Ven 14 Juin - 17:33 | | | | - Citation :
- Racontes l'assaut mené sur le navire de la flotte d'Aile Ténébreuse et comment tu as réchappé au massacre. Insiste bien sur l'évolution du caractère de ton personnage lorsqu'elle a dut utilisé son pouvoir
[HRP]Note : les moments où Sylvia parle avec Robb, dans sa tête donc, sont en gras (dialogue) entre étoiles (pensées). C'est donc bien entendu inaudible.[/HRP] La nuit en mer est un monde de reflets et de bruits d'eau contre la coque. La coque qui craque doucement, l'équipage qui dort et respire paisiblement. J'ai toujours aimé le silence et le calme de la nuit depuis que je n'ai plus peur du noir. Me promener au clair de lune sur le pont ou entre les hamacs où nos sœurs Amazones se reposent paisiblement a quelque chose qui nous apaise, Robb et moi. C'est un des rares moments où nous atteignons une telle sérénité. Rien pour nous énerver, nous pousser à terroriser quelqu'un ou nous déranger dans nos discussions silencieuses.
Un moment de calme parfait dans une relation enfin paisible... Sauf que cette nuit personne ne dort et qu'on va devoir repasser pour l'apaisement et la méditation. Nous avons repéré un peu plus tôt dans l'après-midi un petit port dans une crique qui devrait être facile à piller et, comme de coutume, nous allons nous adonner à la récolte de nuit. Les gens appellent ça de la piraterie. C'est un point de vue un peu réducteur. Nous, nous appelons ça de l'acquisition maritime armée. On ne fait que récupérer de quoi se nourrir, faire du commerce et se reproduire. Oui oui, parfois aussi on récupère des hommes, des jeunes vigoureux ou des moins jeunes tout aussi vigoureux. J'ai refusé de procréer pour l'instant, je veux encore profiter de mes années en mer.
Pour l'heure nous approchons du port, plus que la falaise à passer et nous... aurons un gros problème. Un navire de la flotte d'Aile Ténébreuse se tient là, dans le port. Et il vient vers nous. Et pas un petit navire, un gros navire de ligne bardé de canons jusqu'à la gueule et de soldats surentraînés. Sale affaire pour nous. Pas le temps de faire demi-tour, ils seront sur nous avant ça et en prime on a le pavillon pirate hissé. On est juste dans la merde là. Violent. Je cherche le regard de ma capitaine, qui cherche le mien. Ses yeux bleus océans dans mon regard vert vif... L'instant suivant nous sommes tombées d'accord. A l'abordaaaaaaaaaage !*C'est de la folie Sylvia. - Je sais Robb. - Et tu compte mourir comme elles toutes ou finir dans une geôle ? - Tu sais bien que non. - T'en prends le chemin pourtant... - Ta gueule Robb, c'est pas le moment. Il va falloir tuer des gens là. - Ouais, ouais, moi c'que j'en dis...*Robb... Nous avant le reste du monde. Toujours. Tant pis pour lui, je n'ai pas l'intention de laisser tomber ma capitaine sous prétexte qu'on a aucune garantie d'être payés en framboises à la fin du raid. Je préfère commencer à arpenter le pont pendant qu'on se rapproche d'eux. Les canonnières chargent les pièces d'artillerie. Nous tireront quand nous seront au contact, pour faire un maximum de dégât dans leur coque. Philosophie pirate : "Si je suis condamné à couler, ton navire suivra le mien dans les abysses." Simple et efficace, quoiqu'un peu extrême au goût de certains.
Je lance des ordres, je supervise la distribution des armes et la répartition des membres d'équipages. Nos archères sont déjà sur le nid de pie et dans la mâture, prête à tirer dès qu'ils seront à porter. Leur baliste nous aligne, ils ont comprit que chercher à s'éviter ne servira à rien et vienne à notre rencontre. Je ne peux pas m'empêcher de frémir en distinguant l'éperon qui sourd à la surface de l'eau, à l'avant de leur navire. Je devine la pièce d'acier plus que je ne la vois, je l'imagine longue de plusieurs mètres, épaisse et robuste. Ils vont vous éventrer si nous les laissons manœuvrer sans réagir. Mais déjà notre capitaine contrecarre toute possibilité de nous prendre de flanc, elle maintient le parallélisme entre les navires. Nous nous croiserons, puis ce sera l'affrontement. Les grappins , les canons, l'abordage. La fin du monde à notre échelle.
