chute, il n’eut qu’un instant pour s’apercevoir de la soudaine férocité des chiens. Le premier n’avait pas relâché sa monture qui tentait tant bien que mal de se soustraire à la mâchoire qui l’entravait sérieusement, bientôt rejointe par d’autres qui lui firent souffrir mille tourments.
    Et un océan de noir le happa.    

    Il ne s’évanouit pas longtemps, mais le mal de tête, lui, perdura bien longtemps. Les mâtins, rendu fou par quelque magie que ce fût, avaient commencé à dévorer vivant le corps de feu son ancienne et fidèle monture, et l’on pouvait percevoir les râles de souffrance de la pauvre bestiole dont la vie s’écoulait à flot dans la gueule des molosses qui mastiquaient bruyamment.
    Erwan se leva lentement mais sûrement, avec mille précautions, avant d’amorcer un demi-tour des plus discrets. S’il n’avait toujours rien, c’était très certainement parce que la chute l’avait rendu immobile, tout assommé qu’il avait été, et que les chiens de chasse avaient de loin préféré une cible mouvante et qui se défendait un tant soit peu.

    Mais en dépit de tout le soin que mit le jeune homme à se dégager de la situation, le flair ou l’odorat des molosses ne les trompèrent pas, et deux d’entre eux, avec un retard qui différencia selon les bêtes,  se retournèrent en sa direction.
    Et ce n’était peut-être pas très indiqué, mais le jeune homme, là, venant tout juste de se remettre d’un douloureux coup sur la tête, produit par le propre poids de son corps, réagit à l’instinct, se mettant à courir soudainement. Triste spectacle que celui du maître poursuivit par deux de ses mâtins avec lesquels il avait chassé la matinée. Et ces derniers n’avaient en rien changé, non ; ils demeuraient toujours les mêmes, si ce n’était qu’ils étaient désormais habités par une curieuse soif sanguinaire. La magie avait-elle un rapport avec cette situation rocambolesque ? Quelque chose était-il tapi au fond de ces bois, capable d’apporter la folie à toute créature assez sensible pour la percevoir ? Erwan n’en avait aucune idée, et n’était pas en mesure d’y pourpenser pour le moment.

    Prenant ses jambes à son cou, il engagea un randon hasardeux, courant entre les arbres et les fougères, imitant le cerf qu’il avait chassé quelque instant plus tôt. Bien moins véloce et agile que ledit animal, fortement handicapé par le fourreau de son épée qui lui battait la cuisse aussi bien que par son arc dans son dos qui, miraculeusement, était resté intact, Erwan ne tarda pas à sentir l’haleine tiède ses mâtins lui chauffer les talons. Et un coup de dents au niveau de son mollet, puis au niveau des fesses. Comprenant qu’il n’avait plus qu’une seconde pour réagir avant que les canidés ne furent en mesure de lui sauter bel et bien sur le dos, ne lui laissant plus aucune chance, il se retourna subitement tout en dégainant son épée.

    Dans ce vaste retournement effectué à l’aveugle, guidé par le bras droit dirigeant une épée qui traça un arc de cercle au hasard, au moins eut-il le mérite de toucher à la patte un mâtin qui glapit de douleur en effectuant un sursaut sur le côté. Le second, lui, tout entraîné par la vitesse engendrée durant la course, le percuta de plein fouet.

    Erwan roula au sol, la poussière et la boue et les feuilles tombées des arbres maculant aussi bien sa chevelure déchevelée que sa vêture, perdant son arme aussi bien que tous ses repères. Sans même véritablement faire attention à ce qu’il allait faire, dans ce qui n’était pas autre que l’instinct de survie, il se retrouva debout, plongeant sur son arme abandonnée au moment où le molosse se ruait vers sa main. Celle-ci, gantée qu’elle était, se retrouva prise dans un étau grognant de petites lames acérées qui lui tailladaient la peau et lui lacéraient les chairs. Lorsque survint le second mâtin blessé, sur le flanc opposé, il n’eut pas d’autre choix que de gesticuler dans la panique, parvenant à retirer sa main, laissant toutefois ledit gant dans la gueule du canidé. Son comparse attaqua, mais la plaie occasionnée par l’épée du jeune homme l’avait déjà bien affaibli et ralenti, et ce dernier n’avait certainement pas la docilité et la faiblesse d’un cheval.
    Sans aucune grâce, seulement mué par l’adrénaline qui ruisselait ardemment dans ses veines, Erwan trancha grossièrement dans la gueule ouverte, éclatant et découpant dents, langue et palais de chair rosée.  

    Point de raison pour le dernier survivant qui, au lieu de chercher à s’enfuir, ne fut que plus encore excité par l’odeur d’un sang nouveau qui s’épanchait d’un cadavre tout frais. Dernière attaque d’un molosse qui, affrontant tout droitement une épée, fonçant même sur elle sans aucune autre précaution, si l’en était, que l’usage brute de sa puissance, vint s’empaler de façon convaincante sur une lame qui devint soudainement plus lourde. Erwan lâcha son arme, effectuant un pas sur le côté alors qu’un futur cadavre embroché lui fonçait dessus, mais il n’eut pas à s’en faire davantage, son dernier adversaire se trouvant déjà aux portes de la mort.
    Ce fut comme s’il avait retenu sa respiration tout le long durant ; il expulsa une énorme bouffée d’air avant d’en inspirer une nouvelle. Qu’avait-il risqué, en fin de compte ? De mourir ? Il n’y croyait pas, à moins d’avoir été sans réaction jusqu’à ce que suffisamment de sang ne s’écoulât de son corps, l’entraînant doucement vers la mort. Mais pire que la mort. D’être défiguré, possiblement, et l’idée lui donnait encore des frissons. Il était difficile, en fin de compte, de pouvoir apprécier et imaginer la puissance de la mâchoire d’un de ces molosses.

    Les sensations lui revinrent petit à petit, et avec elles, leur lot de légères douleurs et blessures jusqu’alors inexprimées. Ses côtes qui avaient fortement souffert du choc. Son pantalon déchiré au niveau du mollet, à l’arrière. Son oreille qui saignait, il ne savait comment, pour ne pas avoir été touché à cet endroit-là par l’un ou l’autre des canidés. Probablement lorsqu’il avait roulé au sol après avoir été percuté. Et sa jambe, enfin, le faisait souffrir sitôt qu’il posait le pied à terre.

    Voilà les raisons pour lesquelles il en était là, désormais, à errer dans l’obscurité vespérale. Et comme s’il n’avait pas connu assez de tracas, dans son lot de bissêtres, voilà à présent que tombait la pluie. Tout cela était fort chargeant pour le jeune homme ; sa vêture était toute débiffée et conglutineuse après avoir chu dans la terre, et l’eau lui goutait le long du visage et des cheveux pour tomber dans le creux de son cou, humidifiant son col dans une sensation des plus désagréables. Les hautes-herbes se présentaient toujours à lui, aussi têtues que désordonnées et ne lui facilitant pas sa progression.

    Ce fut au bout d’un long moment qui lui parut interminable que le jeune homme arriva en bordure d’une route. Rien ne lui indiquait la direction à prendre, pas même le ciel ou quelque étoile que ce fût, eu égard aux lourds nuages noirs qui s’étendaient à l’infini de toute leur lourdeur écrasante. Un sens fut donc choisi, et Erwan continua sa route, évitant ces petites marres d’eau boueuse qui s’étaient formées sur le sentier défoncé.

    Les minutes passèrent, et, enfin, l’héritier des Ablaÿ reconnut les lieux. L’auberge qui se tenait sur la petite colline surplombant les environs ne pouvait pas être autre que celle « Des Glycines ». Un édifice qui ne comportait en réalité plus qu’un seul de ces arbres de l’autre côté, mais lequel avait à son compte plus de cent cinquante printemps, racontait-on, et il était agréable pour les itinérants voyageant que de s’y arrêter à l’ombre, par temps de grande chaleur.
    Ainsi se trouvait-il encore à plusieurs lieues de son château, qu’il n’atteindrait sûrement que la nuit tombée, et cela à une heure fort tardive. Et cela s’il avait été en pleine forme. Mieux valait qu’il y entrât afin de se reposer et de se sustenter. Pour le reste, il aviserait.

    Ce fut ainsi donc un homme à la vêture misérable qui entra dans le bâtiment, un homme que le temps et les derniers événements avaient rendu méconnaissable à l’heure qu’il était. Les cheveux dégoulinant, les vêtements troués par endroit, de légères blessures apparentes sous les déchirures, il était difficile que de le considérer comme le seigneur des terres qu’il était effectivement. Toutefois, une certaine assurance pouvait se lire sur son visage fatigué, comme si « abandonner », quoi que ce fût, ne lui était pas coutumier. Ignorant les regards, il alla s’assoir sur un tabouret, dans un recoin de la pièce. Le tavernier lui jeta un rapide coup d’œil, et sembla se demander s’il connaissait bel et bien cet homme, mais un client ayant le gosier sec vint rapidement lui faire perdre le fil de ses contemplations et de ses réflexions. Tant mieux, le jeune homme n’avait pas tant envie que cela que l’on vienne l’importuner, ès qualité d’héritier qu’il était. Se fondre dans la masse avait, de temps à autre, du bon, et il désirait respirer un peu et se sécher de lui-même. Il commanderait par la suite. Défaisait son fourreau de sa taille, puis retirant son arc, bien que gardant ces deux armes à portée de main par acquis de conscience, le jeune homme, pourtant d’apparence miteuse, promena un regard assuré dans la salle, un regard qui ne souffrait d’aucun rival, inspectant les lieux.

Erwan d'Ablaÿ

Erwan d'Ablaÿ


Humain

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Une once de noblesse et beaucoup de mascarade [Sunaï Hinara & Erwan d'Ablaÿ]. Empty
Une once de noblesse et beaucoup de mascarade [Sunaï Hinara & Erwan d'Ablaÿ]. Sand-g10Sam 13 Juil - 19:01
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- Voilà votre fausse attestation. Je compte sur vous.

Sunaï repensait au noble qui l’avait engagée. Et la jeune femme, sur le chemin, commençait sérieusement à se demander si elle n’avait pas fait une erreur en acceptant ce contrat. Ses rapports avec les nobles étaient peu probants, et elle évitait d’avoir affaire avec eux lorsqu’elle le pouvait. Mais malheureusement, ils restaient de ceux qui pouvaient offrir les meilleures récompenses, avec les bourgeois. Sunaï était donc amenée plus souvent qu’elle l’aurait voulu à accepter des contrats de riches entrepreneurs ou de nobles.
Cette fois-ci, on l’avait contactée pour une mission d’infiltration et de recueil d’informations. Sa cible était un certain Erwan d’Ablaÿ, un seigneur des Plaines Mystiques. Bien que son territoire était plus petit que celui de ses voisins, son accès au fleuve – et donc au commerce fluvial et à ses avantages –, faisait beaucoup de jaloux. Le nouvel employeur de Sunaï avait sollicité ses services pour se renseigner sur les habitudes de ce seigneur : sortait-il souvent de ses terres ? Si oui, combien de temps, et pendant quelle période ? Surveillait-il suffisamment son territoire ? Et autres broutilles. Néanmoins son but principal était de ramener les archives financières ainsi que la liste de tous les subordonnés importants du seigneur d’Ablaÿ. Ce qui impliquait de pénétrer dans son château.
Il était navrant pour Sunaï que des souverains aient encore le temps de guerroyer alors que le pays subissait déjà les conséquences de l’invasion d’Ailes Ténébreuses. Faux-semblants, manières, apparences… cela ne lui rappelait que trop son enfance en tant que noble. Mais la récompense offerte l’avait convaincue d’accepter – un artefact de communication avec celui ou celle qui possédait l’autre moitié, ce qui pouvait s’avérer fort utile.
Respirant une grande goulée d’air, Sunaï arrêta son cheval et jeta son regard sur les environs. La jeune femme était méconnaissable, et si son ami Arthadel l’avait vue, il n’aurait en aucun cas manqué de la charrier ! Il connaissait l’aversion que Sunaï dirigeait envers les nobles imbus d’eux-mêmes. Et la voilà qui était vêtue comme l’un deux ! Elle portait une chemisette blanche à la couture parfaite, un corsage beige encadrait sa taille de manière féminine, et ses mains, tenant les rênes de sa monture, étaient ornées de gants souples en cuir marron. Un pantalon sombre moulant adapté à la cavalerie enserrait ses jambes, qui se terminaient par de petite bottines elles aussi en cuir de marque. Pour couronner le tout, une riche cape de voyage à attaches d’argent lui tombait sur les épaules et le dos, tandis qu’une pince ouvragée relevait élégamment ses cheveux noirs. Le tout lui donnait une prestance impressionnante et l’on pouvait très facilement la prendre pour une réelle noble. Ce qu’elle était normalement, certes, mais elle avait abandonné cette vie depuis longtemps désormais, et cet accoutrement ne faisait que lui rappeler son enfance. Mais cela faisait partie de sa couverture.
Surplombant les terres depuis une colline, elle avait une belle vue des lieux. Elle pouvait voir au loin le château de ce d’Ablaÿ, dont elle revenait bredouille. Elle s’était présentée à sa demeure sous le nom des Hinara, se faisant passer pour sa sœur aînée pour avoir un entretien avec lui. Bien qu’elle n’ait pas revu sa sœur depuis sa fuite, les deux femmes s’étaient toujours ressemblées et on les confondait parfois, dans le temps. La jeune femme comptait donc user de cela si jamais elle venait à croiser quelqu’un qui connaissait réellement le physique sa sœur. Sa couverture ne serait que meilleure. Mais voilà. Elle s’était présentée au château pour rien. « Monseigneur d’Ablaÿ est sorti pour une partie de chasse aujourd’hui. Voulez-vous que nous le prévenions de votre visite une fois rentré ? ». Sunaï avait répondu avec toute la distinction dont elle pouvait faire preuve, leur informant que cela était inutile et qu’elle repasserait dans quelques temps. La famille Hinara n’avait bien évidemment pas prévenu les d’Ablaÿ de l’arrivée d’une des leurs, puisque tout était factice. Et Sunaï ne comptait pas éveiller de quelconques soupçons en insistant pour l’attendre à l’intérieur du château, bien que sa couverture puisse lui permettre d’exiger une telle demande.
Et la voilà donc sur son cheval, à quelques lieues du château, cherchant un toit pour la nuit à venir. Depuis sa colline, elle put remarquer une grande bâtisse construite sur une hauteur voisine. Elle se dirigea donc vers les lieux, supposant qu’il s’agissait là d’une auberge. Et si ce n’était pas le cas, elle trouverait bien quelques personnes pour lui indiquer où se trouvait un tel établissement.
La mercenaire mit une bonne demi-heure à atteindre l’endroit, laissant son cheval aller à son rythme. Enfin, lorsqu’elle fut arrivée, elle descendit de sa monture d’un geste et attacha celle-ci à la petite écurie laissée à cet effet. Sunaï entra dans la demeure, qui s’avérait bien être une auberge. Elle ignora les regards qu’elle attira à cause de son accoutrement de marque et demanda une chambre simple au patron des lieux. Sunaï se faisait passer pour noble, certes, mais elle ne comptait tout de même pas gaspiller tout son argent pour s’offrir le luxe d’une suite entière ! L’homme la reluqua quelques secondes avant de lui tendre la clé de sa chambre. La mercenaire le remercia d’un signe de tête et monta dans les étages. Lorsqu’elle fut dans sa chambre, elle poussa un long soupir de soulagement. Elle retira ses gants d’un geste et desserra son corsage, avant de retirer sa cape. Elle était beaucoup mieux comme cela !
Elle s’accorda quelques minutes de toilette, et, après avoir finalement retiré son corsage pour garder seulement sa chemise et avoir ainsi une allure beaucoup plus modeste, elle redescendit au rez-de-chaussée. Seule sa broche à cheveux ornée de pierres précieuses pouvait encore témoigner d’une certaine position – fausse, en l’occurrence –, mais elle oublia de la retirer. Les manches remontées jusqu’aux coudes, elle s’arrêta au bar pour commander de quoi boire. Le temps d’obtenir sa boisson, elle jeta un regard circulaire à la salle, toujours dans l’optique de sa mission. La taverne était majoritairement composée d’hommes. L’ambiance était calme à cette heure de la journée, et une petite musique douce était jouée par un pianiste dans un recoin de la salle. La jeune femme se demanda si quiconque pouvait connaître un tant soit peu ce fameux Erwan d’Ablaÿ ici. Il était seigneur de ces terres après tout. Alors, lorsqu’elle reçut sa chope, elle s’installa à une table de grands bavards – quatre hommes et une femme –, un air souriant sur le visage, se joignant à leur partie de carte. Elle commença à les questionner seulement lorsqu’elle fut sûre qu’ils avaient assez bu,  mais malheureusement, elle n’apprit pas grand-chose d’intéressant. Oh, certes ! D’après la femme assise à table, Erwan était grand, Erwan était beau, Erwan était fort, Erwan était un honorable seigneur du pays, Erwan était riche, Erwan était ci, Erwan était ça… Mais aucun d’entre eux ne l’avait jamais rencontré en personne, ce qui donnait peu de crédit à ce qui pouvait être dit.
Lorsque l’homme assis à côté d’elle commença à la séduire ouvertement après d’autres verres dans le nez, Sunaï les quitta, faisant mine d’aller se chercher un autre verre. Elle était déçue. Personne ne connaissait leur seigneur, ici. Ce n’était pas si étonnant, certes, mais cela ne l’aiderait en rien ! Un bel homme à belle allure, voilà tout ce que retenaient les gens à propos de leur souverain, ici ? Sunaï eut une exclamation de dépit.
Son regard fut alors attiré par l’entrée d’un homme, qu’elle observa depuis le bar. Si Erwan d’Ablaÿ avait soi-disant fière allure, celui-là avait tout pour effrayer les gens. Les habits déchirés, des blessures encore suintantes de sang, les cheveux blonds emmêlés et dégoulinants… On se demandait presque s’il ne venait pas de s’enfuir d’un cachot après avoir combattu vaillamment ses bourreaux. Même le tavernier lui jeta un long regard, avant de devoir s’intéresser à un autre client. La mercenaire l’observa discrètement quelques minutes, essayant de jauger si cet homme pourrait lui fournir ne serait-ce qu’un seul détail sur les habitudes des d’Ablaÿ. Finalement, elle se dit qu’elle n’avait rien à perdre.
Sunaï commanda une bouteille de vin au tavernier et se dirigea vers le coin de la pièce où le nouvel arrivant avait pris place. Elle tira un tabouret et s’installa à sa table sans demander son accord, tentant le tout pour le tout.

- Bien que je ne sache pas ce qui vous est arrivé, vous me semblez avoir besoin d’un petit remontant… supposa-t-elle avec un coup d’œil appuyé sur quelques-unes de ses coupures, tout en en posant la bouteille sur la table.

La mercenaire n’aimait pas le vin, ce n’était pour elle que de la piquette, mais c’était l’alcool le moins fort proposé ici. Et elle ne comptait pas réveiller la méfiance de l’inconnu, qui pourrait croire qu’elle voulait l’enivrer, si elle s’était amenée avec toute une carafe d’alcool presque pur.
Sunaï prit un air détaché pour continuer, jouant la petite touriste.

- Etes-vous de la région ? Je viens d’une contrée assez éloignée à vrai dire, et me suis installée récemment ici. Ces jeunes gens ne m’ont pas été d’une grande aide à vrai dire – elle engloba d’un geste de la main la salle où la majorité des convives étaient déjà quelque peu pompettes. Y a-t-il des endroits que vous me conseilleriez, des villages ou des commerces intéressants ?

La mercenaire avala une gorgée de vin pour la forme, cachant son dégoût pour la mixture avec une grande inspiration.

- Certains m’ont conté que les souverains de ces terres étaient honorables, d’autres que la région était mal gérée… Je ne sais que penser de tout cela, et cela est un peu malvenu de la part d’une nouvelle habitante des environs. Que pouvez-vous donc me dire de ces… d’Ablaÿ, ceux qui gouvernent ces terres ?

Voilà où la jeune femme voulait en venir. Elle pouvait paraître bien indiscrète et bien curieuse, voire sûrement louche. Elle-même se trouverait un peu trop bavarde. Mais on trouvait de tout en Terra, n’est-ce pas ? L’homme était peut-être habitué à cela.
Sunaï porta son verre à sa bouche une nouvelle fois, plongeant son regard dans celui de l’inconnu. Elle gardait une expression de franche curiosité et de franc intérêt. Elle espérait que l’homme ne se sentirait pas importuné, et qu’il accéderait à ses requêtes…  


[HRP : J'ai eu la flemme de me relire, en espérant qu'il n'y ait pas trop de fautes ! ^^" Tu peux prendre Sun pour une simple personne, utiliser sa couverture de riche, ect ect... Je lui ai laissé sa broche exprès dans les cheveux, dans le cas où tu préfères suivre le deuxième scénario Wink Libre à toi ! ^^]

Sunaï Hinara

Sunaï Hinara


Humain

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Une once de noblesse et beaucoup de mascarade [Sunaï Hinara & Erwan d'Ablaÿ]. Sand-g10Dim 14 Juil - 13:01
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    La chaleur ambiante de l’auberge lui avait redonné des couleurs, et la douce musique du piano, apaisé son cœur. Et par-dessus les douces mélodies produites par le plus noble des instruments, des ragots et des rumeurs qui couraient de tables en tables, contés par bon nombre de personnes différentes que le nouvel arrivant s’attarda à observer.
    Là, deux hommes et deux femmes, probablement pèlerins ou marchands itinérants de leurs états, faisaient gogaille, et leurs rires et plaisanteries se déversaient sur les autres tablées, couvrant de temps à autre les musiques du pianiste. Ici, une bourgeoise, ou ce qui s’en apparentait fortement, qui détaillait elle aussi les environs et les gens de l’édifice. Ledit pianiste qui, fort de son talent, s’afférait de son mieux sur son instrument n’étant pas véritablement accordé, ce qui s’avérait étrange pour la qualité du bâtiment. Et enfin, là-bas, trois aliborons ainsi que, très probablement, une appareilleuse prête à se faire amâtiner, et le petit quatuor n’allait très certainement pas tarder à monter à l’étage et salir les draps. Car, eu égard à la qualité de l’auberge, l’on était en droit de se dire que les étrangers s’arrêtant céans-même ne dormiraient point sur de vulgaires paillasses.

    Effectivement, Erwan connaissait la maison, et celle-ci paraissait faire florès. Loin des établissements malfamés que l’on pouvait rencontrer dans les venelles crasseuses des quartiers les plus pauvres des grandes villes, l’auberge possédait son lot de clients respectables. Avait-on jamais vu un pianiste jouer pour de la gueusaille ? Situé non loin du fleuve et d’un ponton sur lequel plusieurs embarcations pouvaient accoster, le bâtiment recueillait toute personne lassée de la routine des eaux-douces, et quiconque étant désireux de mettre pieds à terre s’y retrouvait le bienvenu. Ainsi, après que l’or eût quelque peu afflué au fond des caisses, l’endroit était dégagé, aéré, construit et consolidé de pierres et d’une belle charpente de bois de chêne. La cheminée dans laquelle couvait un feu chaleureux par temps hivernal demeurait bien ventilée, et jamais le plafond n’était-il encrassé d’une suie noirâtre et épaisse que l’on ne nettoyait jamais. Identiquement, les couverts aussi bien que les tables étaient soigneusement lavés, bien loin de ces bars au bois gluant de reste de sauce que les petits sillions naturels et non poncés rendaient difficile à assainir.
    Oui, assurément que, s’il n’y avait pas eu le quatuor, Erwan et sa misérable vêture eussent fait tache dans ce lieu pourtant ouvert à tous.

    Et oui, la touffeur des lieux, si elle lui avait redonné des couleurs, commençait également à le plonger dans une certaine léthargie, fatigue tributaire de la journée passée. Afin de s’activer quelque peu, le jeune homme sorti un quignon de pain, lequel avait été humidifié de part et d’autre par la pluie battante, ainsi qu’une simple pomme. Maigre pitance pour le seigneur qu’il était, mais jamais n’avait-il prévu que cette partie de chassa allait durer aussi longtemps dans ses finalités. Une chance, en vérité, qu’il eût déjà apporté cela avec lui. Et que le tavernier ne se tracasse pas ; il irait probablement lui payer une chambre par la suite ; il ne se sentait pas d’humeur, en fin de compte, à aller braver la nuit dans son état actuel.

    Le morceau de pain fut dur et à mastiquer, et à avaler, et la pomme parut soudainement bien savoureuse après ce premier aliment. Et toujours aussi anémique qu’il était, en vérité, il avait encore la tête à l’évent lorsque vint soudainement lui rendre visite une frisque jeune femme, celle-ci s’affourchant sur un tabouret en se mettant en face de lui. Sans prendre de gants, sans même lui demander son avis sur la question ; la voilà qui n’était pas blèche, et cela eut pour mérite que de le réveiller un tant soit peu. Et il s’agissait de cette même bourgeoise qu’il avait déjà aperçue tout à l’heure et qui semblait ne pas savoir quoi faire. Erwan eut dès lors tout l’occasion de mieux la décrire, et cela fut fait rapidement. Une bourgeoise parmi tant d’autres, qui s’imaginait peut-être et déjà pouvoir s’approcher de la vie que vivaient les nobles. Cheveux noirs et yeux noisette, peau blême et expression sérieuse, la demoiselle, si elle se détachait du lot de tous ces traînes-misères qui peuplaient les hameaux, n’en restait pas pour le moins banale une fois située dans un contexte mondain. Et pas d’arme apparentes ; que des vêtements de bonne qualité.

    Il ne la déprécia pas pour autant, se contenant toutefois de juste lever poliment le regard à son arrivée, se demandant les raisons de son attablement. Et elle semblait vouloir faire bonne impression, amenant avec elle de quoi se désaltérer en la présence d’un pichet rempli de vin. Et là commença le soliloque. Une curieuse histoire de visite et de seigneur, de terres et de questions qui portaient sur lui-même et sa famille. L’inconnue avait donc ainsi été jusqu’à interroger cette assemblée de personnes qui se trouvait autour d’eux afin d’obtenir les informations qu’elle recherchait, informations qu’elle n’avait pas été en mesure de récupérer, d’après ses dires. Que cela pouvait-il bien lui faire ?

    Erwan, affalé contre le mur et une jambe croisé sur le genou opposé, cagnardait allégrement, bien qu’écoutant poliment tandis qu’elle ne cessait pas son jaspinage. La pomme avait décidément bon goût, somme toute assez sucrée et juteuse. Rafraichissante. Le vin, lui, en revanche, était infect ; un chasse-cousin âpre au palais et qui devait non pas découler de jus de raison mais bien de vinaigre qui avait déjà dû, lui aussi, tourner. Drôle de caillette que celle-ci qui avait assez d’argent pour se parer de sade vêtement mais qui ne lui apportait, pour faire connaissance, que l’un de ces vins si écœurant que l’on s’en rendait soudainement discret, ne souhaitant pas avouer à son vis-à-vis que le cadeau s’avérait fort mauvais. Soudainement, l’envie de bégauder le prit.

    «C’sympa d’vot’ part. », lâcha-t-il platement en croquant allégrement dans la pomme après qu’elle lui eût servi de cette pisse-d’âne. Oui, quitte à ne pas vouloir se faire reconnaître comme le sang-bleu qu’il était, quitte à se faire passer pour un affreux jobard misérablement vêtu, autant aller jusqu’au bout, adoptant un comportement qu’il n’aurait jamais suivi habituellement.

