Après avoir trouvé cette annonce de la famille Arachnéa, Lyshtar eu des étoiles dans les yeux, se disant que c'était peut être une nouvelle chance pour elle de quitter définitivement cette ville et de découvrir encore de nouvelles contrées et de nouvelles horizons. Ce serait aussi une manière pour elle de gagner de l'argent, car les étrennes qu'elle avait économisées depuis des années et les quelques pièces que lu avait offert la vieille amazone, commençait sérieusement à disparaître de la surface de son porte monnaie. Elle cria néanmoins de joie, brandissant bien haut la feuille qu'elle avait deux secondes plus tôt arrachée du mur et se mit à la secouer dans tous les sens et à sautiller frénétiquement, ceci tout le long du trajet.
Tous ces cris et tous ces mouvements brusques interpellèrent une jeune et minuscule chauve-souris, familier de la jeune Lyshtar et se prénommant Noiraud. Celle-ci sortit d'un des plis de la robe de la jeune femme et grimpa rapidement jusqu'à l'épaule de celle-ci.
- Puis-je savoir ce qu'il se passe ? Dit le petit animal qui parlait une langue que seule sa maîtresse pouvait comprendre.
- Ah, te voilà toi ! J'ai une très bonne nouvelle ! J'ai enfin trouvé un job ! S’exclamât elle tendant fièrement l'annonce.
Noiraud, perplexe, regarda tour à tour la jeune fille et eu une soudaine envie de lui tiret l'oreille. Ce qu'il fit.
- Tu sais, très bien que je ne sais pas lire ! Alors, ça ne sert à rien de me la montrer ainsi, si tu ne m'explique rien ! Idiote !
- Aïe, aïe, aïe ! Couina-t-elle. C'est bon, arrête. J'ai comprit ! Je vais te la lire la feuille !
Sur ce il lui lâcha l'oreille et Lyshtar, légèrement boudeuse se mit à lui raconter dans les moindres détails ce qui était inscrit sur cette feuille de papier, maintenant toute froissée.
- Tu es bien sûre de vouloir devenir boni-servante ? Gourde comme tu es je te vois mal entretenir une demeure ! Surtout que cette famille semble assez riche et importante.
- T'inquiète pas ! Je suis sûre que je gérerai très bien !
Noiraud n'ajouta rien, sachant que toutes discussions ne serviraient à rien, sauf à perdre du temps et de la salive, avec une entêtée tel que Lyshtar. Il savait, tout le monde savait, que cette fille était incapable de vivre une journée, sans faire un faux pas. Il soupira intérieurement, gardant ses critiques pour lui même. Il espérait tout de même qu'elle changerait un jour.
Le lendemain, après avoir tout bien soigneusement préparé, elle était enfin prête à mettre les voiles vers l'île de Sen'rin. Elle sortit de son petit appartement de misère et grimpa quatre à quatre les marches des escaliers afin d'arriver plus vite jusqu'au toit. Une fois en haut, elle plaça un de ses bras devant ses yeux, aveuglée par tant de lumière si vive et si foudroyante. Elle laissa tout de même échapper un petit rire enjoué et se dirigea en courant vers le rebord du vaste toit. Elle posa fermement ses pieds contre la tuile froide et quelque peu glissante de la toiture pour assurer son équilibre, chevaucha son modeste mais robuste balais et tout excitée, sauta subitement du toit.
Noiraud, eu un léger haut-le-cœur, en sentant le sol se rapprocher si vite du sol. Il souhaita fortement qu'elle ne raterait pas son coup comme l'autre fois et qu'elle parviendrait à maîtriser cet engin et voler convenablement. Heureusement, même si le début laissait entendre le contraire, la jeune réussit à s'élancer convenablement dans les airs et maintenant, elle et son cher familier, survolaient la ville.
- Tu vois que j'en suis capable, dit-elle avec un ton étrangement sérieux qui impressionna la chauve-souris, pas habituée à ce genre de comportement.
En effet, la petite kitsune, regardait, le visage incroyablement concentré et grave l’horizon. Elle n'admirait presque pas le magnifique paysage qui s'offrait à ses yeux à se moment là. Mais il lui fallait bien faire ce sacrifice si elle ne voulait pas finir en miette contre les rochers tranchant de l'océan. Heureusement que l'île Sen'rin n'était pas très loin car elle se voyait mal rester dans une telle posture pendant des jours entiers.
