Le repos des barbares.

Drayame, buissons fleuris, feuillages verdoyants du renouveau de printemps, ruisseaux cristallins, odeurs parfumées de sève et cette brume légère, aux teintes violacée donnant cette réputation mystique a l'endroit. Décidément... je hais cette forêt...

Je nourris l'ambition de croiser quelques-uns de ces elfes dont la réputation légendaire de guerrier ne semble pas avoir été altérée depuis ma disparition. Répandre le sang d'un de ces androgyne pompeux, plonger mes mains dans ses entrailles et crucifier sa dépouille mutilé a l'un de ses arbres chéri. Une pensée qui déjà me donne le sourire. D'autant plus si celui ci fait montre de quelconque principes propre a sa race.

Depuis ma miraculeuse libération je n'ai eu la "chance" que de croiser de frêles et faibles humains, des paysans, des marchands ou des vagabonds sans le moindre talent pour le combat. Où sont donc les paladins et autres mystiques qui pullulaient sur cette terre autrefois? Ce monde n'est-il plus rempli que de couards? Et ces elfes? Dois je donc tout brûler jusqu'à la dernière brindille pour qu'ils daignent se manifester?

Heureusement que ce monstre eu croisé ma route. Une faible compensation mais sa rage animale, sa puissance et sa ténacité on su faire renaître l'espoir en moi. Le combat qui nous opposa fût titanesque, muscles contre muscles, crocs contre crocs. J'eu recourt a tout mon potentiel, il tenta en premier lieu une charge sauvage que je dû contenir de toute ma force. Puis, il planta sa mâchoire dans mon épaule. Stupide bête! Sûrement croyais tu qu'il suffirait de si peu pour me faire mordre la poussière. Contractant mes bras autour de son abdomen, je lui brisa l'échine et le jeta a terre. Plus d'échappatoire, il me suffit alors de réduire son crâne en bouillie de mes poings. L'issue était inévitable.

Maintenant, l'heure est au festin...

Sa chaire est ferme, le sang coule dans ma gorge, je sens mon corps qui se régénère un peu plus a chaque bouchée... j'exalte. Mais quelque chose viens troubler mon repas... un elfe? Amusé a l'idée d'un nouvel affrontement, je quitte ma pitance et me redresse pour faire face au nouvel arrivant...

"-Y'a des jours où Nakh aurait du continuer d'picoler plutôt qu'd'aller crapahuter sur l'territoire des tafiolles."

Oui, des fois, Nakh se parle à lui-même, et dans ces moments là, il parle de lui à la troisième personne. C'est comme ça, faut pas chercher à comprendre.

L'orc était adossé contre une grosse pierre couverte de mousse et tirait de grosses bouffées sur sa longue pipe . La lame de sa hache, posé nonchalamment en travers de ses cuisses, attrapait les quelques rayons de soleil filtrant à travers les feuillages épais et verdoyant de la forêt de Drayame. L'endroit aurait été idyllique pour toute autre race civilisé, mais Nakh n'aimait pas les forêts verdoyantes, les fleurs irisés aux multiples couleurs, les animaux gais, les oiseaux qui chantent, les elfes qui cueillent des framboises , le calme apaisant ... Bref, l'orc détestait littéralement l'endroit et cela lui donnait des crampes.

Jusqu'a ce qu'il tomba sur un bosquet d'une plante d'un vert pétant et à l'odeur acidulée, musqué. Nakh n'avait pas de compétences dans les plantes, le jardinage, ou même la cuisine à l'épice. Mais là, il reconnaissait une belle variété de ses herbes à pipe préférés. Il fut d'autant plus satisfait lorsqu'il fit sécher ses trouvailles pour ensuite en bourré sa pipe. Et malgré les bouffées acides des fleurs grasses de la plante, la sensation de jambes en coton et la tête lourde lui détendirent visiblement tous ses muscles contractés par ces derniers jours éprouvants. Il lui manquait juste un tonnelet de bière fraîche et une grosse pièce de viande rouge pour transformer cette forêt détestable en endroit accueillant.