    « Ouais, j’chui d’la région, ou, tout du moins, de ses alentours. Et ouais, m’étonne pas qu’aucun de ces zigotos là soient en mesure d’vous répondre, m’Dame. Pas un qui soit capable de tenir une épée pour foutre une branlée au premier danger qui pointe l’bout d’son cul. Sauf vot’ respect, m’Dame. »

    Voix devenue étrangement rugueuse et sèche, calleuse, même, s’il en était, tandis que le tout était entrecoupé de mâchonnements et de bruits de dents tranchant la pomme dont il ne restait plus que le trognon. Toujours affalé nonchalamment, Erwan prit le reste de la pomme dans sa main et, vérifiant que le tavernier ne le regardait pas, balança le trognon à travers la salle, visant un panier de pain qui se trouvait sur un table, au loin.

    «Allez, va t’faire foutre, putain d’pomme ! bougonna-t-il en prenant la nouvelle-venue à témoin après qu’il eût loupé ledit panier. Jamais été cap’ de la foutre là où j’voulais. J’parle du trognon. Bha, ça s’ra l’aut’ pince-serre qui ira la ramasser », termina-t-il en désignant l’aubergiste.

    Elle l’avait regardé dans les yeux, droitement, directement, tout en insistant bien sur les Ablaÿ, et donc, ainsi, lui-même. Voilà qui avait revigoré l’intérêt qu’il lui portait. Passant de la nonchalance à une expression bien plus intéressée, le jeune homme se redressa, allant jusqu’à poser des coudes sur la table, s’y appuyant sans scrupule, tout penché en direction de la jeune femme qu’il était. Et il lui rendit son regard, franc, direct, qui ne craignait pas ceux qui lui était supérieur dans sa condition d’homme du peuple, et un tant soit peu amusé.

    «Qu’eq’vous z’y voulez, au p’tit seigneur ? J’travaille pour lui, là, comme d’jà fait dans l’passé. ‘Lui arrive toujours des misères, à c’brave garçon. Là, c’était des p’tits bouffons qui avaient volé son’épée qu’y’était directement sortie d’chez l’forgeron. Enfin, p’tits. Z’étais pas si p’tit qu’ça, et trois, surtout, grommela-t-il en montrant ses blessures et ses vêtements déchirées, puis en exhibant d’un large geste qui avait tout du bourrin pur et dur, sans aucune finesse, l’épée sur laquelle les initiales A&B étaient gravées. Y savaient pas trop s’battre, just’ l’avantage du nombre, et j’leur ai défoncé la gueule, point barre. Maintenant, va falloir q’j’aille lui rendre une p’tit visite, au seigneureau, pour lui rendre son bien, et obtenir, moi, une tchiote récompense. J’frai ça d’main, pour sûr, vu l’temps qui fait, la nuit, et pis mon état.

    Et que dire sur lui, alors… Bha… C’est l’héritier direct des Ablaÿ, et y gère tout quand y’est là. Ça lui arrive aussi d’aller baguenauder par-ci par-là pour aller courir la donzelle ou voir du pays, bouger un peu son cul d’son château… J’le comprends, r’marque, ça doit être bien chiant, sans quoi ! Et tout ça n’plait pas trop à papa qui dirige quand y est pas là, pour sûr, vu qu’y’a pas d’frère ou d’sœur pour prendre le relais si y v’nait à trépasser, mais ça.. Y s’en fout, le p’tit ! Héhé, ça, c’lui-là qui veut lui dicter sa conduite à prendre, y’est pas encore né ma p’tite Dame. Intrépide qui l’est, le gars, et une vraie tête de mule quand y s’y met. Pas forcément un caractère non plus facile à gérer, mais bon. Faut savoir s’y prendre avec lui, stoo.
    »

    Nouvelle gorgée de ce vin infect qui lui pourrissait le gosier. La jeune femme en face ne semblait pas véritablement l’apprécier non plus, eu égard à la petite grimace qu’elle affichait et qui déformait, de temps à autre, son minois de bourgeoise. Que dire de plus sur lui-même ? Cela l’amusait bien, et il se prêtait décemment à ce jeu improvisé. Il se pencha davantage encore vers l’avant après avoir regardé prudemment autour de lui, mystérieux.

    «’Paraît aussi que l’gars s’est rangé du côté d’Aile Ténébreuse, chuchota-t-il, pour éviter qu’ses gens aient à trop souffrir de la guerre. Et j’vais vous l’dire : il a un putain d’ego, en fin d’compte, et ça a bien dû lui en coûter, d’faire ça, que d’se rabaisser d’la sorte. Ouais, y peut être dur à vivre avec les hommes et charmant avec les damoiselles, mais il a un bon fond, j’crois, même s’y s’en défendrait bien. »

    Tout autant de chose qu’une étrangère ignorait assurément, mais qu’elle eût pu trouver sans trop de mal pour peu qu’elle creusât un peu. Il s’était donc déboutonné sans trop le faire, ayant été jusqu’à raconter des faits nouveaux pour la gueusaille, mais que tous, dans des sphères un peu plus hautes, connaissaient, bien que les racontant à voix basse.

    « Vlà pour moi, simple mercenaire de mon état s’y j’en suis. Et vlà aussi pour l’seigneur. Et vous, alors, qui posez toutes ces questions ? Vous dites qu’vous êtes installée dans les environs, vers où ? J’connais toute la région. Pis comment vous z’êtes sapée, p’tite bourgeoise, non ? Affaire, commerce, ou vous avez fait un truc qui fallait par faire par chez vous et êtes venue demandé la protection d’notre bon seigneur ? »

    Erwan se repositionna comme il était auparavant, prenant allégrement ses aises de mercenaire dont dans l’étiquette n’était assurément pas le fort, mais qui pouvait s’avérer sympathique et franc, quoiqu’un peu bourru. Beaucoup, même, pour la petite bourgeoise à la vêture assez fine qu’elle était, mais il doutait qu’elle s’en offusquât. Après tout, elle était venue de son plein gré à sa tablée.
    Jambe croisée sur le genou, affalé contre le mur, il repoussa son verre sur la table dans une mimique dégoûtée.

    «Ah, et c’pas pour dire, et désolé pour ça, mais vot’ vin, en fait, y ‘est pas génial. Mais c’est l’intention qui compte, comme on dit dans l’jargon. »


Erwan d'Ablaÿ

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Une once de noblesse et beaucoup de mascarade [Sunaï Hinara & Erwan d'Ablaÿ]. Sand-g10Ven 19 Juil - 15:42
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Sunaï écouta calmement l’homme qui lui faisait face, bien qu’un peu surprise par sa façon de parler. Au premier abord,  lorsqu’il avait ouvert la bouche, elle avait cru qu’il ne serait qu’un homme trivial voire vulgaire qui ne lui apporterait rien que des ragots futiles. Mais il fut bien plus intéressant que les quatre autres personnes avec qui elle s’était attablée une heure plus tôt, et qui n’avaient rien pu lui dire de concret sur ce noble – si ce n’est qu’il était à tomber par terre. Et cet homme était un mercenaire du seigneur, qui plus est ? Si les Ablaÿ prenaient régulièrement des hommes de main pour leurs besognes, Sunaï gagnerait peut-être mieux à se présenter à eux en tant que mercenaire, ce qu’elle était vraiment, après tout. Sa supercherie de noble n’avait été préparée que pour pouvoir pénétrer dans le château sans avoir peur de se faire surprendre, et si elle réussissait à se faire inviter ne serait-ce que pour une nuit, il serait plus simple pour elle d’avoir accès aux documents qu’elle cherchait.
Lorsque l’homme eût fini son discours, Sunaï ne put empêcher un petit sourire face à sa dernière remarque. Elle s’installa mieux sur son tabouret et reposa son verre de vin.

- Vous avez des goûts de luxe pour un simple mercenaire, à ce que je vois ! répondit-elle avec bonne humeur et taquinerie. Ce vin est pourtant ce qui se boit le plus dans les tavernes… Mais je dois avouer qu’il n’est pas à mon goût non plus.

Sur ces paroles, elle fit signe au tavernier de venir à leur table. Celui-ci posa d’un air las son chiffon avec lequel il essuyait ses verres sur son épaule, avant de se déplacer vers eux. Sunaï lui demanda une boisson d’une meilleure qualité, et se reconcentra sur l’homme en face d’elle lorsqu’il fut parti.

- Vous ne devriez pas montrer ça à n’importe qui ni n’importe où, ajouta-t-elle d’un ton plus sérieux, avec un coup de tête en direction de l’épée ouvragée qui était, selon ses dires, la propriété du seigneur Ablaÿ. Sunaï, en tant qu’épéiste, savait reconnaître une lame de qualité et celle-ci était assurément de bonne facture. Vous risquez d’avoir de mauvaises surprises, les oreilles traînent et les langues se délient dans les auberges… Et votre seigneur risque de ne pas apprécier qu’on lui vole son bien…

Sunaï haussa les épaules d’un air désinvolte, lui signifiant qu’il faisait ce qu’il voulait néanmoins. Il ne le savait certes pas, mais Sunaï avait un passé de voleuse, et voir des personnes peu prudentes lui rappelait les temps où elle guettait ce genre d’opportunités. Mais là n’était pas la question.

- En tout cas, il m’a l’air d’avoir la tête sur les épaules, votre seigneur. Vous paraissez bien le connaître, vous travaillez pour lui depuis longtemps ? Et je crois qu’il est plutôt compréhensible qu’il délaisse de temps en temps son château pour voir du pays. Il faut de toute façon sortir de sa cage dorée de temps en temps pour pouvoir gouverner son peuple correctement et connaître les attentes de ses sujets. Il serait sûrement intéressant de le rencontrer.

A vrai dire, Sunaï s’était un peu retrouvée dans la description de l’héritier des Ablaÿ, même si dans son cas, son aversion pour sa vie et pour les gens qui voulaient lui dicter sa conduite l’avait amenée à partir purement et simplement.

- Quant à moi… Oui, je suis ici pour affaires, pour quelques temps. Changer de région et de clientèle ne fait jamais de mal. Et je ne suis pas très loin du fleuve.

Elle ne donna pas plus de détails, restant évasive, ne voulant pas se piéger elle-même. Cet homme connaissait mieux la région qu’elle, après tout.
Un grand éclat de rire parcourut la salle, et la mercenaire observa quelques instants le quatuor, de plus en plus bruyant. Visiblement, l’un des hommes venait de gagner leur partie de cartes et il charriait ses collègues allégrement. Après plusieurs autres rires et coups amicaux, ils prirent congé, se rattrapant les uns les autres pour sortir, tout l’alcool ingurgité les faisant tituber. Lorsqu’ils furent sortis, la salle devint beaucoup plus calme et l’ambiance retomba un peu. C’est à cet instant que le tavernier remontra le bout de son nez. Il s’approcha de leur table et posa deux verres propres ainsi qu’un pichet rempli de leur nouvelle boisson.

- Voilà ce que vous aviez demandé, mademoiselle Hinar…

Sunaï le coupa d’un rapide « merci bien » avec un sourire figé et attrapa son verre. L’homme s’éloigna avec un signe de tête qu’elle ignora. Elle regrettait d’avoir utilisé son vrai nom. Pas que cela la gênait, elle n’avait pas de réticence particulière en temps normal, mais dans ce cas précis, elle voulait éviter de se faire remarquer. Surtout qu’elle ne connaissait pas les relations qu’entretenaient les Ablaÿ avec sa famille. S’ils connaissaient bien les Hinara, même si c’étaient des nobles qui vivaient dans des terres assez éloignées, sa couverture risquait d’en prendre un grade.
La mercenaire regarda à nouveau l’inconnu dans les yeux, ignorant s’il avait noté quoi que ce soit. Elle fit comme si de rien n’était.

- A vrai dire, je serais curieuse de rencontrer votre supérieur. Cela vous dérangerait-il que je vous accompagne lui ramener son arme ? J’ai un cheval, si jamais…

Elle poussa le pichet de leur nouveau breuvage vers lui, l’invitant à se servir tout en patientant pour une réponse. Bizarrement, elle avait l’intuition que cette rencontre ne pourrait lui apporter que des avantages.

Sunaï Hinara

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Une once de noblesse et beaucoup de mascarade [Sunaï Hinara & Erwan d'Ablaÿ]. Sand-g10Dim 21 Juil - 0:59
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    « Ouais, p’tête bien dans les aut’ auberges, mais pas ici, ma p’tite dame, pour sûr ! C’est qu’ici, les clients, c’est souvent du gratin, et j’peux vous dire, pour avoir souvent été choper les fonds d’carafes d’tous ces bourgeois, sauf vot’ respect, m’Dame, qui savent pas quoi fout’ d’leur argent et qui laissent tout, qu’y en a du bien meilleurs ! Pis, après ça… Ben ouais, c’est p’ête bien possible qu’jai des d’goûts luxe, eh ! » sourit un Erwan qui bégaudait allégrement, se faisant passer pour un rustaud qu’il n’était pas. C’était à se demander, également, lequel des deux l’avait, ce goût du luxe ; la jeune femme, comme si elle voyait là un moyen de se racheter pour avoir commandé un mauvais cru, alla s’enquérir du tavernier afin qu’il leur en apportât un autre. Erwan haussa un sourcil interrogateur, sans rien dire pour autant. Il n’était qu’un simple mercenaire, dénudé de tout urbanisme ; si la jeune femme voulait un nouveau cru, cherchant peut-être à se rattraper du précédent, grand bien à elle, mais il n’allait certainement pas y jeter son frusquin. Et l’épée, alors ?

    «L’épée, j’men charge, et que l’premier qui tente de la r’piquer, j’lui inflige une dérouillée dont y s’rappellera. C’pas parce que j’ai piètre allure, là, que j’chui incapable de m’défendre. ‘Vous vous y essayer ? Eh, l’habit n’fait pas l’moine ! » éclata-t-il de rire pour une raison inconnue de la jeune femme, après avoir utilisé ce proverbe délusoire, et l’on put lire une vive lueur d’amusement luire au fond de ses yeux cérulés. Mais cette petite lueur matoise disparut bien rapidement, soudainement remplacée par une autre, intéressée. Elle était noble, la damoiselle, une bourgeoise lancée dans les affaires, semblait-il, mais, plus que cela, elle comprenait tout à fait le fait qu’un autre noble pouvait effectivement voyager de temps à autre et aller à la rencontre de son peuple, cela fin de savoir ce qui était le mieux pour ce dernier. Il la regarda plus longuement, sans rien dire ; combien d’autres personnes pouvaient-elles se targuer de ce genre d’attitude ?  D’ordinaire, ce genre de bourgeois préférait, et de loin, castelliser, continuer leur existence de cocagne bien paisiblement, et l’opulence tout autant que leur richesse les plaçaient bien à l’abri de ce besoin que quémandait leur peuple. Intéressant que de le rencontrer ? Si tu savais.
    C’était qu’il eût bien aimé en savoir davantage, à présent. Si elle avait obtenu sa curiosité, là, elle venait d’éveiller son intérêt, mais la bourgeoise refusa de se déboutonner.

    «Vous d’mandez plein trucs, et j’vous en livre pas mal, mais v’zêtes pas très loquace sur vous-même, hein ? » maugréa-t-il, déçu.
    Voilà qui apposa un petit silence entre le mercenaire et la jeune femme, silence qui ne tarda pas à être brisé par le quatuor, lequel, après avoir bien riboté, décida de quitter la taverne dans des éclats de rire tonitruants. Si le silence était mort, il ne ressuscita que de façon plus violente encore, s’imposant encore plus brutalement qu’il ne l’avait fait auparavant. Et le tavernier revint avec la commande passée par la bourgeoise, laquelle lui coupa foncièrement la parole alors même qu’il lui tendait son bien en la nommant par son nom. Et Erwan réalisa qu’il n’avait pas su, jusqu’alors, son nom, tout comme elle ne connaissait actuellement pas le sien. Mais cela n’était pas tant important que le pressentiment qu’il eut soudainement, comme si quelque chose lui échappait. Un sentiment qu’il détestait, assurément, pour ne pas dire exécrait. Ne voulait-elle vraiment ne pas en dire davantage à son sujet ?  

    Sous ses allures de pauvre mercenaire sans-le-sou, Erwan ne voulait aucunement payer la boisson, ce qui ne l’empêcha pas, toutefois,  de s’emparer de la carafe que lui tendait sa vis-à-vis. Se versant un verre, il la considéra en retour, tandis qu’elle le regardait franchement.
    « Aller voir l’seigneur, hein ? Encore une fois, j’vous d’mendrais bien pourquoi, mais j’vous répondrez rien du tout… C’est qu’faudra être plus convaincante que ça quand vous s’rez en face de lui, avec une bonne raison ! Moi, j’ai l’épée, ‘voyez, et puis, pour répondre à vot’ précédente question, j’travaille de temps à autre pour lui, quand l’besoin s’en faire r’sentir. Y fait clamer une annonce, si ça m’intéresse, j’la fait. Mais j’lai d’jà rencontré, ouais. Plusieurs fois, et c’pour ça qu’jle connais comme j’vous en ai parlé. » Il s’arrêta quelques instant pour prendre une gorgée du liquide carmin, lequel s’avéra être bien meilleur que le précédent.

    «Ouais, d’jà mieux, c’lui-là, lança-t-il in poculis en hochant de la tête en signe d’appréciation. Bha, faites comme vous voulez, hein. Pis un peu d’compagnie ne fait jamais d’mal. Par contre, j’ai prévu d’faire la visite demain, v‘voyez. Même pour son épée, pas trop envie que d’le réveiller en pleine lui, l’Erwan. L’a son caractère. Et puis faut que j’me repose, suis claqué, mine de rien. Même si j’pourrai toujours vous mettre vot’ dérouillée si vous tentez d’prendre l’arme, comme prév’nu. »

    Il fit nonchalamment craquer son dos avant de s’affaler à nouveau, mais la porte de l’auberge qui s’ouvrit brutalement lui fit porter la main à l’épée. Trois hommes armés entrèrent dans salle, l’air déterminé, cherchant quelque chose, et leurs regards farfouillèrent la pièce de fond en comble. Erwan tourna aussitôt la tête dans l’autre sens, feignant de ne pas les avoir remarqués. Mais c’était trop tard.

    « Erwan ? Erwan ?! Mais bon sang de…. Cela doit bien faire trois heures que la totalité de tes gardes est en train d’arpenter et de ratisser la forêt dans le but de te retrouver, après que tu eus disparu suite à la partie de chasse !, s’exclama Gossuin, son second, et probablement celui qui était le plus à même de l’identifier. Tout le monde s’inquiète depuis que l’on a retrouvé le cadavre de ta monture, à moitié dévorée ! Mais imagines-tu seulement un peu notre état ?! »


Erwan d'Ablaÿ

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Une once de noblesse et beaucoup de mascarade [Sunaï Hinara & Erwan d'Ablaÿ]. Sand-g10Mer 31 Juil - 2:32
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Sunaï haussa légèrement un sourcil sans relever lorsque le mercenaire souligna plusieurs fois qu’il pourrait s’en prendre à elle si jamais elle tentait de prendre l’épée. Sérieusement, pensait-il qu’elle l’aurait abordé de façon si directe si elle en avait voulu après son arme ? Avait-elle vraiment l’allure de quelqu’un devant s’abaisser à du vol, avec ses vêtements de marque ? Certes, l’habit ne faisait pas le moine, comme il l’avait si bien dit… Mais tout de même. Néanmoins, il était réaliste et pas le genre d’homme à se faire avoir si facilement. S’il n’avait pas eu cette si mauvaise façon de parler, il aurait pu être quelqu’un avec qui Sunaï apprécierait de converser.
Une phrase de l’homme l’amusa néanmoins, et c’est avec un léger sourire qu’elle lança, se penchant par-dessus son verre :

- Il me faut donc une bonne raison pour rencontrer le seigneur ! Je le pensais ouvert, vagabondant ici et là parmi le peuple quand il le souhaitait ? Refuse-t-il donc de rencontrer même les commerçants qui font tourner sa région ?

Elle avait dit cela avec un ton prétentieux mais peu sérieux, taquinant plus qu’autre chose l’homme et son apparent dévouement pour son supérieur. Elle allait continuer la conversation lorsque trois hommes armés pénétrèrent brusquement dans l’auberge. Ils avaient une allure assez menaçante, mais Sunaï avait un poignard soigneusement caché dans sa botte, si jamais.
Cela aurait pu être de simples gardes qui recherchaient un fugitif, mais leur allure et leur accoutrement témoignaient d’une certaine situation au sein de la brigade de la région, notamment celui qui se trouvait au centre. Celui-ci s’adressa directement au mercenaire – qui, étrangement, avec détourné son visage – en face de Sunaï avec des yeux écarquillés, après l’avoir reconnu, semble-t-il.

Diantre. Sunaï s’était figée, les paroles de l’homme prenant sens petit à petit dans son cerveau, comme si celui-ci ne pouvait pas accepter cette nouvelle information. Erwan ? Partie de chasse ? … Ne lui avait-on pas dit le matin même que cet Erwan d’Ablaÿ n’était pas disponible pour l’accueillir au château, à cause de la chasse ?
Sunaï ne fut pas la seule à réagir à ces paroles. Un silence de mort régna soudain dans la salle. Le tavernier avait la bouche ouverte, la main encore figée dans un geste pour verser de l’alcool dans un verre. Le pianiste avait subitement arrêté sa mélodie. Quant au reste de l’assemblée, toute avait désormais le regard tourné vers leur table. Les murmures se firent soudain pressants. « Attends, Erwan, le Erwan ? », « Nom de Dieu, le d’Ablaÿ aux Glycines ! ». Emportées par l’enivrement dans lequel était la majorité des personnes ici présentes, on assista alors à une effusion de courbettes, de propos pompeux, de marques de courtoisies et autres comportements futiles à l’égard de l’héritier. Drôle de situation que de voir quelqu’un saluer un homme presque noir de boue et de sang séché. L’on entendit même à travers la salle quelqu’un qui se plaignit soudain d’un handicap qu’il n’avait pas quelques instants plus tôt, quémandant pitié et soutien pour lui et sa famille.
Les trois gardes intimèrent le retour à l’ordre mais leurs cris furent presque inaudibles. Ils entreprirent de calmer les clients, empêchant qui que ce soit de trop ivre de s’approcher de leur seigneur. Le garde qui avait parlé un peu plus tôt ne manquait néanmoins pas de lancer un regard peu amène à Erwan, lui reprochant sûrement de le mettre dans une telle situation.
Sunaï quant à elle, ignora le tumulte qui régnait et regarda le « mercenaire » dans les yeux, des émotions contradictoires s’affrontant en elle. Elle oscillait entre amertume et rancune pour avoir été dupée de la sorte, et curiosité envers ce noble qui s’abaissait à prendre l’apparence d’un cul-terreux. Assurément pas le genre de noble qu’elle avait eu l’habitude de croiser. Elle croisa les bras sur sa poitrine, plissant légèrement les yeux. Elle n’aimait pas trop qu’on se paye sa tête, à vrai dire.

- Vous vous êtes bien amusé, n’est-ce pas ? Vous avez l’habitude de jouer la comédie ou suis-je une heureuse privilégiée ? lança-t-elle d’un air ironique.

Loin d’elle toute formalité : la mercenaire ne courbait jamais le dos, qu’elle ait un grand seigneur ou duc du comté devant elle. Sunaï repensa à ses précédents propos, cette façon qu’il avait eu de se décrire lui-même. Après quelques secondes, elle quitta son air revêche.

- Je ne sais pas comment vous auriez pu tenir la supercherie s’il avait fallu que le pauvre mercenaire sans sous m’amène voir le seigneur… Elle eut un geste las de la main. Mais passons. Moi non plus je n’ai pas été très sincère jusque-là. Si ce n’est que, comme vous l’avez entendu, je voulais vous voir. Alors puisque vous êtes là, je vais être directe.

Bien que la situation lui avait parue mauvaise au premier abord, ce n’était peut-être pas si mal que ça. Tout ce qu’elle voulait, c’était obtenir une entrevue privée au sein de son domicile. Si jamais il accédait à sa requête et la conduisait à son château pour la fin de la soirée, voire qu’il lui accordait le droit de loger là-bas pour la nuit, elle ne devrait pas avoir de problèmes pour le bon déroulement de sa mission.
Sunaï sortit de sa poche un petit parchemin de marque, qu’elle déplia et posa sur la table. Elle le fit glisser jusque sous les yeux d’Erwan pour qu’il puisse lire son contenu. Rien que des convenances qui attestaient de sa – fausse – identité, celle de sa sœur Selma en l’occurrence. Elle n’allait évidemment pas se présenter en tant qu’elle-même, étant officiellement portée disparue – bien que les rumeurs de sa fugue avaient dû s’ébruiter au sein des sangs bleu. C’était une missive portant le cachet officiel des Hinara, que son employeur avait pu lui fournir grâce à ses relations bien placées. Refuserait-il donc une demande de la part d’une noble du pays de Terre ?

- J’ai une demande à faire au nom de ma famille. Mais il est bien évident que nous ne sommes pas dans un lieu… adéquat pour cela. Elle agrémenta ses paroles d’un geste envers la salle bondée : les clients, les gardes et les serveurs. Monseigneur aurait-il donc l’obligeance de m’inviter dans sa demeure ?

Elle avait utilisé un ton pompeux pour sa dernière phrase, imitant les serviteurs de façon sarcastique. Comportement peu seyant à une noble, mais sa précédente conversation avec celui qu’elle avait pris pour un mercenaire rendrait encore plus étrange une attitude soudainement ampoulée. Et puis, après tout, les nobles n’étaient jamais très enclins à se comporter comme des sous-fifres envers d’autres nobles.
La jeune femme observa alors Erwan plus en détails, ignorant les gardes qui semblaient s’impatienter. Comment avait dit la femme, déjà ? Ah oui. Erwan était beau, Erwan était fort, Erwan était élégant.

- Ah, une dernière chose… Vous devriez penser à vous laver un peu avant de rentrer. Comment dire… Vous êtes en train de briser toute une réputation, ajouta-t-elle sans se départir de son outrecuidance et de son malice.

Sunaï Hinara

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Une once de noblesse et beaucoup de mascarade [Sunaï Hinara & Erwan d'Ablaÿ]. Sand-g10Mer 31 Juil - 15:09
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    Sacré Gossuin. Si Erwan ne savait pas véritablement lui-même ce qu’il cherchait à faire ou à prouver en se faisant passer de la sorte pour un mercenaire, ce dont il était certain, en revanche, c’était que toute cette petite mascarade l’amusait allégrement. Devenir un simple truand qu’il n’avait jamais été, adopter ce langage châtié et désinvolte qui ne faisait aucune distinction entre la noblesse ou le bas-peuple, voilà qui était à la fois nouveau et divertissant. Et il semblait même que le rôle lui collait bien à la peau, la jeune femme ne se doutant de rien. Mais comment eût-elle pu seulement savoir, elle qui ne l’avait jamais vu ? Et comment devait-il prendre le fait que l’on pût ainsi si facilement le confondre avec l’un de ces banals traine-misères qui baguenaudaient dans les caniveaux des venelles ?  Là n’était pas la question, en vérité, et le jeune homme aurait bien souhaité poursuivre cette petite comédie un peu plus longtemps, voir jusqu’où ses soudains talents de comédien pouvaient le mener dans l’entourloupe. Mais cela était sans compter son second et conseiller.

