"La vache, comme ça pêle ici !!"

Odysse venait à peine de dire au revoir à son ancienne famille qu'il réalisait la température qu'il faisait sur le port de Cadrak. Enfilant rapidement son manteau, il se mit à marcher en direction d'une auberge, histoire de se réchauffer un peu.

Le paysage du port laissait un peu à désirer. Tout semblait construit dans le même bloc de pierre, encore que différentes structures venaient apporter un peu de modernisme dans tout ça... mais ne réchauffaient pas pour autant l'atmosphère.
A force d'errer le long des quais, Odysse finit par trouver une vieille auberge à l'apparence un peu plus chaleureuse que le port plongé dans le brouillard. Il pousse la porte en bois et pénètre dans la salle principale, vide. Pas un seul marin, pas une seule personne en train de cuver son vin, rien, mis à part le tenancier en train d'essuyer quelques tables.

A la vue de son client, il ouvre de grands yeux d'étonnement, avant de se ressaisir et de passer derrière son comptoir.

- Que puis-je pour vous voyageur ?

Il avait une voix rauque et agressive, mais Odysse avait l'habitude de ce genre d'accueil. il avait vécu presque toute sa vie en compagnie de pirates, et les aubergiste de l'archipel de la Muerta sont loin d'être les plus agréable et les plus heureux de voir du monde arriver.
Sans se défaire de son sourire, Odysse vient s'accouder devant l'homme en tapotant légèrement le comptoir.

- Bonjour vieil homme. Je viens tout juste de débarquer et je cherchais un endroit au chaud pour manger et dormir... mais je vois que l'auberge est vide. Y aurait-il quelque chose qui fasse fuir le client que je doive savoir ?

L'homme le regarde avec un oeil mauvais, relevant les remarques acerbes que lui lance son client. Il ouvre alors une bouche remplit de dents moisies.

- L'auberge est vide parce que c'est la saison de la chasse, étranger. Le port est vidé de ses hommes, sinon des commerçants et des gardes, pendant encore plusieurs semaines. Et rares sont les bateaux qui viennent jusqu'ici pour accoster...

- Ah, pourtant la Tulipe Noire m'a bien déposé ici, étrange que vous disiez ceci.

Dire le nom de son navire de pirate avait eu l'effet voulu. Odysse savait que son navire avait une certaine réputation dans les ports proches du cimetière des épaves.
L'homme fit un mouvement de recul et ouvrit de grands yeux effrayés. Il ouvrit la bouche, comme pour dire quelque chose, mais rien ne semblait sortir de sa bouche.

- Enfin, qu'importe, je suis là pour manger et me reposer... Enfin, me reposer... aurais-tu connaissance d'un lieu avec des femmes par hasard ? J'avoue que la traversé depuis l'archipel a été longue, et je commence à douter de mes capacités... Il faut que je vérifie.

Cette fois encore, en entendant "l'archipel", le vieillard fit un mouvement de recul, avant de déglutir bruyamment.

- Allons vieil homme, je t'ai demandé s'il y avait des filles par ici. Vous vous reproduisez entre homme dans ce pays ? Ou alors avec les baleines peut être...

Toujours choqué, le vieil homme parvint néanmoins a reposer son torchon et a sortir une chope qu'il remplit de bière.

- Les filles ne descendent ici que plus tard dans la journée. Mais ne vous inquiétez pas, elles vous plairont surement !

- Nous verrons...

Odysse regardait déjà vers l'escalier, espérant voir arriver une de ces filles. il saisit rapidement la chope que le tavernier venait de poser et en bue une gorgée.

"Pas mauvaise, ça change de la pisse qu'on boit dans les îles..."

- Et... je peux savoir combien de temps vous comptez rester ?

Le tavernier semblait inquiet à l'idée qu'un pirate reste dormir chez lui.

- Ola vieillard, n'ai pas peur comme ça ! Je ne vais rien te voler, je viens juste reprendre quelques forces, et j'ai de quoi payer, ne t'en fais pas.

En voyant la petite bourse accrochée à la ceinture de Odysse, le tavernier sembla se calmer, reprendre un peu confiance en lui.

- Vous avez quoi de bon à manger sinon ? Votre bière est bien bonne mais elle passerait surement encore mieux avec quelque chose dans l'estomac...

- Il y a un porc qui est en train d'être cuit, pour ce soir, mais il va surement falloir encore attendre quelques heures pour y goûter. Il reste un peu de poisson de ce midi, et du pain, mais plus très frais malheureusement...