Vidant les cendres de sa longue pipe et en rangeant sa blague à tabac pleine de cette fameuse plante elfique, Nakh se leva pesamment pour reprendre sa route. Le ventre vide et sans avoir bu une goutte d'alcool, perdu dans une forêt de tarlouzes, l'orc avait de quoi être irascible, Même après avoir fumer.


"-L'autre il passait pas forcément par les chemins, hein, se disait Nakh, pour se rassurer. M'enfin là ça pique ces machins. 'chier. J'aime pas les orties."

Pestant et écrasant de ses larges pieds calleux orties et autres ronces, l'orc cheminait au hasard dans la forêt. Sans réel but, sans itinéraire. Il voulait juste quitter ce pays de malheur et fracasser quelques crânes elfiques au passage. Mais alors que sa marche devenait monotone et encore plus chiant qu'avant, un cri de bête enragé et un bruit de combat se fit entendre. Nakh empoigna sa hache fermement et sans faire vraiment attention à la discrétion, il s'avança prudemment vers les bruits de combat.

Ce soir c'est PINAGE ! Comme dirait Nakh.

Le jour déclinait. Une nuit bien agréable se profilait.
Un léger vent faisait bruisser les hautes frondaisons de la forêt obscure, et de temps à autres, un rapace nocturne y planait d’une branche à l’autre en hululant. L’obscurité était loin d’être un handicap pour eux… Elle était loin d’en être un pour Sylnor, qui aurait également pu voler entre les frondaisons serrées si l’envergure de ses ailes le lui avait permis. Le jeune dragon rouge se déplaçait donc à travers les branchages capables de supporter son poids, saisissant les branches épaisses entre ses puissantes griffes, s’y glissant comme un serpent en ondulant son cou et sa longue queue au rythme de sa progression entre les branches, le tout dans un silence redoutable. Un parcours qui n’était pas des plus simples, mais avantageux ; Sylnor avait repéré de loin les bruits retentissants de l’affrontement. Vraisemblablement, il s’agissait d’un ours… Un ours gigantesque, qui luttait contre quelque chose d’assez imposant. Voire même plus imposant que lui, car au bout d’un long moment, ses grognements cessèrent soudainement. Supposant que l’animal féroce était peut-être hors d’état de nuire, le dragon se montra méfiant. Certes, lui n’était pas aussi facile à abattre qu’un animal, mais bien des voyageurs trop sûrs d’eux marchaient à travers une forêt avec ce genre de pensées derrière la tête… Avant de se retrouver en mauvaise posture.

Alors qu’il se rapprochait du lieu de l’affrontement avec curiosité, Sylnor stoppa et redressa son cou ; son regard émeraude scrutait la forêt en-dessous de lui, et ses naseaux se contractaient régulièrement, capturant les odeurs apportées par le vent. Celles-ci confirmèrent ses doutes ; un animal imposant avait bel et bien été tué et dépecé. Les effluves de chair fraîche et de sang emplissaient maintenant le museau de Sylnor. Le dragon sourit imperceptiblement ; il avait l’habitude de les sentir. Plissant ses yeux verts, il continua d’avancer. Après quelques instants, il put apercevoir, depuis son perchoir, un endroit plus dégagé que les autres. Le sol de la clairière était souillé d’hémoglobine, et au centre gisait la dépouille massacrée de l’ours qui, quelques minutes auparavant, hurlait encore sa rage.