    Rabat-joie, va. Alors que l’exclamation outrée de Gossuin s’étiolait dans les airs, il en fut de même pour les conversations qui comblaient le silence du bâtiment. L’on se tut, l’on tourna la tête, découvrant un étrange duo composé d’une jeune femme bien habillée et d’un rustre qui l’était beaucoup moins que venaient entourer trois hommes qui ne savaient, eux non plus, comment réagir. Même le pianiste y mit du sien, et, voulant ostensiblement faire étalage de sa surprise, ponctua son morceau de plusieurs notes biaisées ; canards d’un demi-ton trop haut qui s’avérèrent, somme toute, tout à fait détestables à l’oreille.
    Le monde s’était figé l’espace de quelques instants, que pour reprendre, soudainement, dans un tohu-bohu peut-être pire encore que celui qui avait opéré avant l’annonce du soldat. Les rumeurs allaient de bon train au sein des petits groupes qui composaient l’auberge, et chacun venait y rajouter son petit grain de sel et son petit commentaire. L’on se pâmait, s’extasiait, s’étonnait et conversait dans des murmures tels que, si ceux-ci avaient été clamés hauts et forts, à haute voix, cela n’aurait fait aucune distinction quant à leur compréhension. Et ça cherchait de la reconnaissance, et ça s’inclinait, le tout dans une effervescence renouvelée aussi bien par la boisson que par la nouvelle inopinée.

    Mais peu en chalait à Erwan, lequel se contentait de regarder fixement sa vis-à-vis. Il aurait pu éclater de rire, se mortifier de honte, se justifier ou se tourner vers cette gueusaille qui n’en revenait pas, mais cela n’était pas dans les intentions premières de l’héritier. Non, il voulait observer, contempler la réaction de celle qu’il avait trompée, sans méchanceté aucune. Et le silence entre les deux inconnus s’était fait si pesant, alors, qu’il n’avait pas d’autre choix que d’être brisé tôt ou tard par l’un des deux protagonistes. La jeune bourgeoise s’était figée, pour le moment, mais bientôt viendrait le moment où elle exigerait des explications. Car, eu égard au nombre remarquable de questions qu’elle avait posées sur lui-même, il ne pouvait pas en être autrement ; sa curiosité devait être satisfaite. Et cela ne manqua pas.

    Après ce petit duel de regards échangés, ce fut une petite moue irritée qui se peignit sur son visage alors qu’elle croisait résolument les bras, relevant quelque peu le menton pour conserver sa fierté.
    Oui, quelque peu agacée et sarcastique, voilà comment elle se présentait tout à coup au-travers de ses paroles, lesquelles firent naître un petit sourire aux coins des lèvres du jeune homme qui n’en prenait point ombrage. Sa réaction était naturelle, et il eût sûrement agit de façon bien plus virulente si l’on avait daigné le tromper de la sorte. Alors qu’elle continuait dans sa diatribe, le regard neutre du mercenaire qui n’en était pas un se mua pour un autre, bien plus étincelant, captivant, et amusé. La jeune femme ne l’était pas véritablement, Gossuin tout autant, et, pour preuve, celui-ci lui lança un regard critique à son seigneur, lequel lui répondit par un petit clin d’œil madré. Amuse-toi donc avec la populace ; tu n’es pas autre, après tout, que le géniteur de son excitation.

    Erwan se redressa alors sur son céans, adoptant brusquement un statut bien plus altier, bien plus digne que la position affalée du mercenaire qu’il avait incarné. Et sa voix, ou, tout du moins, son ton et son élocution, changèrent également. De la voix cassée, éraillée et vulgaire qu’il avait adoptée n’en demeurait-il plus rien, remplacée à présent par un ton chaleureux, franc et courtois.

    «Je n’ai aucune honte à vous l’avouer ; je me suis effectivement bien amusé. Mais n’y voyez point de malice de ma part, simplement la maigre tentative d’un pauvre homme rafalé sur qui la nature a déversé toute sa haine et qui tente de se soustraire à sa condition malvenue, bien qu’éphémère. Une jolie jeune femme de bonne famille se présente soudainement à moi, gente en habits et sade en façons, lorsque je ne suis que vêtu de sang, de terre séchée et de quelques vêtements à la tissure déchirée. Et il eût fallu que je me désigne comme le seigneur des lieux, me couvrant, ainsi, moi et ma famille, de honte et d’opprobre ?Et encore, pour cela eût-il fallu que vous me crussiez ! Non, je n’en avais pas la moindre chance, pensais-je, aussi me suis-je fait passer pour ce mercenaire que voilà.
    Quant à savoir comment faire pour vous présenter audit seigneur… Je ne le sais pas moi-même
    », sourit-il.

    Mais cela avait-il au moins le mérite de lever le voile sur la présence de la jeune femme céans-même et de toutes ses interrogations ; d’un ton net et précis, elle lui annonça les raisons de ses disquisitions tout autant que sa véritable appartenance.
    Erwan s’empara de la missive qu’elle lui tendit avant de la lire.

    «Selma Hinara… ? Je vois qui sont les gens composant votre famille ainsi que la petite histoire qui tourne autour… Il contempla les environs, cherchant quelque chose de son regard cérulé. Et pas le moindre garde, pas la moindre escorte pour accompagner le joli brin de sang-bleu que vous êtes sur ces routes qui, ma foi, en temps de guerre, sont si dangereuses ? Le regard réprobateur, mais davantage à l’encontre de sa famille que concernant Selma elle-même, Erwan lui rendit le parchemin. Eh bien je ne m’étonne aucunement de la disparition de votre cadette s’il est à l’usance de votre parentèle que de vous emmener çà et là sans protection, même si je le regrette assurément, et vous m’en voyez désolé. Non pas, non plus, que je doute de votre capacité à savoir vous défendre, mais, les choses étant ce qu’elles sont, même le meilleur des guerriers ne peut rivaliser face à un vulgaire croquant armé d’une arbalète chargée. »

    Il secoua la tête en signe de dénégation. C’était tout bonnement incroyable et irresponsable de leur part, et, s’il était advenu qu’elle disparût à son tour et sur ses terres, l’endosse de sa mort lui aurait-elle incombée ? Il n’en revenait pas.
    Les gens continuaient de s’agiter tout autour d’eux, ses propres gardes tentant de les tenir à distance tandis que eux, tous les deux, cailletaient allégrement tout en ignorant la détresse des trois hommes. Oui, si tant était qu’ils avaient à parler affaire, le lieu ne s’y prêtait aucunement.
    «Ainsi, vous êtes donc bien davantage qu’une petite bourgeoise cherchant à faire florès en ces lieux… Je commence déjà à entrevoir le pourquoi de toutes vos disquisitions, mais il faudra m’en dire bien plus pour satisfaire ma curiosité. »

    Et la prétendu Selma Hinara avait pour elle ce petit côté piquant mais pas désagréable de la femme qui, se voyant fourvoyée, montait soudainement sur ses grands chevaux et se montrait presque venimeuse. Encore qu’elle ne l’était pas tant que cela. Davantage de la taquinerie que de la méchanceté, en fin de compte. Peut-être n’avait-elle pas pris la mascarade si mal que cela, ce qui s’avérait plaisant.
    Le sourire d’Erwan n’alla qu’en s’agrandissant suite à la dernière remarque.

    «L’on ne s’est jamais vus, vous êtes nouvelle céans-même mais vous avez déjà eu vent de ma… « réputation » ? Croyez bien que, en dépit de votre petit brocard, je prends cela comme le compliment qui m’est naturellement du. Je procéderai à ces soins lorsque je serai rentré à bon port… Et vous à mes côtés, quand bien même me voilà fort marri. Car oui, n’eussiez-vous pas sollicité cet abouchement que vous aurais tout de même invitée en ma demeure afin de me faire pardonner de mon odieuse facétie. Eh, si je n’en ai effectivement pas l’apparence, là, je peux au moins avoir la décence de me conduire en ce gentilhomme que je puis être de temps à autre.  Si fait, oui, peut-être même pourriez-vous vous considérer comme étant une privilégiée, lui sourit-il totalement et franchement avant de se mettre debout à côté de la jeune femme.

    A ce fait, je ne me suis pas vraiment présenté comme il se doit, même si vous le savez déjà. Erwan d’Ablaÿ, héritier et seigneur de ces terres, pour vous servir, Mademoiselle Selma Hinara, se déclina-t-il en s’inclinant légèrement mais diligemment en sa direction. Ce ne serait non pas une obligeance mais un honneur que de vous avoir à mes côtés à ma tablée afin de discuter de ces affaires dont vous souhaitez m’entretenir. J’ai cru comprendre que vous possédiez un cheval, ce qui est assortissant, mais peut-être avez-vous également des affaires à récupérer ? Je vous offre également l’hospitalité en gage de ma bonne foi, et, n’étant plus ce mercenaire sans-le-sou, me fais une joie de régler et vos bouteilles, et la chambre que vous avez éventuellement louée. »

    Si fait, l’homme s’en alla à la rencontre du tavernier, ses gardes se chargeant de repousser, bien que gentiment, les deux imbriaques qui lui barraient la route et quémandaient dans ton incertain ses faveurs. Après être resté assis tout ce temps, ses blessures le refaisaient quelque peu souffrir, mais il fit en sorte de ne pas trop le révéler. Payant l’aubergiste en y intégrant un petit pourboire généreux, il attendit que la jeune femme eût récupéré ses affaires.

    Gossuin avait eu la prévoyance d’apporter une monture supplémentaire au cas où ils en viendraient à retrouver Erwan, et ce dernier apprécia particulièrement. Il eût été bien peu probant que de se retrouver à pied ou de devoir partager sa monture avec un autre de ses hommes. Monter à cheval fut douloureux mais pas impossible, et, après avoir maudit sa jambe et ses côtes, sans compter que son épée l’entravait quelque peu dans ses mouvements, le jeune homme parvint à s’y jucher.
    Alors qu’ils caracolaient tranquillement dans la fraîcheur de la nuit, Erwan se plaça aux côtés de la jeune noble, tenant à lui conter les quelques récits que racontaient les mégères sur les terres qu’ils traversèrent.

    Ainsi passèrent-ils, sur la route du retour, au milieu d’une grande plaine dépourvu de tout arbre et seulement recouverte d’herbes.
    «Une petite bataille fit rage, autrefois, ici-même, opposant l’un de mes aïeux à un hobereau voisin. Si ce dernier tua mon ancêtre, il n’en sortit pas indemne. A vrai dire, il ne tarda pas à le suivre dans la mort, le crâne fracassé par la monture de l’Ablaÿ en question qui, très attachée à son maître qu’elle était, entra dans une rage qui la rendit  incontrôlable. Si je ne m’abuse, il existe toujours un décret stipulant que tout propriétaire d’étable et écurie, y comprit taverne et auberge, pouvant accueillir des chevaux doit posséder une petite statuette en argent à l’effigie de l’intrépide destrier.

    Erwan esquissa un petit rire.

    Bien entendu, peu m’en chaut que l’on suivre encore cette loi tombée en désuétude et somme toute assez stupide. Je préfère que ces gens-là aient à manger et puisse se vêtir convenablement plutôt qu’ils soient les heureux propriétaires d’une statuette qui attirera voleurs et brigands. »

    Dans la nuit noire se découpa bientôt, sur le bord de la route, les vestiges calcinés d’une ancienne bâtisse ayant probablement pris feu il y avait plus d’un siècle, et la végétation avait entièrement reprit ses droits sur les ruines de pierre.

    «Ah, un endroit très paisible et hanté par une légende que j’apprécie particulièrement, quand bien même s’avère-t-elle triste. Il s’agissait d’une petite maisonnette où deux amants venaient régulièrement se rencontrer. Ils s’aimaient beaucoup, mais étaient renommés pour leurs disputes plus violentes les unes que les autres. Par un soir d’hiver, une énième éclata, et la jeune femme décida de quitter la maison, enragée. Il y a un petit ruisseau, non loin de là, lequel était gelé et probablement recouvert de neige. Dans l’obscurité, elle ne le vit pas, et tomba dedans. L’on raconte qu’elle cria et cria encore à l’aide, transie de froid qu’elle était, et que ces mêmes cris allèrent en diminuant en force à mesure qu’elle se mourrait doucement. L’homme, quant à lui, dans sa fierté, n’avait pas même daigné la retenir alors qu’elle sortait sans vêtement chaud au cœur de l’hiver et de la nuit. Ce ne fut que le matin, après qu’il eût ravalé son ego, que son amour pour elle reprit le dessus et qu’il fit tout pour tenter de la retrouver. Lorsqu’il apprit la nouvelle, l’on raconte que, ne voulant pas vivre cette vie tout seul, sans celle qu’il aimait, il décida de la rejoindre au-travers d’un suicide qui marquait leur perpétuelle opposition et leur caractère si différent. Là où elle mourut de froid, il perdit la vie brûlé, en s’immolant dans cette bâtisse où ils avaient coutume de se rejoindre.

    Erwan regarda Selma en souriant, presque gêné, avant de hausser les épaules.
    Je ne sais pas où débute et où s’arrête la vérité sur cette histoire, ni même s’il y a une once de véracité dans ces contes de grand-mères… Et peut-être même me trouverez-vous quelque peu fleur bleue là-dessus, mais, oui, c’est une histoire que j’affectionne. »

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Une once de noblesse et beaucoup de mascarade [Sunaï Hinara & Erwan d'Ablaÿ]. Sand-g10Jeu 8 Aoû - 2:38
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Qu’il était loin, le badaud avec ses piètres manières, l’homme du peuple grossier crachant des trognons de pomme çà et là ! Voilà que cet homme avait abandonné son masque aussi sûrement qu’elle avait affiché sa désapprobation face à sa mascarade. Courtois voire presque enjôleur, il semblait avoir une insouciance et une joie de vivre presque étonnante. Pour une personne de son statut venant d’être surpris dans une auberge du peuple, dans un piètre état, bien entendu. Combien auraient piqué une colère sombre face aux soldats ou nié pour les simples apparences ?
Sunaï avait adopté une apparence fière mais taquine, jouant la comédie tant qu’elle le pouvait également. Attirer sa sympathie était son but premier. Elle n’avait besoin que de quelques heures, après tout. En espérant qu’il n’était pas du genre à accompagner ses invités dans tout le château. Dans le pire des cas, elle aurait toute la nuit, lorsqu’il dormirait tranquillement sur ses deux oreilles… Et il ne la reverrait plus au matin. Mais elle devait tenir la comédie pour la soirée au minimum, ne soulever aucun soupçon. Et ô combien la tâche lui apparaissait déjà ardue.
La mercenaire avait haussé un léger sourcil lorsqu’il avait mentionné sa cadette, et donc, sans le savoir, elle-même. Cet homme-là, en plus de sembler très intelligent, était au courant des affaires des royaumes voisins. Elle devrait faire preuve de beaucoup de prudence pour le tromper sans embûches. Sunaï avait néanmoins toujours confiance en ses capacités. Elle n’aurait pas entrepris cette mission si elle n’en avait pas été capable.

- Il est vrai, présenté comme cela, que vous afficher comme le seigneur des terres n’aurait peut-être pas fait bonne impression. Mais inventer une histoire honorable pour expliquer votre état et vanter votre mérite aurait sûrement pu amuser vos gens et animer les tavernes de vos terres. Enfin… Cela risque d’être le cas, désormais, ajouta-t-elle après un regard vers les clients qui les observaient toujours.

Oui, que leur entrevue soit enjolivée par le bouche-à-oreille, et que dans plusieurs jours l’on parle d’une mystérieuse inconnue ayant traîné le seigneur dans la boue après que celui-ci l’ait importuné d’une quelconque manière, pour ensuite lui proposer un verre pour se rattraper dans une taverne, ne l’étonnerait en aucun cas. Les gens aimaient les rumeurs sur leurs dirigeants, bien qu’elles soient pour la plupart totalement stupides.

- Quant à mon escorte ? N’allez pas trop vite dans les supputations et les préjugés à l’encontre de ma famille. La disparation de ma sœur… A vrai dire, c’était entièrement sa faute. Celle-ci ne cessait de musarder cà et là comme une gueuse, ignorant la discipline et nos interdictions. Une vraie tête de mule. Bien que j’en fusse fort peinée et que j’ignore ce qu’il est advenu d’elle, si elle est tombée sur une mauvaise rencontre parmi l’un de ses vagabondages prohibés, cela reste… entièrement sa faute. Elle n’avait tout simplement pas la distinction de notre famille. Mais passons. Venir avec des gardes de façon officielle ne ferait qu’attirer l’attention, et une possible entente entre deux territoires serait plutôt mal vu de la part de nos voisins parfois si jaloux… J’entends donc, par-là même, de ne vous poser aucun problème. A vous, tout comme à moi et ma famille. Être tombée sur vous ici-même n’est donc, finalement, pas une mauvaise chose.

Et que cela allait dans les cérémonies, les politesses, la sympathie entre nobles. Sunaï se remémorait avec répugnance cette époque où elle assistait à cela constamment. Non pas qu’elle n’aimait pas le respect, loin de là. Manquez-lui de respect de quelque manière que ce soit et sa colère risquerait de faire des étincelles. Mais les faux-semblants et l’hypocrisie de l’aristocratie lui ressortait par les yeux. Mais elle devait jouer son rôle, et avoir côtoyé ce monde pendant plusieurs années ne pouvait que lui être utile. Quant à sa sœur, avec qui elle n’avait jamais eu de bons termes – comme avec tout le reste de sa famille, d’ailleurs –, le besoin des apparences était trop fort et elle savait qu’en aucun cas elle ne parlerait de sa fugue volontaire. Elle avait usé du caractère fort et impitoyable de sa sœur aînée dont elle se souvenait : Selma avait toujours eu grande gueule, surtout quand il s’agissait de Sunaï. Décrier ses actions pour enlever une quelconque responsabilité aux Hinara était tout à fait son genre. Orgueil et impudence. Quelque chose que Sunaï tenait probablement d’eux, malheureusement.
Après s’être levée à la suite d’Erwan, elle renchérit avec un petit sourire mystérieux en réponse à ses paroles :

- En effet, vous jouissez d’une certaine renommée. Mais elle est toute à votre honneur, ne vous inquiétez pas pour cela. Peut-être devriez-vous plus souvent jouer le mercenaire parmi le peuple pour vous renseigner… Face à quelqu’un de la région, cette fois. Cela risquerait d’être amusant.

Sunaï allait ajouter qu’elle préférait régler elle-même la note pour l’auberge, mais Erwan la devança en allant payer, boitant quelque peu. Elle marmonna donc quelque chose comme quoi elle allait récupérer ses biens et remonta dans sa chambre. Elle remit le corset qu’elle avait laissé sur une chaise, ne voulant pas garder la simple chemisette face au seigneur. Ses gants en cuir, sa cape aux attaches d’argent, ainsi que son épée et son nouveau fourreau – plus seyant pour sa couverture –, elle s’affubla du tout.  Après s’être assurée qu’elle n’oubliait rien, elle redescendit au rez-de-chaussée, ignorant les clients qui la suivaient d’un regard toujours aussi curieux, rejoignant Erwan et ses gardes dehors. Elle s’approcha doucement de son cheval, lui flattant l’encolure pour le réveiller quelque peu. Le pauvre devait déjà être fatigué par la journée de cavale, et la voilà partant à nouveau, la nuit tombée qui plus est. Mais la bête fut docile et ne rechigna pas lorsque la jeune femme tira de façon ferme sur les rênes, après être montée.
Le noble se plaça à son côté lors du voyage, lui contant quelques histoires propres à ses terres. Sunaï découvrit là un homme sincèrement intéressé par sa propriété et son peuple, et cela ne la réjouissait pas vraiment. Bien qu’elle était mercenaire, volant parfois des innocents pour de simples contrats, elle avait une morale. Elle s’arrangeait le plus souvent pour prendre pour cible des gens peu honnêtes, volant des voleurs par exemple, et avait même refusé plusieurs fois certaines actions même si ce qu’on lui proposait en retour était on ne peut plus alléchant. Et tomber sur un rare noble qui semblait prendre à cœur la prospérité de sa populace ? Ce n’était définitivement pas le genre de personne à qui Sunaï aimait s’en prendre. Définitivement pas.
La jeune femme ferma son esprit à ces pensées qui ne pouvaient que l’égarer, cependant. Les apparences étaient toujours trompeuses, et loin d’elle l’idée d’avoir pu cerner entièrement cet homme. Elle observa tranquillement le paysage, rendu visible grâce au ciel sans nuages et à la clarté de la lune. La nuit était magnifique, et une petite brise apportait une fraîcheur bienvenue après l’ambiance étouffée de la taverne. Après avoir écouté les deux histoires d’Erwan, Sunaï se laissa prendre au jeu et à sa couverture et décida de lui en conter une, la seule de son patelin dont elle se souvenait, à vrai dire.

- Eh bien, si vous aimez ces histoires de marivaudagerépondit-elle avec un sourire. J’en ai une de chez moi qui pourrait vous plaire. Je ne sais si elle vient de faits réels ou non, mais on me la contait souvent. Cela commence dans un royaume plutôt serein, sans problèmes particuliers, si ce n’est que tout le monde attendait avec impatience le moment où la princesse choisirait son prétendant. Las de l’indécision de sa fille, le roi lui intima de devoir prendre un choix définitif. Pour cela, il organisa un tournoi de javelots où tous les meilleurs combattants et chevaliers du royaume étaient invités à participer. Bien que le choix revienne entièrement à la princesse, il était plutôt sous-entendu que ceux qui feraient les meilleurs jets de javelots n’auraient que plus de chances d’attirer son attention. Et quel tournoi ce fut ! On serrait les javelots, on les lançait loin, on se cambrait pour les attraper, on avait le souffle court… Les hommes étaient exténués mais donnèrent bon spectacle. La nuit tombée, la princesse, subjuguée par l’adresse de l’un d’eux, demanda à ce qu’on amène l’homme à sa table. Ils passèrent une bonne soirée, et la princesse, intriguée par ce sport que son statut n’autorisait pas à pratiquer, demanda au chevalier de lui apprendre un peu à en manier l’art. Malheureusement, le chevalier ne savait rien à propos de la santé fragile de la jeune femme. Le javelot était trop gros et trop lourd pour elle, et, après les efforts qu’elle dû faire pour le manier… Elle mourut. Le chevalier, quant à lui, fut exécuté en place publique, et depuis ce jour, les tournois de javelots sont interdits au royaume, sous peine de haute punition.

Sunaï s'arrêta, souriant à Erwan face à l’improbabilité de cette histoire.
Ils continuèrent leur escapade en direction de la demeure des Ablaÿ. Les gardes d’Erwan cavalaient non loin de celui-ci, non sans jeter quelques coups d’œil curieux à la jeune femme. Enfin, les reliefs du château brisèrent l’horizon, et après quelques minutes encore, ils arrivèrent en son pied. La lumière perçait à travers de nombreuses fenêtres, preuve d’une activité encore importante de la part des domestiques. Après avoir pénétré dans la cour, nombre de personnes accoururent. Soulagement et gaieté pouvaient se voir sur les visages de ceux qui avaient cru leur seigneur perdu et mal en point dans les bois. Après un mélange d’explications, de réprimandes et de quelques rires, Sunaï finit par être conduite à une chambre par une jeune et jolie servante sous les ordres d’Erwan. Après avoir éconduit la domestique d’un signe de tête, elle entreposa ses affaires sur la coiffeuse ouvragée de la pièce qui était, somme toute, très richement décorée. Les d’Ablaÿ ne lambinaient pas sur les moyens.
Après avoir vaguement observé toute la chambre, Sunaï ne perdit pas de temps et profita de cet instant de liberté pour faire un peu de repérage. Elle ne savait combien de temps allait mettre Erwan pour arranger son allure et pouvoir l’accueillir plus distinctement, mais elle ne comptait pas attendre sans rien faire. Arrivant au bout d’un couloir après être sortie de la chambre, Sunaï tourna sur sa gauche. Elle ouvrit des portes çà et là, ne tombant que sur d’autres chambres qui ne contiendraient pas ce qu’elle cherchait. Il lui faudrait trouver quelque chose comme une salle d’archives, ou… une bibliothèque. Ce genre de salle devait se trouver au rez-de-chaussée, assurément. La mercenaire continua tout de même à fouiller l’étage, ne voulant pas rater quoi que ce soit. Lorsqu’elle fut sûre qu’elle ne trouverait rien, cependant, elle revint vers la chambre qui lui avait été attribuée. Fort heureusement d’ailleurs, parce qu’elle arriva devant sa porte au moment où une autre domestique venait la chercher. Celle-ci sembla surprise de ne pas la retrouver à l’intérieur de la chambre, mais lui informa sans rien ajouter de plus qu’Erwan était prêt à l’accueillir à table. Sunaï la suivit donc à travers le dédale de couloirs et d’escaliers. Après l’avoir amenée devant une porte en bois à double battant, elle s’inclina poliment et s’éclipsa. Sunaï pénétra dans une salle vivement éclairée par de nombreuses bougies dispersées à différents coins de la pièce. Une table en bois, de taille plutôt modeste malgré sa qualité indéniable, lui informa que là n’était pas la salle où s’effectuaient les grands repas et autres cérémonies, mais une salle à manger plus sobre. Erwan n’était pas encore là, la pièce était totalement vide, mais les couverts avaient été dressés et il y avait quelques amuse-gueules.
La mercenaire profita de l’absence du noble pour déposer un parchemin soigneusement fermé qu’elle avait préparé, à côté de l’assiette où elle supposait qu’il mangerait. La – fausse – proposition commerciale des Hinara était minutieusement expliquée là-dedans. Cela lui éviterait peut-être de prendre trop de risques, s’il se contentait d’en lire les détails, d’accéder ou non à la fausse demande, sans qu’il passe des heures à lui demander des détails qu’elle ne connaissait pas.
A vrai dire, la proposition était simple. Les terres des Hinara se trouvaient de l’autre côté du fleuve. Pour les commerçants marins principalement, bien que cela concernait les voyageurs également, la traversée du fleuve ou la simple possession d’une pauvre calèche qui permettait de passer d’un royaume à l’autre étaient taxées et contrôlées. L’offre était de, justement, offrir à ces commerçants et voyageurs, la possibilité de voyager librement entre leurs deux royaumes par le fleuve. Si cela resterait bien évidemment contrôlé, mais l’appel était fait à la réduction voire la suppression totale des taxes. Et, par-là, attirer la grande majorité des marchands à faire la traversée par leurs pays, pour attirer foule, visites, et surtout, argent. Pour la prospérité du peuple, bien entendu. Les nobles étaient tellement concernés par la populace, après tout.
Alors qu’elle pensait avec ironie ces dernières phrases, Sunaï tourna la tête alors qu’une porte s’ouvrait. Elle se redressa, port altier, avec l’expression distinguée due à son rang et un sourire censé être aimable. Elle était prête à accueillir le noble et continuer la mascarade.

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Une once de noblesse et beaucoup de mascarade [Sunaï Hinara & Erwan d'Ablaÿ]. Sand-g10Dim 11 Aoû - 2:44
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    Si les terres des Ablaÿ ne manquaient pas d’histoires et de rumeurs en tout genre, ce qui contribuait allégrement à leur charme et à l’amour que pouvait leur porter leur seigneur, celles de la jeune noble n’en demeuraient pas en reste. Erwan écouta avec attention la légende contée, souriant au fur et à mesure que le flot de paroles de Selma avançait, mais sceptique toutefois. Il lui semblait qu’il y avait comme un second sens, quelque chose de sibyllin, à tout ce conte, et qu’il ne possédait pas les clefs pour parvenir à le déchiffrer. Cela n’en demeurait pas pour autant déplaisant à écouter, loin de là, d’autant plus qu’il s’agissait là d’une de ces historiettes possédant cette tragique fin qui, non contente de ne pas vous laisser de marbre, ne vous  en était que plus mémorable encore.
    « Sale histoire, se contenta-t-il de répondre, non sans afficher un petit air amusé. Et heureux de constater que je ne suis pas le seul à m’assoter de pareilles historiettes. »

    Après les dernières trombes d’eau qui étaient tombées durant la journée, tributaires de l’aspect si misérable du jeune homme alors qu’il avait pénétré dans l’auberge, le temps s’était abeausi. La nuit affichait une belle couleur noire concolore, encore que, étant bien astrée, la voute céleste étincelait d’une multitude d’étoiles dont la nitescence se faisait tout de même surpasser par la clarté de la lune que nul nuage ne venait dissimuler. Cela dit, un léger aquilon soufflait, rendant incarnates les joues de la noble qui chevauchait à ses côtés, et cela lui donnait un petit air émerillonnée et plaisant. Quant à Erwan, lui, la bise voletait dans sa chevelure encore humide et au-travers de ses vêtements qui l’étaient tout autant, et le jeune homme espérait là ne pas  contracter une fâcheuse maladie sitôt que viendrait le lendemain.