- C'est pas grave tavernier, envoi moi un peu de chaque, avec un peu de beurre, ça me calera le ventre.

Le tavernier alla chercher ce que Odysse venait de commander, tandis qu'il sirotait sa bière, tourné vers la porte d'entrée cette fois.

"Bon... ça va pas être simple de trouver du travail si aucun bateau n'est au port en ce moment... plus qu'a espérer qu'il y ai encore quelques bourgeois à détrousser, ne serait-ce que le temps que les bateaux reviennent..."

Le vent glacial se faisait de plus en plus agressif. A présent Enilos ne pouvait plus nier le fait qu'elle avait besoin de repos et surtout de chaleur. Elle frissonna l'espace d'un instant avant de se frictionner comme elle le put les épaules de ses mains engourdies. Si elle ne trouvait pas rapidement un moyen de reprendre des forces, elle n'allait pas tarder à claquer des dents.

*Fait chier ! Si cet empafé s'était pas foutu de moi avec sa pisse je serai réchauffée à présent... *

Cette pensée l'énervait tellement qu'elle shoota dans une carcasse de tonneaux qui trainait sur son passage. C'est alors qu'elle se rendit compte qu'elle ne ressentait plus rien ... Le froid avait tellement ankylosé ses pieds que même un coup tel que celui-ci ne lui fit pas sentir la moindre sensation. Ses yeux s'écarquillèrent et elle laissa s'échapper un petit "Poulalaaa" traduisant son pessimisme face à la situation. Cependant, elle eut juste le temps de lâcher un soupire avant qu'une voix ne l'interpelle.

- Et bien jeune demoiselle, je constate qu'il ne fait pas bon vous contrarier. Néanmoins, je suis sur que vous auriez pu profiter d'une meilleure boisson... Et puis vous êtes bien venu dans ce bâtiment pour une bonne raison, il serait dommage de s'en aller sans avoir obtenu ce que vous vouliez, non ?

- T'as tout comprit l'ami, pour l'heure on m'fait pas de fleur.

Enilos savait pertinemment qu'elle se ridiculisait en disant cette phrase mais elle était sorti toute seule ... faut dire que ça peut abimer de faire la route en solitaire durant deux longues années. Surtout qu'elle a toujours eu un caractère aussi instable que son humeur. Une bourrasque surprit alors la jeune femme en lui ôtant sa capuche laissant ainsi apparaître ses cheveux bruns aux reflets roux et son tien pâle. Ses yeux étaient mi-clos durant ces quelques secondes pour éviter de se prendre les désagréments entrainés par le vent. Lorsqu'enfin il s'estompa, la jeune femme -qui avait fait contre poids de son corps pour ne pas reculer- fit aussitôt quelques pas en avant. Elle n'avait plus vraiment de forces, le froid et la fatigue l'en avait dépouillé. Elle se tourna alors vers l'inconnu avant de lui faire un petit sourire rêveur.

- Je crois que je vais dormir un peu dans cette ville grise ...

A moitié assommée, Enilos se laissa presque tomber contre le mur non loin d'elle avant de fermer les yeux.

- T'as tout comprit l'ami, pour l'heure on m'fait pas de fleur.

La jeune femme avait tenté de dire ça avec aplomb, mais on percevait facilement le froid qui commençait à la faire tressaillir et bredouiller. Odysse laissa un nouveau sourire se graver dans son visage, et s’apprêta à lui parler à nouveau, lorsqu'une bourrasque de vent et de neige fondu s'en prit à eux. Elle fut courte, mais réussi à faire voler ce qui couvrait le visage de la jeune femme. Des cheveux auburn se mirent à voler et à lui fouetter le visage, un visage presque aussi blanc que la neige.

*Hm, intéressante cette petite... mignonne en plus...*

La bourrasque se calma, mais avant même que Odysse ne puisse dire quoique ce soit pour tenter de la charmer, elle se tourna vers lui et le regarda avec des yeux endormis.

- Je crois que je vais dormir un peu dans cette ville grise ...

A peine avait-elle dit ça qu'elle s'appuya contre un mur avant de se laisser glisser. Odysse se jeta rapidement vers elle et la rattrapa avant qu'elle ne s'écrase dans la neige fondue qui parsemait le sol. Le vent se remit à souffler un peu plus fort, et la neige commençait à tomber sur le visage évanouie de la jeune femme.