Après une ou deux heures de vol, (Lyshtar, n'avait pas vraiment la notion du temps car pour elle tout était subjectif. Pour elle, le voyage avait duré des décennies) elle arriva enfin au dessus de l'immense île, qui était sous la propriété de la famille Arachnéa. Elle se posa, sans trop d'accidents, près de l'immense demeure de la branche principale de cette célèbre famille. Elle fut impressionnée et ne cessa, jusqu'à ce qu'elle arrive devant l'entrée, d'admirer aussi bien les alentours que le château lui même.
Arrivée, devant l'imposante porte, richement décorée du domicile, elle serra fermement son balai contre sa poitrine, son cœur résonnant de plus bel à l'intérieure et toqua timidement. Quelques secondes s'écoulèrent quand deux grandes silhouettes imposantes apparurent devant elle. C'était les gardes. Derrière eux, une beaucoup plus petite ombre se manifesta, celle d'une vielle femme potelée et pleine d'énergie, le visage dur et sec et qui semblait en permanence munie impatiente. La Dame toisa sans aucune gène ou indiscrétion la jeune fille, affichant un air désinvolte et ordonna froidement à Lyshtar d'entrer. Ce qu'elle fit immédiatement mais toujours avec un air craintif et gêné. Elle atterrit dans un merveilleux hall à la taille démentiel et elle ne put s'empêcher d'observer et de détailler tout ce qui était à la portée de ses yeux. Elle s'arrêta d'avancer quand elle remarqua que la vielle femme se retournait pour lui adresser la parole.
- Vous êtes sûrement ici pour la demande d'emploie. - Elle jeta un coup d’œil à son balai - Et je vois que vous êtes déjà équipée.... Bien ! je vous engage mais ne vous réjouissez pas trop vite ! Vous semblez jeune et inexpérimentée c'est pourquoi je tiens à voir, pendant quelques jours, de quoi vous êtes capable ! Nous sommes dans la majestueuse propriété du Duc Arachnéa et les serviteurs qui y travaillent se doivent en retour de l'honneur incommensurable que la famille leur offre en les autorisant de travailler pour elle, à être irré-pro-chable ! Vous m'avez bien comprise ? dit-elle d'un ton sévère et incroyablement rapide.
- E-Euh.. Oui Oui ! acquiesça Lyshtar perdue par temps de mots et de phrases dites aussi vites.
La gouvernante continua donc au tac au tac.
- Très bien. Vous allez donc commencer tout de suite. Comme vous n'êtes encore qu'une enfant je vais vous dispenser des tâches particulièrement pénibles et difficiles. Vous devriez me remerciez pour ma gentillesse à votre égard. Mais sachez que ça ne sera pas éternellement ainsi, plus tard, si vous veniez à être définitivement engagée en tant que domestique du château, attendez vous à avoir les mêmes travaux que tous les autres ! Donc, comme je le disais, vous allez commencer par de simples tâches : Je veux que vous nettoyer de fond en comble la salle à manger du deuxième étages avant midi, que vous fassiez toute la vaisselle qui remplit l'évier en vous chargeant aussi des service à thé en porcelaine, vous préparerez la table pour le déjeuner en faisant en sorte que tout soit parfaitement disposé et que le duc et la jeune maîtresse se sentent à leur aise. Vous ferez aussi le ménage dans la chambre de la maîtresse et passerez la serpillière dans tous les couloirs du bâtiment ! Lorsque vous aurez...
Lyshtar fut éberluée et dépassée par tous les ordres et toutes les tâches soudaines que lui assignait sans aucune pose, la vieille gouvernante. Elle ne retint à peine un quart de tout ce qu'elle dit mais s'appliqua à faire comme ci tout avait été assimilé et comprit parfaitement. Puis, une voix venant d'en haut des escaliers la fit légèrement tressaillir et elle porta immédiatement ses yeux sur la provenance du son.
- Isilandaï, où est ma robe ?
La gouvernante qui semblait s'appeler Isilandaï resta quelque peu choquée par la venue de la jeune femme et se mit à bégayer tout en virant au cramoisi. C'était une belle femme aux longs cheveux noirs qui étaient à ce moment là mouillés et ruisselant. Elle était vêtue d'un élégant peignoir en satin noir qui allai à merveille avec son teint et ses yeux étrangement rouges. Elle vint se planter devant isilandaï, attendant une réponse de la part de celle-ci.
Lyshtar fut intriguée par cette femme qui semblait si importante ici. Était ce elle la maîtresse de ces lieux ? Elle essaya de trouver une quelconque réponse à ses nombreuses questions. Cela ne l'empêcha pas néanmoins de l'admirer. Elle était resplendissante même habillée d'un simple peignoir. Et elle avait un air quelque peu fatal qui la rendait dangereusement attirante.