    Et l’on continuait de caracoler quiètement sur le petit chemin salébreux qui menait à la demeure du jeune héritier, entouré de ces quelques gardes muets qui se contentaient de jeter de temps à autre un regard curieux sur cette nouvelle protégée de leur seigneur, et même Gossuin, d’habitude bien plus loquace en compagnie de ce dernier, s’était tu. Et inexorablement, l’on parvint enfin jusqu’au château.
    Légèrement surélevée par rapport à la campagne environnante, la place fortifiée, entourée de ses éternelles douves, offrait un panorama appréciable sur l’ensemble de la région. Non sans être imprenable, et de loin, une barbacane venait protéger le pont-levis ainsi que les deux grandes herses qui pouvaient obstruer l’entrée, et, surplombant la basse-cour, une multitude de meurtrières et d’échauguettes venaient interdire tout angle mort à un ennemi que trop désireux de se protéger de tout projectile. Cela dit, le confort n’était pas non plus déprécié, et le bâtiment s’avérait être troué, à ses plus hauts étages, de plusieurs fenêtres, lesquelles filtraient actuellement une vive lueur en dépit de l’heure tardive.

    Et pour cause, à peine le petit groupe était-il rentré dans la cour que l’on s’agita soudainement sur le parvis de la porte d’entrée. Domestiques, caméristes, intendants, mestres, conseillers, soldats et autres gradés ; bon nombre d’entre eux étaient présents et pouvaient tout autant de soupirs de soulagement et de vives rumeurs, allant jusqu’à témoigner ouvertement le fait qu’ils se trouvaient bien heureux que l’héritier fut toujours en vie et en bonne santé. Et cela jusqu’au paternel qui, bien qu’ayant abdiqué en faveur de son fils, n’hésitait pas à régir le domaine en l’absence de ce dernier. Si certains faisaient montre d’une hypocrisie ostentatoire, il y en avait d’autres pour être véritablement sincères dans leur soulagement, et le père d’Erwan faisait partie des plus zélés de cette catégorie.

    « Erwan, la chasse s’est terminée cette après-midi, et c’est seulement à présent que tu reviens céans-même ? Mais que… Enfin, le principal est que tu sois sain et sauf, bien qu’en piteux état, semble-t-il » L’homme n’était plus dans sa toute jeunesse et éprouvait quelques difficultés à se mouvoir en-dehors des murs de l’intérieur du château.
    Gossuin s’apprêta à dire quelque chose, mais un regard de son supérieur le fit se taire soudainement tandis que ce dernier, après être descendu de cheval et avoir pris son géniteur dans ses bras, prit à son tour la parole.      
    «Ce n’est rien, tant que je suis arrivé à bon port. Je crains, en revanche, qu’il ne faille faire quelques recherches tout au fond de la forêt. J’ai un mauvais pressentiment quant à ce qu’il pourrait s’y cacher… Mes chiens tout autant que ma monture se sont mis à m’attaquer soudainement alors que je venais de sentir quelque chose de... Je ne sais comment dire. Les lieux n’étaient pas sains. Enfin… Pour le moment, j’ai à parler affaire avec cette charmante jeune femme que voilà, Selma Hinara. Nous verrons cela plus tard, concernant la chasse.
    - Enchanté, Dame Selma
    », salua le vieil homme, lequel voulut probablement continuer mais ne dit pas un mot de plus, ne sachant jamais ce que le mot « affaire » avec une jeune femme pouvait signifier sur le moment aux yeux de son fils. Et l’eût-il véritablement voulu qu’il n’en eut pas le temps, car Erwan, après quelques salutations et remerciement à l’encontre de tous ses bon sujets, invita rapidement son invitée à pénétrer dans sa demeure.

    Et, à nouveau, alors qu’ils venaient de passer au premier étage, ils furent interrompus. Cette fois-ci, rien de tout ce qui ressemblait à un cortège de sujets aux mœurs plus ou moins hypocrites, non. Il s’agissait d’une simple jeune femme au ton assurément sincère, laquelle poussa un « Erwan ! » empli de soulagement. Et lorsqu’elle vit que celui-ci était accompagné d’une autre femme de son rang, elle se reprit subitement, se confondant en un « Messire d’Ablaÿ » bien moins enjoué. Hypocrite, elle aussi, en fin de compte, mais elle donnait dans une fausseté qui allait totalement dans l’autre sens.
    «Laëssya », rétorqua Erwan sur un ton tout à fait neutre.
    La dénommée Laëssya s’avérait être un joli brin de jeune femme, dans la fleur de l’âge. Ses yeux constamment baissés, si ce n’était pour s’élever en direction de son seigneur, pouvait aider à la classifier comme étant une camérière, bien que sa vêture s’en différenciât quelque peu. Sa chevelure cuivrée encadrait un visage à l’innocence extrême, tombant sur des épaules que venait dénuder un corset s’arrêtant à la naissance de la poitrine. Une jupe violacée et s’ajustant naturellement audit corset venait couvrir ses jambes que l’on devinait élancées. La jeune femme, toute servante qu’elle était apparemment, arborait pourtant quelques afféteries dont l’opulence, bien que petite, n’était pas commun pour ceux de sa classe, et l’on pouvait se demander si, en plus de son simple état de camérière, Laëssya ne s’avérait pas vulgivague.  

    Soudainement interpellée par quelque chose qui lui était connu d’elle seule, la servante releva les yeux, contemplant ouvertement ce nouvelle-venue de noble. Et elle le fit avec tant de dédain qui n’était aucunement permit par sa condition que l’on put se demander si elle ne nourrissait pas, finalement, une certaine jalousie à son encontre, même si la raison de ce sentiment restait encore à creuser.
    «Lassy, tu tombes bien. Tu vas emmener Dame Selma Hinara, qui est notre invitée pour le repas et pour la nuit, à ses appartements. Obéis-lui, car tu seras sa servante attitrée durant le temps de son séjour céans-même. Il ignora superbement le regard meurtrier que lui fila en coulisse la domestique pour se tourne en direction de sa comparse de sang-bleu.
    Veuillez m’excuser pour le moment, mais, comme vous l’avez fait remarqué, il serait bien plus seyant si jamais j’en venais à me changer. Misérable comme je le suis, là, je n’ai marché que trop longtemps dans l’ombre de votre grâce assurée, et il ne tient qu’à moi, du mois je l’espère, pour aller vous égaler, voire inverser la tendance. Je vous retrouve en bas pour le souper. »
    Mange ça, Lassy , songea-t-il, matois, et Erwan se servit de son amusement pour dédier un petit sourire à Selma avant de se détourner d’elle, et cela non sans s’être, une fois de plus, incliné en sa direction.    

    Il demanda à ce qu’on lui préparât un bain ainsi que de quoi se laver, et, lorsque cela fut fait, s’immergea totalement dans l’eau chaude après avoir retiré ses vêtements. Grand diable ce que cela faisait du bien après avoir passé toute la journée crotté de boue pour terminer avec une noble qui sentait bon, ou, tout du moins, bien meilleur que lui. Se badigeonnant le corps de ce savon que l’on usait généralement pour laver les vêtements au lavoir, il se racla la peau et se rinça les cheveux, et l’eau prit tout de suite une teinte des plus troubles. Se levant alors, il se rinça avec une eau claire différente de celle qui demeurait dans le bain, évitant ainsi mettre en contact sa peau avec une eau pour le moins non limpide.
    Sortant du bain, Erwan se sécha pour se vêtir par la suite de ses plus belles braveries. Ah, voilà qu’il n’avait plus du tout l’air de ce mercenaire miteux que la jeune femme avait rencontré. Après s’être légèrement rasé, mais non sans laisser ce début de barbe qui lui seyait si bien, il avait désormais, dans le reflet d’une glace, le Erwan d’Ablaÿ tel qu’on le connaissait d’ordinaire. Fier et fringuant, frisque et charmeur, à la chevelure blonde et démêlée. Et il descendit la rejoindre.

    Ouvrant la porte de la salle dans laquelle il devait recevoir la Selma Hinara, Erwan eut le temps de l’apercevoir en train de se rengorger subrepticement et de se composer un sourire affable qu’elle lui attribua effectivement. Plutôt que de s’essayer à établir une comparaison avec le mercenaire qu’elle avait rencontré et lui-même ainsi débarbouillé, le jeune homme la reçut avec accortise.
    «Prenez place, je vous en prie », lui indiqua-t-il d’un geste de la main en lui retirant lui-même la chaise, en l’absence de serviteur. S’asseyant en face d’elle, il découvrit un parchemin scellé de cire, lequel devait assurément être l’offre du contact.
    «Et je m’excuse d’avance pour mon manque flagrant de conversation pour ces minutes qui vont suivre. Je ne veux aucunement avoir la tête à l’évent alors même que je suis en train de lire ce genre document, pour le bien de nos deux familles. »    

    Erwan se saisit de la missive, en brisa le sceau et se mit à lire son contenu. Il était loin de trouver ces contrats et autres facéties politiques canulantes ; il s’agissait là d’un jeu d’esprit qui, mieux que les échecs encore, pouvait rapporter de belles récompenses s’il s’en trouvait convenablement maîtrisé.
    Alors que le premier plat était servi, il servit de l’hypocras et du vin à la jeune femme, un vin d’un tout autre cru que celui qui avait été servi à la taverne, quand bien même cette dernière pouvait-elle en proposer des très bon. Il l’avait vu, Selma n’était pas abstème et, ayant déjà bu un peu de vin auparavant, pourquoi ne pas la rendre légèrement imbriaque afin de faciliter les clauses du contact ?
    Il grignota du poulet doré au miel, goûta à la macédoine de légume, s’essaya aux pâtés, charcuteries et autres poissons en sauce tandis qu’il continuait de lire. Alors, enfin, il leva les yeux vers sa vis-à-vis.

    «Exonérer les taxes entre nos deux provinces ? Voilà qui peut être affaireux… Car j’ai beau être frappé de bénignité envers mes gens, je n’en suis pas pour autant blêche et sais là où demeurent mes priorités. Il secoua la tête en signe de dénégation, bien trop peu convaincu par les arguments qui lui étaient présentés. Oui, il y a bel et bien une taxe, ce qui est normal, et celle-ci n’est aucunement élevée. Et ce ne sont que des marchands qui viennent à la payer et à traverser le fleuve, qui d’autre ? Il n’y a que ceux qui ont de l’argent et qui se savent en mesure de payer l’impôt qui effectue leur voyage ; les autres sont bien trop pauvres pour pouvoir faire de même. Si fait, si jamais l’on la lève, l’on ne se retrouvera qu’avec un petit surplus de marchands qui ne payeront pas de taxe et beaucoup d’autres personnes appartenant au vulgum pecus qui, déjà bien trop pauvres de ne pouvoir payer l’ancienne taxe, n’apporteront rien du tout une fois cette dernière retirée. De quoi ouvrir la route qu’à davantage de réfugiés et autres traîne-misère dont il faudrait s’occuper. Nous en ressortirions perdant tous les deux… »

    Il réfléchit quelque peu, fourchette en main, observant la jeune femme qui lui faisait face. Cette proposition lui paraissait, ainsi, trop bancale pour être effective, mais peut-être que, sous un autre point de vue que partageait la jeune femme, elle s’en retrouverait soudainement intéressante.

    «Voilà comment je vois les choses, mais dites-moi si un détail m’a échappé ; je suis tout ouïe.
    Je ne connais pas si bien que cela votre famille, si ce ne sont les rumeurs qui courent sur votre cadette, mais, si jamais nos accointances doivent s’améliorer, alors je viserais plus pour autre chose.
    La construction d’un pont dont les frais seraient également répartis entre nos deux familles. La taxe serait alors bien augmentée pour franchir le fleuve par ce moyen-là, bien entendu, mais, à terme, je pense que tout cela peut être très bon. Pour toute caravane importante et ayant, ainsi, déjà de l’argent, cela serait bien plus rapide et plus profitable que de prendre les différents bacs servant à traverser le fleuve par les eaux. Et cela éviterait les désagréments d’une marchandise malencontreusement tombée à l’eau, et, ainsi, irrécupérable.
    Je pense même que tout le monde, ou, tout du moins, tout courantins et autres itinérants pourraient s’en retrouver intéressés en fonction du prix. Et l’on pourrait toujours diminuer le prix à mesure que le pont serait amorti pour nos deux familles… ?
    »

Erwan d'Ablaÿ

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Une once de noblesse et beaucoup de mascarade [Sunaï Hinara & Erwan d'Ablaÿ]. Sand-g10Mar 13 Aoû - 20:28
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Erwan s’était changé en un autre homme, assurément. Tout comme il avait parfaitement su jouer le badaud, il jouait là parfaitement bien son statut de noble… Sans compter ses vêtements de marque, il avait là une attitude qui démontrait une certaine éducation.
Sunaï le laissa se concentrer sur le parchemin, profitant des différents mets et boissons proposés. La servante qui l’avait accompagnée à sa chambre – Laëssya, si elle avait bien entendu – rentrait de temps en temps dans la salle, vérifiant si un pichet n’avait pas besoin d’être rempli ou s’ils n’avaient pas besoin de quelque chose. Néanmoins, Sunaï trouva qu’elle se montrait un peu sèche, autant dans ses gestes que dans ses expressions. N’était-ce d’ailleurs pas un regard lourd et venimeux qu’elle lui lançait parfois ? Elle ignora cette domestique décidemment bien mal éduquée, pour se concentrer sur Erwan qui venait de terminer sa lecture et de donner son avis.
Elle laissa passer quelques secondes après la fin de ses paroles, le jaugeant du regard par-dessous ses cils. Elle eut un léger plissement de paupières imperceptible. Que lui avait dit son employeur en lui préparant les faux documents et les attestations, déjà ? Il n’y verra que du feu. Eh bien, il était clair qu’il s’était mal renseigné sur la présence d’esprit de ses concurrents, celui-là. Non seulement cet Ablaÿ avait la présence d’esprit de pouvoir faire du commerce mais il avait également un avis critique et réaliste de la situation. Cela n’importait pas vraiment à Sunaï, dont l’objectif était seulement de passer la nuit dans sa demeure pour trouver ce qu’elle cherchait, mais malgré elle… cette habileté intellectuelle ne l’enchantait guère. Cela n’était assurément pas bon pour elle, même si elle savait qu’elle avait merveilleusement joué son rôle jusqu’à présent. Et, pendant quelques instants, elle se surprit à vouloir entrer dans le monde terrible de l’argumentation, avec la même volonté de prendre le dessus comme lorsqu’elle jouait aux échecs avec son ami Arthadel. Elle se reprit néanmoins, sachant que cela n’était pas dans son intérêt. Vidant son verre d’eau avant de reprendre la parole, elle planta ses yeux noisette dans ceux de son interlocuteur, se penchant légèrement au-dessus de la table.

- Il est vrai que cela risquerait d’attirer beaucoup plus de nécessiteux que ce que l’on voudrait. Dans ce cas, appliquer cet effet aux seuls commerçants et non pas aux voyageurs serait plus pertinent. Mais votre idée de pont m’intéresse, et en cela, celle de réduire les taxes parait soudain bien moins reluisante…

Elle se recula, quelque peu agacée, lorsque la servante vint remplir son verre à nouveau, l’interrompant promptement et sans gêne. Sunaï attendit qu’elle ait quitté la pièce pour reprendre.

- Peu de ponts sont assez larges et solides pour permettre le passage de grosses carrioles et autres convois imposants, ce qui attirera assurément les commerçants itinérants qui ne peuvent passer par la voie maritime. Mais cela pourrait concerner également toute personne en mesure de payer, sans compter qu’une telle prouesse architecturale ne ferait que donner une bonne image, en plus de dynamiser un peu la région lors de la construction… Et une fois le prix de l’édifice amorti, cela apporterait un bénéfice considérable, même si l’on réduit le prix du passage à quelque chose de tout à fait abordable. Sunaï acquiesça, faisant mine de soupeser encore l’idée dans sa tête, comme si elle s’intéressait réellement à cette affaire. Elle afficha ensuite une retenue calculée, échappant un petit soupir. Mes parents ne s’attendent sûrement pas à ce que vous proposiez un tel accord, je n’étais là que pour vous proposer le nôtre, je ne peux donc vous donner une réponse définitive sans d’abord faire remonter votre suggestion. Je la défendrai autant que je le pourrai, si jamais ils se montrent réticents. Je ne peux malheureusement rien faire de plus pour l’instant, si ce n’est voir avec vous les détails de cette affaire, comme l’investissement financier que nous sommes prêts à entreprendre chacun de notre côté. Mais soyez assuré que ma famille réfléchira avec sérieux à la proposition. Si nous pouvons passer outre les réticences et les rivalités qu’il y a bien trop souvent entre les différentes provinces… Cela est indubitablement bon à prendre. Même si ce projet risque d’en faire médire quelques-uns, je gage.

Sunaï termina son poulet au miel ainsi que ses légumes, tout en continuant à demander des précisions sur son projet, à ajouter des améliorations, à parler d’argent. Sunaï se basait grandement sur les souvenirs des réunions officielles qu’elle n’avait pas pu éviter à l’époque. Pour la première fois de sa vie, elle ne regretta pas d’avoir eu cette enfance et de pouvoir tenir la conversation. On finit par apporter le dessert, montagne de chocolat et de chantilly qu’ils ne purent pas terminer à deux tellement c’était copieux. Lorsqu’ils se levèrent une fois le repas terminé, Sunaï serra la main d’Erwan en lui assurant qu’elle partirait dès le lendemain pour entretenir ses parents de leur discussion le plus vite possible, et qu’elle pouvait également leur transmettre une missive de sa part, s’il le souhaitait. Elle devrait avoir tout le temps de trouver ce qu’elle cherchait cette nuit, sinon, elle prolongerait son séjour en inventant une quelconque excuse…
Après qu’ils se furent souhaité une bonne nuit, d’autres domestiques vinrent s’occuper de débarrasser et ce fut la servante peu agréable qui raccompagna Sunaï à sa chambre. La dénommée Laëssya lui parla aussi peu que nécessaire pour lui présenter sa salle de bain personnelle et les autres services qui lui étaient disponibles, et, semblant prendre sur elle pour lui faire ne serait-ce qu’une petite inclinaison de la tête, elle prit congé, non sans avoir reçu un regard noir de la part de la mercenaire.
La soirée était bien entamée, il était presque minuit, et l’on pouvait voir les étoiles briller à travers les fenêtres de la suite. Sunaï décida d’attendre encore une heure ou deux pour faire quoi que ce soit et s’appuya contre le rebord d’une fenêtre après l’avoir ouverte, profitant du léger vent. Elle avait vue sur l’arrière du château et l’immense jardin qui devait nécessiter des dizaines de jardiniers. L’on pouvait percevoir le doux clapotis d’une fontaine quelque part, et lorsque Sunaï se rendit compte que cela la détendait un peu trop alors qu’elle s’apprêtait à déambuler dans les couloirs du château sans pouvoir se permettre une seconde d’inattention, elle referma la vitre.
Elle quitta son corset et sa chemisette pour un haut sombre plus agréable et pratique, et également moins tape-à-l’œil puis noua ses cheveux avec un ruban. Elle glissa également un poignard derrière son dos, sous le vêtement, en plus de celui qu’elle avait à l’intérieur de la botte. Même si s’en servir ici signifierait qu’elle serait vraiment dans une mauvaise position, on n’était jamais trop prudent. Et ses années de vagabondage lui avait appris à toujours avoir de quoi se défendre sur elle, ce qui était devenu une habitude même si cela ne s’avérait pas forcément nécessaire.
Enfin, après avoir attendu les deux heures du matin, Sunaï considéra que la majorité des occupants du château devaient dormir. Lentement, elle ouvrit la porte de sa chambre, jetant un coup d’œil prudent au couloir. Vide. D’un pas feutré, elle traversa l’étage jusqu’aux escaliers, marchant sur un tapis dès qu’elle le pouvait pour étouffer toujours mieux ses pas. Seuls les éclats de la lune à travers les fenêtres et les torches parfois allumées éclairaient les lieux, mais c’était amplement suffisant. Après être descendue au rez-de-chaussée, Sunaï passa devant les cuisines. Elle tourna plusieurs fois au détour de quelques couloirs, ne tombant sur personne, lorsqu’elle tomba enfin sur ce qu’elle cherchait. La mercenaire jeta un dernier coup d’œil derrière elle et entrouvrit la lourde porte en bois à double battant qui menait à la bibliothèque.
Celle-ci était énorme. Les étagères étaient nombreuses, croulant sous les manuscrits, les parchemins, d’anciens traités et autres documents. Quelques tables étaient disséminées çà et là, le tout dans une salle à l’architecture et au dallage parfaits. Sunaï parcourut rapidement du regard la pièce après avoir refermé soigneusement la porte, se détournant vite des parties ne concernant que des livres avec des contes ou autres histoires. Elle passa devant quelques étagères consacrées à l’histoire du royaume des Ablaÿ. Elle en feuilleta quelques-uns, jetant de temps à autre un regard à l’entrée de la bibliothèque et tendant l’oreille si jamais elle entendait du bruit provenant du couloir. Elle les reposa néanmoins rapidement, ne trouvant pas ce qu’elle recherchait, pour s’intéresser aux vieilles archives de la province ainsi qu’aux cartes. Elle en prit deux en même temps pour les survoler plus rapidement. C’était forcément là qu’elle trouverait son bonheur. Elle aurait donc disparu au matin, sans l'ombre d'un remord.

Sunaï Hinara

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Une once de noblesse et beaucoup de mascarade [Sunaï Hinara & Erwan d'Ablaÿ]. Sand-g10Mar 20 Aoû - 21:05
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    « Voilà qui est parfait ! » s’exclama-t-il en se repoussant dans son fauteuil, s’y gobergeant allégrement en savourant doucement, ainsi, son verre de vin.
    Erwan était satisfait que cette jeune femme, armée de son apercevance, avait tout compris de son projet et allait même en sa direction. S’il fallait conclure quelque accort que ce fût, celui qu’il avait proposé demeurait assurément plus profitable et logique que la douteuse idée des Hinara. Et si leur fille aînée avait paru surprise à l’énonciation de l’édification de ce pont, voire même sceptique dans un premier temps, le jeune homme n’avait pas donné dans le godant. Sous ses airs dubitatifs, Selma, noble de son état, voulait simplement retrouver une contenance qu’elle avait perdue lorsque le seigneur des lieux lui avait démonté son argumentaire, et, si elle tenait effectivement à une entente entre leurs deux familles, elle n’avait pas d’autre choix que d’accepter. Et c’était bien ce qui venait de se passer, après qu’elle eût, au fil de la discussion, adopté un ton de plus en plus convaincu à mesure qu’elle pourpensait à voix haute le fond de sa pensée.

    Il respira un grand coup, digérant ce petit festin de dessert de chantilly et de chocolat que, l’un comme l’autre, n’avaient su terminer, et dieu savait qu’ils en étaient tous les deux fortement friands, avant de se lever de son siège, imité par sa comparse. Il lui serra la main avec entrain, s’excusant en même temps de son laisser aller.
    « J’en serais presque trop acagnardé par ce bon repas. Un peu de sommeil ne me fera pas de mal... Une lettre ? Ma foi, je ne doute aucunement ni de votre élocution, ni de votre mémoire, pour aller raconter en détail les tenants et aboutissants de cette proposition, mais, pourquoi.»
    Une lettre. Le jeune homme y voyait déjà là un moyen de s‘ébaudir quelque peu.

    Ce fut une Laëssya de fort méchante humeur qui eut l’honneur, mais pas pour elle, de raccompagner la jeune femme à ses appartements, et Erwan, lui, quitta la pièce de son côté après avoir souhaité la bonne nuitée à Selma.
    Dans le silence de la chambre, il s’assit à son bureau, s’empara d’une plume et, souriant, y posa ces mots au rythme de sa pensée.

    A mes honorables et estimés voisins, la famille Hinara,

    Je reviens à votre proposition, laquelle s’en est d’ailleurs retrouvée changée. Je fus fort sensible à cet accord entre nos deux terres afin de nous accointer davantage. C’est une très grande distinction.
    Plutôt que de considérer l’offre originale, portez donc toute l’acuité de votre regard et de votre esprit sur celle que votre charmante fille vous rapportera. Elle, mieux que tous mes mots, ne saurait que mieux vous l’expliquer. Ah, votre fille…


    Erwan trempa à nouveau la pointe de sa plume dans l’encrier, pesant le poids de ses mots. Et son sourire ne s’agrandit que davantage encore alors qu’il se lançait sur son parchemin, voyant jusqu’à où tout cela pourrait le conduire.

    Votre Selma. Cette jeune femme frappe et donne tout au moins le plaisir de croire que dans le nombre de toutes ces beautés dont votre imagination est remplie, celle de votre aînée, qui n’est pas commune, y conserve toujours sa place, et c’est là l’une de ses plus belles vertus.
    Et je ne peux qu’y ajouter et admirer, également, son intelligence, laquelle brilla tout au long de ce repas pendant lequel nous discourûmes et parlâmes affaires.
    Elle vous mettra donc au courant de ce dont nous avons convenu, et, quel que soit votre réponse, positive ou négative, n’ayez aucune crainte quant au fait de me la faire revenir pour apporter ou non votre agrément. Ce sera une joie doublée d’un honneur que de l’accueillir à nouveau à ma tablée.

    Mes chers voisins, dans l’attente hâtive de votre réponse, gouvernez-vous bien entre ci et là : c’est mon unique soin, et la chose du monde dont je vous serai le plus sensiblement obligé.


    Voilà qui lui paraissait plus que probant, alors qu’il scella la lettre d’un cachet de cire. Il eût fait bien des choses pour être présent, et même, face à face avec eux, lors de ce fameux moment où il ouvrirait la lettre. Erwan n’avait pas d’autre choix, après que la jeune femme le lui eût proposé, que de lui remettre sa missive, et il se demanda tout autant si la curiosité ne serait pas la plus forte. Ses parents la gourmanderaient-elle s’il arrivait que, par un malheureux hasard, le cachet de cire n’eût pas survécu aux aléas de la route jusque chez elle ? Il sourit intérieurement. Elle pouvait tout à fait lire, peu lui en chalait ; elle n’y verrait là que les mots d’un homme s’étant soudainement assoté pour sa personne, et, même si elle s’en retrouverait étonnée, les blandices la flatteraient assurément. De quoi la mettre, elle et sa famille, dans de bonnes dispositions.

    Il fit quérir Laëssya, et lui demanda d’aller remettre la missive à son invitée, spécifiant bien qu’elle avait tout intérêt à mener à bien sa mission et à ne pas lui faire de faux bonds, eu égard à son petit comportement dépréciable qu’elle avait eu tout au long du repas. Comme si elle avait pris Selma en grippe, soudainement, pour une raison ou pour une autre, et le jeune homme se demandait si elle voulait véritablement conduire à l’échec toute tentative de négociation.

