A première vu, on peut prendre Bheal comme un homme puant d'arrogance, hautain et fier de son rang. Il l'est, bien sûr et c'est là la couverture parfaite pour cacher tout le reste. Notre assassin ne vous montrera que rarement sa personnalité véritable, maniant les masques avec dextérité, jonglant entre les rôles qu'il a lui même établi pour mieux briser vos défenses. Bheal n'est pas quelqu'un de sincère et c'est là la seule chose dont vous pourrez être réellement sûr. En public, il ne va sans dire que notre jeune homme attire les regards. Après tout, il émane de lui tant d'assurance, tant de charisme qu'il vous est clairement impossible d'éviter de poser les yeux sur lui. Il faut le rencontrer pour comprendre. Éloquent, il s’intègre facilement, choisi ses mots avec soin, tout en gardant néanmoins ses propres opinions pour lui. Vous aurez beau essayer de lui tirer les vers du nez, Bheal vous esquivera d'un joli sourire et d'une habile pirouette verbale. Non, il n'aime pas parler de lui. Vous révéler sa vie reviendrait à vous offrir une partie de lui même, et cela, il ne le souhaite pas. Ainsi, Bheal restera toujours quelqu'un d'assez mystérieux dans l'âme, ce qui ne fera qu'embellir son image globale.

Bheal est quelqu'un d'espiègle et de joueur. Il aime les défis, mais plus que tout, il aime les gagner. Être le plus fort est pour lui une base de son identité. Non pour la gloire ou pour le pouvoir, même s'il avouerait volontiers que ça ne lui déplairait nullement, mais pour lui même. Il aime se prouver que ses ambitions sont sans limites, et ses capacités encore plus. Il aime se sentir à part. Bien au dessus des autres. Plus proche du ciel et de la lune que n'importe qui. Car la lune est sa plus fidèle amie. La terre n'est bonne qu'à se recouvrir de sang, alors que le ciel, lui, est une entité pure, symbolisant la liberté. Et la liberté, il aime. Être impuissant face à telle ou telle situation lui déplaît plus que tout. Il fait ce qu'il veut, quand il veut, ou il veut. Et celui qui l'en empêchera est loin d'être né. Noble par descendance, il fut éduqué dès sa plus tendre enfance, lui permettant de développer un certain goût pour les arts en général, la beauté et le luxe. Ne vous étonnez donc pas si Bheal est toujours impeccable dans ses tenues, sa façon d'être, et ses manières. Avant d'être assassin, il est avant tout Duc, ne l'oublions pas.

Vis-à-vis de sa profession, ce n'est pas bien compliqué : Bheal aime le sentiment éprouvé lorsqu'il tient la vie de quelqu'un au fil de sa lame meurtrière. C'est, d'une certaine façon, être supérieur à tous que de pouvoir choisir si une personne quelconque verra le jour ou non le lendemain. Très doué en général, il ne s'étale pourtant pas sur le récit de ses "aventures". Le moment où il traque une proie, que le piège se referme sur elle, puis qu'elle se rende compte qu'il est déjà trop tard... Il préfère le garder pour lui seul. Qu'y a-t-il de meilleur que cela ? Les femmes, peut être. Oui, parce qu'il faut le dire : Bheal en est un grand amateur. Charmeur à ses heures perdues, il n'est pas rare de le trouver entouré de jolies demoiselles aux paupières papillonnantes et au ton suave...

Bheal n'est pas quelqu'un à plaindre. On pourrait même dire qu'il fut particulièrement favorisé par la vie. La réussite de ses parents dans leurs manipulations les pulsa au rang de nobles, en faisant alors bénéficier leur descendance. Bheal fut le tout premier. L'ainé. Le grand frère. Et tout ce qui va avec. Dès l'enfance, on décela chez lui une certain agressivité. Passive, tout d'abord, augmentant au fil des années. Une volonté d'être le meilleur. D'aller toujours plus loin, toujours plus haut. Ses parents décidèrent de le mener sur la voie des assassins. Et l'enfant apprécia ces leçon si particulières. Il se montrait extrêmement coopératif, et plus encore : incroyablement doué. Apprenant à une vitesse effrayante, on l'imaginait déjà dépasser toutes les attentes. De ce fait, il rejoignit la Congrégation de la Nuit très jeune, impressionnant tous de son ambition sans limite et de son don véritable pour cette profession.

Puis sa mère mit au monde un autre enfant. Une fille. Ayael. Sa petite sœur. Il s'attacha à elle dès la première fois qu'il la vit. Et il décida de tout faire pour qu'elle réussisse, pour lui donner les moyens d’accéder au rang qu'elle méritait. Il la couvait, l'aimait. Il quitta leur terre natale dès qu'il lui fut possible, allant mener à bien des contrats donnés par la guilde, allant explorer le monde. Même s'il était peu présent, il s'émerveillait des progrès de sa sœur à chaque retour. Elle aussi avait choisie d'arpenter la sombre voie des assassins. Bheal lui ouvrit le chemin en l'intégrant à la Congrégation. Ce fut en quelque sort l'élément déclencheur. Sa sœur était douée. Son ascension dans le milieu fut rapide. Si Bheal aurait pu devenir jaloux d'elle, il n'en était pourtant rien : au contraire, il se sentait fier d'elle. Les deux individus ne se faisaient nullement d'ombre : ils avaient des moyens de procéder totalement différents, et puis, elle restait sa seule et unique sœur. Bheal lui même menait une ascension aussi bien sociale que professionnelle.

Chaque jour lui faisait acquérir de l'expérience précieuse, et chaque jour était pour lui une suite sans fin de plaisir et de défis. Après tout, tout lui était favorable : une influence certaine en tant qu'assassin, une personnalité de la noblesse, et surtout, la place de Duc de Sen'rin lui était réservée, étant l'ainé. Du moins, c'était le cas. Il apprit récemment que sa jeune sœur, Ayael, fut désignée pour être l'héritière des terres de Sen'rin. A sa place. Place qui lui revenait pourtant de droit. Pourquoi ? Un accord avec une autre famille de noble. Tout cela se fit sans un mot, sans son consentement, sans même un avertissement. Si Bheal aimait et admirait sa famille, il ne pu nié avoir un goût amer en bouche lorsqu'il l'apprit. La colère montant en lui, il s'exila loin de tous quelques temps, pour réfléchir.

Sa sœur n'y était pour rien. Il n'y avait, à proprement parler, aucun responsable. Et pourtant, son titre avait était pris. Un titre qui aurait servit de tremplin à son ascension, toujours plus haute. Son instinct d'assassin lui soufflait d'éliminer les obstacles. Sa morale lui hurlait que même si elle avait rafler un de ses droits, Ayael restait sa sœur. Et pourtant. Bheal préféra s'éloigner d'elle, ainsi que de leur famille. Il restait noble, par défaut, mais ressentait le besoin de rester distant. Aussi bien pour lui que pour les autres. Alors, il ère. Il continue d'accomplir ses contrats, de se présenter en bonne forme en public. Il réfléchit, cherche une solution. Pour s'élever, toujours plus haut. Pour éviter une confrontation fatale avec sa sœur. Il était secoué par cette nouvelle, et malgré tout ce qu'il pouvait se dire, il en voulait terriblement à Ayael. De l'avoir laissé dans le silence. De s'être approprié ce qui lui revenait.

Trahison. C'était ce que lui soufflait son cœur. Et cela, indéniablement, l'avait blessé.