Penché sur la carcasse velue, se trouvait une créature à la peau rouge et noire, et à la tête surmontée de multiples cornes ramifiées. L’aura sombre qui émanait de lui ainsi que son apparence ne trompaient pas ; Sylnor reconnut un démon. Et d’après lui, pas un démon mineur. Au moment où une série de bruits se fit entendre plus loin dans la forêt, la créature imposante interrompit son repas pour se redresser de toute sa hauteur, regardant dans la direction concernée. Curieux de voir autant de monde sur les lieux, le jeune dragon huma l’air, analysant les odeurs apportées par le vent, à la recherche d’informations sur celui qui se rapprochait de la clairière. Les effluves que la brise charriait firent froncer le museau sensible de Sylnor ; un mélange de sang, de sueur, d’alcool et de crasse, ainsi que des plantes très odorantes. Le dragon avait comme une petite idée quant à la nature de la créature qui approchait… Encore une fois, les doutes de Sylnor se confirmèrent lorsqu’une montagne de muscles verdâtre sortit de la végétation d’un pas lourd. Le dragon sourit légèrement, de son sourire sournois ayant quelque chose de malsain. Croiser un démon et un orc dans la forêt des elfes était digne d’une journée inhabituelle. Au moins.
Quittant sa branche, Sylnor s’accrocha à une autre, plus basse et plus souple, qui ploya lentement sous son poids jusqu’au sol, le faisant apparaître à la vue du démon et de l’orc. Il descendit de sa branche, la laissant remonter dans l’arbre, et redressa son cou en une forme de S caractéristique de sa race, ses cornes ornées d’anneaux surmontant son crâne dans le prolongement de sa tête.

« Eh bien, eh bien… » fit-il en balayant brièvement les lieux du carnage de son regard félin. « Il y a une fête dans le coin et je ne suis pas au courant ? »

Un ton désabusé, nonchalant, en décalage avec le carnage qui s’étendait sous ses yeux, et que le dragon rouge contemplait sans en paraître ému de quelque manière que ce soit.

Allons donc... un orc au pays des elfes, surprenante vision que voilà. Il est connu que ces deux espèces, au combien distantes de part l'apparence et les coutumes, ne peuvent se supporter. Les histoires de génocides, tantôt subtiles, tantôt barbares, menée par les deux camps ne se compte plus. Mais je dois bien avouer avoir une préférence pour les peaux vertes, leur tempérament brutal et leur soif de carnage m'ayant toujours inspiré une certaine sympathie. En revanche, je n'apprécie guère cette manière d'approcher arme a la...

Oh... décidément, que de surprises! Une hache runique, sans doute une oeuvre puissante et de grande valeur. Dans les mains d'un barbare celà pourrait s'avérer des plus intéressant. Si c'est le combat que tu recherche étranger, sache que je suis ton homme.

Mais voilà qu'un nouvel arrivant me tire de mes pensées. Il est apparu comme sortit de nulle part, se laissant tomber avec agilité de la branche qu'il occupait l'instant précédent. Sa discrétion est remarquable et son apparence au moins tout autant. Un dragon, race mythique aussi bien crainte qu'adulée de tout les habitants de ce monde. Je ne connais pas bien ces êtres, réputés pour leur grands secrets, mon intérêt n'en est que plus grand.

Néanmoins il m'est impossible de ne pas imaginer le pire. Certes je ne craint rien ni personne mais engagé une bataille, si épique pourrait elle être, contre deux représentants des races les plus dangereuses du monde connu ne serait pas sage décision. D'autant plus que les "oreilles pointues" pourrait y prendre part a tout moment, compliquant d'avantage la situation.

Bah... tant pis. J'aurai bien d'autres occasions d'affronter des hordes de peaux vertes ou de me mesurer a l'un de ces reptile volant. Profitons plutôt de cette étrange rencontre pour se faire de nouveaux "amis".

"Et bien désormais vous l'êtes cher ami. Dis je a l'intention du saurien. Si ces messieurs veulent bien me faire le plaisir de se joindre a moi, je serais ravi de partager mon humble repas."

