[HRP : Ayant pris la mission avant que Bordeau ne devienne archevêque, je considère qu’elle n’est ici, qu’une gladiatrice connue par les fans des tournois dans l’arène de Sen’Tsura, sans plus.]


Il était encore très tôt quand Bordeau sortit de chez elle, une affiche à la main. C’était une mission facile, le genre qui est rapidement arrachée du tableau d’annonce, d’où le fait qu’elle se l’était rapidement appropriée la veille en décrochant le précieux morceau de papier du liège où il était épinglé.
La personne à rencontrer habitait en ville, une aubaine, elle ne pouvait pas vraiment se permettre de voyager loin.
De plus c'était le genre de labeur vraiment dans ses cordes... Faire parler un type un peut trop avare ne devrait pas être bien difficile... Surtout pas pour elle...

La jeune démone suivit les instructions sur le papier, et trouva sans mal le lieu où résidait le commerçant, ou tout du moins où il vendait sa marchandise.
Ce n’était pas une échoppe trop de pauvre marchand qui vivait à peine de ses ventes, contrairement à ce que l’on pouvait parfois trouvé parmi les étals du marché. Ici on avait clairement à faire à quelqu’un qui faisait du profit… Bon ce n’était pas comparable aux étals de bijoux de Faestelia, mais cela ne sentait pas l’arnaque.

Elle s’approcha de la boutique et s’adressa au seul homme présent, afférer à préparer son étal pour la journée.
-Hey… Vous êtes celui qui a posté cette annonce ? Je prends la mission… Bordeau, gladiatrice et mercenaire, pour vous servir… Du moment que vous payez…

La jeune femme n’était pas du genre à faire la causette, de plus, ce n’était pas ce qu’on attendait des exécutants de ce genre de missions.
-Alors où est ma cible? Et j’ai le droit de l’abîmer jusqu’à quel point pour lui faire cracher le morceau ?

Ric commençait tout juste à préparer son étale lorsque la femme arriva. Cela faisait plusieurs jours déjà qu’il ne dormait pas, à cause de toute cette affaire, que devait maintenant être réglée en urgence. Bientôt, il tomberait à cours de marchandises, et si sa petite « livraison » n’arrivait pas bientôt, c’était faillite, à coups sûrs !

Enfin, il se disait ça, mais était encore lui de mettre la clef sous la porte- en témoignait sa bedaine, ses vêtements bien propres, sa coiffure soignée. L’était peut-être pas le plus riche de la ville, mais il menait ses affaires rondement, et dégageait pas mal de bénéfices- sa petite fierté.

Un lorgna un instant sur la femme qui venait d’entrer, persuadé de la connaître de quelque part… Et quand elle lui dit son nom, il se rappela. Il avait déjà amassé quelques pièces sur le dos de la gladiatrice, en passant quelques paris. Au moins, elle était directe, et ça lui plaisait. Le temps, c’était de l’argent, et plus vite cette histoire serait réglée, plus vite il gagnerait encore plus d’argent.

- C’est bien moi le commanditaire. Pour la paie, vous n’avez pas à vous en faire, vous aurez votre argent.

Il se redressa et la fixa, les mains sur les hanches.

- Alors c’est simple. Pour ce qui est de l’abîmer, vous pouvez y aller autant que vous voulez. Je VEUX que vous lui fassiez mal. Mais interdiction de le tuer. J’aurais encore besoin de lui. Vous y allez, vous cognez, et vous me dîtes où est la caisse qu’il devait me livrer. Vous trouverez ce rat dans la taverne « A l’aube de la Bière », il y est tout le temps. S’appelle Len, il est pas très costaud, mais faites gaffes, c’est un petit vicelard avec des lames planquées partout. Il est connu pour avoir une arbalète de poignet, alors attention s’il lève la main dans votre direction. Vous avez tout compris ?