Premier tir de baliste. Le carreau fauche deux femmes et une partie du bastingage. Pont éraflé. Ils rechargent. Ils auront le temps de tirer encore une fois avant qu'on soit au contact, pas une de plus. Les flèches commencent à voler depuis nos mâts. Quelques secondes après ce sont leurs archers qui répondent. Les flèches se fichent dans le bois et dans les corps, celles qui ont des boucliers abritent leurs sœurs dans leur ombre. Je me sers d'un mât comme abris. Plus qu'une dizaine de secondes et vous y serons... L'angoisse monte autour de moi, Robb le sent et le me dit. Je resserre ma prise sur ma lance et mon bouclier et je viens faire face à l'ennemi. Ma longue lance rouge et mon bouclier rouge et blanc, couleurs de notre capitaine. Je suis second, je dois montrer l'exemple !
Et l'exemple je montre. La peur recule, le silence se fait... Les navires commencent à se croiser, nous sommes tout prêt... Nouveau tir de baliste. Le pont est transpercé de part en part. Tirs de canon des deux côtés, les coques sont ravagées. Ils sont au moins deux fois plus nombreux que nous et bien mieux armés. Pourtant nous sommes les premières à envoyer des grappins et à monter à l'abordage. Finit les arcs et le reste, place à l'acier et à la rage.
Je pose pied sur le pont ennemi en première. Un mouvement de lance enlève la vie à un soldat, transpercé de part en part. J'en repousse un autre d'un coup de bouclier pendant que je dégage mon arme. Un pas en avant, ma botte claque fort sur le bois du pont. Devant moi deux hommes reculent d'un pas et lève leur lame pour parer un coup qu'ils ont imaginé. Ma lance en profite pour en éventrer un, trop lent à reformer sa garde. L'autre fronce les sourcils, déstabilisé par la feinte. Un couteau de lancé le cueille à la gorge. Mes sœurs arrivent. La première vague sera déterminante pour l'issue du combat, mais je sais déjà que nous ne pourrons pas l'emporter. Je m'attends cependant à une bataille sanglante qui laissera nos ennemis exsangue et affaiblis.
Rien n'aurais pu me préparer à ce que notre navire s'embrase d'un seul coup, laissant la première vague d'assaut isolée sur leur pont à eux, condamnés à mourir sous leurs coups pendant que nos sœurs seraient consumées vives par le feu magique. C'est pourtant ce qui vient de se passer. Je n'ai pas besoin de me retourner pour comprendre l'origine de la chaleur qui me chauffe le dos, ni même des cris déchirants qui s'élèvent. Je profite de la surprise générale, même chez les soldats impériaux, pour en tuer encore deux et regarder autour de moi.
Nous sommes une vingtaine en vie sur le pont. Ils sont au moins soixante-dix, plus ceux sur le château arrière, ceux dans les ponts inférieurs, occupés à dégager les débris ou à remonter ici. Il y a également leur capitaine sur le château arrière, ainsi que le magicien, dont les mains fument encore. Je sens Robb qui s'énerve. Il veut du sang. Plus de sang. Peste et chienlit... Je ne peux pas affronter un ennemi supérieur en nombre ET contenir Robb. J'ai horreur de ces instants où il me fait perdre des moyens. Ça me coutera la vie un jour. *Arrête de résister gamine ! On doit s'en sortir bon sang. - Tu va encore me faire faire un carnage et nous faire fuir avant qu'on ai eu le temps de sauver qui que ce soit. - Elles sont perdues !Nous sommes interrompus par la reprise des affrontements, ma lance trace encore de sanglantes percées dans les rangs ennemis. Déjà de vingt nous ne sommes plus que quinze. La résistance est vaine et s'étiole. Nos sœurs meurent derrière nous et nous allons périr ici. Ma propre résistance face à l'insistance de Robb se fait plus difficile chaque seconde. Je hais Robb dans ces instants là. Pourtant c'est ce qui se rapproche le plus d'un ami pour moi. Nous partageons nous. Même mes rares nuits de bonheur... charnel, il était là, partie intégrante de ma pensée. Mais là il s'agit de me pousser au carnage et à la fuite plutôt que de tenir bon et d'en emporter froidement le plus possible avec moi dans la tombe.
Déjà je sens le sang qui bat mes tempes, la violence qui sourde en moi. Mes geste se font plus brutaux. Je transperce un soldat et ma lance traverse une partie du mât derrière lui. Je brise le manche et me retourne. Dans le même mouvement je broie la trachée d'un guerrier avec la tranche de mon bouclier, je roule au sol, me relève entre leurs ligne. J'en empale un avec le manche brisé de ma lance, les éclats de bois ressortent de sa poitrine. Je sens la brulure d'une estafilade sur ma joue. Mon bouclier se fracasse sur la tête de l'importun pendant que ma main libre va dégainer ma rapière.