- Oh, bien, moi qui adore que les filles tombent à mes pieds...

Avec un rire ironique, Odysse passa un bras derrière les épaules de la jeune femme, et l'autre en dessous de ses genoux, pour la soulever et la maintenir contre lui, l'emportant vers l'auberge non loin.

Il ouvrit la porte d'un coup de pied, s'engouffrant dans la chaleur et le calme. Refermant d'un autre coup de pied, il se dirigea rapidement vers le comptoir, où le tavernier le regardait avec des yeux ébahis.

- Qu'est-ce que...

- Je crois que je vais aller dans ma chambre maintenant, si ça ne dérange pas. Où est-elle ?

Toujours en bredouillant, l'aubergiste passa lentement devant lui et le conduisit à l'étage du bâtiment, l'amenant jusqu'à une porte non loin du palier. Il ouvrit la porte d'une petite chambre avec un grand lit et un petit meuble, éclairé par un faible feu dans une cheminé au bout de la pièce. Une petite lucarne était déjà couverte de neige devant la tempête qui s'agrandissait au dehors.

- Merci vieil homme, tu peux nous laisser...

L'homme fit demi-tour et s’apprêtait à sortir, avant que Odysse ne l'interpelle à nouveau.

- Ah, et au fait, pour les filles, plus la peine de vous occuper de moi, je pense que j'aurai suffisamment à faire ce soir. A plus tard.

Une fois la porte refermée, Odysse reprit un air sérieux et alla poser la jeune femme sur le lit, enlevant les couvertures qui le couvrait. Il traîna le lit jusqu'au pied de la cheminé avant d'enlever les vêtement trempés de la femme, la recouvrant rapidement avec les couvertures sèches ainsi que le propre manteau qu'il avait eu le temps de faire sécher pendant les manoeuvres.
Mettant plusieurs bûches dans le feu, il traîna un tabouret au pied du lit et se concentra, la main droite tendue vers le feu qui grésillait paresseusement.
Doucement, les yeux fermé et aussi concentré qu'il l'est dans ce genre de situation, il envoya une boule de feu qui eu pour effet d'augmenter l'intensité de celui de la pièce. Très vite, la chaleur se fit plus forte, et Odysse s'appuya contre le mur, toujours assis, les yeux fixé sur la jeune femme évanouit dans le lit. La tête lui tournait légèrement, mais il en avait l'habitude.

* Il faudra que j'aille lui chercher de quoi manger quand ce sera l'heure du repas, sait-on jamais, si elle se réveille avant la nuit... Sinon, ça peut attendre demain. *

Et Odysse resta assis à côté du lit, les yeux posé sur les couvertures se soulevant et se baissant au rythme des respirations de celle qui dormait dans son lit...

La nuit était tombée très vite sur la ville. La tempête ne s'était pas calmée, et quelques pécheurs étaient rentrés au port, surement pour éviter le plus gros. En bas, dans al salle commune, quelques discussions s'élevaient à travers le plancher, et parfois, le rire d'une des filles dont l'aubergiste avait parlé. Il ne semblait pas y avoir beaucoup de monde, du moins pas plus que quand Odysse était descendu prendre une assiette de viande, une cruche d'eau et une choppe de bière, les remontant dans la chambre, la posant sur le meuble non loin du lit.
La jeune femme dormait toujours, mais était particulièrement agitée.

Se remettant assis sur le tabouret, Odysse se plongea dans la contemplation du feu, sa main frottant négligemment son poignée droit.

- Tu sais, ce n'est pas en exprimant ce genre de contact physique avec moi que tu trouvera des réponses...

Odysse ne sursautait plus lorsque Noir, l'entité vivant dans son bracelet, se mettait à parler. Lentement, il leva le bras et porta le bracelet à hauteur de ses yeux.

- Ah tu sais peut-être les questions que je suis en train de me poser ?

Face à lui, le petit visage gravé dans le bois magique lui lança un regard hautain, comme à son habitude.

- Voyons, tu sais très bien que je suis la connaissance incarnée... Comment pourrais-je avoir cette prétention si je ne savais même pas le fond de tes pensées ?

Pour toute réponse, Odysse leva un sourcil, avant de regarder à nouveau le feu face à lui, laissant retomber son bras.

- Tu te demande ce que tu fais à attendre ici. Tu aurais pu laisser la petite seule et commencer tes recherches... Bien que tu ne saches pas vraiment par où commencer... Et si tu veux une réponse, je dirais que tu es encore ici justement parce que tu ne veux pas les commencer maintenant, tu préfères repousser l'échéance, car lorsque tu auras commencé, tu ne pourra plus...