-Compris… « A l’aube de la bière ». Trouver le type… Pas se faire tuer bêtement, taper, griffer, ramener les infos… ça me va. Je reviens tout de suite…

Et elle parti comme cela, dans les ruelles à la recherche de la taverne, quand elle la trouva, elle entra, et se souvint que… Et merde, elle ne savait pas à quoi il ressemble. Et des gringalets, il y en avait un paquet… En plus il devait être plutôt malin et une approche directe, serait trop risquée… Par la peine aussi de créer une bagarre astronomique, mieux valait isoler la victime…

Plan B donc… Et quand on est une femme, les plans B c’est assez facile… Premièrement faire en sorte que le Barman ignore que vous êtes démone… Vu la lumière ici, facile suffit de pas trop balancer la queue, et de bien gardé l’épée dans son dos… Quoique dans ce genre de taverne, sa silhouette suffit largement pour plaire, et sa race n’est pas un obstacle… Au contraire même, mais ne prenons pas de risque inutile.
Deuxièmement, vous n’êtes absolument pas là pour le tuer, enfin si mais il ne faut pas le dire… Prétendez être au contraire une personne intime, soit qui a un problème, soit qui souhaite revoir l’élu de son cœur dans un environnement plus calme, veut lui faire une surprise etc…
Et cela suffit à convaincre le maître de maison de vous laissez rencontrer la personne de votre choix… Car oui parfois les taverniers sont de mèches ! En gros voici ce que vous avez à dire :

« Euuuh salut excusez-moi vous avez une sortie à l’arrière ? En fait faudrait pas trop qu’on me voit ici, si ça se trouve certains de mes anciens « amis » sont dans le coin et ils sont assez jaloux, et Lenny il est pas vraiment super baraqué, mais ça fait son charme…
Oui parce qu'en fait, un type qui connait bien Len m’a dit que je pouvais le trouver ici… Il est là ? Génial ! Dites-lui simplement qu’une « très bonne amie » meurt d’envie de le revoir, il saura forcément de qui il s’agit… Et que je l’attends derrière la taverne. Vous feriez ça pour moi ? Génial vous êtes vraiment un amour ! »
N’oubliez pas si possible le ton de godiche, sans l’exagérer, et l’affaire est dans le sac.

Oui, cette espèce de sentimentalisme dégouttant à vous en retourner l’estomac…ça marche… Avec les humains en tout les cas… Que voulez-vous les hommes sont des idiots qui pensent que toute les femmes sont à leur pied. Et un petit voleur qui se croit malin encore pire que les autres… Combien de cœurs il avait brisé, c’était le cadet des soucis de la jeune femme… Après tout elle était ici pour lui refaire le portait…

Mais au lieu de l’attendre conventionnellement debout derrière la porte… Bordeau escalada le mur et se plaça au dessus de celle-ci. L’ombre du toit dissimulait habilement la sienne… Plus qu’à attendre que le poisson morde à l’hameçon… Et quand bien même il aurait senti venir le traquenard… Un petit vicelard comme lui viendrait forcément tenter de l’éliminer… Puisqu’il sait avoir à faire à une femme…
Mais qui sait… Si ça se trouve il croira vraiment qu’une jolie fille l’attend derrière la porte le joli-cœur.

Len releva son regard vitreux vers l’homme qui venait de lui parler.

- Len, tu m’as entendu ?

- Oui, je t’ai entendu. J’irais voir. Laisse-moi juste finir ma choppe.

Ca l’intriguait. Une amie, une très bonne amie, même, apparemment, le demandait à la sortie de l’arrière. Ca le mettait mal à l’aise. D’une part parce qu’avec sa sale trogne, des amies, il en avait pas beaucoup, et d’autre part parce que les rares qu’il fréquentait ne viendraient sûrement pas se pointer comme ça dans une taverne pour le demander.

Il avait appris avec le temps qu’il ne fallait pas prendre ses désirs pour des réalités, et même s’il s’était imaginé des centaines de fois qu’une scène de ce genre se produirait, maintenant que c’était fait, ça lui laissait un arrière-goût de paranoïa dans la tête.

Il vida sa choppe d’un trait et vérifia ses différentes lames. Il avait plusieurs petits couteaux planqués dans ses manches et autres recoins du large manteau verdâtre qu’il portait. Il tapa un coup du pied, vérifiant que la lame dans le talon de sa botte droite s’activait bien. De même, une torsion sur son poignet gauche lui montrant que la lame coulissante fixée à son avant-bras coulissait bien. Enfin, il releva sa manche droite et arma la petite arbalète de poignet.

Une fois paré, il se dirigea vers la porte de sortie, un couteau de lancer déjà en main. Il ouvrit la porte et jeta un œil à l’extérieur.