    Ce ne fut que bien tard dans la nuit, ou bien tôt le matin, lorsque les couloirs furent désertés de tout domestique, que la jeune camérière vint le rejoindre. Au gré de ses amours ancillaires, il avait toujours eu un petit faible pour cette jeune femme, et celle-ci, après qu’il l’eût recueillie et sauvée de sa triste vie d’auparavant, ne jurait que par lui.
    Dans la pâle clarté de la nuit, elle l’affourcha alors qu’il lui saisissait la taille, l’amenant à lui, et, pendant qu’il l’embrassait, entreprenant de délacer son corset, il ne put s’empêcher de déparler.

    «Tu lui as bien remis la lettre, au moins ?
    - Oui…
    , lui souffla-t-elle après une petite seconde de surprise. En doutez-vous, monseigneur, le railla-t-elle. Et puis, ne peut-on pas en parler après ?
    - Eu égard à la façon dont tu t’es comportée avec elle et pendant ce repas, j’ai cultivé la crainte, effectivement, que tu pusses t’être jouée de moi.
    - Pourquoi monseigneur n’est-il pas allé lui-même lui donner cette missive hautement importante, alors ? Aurait-il peur, lui, le grand et noble seigneur qu’il est, d’une petite nobliette de rien du tout ?
    »

    Face à face, à un souffle de lui, elle le contemplait de son visage innocent mais quelque peu rebelle, de cet air taquin qui lui était propre. Pour tant d’insolence, Erwan connaissait bien d’autres de ces hobereaux dont elle parlait qui l’eussent rossée avant de la besogner sans plus de scrupule. Il la regarda en retour, presque froidement, platement.

    «Vu que tu sembles tant l’apprécier, je me suis dit que tu devais fortement avoir envie que de passer davantage de temps en sa compagnie. Et je voulais également te renvoyer à tes origines, pour t’apprendre l’humilité. Ou… A tes demi-origines, si fait. »

    Son petit air condescendant et aguicheur disparut aussi vite que les derniers mots venaient d’être prononcés, et, se renfrognant soudainement, fit mine de recouvrir son épaule dénudée et de prendre ses affaires. Erwan fut pris d’un petit rire, satisfait d’avoir fait mouche, et, la faisant rouler sous lui, l’empêcha de partir en la tenant fermement. Elle se débattit quelques peu, mais, alors que les lèvres du jeune homme lui parcourait le cou, elle cessa bientôt, abandonnant la lutte et soupirant de ce désir qui montait en elle.

    «De toute façon, elle ne t’attirera que des ennuis, lui glissa-t-elle alors que ses lèvres quittaient les siennes l’espace d’un instant. Ce n’est qu’une petite fouineuse qui furetait je ne sais pas où quand je suis venue la retrouver, oublie-la. »

    Alors qu’il descendait doucement sur le corps de la jeune femme, Erwan s’arrêta soudainement. Plutôt que de se focaliser sur sa tâche actuelle, il ne put faire autrement que de repenser à cette Selma, à son étrange comportement à la taverne, à ce contrat trop louche pour être honnête ou même intéressant, et à ce que venais de dire Laëssya.
    «Répète ce que tu as dit ? Ce n’est pas une question de mésentente ou autre, tu es sérieuse, n’est-ce pas ?
    - Oui, mais…
    » lâcha-t-elle pitoyablement en essayant de le retenir alors qu’il quittait sa couche. Elle le contempla, désemparée, redressée sur le lit. Elle qui avait pensé fustiger la noble pour pouvoir se le réserver pour elle toute seule, voilà que ses plans s’en trouvaient tout bouleversés.
    Erwan se vêtit rapidement, enfilant ses chausses et passant une veste par-dessus ses épaules, les sens en alerte. Etait-ce son imagination, ou venait-il d’entendre, à l’instant, le bruit d’un vase que l’on eût fait tomber au sol sans le faire exprès ? Il ne savait que penser de tout ceci, et demeurer ainsi, dans le doute, l’horripilait horriblement. A tout hasard, l’héritier se saisit d’une dague, et se glissa en dehors de sa chambre.

    Qu’espérait-il trouver ? Rien de très concret, et c’était un véritable chat-en-jambe qu’elle lui collait là ; si la jeune femme avait déjà fait main basse sur ce qu’elle cherchait, comment diable pouvait-il la faire avouer sans la prendre en flagrant délit ? Si elle niait les faits, comment le lui faire admettre ? Après quelques minutes de perlustration dans les couloirs de son château, il parvint devant la porte de la chambre de son invitée. Et puis, si Laëssya s’était trompée ? Si Selma n’avait que cherché les latrines, la cuisine, ou même un simple domestique ? Qu’allait-il lui dire ?
    « Avez-vous volé quelque chose m’appartenant ? », ou bien «Désolé, je me suis trompé de porte… ». Splendide. Magnifique. Ou alors ferait-il parler cette réputation dont l’aînée des Hinara avait déjà entendu parler. Cela serait peut-être plus probant, mais tout aussi ridicule, encore que sa dernière lettre pouvait presque faire passer la chose. « J’ai envie de vous ! »
    Assurément, en tant que seigneur des lieux, il avait l’usance de passer la nuit dans la couche de cette invitée qu’il avait vue pour la première fois le jour même, et cela, surtout s’il voulait arranger quelque contrat et bonne relation que ce fût avec sa famille. Baste, j’aviserai bien ! Et il ouvrit la porte.

    Il ne sut si ce qu’il vit le ravit ou l’effraya davantage encore. Ses yeux percèrent l’obscurité après un certain temps d’adaptation, que pour tomber que sur une couchette désespérément vide. La Selma n’était définitivement pas dans sa couche, et, avec cela, les craintes de sa domestique se fondèrent en vérités. D’ailleurs, n’était-ce pas elle qui arrivait, là, dans cet éclat de chevelure cuivrée ? Il ne dit rien, elle non plus, et un rapide coup d’œil dans la chambre fit presque afficher un mauvais sourire satisfait à cette dernière, comme si Laëssya n’était que trop contente que cette femme-là fût une ennemie une bonne fois pour toute. Pestant contre tout cela, Erwan indiqua à sa suivante de ne faire aucun bruit alors qu’il s’engageait à nouveau dans les couloirs de sa demeure.

    Elle s’était comportée en abuseur, avec son contrat dont il avait fleuré la malice, et sous ses belles paroles et sa certaine joliesse, elle se révélait malévole. Il espérait bien lui tomber dessus alors même qu’elle était en train de commettre son larcin. Le château étant gardé, son propriétaire doutait fortement qu’elle eût pu s’esbigner.
    Les salles semblaient vides et, passant devant la porte de certaines chambres exiguës, Erwan n’entendit que des ronflements ou des silences. Arrivé à la salle des coffres, il ne remarqua rien de suspect, étonné. Ce pouvait-il qu’elle fût si grande voleuse que la jeune femme eût ouvert les serrures sans même les casser, avant de les verrouiller derrière elle pour faire comme si de rien n’était et avoir tout son temps pour le dévaliser ? Prudent étant mère de sûreté, il s’empara de son trousseau de clefs pour aller vérifier. Rien n’était à signaler. Ni vol, ni perte, ni dégât. A quoi pouvait-elle bien jouer ? Il ne restait plus qu’une seule solution, à ses yeux. La noble était venue se renseigner sur ses terres, ses villages, la topographie de son domaine, ou même ses revenus pour en déterminer sa probité en termes d’attaque. Alors, était-ce cela ? Les Hinara voulaient-ils véritablement lui déclarer la guerre après s’être renseignés sur lui-même ?

    Laëssya sur les talons, il arriva jusqu’à la porte de la bibliothèque et de la salle des archives, qu’il ouvrit sans un bruit. La pièce était bien grande, et de nombreuses étagères embouquinées venaient la combler de leur poussière et de leurs pages qui sentaient bon le parchemin. Au-travers de ces rayonnages, il avait autant de chance de la surprendre que d’être surpris lui-même si elle se trouvait céans-même. Dague à la main, il avançait avec précaution entre les étalages, et ce jusqu’à la trouver.
    Toute occupée à friponner qu’elle était, Selma en était devenue inadvertante, et tournait les pages d’un ouvrage qu’elle avait posé sur une table. Avec grande cautèle, il s’approcha d’elle, avant de violemment la harper à la gorge, dans son dos.

    La main gauche d’Erwan avait agrippé le même poignet de la jeune femme et l’avait plaqué contre sa hanche à elle droite tandis que sa dextre menaçait la peau opaline de sa gorge soudainement tendue par la lame acérée qui commençait déjà à mordre. Son pied droit était passé devant celui de sa comparse par l’extérieur, l’entravant de sa jambe s’enroulant presque autour de son autre jumelle. Il était tout contre elle, le corps collé contre celui de la noble, jusqu’à son propre visage, positionné contre la chevelure de Selma afin de lui occulté tout mouvement de recul de la tête qui, d’un coup sec, aurait pu lui briser le nez.

    « Bougez ne serait-ce que d’un cheveux, et je vous tranche la gorge sans plus de cérémonie, dussè-je perdre là la possibilité de connaître vos motivations quant à cette petite mascarade. Laë, fouille-la. »

    La servante, qui attendait derrière lui sans avoir pipé mot, s’empressa de répondre à l’appel de son seigneur, bien trop heureuse que de contempler, en face à face, cette nobliette qu’elle n’avait jamais pu sentir. Après lui avoir fait ostensiblement un petit sourire satisfait et une petite mimique, comme si elle s’excusait d’avance, ironiquement, de devoir poser les mains sur elles, elle parvint à trouver une des deux dagues, celle dissimulée dans la botte. Puis, arme en main, elle se retira quelque peu.

    « Je ne vous imaginais pas si cafarde, bien que votre proposition m’eût paru quelque peu louche de prime abord », endêva Erwan d’un ton glacial. Quelles sont les raisons qui pourraient pousser la fille d’une noble famille à violer l’hospitalité de ses voisins pour aller s’enquérir de quelques documents les concernant ? Je vous encourage vivement à répondre, et si vos réponses me messiéent, je ne m’embâterai pas de vous et vous conduirai tout droit à la malemort. »

    Ce disant, l’on put voir un petit filet de sang couler, déjà, le long de la dague. Après avoir tenté de le pateliner, la maraude avait tout intérêt à lui dire la vérité.

    Spoiler:


Erwan d'Ablaÿ

Erwan d'Ablaÿ


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Une once de noblesse et beaucoup de mascarade [Sunaï Hinara & Erwan d'Ablaÿ]. Sand-g10Dim 25 Aoû - 17:21
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Sunaï tourna une nouvelle page du document qu’elle avait sous les yeux. Elle avait regardé derrière son épaule à peine trente secondes plus tôt, mais cela n’avait pas été suffisant. Sans qu’elle ait noté quoi que ce soit, ni souffle, ni bruit, elle fut brusquement attrapée par l’arrière. Surprise, son cœur rata un battement, et elle lâcha brusquement le dossier qu’elle avait sous les yeux tandis que l’on ramenait son poignet contre sa hanche pour mieux l’entraver. Ses sens furent soudain beaucoup plus alertes, mais son agresseur ne lui laissa pas le temps d’amorcer quelque mouvement défensif que ce soit qu’elle sentait déjà le métal froid d’une lame sur sa gorge. Elle s’immobilisa, les muscles tendus, la tête basculée légèrement en arrière pour réduire la morsure de la dague. Lorsque son assaillant ouvrit la bouche, tout près de son oreille, elle reconnut la voix aussitôt. Erwan d’Ablaÿ. Alors, quoi ? Avait-il pour coutume de faire surveiller ses invités durant la nuit ? Ou avait-elle si mal joué la noble ? Ces brèves interrogations furent vite stoppées par l’apparition de la servante dans son champ de vision. La jeune femme plissa légèrement les yeux quand elle comprit que la domestique avait dû médire à son sujet. Alors que celle-ci la fouillait et trouvait l’arme glissée dans sa botte, Sunaï répondait à sa mine satisfaite par une expression mauvaise et fière, le tout avec un regard plein de bravade, pour le peu de dignité que l’on pouvait avoir dans ce genre de situation.
Sunaï détestait cette position. Cette action était plutôt louable de la part d’Erwan, elle qui avait été habituée durant son adolescence à faire attention à chaque détail pour ne pas finir égorgée au coin d’une venelle mal famée.
La mercenaire laissa passer quelques secondes après la fin des paroles du seigneur, et le silence de la pièce fut seulement troublé par leurs souffles respectifs.

- Comment vous aviez dit, déjà ? Ah… L’habit ne fait pas le moine, déclara-t-elle alors que quelques gouttes de son sang perlaient sur son cou.

Sunaï avait abandonné tout faux semblant, et s’il ne pouvait pas voir l’expression hautaine de son visage, il décèlerait assurément le ton de sa voix, orgueilleux, insolant, provocateur. La mercenaire ignorait totalement la servante à côté d’eux, tout se jouait entre celui qui s’était fait passer pour mercenaire et celle qui s’était faite passer pour noble… Il avait parlé de mascarade ? Oui, celle-ci était tombée, et ils avaient désormais récupéré leurs rôles respectifs. Continuer à jouer Selma n’avait plus aucun intérêt à ses yeux. Peut-être serait-il plus enclin à mieux la traiter s’il la prenait toujours pour elle, mais la jeune femme n’y accordait aucune attention. Elle préférait être prise pour une va-nu-pieds plutôt que pour sa sœur. Alors qu’elle continuait à parlementer, Sunaï jetait quelques regards furtifs autour de la pièce, analysant ses options. Elle pouvait sentir son poignard inaccessible au creux de son dos…

- Allons, monsieur d’Ablaÿ. Venir déplacer sa propre petite personne pour voler elle-même un voisin alors qu’il y a des milliers de professionnels à payer ? Arriver sur les terres étrangères d’un collègue sans même annoncer sa venue prochaine ? Loger dans une auberge modeste en cachant son ascendance, se mélangeant au bas-peuple ? Le ton de Sunaï se faisait de plus en plus moqueur, et elle partit dans une petite exclamation rieuse, tentant d’ignorer la lame qui lui mordait désagréablement la gorge. Vous connaissez décidemment bien mal les Hinara. Et je saurai désormais que les Ablaÿ sont naïfs.

L’assurance de Sunaï était en grande partie due au fait qu’Erwan était totalement collé contre elle. Il l’emprisonnait totalement, laissant une mauvaise position apparente à la jeune femme. Ce qu’il ne savait pas, cependant, c’était qu’elle avait justement besoin d’un contact direct pour user de ses capacités magiques.
Sur ces paroles, la mercenaire posa à nouveau son regard sur la servante, qui pourrait lui poser problème. Elles se regardèrent en chien de faïence pendant une seconde. Sunaï bascula ensuite un peu plus la tête en arrière en serrant les dents, faisant mine de vouloir réduire encore la pression de l’arme sur sa gorge. Elle ne bougea rien d’autre, juste la tête, pour le convaincre qu’elle suivait ses ordres et n’avait fait là qu’un geste destiné à diminuer la morsure de la dague. Sa joue droite vint frôler celle d’Erwan à travers quelques mèches de cheveux, dans un doux mouvement qui pourrait presque passer pour une volonté de l’embrasser tant leurs lèvres étaient proches. Cependant, c’était quelque chose de bien moins agréable qu’elle lui préparait. Sans aucun préambule ni autre mot, elle embrasa sa peau d’un courant électrique, principalement au niveau du poignet qu’Erwan tenait, et de la partie de son visage qui touchait la peau du seigneur. Aussitôt après, profitant de la surprise et de la douleur occasionnées, Sunaï referma prestement sa main droite sur le poignet du seigneur, reculant la menace de sa gorge avec une autre salve électrique pour la lui faire lâcher. Elle ne sut si ce fût un geste volontaire de sa part pour l’arrêter ou un spasme incontrôlable, mais la pointe de la lame vint rapper contre sa peau et la couper légèrement juste sous la mâchoire, au-dessus de la carotide, traçant une ligne rouge de plusieurs centimètres. La mercenaire serra les dents sous la douleur et, profitant du fait que les bras de son agresseur ne l’emprisonnaient plus aussi fermement, elle tourna son bassin, écrasa le pied de la jambe d’Erwan qui l’entravait avec son talon gauche, et acheva sa rotation en libérant sa jambe. Elle lui faisait face, désormais. Tout cela s’était déroulé en deux secondes, à peine. Erwan était bien plus fort qu’elle physiquement ; Sunaï savait que seul l’effet de surprise avait pu fonctionner et que cela ne marcherait pas deux fois.
Laëssya, le visage soudain déformé par une mimique de hargne et de stupeur, n’ayant sûrement pas compris ce qu’il venait de se passer, s’approcha, la lame qu’elle lui avait prise dans la botte à la main. Sunaï attrapa vivement le poignard qu’elle avait dans le dos et se recula d’Erwan jusqu’à ce que l’arrière de ses cuisses vienne buter sur le rebord de la table en bois sur laquelle elle avait été occupée à regarder les parchemins et autres papiers.

- Je crois qu’il va falloir se calmer. Elle pointait le poignard en direction de la servante qui s’était arrêtée tandis qu’elle avait relevé la paume vide de son autre main vers Erwan. Ou je risque de faire un peu plus de dégâts que cela avec d’autres fulgurations de mon cru.

Elle fit pianoter ses doigts dans l’air, laissant entendre au seigneur qu’elle pouvait les atteindre à distance également, ce qui n’était évidemment pas le cas. Sunaï reconcentra son attention sur Erwan, gardant néanmoins la servante dans son champ de vision périphérique. Ils faisaient tous deux face à elle, et la sortie de la bibliothèque derrière leur dos semblait la narguer, inaccessible.
Lentement, Sunaï fit le tour de la table sans les lâcher des yeux, essayant de les tenir en respect avec son bluff, mettant un nouvel obstacle entre eux. De légers filets de sangs coulaient sur son cou depuis la coupure sous sa mâchoire. Elle attrapa quelques documents qu’elle froissa dans sa main pour une meilleure prise, avant d’ajouter :

- Que fait-on, maintenant ? Je ne compte pas vous donner la raison de ma venue, non. Vous me laissez donc sortir gentiment ou je vais devoir vous forcer la main ?

Elle fit grésiller une étincelle sur le bout de ses doigts, et la lueur perça quelque peu l’obscurité de la bibliothèque. Sunaï pouvait toujours leur faire faux bond et disparaître dans le labyrinthe d’étagères, pour tenter de trouver une fenêtre par laquelle elle pouvait sortir. Mais elle préférait éviter de leur tourner le dos pour l’instant, même pour fuir, car elle n’était pas dans la meilleure position pour cela. Il suffisait d'un seul faux pas pour se faire prendre.

Sunaï Hinara

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Une once de noblesse et beaucoup de mascarade [Sunaï Hinara & Erwan d'Ablaÿ]. Sand-g10Mer 28 Aoû - 17:08
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    Le temps se distendit et se forlongea tandis que l’atmosphère, dans la pièce, devenait orageuse. Une demi-pause durant laquelle ils se jugèrent tous, et à travers laquelle Erwan sentit la jeune femme entre ses bras faire un rapide tour d’horizon et tester, sans même s’en rendre compte véritablement, la résistance qu’opposait son corps au sien. Mais il était décidé à tenir bon tout autant qu’à lui trancher la gorge à la moindre tentative de sa part. Il n’était pas dans ce genre de personnes naïves et stupides qui se gaudissaient à conter l’intégralité de leur plan à un adversaire qu’elles croyaient désarmé et inoffensif. Il préférait de loin la sûreté au risque, et, quant à savoir les raisons d’une telle action, il ne manquerait pas de les obtenir dans le futur.  Le jeune homme parvenait tout autant à percevoir toute la rage canalisée de sa victime, laquelle endêvait de s’être fait ferrer de la sorte par un simple moment d’inattention, toute occupée qu’elle avait été à fouiner dans ses affaires.
    L’habit ne fait pas le moine ? Oh, cela, il ne le savait que trop bien, et l’avait même démontré à Selma. Mais où voulait-elle en venir pour réciter à son tour ce proverbe qu’il affectionnait particulièrement ?

    De nouveaux coups d’œil jetés en catimini par la noble ne firent qu’augmenter encore la pression qu’exerçait la lame sur sa délicate gorge, déjà bien entamée. Si son corps se raidit, sa voix le fit tout autant, lâchant avec toute la morgue et le mépris dont elle était capable quelques fustigations sur les Hinara. Sur cette famille à laquelle elle appartenait. Sur cette famille à laquelle elle était censée appartenir. Toute une énumération d’actions et de faits que ladite famille ne ferait jamais, à l’entendre parler. Tout un comportement que la jeune femme avait pourtant adopté durant tout ce temps où il l’avait côtoyée. Et tout était désormais devenu limpide dans l’esprit d’Erwan ; la jeune femme n’était aucunement une Hinara, et, même s’il le doute planait encore, il était fort probable pour qu’il ne s’agît aucunement d’une sang-bleu.

    Avec un certain recul, il s’en serait presque esbaudi, tant la situation lui paraissait truculente. Que dire à propos de cette véritable mascarade ? Il s’était fait passé pour un mercenaire lorsqu’il était noble, et elle, durant ce même temps, s’était fait passer pour une aristocrate de bonne famille lorsqu’elle n’appartenait qu’à la gueusaille. Une traîne-misère qui avait pourtant l’usage de la convenance et de la bienséance, encore qu’elle manquait de rigueur sur les règles de l’hospitalité pour n’avoir pas hésité à les bafouer afin d’aller s’enquérir d’Aile-Ténébreuse savait quoi dans sa bibliothèque. Une situation cocasse qui l’eût bien fait rire, oui, si le ton vipérin de Selma, ou de qui qu’elle fût d’autre, ne lui avait pas écorché les oreilles. Il n’avait qu’une envie, là, sur le moment, laquelle n’était pas autre que de lui faire rabattre son caquet. Un violent coup sur le crâne, histoire de l’assommer, voilà qui eût été fort plaisant et expédient afin de la ligoter poignets et chevilles liés dans une oubliette et de la mettre à la question. Entre autre.  
    Mais c’était que la future prisonnière n’avait plus que ça pour tenter de conserver la face dans un dernier sursaut de dignité, avant de se voir contrainte à révéler tout ce qu’elle savait dans des possibles cris de douleurs et de suppliques. Car la vérité était ainsi ; une gueuse avait outrepassé ses droits, fourvoyé un seigneur, mangé à sa table et dormis sous son toit, et tout cela avant d’aller farfouiller dans ses papiers. Le seigneur des environs n’était pas spécialement porté sur la cruauté ou sur le sadisme, mais demeurait pragmatique dans sa façon de procéder, et se demandait déjà quelles seraient les peines encourues par voleuse.

    Mais il n’eut guère le temps de s’y appesantir davantage ; une violente douleur, très sèche et brutale, vint le frapper et à la joue, et au poignet, l’obligeant à desserrer son étreinte alors que se contractaient brusquement ses muscles. Ankylosé, ne comprenant pas d’où venait l’agression, il mit un certain temps avant de réagir concrètement, certain temps que la jeune femme mit à disposition pour lui agripper le poignet. Et une nouvelle déflagration sourde dans son corps vint ébranler les fondements de son être, lui tordant les nerfs, lui raidissant les muscles et lui brûlant la peau.
    «Putain, mais… ! » n’eut-il que le temps de lâcher alors que son arme tombait au sol dans un bruit métallique et que la prétendue Selma s’esbignait, hors de sa portée. Il ramassa son arme dans la précipitation, avant de ne savoir que faire. Qui était cette femme, soudainement ? Terra Mystica pullulaient de bestioles et d’engeances aux pouvoirs et aux dons tout bonnement incroyables, et il fallait croire que chaque personne faisant partie de sa population en possédait également. Lorsque vous rencontriez quelqu’un aux abords d’une route, celui-ci pouvait s’avérer être le plus insignifiant des pécores ou bien le pire démon et maître en quelque magie que ce fût, bien qu’ayant toujours l’apparence de ce premier pécore. Erwan posa un regard mauvais sur la jeune femme, si c’en était bien une, qui se trouvait en face de lui. Et quid d’elle ?  

    Un rapide balayage du regard l’informa sur la situation actuelle. Il tenait toujours sa dague, bien évidemment, et, en ce qui concernait Laëssya, la camérière affichait une mine tout autant choquée que l’avait été la sienne quelques instant plutôt. Elle s’était rapprochée de Sunaï que cette dernière tenait à distance après avoir fait jaillir d’il ne savait où une nouvelle dague. La fouineuse savait-elle se servir de cette arme ? Il était à craindre que oui, là où Laëssya ne savait que frapper d’estoc, basiquement, pour défendre sa vie. Lui savait s’en servir, assurément, mais il fallait malheureusement compter avec cette… Magie que possédait la prétendue noble.
    Erwan fit jouer ses doigts et ses articulations, bougea son pied et ses bras, détendant ses muscles qui n’avaient été que trop crispés avec que la foudre se fût abattue sur lui. Et Selma l’imita, mais dans des buts tout autres.

    Ses doigts de voleuse se révélaient soudainement bien dangereux alors qu’elle les menaçait de leurs extrémités et qu’y crépitaient quelques étincelles sauvages. Le jeune homme se tenait prêt à se jeter au sol s’il le fallait, ne sachant pas s’il serait assez prompt pour ce faire ou non. Mais quel choix lui restait-il ? Encore que…
    La fouineuse se retrouvait dans une impasse. Elle ne savait définitivement que faire, et se sentait en grand danger. Cela s’apercevait et dans la fausse rogue qu’elle affectait tout autant que dans ses rapides et frénétiques coups d’œil qu’elle jetait çà et là. Sans compter que, dans son désarroi le plus total, elle invitait Erwan à éventuellement lui clarifier la situation, espérant probablement que le jeune homme l’informerait d’un détail qu’elle eût oublié et dont elle pourrait se servir. Il sourit soudainement, décontracté, se redressant presque nonchalamment.

    «Te laisser sortir alors que tu es prise au piège ? Assurément pas. Voilà ta situation. Tu es esseulée, sans aide –ne dit pas le contraire-, et aux abois, prise la main dans le sac. Si tu avais véritablement la possibilité de nous défaire, tu l’aurais déjà fait depuis longtemps. Il prêtait tout de même une grande attention aux éventuels mouvement que pouvaient faire sa vis-à-vis, quelque fois qu’elle se lancerait dans une action désespérée. Je ne doute pas de ta… Capacité à pouvoir nous causer grand dommage avec ta sorcellerie que voilà, mais si tu étais si puissante que cela… Nous ne serions plus là pour en discuter. Laisse-moi deviner. Tu n’as pas assez de force pour nous terrasser tous les deux ? Eh bien je vais te dire. Tue-moi, et mes gardes aussi bien que mes gens te le feront amèrement regretter ; tu as pu t’apercevoir que je n’étais pas détesté dans les environs. Tue-la, lança-t-il en désignant Laëssya, et c’est moi qui te le ferai regretter, et tu peux compter sur mon imagination pour cela. Dans tous les cas, tu es faite. C’est pour cela que je te propose une alternative.

    Rends-toi, et, si tu me dis la vérité sur tous tes derniers agissements et les raisons qui t’ont poussée à les faire, alors, tu as ma parole, aucun mal ne te sera fait. Tu seras simplement reconduite à la frontière, et bien traitée, car tu n’es qu’un pion dans un jeu d’échiquier qui te dépasse, et ce serait à toi d’en subir les conséquences alors que ceux qui t’ont engagée se tiennent posément, à l’abri, chez eux.
    Tu as dix secondes pour me dire ta décision. A la dixième seconde, j’appelle la garde. Et ils m’entendront.
    »

    Ce disant, il affirmait une assurance qui était son apanage, cette assurance qui laissait croire qu'il maîtrisait la situation de bout en bout et que jamais l'on ne pourrait ni le piéger, ni le tromper. Il croisa le regard noisette de la jeune femme, bien décidé à creuser ce fossé qui les séparer, à faire naître et fleurir le doute en elle pour qu’il s’en nourrisse, ne bronzant que davantage encore la confiance qu’il ressentait.
    Mais il se tenait tout à fait prêt à plonger derrière un rayonnage si ladite Selma se sentait finalement d’humeur à jouer les sorcières.
         


