[Terminé] Toi et moi, on va pas s'entendre!

Elyin jeta son arme à terre, essoufflé. Il avait failli y passer cette fois-ci, sans ses entrainements à la milice... Le corps de son assaillant se refroidissait doucement pendant qu'il fouillait ses poches sans le moindre remords.
La mort n'était pas quelque chose de lointain et flou pour lui. Il savait dans quel monde il venait d'envoyer l'homme mais ne s'en préoccupait pas. Chacun pour soi et les lycans seront bien gardés.

Depuis plusieurs jours il arpentait les environs sans véritable but. Il n'était pas suffisamment utile à la milice, perdre son pouvoir le ramenait au niveau d'un soldat incapable de tenir un combat face au genre de cible auxquels ils s'attaquaient. Lassé de jouer à la secrétaire, il avait saisi le premier prétexte pour partir se dégourdir les jambes et l'esprit. Un transfert de courrier confidentiel, trop risqué pour se fier à la guilde des messagers qui montait en puissance mais qu'Elyin avait du mal à ne pas considérer avec reserve.

Finalement, une fois le message remis en mains propres et de nombreux détours faits pour gagner du temps, il ne lui restait plus qu'à rentrer. Il faisait ce constat en trouvant une légère poignée de pièce dans les poches de l'homme et se redressa. Oui, il était temps de rentrer avant de tomber sur plus coriace que lui.

Il ignorait totalement l'identité du mort, un jeune garçon d'une vingtaine d'années qui avait entamé le combat sans crier gare. Estimant que son agresseur ne se laisserait pas raisonner, le pro AT n'avait pas fait de la dentelle, se défendant du mieux qui pouvait et s'en était sorti à l'aide de la chance et d'une lame de meilleure qualité que le pauvre cadavre.

Il revint vers sa monture, sortit une petite craie d'un de ses sacs et retourna près du jeune garçon. Sur les pavés de la route, avec soin, il écrivit sans retenir un sourire "Rébellion"
Il se releva et contempla son méfait avec satisfaction. Peut-être était-ce l'heure ou la fatigue, mais il trouvait le résultat à la hauteur de ses désirs. Un simple mot. Qu'importe si les gens lisaient un ménage de menace a la rébellion ou un acte sauvage fait par la Rébellion, dans tous les cas c'est l'armée de Galaad qu'on associerait à la mort.

Sans perdre son sourire, il remonta en selle et reprit le chemin de, se laissant bercer par le claquement des sabots de sa jument sur les pierres. "bonheur... un sentiment dégoutant. amertume...", les paroles de nayris chantaient dans son esprit sur des airs improvisés. Il lui tardait de revenir au QG ...

Décidément, Feu devait être un de mes pays favoris. C’est quand même la troisième fois que je viens ici. Et comme pour mes deux premières visites, je n’avais pas particulièrement de raisons d’être venue dans le coin. Quoique … La nostalgie pourrait en être une. Feu était un territoire assez calme et ça, c’était quelque d’agréable. Enfin … Ça c’était avant que je ne surprenne un type en train d’égorger un homme d’une vingtaine d’années. Je restais à l’observer discrètement. Je le vis faire un aller-retour et écrire « Rébellion » à côté du cadavre. Hum … Lui, il avait tout du parfait petit pro-AT. De plus, j’avais déjà eu certains rapports sur mon bureau qui parlait d’un homme brun aux yeux bleus. Conclusion, hors de question de le laisser filer comme ça sans au moins tenter quelque chose. Qui sait, il pourrait peut-être m’apprendre certaines choses.

J’attendais qu’il s’éloigne un peu avant de le prendre en filature. Je le suivais tout en restant à une distance raisonnable. Ni trop proche, ni trop loin. Il fallait saisir le bon moment pour passer à l’action. Je restais derrière lui pendant encore un bout de chemin avant d’aller le coincer dans un coin sombre et à l’écart. Bref. L’endroit idéal pour faire ses petites affaires tranquillement. Je l’avais empoigné au col et plaqué contre le mur. Et je ne le lâcherai pas avant d’avoir quelques réponses aux questions que je me posais. Le regard que je portais sur lui n’avait rien de franchement amical. Normal, après tout. Je suis une Rebelle, lui, un pro-AT. Après avoir pris mon temps pour l’examiner, je figeai mes yeux dorés dans son regard bleuté :

« - Pro-AT, pas vrai ? Je pense qu’il vaut mieux pour toi que tu expliques rapidement le geste de tout à l’heure. »

Clap, clap, clap.... Les pas de la jument avaient finis par retrouver le silence quand le chemin se recouvrit de terre en s'engageant dans une petite bourgade.
Les lieux n'étaient pas des plus accueillant mais le trajet le plus court pour rentrer y passait et les chances de trouver un autre village avant la fin de la nuit en continuant d'avancer était minimes.

Il descendit donc de sa monture qu'il laissa dans ce qui lui sembla être un grand padock libre et arpenta rapidement les rues en cherchant un lieu ou passer la nuit.
Auberge, gite, dortoir, banc, ... n'importe quoi.

N'importe quoi... Mais pas ça.
D'une force étonnante pour son gabari, une femme surgit de l'ombre et le maintint violement contre le mur rugueux.
Bien que la ruelle s'y pretait, elle se semblait pas rechercher une occupation nocturne et le questionna vivement;

- Pro-AT, pas vrai ? Je pense qu’il vaut mieux pour toi que tu expliques rapidement le geste de tout à l’heure.

Un rictus se dessina sur les levres d'Elyin.
Arrogante, sur d'elle, meprisante, hautaine, ... Rebelle. Et libre. Mauvaise association d'idée...
Que ressentait-il lui? Etait-ce de la haine pour son ennemi? De la colère contre ses assassins? De la jalousie face à ce monde qui aurait put etre le sien? Une chose etait certaine, il n'était pas doté de bon sentiments envers son agresseur qui le lui rendait bien.

Il plia la jambe vivement et attrapa le poignard fixé à son mollet et l'applica fermement sur le cou de la rebelle. La tension était palpable, mais il s'en delectait. Non pas qu'il estimait la tenir à sa merci, Elyin était parfaitement conscient qu'elle n'était pas humaine et ne risquait sans doute pas grand chose dans cet affrontement. Que le couteau ne faisait qu'affirmer sa... légère desaprobation, toute légère face à l'allegeance de l'inconnue.

- Expliquer? Mais avec plaisir, je suis bien désolé qu'on ne t'ai pas enseigner le combat à la Rebellion, quoique cela explique sans doute beaucoup de choses... C'est très simple, tu attaque, desarme ou trouve une faille, arrete le coeur et enventuellement tu peut finir en découpant la gorge et autres parties si elles t'interresse. Mais à ce stade ça risque de devenir compliquer a comprendre pour toi...

Les yeux de l'humain brillaient en sentant la tension. Se battre, meme sans blesser mais avoir un affrontement, un vrai, contre ceux qui lui avaient arraché son avenir.

La réponse ne se fit pas attendre. L’homme réagit rapidement et sortit un poignard qu’il plaqua contre ma gorge. Hum … Arme classique. Elle n’était pas en argent et ne représentait, donc, aucun véritable danger pour moi. Pourtant, ça ne l’empêcha pas de prendre un malin plaisir pour m’expliquer ce qu’il avait fait à l’autre homme. Il me provoquait mais je ne partirais pas dans son sens. Je ne répondrais pas à son discours par la violence. Je pourrais facilement me dégager de son arme mais pourtant, je restais là à le fixer, immobile. L’atmosphère était de plus en plus tendue mais étrangement, ça ne me dérangeait pas. Ça m’amusait presque. Un léger sourire apparu sur mon visage. Je n’allais pas le tuer. Peut-être que je me contenterai simplement de l’immobiliser. Ou peut-être que je ne lui ferais rien. Tout dépend de ce qui va arriver, à vrai dire.

Pour le moment, je me contenterai de répondre à sa provocation par une autre provocation. Peut m’importe qu’elle soit efficace ou non. Je voulais juste voir comment il réagirait et s’il gardait son calme jusqu’au bout. Rien de bien méchant. J’avais beau ne pas aimer les serviteurs du Démons, je ne tuais pas non plus de sang-froid. Je sais quand même maîtriser mon instinct. Comme la plupart de mes congénères. Et pour certains, heureusement qu’ils en ont le contrôle. Sinon, ça pourrait faire des dégâts :

« - Tu ne devrais pas faire mumuse avec ce genre d’objet. On ne t’a jamais dit que c’était dangereux ? Tu pourrais, je ne sais pas … Te couper, par exemple. »

Sans prévenir et pour prouver mes dires, je saisis le poignard -qui ne me fit rien de bien méchant- avant de l’écarter lentement de ma gorge. Maintenant, il était entre nous deux. Tout dépendra de ce que cet homme fera.

Par AT, qu'il est bon de laisser se consumer lentement cet immense bucher de haine! Si seulement l'adversaire pouvait etre plus agressif! La jeue femme ne repondit pas à Elyin, ce qui le frustra particulièrement. Frappes, enerve toi, cris, menaces, insultes! Non, elle prit le mome ton ironique que lui pour le provoquer à son tour.

IL grimaça. Il venait de tuer un homme, elle le savait mais venait le mettre en garde contre un couteau! Outre le fait qu'il s'était effectivement coupé par maladresse quelques jours plutot, il rageait d'admettre que la provocation de la rebelle avait fait mouche. Il mourrait d'envie de lui trancher la gorge pour lui montrer que, oui un poignard, ça coupe!

Un reste d'instinct de survie s'activa en lui. Tenter de tuer la femme qui visiblement était plus forte que lui serait dangeureux et il n'aurait droit qu'à une seule chance. Mais sa frustration balaya vivement sa raison. Marre de tourner en rond, marre de souffrir du bonheur des autres, marre de tuer des gens resignés, il voulait reelement agir!

- Ce couteau n'est pas stupide pauvre rebelle, il sait bien qui est destiné a vivre et qui ne merite que la mort...

Tant pis son agresseur éprouvait la satsifaction d'avoir reussit sa provocation. Elle prendrais ce plaisir quelques secondes.... pas une de plus. Il degagea vivement sa main de l'emprise de la rebelle et passa le tranchant de l'arme le long de sa gorge en l'appuyant fermement.

C'est là que les problemes commencèrent, en admettant qu'étre plaqué contre un mur par une femme forte comme un troll n'en est pas un. La lame sembla d'abord se heurter à du cahoutchou, difficile à couper, et quand il y parvint, il n'eut droit qu'a quelques goutess de san, à peine plus qu'une egratinure et la plaie se referma. Comme si elle n'avait jamais existé.
Sauf qu'elle avait existé. Et que maintenant, il allait falloir l'assumer.

[Je suis désolée. C'est court. o/]

Il venait clairement de faire une erreur. Le poignard m’avait à peine coupé la gorge et la plaie s’était aussitôt refermée. Dommage pour lui. Il avait tout à fait raison. Le couteau choisissait lui-même qui devait mourir mais apparemment, ce n’était pas moi. Pourtant, je n’avais pas envie de tuer cet homme. Il avait quelque chose d’intéressant. Je ne saurais dire quoi. Ou plutôt … Il y avait quelque chose qui m’empêchait de le faire. Qu’importe. Même si je ne le tue pas, je ne le laisserai pas repartir comme si rien ne s’était passé. Ça par contre, c’était hors de question. Je saisis lentement le couteau avant de le retirer de la main de l’homme ; puis, je le jetai au sol, à côté de nous. Aucun de nous deux n’en aura encore besoin. Je desserrai très légèrement ma prise de façon à ce qu’il ne sente pas trop oppressé mais qu’il n’est pas non plus dans l’idée de s’enfuir. Je tenais une prise. Pourquoi je la laisserai partir comme ça ? Enfin bref. Le jeune homme n’avait déjà que trop attendu sa réponse. Il était temps de rendre le verdict :

« - Tu as raison. Le couteau sait qui est destiné à vivre ou à mourir. Mais aujourd’hui, personne ne semble destiné à y laisser sa peau. Enfin … De toute façon, peu importe l’arme que tu pourras utiliser contre moi. Aucune ne sera vraiment efficace et je pense que tu connais la raison. »

Agitant un coup les épaules, Elyin tenta de se degager de l'emprise de la femme. Avec un succès semblable a celui d'un nain tentant d'imiter la demarche d'un elfe. Proche du zero infini.
Reprimant son envie d'hurler de rage et de frustration de ne pas pouvoir exprimer physiquement sa colère, si ce n'était sa haine, il se força a respirer doucement et encouter la voix douceureuse de la rebelle.
Son affirmation le fit tiquer et la curiosité l'emporta sur son desir de combat. Aucune arme efficace? En connaitre la raison? Sans aucun doute, elle faisait là allusion à sa race mais, ,contrairement à ce qu'elle semblait croire il n'en avait pas la moindre ideé. Il existait un tel nombre d'espece sur Terra! Toutes plus puissantes que les autres, si bien que l'il finissait par mettre les humains d'un coté, les autres de l'autre!

Mais la situation lui rappela une rencontre a Drayame quelque mois plutot... Alyna, qu'il avait revu dans des circonstances Chassant ces souvenirs, il revint sur leur première rencontre, comment elle s'était amusé, comme la rebelle a present, a lui faire deviner sa race.
Refusant de rentrer de le jeu des questions réponses avec une ennemie, il relacha la tension dans son corps, prenant presque appui sur Linvala, immobile.
Le regard aggressif, il devisagea sans gene la jeune femme. Plus petite que lui, moins musclée que ce que sa force pouvait laissé penser, elle avait un visage où s'exprimait l'autorité et une sorte de noblesse, trahissant ses origines non-humaine sans en reveler plus.

- Personne ne mourra? C'est trop de bon sentiments rebelle! Sincerement, je suis touché de voir que vous changez vos habitudes!

Il parlait d'une voix tranchante, sans peur. Avait-il encore quelque chose a perdre? Seul Jenifael comptait encore, mais le chemin pour la retrouver serait long... Alyna aurait put l'aider, mais il n'avait pas sut supporter la joie de la lycan, s'était laissé attirer par Nayris et avait tué ses seules chances de joindre sa moitié par l'intermediaire de sa meute... Que n'aurait-il pas donné pour croiser a nouveau la route d'un lycan!
Il stoppa le cours de ses pensées. Regarda a nouveau Linvala. En une seconde, il perdit son attitude beliqueuse:

- Par l'Empire... Tu serait une lycan? De la Meute?

Il était là, pendu au levre de Linvala qui pourrait en un seul mot reveiller un reste d'humanité en lui, un petit morceau de coeur echappé au tenebres de Limbes...

Tiens donc, il devint bien docile tout d’un coup. Et étrangement, quelque chose me disait que ça avait un rapport avec ma race. D’ailleurs, sa réaction m’étonna. Enfin … Un mot en particulier, surtout. La Meute. Il avait clairement dit ça. Certes, il en existe des centaines mais … Honnêtement, je ne voyais de quel autre meute il aurait pu parler. Je n’avais pas relevé sa première phrase que je jugeai bien inutile. En revanche, cet Humain m’intriguait de plus en plus. Je n’étais pas la première Lycan qu’il croisait. Ça, c’était certain. Mais alors qui avait-il vu ? John ? Alyna ? Les deux ? Toute la Meute ? Pour le moment, aucune idée. Mais bon, je ne m’inquiétais pas trop. J’aurai bien l’occasion de lui poser quelques questions à propos de certains sujets, après tout. Bref. Autant être franche avec lui. Je n’avais pas grand-chose à perdre. Surtout qu’il avait déjà l’air d’en savoir beaucoup à notre sujet. Un petit sourire s’afficha alors sur mon visage :

« - Vu ta question, j’en déduis que je ne suis pas la première Lycan que tu croises. Quand à si je suis de la Meute … Et bien, vois-tu, je suis l’Alpha depuis peu. Mais dis-moi, qui connais-tu d’autre ? Alyna ? Ou peut-être John ? »

Elle sourit. Mais lui refuse d'y croire, attendant les mots, se maudissant en silence.
Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tot? Pourquoi avoir pris le risque de tuer ou plutôt d'etre tuer par celle qui pourrait l'aider?
Pourquoi? La réponse était rapide mais effraya quelque peu ce qui restait de sa conscience. Nayris ne cessait de faire sentir son influence sur lui... Pour la guerre, parce que la femme était son ennemi, il aurait laissé passé une chance de retrouvé son aimée.

« Oui... »Il repoussa tout les souvenirs, heureux ou douloureux, liés a ces deux lycans. John et Alyna....
«Oui, je les connait... connaissait... » Peut on reelement connaitre quelqu'un ainsi? Les gens qu'il avait connu dans son passé le reconnaitrait-il aujourd'hui? Jenifael l'avait-elle oublié? Il secoua la tête, chassant définitivement ce qui s'y agitait.

«Qu'importe... Jenifael.. Je la cherche.. Dis moi ou, quand la trouver. »

Il s'arreta, cherchant a deviner dans le regard de la rebelle la façon dont elle allait reagir a cette requete. Repoussant sa rancoeur, il ajouta:

«S'il te plait»

… « S’il te plaît » ? Alors ce mot existait dans le langage des Pro-AT ? Décidément, on en apprend tous les jours. Hum. Trêve de plaisanteries. Il avait l’air sérieux et je le trouvais particulièrement touchant. Mais malgré son discours, je ne me laisserai pas attendrir si facilement. La Meute est un endroit que je protègerai au péril de ma vie et je choisis avec soin toutes les personnes hors Lycan qui y pénètre. Jusqu’à présent, la seule personne qui n’est pas Lycan et qui y est déjà allée, c’est Lara Lidwin. Qu’est vraiment Jenifael pour lui ? J’en ai une petite idée. Et je ne serai pas contre ce genre de relation. En revanche, j’ai dit que je protègerai les miens et de ce fait, il me faudra des preuves solides pour qu’il puisse la voir. En dehors de la Meute, cela va de soi. Pas question qu’il ne rentre à l’intérieur. Je desserrai encore un peu ma main :

« - Je vois … Mais dans ce cas, prouve-moi … »

Un léger temps d’arrêt, de réflexion ; avant de reprendre :

« - Prouve-moi … D’une quelconque façon, celle que tu veux, que tu ne lui ferais aucun mal. Après tout, tu aurais très bien pu demander ce service à John ou à Alyna, puisque tu les connais. »

"Lui faire du mal? " repeta Elyin mentalement. Il ouvrit la bouche pour protester mais la referma rapidement. Si la chose était complètement abberante, dire à Linvala qu'elle perdait la tête ne serrait pas forcement l'argument le plus convaincant. D'un autre côté il ne se sentait pas spécialement disposé à raconter à la rebelle - car bien que celle ci soit utile, elle n'en restait pas moins une rebelle avec tout les noms d'oiseaux que l'on peut leur associer- toute son histoire. Avoir passer trois mois dans les limbes, refuser le repos éternel pour revenir voir Jenifael, être entré dans l'armée d'AT pour rendre leur histoire possible... Peut être en savait-elle déjà une partie. Mais cette histoire leur appartenait et une rebelle, de la meute, n'inspirait pas un grand desir de partage à Elyin.

- Je tiens a elle. Je ne suis sans doute plus d'un naturel calme et délicat - il ponctua sa phrase d'une grimace d'excuse qu'il lui fallait bien présenter pour obtenir ce qu'il voulait - mais je sais qu'avec elle je ne pourrais pas lui faire du mal, elle compte trop a mes yeux et sa sécurité compte avant tout pour moi... Je ferais tout pour elle, tu vois?

Sa voix s'était baissé et brisée sur la dernière phrase. Il fallait qu'il la retrouve, a tout prix. Il fallait qu'ils soient réunis, Nayris elle même l'avait laissé repartir pour cela. Loin d'elle depuis trop longtemps...

Tenir à elle, ne pourra pas lui faire de mal, compte trop à ses yeux et fera n’importe quoi pour elle. D’accord. C’était des arguments assez basiques bien qu’ils soient valables. Et même s’il avait l’air sincère, j’hésitai. Après tout, ça reste un pro-AT. Il pourrait très bien bluffer. Enfin pour une fois … Il est vrai que je pourrai faire un effort et mettre un peu de côté le conflit entre AT et nous, les Rebelles. Pendant un temps … Même si je doute fort de pouvoir lui faire un jour entièrement confiance. Oui, non. Ça, ce sera toujours mission impossible. Il fallait que je prenne une décision assez rapidement. Mais je voulais aussi prendre la bonne. Ouais … J’avais besoin d’un peu plus d’arguments pour être sûre que ce type n’essaye pas de m’avoir :

« - Je vois … Mais tu comprends bien que je ne peux pas t’accorder ne serait-ce qu’un peu de confiance comme ça. D’ailleurs, je suis sûre que c’est pareil pour toi. Ne compte pas me convaincre aussi facilement. Tu vas devoir faire tes preuves, mon grand. »

Il retint de justesse un soupire agacé. La reaction de Linvala était parfaitement logique mais sa façon de le dire… Et puis qu’attendait-elle au juste ? Il ne disposait de rien d’autre que de sa parole pour se défendre ! Lui raconter son histoire ne la rassurerais certainement pas, il est bien connu que Nayris renforce le mal dans le cœur des hommes…
Elyin ferma les yeux, cherchant a retrouver les traits de Jenifael dans son souvenirs. Son rire, sa voix, ses larmes, ses yeux d’or, ses fines mains… Apaisé, il rouvrit les yeux et tenta a nouveau :

- Elle le voudrait, elle … Il s’arrêta. Il connaissait suffisamment Jenifael pour savoir que, si elle le savait en vie, elle ne refuserait pas de le revoir. Mais si elle s’était reconstruite une vie… Pouvait-il se permettre a nouveau de faire irruption et bouleverser les repères de la lycan ? Oui, au moins pour la voir, une dernière fois… Et si elle est heureuse sans moi, je disparaitrais, je n’aurais été qu’un fantôme surgissant de son passé et ne reviendrais plus…
- Je doit lui rendre ceci … Il passa la main dans son cou et attrapa la corde de cuir qui retenait la pierre émeraude qu’elle lui avait offert.
- Laisse-moi juste le lui rendre… Je ne souhaite pas qu’elle souffre, je ne lui veux aucun mal… Juste la revoir. Il sourit et ajouta humblement « comment veut tu que je parvienne a lui faire quoi que ce soit ? Si elle ne souhaite pas me revoir elle saura me mettre hors d’état de nuire. Et si elle le souhaite, c’est à toi de lui permettre de me revoir.

D’accord. En voyant le collier et la pierre précieuse, on pouvait changer d’avis. De plus, il n’insisterait pas si elle n’avait pas envie de le revoir. Enfin … Je doute fort qu’elle n’en ai pas envie. Je laissai un soupir s’échapper. Je ne savais pas trop quoi faire. En fait, j’hésitai. Je voulais prendre la meilleur décision et il s’avérait que c’était celle-ci. Après tout, ce genre de situations n’arrive pas tous les jours, et heureusement ! Donc pour une fois, je pouvais bien faire quelques concessions … Surtout si ça peut faire plaisir à l’un des mieux et l’occurrence, ça avait l’air d’être le cas. Bon … Ce sera la première et dernière fois que je fais quelque chose comme ça :

« - Je comprends. … Je peux bien faire un effort pour une fois. Tu la trouveras au Drayame, je pense. Mais attention ! Si je te vois rôder autour de la Meute, sache que ce sera là ton dernier geste. »

Le drayame... Pas si loin de Sen'stura! Faire tout ce chemin pour revenir sur ces pas... Non, ce n'était pas rageant, légèrement frustrant mais qu'importe. Il avait ce qu'il voulait. Il allait retrouver Jenifael. Ne la quitterais plus jamais.

Celle qu'il appelait "la main de Nayris", mais qui semblait plutôt être une conscience mauvaise, née de son passage dans les limbes, grogna et resserra son emprise sur son esprit. "Non, non, je ne quitterais pas l'armée" la rassura-t-il, peut desireux d'entamer un combat intérieur que sa partie plus libre perdait systématiquement.
Le mal s'accentua encore, Elyin ne devait pas prendre conscience de cette dualité. Il n'y avait pas confrontation du bien et du mal en lui, juste une domination du bien par le mal.

- Parce que la Meute aurait quelque chose a craindre d'un partisans de l'Empire? N'était pas "neutre" ta joyeuse troupe? Sa voix était teinté d'une ironie qui accompagnait un sourire moqueur.

- Je n'ai ni les moyens, ni l'envie de m'approcher de votre repaire. Tant que c'est un abri et une protection pour Jenifael, je n'ai rien contre. Seulement, si cela devient une prison pour elle... Il ne finit pas sa phrase, non pas pour paraître menaçant, ni parce qu'il ne savais pas ce qu'il ferait, mais parce que Linvala comprendrait très bien le message. Lui, Elyin, n'était pas un haut général ou un riche noble aux moyens immenses. Mais il ferait tout ce qu'il pourrait pour retrouver Jenifael. Tout.

Ne pas le frapper … Ne pas le frapper … Ça lui ferait trop plaisir. Je lui avais déjà fait une faveur alors pas question de lui en faire une seconde. La suite de ses paroles ne me plut pas plus. Une prison ? Elle était bonne celle-là. Les Lycans entraient et sortaient de la Meute selon leur bon vouloir. Et je ne surveille pas leurs moindres faits et gestes. Après tout, pour la plupart, c’est plus un refuge qu’autre chose. Mais en aucun cas je ne me permettrai d’interdire à un Lycan d’aller se promener. Penser le contraire, c’est très mal me connaître. A partir du moment où ça ne nuit pas à la tranquillité et à la sécurité de la Meute. Mais bon, jusqu’à aujourd’hui, ce genre de chose n’est jamais arrivé malgré les phénomènes qu’il y a dans la famille. Maintenant, je lui tenais juste le col sans aucune pression :

« - Ne parle pas de ce que tu ne connais pas. Jamais la Meute ne sera une prison pour un Lycan. Mais ça ne m’étonne pas que tu ne comprennes pas ça. Tu t’en fous peut-être mais je m’appelle Linvala, au fait. »

Elyin croisa les bras sur son torse, nonchalamment adossé sur le mur. Plus grand que Lin, il savait très bien qu'il ne faisait pas le poids en force. Et ses pensées s'étaient déjà envolées plus loin...

- A force de trop les protéger... Mais soit, c'est tes affaires et tant que la meute n'entre pas dans mes missions je ne m'en approcherais pas. Non pas que l'envie m'en manque mais rien que pour l'odeur... je suis pas trop chien chien en fait.

Il n'était pas inquiet. Elle ne le tuerais pas, elle l'aurait fait depuis longtemps si elle avait voulut, mais quelque chose la retenait. De la bonté? De l'honneur? Non, ça devait plus être de l'ennui. Peur de tacher ses vêtements sans doute...

- Je te doit sans doute un remerciement. J'ai déjà fait l'erreur de m'engager envers une lycan qui me sauva la vie... Meme si c'est un peu ma vie que tu sauve si je trouve bien Jenifael la-bas, je ne peut pas franchement m'engager envers une rebelle... Bah, on sait jamais, tente toujours si tu as besoin de quelque chose, que tu te retrouve dans nos prisons, demande Elyin. Je t'apporterais des croquettes.

Sa provocation commençait à devenir ridicule. Je commence à croire que les pro-AT ne savent vraiment pas se battre et que de ce fait, ils utilisent la provocation. Ça ne m’étonnerait pas d’eux, après tout. Ils font les malins mais au fond … Ils ne doivent pas être si dangereux que ça. Enfin ça, c’était dans l’éventualité où ils seraient tous comme, euh … Elyin. Et même si sa proposition pouvait paraître intéressante … Non, je n’avais pas franchement l’intention de me retrouver dans la prison de Sen’tsura. Quoique ça pourrait être un bon moyen pour m’approcher de lui et lui régler son compte. Mais pour le moment, ce n’est pas au programme. Et comme je l’ai déjà dit pour à peu près les mêmes raisons, je ne tiens pas à lui faire plaisir. Bref, autant m’arrêter là. Je commence à radoter et ce n’est pas bon signe :

« - Tu es drôle, tu sais. Ce sont bien des paroles dignes de pro-AT. M’enfin, je n’ai pas l’intention de finir là-bas, de toute façon. C’est dommage mais je crois bien que nous ne nous reverrons pas de sitôt. Pour cette fois, je te laisse la vie sauve. Mais je ne l’ai fait que pour Jenifael et puis … Ce n’est que partie remise, ne t’en fais pas. »

Il est un moment où il faut savoir lacher prise. Elyin regarda plus gentillement la jeune femme. Il n'était pas mecontent de l'avoir connu au fond. Et peu de vies ne sont qu'un tracer rectiligne et previsible. Peut etre se reverraient-ils.

- Merci. Articula-t-il, sincère. Elle n'était pas parfaite, elle avait ses bons et ses mauvais coté. Il lui semblait la connaitre depuis des mois... Un etrange sentiment de culpabilité l'envahi... Et si ... Et si ... Tant de si, tant de choix qu'il avait fait et qui rendait aujourd'hui la situation impossible.

- Désolé, Ajouta-t il avec un sourire gené.

Il se degagea doucement de son emprise et fit quelques pas en arrière. Dans une autre vie il l'aurait fait un calin... et elle lui aurait mit une claque.
Il la regarda une dernière fois, et sans s'attarder sur des adieux pesants, il tourna les talons et s'en alla. Un sourire sur les lèvres, la conviction d'avoir fait le bon choix dans la tete, un nouveau souffle dans les poumons, un pincement sur le coeur.