- Oh allez Len, lança haut et fort l’aubergiste, pour une fois que t’as une fille qui veut te voir, laisse un peu tomber ta paranoïa !

Il se retourna et fit un regard noir à l’homme. Pour la discrétion, il pouvait repasser. Reste qu’il n’y avait personne, là-dehors. Il s’avança doucement, faisant jouer le couteau qu’il avait à la main gauche, et haussa les épaules. Finalement, ce n’était qu’une mauvaise blague.

Bordeau sourit, son plan avait magnifiquement marché ! Tant mieux.

L’homme en avait un drôle de figure, du coup elle se demandait comment ce coup avait bien pu marcher… Erreur fatale il n’avait pas regardé en l’air tout de suite, étrange pour un spécialiste de l’arbalète… Enfin tout le monde ne se retrouvait pas tout les jours contre une démone aussi agile et bestiale qu’elle …

Rapidement, elle prépara son saut, il ne fallait pas que ce malin puisse se servir de ses mains… Ni qu’il la vise avec son arme de poignet…
Mais la gladiatrice avait un gros avantage avec sa queue préhensile. Elle lui bondit sur le dos sans un bruit, enfonçant sans le moindre scrupule ses griffes aussi profondément qu’elle le pouvaient dans les bras de l’homme.

-Tu as été un vilain garçon Len… Tu n’en voudras donc pas à cette jolie fille de te punir un peu ?
Dès qu’elle eut prononcé cette phrase, lui tenant toujours ses bras ensanglanté dans ses serres impitoyable, elle enroula sa queue autour de son cou, serrant fortement pour lui couper l’air sans pour autant l’empêcher de respirer ou parler pour de bon. Elle devait l’épuiser avant tout…

Elle jeta un œil sur ses bras, l sang commençaient à apparaitre à travers le tissus des manches, mais où était l’arbalète, à gauche ou à droite ?
Aucune importance, songea-t-elle en refermant davantage ses mains, massacrant la chaire sous les pointes noires qu’étaient ses doigts, formant un étau duquel sortir serait encore plus douloureux.

-Alors mon très cher ami… Tu n’as rien à me dire ?
Son ton était presque charmeur, les hommes était si perturbé par une jolie femme après tout… Sans compter que sa poitrine était littéralement collée au dos de l’homme… Et il n’y avait aucun doute qu’en tournant la tête pour voir à quoi elle ressemble, son joli minois et sa carrure svelte le surprendrait d’autant plus… Presqu’autant que son regard d’assassin…

Alors qu’il allait tourner les talons, Len senti quelque chose lui tomber sur le dos. Aussitôt, des serres agrippèrent ses bras. Il essaya de se débattre, mais quoique ce fût, c’était plus fort que lui. Une voix de femme retentit alors à ses oreilles.

-Tu as été un vilain garçon Len… Tu n’en voudras donc pas à cette jolie fille de te punir un peu ?

Quelque chose vint alors s’enrouler autour de son coup, et sa respiration devint difficile. Pour le coup de tête, c’était raté. Et puis, il fallait reconnaitre qu’elle s’y était bien prise- dans la position où il était, il voyait mal comment se sortir de ce pétrin.

Très vite, le sang vint tâcher sa veste.

-Alors mon très cher ami… Tu n’as rien à me dire ?

A dire ? Ha… elle voulait quelque chose. Donc… Elle ne le tuerait pas. Ou du moins, pas tout de suite ; il fallait créer une ouverture. Quitte à prendre quelques coups… Ha bon sang, comme il regrettait de ne pas avoir de lame qui sortirait de son coude… Et du poison ! Oui, s’il s’en sortait vivant, il ne manquerait pas de mettre du poison sur ses lames. Et s’équiper d’un harnais avec des pointes empoisonnées sur son dos aussi, tiens.

- R-Rien du tout…

Il chercha de l’air.

- T’es qui toi ? Tu crois que tu me fais peur, avec tes griffes et tes machins ? J’ai rien, rien, rien à te dire, à toi. Alors lâche moi et va martyriser quelqu’un d’autre !

- R-Rien du tout… T’es qui toi ? Tu crois que tu me fais peur, avec tes griffes et tes machins ? J’ai rien, rien, rien à te dire, à toi. Alors lâche moi et va martyriser quelqu’un d’autre !