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Une once de noblesse et beaucoup de mascarade [Sunaï Hinara & Erwan d'Ablaÿ]. Sand-g10Mar 3 Sep - 16:30
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La mine satisfaite et moqueuse alors qu’elle le voyait bouger les membres pour apaiser ses muscles, Sunaï avait reculé un pied, prête à faire volte-face derrière un étalage s’il faisait un seul geste un tant soit peu menaçant en sa direction. Elle récupéra vite son air impétueux, en revanche, lorsqu’il reprit un ton encore plus agaçant que celui qu’il avait utilisé quand il l’avait prise à la gorge. A cet instant, il s’était montré menaçant, avec la colère d’un homme qui s’était laissé tromper. Désormais, il la regardait tout sourire, avec un comportement presque insouciant, qui montrait à quel point il la trouvait aussi dangereuse qu’un insecte. Mais ses paroles furent pires. Persiflage sur ses capacités, proposition de reddition tellement arrogante. Seulement, ce ne fut pas cela que Sunaï retint le plus, mais son soudain tutoiement outrageant, qu’elle prenait pour une insulte. Ah, ça ! Maintenant que Sunaï avait abandonné l’identité de Selma, fini les faux-semblants et la politesse. Il n’était finalement qu’un noble comme tous les autres, ignorant le respect dès lors qu’il faisait face à des inférieurs, comme ils aimaient à le dire. Certes, elle venait de violer son hospitalité et de lui manquer beaucoup plus de respect, d’une certaine façon. Cependant, la conduite du petit seigneur en retour n’était assurément pas à son goût.
Courber le dos, obéir… se rendre ? Cela n’était définitivement pas son genre. D’autant plus qu’Erwan venait de réveiller son arrogance et sa fierté, à tel point que l’idée même de fuite lui répugnait. Elle voulait lui rabattre son assurance, lui donner la honte cuisante de se faire avoir par une traîne-misère, le soumettre à sa volonté. Sans oublier qu’elle détestait le travail mal fait, et elle ne tenait dans sa main que la moitié des documents qu’elle était venue chercher.
La jeune femme avait arrêté de regarder les issues possibles derrière son interlocuteur, et le regardait à présent droit dans les yeux sans jamais le lâcher, la mâchoire serrée, gardant un calme et une impassibilité qui contrastaient avec la colère qui bouillonnait en elle, même si son état d’esprit devait être parfaitement visible. Sunaï essuya le côté de son cou où le sang gouttait toujours d’un revers de main, avant de se pencher un peu par-dessus la table qui la séparait du seigneur et de la servante.

- Reconduite à la frontière après avoir dit la vérité… Elle eut un petit rire. Je suppose que rien ne sera fait pour s’assurer de ma bonne foi, que mes propos seront pris au pied de la lettre, et que l’on me relâchera dès le lever du jour ?

Son ton suintait l’ironie et le mépris. Bien que sa proposition l’ait quelque peu étonnée de prime abord, à vrai dire. Elle en connaissait certains qui n’auraient même pas pris la peine de proposer une reddition pacifique, trop blessés dans leur amour-propre, même pour mentir. Après avoir sondé le regard d’Erwan, elle haussa subrepticement les épaules.

- Vas-y, appelle-les, tes gardes, lâcha-t-elle en appuyant sur son tutoiement, lui rendant la monnaie de sa pièce. Sunaï, rancunière ? A peine.  L’on sait tous ici que vous êtes venus seuls, ajouta-t-elle en le montrant lui et la domestique, ce qui a été peut-être une grossière erreur de votre part. Et que s’il y avait eu des gardes derrière la porte à surveiller les évènements, ils auraient fait irruption ici dès lors que j’ai usé de mes capacités à l’encontre de leur cher seigneur…

Sunaï n’en savait rien, à vrai dire, et des gardes fidèles ayant reçu des ordres explicites auraient pu rester de marbre. Mais elle en était quasi persuadée, qu’il n’y aurait personne pour l’entendre. A moins que sa servante ne parte soudain hurler dans le couloir, elle ne voyait pas vraiment comment il pourrait se faire entendre depuis la bibliothèque, sauf si une patrouille passait par-là au même instant, probabilité presque nulle. Sunaï trouvait presque cela amusant : ils usent tous deux d’une mauvaise identité, et désormais, tous deux du bluff – elle et ses capacités magiques, lui et sa garde.
Elle avait toujours le regard plongé dans les yeux azur de son interlocuteur. Il y eut un instant de flottement, rapide, pendant lequel Sunaï hésita. Elle était tellement rongée par l’envie de le mater, celui-là. Elle n’allait pas attendre de vérifier s’il pouvait appeler sa garde, cependant, ni perdre de précieuses secondes si cela était le cas. Alors, sans aucun signe avant-coureur, elle planta son poignard sur la table, agrippa de sa main maintenant libre une petite pile de parchemins et de feuilles qu’elle avait laissée sur la table en bois – l’autre tenant le peu de documents qu’elle avait trouvés –, la lançant en l’air face au seigneur, droit sur son visage. Les feuilles volèrent, s’éparpillèrent en tous sens, lui ôtant une grande partie de sa vision sur elle. La mercenaire fit volte-face après avoir rapidement récupéré le poignard, s’engouffrant dans le rayon de la bibliothèque sur sa gauche, espérant que les feuilles lui ait gâché suffisamment son champ de vision pour l’avoir vue de quel côté partir, et qu’il en était de même pour la servante à côté de lui. Elle avait laissé de côté avec difficulté son envie de lui tenir tête, privilégiant son instinct de survie qui ne lui avait pas conseillé de s’éterniser.
Sunaï courut. Se diriger vers l’entrée de la salle était suicidaire, au moins un l’attendrait là-bas. Lorsqu’elle eût tourné dans un autre rayon, elle ralentit soudain, retenant son souffle pour écouter, tentant de déterminer s’ils avaient bougé eux-aussi, si l’un d’entre eux était parti chercher des renforts. En même temps, elle cherchait du regard une fenêtre qui ne la ferait pas atterrir dans un guet-apens plus grand encore. Arriver dans la cour, par exemple, alors que toutes les personnes présentes dans ce château connaissaient mieux les lieux qu’elle pour pouvoir la surprendre et surgir de n’importe quel côté.
La mercenaire avait les sens en alerte. Courir maintenant serait révéler sa position au sein des étagères, mais rester immobile et attendre qu’on la trouve était pire. Elle faisait alors un compromis entre les deux, se déplaçant discrètement entre les livres, les étalages, mais le plus rapidement possible, se rapprochant du mur de la salle qui, si son orientation était bonne, donnait sur le côté du château non loin de l’étable où elle pourrait récupérer son cheval et filer loin d’ici. Un poing resserré sur son poignard, l’autre sur les papiers, elle faisait de larges pas, étouffant au maximum le bruit de ses semelles. De longues secondes, voire minutes, passèrent, chacun sûrement à l’affût du moindre bruit. Alors, elle la vit. Son échappatoire. La lueur de la lune filtrait doucement à travers le carreau, à l’autre bout du rayon de livres dans lequel elle se trouvait. Elle retint son souffle. Après une seconde d’indécision, Sunaï accéléra le pas le long des étagères, sûre de son succès, arrivant presque à pleine vitesse. Il ne restait que quelques mètres entre elle et l’ouverture lorsqu’un mouvement l’alerta. Alors qu’elle venait d’arriver au bout du rayon, l’on surgit de l’allée sur sa droite, venant la faucher par le côté. Emportée par l’élan de sa course, le choc lui vida l’air de ses poumons tandis qu’elle tombait au sol et qu’elle sentait une masse s’écraser sur elle. Plaquée à plat ventre, elle s’écorcha le visage sur la pierre, et son agresseur qui s’était posté au-dessus d’elle lui tordit violemment le bras dans le dos, l’empêchant de se servir de son arme. Elle n’avait pas eu le temps de voir si cela était Erwan ou l’un de ses valets, mais vu la force utilisée, c’était assurément un homme. Rageuse, se remettant du choc, Sunaï allait à nouveau lancer une décharge à travers ses membres antérieurs, mais son assaillant fut plus rapide. Une douleur vive et puissante lui traversa l’arrière du crâne et la jeune femme tomba inconsciente.


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    De son doute masqué d’assurance, la jeune femme n’avait plus rien conservé. Suite aux paroles d’Erwan, lequel lui avait pourtant proposé, en bonne et due forme, une reddition sans aucun risque ni danger pour sa personne, la voleuse s’était immédiatement drapée dans une incroyable fierté qui eût pu presque dépasser la sienne. L’on pouvait sentir son visage suintant l’arrogance et le mépris, son corps se redresser naturellement alors qu’elle se rengorgeait, et ses yeux fulminer d’une rage certaine. En vérité, Selma était totalement imperméable à toute forme de raison, car accepter l’offre que lui avait proposée le jeune homme eût été la seule façon de faire preuve de sagacité.
    Elle voulait véritablement qu’il appelle les gardes, faisant fi de toutes ses menaces qu’il avait proférées. Et si, effectivement, Laëssya et lui étaient arrivés seuls, le jeune homme ne doutait pas que des cris suffisamment forts puissent alerter les gardes éveillés. Car il y en avait toujours, afin de défendre le château en cas d’escarmouche soudaine, si jamais quelques roublards bien téméraires décidaient de s’en prendre soit au castel lui-même, soit aux villages des environs.
    La voleuse avait définitivement pris sa décision.

    Se saisissant de plusieurs documents à sa portée qui traînaient sur la table, la prétendue noble les jeta droit devant elle, en direction d’Erwan. Si quelques dossiers, effectivement, l’atteignirent bel et bien, le reste ne fut que parchemins et autres documents volants qui s’éparpillèrent dans les airs un mètre après qu’ils fussent jetés. Un effet théâtral qui eut probablement beaucoup moins d’impact que ce qu’avait escompté la jeune femme qui s’enfuit entre les rayonnages.
    «Gaaaardesss !, hurla aussitôt Erwan avant de se précipiter sur sa droite, dans une allée parallèle à celle qu’avait empruntée la fouineuse. Laë, cours avertir la garde et faire sonner le tocsin ! Maintenant ! »

    Ses cris s’étaient répercutés dans l’ensemble de la pièce et, possiblement, bien au-dehors de celle-ci. Les serviteurs dont les chambres mitoyennes partageaient les murs de la bibliothèque s’avéraient susceptibles d’avoir entendu les cris, s’en allant ainsi prévenir la garde plutôt que ne le ferait Laëssya s’ils faisaient preuve d’un peu de jugeote et de promptitude. Erwan entendit sa camérière détaler dans le sens opposé, entre les étalages embouquinés, puis s’ouvrir une des lourdes portes donnant accès à cette même salle.
    Il courut fonça à toute allure dans la bibliothèque, entouré de livre, et, au milieu d’une allée, s’arrêta soudainement, tendant l’oreille. Seul le silence vint l’accueillir, Selma ne bougeant apparemment pas non plus, ou s’efforçant alors de faire le moins de bruit possible. Un jeu de mimique s’était engagé ; ils avaient couru le plus rapidement possible, tous les deux, afin de se mettre à l’abri derrière quelques étalages de manuscrits dans le but de se soustraire au regard de l’autre. Et à présent, il s’agissait pour l’une de continuer à rester discrète et à s’échapper tout doucement, et, pour l’autre, à faire le moins de bruit possible afin de la rattraper. Erwan n’avait qu’une idée assez générale sur la position de la prétendue noble ; sur la partie droite de la bibliothèque et face à lui s’il conservait la porte par laquelle il était entré de dos. Mais il connaissait bien les lieux et savait pertinemment qu’une autre entrée donnait dans cette grande salle, ce que devait probablement ignorer sa vis-à-vis. Pour le moment. Et il ne tenait qu’à lui qu’elle n’en apprenne pas davantage en la maîtrisant le plus rapidement possible.

    Quelque part dans le château, quelques échos portés par les murs ancestraux leur apportèrent quelques appels trop lointains pour que l’on pût être en mesure d’en comprendre leur contenu, mais Erwan pressentait là un appel de Laëssya à la garde. Et cette dernière devait déjà foncer vers la bibliothèque ou ses pièces attenantes, les encerclant afin de ne concéder aucune possibilité de fuite à la maraude.
    L’oreille tendue, il continuait d’avancer doucement entre les étalages, tentant d’apercevoir l’ombre de la jeune femme à travers les minces espaces libres formés par l’ensemble de livres reposant sur les étagères. Silencieusement, ne parvenant à ne rien mirer au-travers des nombreux ouvrages, il se mit au sol, regardant en dessous des rayonnages. Et il l’aperçut enfin ; deux pieds chaussées de noir qui se dirigeaient au hasard dans la pièce et non pas en direction de la seconde porte. Connaissant les lieux mieux qu’elle, le propriétaire de ces terres avait fortement conscience de ses diverses possibilités qui lui étaient offertes afin de la prendre à revers sans même qu’elle le remarquât. Avec une vivacité non pas dénuée de discrétion, il plongea derrière un rayonnage, poursuivit droit devant en suivant une allée, et s’abrita derrière un pilier tout en conservant le regard rivé plus ou moins là où devait se tenir la jeune femme. Il s’agissait déjà d’un grand poids en moins que de ne plus devoir sans cesse regarder devant puis, aussitôt, derrière soi, de chaque côté de l’allée, afin de vérifier si une ombre n’y passait pas.

    Il la sentait toute proche, et peut-être même pouvait-il ouïr sa respiration ou le frottement de sa vêture sur ses jambes ou les rayonnages qu’elle longeait. Ou était-ce simplement son imagination ainsi que l’adrénaline qui courait en ses veines ? Il devait la prendre par surprise et ne surtout pas oublier que cette sorcière qu’elle était détenait possiblement le pouvoir de lui brûler la peau et de tétaniser ses membres et son corps, quand bien même ignorait-il totalement comment cela fonctionnait. En tout cas, il avait pu y réfléchir, ce n’était pas automatique, sans quoi n’eût-il pas pu l’entraver comme il l’avait fait. Elle devait certainement le vouloir et être consciente de ce qu’elle voulait cibler. S’il la prenait à revers, sans qu’elle s’en doute, et parvenait à la maîtriser tout aussi vite… Il n’avait aucunement le choix, d’une toute autre façon.
    Il se figea soudainement lorsqu’un bruit résonna dans la pièce. Une porte venait de s’ouvrir, sûrement la seconde entrée par laquelle il n’était pas passé, et il entendait des bruits de pas qui tentaient de se faire silencieux. Laëssya avait-elle était si prévoyante en leur annonçant de ne pas faire de bruit ? Car il devait s’agir des premiers gardes venus inspecter les lieux et, pourquoi pas, l’aider à capturer la voleuse.

    Ce fut là qu’il la vit. Avait-elle entendu, elle aussi, la porte s’ouvrir ? Assurément. Et peut-être avait-elle pris soudainement peur ou l’avait conforté dans son obligation de prendre une décision, car voilà que la jeune femme traversa une grande allée juste devant lui, les yeux rivés à l’opposé de sa position. S’il avait souhaité la prendre à revers, par surprise, il était évident qu’il n’aurait jamais d’autres occasions plus alléchantes. Aussi se précipita-t-il à sa rencontre, droit sur elle, sachant déjà exactement quels seraient ses mouvements afin de la neutraliser au plus vite.
    La percutant de tout son poids, il l’envoya valser dans les airs afin de la faire atterrir brutalement sur le sol. Erwan sentit le souffle de Selma se répandre sur le sol alors qu’il se jetait sur elle, lui entravant férocement, douloureusement, sa main qui tenait sa dague contre son dos. L’obligeant à plier le poignet vers l’intérieur de son avant-bras, faisant pression sur le dos de sa main, le jeune homme la contraignit à lâcher sa dague sous peine de lui briser les articulations de la main. Elle tenta bien tant que mal de se dégager dans un premier temps après avoir rapidement repris conscience de ce qui se passait, ayant perdu ses repères lorsqu’elle s’était cognée au sol. Mais Selma n’eut le temps de rien faire ; un coup du pommeau de la dague bien placé l’envoya dans les vapes.

    -DONG-DONG-DONG, le tocsin résonna alors dans l’intégralité du château, prévenant ses occupants d’une menace extérieure ou d’un siège. Un peu tard, songea Erwan en reprenant son souffle et se relevant. Il eut alors une idée. L’avait-elle vu ? S’était-elle aperçue de qui l’avait assommée ? Eu égard à son angle d’attaque et à la rapidité avec laquelle il l’avait envoyé paître, il était tout à fait en droit de se poser la question, et pensait bien pouvoir y répondre par la négative. Tant mieux.

    Du bout du pied, il la retourna sur le dos, la faisant rouler sur le sol. Il s’accroupit à nouveau à ses côtés, la dévisageant longuement, sachant pertinemment qu’elle ne pourrait lui échapper, à présent. La bougresse ne s’avérait pas déplaisante, en fin de compte. Dommage pour elle.
    Le poing d’Erwan fit éclater les lèvres de l’inconsciente et, la seconde d’après, ce fut un coup de pied bien placé qui lui explosa l’arcade sourcilière. De quoi apprendre à cette garce à ne plus fouiner dans mes affaires et à accepter une honnête offre lorsqu’il est encore temps. Entre autre..
    L’héritier des Ablaÿ se redressa dignement alors que les gardes qui étaient entrés dans la pièce trente secondes auparavant, dans une discrétion relative, tombèrent nez à nez avec sa personne.
    «Je m’en suis occupé, tout va bien. Que l’un d’entre vous m’aide tout de même à la mener jusqu’aux cachots. » Et ce fut sans ménagement que Selma fut tirée par les bras, tête sanglante, ballotant au gré des mouvements brusques, ses jambes inertes traînant lamentablement au sol.



    ***



    L’ergastule s’avérait assez sombre, et seul un petit soupirail, bien en hauteur, ainsi que diverses torches couvrant le plafond de suie, parvenaient à l’éclairer chichement. Erwan se trouvait en tête à tête avec la prétendue noble, toujours inconsciente pour l’instant, après avoir demandé à ses gardes de quitter les lieux après lui avoir fourni un baquet d’eau directement tirée du puits et plusieurs chiffons propres. Il avait quelques questions à lui poser, et espérait qu’elle se montrerait enfin raisonnable. Assis sur une chaise, il contemplait paisiblement la jeune femme, enchaînée devant lui. Un étau de fer enserrait son cou tout autant que deux autres faisaient de même concernant ses poignets, maintenus dans les airs au niveau de ses épaules, et le tout était relié par des chaînes accrochées au plafond. Bien loin de l’allure fière et arrogante qu’elle avait arborée, la voleuse faisait peine à voir, inerte, la tête pendante, et le visage recouvert d’un sang. Son œil était en train de se tuméfier lorsque ses lèvres éclatées avaient soudainement gonflé suite au choc, recouvrant son petit menton d’un sang affluant.
    Un petit moment passa durant lequel Erwan demeura immobile, attendant qu’elle se réveillât.

    Elle toussa, cracha, remua doucement de la tête alors que, sur son visage, se lisait une grande douleur et une incompréhension certaine. Aussitôt, le propriétaire des lieux s’empara d’un chiffon, le trempa dans l’eau glaciale, et l’appliqua sur une Selma tuméfiée. Elle gémit, réagit en conséquence, durement ou doucement après avoir retrouvé ou non ses esprits, mais son geôlier lui prit délicatement son menton dans sa main, effleurant ses lèvres d’un doigt avant d’y apposé son index, lui indiquant de se calmer et de se taire.

    «Chut… Ne dis rien, calme-toi. Tu as été durement frappée et amochée, je dois l’avouer, et c’est une chance que, à travers la vastité de la bibliothèque, je sois soudainement tombé sur ce garde qui était en train de te faire passer un très très mauvais quart d’heure après même t’avoir assommée. » Il se tut un instant, écartant presque tendrement une mèche croûtée de sang pour la glisser derrière une oreille et pouvoir, ainsi, appliquer avec délicatesse le chiffon imbibé d’eau sur son œil au beurre noir. La mâchoire d’Erwan s’était soudainement crispé, son regard, durci, ne pouvant décemment pas comprendre ce qui avait poussé l’un de ses propres gardes à aller jusqu’à maltraiter de la sorte une femme inconsciente et devenue vulnérable.
    «Je n’approuve aucunement cette action, et, crois-moi, il le sait, à présent. Crois-moi, si je ne m’étais pas trompé de côté en partant à ta poursuite et t’avais directement trouvé, je ne t’aurai jamais abimée de la sorte. Au pire aurais-tu juste eu un mal de crâne, cela, je l’admets. Mais c’est que tu ne m’aurais pas laissé le choix », ajouta-t-il. Car il était évident que, après avoir refusé sa première offre de paix, elle n’allait pas accepter la suivante tant qu’elle avait quelque possibilité que ce fût de s’enfuir, et l’assommer s’avérait être la manière la plus certaine de lui mettre le grappin dessus. Il la contempla, ausculta la gravité de ses plaies, croisa son regard noisette, et soupira doucement en traçant le contour de ses yeux du chiffon, essuyant le sang en provenance de son sourcil.

    « Tu n’as rien de cassé, fort heureusement pour toi, et les dégâts sur ton visage sont bien plus impressionnant qu’ils ne sont graves. Si j’ai immédiatement mis un frein à la violence de mon garde à ton encontre et suis, pour le moment, en train de prendre soin de toi, c’est bien parce que j’espère toujours que tu sauras faire preuve de raison. Je suis assez magnanime dans mon genre mais, si l’on persiste à me faire front et à me tenir tête… Il secoua la tête, comme s’il s’avouait peiné qu’un tel comportement puisse être choisi. Tss tss, alors les choses ne feront que se gâter. »
    Il venait de lâcher ces dernières paroles avec une platitude exemplaire, comme si, même s’il regrettait que l’on puisse s’opposer à lui, s’occuper d’un blessé ou le charcutait ne faisait aucune différence pour lui. Il s’empara d’un gobelet sur la table et s’appliqua à faire boire à sa prisonnière l’eau qu’elle contenait.

    «De l’eau, rien de plus. Il y trempa lui-même les lèvres pour témoigner de sa bonne foi puis, lorsqu’elle eut terminé, il prit à nouveau le menton de la jeune femme dans sa main et le releva. Alors dis-moi tout, à présent. Juste la vérité. Si tu es une Hinara, si tu ne l’es pas ; qui tu es, ce que tu cherchais, pourquoi… Tout. »


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Ballotée dans les méandres de son esprit, Sunaï percevait parfois quelques sons, des paroles autour d’elle, voire même les gens qui la déplaçaient et s’afféraient autour de son corps inerte. Sa conscience tenta de refaire surface à plusieurs reprises, luttant contre l’ensommeillement de son cerveau, mais à chaque fois, elle sombrait à nouveau, incapable de comprendre ce qui se passait autour d’elle, oubliant même les quelques informations que son esprit avait pu percevoir. Elle ne refit surface définitivement qu’une fois dans la cellule.
Les yeux toujours fermés, la respiration de la mercenaire changea, avertissant les éventuelles personnes présentes de son réveil. Elle se concentra sur les bruits autour d’elle. Sunaï fut perdue les premières secondes, ayant du mal à se souvenir des évènements. Combien de temps était-elle restée inconsciente ? Plusieurs minutes, quelques heures, une journée entière ? Elle n’avait aucun repère. Tout ce dont elle était certaine, actuellement, était la douleur qui la lancinait à divers endroits. L’arrière de sa tête la lançait terriblement, lui donnant un mal de crâne épouvantable. Mais d’autres afflictions inattendues la faisaient souffrir : ses lèvres, l’un de ses sourcils. Ajoutées aux courbatures de ses bras et de son cou pour avoir été enchaînée et suspendue dans une position désagréable, le sang séché qui souillait ses cheveux et son visage, la mercenaire n’était décidemment pas dans son bon jour. La jeune femme ouvrit doucement les yeux – son œil tuméfié s’ouvrit à moitié –, dodelinant légèrement de la tête, et ce mouvement la fit se rendre compte d’un goût déplaisant dans sa bouche qui s’avéra être son propre sang. Elle toussa, évacuant la substance désagréable, et son oreille capta soudain un doux clapotis, l’informant qu’il y avait de l’eau en mouvement quelque part.
Encore quelque peu harassée, elle avait relevé le menton au moment où Erwan, qui était seul, déposait un tissu humide sur son visage. La fraîcheur du chiffon la fit tressaillir ; elle recula le visage avec une petite exclamation plaintive, et son gardien enflamma de douleur ses lèvres fendues alors qu’il les effleurait pour la rendre silencieuse.  A travers son épuisement, la colère, le dégoût de s’être fait prendre, toutes ces émotions la traversèrent de plein fouet. Elle s’en voulait presque plus à elle-même qu’au seigneur de se retrouver dans une telle situation. A vrai dire, il ne lui semblait pas avoir connu pareille circonstance dans sa vie. Ou alors, elle ne s’était jamais trouvée seule. Et être là, à la merci du souverain, enchaînée face à cet homme qui ne faisait que raviver plus encore sa fierté blessée en nettoyant son visage… Elle aurait presque souhaité demeurer inconsciente.
Sunaï écouta dans un silence borné le noble lui conter les raisons de ses blessures, affichant une clémence qu’il n’avait pas eue jusqu’à présent. Ses premiers gestes, dès qu’il passait sur ses blessures avec le tissu humide, lui étaient désagréables, ravivant une douleur sourde sur ses bleus qui s’installaient petit à petit. Passé le premier contact, cependant, il fallait avouer que cela apaisait sa peau en feu. Mais Sunaï n’appréciait pas cette situation. Oh que non. Entravée complètement, réduite à le laisser la toucher alors qu’elle n’avait qu’une envie : reculer son visage hors de portée de ses mains. Et elle le montrait bien dans son regard, dans lequel on pouvait voir luire une lueur mauvaise, principalement lorsqu’il lui assura que les choses iraient mal si elle ne se montrait pas coopérative. Elle le trouvait d’ailleurs bien téméraire, de s’approcher si près, lui qui avait eu un aperçu de ses capacités… foudroyantes. La mercenaire était trop désorientée et fatiguée pour faire quoi que ce soit, malheureusement. Et il en profitait.
La jeune femme plongea son regard dans les yeux bleus de son geôlier qui lui relevait doucement le menton, un air de léger défi perçant à travers son épuisement. Elle laissa passer un silence de quelques secondes, faisant courir son regard d’une pupille à l’autre. La mercenaire bougea ses jambes ankylosées qui pendaient toujours, inertes, jusqu’au sol, et prit appui sur celles-ci, se rehaussant de quelques centimètres. Les chaînes cliquetèrent, la pression des fers s’accentua sur ses poignets et sa gorge alors qu’elle essayait d’avancer. Elle serra la mâchoire, frustrée par ses entraves. Son visage était très proche de celui d’Erwan, et il pouvait sûrement sentir son souffle lorsqu’elle répondit.

- Qui je suis… souffla Sunaï, quelque peu pensive. Cela est-il réellement important ? Que je sois une Hinara, que je n’en sois pas une… mon traitement changerait-il ?

Elle avait haussé un sourcil curieux. La mercenaire donnait rarement sa réelle identité, du moins pas à ceux qu’elle savait susceptibles de reconnaître son nom. Et à part pour les gens vivant sur les terres ou aux alentours des Hinara, et pour les autres nobles des plaines de Terre, ce nom ne devait pas dire grand-chose. Sunaï ne comptait pas faire parler d’elle de cette façon, d’être apparentée à eux de quelque manière que ce soit.