Je sais que Robb a gagné. Je suis trop violente, trop explosive. Son influence gagne du terrain. Je fais un dernier effort pour me contrôler tandis que j'abats un nouvel ennemi. Un coup d'œil à la ronde me permet de constater que je suis la seule encore en vie... Nouvelle douleur cuisante, blessure à la cuisse cette fois.*Vas-y Robb. Fais toi plaisir. Mais je veux la tête du sorcier. - Vendu poupée !*Et c'est la fin du monde, à l'échelle de tous ceux que je vais étriper. Ma lame virevolte et tranche, pare et tue. J'essaime la mort comme certains le grain, je me sens devenir plus forte, plus meurtrière. Je désarme un de mes ennemis et rattrape son sabre. Deux lames, deux fois plus de morts. C'est grisant et pourtant je sais combien je n'aime pas tuer. Je suis sûrement la seule. Le rictus de plaisir malsain que je sens se peindre sur mon visage effraie mes adversaires. En cet instant mon ombre se fait plus noire, mes coups plus précis. Pas de temps à perdre, juste du sang à répandre. Je me sens lentement glisser dans la furie vengeresse qui va effacer jusqu'à la notion du temps pour laisser place à l'éternité sanglante du combat au sein duquel je danse.
Je suis la reine du bal, la reine rouge qui préside au mal perpétré. Je tranche bras et gorges, j'ouvre les ventres. Mes lames sont rempart d'acier autour de moi qui profite de la moindre ouverture pour se lancer dans un reflet carmin, prélever une vie en tribu et revenir parer une, puis deux, puis trois attaques. Et je repart à l'assaut, j'avance, lentement mais sûrement, vers le cadavre empalé sur le mâts par mes soins. Déjà je sens une opposition plus féroce, des boucliers, des lances. On tente de me contenir. Enfin je suis au mât, dos au mort.
D'une impulsion je bondis sur la hampe de bois qui dépasse encore du cadavre, je prend appuis, m'élance vers la mer... La lame que j'ai ramassée est bien équilibrée, elle fera parfaitement son office. Elle vole, tournoyante promesse d'une fin qui aura abandonner la subtilité pour subvenir aux moyens. Je n'ai pas le temps de voir si j'ai fais mouche, je plonge déjà dans l'onde glacée et salée. Le navire impérial s'est rapproché de la côte sans que je m'en aperçoive car je distingue au passage une plage non loin. J'abandonne mes armes à la mer et je m'occupe simplement de mettre le plus de distance possible entre eux et moi avant de refaire surface. Au loin la lueur du bûcher géant de mes sœurs Amazones m'étreint le cœur. J'ai survécu, mais je dois bien être la seule. Grâce à Robb...
Ou plutôt à cause de lui. Je n'aurais rien demandé de plus que de trouver la mort sur une lame impériale avec mes amies plutôt que de devoir vivre encore dix ou vingt ans avec le poids de ce souvenir. Encore je ne sais combien d'années avec la brûlure latente de tous ce sang répandu au nom de la soif de sang d'un esprit avec qui j'ai pactisé quand j'étais enfant. Encore une vie à maudire Exios chaque jour pour m'avoir envoyé son serviteur, alors que je ne pourrai pas m'empêcher d'apprécier la compagnie de Robb. La seule qui ne m'aie jamais fait défaut en ce putain de bas monde.
Quelques tirs aveugles fusent au dessus de moi quand je ressors la tête de l'eau pour respirer. Mes blessures me brûlent, le sel va rendre la cicatrisation encore plus difficile que de coutume. Je ne pourrai même pas aller au village sur la côte parce que les impériaux vont y retourner dès que possible pour réparer. Je vais devoir aller au moins jusqu'à la cité suivante ou prier pour trouver une source d'eau douce pour nettoyer mes plaies. Sans compter la fatigue. Ces débordements incontrôlés sont épuisants pour le corps. Je ne suis qu'humaine, je ne suis pas censée être en mesure de réaliser de tels exploits guerriers. J'aurais dû mourir ! Pas m'attarder encore et encore. La faim me tiraille, les courbatures viendront envahir mes membres avant deux heures.
Je vois déjà venir les heures de marche pour fuir les soldats qu'ils risquent de débarquer pour me traquer. La nécessité de bander mes plaies sous peine de me faire retrouver rien qu'aux traces de sang et toutes ces joyeusetés en devenir.
Tu parle d'une sale nuit...
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| | Sylvia Morenbal
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Quatre-CornesVitesse de réponse : Moyenne
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