Sans même attendre une quelconque réponse, je m'installai bien a mon aise, adossé contre le tronc d'un grand arbre, à quelques mètres de ma proie a moitié éventrée. Je leur laisse le temps de prendre place tout en les jeaugant de mon regard perçant. Puis mon attention est de nouveau attiré par l'arme de l'orc. Où a t il pût se procurer pareil rareté? Je tend alors ma main, paume vers le ciel pour ne pas éveiller quelconque soupçon, et demande...

"Puis je?"

Lorsque l'orc sortit des fourrés, quelle ne fut pas sa surprise de tomber sur un être colossal au dessus du cadavre d'un ours monstrueux. L'être, au physique qu'il pu certainement qualifier de démoniaque, devait dépasser Nakh d'une tête ou deux. En prenant en compte la crête du barbare vert évidemment.

"Eh bien, eh bien… Il y a une fête dans le coin et je ne suis pas au courant ?"

Nakh pivota sur lui-même, hache en main, pour faire face à la voix. La voix d'un ... Gros lézard rouge avec une crinière. Vraiment efficace l'herbe des tarlouzes, pensa finalement l'orc. Ce qui semblait être un gros serpent rouge pour Nakh, sauta de son perchoir pour atterrir avec une agilité surnaturelle.
Entre le démon colossal et le dragon aux yeux malins, le Tueur ne se sentait pas tellement en sécurité. Mais il ne se laissa pas démonter pour autant et s'appuya nonchalamment sur le manche de sa hache runique. De son oeil unique, il observa les deux étrangers. Décidément, y'avait de tout et n'importe quoi au pays des tafiolles.

"Et bien désormais vous l'êtes cher ami. Si ces messieurs veulent bien me faire le plaisir de se joindre a moi, je serais ravi de partager mon humble repas."


Nakh se redressa et lorgna sur le cadavre de l'ours. Les gargouillements infâme de son estomac lui rappelèrent bien vite qu'il ne s'était nourri que de racines, champignons et quelques écureuils dociles. Aberrant.
"Alors toi, tu vois un machin géant qui te propose de la viande et t'y vas pas, pas de problème ? Ca pue pas un peu le piège là ? dit un tout petit recoin sombre du cerveau de Nakh
"Viande. lui rétorqua le Tueur.
"Nan mais c'est un piège je te dis ! Un piège ! Tu comprends ?
"Viande.
"UN PIÈGE DUCON !
"Viande.
"Oh et puis merde. Va chercher ta barbaque !
"Viande.
"La ferme."

"-Viande. dit bêtement Nakh, suite a sa bataille mentale avec lui-même."

L'orc oublia toute notion de prudence et s'avança d'un pas presque mécanique vers la carcasse. Le fumet de la viande encore fraîche lui montait l'eau à la bouche et de la bave commença à couler entre les crocs jaunâtres.

"Puis je?"

La paume ouverte et la question du démon réveillèrent l'orc pendant sa marche zombiesque d'affamé. Il mit quelque temps à comprendre et il y eu un "ting!" sonore dans sa tête en voyant le regard curieux du démon envers la hache runique du Tueur. Nakh fronça les sourcils et remit la hache dans son dos, pour la cacher aux yeux du démon.

"-Dis donc Josiane, c'est pas parce que maman t'as donné la permission d'minuit que tu peux toucher au matos d'Nakh le Massacreur. On touche avec les yeux, pas avec les mains. Sinon j'tranche tout. fit l'orc d'une voix moqueuse."

Non seulement Sylnor venait de rencontrer un démon sur le territoire elfique, mais en plus un démon qui avait des manières. Dans un coin de son esprit (un coin assez spacieux il fallait l’avouer), le dragon rouge se méfiait. Non pas parce que l’un de ses deux interlocuteurs était un démon, mais bien parce qu’il se méfiait de tout le monde en règle générale, surtout de quelqu’un qui lui faisait une offre aussi sympathique. Mais Sylnor devait bien avouer que la proposition était tentante… La viande d’un carnivore était coriace, mais tout à fait appréciable.