Mauvaise réponse… Songea la démone déjà agacée.
-Bordeau, gladiatrice pour la Gloire du Saigneur Démon… ça te dit quelque chose ? Je suppose que oui… Du moins j’espère pour toi…
Quoi qu’il en soit, « Lenny » j’ai été engagée par un type qui veut savoir où tu as planqué ses biens… Alors tu as deux choix… être un bon garçon et me le dire maintenant… ou repartir en pièce détachée… Parce que, tuer la vermine dans ton genre ce n’est pas très glorifiant… Mais torturer un peu ça, c’est marrant !

Lança la démone en partant d’un grand rire mauvais. Il faut dire ce qui est, la peur de ses adversaires, ou du moins leurs tentatives désespérées pour lui échapper. Le plaisir sadique du prédateur.
-Alors mon grand tu vois tu as le choix… Tu me dis gentiment où tu as mis les affaires du monsieur… Ou bien je vais être très vilaine !

Pour appuyer ses paroles, elle le mordit très violemment dans le coup laissant une marque sanguinolente assez douteuse. Se ravissant du bruit de la chair se déchirant sous l’attaque de ses canines tranchante.
-Donc… Quand j’aurais fini de transformer tes épaules en hachis… Tu voudras bien l’ouvrir, ou il faut que je te crève un œil avec le bout de ma queue ?

Demanda-t-elle en collant l’extrémité pointue de l’organe devant son visage, chose facile puisqu’elle lui enserrer la gorge avec.
-Et ne crois même pas que je vais te libérer, on m’a dit pour l’arbalète de poignet, donc je te tiens bien comme il faut… N’essaye pas de mentir non plus, même si ton rythme cardiaque est déjà élevé, je sais qu’il grimpera encore si tu essaye de me mentir… Et dans le cou on sent plutôt bien le pouls crois-moi…

Bordeau était plutôt en confiance, mais savait que son adversaire ne se laisserait sans doute pas faire, même si elle lui crèverait un œil sans aucun scrupule… En plus ça diminuerait son chant de vision, l’empêchant de viser aussi bien.

Len tenta vaguement de pousser un cri lorsque la démone mordit dans son coup, mais, sous la douleur, son cri resta coincé au fond de sa gorge. Aucun être humain ne ferait quelque chose de ce genre là- et puis, Bordeau, oui, ça lui disait quelque chose. Gladiatrice, surtout.

Il essaya de rassembler ses pensées, tandis que Bordeau menaçait de lui crever un œil. Il pouvait encaisser quelques coups, mais perdre la vue partiellement, c’était plus gênant. Et elle s’y était tellement bien prise pour l’immobiliser…

- Marchandise ? Quelle marchandise ? Je sais même pas de quoi tu parles, glapit-il.

Et pour le coup, c’était en partie vraie. Il avait arnaqué des tas des gens, en leur promettant de leur livrer des marchandises. Son petit manège consistait à se faire payer la moitié d’avance, et, au moment de la livraison, il venait réclamer le double. Il était gagnant à tous les coups : soit on le payait, soit, en cas de refus, il revendait la dite marchandise ailleurs, et ce qu’il en tirait, ajouté à l’avance de la paie, donnait de coquettes sommes. Gagnant à tous les coups… sauf là.

Il se souvenait bien des hommes à qui il avait fait le coup, mais lequel lui avait envoyé cette diablesse ? Il eut un petit rire nerveux.

- Tu sais, je crois qu’au fond je te plais bien. T’accrocherais pas à moi comme ça, sinon.

Il avait eu une idée… une petite idée, qui lui demanderais des efforts colossaux, mais c’était bien tout ce qu’il avait. Il n’était pas bien costaud, et avec une démone sur le dos, il luttait pour ne pas partir en arrière… Mais peut-être, justement, devrait-il cesser de lutter !

Il plia légèrement ses jambes et se tourna un peu vers la gauche, afin que son dos soit face au mur… et se propulsa de toutes ses forces contre le dit mur. Ce n’était pas un grand choque mais… la manœuvre visait surtout à lui permettre de tendre légèrement le cou… et de mordre dans la queue qui menaçait son pauvre œil, à la base de la pointe.