- C’est cela que je n’aime pas chez vous tous. Cet orgueil, ce dédain, cette volonté de caser les gens dans des étiquettes. Que vous m’ayez tuée directement si vous n’aviez pas eu le doute de vous attaquer à une voisine noble ne m’étonnerait pas. …Mais vous m’avez l’air un peu plus intelligent que cela, tout de même. La jeune femme secoua la tête pour déplacer une mèche de cheveux qui était tombée devant l’un de ses yeux. Je vous ai déjà dit que je n’étais pas Selma, déclara-t-elle, d’un air presque lassé, mais empreint du dégoût d’être prise pour sa sœur, même si cela n’était que la juste conséquence de sa mascarade. Ne me confondez pas avec… tous ces hypocrites de votre caste. Et les Hinara ne vous veulent rien, si c’est là l’objet de vos inquiétudes. Je ne sais même pas s’ils s’intéresseraient à vos terres. Pas assez… grand pour eux. Je ne suis certainement pas l’une de leurs envoyés.

Elle affichait déjà un peu trop de fougue à leur encontre, et décida de s’arrêter là pour ce qui concernait sa famille. Sunaï dévisagea le seigneur pendant quelques secondes. Elle appuya sur ses pieds, se déplaçant légèrement, prenant une position qui la dérangeait moins.

- Et je crois que vous avez eu tout le temps de vérifier ce que j’avais tenté de voler pendant mon inconscience… alors pourquoi demander ? Sunaï resta silencieuse quelques instants. Le garde qui l’avait surprise ne lui avait-il pas remis le peu de papiers qu’elle avait réussi à dérober ? Ou n’était-ce là qu’une façon pour lui de l’inciter à tout lui raconter ? Elle plissa les yeux, hésitante, tentant de jauger si elle tenait là une possibilité d’entourloupe. Elle fouilla le regard du blond à la recherche d’un quelconque signe. Archives, cartes, organisation et répartition des patrouilles… Il était vrai qu’elle n’avait eu le temps de prendre que quelques cartes, et que cela n’était pas forcément très explicite aux yeux des Ablaÿ sur les intentions de celui qui l’avait engagée. Quant à mes raisons… ajouta-t-elle doucement. Rien de bien intéressant pour vous. Tout le monde ne naît pas avec une cuillère en argent dans la bouche, et certains ont besoin de s’en sortir par eux-mêmes.

La jeune femme s’arrêta, légèrement essoufflée après tout cet échauffement, son épuisement se faisant sentir. La douleur palpitait de façon vive à nouveau, autant derrière son crâne que sur son visage. Erwan n’aimerait assurément pas son ton, mais elle ne deviendrait pas docile si facilement. La prisonnière tira sur ses poignets par réflexe, dédiant son attention pour la première fois à ce qui l’entourait, comme si elle voulait imprimer dans son esprit toute la réalité de sa situation. De faibles rayons de soleil perçaient le soupirail au-dessus de leurs têtes, quelques torches agrémentaient les murs, mais la cellule restait assez sombre. Sunaï ignorait dans quelle partie du château elle se trouvait. Après quelques instants, elle se concentra à nouveau sur son geôlier. Elle soupira, abandonnant légèrement son air revêche. Elle devint plus neutre et impassible, arborant une expression presque sage tandis qu’elle réfléchissait à ses prochaines paroles et sa prochaine décision.

- Je n’ai rien contre votre famille. Je travaille pour mon propre compte. Il se trouve juste que certains offrent beaucoup pour des renseignements sur vos terres. C’est cela, que d’être noble et d’attirer les convoitises... Alors, cette fois-ci, c’est à mon tour de faire une proposition. Si vous voulez les informations sur mon employeur, il va falloir enchérir mieux que lui.

Cela lui brûlait les lèvres que de dire cela. Si elle suivait son envie, elle lui aurait simplement craché au visage et aurait conservé un silence fier et entêté. Mais elle n’avait personne pour lui venir en aide, ne réussirait certainement pas à s’échapper enchaînée de la sorte. Elle était faite, réellement. Et n’était pas suicidaire non plus. Sunaï n’était en aucun cas pécuniaire, l’argent ne l’intéressait certainement pas à ce point. Mais c’était là le seul moyen de finir sans perdre trop la face, quitte à passer pour une mercenaire sans aucune morale ne pensant qu’à sa paye. Et si cette proposition pouvait paraître quelque peu comique de la part d’une femme dans une position qui ne souffrait normalement d’aucune exigence possible, Sunaï osait. La jeune femme croisa à nouveau le regard azur du souverain, et attendit sa réaction, seule chose qu'elle pouvait faire de toute manière, ignorant sincèrement s'il le prendrait bien ou non.

Sunaï Hinara

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    Air bravache, fanfaronnade et regard assassin, voilà ce qui pouvait décrire ce hallefessier de prisonnière, laquelle était résolument convaincu à lui tenir tête. Pourtant, ses paroles avaient été sensées, logiques en tout point, et le jeune homme, qui n’avait cessé de conserver un regard neutre sur la prétendue Selma, en eût presque partagé son point de vue sur la question. Il avait déposé son chiffon humide sur une table, écoutant avec une patience que peu d’autres personnes auraient eue les bocards et débinages outrecuidants de la furie à son encontre. Oui, s’il pouvait comprendre les chétifs aveux de la jeune femme, la suite de son discourt l’importuna quelque peu dans le sens où elle refusait obstinément de répondre précisément à ses questions. Jusqu’à marchander même le prix de ses propres informations concernant son employeur. Il laissa le silence s’installer suite à la dernière phrase prononcée, soutint le regard farouche de sa prisonnière, et soupira platement avant de se reculer légèrement, un air que l’on pourrait qualifier de triste sur le visage. Comme si l’on pouvait jurer que la décision de la jeune femme le peinait. Comme s’il regrettait déjà ce qu’elle allait lui forcer à faire.
    En vérité, nullement. La captive avait fait son choix, et il s’y tiendrait strictement. Il y avait des choses que l’on était forcé de faire, et il ne fallait pas reculer devant ce devoir. Il s’acquitterait platement de la tâche, sans plaisir ni remord.

    «Une reddition ma foi intéressante, une seconde offre de ma part après tout ce que tu m’as fait et ce que j’ai moi-même fait pour toi, et tu me sers encore tout ce lot de calembredaines ? Tu refuses de me répondre et cherches à me tenir tête… Jusqu’à vouloir négocier, avec moi, les clauses d’un contrat que tu n’es nullement en position de pouvoir marchander. Il s’arrêta tout droit devant elle. Mais, vraiment, pour qui te prends-tu ? »

    Sans que rien ne laissât supposer un tel geste, Erwan balaya d’un pied ceux de sa prisonnière, laquelle s’effondra de tout son poids… Que pour être brutalement retenue par son cou suivi de ses poignets. En dépit de tout le sang froid de la jeune femme, l’expression de surprise et de douleur fut ostensible sur son visage alors que les carcans de métal s’ancraient profondément dans sa peau, l’écorchant, l’arrachant sur leur passage, et que, suite au craquement de son cou, ses yeux s’exorbitèrent l’espace d’une seconde.

    «Tu ne veux pas me décliner ton identité et tu fais la maligne concernant cette de ton employeur ? Très bien. J’aurais véritablement préféré que les choses en aillent autrement. Mais après tout cela, tu ne me laisses pas le choix. Car je gage que, si jamais tu ne me crois pas capable de te ramener à la frontière, tu ne me croiras tout autant pas si j’en venais à te ramener une escarcelle emplie d’or en te faisant la promesse qu’elle t’appartiendrait sitôt que tu m’aurais tout conté. »

    Il s’était montré bon avec elle, et voilà comment elle le considérait en retour. Effectivement du côté de la jeune femme, si elle devait en croire les propos de son tortionnaire et tout simplement se fonder sur les évènements auxquels elle avait été témoin, le seigneur des lieux s’était comporté de façon tout à fait décente. Il lui avait proposé une reddition et la promesse d’être ramenée sans tort aucun à la frontière alors qu’elle avait bafoué son hospitalité et manqué de lui voler des documents. Puis Erwan l’avait sauvé d’un tabassage qui aurait pu tourner à la mort de la victime. Et là, en dernier lieu, même en lui avouant tout cela et en lui assurant que, si elle continuait de conserver son mutisme quant à ses interrogations, les choses ne feraient qu’empirer, la jeune femme s’endiguait encore et encore dans le mépris de son hôte.

    «Et comme je n’ai aucunement envie de souffrir davantage de ton babillage vipérin…» Erwan se tourna en direction de la table sur laquelle se tenait une paire de gants qu’il enfila. Tout cela aurait très bien pu se passer sans problème, sans aucune douleur autre que celle qu’avais déjà connue la jeune femme, mais, eu égard à son comportement, il n’avait plus de scrupule à y aller à la dure. Il prit dans sa main le chiffon gorgé de sang et d’eau, força sans douceur l’ouverture des lèvres éclatées de celle qui s’était fait passer pour Selma et bourra sa bouche de tissu. Elle mordit, peut-être, tentant d’éviter de se faire bâillonner, mais les gants lui entravèrent tout mouvement et la douleur de ses lèvres la força à abdiquer. A nouveau.
    Un nouveau morceau de tissu fut enroulé sur sa bouche et autour de l’arrière de son crâne, évitant ainsi l’expulsion du chiffon si jamais elle s’y essayait, et Erwan reprit la parole.

    « Tu me parles d’orgueil et de dédain, mais as-tu seulement vu la vanité qui t’habite ? De la rogue qui mène à la témérité, stupide et aveugle, refusant toutes les portes de sortie qui te sont offertes juste pour conserver un semblant de dignité que tu perdras tôt ou tard, quoi qu’il arrive. Car voilà ce qui va arriver. »

    Armé d’une paire de ciseau, il se glissa dans son dos, là sa captive ne pouvait plus le regarder, toute attachée qu’elle était. Là, il souleva quelque peu le bas de la tunique de la jeune femme et, y insérant l’outil, entreprit de découper de bas en haut le vêtement, dénudant la peau blanche de son dos une fois que les deux pans nouvellement formés furent écartés de ses mains. Il fit alors glisser ces dernières sur le corps de la jeune femme, suivant le tracé des flancs de sa silhouette jusqu’à sa taille, avant de la saisir à cet endroit-là comme pour mieux la placer suite à ce qu’il prévoyait de faire.

    «C’est très simple, commença-t-il en entreprenant de dérouler un fouet. Je vais lacérer ton dos pendant une série qui commencera par cinq coups de fouet, puis dix, puis vingt, et ainsi de suite. Je te retirerai ton bâillon à la fin de chaque série pour te poser les mêmes questions, et uniquement à ce moment-là. Si jamais tu persistes mais que tu changes soudainement d’avis au milieu de la série suivante… Eh bien, eu égard au bâillon que tu portes, tu ne pourras pas me le faire savoir, et seras forcée d’endurer l’intégralité des coups promis. Il soupira, armant son bras. Quel gâchis d’abimer un si beau dos. Tu dois véritablement aimer ton employeur pour le protéger jusqu’à de telles extrémités. En vaut-il véritablement la peine ? »

    Et le fouet claqua. Un fouet de deux mètres de long, en nerf de bœuf lesté à son extrémité. La lanière, dépassant la vitesse du mur du son en son bout, fracassa la couche supérieure de la peau, imprimant profondément sa trace. Les nerfs et vaisseaux sanguins de la chair éclatèrent, et le liquide carmin se répandit doucement sur la peau blanche dans un contraste douloureux. Plus que douloureux. Et peut-être que la captive résista à l’idée de pousser un premier cri, bien que bâillonnée, puis un second, si elle mettait autant d’ardeur à devenir endurant qu’à être insolente, mais elle put que très difficilement contenir le troisième alors que la lanière lui mordit les chairs déjà rendue bouillantes et par la souffrance, et par l’énergie dégagée par le claquement acérée.
    Quatrième coup, et il n’en resta plus qu’un. Un dernier, l’ultime, qui permettrait par la suite à la jeune femme de décider si elle souhaitait si bien continuer à faire la fière ou non. Si elle voulait répondre à ses questions.

    Il arma de nouveau son bras, le nerf de bœuf étendu sur le côté, et frappa. Un gémissement fut rendu audible, échappant sourdement de la bouche de la captive, étouffée par le bâillon, mais ce fut là qu’un gémissement craintif de réflex et d’appréhension, lequel serait par la suite poursuivi pour tenter d’évacuer la douleur, quitte à s’en arracher les cordes vocales. Car Erwan avait délibérément frappé à côté, sur le sol. Bénédiction ou malédiction ? La douleur avait été épargnée pour ce coup-là, mais comptait-il dans la série de cinq ?
    La réponse se fit durement ressentir lorsque la lanière vint une dernière fois arracher un mince filet de peau de son dos désormais zébré de rouge et de sang.

    Le fouet tomba à terre, et le jeune seigneur s’empara d’une chaise pour aller s’assoir droit devant sa prisonnière, légèrement essoufflé par l’effort. Il n’hésita pas à longuement la regarder dans cette souffrance et ce tourment qui étaient les siens, à observer une larme de douleur ruisseler le long de sa joue pour être absorbée par le tissu qui recouvrait sa bouche.

    «J’espère que cette séance t’aura fait bien réfléchir, déclara-t-il platement avant de se retourner tranquillement pour s’emparer nonchalamment d’un bocal qu’il lui présenta. Il haussa les épaules. Du sel. Que j’appliquerai avant la prochaine série, si tu refuses encore de coopérer. Alors, je te le redemande. Qui es-tu, qui est celui qui t’a employée et quelles sont ses envies ? Des réponses, ou dix nouveaux coups ? »

    Il lui retira son bâillon.



Erwan d'Ablaÿ

Erwan d'Ablaÿ


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Une once de noblesse et beaucoup de mascarade [Sunaï Hinara & Erwan d'Ablaÿ]. Sand-g10Dim 8 Sep - 21:16
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Les jambes de Sunaï furent fauchées, lui ôtant brutalement son appui au sol. L’étau de fer autour de son cou la retint violemment, venant faire pression sur sa gorge de façon très désagréable. La respiration coupée, le métal lui mordant douloureusement la peau, sa nuque craqua tandis que les chaînes qui la retenaient depuis le plafond cliquetèrent sous le mouvement. Les dents serrées, elle referma ses deux mains sur les chaînes reliées aux fers de ses poignets, se rehaussant pour amoindrir la contrainte sur sa gorge. Elle récupéra difficilement son souffle à travers sa gorge endolorie, une douleur cuisante lui traversant la peau du cou là où le carcan l’avait blessée. La mercenaire regarda le seigneur lui répondre avec aigreur, toute trace de douceur ou d’indulgence disparue. Probablement peu habitué à ce qu’on lui tienne tête, le voilà soudainement qui se rengorge, et il vint enfiler une paire de gants laissés sur la table en bois. Sunaï observa son visage à l’expression neutre et implacable, et elle recula le sien alors qu’il s’approche pour la bâillonner. Elle serra fortement la mâchoire, remontant le menton pour mettre sa bouche hors de portée de ses doigts brutaux, mais l’ouverture de ses lèvres fendues fut forcée malgré elle. La douleur et la chaleur se firent palpitantes sur sa bouche éclatée, mais elle referma tout de même les dents sur les doigts de son bourreau. La morsure fut inutile cependant, car elle sentit le chiffon souillé de son propre sang et d’eau dans sa bouche, lui apportant un goût déplaisant sur les papilles et bloquant sa langue. Un autre morceau de tissu fut enroulé autour de ses lèvres,  coupant définitivement tout geste de rébellion. Sunaï lança un regard hargneux au noble, désormais incapable de lui répondre et contrainte à écouter ses paroles sans pouvoir renchérir.
Erwan disparut alors dans son dos, la laissant amère. Elle ne savait plus où poser le regard, et ses yeux parcoururent le reste de la cellule devant elle, la table, la chaise, une torche qu’elle avait dans son champ de vison... Ignorer où et quand il allait poser les mains sur elle l’insupportait et lui apporta une brusque appréhension, sentiment qu’elle détesta éprouver. Elle bougea doucement ses pieds, tortilla son dos et son cou pour tenter de se retourner, mais l’étreinte de ses attaches était beaucoup trop forte, ne faisant ressentir leur morsure que plus douloureusement contre son corps alors qu’elle essayait en vain de pouvoir le voir. Elle sentit soudain le métal froid des ciseaux glisser contre la peau de son dos, remonter doucement pour découper sa tenue, découvrant progressivement ses reins, sa colonne vertébrale, jusqu’à ses épaules. Sunaï ressentit le contact frais de l’air contre le haut de son corps désormais mis à nu. Sa mâchoire se fit plus serrée, et si le seigneur avait été devant elle, il aurait pu voir une veine palpiter rageusement à l’une de ses tempes. Elle réagit au contact des mains du seigneur sur sa taille, contact qui lui était répugnant, tant elle détestait être asservie de la sorte. Elle lâcha une expiration coléreuse, brûlée par l’envie de lui cracher insultes et autres douces expressions aux oreilles. Le bâillon se faisait amèrement ressentir. Elle devait véritablement aimer son employeur ? Il se trompait sur toute la ligne. Son employeur n’était qu’un autre de ces nobles pour qui elle n’avait aucune estime. Elle aimait simplement bien faire son travail, le mener à bien avec un professionnalisme sans nom, et n’avait certainement pas pour habitude d’abandonner à la première difficulté, encore moins lorsqu’elle en s’en voulait à elle-même que de s’être faite avoir comme une débutante.
Sunaï prit une longue inspiration pleine d’appréhension, les dents déjà serrées, alors qu’un flottement dans l’air se fit sentir. Quelques secondes durant lesquelles le seigneur armait sûrement son bras, prêt à la frapper du fouet. Et celui-ci vint brusquement et violemment rencontrer sa chair, faisant entendre un claquement terrible qui se répercuta en écho à travers l’oubliette. La douleur traversa vivement le dos de la jeune femme, dont la peau se détacha sous l’attaque de la lanière. Tous les muscles de son corps se contractèrent pour absorber la douleur et le choc, et elle mordit avec force le chiffon dans sa bouche pour se contenir, s’en servant de défouloir, tandis que son sang chaud coulait déjà dans son dos. Les yeux fermés, la respiration difficile, le deuxième coup de fouet vint rapidement, lui déchirant à nouveau la peau. Cette fois-ci, elle serra les poings sur ses chaînes avec la volonté de ne pas perdre pied, refermant les doigts dans un mouvement presque convulsif. Elle avait relevé le menton, creusant les omoplates sous la souffrance, comme pour éviter que le fouet ne revienne agresser sa chair. Elle ne voulait en aucun cas lui donner la satisfaction de l’entendre protester, prenant sur elle un maximum. Les battements de son cœur étaient devenus rapides, faisant palpiter encore plus la douleur dans ses nouvelles plaies ouvertes. Le dos en feu, la jeune femme ne put cependant retenir l’expression de sa souffrance plus longtemps alors que les autres coups venaient, échappant un gémissement douloureux, étouffé à travers sa bouche bâillonnée. La mâchoire effroyablement serrée, elle reprit contenance dès qu’elle le put. Même sa respiration se faisait douloureuse, ses yeux larmoyaient, et l’effort fourni par son corps pour supporter les coups la rendit transpirante, faisant perler des gouttes de sueur sur son visage. Le claquement du dernier coup se fit entendre, Sunaï se contracta à nouveau, mais elle resta tendue de longues secondes sans ressentir derechef la morsure du fouet. Ce fut lorsqu’elle avait presque détendu son dos que le seigneur claqua sournoisement la lanière de cuir sur son corps, lui arrachant un dernier sursaut de douleur. Toi… Tu ne perds rien pour attendre, pensa-t-elle avec colère.
Sunaï gisait presque dans ses fers désormais, comme si elle était retombée inconsciente. Ses jambes la soutenaient à peine, et elle avait gardé le visage baissé, se refusant à croiser son regard alors qu’il se délectait sûrement de sa position de puissance, maintenant qu’il était revenu face à elle. Ses cheveux tombaient mollement autour de ses joues, elle avait le souffle court, le dos brûlant, et le sang coulait jusqu’entre ses reins. Sunaï laissa passer de longues secondes, ignorant presque les paroles du seigneur après qu’il lui eût retiré le bâillon, ignorant également le bocal de sel qu’il lui montra, trop préoccupée  par ses tourments qui occultaient presque toute autre information de son cerveau. Elle ne sut pas elle-même combien de temps elle resta silencieuse, laissant diminuer sa douleur, et avec ça l’épuisement l’accabler entièrement. Son mutisme pouvait passer pour une continuation de son entêtement à ne rien dire, mais la hargne de Sunaï, bien que toujours profondément présente, était moins visible, laissant place à une lassitude et résignation qui lui étaient peu communes. Elle ne faisait que se remettre des coups qu’elle avait reçus, et peut-être, par-là même, faire attendre le noble avec une certaine persévérance, mais elle ne comptait pas le laisser renouveler ses soins.
La jeune femme remua légèrement, évitant le plus possible de bouger les muscles de son dos déjà trop lancinant. Elle releva enfin le visage, venant croiser les yeux azur du tortionnaire, dans une attitude encore un peu altière, le regard noir, et puisa dans les forces qui lui restaient pour ne pas avoir un ton trop fragile.

- Je suis mercenaire. Mon nom… Sunaï. Elle s’arrêta, faisant passer sa pause pour un besoin de reprendre son souffle pour continuer, mais ce fut une réelle hésitation qui la fit stopper. Devait-elle lui donner son nom entier ? Cela lui apporterait-il quelque chose, à elle, que de dire qu’elle était une Hinara ? Ou même à lui ? Pour l’instant, non, et elle ne souhaitait pas donner cette information à un noble qui avait les capacités de pouvoir s’en servir contre elle. Même si l’idée de lui apprendre qu’il venait de s’acharner sur une potentielle « collègue » était assez alléchante, elle se contenta de donner son prénom, et reprit donc. Mon employeur ne m’a pas donné son identité officielle. Il a été prudent. Mais… ajouta-t-elle avant que le seigneur ne puisse peut-être mal le prendre. Je n’accepte pas un contrat aux tels enjeux sans m’être renseignée au préalable, et il le sait sûrement. C’est un noble, tout comme vous. L’un de vos voisins, pour être plus précise. Le comte qui partage votre frontière au sud-est. Quant à ses envies ? Vous pensez sérieusement qu’il m’a exposé en détail les raisons de son geste ? renchérit-elle, lassée et fatiguée. Son épuisement se faisait durement sentir, et sa douleur était toujours atrocement présente. Je suis mercenaire, pas son amie. Mais je suppose que vos terres l’intéressent, notamment pour son accès au fleuve. Je devais ramener des cartes, les plans et l’organisation de la majorité des patrouilles… Voire quelques archives financières, si possible. Peut-être compte-t-il vous attaquer pour récupérer vos terres, ou peut-être compte-t-il simplement se renseigner sur vos dispositions pour proposer un accord qui lui sera favorable et que vous serez forcé d’accepter au vu des informations qu’il aura récupérées ? Je ne sais pas. C’est à vous de voir, maintenant…

Sunaï s’arrêta, essoufflée par l’effort que le seul fait de parler lui demandait, tirant sur ses poignets pour se mettre dans une position plus confortable, le dos la lançant toujours, même si cela s’atténuait progressivement. Elle fronça les sourcils et serra les dents sous le tiraillement qu’entraîna son geste, non sans lui lancer un autre regard lourd de désapprobation. Voilà, il avait eu ce qu'il voulait. Sa dignité bafouée, le dos en charpie, elle apparaissait peut-être beaucoup moins fière qu'auparavant en ayant cédé. Mais avait-elle eu réellement le choix ? Elle désigna le bocal de sel de la tête d'un geste faible, faisant onduler ses cheveux.

- Je ne crois pas que cela sera utile, lâcha-t-elle avec une expression dégoûtée. Et maintenant ? Je vais être laissée là… ? Ou êtes-vous enfin satisfait ?

La jeune femme se demanda combien de temps elle devrait être absente pour que l’on s’inquiète de sa disparition. Elle n’avait pas agi pour la Confrérie des Brumes pour cette fois, mais pour un contrat purement personnel, alors cela pouvait durer longtemps pour que l’on se rende compte qu’un membre manque à l’appel. Quant à Arthadel… Elle n’avait de toute manière pas laissé d’indications sur ses projets actuels. Elle était définitivement seule. Et elle ne voudrait surtout pas l’impliquer, de toute manière. Elle s’en sortirait seule, même s’il lui faudrait sortir en rampant, le dos éclaté.
La mercenaire supposait qu’Erwan voudrait s’assurer de ses dires avant de la libérer définitivement. Mais en avait-il seulement l’intention ? Allait-il la laisser mourir, finalement, ou la garder enfermée constamment, alors même qu’il avait obtenu ce qu’il voulait ? Serait-il encore exigeant sur les informations qu’il attendait ? Rester ici, dans cette cellule miteuse, ou même sous surveillance étroite dans une pièce plus agréable, était une idée qu’elle n’appréciait pas.

Sunaï Hinara

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Une once de noblesse et beaucoup de mascarade [Sunaï Hinara & Erwan d'Ablaÿ]. Sand-g10Mar 10 Sep - 17:05
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    Pas de réponse immédiatement, rien qu’un grand silence quelque fois perturbé par le bruit d’une respiration frénétique et essoufflée. La jeune femme gisait pitoyablement, ses pieds ne pouvaient plus la supporter, et il n’y avait que ses chaînes dont les fers mordaient avidement dans ses poignets pour la faire demeurer dans une position plus ou moins verticale. Ses cheveux tombaient pauvrement devant un visage sur lequel, Erwan en était certain, l’on eût pu voir toute la douleur et tout la honte qui l’accablaient désormais, et ses épaules étaient avachies, toute sa fierté ayant été peu à peu scalpée de son comportement à mesure que le fouet avait fait de même concernant la peau de son dos ensanglanté et marqué.

    Son tortionnaire lui laissa patiemment le temps de remettre un peu d’ordre dans son esprit, sachant pertinemment que même si elle résistait encore un peu après avoir repris ses forces, ce serait elle qui cèderait la première, lui n’ayant qu’à brandir un objet là où elle en ressentirait complètement l’impact et la douleur sans cesse croissante. Et enfin, la captive releva le visage.
    Même si elle tentait de l’effacer, l’affliction de la jeune femme était visible à travers le vestige de ce masque de fierté qu’elle peinait à arborer, bien que lui décochant un regard meurtrier qu’il ignora totalement, se contentant de recueillir quiètement ses réponses. Sunaï, et non pas Selma ; tel était son nom, nom qu’il pouvait enfin lui apposer après avoir été dans le doute de son appellation durant trop longtemps. Erwan attendit la suite de ses révélations, chose qui lui répugnait, semblait-il, eu égard aux derniers tourments qu’il lui avait subir, et elle paraissait le prendre comme un affront personnel. Mais c’était qu’il n’avait pas cherché à l’ahontir mais bien à lui faire cracher ce quel refusait opiniâtrement de révéler et c’était cela, et rien d’autre, qui lui avait coûté toute sa dignité.

    Fort heureusement, en fin de compte, Sunaï n’avait pas pour elle l’art de l’aheurtement et se trouvait désormais tout à fait encline à révéler ce qu’elle savait après s’être désentêtée. Son employeur n’était pas autre qu’un de ses propres voisins, l’un de ces petits hobereaux qui gardaient sa frontière du sud-est et qui semblait donc avoir quelques velléités belliqueuse le concernant. Quant à ce que Sunaï devait lui rapporter, il s’agissait de tout ce que l’on pouvait demander à un voleur de subtiliser en ce qui concernait l’état des forces armées ennemies et ses richesses. Plans topologiques du terrain, géographies des terres, listes des garnisons et des éventuels enrôlés, livres de compte ou fils de transaction, tout semblait bon à prendre dans sa bibliothèque.