« Vous êtes bien aimable. Je vous promets de me souvenir de ce geste. »

Plus ou moins bien, en réalité… Sylnor était connu pour sa malhonnêteté autant que pour sa cruauté envers ses ennemis. Disons qu’il avait encore aujourd’hui des dettes qu’il n’avait jamais remboursées, et qu’il n’avait pas l’intention de rembourser… Mais ça, c’était une autre histoire. Pour l’instant.

La poche à feu du dragon, située entre ses deux poumons, se contracta instinctivement lorsque celui-ci s’approcha de la carcasse. Un réflexe envers lequel Sylnor était très reconnaissant, et grâce auquel il était toujours prêt à parer à toute éventualité.
La réponse de l’orc –qui tenait en un mot- (et pour cause, son interlocuteur n'avait pas l'air d'avoir l'esprit très dégagé, que ce soit naturellement ou par la faute de substances hallucinogènes) fit légèrement sourire le dragon. Ce dernier aurait pu philosopher durant des heures sur le fait que la créature verdâtre était aussi musclée que stupide et odorante, mais il garda cela pour le dessert. Avant que l’orc ne touche au butin du démon, le cracheur de feu en préleva sa part ; plongeant sa patte redoutable dans la cage thoracique de l’animal dépecé, il en saisit le cœur à pleines griffes et l’extirpa du corps dans un craquement de chair déchirée. Sylnor aimait exécuter ce geste, autant que de savourer cet organe.

Tout en avalant le morceau de choix en une bouchée qu’il mâcha à peine, le dragon regarda l’orc conserver jalousement son arme. Une très belle hache, d’ailleurs…Sylnor comprenait qu’il soit possessif. Le dragon l’était sûrement plus que lui envers ses propres biens, acquis de manière plus ou moins légale. Surtout illégale, il fallait l’avouer. Cela lui plaisait, car en plus de posséder des objets magnifiques, cela prouvait au dragon qu’il était doué à ce jeu. Pour le moment, Sylnor se contenta de détailler la hache de Nakh en sentant avec délice le cœur de l’ours glisser le long de sa gorge.

« Nakh le Massacreur ? » répéta le cracheur de feu avant de courber légèrement son long cou dans une révérence ouvertement moqueuse. « Je suis Sylnor, Dérobeur Professionnel de Haches Runiques, ravi de faire votre connaissance. »

Un titre purement inventé par l’imagination tordue du jeune dragon, évidemment, et qui n’avait pour but que de faire réagir l’orc.

"Mwahahahaha!! Vous me semblez très audacieux messieurs, un trait de caractère que j'apprécie..."

Et c'est vrai. L'audace est une de ces valeurs par laquelle l'on reconnaît les hommes dignes, ceux qui ne craignent pas la confrontation direct, ceux qui en ont. Maintenant, je sais, a peu de choses près, a qui j'ai a faire. Nakh le massacreur et Sylnor le voleur, charmant duo. Mais l'audace n'excuse pas tout.

"...en revanche, dis-je a l'intention de l'orc, je n'apprécie guère les menaces peau verte. Je vous serez grès de ne plus faire montre d'hostilité a mon encontre, après tout... ne sommes-nous pas là pour partager un repas de manière conviviale?"

J'aurais pût, j'aurais dût peut-être, lui arracher la langue pour laver l'affront, mais les orcs sont ainsi fait, grande gueule et petit cerveau, autant ne pas lui en tenir rigueur, il ne se rend pas compte de qui est son interlocuteur. D'ailleurs, je ne me suis pas encore présenté...

"Pour ma part, je me nomme Galerion, "le boucher des enfers" pour vous servir."

Voilà, a présent tout le monde sait qui est qui. Enfin presque. Que font un orc et un dragon si loin de leur contrées en milieu de soirée? Serais-je passé a côté de quelque chose? Des chasseurs de trésors peut-être? Celà mérite éclaircissement, s'il y a quelconque gain a remporter ce soir, il serait fâcheux de ne pas en être informé...