Et le pauvre homme venait de tomber sur un os ! Ou du moins une carapace… Et oui, les sécrètent naturellement de la chitine par les pores de leur peau créant une carapace dont ils se servent comme armure, et qui souvent représente leurs seuls vêtements.
Pourquoi s’encombrer d’une étoffe qui ne sera sûrement pas parfaitement à votre taille quand vous pouvez mouler vos vêtements sur mesure. Quand bien même Bordeau aimait laisser exposer une grande partie de sa peau, fière d’être dans les canons de beauté actuels, la pointe au bout de sa queue était bien entendu constituée de cette matière chitineuse, afin qu’elle soit dure et coupante.

Pour autant, cela ne veut pas dire qu’elle ne ressentit pas un certain pincement sur la peau en dessous… L’homme en tout les cas, avait du se faire mal aux dents à mordre avec tant d’ardeur dans ce « presque métal »…
-Aouch. Lança la démone d’une voix plate, signalant juste son agacement, alors que l’homme la plaquait contre le mur. Tu es décidément un idiot, tu le sais ça ?
Sur ce, elle prit appui sur son dos et ses bras, enfonçant ses griffes dans le mur et balança l’homme en avant d’un grand coup de jambes, se tendant comme un ressort. Ses talons pointus lui laisseraient de vilaines marques entre les omoplates…

Une fois qu’il fut à terre elle ne lui laisse pas vraiment le temps de réagir, et le retourna sans vergogne de son pied avant d’enrouler sa queue autour d’un de ses poignets et de se tenir debout sur lui, un pied sur son torse et un autre sur le bras restant.
-Comme cela j’ai mes deux mains de libre, je ne sais pas si tu gagnes au change !
Lança-t-elle, en lui montrant ses mains recouverte de cette curieuse protection noire et luisante, lui dessinant des griffes inquiétantes… La démone lui balança ensuite son poing recouvert de carapace dans la mâchoire.
-Oh et désolé de briser tes espoirs mais… Les Conchas n’aiment que les mâles plus forts qu’elle-même… Et j’ai déjà mon épée démoniaque pour cela… hein Crimsus ?

Demanda la jeune tueuse, avec un sourire effrayant, alors qu’elle dégainait l’engin de son encoche dorsale.
-Un sacré morceau hein… Ne m’oblige pas à m’en servir, il tranche un membre en moins d’une seconde… Et ton associé n’a pas forcément besoin de toi avec tes deux bras… « Len le manchot » ça sonne bien non ?
Lança la jeune gladiatrice en se léchant les lèvres, geste qui aurait pu paraître sexy si ses yeux ne brillaient pas de cette lueur sadique propre au démon.
-Alors Len-qui-a-encore-ses-deux-bras-mais-pas-pour-longtemps, où est la marchandise ?! Tic tac tic tac on se rappelle vite !

Sa petite manœuvre n’avait eu aucun effet. Elle ne l’avait pas lâché quand il s’était précipité contre le mur, et il s’était fracassé les dents en essayant de mordre sa queue. Ca avait probablement dû lui faire plus de mal à lui qu’à elle. Et le pire, c’est qu’elle en profita pour le jeter à terre et prendre une position encore plus avantageuse- pour elle. Oui, il devait probablement être un bel idiot.

C’était fou à quel point il se sentait foutu. Mais il n’avait aucune envie de mourir pour quelques sous, oh non. Même si sa vie était plutôt minable, il y tenait. Et il avait peut-être l’habitude de prendre des coups, la gladiatrice cognait drôlement fort, et elle faisait très, très mal, avec sa queue et ses espèces de griffes. Il ne supporterait pas ça encore longtemps.

Elle lui envoya son poing dans la mâchoire, et il sentit se briser une ou deux de ses dents, qu’il recracha précipitamment. Des étoiles dansèrent devant ses yeux, et avant même qu’il ait reprit ses esprit, la démone dégainait sa monstrueuse épée et la lui plantait sous le nez en menaçant de lui couper les bras. Oh, toute cette histoire commençait à bien faire.

- NON ! Non, c’est bon, c’est bon. Ecoutes c’est d’accord, là, mais pitié, lâche moi !

Tout ce qu’il voulait maintenant, c’était retrouver son petit logement, prendre un bain chaud, se siffler une bière et aller dormir. Et oublier toute cette sale histoire.

- Si tu me brise la mâchoire, je pourrais plus rien dire, alors pitié, arrête de cogner…

Devoir ramper de la sorte le dégoutait, mais la peur et la douleur que la démone avait insufflé en lui étaient trop fortes, et prenaient le pas sur son égo.