    Elle soutint son regard de ses yeux noisette, mais ses épaules s’affaissèrent légèrement davantage alors qu’elle lâchait presque malgré elle un petit soupir imperceptible. L’on y était ; il l’avait malmenée, mise à bout, et, en dépit de toute son arrogance et de sa morgue, elle lui avait finalement cédé, révélant toutes ses informations qu’elles auraient dû tenir secrètes.
    Ce fut dans la désespérade qu’elle croisa une dernière fois son regard, lui demandant dignement s’il en avait terminé avec elle, indiquant à son tortionnaire que celui-ci ne devrait pas avoir besoin d’utiliser le bocal de sel avec lequel il l’avait menacée.
    Toujours assis à l’envers sur sa chaise, faisant face à celle qui s’appelait en vérité Sunaï, Erwan prit le temps de réfléchir à ce qu’il allait faire et par la suite, et d’elle.

    «Pas besoin… Pour le moment. Je vais d’abord étudier la véracité de toutes les informations que tu m’as données, et, surtout, l’identité de celui qui semble en vouloir à mes terres. J’aviserai de ton cas par la suite, mais j’espère pour toi que tu fus sincère et que tu n’aies pas cherché à me tromper à nouveau. Je peut-être patient, mais il ne faut pas trop en demander tout de même. »

    Et tournant les talons, il s‘en fut, remontant à la lumière de l’aube et insensible aux possibles protestations d’une jeune femme dont les fers entaillaient douloureusement les poignets.


    ***


    Quelques heures étaient passées depuis qu’il avait quitté les cachots, et le bruit de ses pas, accompagnés d’autres personnes, résonna à nouveau dans l’escalier. Erwan apparut sous la chiche lueur des torches encadré de deux gardes à l’air passablement stoïque et dont un tenait une étrange malette.

    «Mes excuses ; je pensais revenir plus tôt, mais j’ai eu un petit contretemps qui me retarda. Rien de grave, je te rassure, ajouta-t-il, sachant pertinemment que Sunaï n’en avait rien à faire. «Une bonne nouvelle te concernant, également, je vais te détacher de là où tu es pour te conduire dans un endroit déjà plus agréable. Mais… Il fronça légèrement des sourcils, effectuant un petit claquement réprobateur de la langue, avant de s’adresser de nouveau à la jeune femme au visage abimé. Il en va de ta sécurité à ce que tu ne tentes rien de fâcheux, j’espère que tu en es parfaitement consciente. Essaie de t’échapper, chose que tu ne pourras pas faire dans ton état, ou même de rejouer les sorcières et les choses iront très très mal, pour toi. »

    Il s’approcha tout près d’elle, en face, glissa une main sur sa joue pour en dégager sa chevelure et avoir accès à la petite serrure du carcan située en dessous de son oreille, à son cou. Il plongea un instant son regard dans le sien, dans un dernier avertissement autant que pour tenter de juger des intentions de sa prisonnière, puis un petit « clic » fut audible alors qu’il tourna la clef dans le cadenas. Ses poignets furent alors à leur tour libéré, un garde prenant juste après sa main pour être certaine de la tenir sous bonne garde, et Erwan s’empara de son dernier bras libéré. Il la retint quelque peu lorsque ses jambes flanchèrent soudainement après être restées trop longtemps sans soutenir totalement le poids de son corps, et ils s’engagèrent tous dans un petit couloir attenant à la salle qu’ils venaient de quitter.

    Le petit groupe soutenant la prisonnière marcha quelque temps jusqu’à une cellule qu’ouvrit Erwan. Exigüe dans son ensemble, elle avait au moins le mérite de contenir une palliasse relativement propre ou, tout du moins, plus propre que ce que l’on eût pu s’attendre dans un ergastule, ainsi qu’un seau pour satisfaire les besoins naturels.
    «Allonge-toi sur la palliasse. Sur le ventre. »
    L’ordre parut probablement étrange si ce ne fut même louche à la jeune femme, mais elle n’eut pas véritablement le choix alors qu’un garde l’obligeait déjà à obéir à la directive donnée. Après qu’un garde eût apporté un nouveau baquet d’eau propre, Erwan s’assit aux côtés de Sunaï, sous le regard des deux soldats demeurant là pour assurer sa protection si la captive se sentait suffisamment folle pour jouer les rebelles.

    Le seigneur des lieux écarta les pans coupés de la tunique, révélant un dos maculé de sang séché et de longues zébrures creusées qui partaient de la cambrure de ses reins pour atteindre ses omoplates. Quoi que pût dire la jeune femme, il s’empara une fois encore d’un chiffon qu’il trempa dans l’eau et entreprit de lui procurer les mêmes attentions qu’il avait eues pour son visage tuméfié.

    «Vois-tu, si je fais une fredaine, je l’assume. Si je condamne quelqu’un, j’applique moi-même la sanction. Si je dois tuer, je tue, si je dois torturer, je torture, et si jamais une personne doit recevoir des soins à cause de ce que je lui ai fait, alors je m’engage à lui prodiguer moi-même ces soins tant que cela reste dans mes cordes. » Le chiffon transformé en éponge passa sur le dos dénudé de la jeune femme, ravivant la douleur en même temps que l’eau froide éteignait quelque peu le feu ardent qui rongeait sa peau. Le liquide imbiba les croûtes de sang qui cédèrent petit à petit sous la douce pression des mains d’Erwan et lava les marques profondes qui se remirent à saigner légèrement. Il rit faiblement, sachant déjà que ses paroles suivantes n’allaient pas plaire à cette arrogante voleuse.

    «C’est que, à présent, tu m’appartiens, tout comme m’appartiennent tous ceux qui vivent sur mes terres et qui se trouvent sous ma responsabilité. Car si j’ai des droits, j’ai aussi des devoirs, en tant que seigneur, et je veille à ce qu’ils soient bien accomplis. Et, d’une toute autre manière, que mes prisonniers ou prisonnières meurent dans mes geôles, pour quelque raison que ce soit… Disons que cela fait relativement tâche, même si certains le méritent assurément. »

    L’étrange mallette que portait un garde fut ouverte, et Erwan en sortit un petit pot de terre. Il l’ouvrit, et une forte odeur balsamique s’en échappa, embaumant doucement l’air d’arômes médicinaux. Après qu’il fut séché, le dos de Sunaï en fut recouvert, apaisant ses souffrances en les endiguant dans la viscosité de l’onguent. Il massa de ses mains recouvertes de baumes ses épaules, omoplates, colonne vertébrale et lombaires afin que le produit pénétrât au mieux la peau éclatée de la captive.

    «Mais j’ai d’autres projets, pour toi, également, qui font que je n’ai franchement pas envie que tu viennes à mourir de tes blessures ou d’une maladie infectieuse. J’ai envoyé une lettre aux véritables Hinara en leur indiquant que tu avais tenté de te faire passer pour la sœur aînée de leur famille, et que je t’avais désormais en mon pouvoir. Ainsi, j’ai indiqué que si jamais ils recevaient subitement d’étranges retours de contrat, ils n’avaient pas à s’en faire et devaient spécifier à leur mandataire qu’il s’agissait-là d’une mauvaise entente voire d’un imposteur qui avait négocié des contrats à leur place. Oh, je ne sais aucunement si tu n’as revêtu cette identité que pour ma personne, mais, cela, les Hinara l’ignorent. Cela ne peut que les mettre dans de bonnes dispositions me concernant, les relations diplomatiques étant assez importantes dans ce milieu qui est le nôtre. Mmh… Je leur ai même proposé de venir te chercher, si d’ordinaire ils ressentaient subitement l’envie de punir eux-mêmes la petite fouineuse qui leur aura peut-être posé bon nombre de complications, ou qui eût pu le faire. »

    Ce disant, il prit entre ses mains une bande de tissu qu’il posa sur le dos de la jeune femme et qu’il fit passer sous elle à plusieurs reprises, effleurant ses hanches, sa poitrine et son nombril, mais n’en tirant aucun commentaire. Lorsque le nœud fut fait, il se redressa, soupirant légèrement en lui adressant d’un ton presque peiné ces mots.
    «Sale histoire que voilà, Sunaï. Mais c’est que tu m’auras posé pas mal de problèmes, en fin de compte, et il faut bien que je puisse à mon tour tirer mon épingle du jeu, rebondir sur ces complications pour m’en sortir grandi. Et je trouve décidément que cette idée de pont auquel nous avons pensé est loin d’être mauvaise. »


Erwan d'Ablaÿ

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Une once de noblesse et beaucoup de mascarade [Sunaï Hinara & Erwan d'Ablaÿ]. Sand-g10Ven 13 Sep - 0:15
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Les mots d’Erwan n’étonnèrent pas Sunaï ; elle pensait bien qu’il ne l’aurait pas laissée partir dès lors qu’elle aurait lâché quelques paroles, paroles pour l’instant invérifiables. Elle le regarda s’éloigner, quitter la cellule et disparaître à sa vue, la laissant seule dans l’ombre à remuer faiblement sur ses chaînes, avec pour seule ambiance le crépitement et la lumière dansante des torches sur les murs. Sunaï se retrouva soudain sans aucune distraction pour son esprit : plus de seigneur à qui répondre ou lancer un regard peu amène, et elle laissa courir son regard autour d’elle, tentant d’ignorer son dos toujours atrocement lancinant.
La jeune femme tourna la tête à droite, à gauche, profitant de l’absence de son geôlier pour observer les lieux en détails, pistant n’importe quelle ouverture possible. Elle releva la tête, ignorant la pression sur sa gorge qui s’en fit plus importante, pour examiner les attaches de ses chaînes au plafond. Elle prit une longue inspiration, serrant les dents, et tira brusquement sur ses poignets, faisant pression sur ses chaînes, testant leur résistance alors qu’un éclair de douleur revint la faire souffrir dans le dos sous le geste. Sunaï s’acharna, faisant tinter les chaînes, lâchant des décharges électriques qui échauffèrent inutilement le métal. La mercenaire força encore quelques coups, échappant un gémissement à la fois de douleur, de dépit et de contrariété face à son impuissance. Le dos cuisant à nouveau, le sang revenant goutter à travers ses plaies ouvertes, elle finit par abandonner, ses dernières forces la quittant suite à ce regain d’efforts.
Ses pensées retournèrent vers le seigneur et ses futures intentions. Combien de temps s’écoulerait-il jusqu’à ce qu’il vérifie ses paroles ? Quelques jours ? Une semaine ? …Des mois ? Elle ne voyait pas comment le noble pourrait s’assurer que son voisin ait effectivement employé une mercenaire pour le voler. Ce n’était pas comme s’il avait conservé une trace de leur contrat. Alors, Sunaï espérait que cet homme avait été assez stupide pour avoir laissé d’autres traces sur ses intentions belliqueuses envers les Ablaÿ. La jeune femme se mordilla l’intérieur de la joue. Elle ne resterait pas ici indéfiniment, ça, non… Ce fut sur ces pensées qu’elle tomba doucement dans l’engourdissement suite à l’épuisement, oscillant entre des phases de somnolence agitées et d’autres phases où les souffrances de son dos la tenaient éveillée pour de longues minutes.



Aucunement reposée, chaque heure passée attachée ajoutant des courbatures à son corps déjà trop endolori, Sunaï entendit presque aussitôt le bruit des pas qui s’approchaient. Erwan à nouveau sous ses yeux, elle ignora ses paroles, ne tentant même pas de comprendre pourquoi il faisait mine de s’excuser, comme s’il pouvait accorder une importance ne serait-ce que minime à son avis à son égard. La jeune femme pencha le visage alors qu’il glissait une main sous ses cheveux, répondant à son regard, sans intention de rébellion cependant. Le soulagement lorsque le carcan s’ouvrit fut immédiat, et ce fut de même lorsque ses poignets se retrouvèrent également libérés. Elle s’appuya malgré elle sur Erwan et le garde, et se laissa conduire, observant furtivement la malle que tenait un autre soldat en retrait.
Arrivés à sa nouvelle cellule, Sunaï jeta un rapide coup d’œil circulaire. Son sentiment d’être là pour un moment se confirma, et elle regarda Erwan avec un air impassible alors qu’il lui intimait de se mettre à plat ventre. Voulait-il l’attacher à nouveau dans une position désagréable ? La jeune femme ne voyait pourtant pas d’outils pour cela. Elle plaqua une main contre le haut de sa tunique déchirée pour ne pas que celle-ci tombe alors qu’un garde la poussait déjà sur la paillasse. Elle se positionna de façon à avoir le seigneur dans son champ de vision, et elle comprit ses intentions lorsqu’elle remarqua un nouveau seau d’eau. Sunaï ne comprenait décidemment pas cet homme. Qu’il veuille la soigner, peut-être. Mais pourquoi s’occuper lui-même d’une telle charge alors qu’il avait nombre de domestiques à ses ordres ? C’était un comportement peu commun de la part d’un homme avec un tel statut. La mercenaire frissonna alors que le chiffon humide touchait son dos, venant effleurer ses plaies à vif, retirant le sang déjà sec. Elle serra les dents, ses souffrances vives à nouveau, et la fraîcheur de l’eau sur son dos brûlant la faisait se contracter à chaque fois, avant qu’un certain sentiment d’apaisement traverse sa peau éclatée.
Elle retint un sourire moqueur alors qu’il justifiait ses actes. Eh bien, il devait avoir fort à faire, s’il s’occupait lui-même de tous les malfrats qui pouvaient moisir dans ses cachots. Il voulait qu’elle lui jette des fleurs pour son comportement honorable, peut-être ? Il était vrai que cette attitude était quelque peu troublante, et Sunaï aurait sûrement apprécié connaître cet homme, si elle s’était trouvée dans un tout autre contexte. Mais actuellement, elle ne faisait que prendre sur elle pour se laisser soigner par celui-là même qui l’avait blessée et arrêtée dans ses projets… et qui venait d’ajouter qu’elle lui appartenait, qui plus est. Ah, il avait de l’humour, en plus ! La jeune femme allait répliquer, mauvaise, lorsqu’Erwan imbiba son dos de ce produit à l’odeur forte. Elle creusa le dos par réflexe, prenant une brusque inspiration, retenant une protestation douloureuse. Ce qu’elle pouvait détester cela, que de montrer ne serait-ce qu’une faiblesse de sa part à autrui.
Sunaï se figea alors sous l’étonnement, toujours sur le ventre, à l’entente des paroles du seigneur à propos des Hinara. Le noble banda son corps avec un tissu propre, elle serra les dents une dernière fois et ne se détendit qu’une fois qu’il eut terminé de toucher son corps et son dos à vif. Elle remua ensuite, se déplaça difficilement sur le flanc et se redressa, assise sur la paillasse, pour le regarder directement. Sa tunique découpée bâillait, glissant sur ses bras, et elle la remonta d’un petit mouvement. Les gardes esquissèrent un geste prudent en direction des armes à leur ceinture, prêts à intervenir, mais elle les ignora, aucunement menaçante. Elle observa les pupilles du seigneur quelques secondes, essayant de déterminer là s’il tentait de lui faire peur en lui lançant sous le nez une possible menace de la part d’une autre famille de nobles, ou s’il était sincère. Elle fut alors prise d’une petite exclamation rieuse incontrôlable, tant sur l’absurdité d’une telle situation qu’elle n’avait décidemment jamais connue que sur le fait que le seigneur venait là de s’engager sur une voie qu’il ne contrôlerait assurément pas.

- Alors, cela s’arrêterait là, si j’ai bien compris ? Si les Hinara venaient effectivement me trouver pour m’amener, vous me laisseriez partir, sans avoir pu confirmer ou non mes dires, perdant là votre seule informatrice ? A moins que vous ne soyez déjà sûr de mes paroles ? Elle haussa un sourcil sceptique. Je ne risque pas de vous appartenir longtemps, à ce rythme. Elle vrilla un regard ardent sur le sien. Parce que, c’est cela qui va se passer, s’ils se décident. Ils vont venir à ma rencontre, me sortir d’ici, ignorant vos possibles protestations, qui seront d’ailleurs sûrement faibles puisque vous tenez tant à entretenir de bonnes relations diplomatiques… Relations qui risquent de ne pas s’engager d’une aussi bonne manière que vous l’espérez, lorsqu’ils auront compris que vous venez de passer à tabac l’une de leurs filles.

Sunaï fit une pause, le laissant sûrement digérer la soudaine information. Mais elle n’avait pas pu continuer à garder le silence sur le sujet alors qu’ils en revenaient encore à sa famille, surtout lorsqu’il pensait peut-être l’effrayer. Elle ne souhaitait en aucun cas les revoir, cette idée la répugnait même plus que de rester enfermée ici, mais elle ne se laisserait pas intimider. Il la prenait de haut depuis le début, cherchant probablement à reprendre contenance après être tombé dans le panneau de sa couverture, et il faisait cela avec cet air de mâle dominant constant. Le faire redescendre de son petit nuage, et lui apprendre quelque chose qui l’importunerait quelque peu n’était que du bonus, pour Sunaï.

- Oui, cela n’a pas été un hasard si j’ai pris l’identité de cette famille en particulier, ajouta-t-elle, haussant les épaules, indifférente, crispant aussitôt la mâchoire face à la douleur que ce simple geste entraîna dans son dos. Plus simple et plus prudent. Si vous voulez faire affaire avec eux, soit, ce n’est pas mon problème. Je ne veux juste pas être mêlée à cela. Je n’étais là que pour affaire personnelle, je vous ai dit ce que vous vouliez savoir, cela s’arrête là. Vous n’avez pas besoin de moi pour entamer de bons rapports avec eux. Elle rit légèrement. Vous auriez même sûrement entamé de meilleurs rapports sans moi, à vrai dire.

La jeune femme s’arrêta, cherchant un compromis. Elle abandonna la morgue qui l’avait animée à nouveau, prenant un ton plus condescendant et diplomatique. Elle était lasse et fatiguée, la journée avait été longue, son corps ne réclamait que le sommeil, et l’odeur de l’onguent qu’Erwan avait apporté, ainsi que l’apaisement qu’il avait procuré à sa peau, ne l’aidait pas à rester attentive.
Sunaï dévisagea le seigneur, arborant une expression calme et presque aimable, pour la situation dans laquelle il l’avait mise.

- Ecoutez. Je ne veux pas avoir à affaire à eux. Et vous ne voulez pas avoir de problèmes non plus. J’aurais pu ne rien dire et vous laisser peut-être dans une mauvaise situation… Mais l’on va éviter de se mettre tous les deux dans une position délicate, non ? Elle fit une pause, soupirant doucement, l’air réfléchi. Avez-vous cité mon nom dans votre lettre ? Il est fortement probable qu’ils ne prennent pas la peine de se déplacer, mais si fait… Je ne veux pas les voir. Vous pourrez dire que je me suis échappée entre temps, que j’ai dû être tuée, que sais-je. Je resterai une voleuse quelconque. Et vous ne prendrez pas le risque de vous afficher comme celui qui a frappé une… Hinara. La jeune femme dit cela presque avec dégoût, n’aimant pas s’apparenter à cette famille qui était la sienne. Et si vous espérez obtenir leur reconnaissance en leur livrant leur fille disparue… ajouta-t-elle, devançant une idée qui devrait sûrement l’effleurer à un moment ou un autre, en tant qu’homme un minimum stratège. Non, je ne pense pas que cela soit la meilleure option pour vous.

La jeune femme attrapa le pot contenant le baume aux herbes médicinales et le referma pour s’occuper les mains. Elle se massa les poignets quelque peu  irrités à cause des heures restée attachée, et reconcentra son regard sur le noble.

- Vous avez mon avis. Maintenant, je ne vais pas passer le reste de la soirée à tenter de vous convaincre. J'espère simplement qu'ils ne feront pas suite à votre lettre, si vous l'avez seulement envoyée. Elle plissa les yeux légèrement, lui montrant par-là qu'elle n'écartait pas la possibilité qu'il l'ait dupée. Mais même dans ce cas, elle avait parlé, et n'allait certainement pas s'épancher en regrets inutiles.

Sunaï Hinara

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    Dans cette nouvelle cellule, laquelle était toute désignée pour accueillir comme il se devait une petite fouineuse de voleuse guère efficace dans son travail, Erwan tiqua. Ses paupières papillonnèrent quelque peu alors qu’il tentait de comprendre la logique de sa captive. Les coups de fouet avaient dû l’atteindre sérieusement et l’épuiser plus que de raison pour tenir un discours aussi peu cohérent, du moins dans ses premiers mots.

    « Je comprends soudainement la pauvreté du contrat apporté. Je gage que ce fut toi qui le conçus, et non pas ton employeur, me tromperais-je ? C’est est qu’il y en a qui sont décidément davantage faits pour le travail manuel, et d’autres pour réfléchir… Et tu ne sembles pas avoir été gâtée par la nature concernant aucun des deux. » Erwan secoua la tête en signe de dénégation avant de rapprocher son visage de celui de Sunaï, comme s’il voulait mieux se faire comprendre.

    « Que ne comprends-tu donc pas dans venir te chercher ? Bien entendu que tu ne m’appartiendras pas longtemps, en ce cas ; bien entendu qu’ils te sortiront de là, et de moi n’obtiendront-ils pas de protestation, vu que je les ai justement invités à ce faire ! Diable, c’est que je préfère bien me faire voir par une puissante famille en leur échangeant une voleuse malhabile plutôt que de conserver cette dernière, laquelle ne pourrait que confirmer l’identité d’un hobereau qui n’a, en fin de compte, rien obtenu de moi, eu égard à l’impéritie de cette première, lui lâcha-t-il comme s’il s’agissait là d’une demeurée qui avait la comprenette difficile en matière de jeu politique. En revanche… Que tu sois leur fille… »

    Il avait du mal à y croire, et pourtant, le nom de Sunaï Hinara lui faisait subitement écho dans son esprit. Jouait-elle sur un double nom, une coïncidence qui pouvait la faire passer pour cette jeune femme disparue ? Il s’adossa contre le mur avant de la considérer d’un œil nouveau ; en fin de compte, il resterait probablement plus longtemps que prévu dans cette cellule.

    « Je n’avais aucunement fait le rapprochement, mais… Elle vient donc de là, ton insolence perpétuelle, le fait que tu me regardes sans cesses dans les yeux comme je le fais, ce que ne ferait aucunement quelque mercenaire que ce soit, et ton arrogance que tu as si bien emprunté aux… nôtre. » Ce fut à son tour d’éclater d’un petit rire empli de sarcasme. Il marcha en rond dans la pièce, lentement, s’exprimant dans de grands gestes théâtraux qui ampoulaient sardoniquement tout ce qu’il racontait.
    « Ainsi donc, j’ai emprisonné et passé à tabac Sunaï Hinara… La petite putain de comtesse qui a préféré conchier sur le nom de sa famille ainsi que sur tous ses biens et l’éducation que l’on lui a fourni pour s’échapper sournoisement afin d’aller écarter les cuisses devant toute la gueusaille qui, cette fois-ci, serait assurément à son goût pour s’en faire trousser. Ciel ; c’est que je devrais presque en écrire une nouvelle ! » Le seigneur des lieux fléchit nonchalamment un genou, appuyant un pied sur le mur et se prenant le menton entre le pouce et l’index, pourpensant.

    « Oui, ma chère, tu l’auras rapidement compris, tu ne jouis aucunement d’une bonne réputation dans les sphères mondaines, et je ne fais là que te rapporter tout ce que l’on dit à ton sujet. C’est que l’on aime à dégoiser, jaspiner et fustiger, dans le milieu boulevardier, et chacun prend tellement soin à ne commettre aucune faute que, dès que l’un d’entre nous se laisser aller à la fredaine, il ne se fait pas louper. Oh, bien sûr, l’affaire a rapidement été tue, mais… Les rumeurs vont vites et sont remarquablement tenaces. »

    Tout ce qu’avait à dire la jeune femme, par la suite, ne reposait que sur une incompréhension totale de la noblesse, sur une ignorance complète de ce système qu’elle avait quitté bien trop tôt et dont elle ne s’était aucunement imprégnée. Les règles instaurées implicitement par les sang-bleus eux-mêmes demeuraient autrement plus compliquées et subtiles que celles de ces mercenaires dont l’aspect pécuniaire représentait la seule et unique loi.

    « Non, Sunaï, tu ne te rends plus du tout compte de cet embrouillamini dans lequel tu t’es colloquée. M’est avis que tu as sûrement dû être déshéritée et destituée de ta condition de noble après que les recherches pour te retrouver se fussent avérées vaines. C’est que ta famille ne voudrait pas qu’un bâtard engendré par un pécore qui t’eût engrossée puisse réclamer quelque droit que ce soit sur une éventuelle succession dans ta famille ou même sur des terres qu’elle possède. Tu les as déjà assez plongés dans le déshonneur de la sorte. » Il soupira.

    « Laisse-moi donc t’expliquer le point de vue mondain sur ta situation actuelle, car il n’y a que celui-ci qui aura de valeur lorsque viendra ton temps. Ta famille était prestigieuse et jouissait d’une forte renommée dans la région. Elle l’est toujours, certes, mais il n’y a pas de plus grand affront que de se voir soudainement rejeté par un membre de sa famille, et pire encore lorsque celui-ci n’est pas autre que l’un de vos enfants. Un enfant que l’on se doit d’éduquer correctement, à qui l’on doit apprendre la bienséance et l’étiquette, l’héraldique et ses droits et devoirs. Et l’éducation se doit d’être aussi grande et stricte que la famille est connue et riche. Que dire, si fait, lorsque ce même enfant dit non à tout cela, crache sur toute cette éducation et termine par prendre la fuite en refusant un mariage –car c’est de cela qu’il s’agit dans ton cas, non ?-, en rendant caduque une dot et en rétrécissant que davantage encore les possibilités de successions ou relations ?

    Non, comme je te l’ai déjà dit, cela a causé un très grand tort à ces riches et puissants Hinara. Et quel n’est pas ce plaisir que de se moquer de ceux qui vous auront tant morgué tout au long de votre existence. Leur réputation en a pris pour son grade et les rumeurs sont allées de bon train.
    Si fait, que ne feraient-ils pas pour te récupérer ? Je ne sais pas véritablement ce qu’ils compteraient faire de toi, mais tu leur as fait un trop grand affront pour qu’ils t’ignorent de la sorte s’ils venaient à savoir que tu es là. Et moi, je serai celui qui leur a rapporté cette fille indigne qui les as couvert de honte l’espace d’un petit moment et avec laquelle ils pourront peut-être faire amende honorable aux yeux de la noblesse.

    Il me suffit d’en croire leur réputation et ce que tu as toi-même dit tout à l’heure, dans la bibliothèque, pour savoir que ce ne sont pas là des gens qui se fichent de l’opinion des gens et de leur réputation. Te puniront-ils aux yeux de toute la noblesse afin de montrer que, non, l’on ne fait pas impunément du tort aux puissants Hinara, quand bien même serais-tu leur fille qui, de toute façon, n’est plus membre de la famille, ou, pire, chercheront-ils à te briser puis à te réhabiliter dans ce monde qui était autrefois le tien, afin que tu deviennes une sage et bonne épouse prête à concevoir ? Bien que je doute de cette dernière option, je ne doute pas qu’ils seront véritablement ravis de pouvoir te mettre le grappin dessus…
    »

    Nouveau rire de sa part, fortement amusé de cette situation qui ne pourrait que le mettre en valeur.
    « Je peux comprendre, ainsi, que tu veuilles ne plus du tout avoir affaire avec ceux que tu as fuis, oh oui. Et non, je n’avais pas rajouté ton nom, le pensant inutile… Mais je pense bien aller corriger cette petite incartade de ma part. »


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