"Dites-moi messieurs, qu'est ce qui peu bien amener deux hommes de votre prestance en Drayame? Vous ne semblez pas être de simple chasseurs, du moins, pas des chasseurs dans le sens conventionnel du terme."

« Nakh le Massacreur ? » répéta le cracheur de feu avant de courber légèrement son long cou dans une révérence ouvertement moqueuse. « Je suis Sylnor, Dérobeur Professionnel de Haches Runiques, ravi de faire votre connaissance. »

L'orc regarda le reptile prendre la part la plus tendre et la plus savoureuse pour l'avaler goulûment. Chez les orcs, les parties les plus savoureuses revenaient normalement au chasseur ayant achever la proie. Le cœur, le cerveau, les poumons et le foie auraient dû revenir au démon cornu. Mais on était pas chez les orcs, Nakh n'avait pas chassé la bête, et il s'en fichait totalement.

Le guerrier vert haussa des épaules à la présentation du dragon. Il aurait déjà du mal à se souvenir de son nom, alors du titre en entier ... Et puis bon sang, il voulait juste manger de la bonne viande fraîche, pas fricoter avec le Club des Paumés chez les Tarlouzes, même si son adhésion ne faisait pas l'ombre d'un doute vu sa situation.

"Mwahahahaha!! Vous me semblez très audacieux messieurs, un trait de caractère que j'apprécie..."


Nakh ignora le compliment du démon cornu. Non pas qu'il soit impoli de nature ... enfin si mais là ce n'était pas par provocation. Il voulait simplement MANGER. MANGER VIANDE BORDEL !


"-...en revanche, je n'apprécie guère les menaces peau verte. Je vous serez grès de ne plus faire montre d'hostilité a mon encontre, après tout... ne sommes-nous pas là pour partager un repas de manière conviviale?

- J'ai rien compris. Trop d'mots compliqués. Mais si ça m'permet de grailler, j'te dis d'accord."

Nakh attrapa la tête de la proie morte et tira dessus de toutes ses forces. Dans un grand "Hangh !", l'orc arracha la tête et une partie de la nuque du reste du cadavre. Il arracha les yeux pour les gober et fracassa la boite crânienne de la bête pour mettre à nu le cerveau.

"Pour ma part, je me nomme Galerion, "le boucher des enfers" pour vous servir.

-Tu peux m'servir une bière alors au passage ? Har har."

L'orc s'étrangla à moitié en avalant la cervelle. Son humour était aussi puissant qu'un elfe au lit mais il ne pouvait s'empêcher de se trouver très drôle.
Nakh commença à gratter la peau de l'ours pour arracher le gras et la chair. Enfin la vrai viande. Le cerveau n'était qu'un amuse-gueule.

"Dites-moi messieurs, qu'est ce qui peu bien amener deux hommes de votre prestance en Drayame? Vous ne semblez pas être de simple chasseurs, du moins, pas des chasseurs dans le sens conventionnel du terme."

Comme d'habitude, Nakh ne comprit pas les mots avec plus de trois syllabes ou des mots qui ne faisait pas partie de son champ lexical. Néanmoins il comprit le sens général de la question : vous branlez quoi ici ? Le peau verte ne tenait pas a ce que ces inconnus sachent qu'il venait d'essuyer une cuisante humiliation alors qu'il cherchait l'Eden, le Graal, le Joyau Ultime pour tout alcoolique qui se respecte : la Corne d'Abondance de bière. Et surtout qu'il avait était mené en bateau par un elfe schizophrène qui élève des vers luisants.

"-Moi j'me suis paumé. J'étais parti chercher d'la Gannaja et poutrer la tronche de quelques tarlouzes au passage. C'tout."