Odysse ne l'écoutait plus... Noir parlait beaucoup... Trop parfois, et depuis le temps, il avait pris l'habitude de l'ignorer. Noir le savait et stoppa aussi net de parler.
Il se leva et fit rapidement le tour du lit pour regarder par la fenêtre couverte de neige. Dehors, il faisait noir, et il ne discernait plus grand chose.

- Tu devrais peut être te reposer un peu, la traversée a été longue, et il fait nuit, tu ne va rien gagner à rester éveillé pour surveiller une fille endormie...

- Oh, tu t'inquiètes pour ma santé ? Intéressant... Le bracelet deviendrait-il plus humain avec le temps ?

- Humain... ne m'insulte pas, tu sais parfaitement que ta survie m'importe peu.

- Tu t'inquiète néanmoins....

Odysse se retourna et regarda la jeune fille, se tournant et se retournant dans son lit. Lentement, il retourna vers le tabouret et s'assis dessus, manquant faire tomber la choppe posée au sol au passage.

- Repose toi, tu auras tout loisir de réfléchir à l'aube, et tu devras surement trouver par où commencer tes recherches.

- Hm, pour cela, je vais me fier à la connaissance incarnée que j'ai accrochée autour du poignée.

Noir se tut à nouveau, laissant Odysse dans un silence seulement perturber par la faible agitation à l'étage inférieur.


Il avait terminé son verre lorsque la fille s'arrêta brusquement de bouger, pour se redresser tout aussi brusquement sur le lit, retenant de justesse les couvertures couvrant sa nudité. Elle semblait désorienté et regarda tout autour d'elle avant de l'apercevoir.

- Mais qu'est-ce que vous me voulez à la fin ?!

Odysse se redressa sur son tabouret, les sourcil haussés. Il ne savait pas ce qu'elle voulait, mais tout portait à croire qu'elle était encore à moitié dans ses songes. Et elle dut s'en rendre compte car elle rougit légérement avant de baisser les yeux sur le lit.

- Euh, je suis dés... enfin mer... bref, c'est sympa

Odysse sourit. Cette jeune femme avait un caractère vraiment spécial, et elle ne semblait pas du tout dans son élément. Pourtant, une légère méfiance naquit en lui. Quelque chose clochait dans sa manière d'être, mais il ne savait pas ce que c'était.
La jeune femme fit le tour de la pièce du regard, avant de revenir poser ses yeux sur lui, esquissant un sourire qui lui paraissait relativement forcé.

- Haha, dîtes moi, tout cela est gratuit pour moi n'est-ce pas ? Haha

Il sourit à nouveau, avant de se pencher vers elle en croisant les mains sous son manteau.

- Oh ne vous inquiétez pas, j'ai eu largement de quoi me faire rembourser.

Il laissa aller une de ses mains, désignant le corps de la jeune fille. Il savait déjà de quelle manière elle réagirait, mais il n'y prêta pas attention. Il se releva avec un soupir et se mit à marcher vers la fenêtre, faisant le tour du lit.

- Il fait encore nuit, et vu dans quel état le temps de cet après-midi vous as mis, je vous conseillerais de rester vous reposer au moins jusqu'à demain matin.

Il se retourna vers elle en croisant les bras, prenant appui sur le mur avec son dos.

- Sauf si bien sur cela ne vous convient pas. Mais je ne vous rattraperai pas cette fois, libre à vous de passer la nuit dehors par ce temps.

Il avait pointé son pouce par dessus son épaule pour lui montrer le temps au dehors.
D'une légère poussée, il se dégagea du mur et fit un pas vers le lit.

- Je vous ai remonter à manger. Ca n'est pas le grand luxe, mais ça devrait vous remplir l'estomac et vous redonner un peu de couleur... Enfin, peut-être, ce n'est pas dit que votre visage pâle soit dû à votre faiblesse...

Il la fixa dans les yeux, la laissant comprendre ce qu'elle voulait bien. Puis, lentement, il refit le tour du lit pour revenir prêt de son tabouret.

- Vos vêtements sont accrochés là -il désigna la masse de tissu suspendu prêt de la cheminé- mais je ne pense pas qu'ils soient encore tout à fait sec. Vous avez dû marcher un bon moment. Enfin...