Puis une servante accourut de nul part, toute essoufflée et échevelée tenant entre ses bras une longue robe noire reluisante. Elle se courba légèrement et tendit ses bras. Sans se soucier de la jeune fille, Isilandaï attrapa l'étoffe et la tandis à sa supérieure avec un sourire.
- Voilà, Miss Ayael Arachnéa je savais bien que je m'en étais occupée, vous serez superbe, comme toujours avec.
- Veillez à l'apporter vous même dans ma chambre la prochaine fois, répondit-t-elle sur un ton impérieux avant de lancer un regard complice à la futur servante.
Celle-ci écarquilla légèrement les yeux surprise et rougit légèrement. Ses yeux se mirent alors à pétiller follement et elle fit un léger sourire de reconnaissance. Elle était gênée et ne savait comment réagir. Et puis, même si c'était la Ayael digne héritière de la famille Arachnéa, elle ne pouvait pas permettre de mal se comporter surtout pour une première fois et surtout juste devant la gouvernante en chef. A propos de la gouvernante, celle-ci avait le visage complètement décomposée par la réplique cinglante que lui avait affligé Ayael.
Attrapant ce pourquoi elle était descendu, Ayael remonta avec toujours autant d'élégance les escaliers et partit se préparer. La jeune servante continua pendant ce cours laps de temps à suivre du regard, les pas de la princesse. Mais son attention se concentra bien vite sur la gouvernante qui, une fois Ayael partit, reprit toute son autorité et rappela à l'ordre la pauvre petite Lyshtar.
- Est ce que vous m'écoutez, lorsque je vous parle ? Insista -t-elle. Mademoiselle !
- H-Hm, oui, madame ! Quand est ce que je commence ? Demanda-t-elle avec une voix qui se voulait sérieuse.
- Je ne comprends pas ce que vous faites encore ici, mademoiselle, allez au travail !
- O-Oui mais où est ce...
- Sur le champ !!! Aboya-t-elle
Elle sursauta de peur et courut rapidement tel une petite souris effrayée vers les même grands escaliers qui quelques minutes plus tôt avait été empruntés par Ayael. Elle paniqua intérieurement. Elle n'avait strictement rien écouté de ce qu'avait dit cette grognasse. Elle s'arrêta de courir lorsqu'elle trouva un recoin contre lequel elle pouvait se cacher et réfléchir tranquillement. Elle soupira. Comment allait-elle faire ? Elle n'aurait jamais ce post ! Noiraud avait raison ! Elle était si pathétique... Noiraud ? Elle eu d'un coup une idée de génie. Elle tapota un peu partout sur sa robe et une petite boule de poil en sortit. Il la regarda énervé mais à la fois avec un air des plus moqueurs collé sur le visage.
- Je te l'avais bien dit ! Tu n'es pas faites pour ce métier ! Mais comme d'habitude tu ne m'as pas écouté comme tu peu être..
- Oui oui, je sais ! le coupa-t-elle. Mais comme toi tu es parfait je suis sûre que tu as écouté toutes les tâches ménagères qu'elle m'a ordonné de faire ? N'est-ce pas ?
- Bien sûr, contrairement à toi je sais écout...
- Super ! Alors dis moi ce que je dois faire ! Dit-elle toute gaie.
Il soupira et lui dicta tout ce qu'elle devait faire afin de réussir convenablement le test et être acceptée en tant que servante. Elle essaya tant bien que mal à s'appliquer aussi bien qu'elle le pouvait et surtout à ne rien casser ou abîmer. Finalement elle réussit. Cela lui avait prit la journée entière et elle était mort d'épuisement. Elle n'avait qu'une envie, plonger dans un lit bien chaud et douillet pour une longue nuit de sommeil bien mérité.
Mais avant, elle retourna voir Isilandaï qui était à ce moment là assise sur un majestueux fauteuil à lire un livre. La vieille femme sembla quelque peu surprise que cette gamine est réussie à faire tout ce qu'elle lui avait demander. Mais elle ne se laissa pas duper aussi facilement et ayant du mal à croire la jeune fille, elle vérifia chaque pièce une par une mais ne trouva pratiquement rien à redire. Malgré elle, elle engagea Lyshtar.
Et c'est ainsi que s'acheva la première journée de travail chez la famille Arachnéa. Depuis, Lyshtar s'est parfaitement familiarisée et la gouvernante reste malgré son caractère de cochon une des personnes qu'elle apprécie le plus sur cette terre. (En fait elle aime surtout l'embêter....)