- Ecoutes… écoutes. On… pourquoi on discuterait pas tranquillement, hein ? Sans violence, sans menaces, autour d’une bière ? Allez, c’est moi qui offre !

Il grimaça. Il avait l’impression que ses poignets, à l’endroit où elle avait enfoncé ses griffes peu auparavant, étaient en train de brûler. Il n’osait même pas regarder l’état de ceux-ci.

- De toutes façon je t’ai dit, faudra que tu me dises qui t’envoie. J’en arnaque tout un tas, et j’ai plein de marchandises en attente. Je te le jure, je sais même pas de laquelle tu parles ! Donnes moi le nom de celui qui t’envoie, et je te dis ou elle est, sa caisse.

Il eut un petit sourire.

- Dis moi au fait, tu fais pas ça pour rendre service, hein ? Combien il te paie le gars ? Je t’offre le double ! Non, le triple !

C’était plus fort que lui, il ne pût s’empêcher de tenter une nouvelle négociation.

Ce n’était pas trop tôt, enfin, ce stupide individu commençait à devenir plus bavard, et dans le bon sens cette fois. Elle resta un long moment impassible face à sa pitoyable performance pour tenter de lui expliquer qu’il ne savait vraiment pas de quelle cargaison il était question.

Elle soupira alors en entendant sa tentative désespérée de corruption.
-Réfléchis crétin, tu crois que je suis la seule démone des Terres ? Je prendrais tes sous et quoi, demain tu en as un pire que moi sur le dos ? Et qui te dit que celui-là ne te découpera pas en morceaux juste pour le plaisir tiens…

Ce gars avait vraiment besoin de réfléchir davantage s’il ne voulait pas bientôt se retrouver empaler sur un piquet en place publique… Il n’était vraiment pas si malin.
-Tu as de la chance de tomber sur un démon qui à un certain sens de l’honneur, un autre aurait pris ton argent et serait revenu te poignarder dans le dos le lendemain… En plus j’ai bien l’intention de conserver ma réputation pour qu’on ne me refuse aucune mission.

Néanmoins la démone se relâcha, sachant très bien que sa victime ne risquerait pas de l’énerver davantage, et risquer de finir en pièce détachée. Elle libéra l’homme de son emprise et rangea son épée dans son dos. Mais avant de le laisser totalement libre, elle prit soin de confisquer les carreaux de son arbalète de poignet, sait-on jamais…

[b]-Très bien, dit-elle alors en se relevant, je ne refuse pas la bière, mais tu ferais mieux de ne pas appeler du renfort, car cette fois, non seulement je te couperais le bras, mais en plus je te le ferais manger, c’est clair ?

Elle lui montra ensuite l’annonce qu’elle avait décrochée, se doutant que puisque des indications pour trouver la boutique étaient marquées il saurait qui l’avait engagé. Et donc de quelle cargaison elle parlait.
-Par contre dans ton état, je doute que boire soit très conseillé, l’alcool se serait plutôt pour désinfecter… Donc, où cette cargaison?

Bon apparemment, la démone était impossible à soudoyer. Bah, il s’en était douté, mais avait tout de même tenté sa chance – sait-on jamais. Et puis elle avait raison, si elle le laissait filer aujourd’hui, un autre prendrait sa place le lendemain. Len avait pris suffisamment de coups pour les dix prochains mois au moins, et la perspective de remettre ça le lendemain ne l’enchantait guère.

Bordeau finit par le lâche, et un profond soupir de soulagement s’échappa du fond de sa gorge. Dès qu’il fut libre, il se recroquevilla sur ses poignets. Tant pis si elle s’imaginait qu’il préparait un mauvais coup. Il avait trop mal aux poignets, et voulait examiner les blessures.

Avant de le libérer complètement, elle avait enlevé les carreaux de son arbalète de poignet. L’arbalète était pratiquement détruite, de toutes façons. C’était un petit bijou, une merveille, une arme à la fois efficace et belle… mais fragile, comme le sont trop souvent les belles choses. Après l’étreinte griffue de la démone, plusieurs mécanismes s’étaient cassés.

