Sylvia est dotée d'un caractère entier. Elle a une volonté marquée de tirer son épingle du jeu, une ouverture d'esprit et une curiosité suffisantes pour lui permettre d'appréhender même les plus incroyables choses qui lui sont données de voir. Si elle peut donner l'impression de ne pas aimer les gens, c'est juste que la vie l'a rendue méfiante et l'a privée très tôt de sa douceur. Elle adore les secrets et les choses cachées, bien qu'elle conserve cette passion pour elle.

"Ce n'est que librement que je consentirai à vous servir." à laissé place à "La Liberté, par le Dédain." Au service de Joshua-Asmodan, Sylvia a retrouvé la sensation d'avoir une famille en servant comme second à bord du Dédain. Adoucie par le départ de Robb, elle apprécie de plus en plus de réfléchir avant d'agir et de faire preuve d'une sagesse croissante.

Sous un caractère franc, elle cache un tempérament qui reste impétueux et il est évident à qui la connaît bien qu'elle est en pleine phase de reconstruction personnelle.

Mon plus vieux souvenir est celui de la cave. C'est dans la cave de mes grands-parents que je passais la nuit quand je faisais des bêtises ou quand je ne faisais pas mes corvée correctement. Dans la cave il n'y avait qu'un lit qui sentait le moisis et qui grinçait, un pot de chambre fêlé, et une petite table où on posait le pain et l'eau auquel on avait droit pour manger quand on y était enfermés plusieurs jours d'affilée.

Et bien sûr, dans la cave, il n'y avait aucune lumière. Parce que j'étais l'aînée j'étais censée être responsable de mes pestes de sœurs et de mes intenables petits frères. J'ai donc passé parfois presque une nuit sur trois dans la cave à certaines périodes. Je détestais ça, vraiment, parce que j'avais peur du noir à l'époque. J'étais terrifiée par l'obscurité et les premières années je hurlais à me casser la voix et je passais la nuit entière sans dormir. J'ai finis par me terre et par seulement trembler. Puis par appréhender de plus en plus les ténèbres. C'est quand j'ai eu sept ans que ça a changé.

Cette nuit là je les ai maudits. J'ai souhaité qu'ils soient confrontés à leurs peurs les plus secrètes comme moi je l'avais été toutes ces nuits, ces longues nuits solitaires et glaciales. J'ai souhaité pour eux les pires terreurs et j'ai été entendue. Alors un envoyé d'Exios est venu à moi et m'a murmuré de douces paroles. Il me promettait le pouvoir de réveiller les peurs enfouies au plus profond des gens, à volonté, à condition que je l'autorise à devenir mon ombre.

J'étais au bord des larmes, rongée par la terreur et la haine, alors j'ai accepté. J'étais une gamine, je n'avais jamais entendu parler d'Exios et j'étais au bout du rouleau. J'ai eu mal. Mon dos me cuisait comme si on le marquait au fer rouge. J'ai serré les dents comme j'avais appris à le faire pour ne pas me casser la voix chaque fois que j'étais enfermée ici, mais la douleur était intenable. J'ai déchiré mes vêtements pour essayer de me plaquer le dos contre la pierre glacée des murs, mais cela n'apaisait en rien mon calvaire.

Au matin j'avais les mains en sang d'avoir battu la pierre des murs à coup de poing et j'étais torse nu, ma tunique en lambeaux. C'est mon père qui est venu me chercher. Il commençait déjà à me hurler dessus quand j'ai croisé son regard. Je ne sais toujours pas ce qu'il a vu dans mes yeux mais il s'est tût. Il est resté là quelques secondes à me fixer droit dans les yeux, puis il y a eut une odeur étrange et j'ai vu qu'il s'était fait dessus.

A partir de là je me souviens de sa fuite éperdue jusqu'en haut de l'escalier et de son hurlement de terreur. J'en ai profite pour sortir à la lumière du soleil. J'ai apprécié de sentir sa chaleur sur ma peau mais je n'ai pas pu m'empêcher d'appréhender ce qu'allait devenir ma vie après ça.

Il y a d'abord eu une période où j'ai compris à mes dépends que la vengeance ne fait pas tout. D'abord parce que tout le monde a finit par refuser de m'approcher, ensuite parce qu'on a essayé plusieurs fois de me tuer "par accident". A chaque fois c'est mon "partenaire" qui m'a sauvée. Ensuite on a voulu me faire passer pour une sorcière ou un agent d'Aile Ténébreuse. J'en ai eu assez et j'ai fuis. J'ai fuis à travers la jungle. Depuis la fameuse nuit dans la cave il s'était passé à peine six mois.

Grâce à mon protecteur j'ai traversé la jungle sans encombres, jusqu'au port de l'autre côté. Là j'ai réussi à m'embarquer incognito pour l'île des Amazones. Elles m'ont acceptée et aidée. J'ai finis pas contrôler mon pouvoir et par en comprendre le prix. Chaque jour l'envie de violence grandit en moi. Je dois la satisfaire régulièrement sous peine de devenir folle et de perdre le contrôle de mon hôte. Alors j'ai appris les armes, inlassablement. L'entraînement épuisant à l'épée, à la ou au sabre, mais aussi à la hache, à la masse ou à l'arc, ont le don de me calmer.

J'ai voulu tout essayer, toutes les armes. Finalement je me suis concentrée sur la lance, la rapière et l'arc. Je ne sens moi-même que quand je me bats et c'est dans ces moments là que mon hôte est également dans son élément. C'est souvent au termes de longues et harassantes journées que j'ai eu les discussions les plus intéressantes avec lui. Une fois passée outre sa nature quelques peu malfaisante et meurtrière, Robb, car c'est son nom, il s'avère assez... spirituel.

Il affectionne surtout l'humour noir, les framboises et la provocation gratuite avant de terrifier quelqu'un. J'étais surtout d'accord sur les framboises, puis j'ai finis par apprécier le reste. Pendant dix ans j'ai servis sur un navire Amazone avec ma première et seule véritable amie à ce jour. Elle est même devenue capitaine et j'étais son second sur notre propre navire, pendant plus de trois années. Robb l'aimait bien alors quand j'étais à ses côtés il n'était pas trop violent.

Et puis un jour tout à, encore, basculé. A l'aune de nos vingt-et-un ans nous avons mené un raid sur un village côtier. Malheureusement pour nous les informations étaient mauvaises et nous sommes tombés en plein sur un régiment de l'armée d'Aile des Ténèbres. J'en ai réchappé de justesse, grâce à Robb. L'assaut avait été mené de nuit, quand nous sommes le plus à l'aise. Aussi quand ça  a mal tourné il  a pu inspirer la terreur à pas mal de mondes. Je me suis laissée aller à la violence et pour la première fois j'ai eu peur de moi. Mais je m'en suis sortie. Seule.

Maintenant j'erre sans but sur le continent. Je vends mon talents aux armes au plus offrant et je fait peur aux brigands. Le Royaume de la Terre est bien loin de mes mers natales, mais au moins j'y vis libre de toute contrainte. Peut-être trouverais-je, un jour, un maître que Robb et moi trouverons digne de notre estime et de notre loyauté. En attendant... Et bien, au moins j'ai moins de mal à trouver des framboises ici qu'en pleine mer !