Il laissa sa phrase en suspend et la regarda à nouveau dans les yeux, attendant une réaction de sa part...

La phrase d'Enilos semblait faire sourire son hôte. Etait-ce une bonne chose ? La jeune femme se posait la question mais lorsque l'étranger lui répondit en la désignant comme si il avait "rentabilisé" sa présence, son sang ne fit qu'un tour. C'est alors qu'il se releva pour vagabonder jusqu'à la fenêtre en un soupir. L'un des sourcils de la brunette la titillait prévenant ainsi d'un assaut imminent, il fallait juste laisser le temps à l'information de monter au cerveau.

- Il fait encore nuit, et vu dans quel état le temps de cet après-midi vous as mis, je vous conseillerais de rester vous reposer au moins jusqu'à demain matin. Sauf si bien sur cela ne vous convient pas. Mais je ne vous rattraperai pas cette fois, libre à vous de passer la nuit dehors par ce temps.

Il était à présent retourné, dos au mur et indiquait le temps dehors à travers la fenêtre. Bien qu'Enilos n'écoutait que d'une oreille depuis qu'il avait balancé sa réplique sarcastique, elle allait rétorquer lorsqu'il reprit la parole.

- Je vous ai remonté à manger. Ca n'est pas le grand luxe, mais ça devrait vous remplir l'estomac et vous redonner un peu de couleur... Enfin, peut-être, ce n'est pas dit que votre visage pâle soit dû à votre faiblesse...

A peine avait-elle ouvert la bouche pour prendre la parole, qu'il l'avait prit à sa place. De plus, il avait dit le mot magique "manger" mais elle n'était pas comme ça, la jeune femme allait réussir à se contenir.

- Vos vêtements sont accrochés là mais je ne pense pas qu'ils soient encore tout à fait sec. Vous avez dû marcher un bon moment. Enfin...

Il était à présent retourné près de son tabouret et la regardait à nouveau dans les yeux. Enilos n'aimait pas ça, pour ne pas dire pas du tout. Cela faisait à présent plus de deux ans qu'elle n'était restée en compagnie de quelqu'un plus de quelques minutes et le fait de savoir que l'individu l'avait veillé la dérangeait quelque peu. Bien que paradoxalement, elle l'aurait remercié si sa fierté mal placée ne l'en avait pas empêché. Mais il y avait dans les yeux de cet homme quelque chose qui la troublait; il avait les mêmes pupilles que les gens qu'elle avait rencontré sur son chemin. Bien que celui-ci lui ait prêté main forte, elle avait l'intuition que cet homme avait déjà tué. Et tout le problème était là; la petite Enilos du haut de ses 1m68 n'avait jamais au grand jamais discuté avec un meurtrier auparavant. Car toutes les personnes de son villages n'étaient que des fermiers au service de sa famille. Pour elle, ce n'était donc pas chose commune mais il ne s'agissait là que de simple suppositions de sa part. Afin d'atténuer ce sentiment désagréable, la jeune femme ferma les yeux et lui répondit d'un ton très sure d'elle.

- Très bien, j'accepte tes excuses pour le mensonge à mon sujet. Mais la prochaine fois fais pas ton piranha.

A son village, lorsque l'on disait à quelqu'un qu'il était un piranha, cette personne ne pouvait que mal le prendre. Il faut dire que ces animaux sont parfaits pour traduire le fait d'avoir une grande gueule et rien d'autre qui suit. Enilos eut un petit sourire en disant cela en s'imaginant que cette expression n'était propre qu'à son village et le fait qu'il ne comprenne pas l'amusait un peu. Aussi, la rebelle savait pour le mensonge puisqu'elle avait vécu toute son adolescence à avoir peut qu'on ne la viole durant son sommeil (paranoïa temporaire). Du coup chaque matin la terreur aux ventre elle se réveillait en sursaut jusqu'au jour ou elle comprit que si c'était le cas, elle aurait surement émergé pendant l'action et non après. Elle rouvrit alors les yeux pour fixer le feu. Les flammes avaient toujours eut le dons de l'hypnotiser. Tandis qu'elle les regardait danser, elle reprit alors.

- Et je peux savoir ce que t'as apporté à manger ?

Toujours en évitant son regard, Enilos serrait les couvertures contre elle sans perdre une miette du spectacle brûlant qui se tenait dans la cheminée. Les couleurs valsaient à des rythmes irréguliers faisant ainsi resurgir leur beauté spectaculaire. Baissant sa garde un court instant, la rebelle semblait totalement obnubilée par les flammes.