Parfait, le mensonge tiens la route, l'honneur est sauf. Alors arrête de transpirer du front Nakh, sinon ils vont tout découvrir. Rassure-toi, si ils posent trop de questions, il suffira de les massacrer. C'est aussi simple que cela.

Sylnor commençait à apprécier la soirée, malgré la puanteur de l’orc. Généralement, le dragon rouge fendait les cieux nocturnes, se reposant sur des promontoires inaccessibles, au plus près des étoiles et du vent glacial. Evidemment, en haut d’une montagne ou d’un pic abrupte, il ne croisait pas grand monde. Les rencontres les plus intéressantes se faisaient sur le plancher des vaches, d’après l’expérience de Sylnor. Sauf lorsque celui-ci croisait un confrère draconien…

Point d’autres cracheurs de feu ce soir, mais un démon boucher des enfers et un orc massacreur. Cela intéressait le dragon voleur qui, même s’il appréciait ses longues heures de vol libre en solitaire, ne reniait pas un peu de compagnie de temps à autres.
Le compliment du démon fit légèrement rire Sylnor.

« Celui qui n’ose rien ne peut se prétendre libre. »

La liberté, la plus belle des choses aux yeux du dragon. Même à côté du plus beau des joyaux, ou de toutes les gemmes du monde, la liberté avait plus de valeur. C’était là l’un des seuls principes auquel Sylnor se montrait fidèle.
De même que le principe d’être arrogant et provocateur envers ceux qui l’amusaient. En l’occurrence, Nakh. Le dragon rouge sourit à la réponse que ce dernier donna à Galerion. Il ne pensait pas que l’orc se soit juste paumé, c’tout… Intuition animale ? Il y avait un peu de cela, mais pas que ; Sylnor n’était pas un animal. Observation attentive, tout simplement. Le dragon était largement assez attentif pour détecter les mensonges les plus évidents, car mal assumés, même si la plupart du temps, il était incapable de deviner la vérité derrière ce mensonge.

« Perdu, vous dîtes ? Je vous sens un peu nerveux pour quelqu’un qui s’est simplement perdu… Un grand gaillard comme vous ne devrait craindre personne ici, vous devriez vous détendre. Peut-être en fumant quelques herbes supplémentaires ? »

Car en plus de l’odeur naturelle de l’orc, celle de sa pipe arrivait également aux naseaux sensibles du dragon. Et quitte à sentir quelque chose de fort, Sylnor trouvait cet effluve plus agréable. Bien qu’elle ne vaille pas celle que le cracheur de feu chérissait profondément…

« Pour ma part j’apprécie la fumée que dégagent les volcans… C’est un vrai délice que de la respirer à pleins poumons », dit le dragon avec quelque chose de rêveur dans le regard.

Sylnor adorait les effluves des montagnes de feu. En tant que dragon, cette fumée ne lui faisait bien entendu aucun mal, mais avait à peu près le même effet sur lui que les plantes en avaient sur Nakh ; euphorie, hallucinations… Sylnor se promit de s’arrêter au prochain volcan en activité qu’il croiserait.

« Pour ma part je suis en route vers Sent’sura », répondit le jeune dragon. « Mais rien ne presse, je me suis donc arrêté ici avant de continuer ma route. Et en effet, je suis un chasseur, autant dans le sens conventionnel que non conventionnel du terme… Disons que je suis un chasseur de belles choses. »

Sylnor passa sous silence sa profession d’assassin, dont il n’avait pas l’habitude de parler à des personnes qu’il venait tout juste de rencontrer, pour la simple et bonne raison que ces personnes pourraient s’avérer être des ennemis. Après tout, un grand nombre de pirates voulaient la tête du dragon rouge qui avait l’audace de leur voler leur butin, ou en tous cas une partie.

« Mais je ne m’attendais certainement pas à croiser un démon sur un territoire elfique », avoua Sylnor en faisant pensivement le tour de la carcasse. « Vous seriez-vous perdu, vous aussi ? »