Il tâtonna furtivement le bras qui cachait sa lame secrète. A travers le tissu ensanglanté, il sentit qu’elle aussi, ne s’en était pas sortie. Un profond sentiment de désespoir l’envahit. En plus, elle avait accepté le verre… et il ne se voyait pas du tout trinquer avec sa tortionnaire. Elle lui agita une annonce sous le nez en lui déconseillant l’alcool, et Len sût alors le nom du commanditaire. Ric. Ce gros tas.

Il décida qu’il le tuerait ce soir. Enfin, peut-être pas ce soir même, mais dès qu’il aurait repris des forces. Après tout, la démone n’était que le messager, non ?

- Ha oui, cette cargaison…

Len fit une grimace. S’il avait sû qu’il s’agissait ça, il la lui aurait tout de suite laissée. Il rassembla ses esprits, faisant le tri dans ses différentes planques.

- C’est vers la sortie Nord de la ville, l’auberge « Au Sceptre Maudit ». A l’arrière, dans la petite cours qui leur sert de débarras. Ils entassent tout un tas de choses dont ils ne se servent pas, et les font surveiller par quelques gardes. Y’a rien de précieux, mais ils sont pingres. J’me suis débrouillé pour planquer quelques caisses parmi leurs propres affaires. Ce que tu cherches, c’est une petite boite, bien fermée.

Sauf que, des petites boites bien fermées, il y en avait plein, là-bas, et la sienne n’avait vraiment rien de particulier- il avait fait en sorte qu’elle puisse se fondre dans la masse. Oh, bien sûr la gladiatrice finirait par la trouver, mais il pouvait bien lui jouer ce petit tour inoffensif qui lui ferait perdre un peu de son temps. A titre de vengeance, estimait-il.

-Très bien, je lui dirais d’aller la chercher là-bas.
Lança Bordeau, enfin satisfaite, souriant de pouvoir enfin achever sa mission. Non elle n’irait pas chercher la boîte en question, on lui avait juste demandé d’en dénicher la cachette et c’était chose faite. La démone n’avait pas une tête de livreuse, il faudrait que son patron provisoire rallonge la monnaie s’il avait l’intention de lui faire jouer les coursières. Et surtout de préciser de quelle boîte il s’agissait.

Elle commença à s’éloigner quand elle jugea bon de préciser deux trois choses pour l’avenir, juste au cas où. Après tout cet homme n’avait pas l’air de se rendre compte du danger auquel il s’exposait en se comportant de la sorte.

-Tu ferais bien de surveiller tes arrières… D’autres de tes clients pourraient bien mettre un contrat sur ta tête également… Et il n’est pas dit qu’à chaque fois tu t’en sortes juste avec quelque griffure… Ne vas pas croire des choses, ce n’est pas que je t’apprécie, c’est simplement qu’affronter deux fois le même ennemi est ennuyeux. Même si j’aime ce genre de contrat… Aussi je pense que les faibles feraient bien de rester à leur place… Mais ne me regarde pas comme ça… Tout n’est pas si noir, puisque tu n’es pas tomber sur un sadique qui t’aurait fait hurler tout l’après-midi.
Et des gars dans ce genre, la jeune femme en connaissait un paquet.

Sur ce, elle commença à s’éloigner, sans regrets.
-Tu me paieras un verre une autre fois… « Lenny ». Parce que si tu rentres comme ça dans le bar on va croire que tu es maso… Quoique après tout, tu peux leurs faire croire ce que tu veux je m’en fiche… je suppose que les démones ont déjà ce genre de réputation…

Plaisanta la gladiatrice en regardant l’état du jeune homme… Elle s’était fait passer pour une amante potentielle après tout, et vu l’état dans lequel il était, cela sous-entendait que la démone était du genre violent du point de vue amoureux.

-Remarque, dit-elle en tapotant son propre cou à l’endroit où elle avait mordu l’homme, tu peux toujours faire passer ça pour une morsure d’amour.
Elle éclata de rire, c’était un peu mesquin quelque part, mais elle s’en moquait. Les faibles n’avaient pas à jouer avec l’argent des autres… Tôt ou tard c’est un coup à se faire buter.