- Très bien, j'accepte tes excuses pour le mensonge à mon sujet. Mais la prochaine fois fais pas ton piranha.

*Ah, ton piranha... Ben voyons... Si tu savais... Je pourrai dans la seconde en devenir un... Enfin, si il y avait de l'eau à proximité, ce serait dommage de mourir asphyxié pour une blague...*

Odysse ne fit pas un geste à cette expression, mais n'en pensait pas moins. Elle n'était de toute évidence pas le genre de personne à avoir déjà parcouru beaucoup d'endroit différent dans ce monde. Une fille d'un village isolé peut être, ou quelque chose dans ce genre.... Peut être même une petite bourgeoise rebelle, comment savoir ?
Elle se tourna vers les flammes pour les fixer, tout en lui adressant à nouveau la parole.

- Et je peux savoir ce que t'as apporter à manger ?

*Oh, mademoiselle prend ses aises...*

Odysse se releva et alla saisir l'écuelle posée non loin. Il retourna sur son tabouret et lança doucement l'objet sur les jambes de la fille.

- Porc grillé et quelques légumes... Je te déconseille les légumes, sauf si tu viens de ces régions... Tu aura l'habitude de la cuisine de légume ayant du mal à pousser. Par contre le porc n'est pas mauvais.

Il l'a regarda quelques instants, perdu dans ses pensées, la main frottant involontairement son bracelet au poignée. Son regard était étrange, et une fille comme elle venant jusqu'ici l'était tout autant...

- Tu ne m'en voudra pas de ma curiosité, mais j'estime qu'a présent nous sommes assez intimes pour en arriver là... Qui es-tu ? Et que viens-tu faire ici exactement ?

Au fond de lui, l'expression du "piranha" lui revint, et il avait du mal à se retenir de se changer en ce poisson, juste pour le plaisir de la voir sursauter ou s'enfuir... Mais cela lui causerait trop de problème, et le fait que Noir gardait le silence en sa présence suffisait à lui faire garder sa méfiance.

La jeune femme s'essuya la bouche avec son bras et se mis debout, emportant la couverture avec elle et se mettant face à lui, le regardant de toute sa hauteur -ce qui n'impressionnait pas Odysse plus que ça. Ses yeux brillaient à la lumière du feu, et son ombre semblait danser sur le mur du fond.

- Tu me tutoies toi maintenant ? J'avais pas remarqué tiens ... Ce que je fou ici ne t'intéressera pas et ce que je suis encore moins. Puis de toutes façons tu ne me croirais même pas ...

Sa dernière phrase était à peine audible, mais Odysse la comprit quand même. Il leva les yeux et la fixa quelques instants, un coude appuyé sur sa jambe et l'autre bras tombant négligemment sur son côté. Le feu crépitait à côté de lui, et la jeune femme le toisait de haut, un bras serrant la couverture contre son corps nue.

* Intéressant... *

La fille jouait un jeu étrange, et ça l'intriguait. En tout cas, c'est pas la gratitude qui l'étouffait, mais ça, Odysse y était habitué... Il était pirate, et ce n'est pas vraiment le genre de personne a trop montrer leurs sentiments...

- Ça m’intéresserait, si, au contraire. Alors n'hésite pas, je suis tout ouïe.

Il appuya sa tête contre son poing et leva son autre bras, secouant vaguement la main, avant de la laisser retomber contre son flanc. Il sentit le fer froid de son épée, mais n'y prêta pas attention. Le crépitement du feu était le seul bruit dans la pièce, les discussions au rez-de-chaussée s'étant tues.

- Et je suis tout à fait apte à entendre n'importe quoi, que je le crois ou non n'a pas vraiment d'importance je crois... Et puis je suis assez ouvert tu vois, il en faudra beaucoup pour m'impressionné, ou m'effrayé. Raconte moi donc ton histoire...

- Ça m’intéresserait, si, au contraire. Alors n'hésite pas, je suis tout ouïe.

*Ouais ouais, mais bien sure ! Tu m'en diras tant... *

Enilos se sentait un peu "trop" écouter. On pourrait croire qu'elle ne sait pas ce qu'elle veut et ... on pourrait bien croire. Cependant, si il fallait savoir une chose avec elle c'est qu'il était fortement déconseillé de la chercher sur le plan psychologique. La parlotte est bien LA chose qu'elle ne supportait pas. Cela lui faisait penser à un beau parleur, et elle détestait plus que tout ces gens là.

- Et je suis tout à fait apte à entendre n'importe quoi, que je le crois ou non n'a pas vraiment d'importance je crois... Et puis je suis assez ouvert tu vois, il en faudra beaucoup pour m'impressionné, ou m'effrayé. Raconte moi donc ton histoire

- Et t'en as d'autre des comme ça ?

Enilos abordait sous un ton ironique les propos de son hôte lorsque ce dernier lui parlait ouvertement, presque comme un ami aurait put le faire. Mais elle n'y croyait pas un instant. Après tant d'années passées comme une esclave, qui pourrait lui tendre la main en la logeant, lui offrant un repas et en plus qui saurait l'écouter ... ? Tout cela était bien trop beau à ses yeux. Elle choisit alors de ne pas lui faire d'avantage confiance et opta pour ne lui donner aucun renseignement sur sa personne. Enilos le regardait à présent dans les yeux, soutenant ainsi son regard, tout en se déplaçant vers ses habits. Une fois arrivée à porté de bras, de sa position elle se rendit compte de la posture alarmante de son hôte. L'une de ses main s'était postée près de son épée. Volontairement ou involontairement, la rebelle ne resta pas indifférente face à cette posture mais la menace n'étant pas plus appuyée, elle fit mine de l'ignorer tout en s'en méfiant.

* Mais qu'est-ce qu'il veut à la fin c'ui là ... J'y comprends rien, il se méfie de moi ou son geste est anodin ? ... 'Fais chier ... J'ose plus lui demander de se retourner pour m'habiller *

Ses sourcils se froncèrent légèrement. Elle n'était pas en position de force et le fait que sa nudité reposait sur le maintien de la couverture la mettait d'autant plus mal à l'aise. Son bras se resserra contre elle tandis que l'autre main se posa sur ses vêtements.

- Et toi, qui es-tu ? Un soldat ou un gigolo ? En tout cas, t'es un drôle d'oiseau pour offrir tant d'hospitalité... Ne m'en veux pas mais je trouve ça louche.

En réalité, cela ne la dérangeait pas avant qu'elle n'eut jugé suspect le geste de l'étranger. Ceci allait peut-être être l'élément déclencheur qui laisserait apparaître le réel caractère d'Enilos : sauvage et agressif.

- Et t'en as d'autre des comme ça ?

* Et voilà, c'était sur... *

Odysse ferma les yeux et soupira, et en rouvrant les yeux il vit que la jeune fille le fixait, tout en avançant lentement vers ses vêtements accrochés à côté. Il ne bougea pas, et vit parfaitement le léger coup d'oeil qu'elle porta à son bras posé sur son épée. Qu'importe, il n'avait pas peur d'elle, et qu'elle ait peur ne l’intéressait pas.
Elle posa une main sur ses vêtements tendit que son bras resserrait la couverture qui la couvrait. Odysse laissa un autre sourire se dessiner sur son visage.

* Toujours aussi pudique... Elle se sent en danger mais n'a quand même pas envie d'apparaître nue, même si ça lui permettrait de prendre ses vêtements plus vite... Etrange sens des priorités : l'image avant la survie...*

- Et toi, qui es-tu ? Un soldat ou un gigolo ? En tout cas, t'es un drôle d'oiseau pour offrir tant d'hospitalité... Ne m'en veux pas mais je trouve ça louche.

Ça l'amusait presque d'entendre ces remarques, mais il n'aimait pas qu'on remette son intégrité en question. D'un mouvement sec, il se mis debout face à elle, son sourire toujours sur son visage, mais ses yeux ayant perdu leur expression arrogante. A son poignée, il sentit comme un battement régulier provenant de son bracelet.

- Ecoute moi petite, je suis d'un naturel patient, mais j'aimerai que les choses soient clairs : tu ne l'a peut être pas encore compris, mais si j'avais eu des arrières pensées, ou quoi que ce soit dans la tête, je ne t'aurai pas laissé ici, à la chaleur, avec un repas attendant ton réveil, et je ne perdrais pas mon temps à faire la discussion. Tu trouve louche que quelqu'un t'aide, mais dans ce cas, explique moi en quoi ça serait louche justement ? Qu'aurais-je à y gagner au juste ? Serais-tu la fille d'un riche noble de la région ? Tu n'as pas de chance, je ne suis pas ici pour dépouiller de noble.

