 Sam 15 Juin - 16:21 |  | | | | - Citation :
- Racontes le meurtre de ta soeur jusqu'à la naissance de Dhraan.
Du bruit, trop de bruit. Tout autour de Sebastian faisait trop de bruit. Depuis qu’il avait perdu la vue, le Suniage avait l’impression que le monde qui l’entourait était devenu une immense cacophonie insupportable. Un oiseau, un passant, un vent un peu fort même, tout l’insupportait. Mais dans tous ces sons, sa sœur était probablement la source de ceux qui revenaient le plus fréquemment et qu’il ne parvenait pas à ignorer.
Elle disait vouloir son bien. Non, ce n’était certainement pas cela. Si elle voulait réellement faire en sorte qu’il aille mieux, elle le laisserait tranquille. Ses pas étaient une torture auditive, chacun de ses mouvements résonnaient dans sa tête, ses paroles soi-disant réconfortantes ne faisaient qu’amplifier la douleur qu’elle lui infligeait déjà. Sebastian n’en pouvait plus. Pourquoi lui faisait-elle cela ? Ne se rendait-elle pas compte de ce qu’elle lui faisait subir ? Ne comprenait-elle pas que quand il lui demandait de partir, ce n’était pas parce que sa cécité et sa peur de mourir suite à ce que le médecin lui avait annoncé le faisaient parler. Il était lucide, comment ne pouvait-elle pas le voir ?
Et d’ailleurs, ce médecin, quel était son avantage à le faire venir ? Ils savaient tous deux très bien qu’il n’y aurait pas de retour en arrière face à cette maladie, il n’y avait pas besoin de faire venir quelqu’un qui détruirait les maigres espoirs de guérison du jeune homme. Non, non, non, elle n’aurait jamais dû demander sa consultation, c’était un acte égoïste, qui prouvait bien qu’elle n’avait que ses désirs en tête. Melina voulait-elle donc à ce point que son frère meure ? N’étaient-ils pas supposés s’aimer, et vouloir le mieux pour l’autre ?
Le Suniage aura tenu trois semaines avant de sombrer dans un état de folie. Enfin, un état de folie dépassant le stade de la paranoïa passive, et atteignant désormais celui de la violence physique. Il n’en pouvait plus de ce bruit, il fallait qu’il cesse. Cela ne pouvait pas être bien compliqué, il suffisait d’attendre sa sœur, qui reviendrait immanquablement faire semblant de s’inquiéter pour lui mais voulant réellement empirer la situation, et la faire taire. Non, mieux, lui faire comprendre à quel point elle était une nuisance, et qu’il avait compris ce qu’elle voulait lui faire endurer. Voilà pourquoi il choisit de simplement l’assommer, l’enfermer dans leur chambre, et attendre qu’elle se réveille pour profiter au maximum de ses réactions.« Sebastian ? Que fais-tu ? Seb… ? Non, non, je t’en prie… » « Ne t’en fais pas, je sais à quel point tu aimes faire souffrir les gens. Je ne vais que te montrer ce que c’est, je suis certain que tu apprécieras. » Une routine s’installa. Toutes les trois heures, ou du moins à peu près, Sebastian montait dans la chambre et redoublait de sadisme. Des simples coups aux taillades en passant par les brûlures, les morsures ou diverses autres pratiques assez violentes, il était bien décidé à ce qu’il ne soit plus seul à souffrir. La jeune femme le suppliait d’arrêter. Elle lui disait qu’elle ne lui en voulait pas, qu’elle comprenait et que tout pourrait s’arranger, qu’il fallait juste qu’il la libère. Il avait besoin de soin, et elle voulait les lui donner. Elle lui souriait, même, quand elle en avait la force, ne se rendant peut-être pas compte que son frère était incapable de le voir. Et contrairement au jeune homme qui avait toujours parlé par peur, elle était parfaitement honnête. Elle s’en voulait de ce qu’il était devenu, culpabilisant de ne pas avoir été à la hauteur pour le calmer. Melina ne se rendait probablement pas compte que ça non plus, son jumeau ne pouvait pas le voir, et pas parce qu’il était devenu aveugle.
Vint le jour où les cris, les pleurs et les supplications cessèrent. Le calme, enfin. Malheureusement pas aussi libérateur et réconfortant que Sebastian voulait le croire, bien au contraire. Ce silence le frappa de plein fouet, lui faisant prendre pleinement conscience de ce qu’il venait de se passer. Sa sœur, sa jumelle qu’il aimait tant, n’allait plus jamais pouvoir l’accompagner. Elle ne pourrait plus le réconforter, l’aider, lui dire qu’elle était là pour lui et tenait à lui plus que tout, rester à ses côtés dans ses moments de panique. Il était seul, il venait de mettre fin à la seule chose importante à ses yeux.
L’ex rebelle monta à nouveau dans la chambre où il avait enfermé Melina. Il ne pouvait pas voir l’état dans lequel il l’avait mise, heureusement pour lui. Il gardait ainsi l’image de la belle jumelle qu’il connaissait, pas celle de ce corps amaigri par le manque de nourriture, couvert de coups et coupures, le visage meurtri par les larmes. Il s’approcha tant bien que mal du corps, afin de se laisser s’effondrer dans le sang séché, juste à côté du corps sans vie. Il passa sa main sur le corps, touchant sa sœur du bout des doigts, des larmes lui montant aux yeux.« Je… Je… Mel… Tout ira bien, tout ira bien, on va… Tout ira bien. Je t’aime. » Cela dura deux jours. Sans dormir, sans boire, sans manger, le Suniage parlait à sa défunte sœur, tentant de la rassurer avec le stupide espoir que cela la ramènerait à la vie. Il serait bien resté là si un homme ne vint pas à la porte de leur maison. Le médecin qu’avait fait venir l’ancienne membre des troupes d’Ailes Ténébreuses, inquiet de l’état de santé du jeune homme, était revenu pour voir s’il pouvait essayer de soulager un peu sa douleur avec quelques médicaments de sa confection. Il fût accueilli en silence, et conduit dans la pièce où reposait Melina.
Dans la chambre, le docteur assista à la scène, horrifié. Pas bien longtemps, à vrai dire. Sebastian se rendit compte qu’il y avait un moyen pour lui, s’il était rapide, de disparaître, de détruire une petite partie de ce profond dégoût de lui-même. Il lui suffit de s’emparer de la lame qu’il gardait encore sur lui, et de la faire glisser contre la gorge de l’homme. Cela ne prit que quelques secondes, quelques secondes étrangement délectables. Comme si une barrière se détruisait en lui, libérant quelque chose qu’il ne connaissait pas.« Au revoir, Dhraan. Je suis certain que l’on se reverra sous peu. »
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|  | Dhraan
Partie IRLCrédit avatar : Neogariel / Prince Of PersiaDouble compte : Naah.Vitesse de réponse : Actuellement, très variable.
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