Bordeau marcha d’un pas vif vers l’étal de son commanditaire, satisfaite de son travail. Quand elle retrouva l’homme elle sourit et s’essuya les griffes avec un linge blanc, laissant bien apercevoir les marques de sang.
-Un drôle de gaillard ce Len. Mais pas très dur à faire parler… Votre cargaison est planquée dans un bouiboui au Nord de la ville, dans l’arrière-cour du bar « Au Sceptre Maudit ». C’est un débarra donc votre truc doit-être au milieu de plein d’autre chose… C’est ce que le maigrichon à sous-entendu...
Elle bailla ce genre de truc ne l’intéressait pas vraiment.
-Quoi qu’il en soit, j’ai remplit ma part du marché, alors puis-je rafler la récompense maintenant ?

Si la démone avait l’air de s’amuser, Len, lui, ne riait pas. Mais alors, pas du tout. Il demeura silencieux lorsque la gladiatrice se moqua de lui, et il la regarda partir, content de la voir s’éloigner enfin de lui. Par l’Aile Ténébreuse, son calvaire s’arrêtait enfin ! Il transforma son manteau en bande de tissus et entreprit de bander hâtivement ses plaies. Une fois ceci réglé, il vérifia que quelques-uns de ses couteaux coulissaient bien, un air décidé sur le visage. Il ne pourrait rien faire contre la démone ; celle-ci le déchirerait en deux. En revanche, le commanditaire… Lui n’était qu’un marchand. Riche, mais rien qu’un marchand quand même. Et il aurait droit à une petite visite qu’il n’oublierait pas de sitôt.

Ses pas suivirent Bordeau, restant fortement à distance. Il ne tenait vraiment pas à la croiser à nouveau.


Ric ruminait lorsque Bordeau arriva. Un client, qui lui avait pris plus d’une dizaine de minutes en négociations, pour repartir les mains vides. Une perte de temps- et le temps, c’est de l’argent, tout marchand qui se respecte savait cela. C’est cette perte de temps qui expliqua le regard noir qu’il avait lorsque la gladiatrice se pointa devant lui. Elle lui décrocha un sourire étrangement sadique, puis essuya ses mains sur un tissu blanc, le marquant de traces de sang.

Ce qui redonna le sourire à Ric. Cette petite enflure de Len devait avoir son compte. Tant mieux, ça lui ferait passer l’envie de l’arnaquer. Elle lui fit son rapport, et, pour toute réponse, il se contenta de hocher la tête. C’était bien le genre d’idée que Len pouvait avoir, aussi ne doutait-il pas de la véracité de ses propos. Surtout avec le sang qui couvrait ses griffes pour corroborer tout cela.

- He bien, j’espère seulement qu’il aura bien souffert. Ne bougez pas, je reviens tout de suite.

Il s’engouffra dans son magasin et revint un cours instant après, tenant une bourse dans sa main.

- Je vous fais confiance pour les informations que vous m’avez rapportées.

Il tendit la bourse, mais retint son geste au dernier moment.

- Et si cela s’avère faux… vous aurez de mes nouvelles, ajouta-t-il avant laisser tomber la récompense sur l’étable. Gladiatrice démoniaque ou pas.

Spoiler:

-Il n'y a aucune raison pour laquelle je mente... Si cela s'avérer faux, je torturerez ce type un peu plus méchamment. Cela à quelque chose de plaisant de remettre les faibles à leur place...

Bordeau ouvrit le sac de toile et compta ses pièces en silence, hors de question de se faire elle-même arnaquer, la jeune femme n'était certes qu'une démone, mais elle savait encore compter.

-En parlant de faible, quand on est misérable, on cherche plus misérable que soit pour se défouler... Enfin c'est ce que votre espèce à tendance à faire... Je serais vous je garderais une arme sous la main... Ce type est malin et retord, qu'il se venge ne m'étonnerais pas... Enfin ce n'est pas mon problème... Si vous avez la trouille de vous faire éventrer pendant votre sommeil, engagez quelqu'un comme garde du corps.

Ce genre de mission était probablement d'un ennuis mortel, mais peut-être que ce n'étais pas si mal payé... Allez savoir. Remarque restez à surveillez un mollasson et s’amuser les rares fois où un débile s'en prend à lui... Berk!
-Le compte y est, un plaisir de faire des affaires avec vous. N'oubliez pas de parlez de mon bon travail autour de vous...

Enfin, cela si il avait le temps de le faire... Qui sait peut-être qu'un jour on la paierais pour tuer le voleur maigrichon... En espérant qu'il ait progressé jusque là...
-Ce serait amusant...
Lança-t-elle simplement à voix haute, un sourire mesquin sur le visage.

HRP: