Lara était en train de discuter avec un autre archevêque lorsqu'elle perçu au loin les claquements de griffes d'une autre créature, sûrement un dragon, que Aile Ténébreuse avait sous son contrôle. Elle se désintéressa immédiatement de l'archevêque et tourna ses yeux vers l'Archipigeon en chef. Celui-ci, à son habitude, se moquait de ceux qui l'entourait, et semblait goutait la vie avec tellement d'indifférence que la vampire aurait bien envie de le secouer pour qu'il réagisse. Acte fort stupide, je vous l'accorde, mais bon...

L'archevêchesse se tourna à nouveau vers la porte qui n'allait pas tarder à s'ouvrir... qui s'ouvrit, pour voir apparaître en effet un dragon. Un arrogant dragon ! Pas de quoi au vu de sa taille ! La vampire aurait pu le trouver ridicule si cette suffisance qui suintait de lui ne puait pas tant. Ce dragon avait l’air plus dangereux que ne le laissait penser sa taille.

Général céleste de ce qu’elle en savait, se tenait donc face à eux tout Ukufa Zuka, Charmant dragon rouge qui semblait savoir ce qu’il voulait et faisait. Lara était prête à parier que les claquements de griffes de la créature ainsi que sa bruyante entrée n’était qu’une comédie destinée à se faire remarquer. La vampire manqua de sourire : Le dragon avait toute l’attention qu’il désirait.

L’archevêchesse était assise pas très loin de seigneur et maître de ces lieux, entre deux autres archevêques. Le dragon les regarda un à un, et Lara ne put retenir un sourire ironique au possible. Ce dragonnet lui plaisait bien ! Il était différent de tout ceux qui siégeaient à cette table. Il semblait plus franc disons, bien que dans cette cour, seuls les plus malhonnêtes survivent. Mais il était différend des humains, démons et autres humanoïdes. C’est alors que le dragon parla.

-Mes Seigneurs ! Je vous salut ! gronda-t-il d'une voix forte et assurée. Ne soyez pas aussi morose ! Je sais que certains se méfient encore de moi, et peut-être à juste titre pour eux. Je repère les pleutres sans mal…

Si on devait personnifier l’expression : ma seule défense c’est l’attaque, ce dragon en était le juste résultat. Du coin de l’œil, la vampire vit quelques conseillers de l’Archipigeon prendre des airs outrées accompagnées d’exclamations mi-rageuse mi-ridicule. La vampire se retint d’éclater de rire, et se contenta de s’en tenir à son masque d’impassibilité.

C’est alors que le dragon parla. Longtemps. La vampire l’écouta avec une attention presque démesurée, qui était pourtant réelle. La première chose à laquelle elle pensa lorsque le dragon eut finit de se disputer avec les conseillers (d’exposer ses idées), fut : Aie, ça pourrait marcher. Jaugeant autrement le dragon, elle se rendit compte à quel point ce petit être était aussi rusé que possible.

Elle se racla alors la gorge, signalant ainsi qu’elle désirait prendre la parole, et quelques têtes se tournèrent vers elle. Elle prit grand soin de garder visage humain (on ne sait jamais) et de parler d’un ton au moins aussi hautain que celui du lézard rusé.

-Votre idée, général, me semble tout particulièrement audacieuse, et je dois l’avouer, plutôt ingénieuse.

Elle marqua une pose, une courte pose durant laquelle elle eut un sourire un peu cruel. Elle ne lâchait pas le dragon du regard, mais ses prochaines paroles et ce sourire n’étaient pas pour lui.

-Je m’étonne d’ailleurs d’entendre parler des hommes qui ne savent rien de la guerre si ce n’est de l’action en général. Comment peuvent-ils donc juger une guerre à laquelle ils ne participent que derrière des papiers, au mieux ?

Elle croisa ses mains et appuya son menton dessus, se redressant par la même occasion.

-Beaucoup savent, je le penses, que mon arrivée ici fut pour le moins sanglante, c’est pour cela général, que j’ai pour vous beaucoup de considération et que j’approuve les méthodes que vous nous avait exposé. Loin d’être fumeuses pour reprendre une vulgaire expression que j’ai entendue ici, elles sont réfléchies.

Lara se tourna alors vers ceux qui avaient parlé.

-Et je m’étonne d’ailleurs de votre pauvre et futile analyse. Je me dois de vous dire que ce dragon sait de quoi il parle lorsqu’il montre que la bonté d’un homme le pousse à des choses idiotes. Les humains sont si pathétiques…

La vampire poussa un soupir pour le moins théâtrale avant de revenir sur le dragon.

-Mais permettez moi général, de soulever un problème qui s’est posé à moi. Comment être sûr que ce mage est réellement bon ? Ne serait-il pas tout simplement indifférent à tout ce qui sort de sa demeure ? Pourquoi agirait-il pour d’autres peuples s’il connaît la peur de mourir et de perdre son château ? Et aussi, ne croyez vous pas que nous perdrions dans cette bataille de nombreux mages qui nous seraient utiles ailleurs et dans l’avenir ? Parce que se cacher peu aussi signifier un désir de repli total et de tranquillité.

Lara laissa ses questions en suspend avant de poursuivre.

-C’est pour cela que, trouvant votre idée judicieuse, j’aimerais que chacun ici la considère sérieusement et avec intelligence, même si je sais que cela sera une tâche quasi impossible pour certains…

Elle fit alors le silence, laissant le loisir aux autres de répondre. Dans ses paroles, elle espérait plusieurs choses : Tout d’abord, obtenir la confiance, ou au moins une certaine sympathie de la part de cet ingénieux dragon. Il vaut mieux garder ses ennemis près de sois pour éviter les coups dans le dos. Mais en plus de cela, semer le doute dans l’esprit de ceux qui auraient été conquis par les idées de Ukufa n’était pas du luxe. Elle savait en tout cas que rien de son allégeance n’était visible, audible ou autre, et cela la rassurait, et lui donnait une certaine confiance en elle dont elle se servait pour paraître tantôt calme et posé, tantôt cruelle et inhumaine. Les dés sont lancés, que la partie continue…

(désolé je n'ai vu qu'hier que tu avais répondu et je t'en remercie x) )

Soleil, n'est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?

"Votre idée soulève de nombreux problèmes"

Sur ces mots, Aile ténébreuse, sous sa forme humaine, entra dans la pièce. Il avait tout écouté depuis le début mais n'avait daigné se montrer. Repliant ses ailes pour entrer, et les dépliant de toute leur envergure une fois à l'intérieur, il ne s'assit pas, et avança droit vers le général céleste, ridicule petit dragon, mais combattant et commandant efficace. Le toisant de sa haute taille, il s'adressa à lui, ignorant tous les autres.

"Vos mots sont réfléchis, mais vous ne pensez qu'en militaire, en un égocentrique militaire. Le Ciel est ma propriété, pas la votre, ne l'oubliez pas. la prochaine vous que vous proposez de passer mes terres au fil de la lame, parlez m'en. Je ne serait pas toujours aussi clément.

Vous voulez donc anéantir l'élite d'un pays pour mettre la main sur un minuscule château volant, qui abrite un mage inconnu et qui se contente de se cacher, ne représentant aucune menace? Avez vous la moindre idée des conséquences? Instaurer un régime de la peur est une solution coûteuse et risquée. Une attitude extrême encourage les extrêmes, ce qui signifie ici une exacerbation de la peur extrême et également de la résistance extrême. En procédant ainsi, vous allez nous mettre sur le dos de nouveaux rebelles plus acharnés encore que ceux dont nos disposons en ce moment. Nous devrons donc envoyer des troupes supplémentaires dans le Ciel, pour mater les risques de rébellion, et ainsi décharger celles de la Terre, celles que l'on emploie en ce moment contre les nains pour nous approprier les réserves d'or, réserves qui s'épuisent en ce moment même. Ce que vous proposez, je le résume ainsi : vous voulez que nous augmentions nous dépenses pour trouver un château inoffensif tout en réduisant le nombre d'hommes qui travaillent à nous permettre de nous approprier de nouvelles réserves d'or. Votre fougue a fait votre talent, mais en ce moment, elle fait votre stupidité"

Il se tourna alors vers l'archevêque Lara Lidwin, la vampire, tout aussi arrogante et en tort que lui. Ou plutôt, elle avait raison, mais pas pour les bonnes raisons.

"Quel est l'intérêt de savoir si il est bon ou pas? Le travail des troupes du Ciel est de faire régner l'ordre et de chercher Célestia. Qu'ils continuent à le faire nous maintiendra dans la situation actuelle, qui est largement un avantage pour nous. La question n'est pas de savoir si il va tomber dans le piège, mais de savoir si ce piège est utile. Quant au mépris que vous affichez pour vos pairs, sachez qu'en temps qu'archevêque vous êtes d'un rang encore inférieur à eux. Moi seul vous suis supérieur à tous, et moi seul peut épurer ces rangs si il le faut, tâchez de ne pas l'oublier. De même que les fourmis ne se battent pas entre eux, gardez une cohésion, vous insectes que vous êtes.

Celestia est un cafard : affreux à voir, affreux de savoir qu'il se trouve sur la peau du Ciel, mais seul les idiots se lacèreraient la peau pour attirer le cafard et l'écraser. Nous avons besoin de nos nobles et de nos savants : un pays ne tient pas en place qu'avec une armée, tas d'ignorants. Alors, général, à moins que vous n'ayez une autre idée, MOINS STUPIDE QUE CELLE LA, VOUS ALLEZ CONTINUER A ACCOMPLIR LA TACHE QU'ON VOUS A CONFIE, QUE JE VOUS AI CONFIE, ET CELA MÊME SI VOUS DEVEZ MOURIR EN L'ACCOMPLISSANT, ES-CE CLAIR?

Nous trouverons ce château volant, mais ce n'est pas le plus important en ce moment : c'est l'or des nains, et les Glaces, avec Kerns, notre pantin. Célestia viendra."