[Abandonné] La dryade et le chasseur. [PV Alexander Vanderbrooth] | |
| Jeu 28 Fév - 12:09 | | | | [Premier essai de la première personne assez peu concluant]
L'herbe sous mes pieds me chatouille, au fur et à mesure de mon avancée dans les plaines. Un lieu bien différent de Flore, qui est l'un des seuls que j'ai connu de ma vie. C'est assez surprenant, mais dans un sens positif. Une forêt sans arbre, privée de fleurs géantes. Un lieu étrange, dont la grandeur se traduit non pas par un sentiment d'enfermement ; si une telle émotion est possible malgré la féérie qui baigne Flore ; mais par l'idée de vacuité, tant le paysage se répète, vaste lac d'herbe.
J'ai renoncé bien tôt à l'idée de léviter. Vêtue d'un médaillon seul, j'attire déjà bien l'attention à pied. Comme les principes changent, lorsque de nouvelles possibilités sont acquises ! Il y a quelques jours, je pensais à l'inutilité de vêtements, ne pouvant sortir de Flore ; A présent, je sais que les humains et démons n'auront de cesse de s'étonner, lorsque j'irai découvrir Terre. Mon pendentif est bien trop visible, ainsi. Un troisième œil vert, logé entre mes cheveux, sous mon cou.
Je regarde le paysage, continuant ma route. Un pied après l'autre. Au loin, il m'est possible d'apercevoir des rochers ordonnés, d'où semble monter une fumée. Je pourrais éventuellement m'en approcher. Pourquoi ne le ferrais-je pas ? Discrètement ? Il pourrait s'agir d'un lieu de culte. Ouvertement ? Ces roches peuvent être des habitations. Il est évident que je ne le saurai que si je m'avance. J'en ai vu de semblables, depuis mon départ. Depuis que j'ai trouvé un bijou, imprégné de l'essence de ma contrée natale, dans mes pérégrinations, à la recherche de mes sœurs.
Un pendant bien étrange, un portail vers mon lié, et le récipiendaire de son énergie. Je n'ai pas de maux de tête, et je suis bien loin de lui. Je suis quand même anxieuse, car nul arbre ne m'entoure. Ceci est moins positif. Je me sens seule, et fautive ; la curiosité est un moteur puissant, cependant, et je continue mon chemin.
Le soleil est haut dans le ciel, assurant une bonne visibilité, et les herbes sont ici assez basses. La faute en revient surement aux animaux qui la dévorent, que j'ai aperçu tantôt. Comment les fils des plaines font ils pour vivre dans un tel lieu ? Vide, parsemé de rochers et d'étranges constructions qui prétendent défier les arbres et les dépasser. Sans véritable végétation, à l'exception de celle rangée, qui ne peut avoir poussé par hasard. J'aimerai bien le découvrir, mais je n'ai encore trouvé personne. La nuit, je dors dans les quelques arbres léthargiques qui parsèment ma route, portant de maigres fruits fades. Des pommes, qui n'ont rien à voir avec celles qu'on trouve chez moi. Je n'en ai pas goûté, comme je ne le faisais pas. La terre m'abreuve, et suffit à ma subsistance.
Mes pas foulent le sol, et j'avance encore, sans ressentir de réelle fatigue. J'irai vers les roches, je ne peux plus attendre. Une autre journée à ne contempler que les ciels vert et bleu me rendra folle, alors que j'ai passé presque vingt années à observer les mêmes endroits. Je prends des risques à m'aventurer au dehors, et ils ne me servent pour le moment. Au fur et à mesure de mon cheminement se précise un champignon de pierre, surmonté d'un chapeau conique, de la même taille que ceux qu'habitent certains farfadets chez moi. Pourquoi l'avoir dressé ? Les plaines ne peuvent elles donc rien créer qui ne soit de pierre ? Où est-ce la faute des hommes ?
J'arriverai bientôt. Je le sais.
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| | Jeu 28 Fév - 18:14 | | | | Vous croyez au hasard vous ? Moi pas.
Cela faisait quelques heures que je m'étais embusqué dans ce charmant petit coin de plaine. La veille, alors que je voyageais tranquillement, toujours en quête d'une cible potentielle, j'ai rencontré un marchand ambulant qui m'a conté une drôle d'histoire. Ah ! Ce que j'aime les marchands ambulants. Ils ont toujours un truc ou deux d'utile et ce sont de vraies mines d'or a ragots et autre rumeurs du genre. Et comme on dit toujours, il n'y a pas de fumée sans feu.
Et justement, j'avais donc allumé un petit feu de camp à côté de cette espèce de monticule de pierre bizarre. On aurait dit un champignon grossier avec une sorte de... chapeau. Très intéressant n'est-ce pas ? Mais c'était là que mon cher marchand ambulant avait dit avoir vu une bestiole cornue. Il avait entendu des histoires comme quoi certains voyageurs s'approchant un peu trop près de cette sculpture avaient vus leur curiosité se solder par une agression violente et parfois mortelle. Les bêtes cornues, c'est souvent très bon pour moi ! Alors je ne me suis pas fait prié.
Assis en tailleur à côté de mon feu, je repassais en revue mon équipement. Mon sabre était aiguisé, propre et toujours aussi beau à mon goût. J'ai chargé mon arbalète pour pouvoir m'en servir directement en cas de besoin. J'avais encore une bonne poignée de jarquis, mes croissants de lancé elfique dont je suis si fier. J'ai testé la solidité de ma corde, afin d'être sûr qu'elle ne me lâche pas a un moment crucial. Il ne me restais plus qu'a aiguisé un peu mon fidèle poignard qui avait légèrement souffert de la dernière découpe de viande sur un loup a la peau plus coriace que je ne l'aurais imaginé. Cela me faisais penser qu'il allait sûrement falloir que j'aille chasser tout a l'heure... Si ma proie ne se montre pas très vite, je ne vais pas avoir le choix. Car même si certains chasseurs se vantent de pouvoir rester des jours sans manger à traquer leur cible, je soutient que l'on se bat mieux le ventre plein.
Mais alors que j'aiguise tranquillement mon couteau de combat, une étrange sensation me traverse. Comme si quelque chose, ou quelqu'un, approchait. Prenant un air grave, je relève les yeux et commence a scruter les environs. Mais malgré mon regard suspicieux lancé vers les horizons, je ne voyais rien. Je me levai alors doucement, me plaquai a la structure rocheuse et glissai lentement pour en observer la zone derrière elle, mon poignard serré entre mes doigts. Mes sourcils se fronssèrent d'un coup.
Qu'est-ce que c'est que ça ? Une jeune fille totalement nue qui se balade tranquillement au milieu des plaines mystiques ? Etais-ce vraisemblable, ou bien la faim et le manque d'affection féminine commençaient-ils a me provoquer des hallucinations ? Je restai méfiant. Après tout, je commençais a connaître les démons et leurs méthodes. Et ce genre de ruse m'étais familière. Oh que oui ! Si c'était ma cible et qu'elle était douée de métamorphose, elle a très bien put se changer en cette... créature peu pudique, en voyant la fumée de mon feu, afin de me tromper. Que faire ? Comment être sûr ?
Je ramassai mes affaires et les rangeaient soigneusement mais rapidement a leur place. Mes armes a ma ceinture, mon arbalète dans mon dos, mais ma dague resterait dans ma main pour l'instant. Je décidai de ne pas éteindre le feu. Après tout, c'était mon appât, même si après réflexion, cette stratégie n'était sûrement pas la meilleure qu'il soit... Je me plaquai de nouveau au rocher en forme de champignon coiffé, tentant de deviner par quelle direction allait arriver ma belle invitée.
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| | Jeu 28 Fév - 19:46 | | | | Les alentours se précisent, à présent. Je n'ai pas l'habitude de tant marcher, mais j'imagine que ça viendra, si je reste sur les routes. Ou même en dehors d'ailleurs. Le monde est vaste, et même si l'idée de quitter Terre, pour aller dans une région dénuée d'arbres, m'est insupportable, je peux me contenter de ce vaste lieu. S'il pouvait l'être un peu moins, ce serait appréciable. Un peu moins vaste et moins uniforme. Ce ciel de verdure est réellement ennuyant. Je peux voir de temps en temps un lapin, des créatures blanches, cornues ou non qui dévorent l'herbe, mais il n'y a aucun lien avec la faune de Flore. Ce lieu est tout simplement vide. Si on excepte ces constructions, tout du moins. Qui a donc bien pu perdre son temps à faire dresser ces pierres taillées ? Je ne comprends pas. Ils pourraient se contenter de faire des trous et d'habiter à l'intérieur, comme les lapins. Ou faire comme les elfes. Et ensuite, composer des histoires, et parcourir le monde, ou je ne sais quoi, sans perdre du temps à bâtir des lieux de culte, de rencontre, ou de tout ce qui passera par leurs tête.
Enfin bon, ils ne sont pas comme moi. Ils n'ont pas à être les gardiens de ce qu'il y a de plus beau au monde ; ils doivent manger, et vivent peu. C'est pourquoi ils perdent leur temps à construire des idioties en plein milieu d'une plaine vide. Quelque chose m'échappe.
Laissons tomber. J'approche de ces rochers. Des ossements éparpillés ci et là, et les traces du passage de quelqu'un. Le grand champignon conique, est un peu plus loin, mais il semble n'être pas fait que de pierre, mais aussi de bois. Étrange. J'irai l'examiner plus tard, après tout, un cas après l'autre. Ne pas s'éparpiller. Les rochers sont semblables à un amoncellement de pierres, en fait. Elles sont très soudées, et on y trouve des marques, faites artificiellement. Deux ronds au milieu d'un rectangle, surmontés de deux demi-cercles à l'intérieur desquels se trouvent deux cercles, le tout encadré par des serpes. A côté, deux marques stylisées. Le tracé sinueux d'un serpent, et un autre cercle.
Mais à quoi pouvait donc penser le dessinateur ? Était-ce son signe de passage ? Ou quelque chose de similaire ? La piste des ossements est assez écœurante, mais je doute qu'un animal m'attaque. Je suis une dryade, l'essence de la nature, pourquoi m'attaquerait on ? Dans le pire des cas, je pourrais fuir. Aussi, autant la suivre. Il s'agit peut être d'un animal qui nourrit ses petits. Et puis, autant avancer. Elle sembler mener jusqu'à cette pierre, d'où sort la fumée. Non. De cette pierre ne sort rien. La fumée vient de derrière. La fumée... Cette notion me dit quelque chose...
Tant pis, je continue. Je contourne le roc. Le feu m'attend. La fumée vient du feu. J'oubliais l'aspect de cet élément terrifiant, pour ne me concentrer que sur son aspect dévastateur. Il faut qu'il reste loin de moi. Il ne doit pas s'étendre, poussé par le vent au delà du cercle qui l'entoure. Je ne supporte pas son idée. Il faut fuir. Loin. Vite. Je recule, lentement, pourtant, et n'ose le quitter des yeux. Ma respiration s'accélère. Je dois fuir, me retourner. Le feu me guette. Le brasier veut ma mort. Le champignon. Un aspect bien naturel. Je cours vers lui, je m'envole à moitié dans ma hâte.
Pour passer du feu au fer, d'un élément destructeur et inconscient, à celui manié par un être conscient, qui semblait m'attendre. Je pousse un cri de surprise, voyant une longue feuille de métal brandie et me découvre devant lui. Je n'ai pas le temps de le détailler, à cause du fer qui me hante.
- Non... éloignez le de moi !m'exclame-je en pointant du doigt l'arme, tout en reculant.
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| | Sam 2 Mar - 16:29 | | | | Bon sang ! La voilà ! Gardons notre calme et observons !
Au moment où la jeune fille peu pudique passe a côté du champignon de pierre, je me plaquai plus encore contre la structure, serrant les dents. D'un geste rapide et silencieux, tout en ne la lâchant pas des yeux, je plaçai mon col sur mon nez afin de dissimuler mon identité. Et alors qu'elle passait devant moi, je levai déjà mon bras pour l'agresser lorsque je compris qu'elle ne m'avait même pas vu. Elle semblait tétanisée par le feu. La peur s'était emparée d'elle avec une telle violence que je voyais ses membres trembler de là où j'étais. Surpris, je gardai tout de même mon arme pointée vers elle, restant immobile.
La jeune demoiselle se mit à reculer lentement. Je me suis reconnu l'espace d'un instant dans son comportement. Comportement que j'adopte malgré moi face à n'importe quel démon. Oui, je suis chasseur de démons et pourtant j'ai peur de ces sales bêtes ! Pardonnez-moi de n'être qu'un homme ! Même si je ne le suis pas totalement... Cette espèce de nymphe aux courbes fort séduisantes, je le voyais maintenant qu'elle était si proche, reculait toujours, jusqu'au moment où elle se retourne dans un semblant de mouvement très hâtif vers moi. Une fraction de seconde, et elle prend alors conscience de ma présence en poussant un cri.
Vous vous attendez peut-être a ce que je réagisse sereinement tel un mâle alpha qui va calmer la jouvencelle pour la prendre ensuite par les épaules et la rassurer ? Vous vous êtes trompé de personne. Non, j'ai juste crié, faisant écho au son de sa voix, et perdant ainsi toute virilité. Le bras tendu vers elle, j'avais reculé le plus possible pour mettre un maximum de distance entre elle et moi. Pourquoi ? Parce que je suis suspicieux. Je suis actuellement sur les traces d'un potentiel démon, et croyez-moi si je vous dis que ce sont les meilleurs acteurs de Terra Mystica. Donc oui, une vicieuse succube assoiffée de sang et de chair serait parfaitement capable d'être aussi convaincante que cette parfaite inconnue. Et bien que ce ne soit pas le cas, j'ai bien cru qu'elle allait se jeter sur moi. Mon poignard tremblait donc entre mes doigts alors que mon bras était pris de spasmes et que mon cœur explorait, comme souvent, de nouvelles expériences de percussion dans ma poitrine.
Et c'est là que ça devenait intéressant. La jeune fille reculait en pointant du doigt mon arme, réclamant que je la baisse. Elle avait l'air absolument terrifiée, mais comment savoir si c'était la vérité ? Elle s'écartait, ce qui me permit de récupérer un peu d'espace vital et de pouvoir sortir de l'axe que me piégeait entre elle et le champignon de roc. Je fis quelques pas de côté tout en plissant les yeux pour analyser sa façon de se comporter. Si c'était une démone, je devrais déceler très vite une faille dans son jeu. J'y étais habitué maintenant. Et j'avais d'ailleurs quelques bottes secrètes de rhétorique pour percer à jour n'importe lequel d'entre eux. C'est pour cela que je rétorquai avec un ton fort impératif :
- Non ! Qui êtes-vous ? Et pourquoi vous trouvez-vous nue dans pareil endroit ?
Les démons sont parfois mal accoutumés aux traditions et règles de ce monde. Il était étrange que cette jeune fille soit nue, C'était pour moi un indice qui allait dans la théorie d'une jeune démone fraîchement débarquée et qui ne savait pas encore comment chasser correctement ses victimes. Ou alors était-ce un jeu bien plus subtil encore ? Raaah ! Quand on fait pareil métier que le mien, on finit par devenir paranoïaque ! Mais sachez que c'est ce qui m'a gardé en vie jusqu'à aujourd'hui. Sans oublier ma fidèle couardise qui m'a permit de prendre la bonne décision dans plusieurs situations difficiles : la fuite.
Mais revenons à notre inconnue. J'attendais avec une certaine nervosité qu'elle s'explique. Il fallait me comprendre ! Si elle n'était pas démone, pourquoi se baladerait-elle nue, de façon si insouciante, près d'un endroit où les ragots et les rumeurs sur des attaques potentiellement démoniaques ont lieu ? J'avais de quoi être méfiant. Mais j'étais aussi très loin de me douter que des pareils créatures pouvaient exister... Après tout, je n'avais que 31 ans à l'époque, je ne savais rien du monde qui m'entourait...
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| | Sam 2 Mar - 18:25 | | | | Feu et fer, fer et feu. Et cet homme, qui semble n'inspirer que crainte. Même s'il avait crié. Cela ne lui enlevait pas toute intimidation. Et le fer. Qui coupe les arbres, blesse et tue les fées. Le tout dans le main de cet homme, au regard si haineux et méfiant. Pourquoi ? Je m'étais juste rapprochée. Mais il avait déjà sa dague ? Fuir ? S'expliquer ? Crier pour qu'il range le fer ? Il était trop grand, comme tous les humains. Enfin, presque. Mais c'était bien embêtant. Dans mon arbre, je ne suis pas l'intruse, je suis la gardienne, donc j'évite d'être regardée de haut, mais là...
Il est assez agressif, et va sans doute m'attaquer si je ne fais rien. Je ne veux pas mourir, tuée par du fer !
- S'il vous plait ! Je... je viens de Flore, et la bas... je n'avais pas besoin de vêtements. Je n'ai même pas froid, et je n'avais pas moyen de m'en procurer pour allez découvrir votre monde ! Éloignez-le à présent !
Reste calme, surtout, ne t'affole pas. Même si tu le fais visiblement, cela ne sert à rien. Je dois fuir, et non pas montrer à ce fou furieux qu'il me fait peur. Bon, c'est raté. Les habits m'ont posé bien plus vite problème que je ne le croyais. Enfin bon, mes cheveux me suffisent, mince ! Pourquoi devrais-je être attaquée par un porteur de fer uniquement parce que je suis dénudée ? Quelle injustice. Si je décide de me séparer de l'emprise de ce monde, afin d'échapper à son arme, que se passera-t-il ? Je peux le faire, même lorsque je suis proche de mon arbre. Aussi, nul doute que je pourrais le faire avec ce médaillon sur moi. Mais je n'ai jamais utilisé ce pouvoir en le portant. Il pourrait ne pas me suivre dans l'autre trame, et tomber au sol. Et la... il pourrait le ramasser. Ou je pourrais être assommée par la brusque coupure du lien que j'ai avec mon aubépine. Je ferais des expériences en rentrant. Je me refuse à utiliser cette capacité tant qu'il a de l'espoir.
Un bruit, derrière, au loin. Assez féroce, mais assourdi par mes cheveux, la distance, et ma position. Il doit être proche du feu, je ne dois pas y retourner. Cela ne semble pas naturel. Et que va me faire cette personne ? C'est décidé, s'il esquisse un geste dangereux, je m'échappe. En volant au besoin.
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| | Sam 2 Mar - 19:17 | | | | - De Flore ? Je croyais que cet endroit avait été totalement asservi par l'Empire d'Aile Ténébreuse ?
Cela me semblait plus que louche, mais je changeai cependant d'attitude, baissant légèrement mon poignard qui désormais n'était plus menaçant pour mon interlocutrice. Flore ! C'était la région voisine de Drayame. Or je rêvais de pouvoir un jour fouler ces terres elfiques et apprécier la noblesse et le raffinement de la culture elfique. Si cette jeune fille disait vrai, peut-être allait-elle pouvoir me parler de ces contrées qui me fascinent ? Etait-ce possible qu'elle soit une sorte de fée ? J'avais entendu de nombreuses histoires sur les fées de Flore, mais je pensais qu'il s'agissait purement et simplement de fantasmes d'aventurier ou de légendes narrées par les conteurs a l'imagination trop débordante. Etait-il vraisemblable qu'une fée soit arrivée jusqu'ici ? Elle était bien loin de chez elle alors, en effet. Qu'est-ce qui pouvait amener une fée à quitter les terres de Flore ? J'étais incapable de répondre à cette question.
Restant malgré tout méfiant, je m'apprêtai a lui demander son nom et de plus ample explications afin de clarifié ce léger quiproquo. Mais un bruit de pattes attira mon attention. Je passai donc légèrement ma tête par-dessus l'épaule de la jeune fille et je vis une petite démone remuer les flammes avec ses griffes, jouant comme un petit chien. Je reporte alors mon intérêt sur cette mystérieuse créature des bois de Flore pour l'interroger avec un ton légèrement plus calme :
- Si vous êtes de Flore, que faites-vous si loin de chez-vous, créature dont j'ignore toujours le nom ?
Mais alors que je venais de poser ma super question. Quelque chose dans ma tête sembla résonner.
Un démon ?!
Comment puis-je être aussi distrait ! Sans réfléchir, j'attrape le bras de la demoiselle et la déplace sur le côté, un peu derrière moi. J'avais peut-être été un peu violent et surprenant dans ma démarche, mais je ne voulais pas manquer ma cible.
Et ma cible était là, devant mes yeux. Une très jeune démone. Ce n'était pas une succube, elle n'avait pas d'ailes. J'avais déduit son sexe de son visage de petite fille déformé par son côté démoniaque. C'était une sorte de satyre au dos courbé comme une goule. Elle avait des griffes et des crocs respectables pour son apparence puérile. Ses cornes cependant n’étaient guère impressionnantes. A peines de petits pics, plus des exubérances osseuses. Ce qui m’inquiétait beaucoup plus, c'était sa chevelure enflammée. Pourquoi ? Parce que ça voulais dire que cette foutue démone devait sûrement maîtriser l'élément du feu. Et ça, c'était bon ni pour moi ni pour mon accompagnatrice de fortune.
Au moins, j'étais fixé sur un point. Je ne savais pas si c'était une fée, mais ce n'était pas la démone que je cherchais, puisqu'elle était devant moi. Comment j'allais m'y prendre ? Les échanges cordiaux et le dialogue devront attendre en tout cas...
La petite bestiole, qui ne devait pas mesurer plus d'un mètre dix nous regardait en bavant un semblant de lave qui venait couler dans mon feu de camp. Sa chevelure enflammée dansait de façon aléatoire, et je commençais à douter que cela ait rapport avec le vent environnant. Mon poignard dressé devant moi, je devais attendre de connaître la façon de combattre de mon adversaire pour pouvoir frapper son point faible. Ainsi, sans lâcher ma cible des yeux, ma chère spécialité que son les démons, je lançait a la fée dénudée, toujours aussi impératif :
- Surtout, vous restez près de moi et derrière moi !
Et alors que l'adrénaline de la surprise s'estompait, je sentais de nouveau cette horrible peur naître dans mon abdomen. Mes muscles se crispaient et mon rythme cardiaque s'accélérait. Bon sang ! Cela faisait pourtant déjà plus de deux ans que je chassais les démons, et pourtant la peur ne diminue jamais en moi. Evidemment, mon poignard et mon bras se remirent a trembler alors que je sentais mon corps se faire assaillir par des sensations de froid et de chaud très impulsives...
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| | Sam 2 Mar - 20:24 | | | | - Je... non, ils n'ont fait que des... saccages. Ils nous laissent tranquilles, depuis la fin de l'invasion. Enfin, me laissent. Je ne vois plus mes sœurs... plus très souvent. Le fer... éloignez le...
Il semble se calmer, heureusement. L'arme se baisse, et il se fait plus songeur. Je me demande d'où vient le bruit, mais si je me retourne, il risque de m'attaquer par derrière. Je ne suis pas folle, je n'ai aucune chance dans un combat de ce type. Si on appelle combat un coup de poignard dans le dos. L’émetteur doit être encore loin, et il faut régler un problème à la fois. Même s'il est tentant de savoir qui a pu émettre un tel son. La curiosité est forte, mais je ne peux me résoudre à risquer ma vie. Enfin, si le bruit est émis par une créature dangereuse, le risque pourrait être justement de ne pas se retourner. Vu son regard, il a vu quelque chose derrière moi. Cela ne semble pas très important, par contre. Un animal qui aura cherché à impressionner celles qu'il souhaite courtiser, en ce cas ?
- Je
Ne peux finir ma phrase, il m'a agrippée. Je veux me dégager, mais n'y arrive pas, il est trop fort pour moi. Il me dégage, dégaine son arme, et me fait passer sur le côté. Sa poigne est trop forte. Pourquoi a-t-il fait cela ? Il n'y a pas de sens... C'est la fin. Pourquoi ?
Rien ne vient. Il me lâche, m'intime de ne pas bouger. Enfin, non, de le suivre. Je relève la tête, j'ouvre les yeux. Je suis encore vivante. Je ne trouve pas de mot pour expliquer ce que je ressens, mais... c'est un sentiment très agréable. Je suis en vie. Et puis, je découvre celui qui a produit un tel cri. Ou plutôt celle. Elle a ma taille, une chevelure de feu alors que j'en ai une de feuillage. Le feu... Il me poursuit. Il veut ma mort. Lorsque je cherchais mes sœurs, je ne voulais pas voir celle-là. Cette démone n'a rien des fées de Flore, et sa vue seule est répugnante. Bouge donc ! Je ne vais pas rester un poids mort alors qu'elle approche. Elle semble maitriser les flammes. Et l'humain, fou, l'attaque. Pourquoi donc ? Et pourquoi devrais-je le suivre ? C'est complétement idiot. Je l'entraverai.
La gravité n'a plus d'effet sur moi, et le champignon de pierre m'appelle. Je vais à sa rencontre, et vole jusqu'à son sommet. Il va haut dans le ciel, et je dépasserai la mêlée d'ici. Il y en a peut être d'autres. D'en haut, je les verrai, et elle ne m'attaqueront pas. Je hais les flammes. Elles me font peur, et brûlent ce qu'il y a de plus précieux au monde. Elles consument la vie, et ne sont d'aucune utilité. Si vous ne voyez pas votre chemin, patientez la nuit au sommet d'un arbre. Pourquoi donc avoir besoin du feu ?
La démone n'est pas comme moi, cependant. Elle est voutée, alors que je me tiens droite. Je suis gracieuse, alors qu'elle n'est que sauvagerie. Mais elle est vive, et agressive. Je n'attaque pas, et j'en suis incapable, mais elle, ne semble vivre que pour ça. J'aperçois sa tactique. Elle utilise ses flammes, sa chevelure notamment. Il s'agit du foyer de la chaleur, et elle semble capable d'en amplifier la portée, sans en contrôler néanmoins la direction. Elle varie de manière aléatoire, et la démone ne s'en soucie pas. Elle sait qu'elle viendra vers l'adversaire, et s'approche de lui, attendant qu'il oublie cet élément en l'attaquant avec ses longues griffes. L'odeur est insoutenable. Elle ne l’émettait pas avant que le combat ne commence.
Il s'agit d'une danse, plus létale que celle de Phalène, que j'ai rencontrée plus tôt. Entre deux combattants. La sauvage mêle griffe et flamme, et ses cheveux vont et viennent, attirés parfois dans une direction comme s'ils étaient propulsés, sans que rien ne l'indique. Mes cheveux vont dans une seule direction, eux. Vers le combat, poussés par le vent. Ils passent près de l'humain plusieurs fois. Ils sont assez longs et nombreux pour qu'il lui soit difficile malgré leur aléatoire de l'attaquer en profitant de sa taille. Et elle est agile, et se démène. La doctrine de ne pas gâcher d'énergie en geste superflu lui est étrangère : elle s'épuise, et va dans tous les sens, une lueur féroce dans les flammes de son corps. Heureusement qu'elle ne me regarde pas et ne me remarque pas.
J'aimerai bien aider l'humain, mais je ne peux pas. Je devrais d'ailleurs fuir au loin et le laisser aux prises de cette furie. Mais je ne sais pas. Il se peut qu'elle me poursuive après vers Flore, si j'y vais. Autant rester et voir ce qui va se passer. Je suis trop curieuse pour mon bien.
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| | Dim 3 Mar - 22:12 | | | | Mais qu'est-ce qu'elle fabrique l'autre nymphe ? Je lui avais dis de rester près de moi ! Hum... cela dit j'étais bien loin de m'imaginer qu'elle savait voler. Une surprise pour le moins intéressante. Mais je dois avouer que je préférai m'en soucier plus tard. Avec la jeune fille perchée, je me retrouvais seul face à cette enfant démone. J'avais certes un souci de moins qui était de protégée cette jeune enfant de la forêt, mais une once d'assistance m'aurait tout de même été précieuse... En même temps, allez demander de l'aide pour un combat à une gamine aux cheveux verts totalement dévêtue et dépourvu de la moindre arme. J'allais donc clairement devoir me charger de cette démone seul.
Et justement, la petite bestiole me fixait en avançant comme un zombie. Dans une démarche a la fois laborieuse et lugubre, elle me donnait la chair de poule. La danse de ses cheveux de flammes était insoutenable, et à tout instant je m'attendais a une attaque enflammée dévastatrice. Car il faut savoir une chose avec les démons : il ne faut jamais se fier à l'apparence. Cette créature qui paraît juvénile et peu puissante, peut en réalité cacher un démon millénaire maîtrisant à la perfection les arts martiaux ou bien pire encore les arts arcaniques les plus subtiles. Sa démarche lente ne me rassurait pas. Elle aurait put être a mon avantage. Mais j'imagine qu'un démon meurtrier doit avoir d'autre atout pour avoir survécu jusque là.
Et c'est ce que je découvris aussitôt. La vile petite démone vomit alors une langue de feu de la taille d'un cheval. La bourrasque de flammes partie vers moi avec une vitesse fulgurante à laquelle je ne m'attendais pas. Ma roulade me permit d'esquiver in extremis, mais ma manche prit feu alors que la salve carbonisa a jamais l'herbe où je me trouvais deux secondes plus tôt. D’un mouvement frénétique, j'éteignais les flammes qui mordaient ma manche de cuir et reportai mon attention sur ma proie. Celle-ci arborait un sourire machiavélique à la fois fou et fourbe. J'avalai ma salive et tentai de contenir ma peur grandissante devant une mort peu enviable qu'était celle de mourir brûlé vif. Je détestais les démons maniant le feu. Manque de bol, c'était leur élément préféré, et c'était les créatures de l'enfer les plus récurrentes. Il me fallait un plan avant la prochaine gerbe de flammes.
A vu d'œil, elle ne semblait pas avoir de carapace ni de grandes facultés de déplacement. Elle devait donc tout miser sûr ses capacités élémentaires, mais je devais en être certain. Je portai alors ma main libre a ma ceinture et en attrapa trois jarqui, mes fidèles croissants de lancé elfique. En un mouvement large et ample, je lançai mes trois projectiles mortels vers ma cible qui se mirent à virevolter vers elle dans des courbes dévastatrices. La démone vomit trois petites boules de feu qui vinrent réduire mes jarquis à l'état de petites flaques d'acier venant brûler la terre dans une émanation de fumée qui me fit grincer des dents. La démone ricanait, mais moi, sous mon masque, j'arborais un sourire bien plus franc, car je savais maintenant à quoi j'avais à faire.
Il me suffisait de me frayer un chemin jusqu'à elle en esquivant avec précision ses attaques pour la pourfendre. J'allais devoir être rapide et ne pas manquer mon coup. A la moindre faiblesse, elle me transformerait en un ridicule petit tas de cendre. Mon sabre ne me sera d'aucune utilité, alors j'empoigne mon arbalète dans ma seconde main et je commençai à courir vers la démone.
Comme prévu, les gerbes de feu, de flamme et de cendre commencèrent à fuser vers moi. Une première roulade sur le côté, puis un salto avant pour éviter la prochaine attaque. De nouveau elle envoya cette langue de feu de la taille d'un étalon et je fus alors obligé de me jeter sur le côté, m'étalant au sol. Mon talon droit était brûlé, quelques brides de flammes étant encore accrochées à celui-ci. Je ne devais pas m'arrêter. Aussitôt je me relève et je charge. J'ignorais comment une si petite démone pouvait avoir autan de flammes dans un si petit estomac, mais la boule de feu qui partit vers moi était vraiment grosse. C'est alors que je laissai mes jambes se fléchir, glissant sur mes genoux, courbant mon dos pour qu'il frôle le sol. La balle enflammée passa au-dessus de moi, ayant roussit mes cheveux au passage ainsi que ma tunique de cuir. Dans une splendide roulade, je me retrouve accroupit, à seulement quelques mètres de ma cible. Mon bras se tend naturellement pour décocher mon carreau d'arbalète dans la jugulaire de la vile petite enfant démoniaque. Elle hurla lorsque le carreau pénétra dans sa chair impie. Je ne disposais que de quelques secondes pour lui donner le coup de grâce. Je sautai alors d'un bond vers elle, mon poignard bien serré entre mes doigts couverts de sueur sous ma mitaine de tissu brun.
Les secondes furent des minutes lorsqu'au sommet de mon saut je vis la gorge béante de la démone ouverte vers moi, des flammes crépitant dans le fond de son gosier. Je tombais lentement alors que le brasier s'intensifiait dans sa gueule. La fournaise naissait lentement alors que ma chute était interminable. Je n'allais tout de même pas crever comme une vulgaire grillade ? Mes pieds touchaient le sol rudement alors que je ne sentais plus mon bras. Mon membre était plongé dans une chaleur étrange. Je ressentais comme des picotements et des pointes. Il me fallut quelques secondes pour me rendre compte de ce qu'il s'était passé.
J'étais là, mon poignard enfoncé dans la gorge de ma cible. La petite démone, sans vie, avait agonisé dans un dernier souffle enflammé qui avait totalement brûlé mon bras. La gueule béante de la créature des enfers suintait de sang noir, de fumée et de cendre, alors que mon bras puait le cuir brûlé et la chair cuite. Je tombai alors à genoux, lâchant pris de mon poignard encore enfoncé dans le fond de la gorge de la bête. Puis, le cadavre de l'enfant des abysses tomba vers moi, sa tête se posant sur mon épaule qui portait mon bras meurtri par la brûlure. Je lâchai mon arbalète pour serrer de mon unique bras valide le cadavre qui était sur moi...
Oui. Je le serrais. Car personne ne pouvait comprendre ce que je ressentais à ce moment précis. J'avais agit comme je le devais. Mais cette démone avait tellement de choses en commun avec moi. Catapultée dans un monde et une vie qu'elle n'avait pas demandée, elle se retrouvait rejetée et contrainte de survivre comme elle l'avait appris. Elle et moi avions le même sang dans nos veines, même si cela ne se voyait pas. J'avais peut-être tué l'une de mes cousines, ou peut-être était-ce bien plus que cela. Pourquoi fallait-il que cet affreux sentiment de culpabilité m'envahisse à chaque fois ? Après la peur, venait comme toujours la tristesse. Et ma tristesse me força a verser des larmes en serrant le cadavre de cette enfant démoniaque contre moi. Cette enfant, qui me rappela mon fils. Mon fils, tué par mon père comme je venais d'occire cette démone. Il y avait dans le visage de cette démone une innocence parfaite, un air juvénile sacré que je venais d'exterminer à jamais. Je ne pus retenir mes lèvres de balbutier :
- Re... R-repose en paix...
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