Brutalement, il se rassit sur son tabouret et saisi sa chope, avant de se rendre compte qu'elle était déjà vide.

- Je suis Odysse, simple voyageur fraîchement débarqué ici. Ce n'est peut être pas une coutume locale d'aider les gens mais là d'où je viens, on ne laisse pas les gens mourir à ses pieds si on ne l'a pas combattu, et je te rassure, je ne compte pas me battre contre toi. Peux-tu au moins me dire quel est ton nom ?

Elle ne semblait pas le piquer, pourtant elle la cherchait la petite bête mais lui restait de marbre face à elle. Visiblement quelque chose le préoccupait ou alors il n'en avait vraiment rien à secouer d'elle. Enilos commençait ç s'impatienter. Pour elle il était clair que quelque chose n'allait pas. Jamais on avait était aussi attentif à son cas. Durant ces 10 dernières années elle avait été plus qu'habitué à ce qu'on la pousse qu'à ce qu'on la relève. Aucune autre option n'était envisageable de son point de vue. C'est alors qu'il se releva soudainement, ce qui lui donna plus de prestance mais ce sourire, qui ne la rassurait guère, persistait.

- Ecoute moi petite, je suis d'un naturel patient, mais j'aimerai que les choses soient clairs : tu ne l'a peut être pas encore compris, mais si j'avais eu des arrières pensées, ou quoi que ce soit dans la tête, je ne t'aurai pas laissé ici, à la chaleur, avec un repas attendant ton réveil, et je ne perdrais pas mon temps à faire la discussion. Tu trouve louche que quelqu'un t'aide, mais dans ce cas, explique moi en quoi ça serait louche justement ? Qu'aurais-je à y gagner au juste ? Serais-tu la fille d'un riche noble de la région ? Tu n'as pas de chance, je ne suis pas ici pour dépouiller de noble.

Ses yeux s'écarquillèrent, son poing se serra et son teint rougi légèrement. Et voilà, elle l'avait eut sa "détente", elle n'attendait que ça ; connaitre ses attentions. Elle saisit alors brusquement toutes ses affaires tant bien que mal et prit au passage le coussin posé sur le lit.

- Je suis Odysse, simple voyageur fraîchement débarqué ici. Ce n'est peut être pas une coutume locale d'aider les gens mais là d'où je viens, on ne laisse pas les gens mourir à ses pieds si on ne l'a pas combattu, et je te rassure, je ne compte pas me battre contre toi. Peux-tu au moins me dire quel est ton nom ?

Elle ne l'écoutait plus. Il l'avait comparé à une noble et c'était un des sujet tabous qu'il ne fallait pas aborder avec Enilos.

- Bien ! Je crois que j'ai compris...

D'un geste rapide elle envoya alors l'oreiller en direction de la tête de son hôte avant de se retourner rapidement. Elle lâcha alors le drap qui l'entourait pour enfiler en quelques secondes sa grosse couverture en poils la cachant ainsi intégralement. Elle boutonna alors la capuche pour permettre à son habit de tenir tout seul. De la sorte, elle pouvait enfiler le reste de ses habits sans montrer son corps. Et c'est ce qu'elle fit.

* 'm'énerve c'uilà... C'est quoi son problème à la fin, j'arrive pas à le cerner. Est-ce un jeu pour lui ? Ou alors c'est juste quelqu'un qui voulait simplement secourir une fille morte de froid et de fatigue ...

... Naaaaaan ... il cache quelque chose ! *

- Bien ! Je crois que j'ai compris...

Odysse écarta sa tête pour éviter le coussin qu'elle lui lança au visage et la regarda se rhabiller rapidement, sans faire d'autres gestes. Elle lui tournait le dos, ce qui était encore moins prudent quand on n'avais pas confiance en quelqu'un. Il soupira et se leva.

- Non, tu ne comprend pas justement. Tu t'énerves, tu n'écoutes pas, et tu n'appliques même pas les bases de la politesse. Ton nom en échange de l'aide que je t'ai fournis, c'est trop demander peut-être ?

Alors qu'elle tendait la main vers d'autres vêtements encore accrochés, Odysse se saisit rapidement d'un petit couteau et le lança sur l'objet désiré, ce qui le fixa au mur.

- Si j'étais un ennemi, crois-tu que j'aurai perdu mon temps ? J'aurai pu te tuer, te laisser dans la rue, ou pire encore. A la place je te laisse dormir, te reposer, faire tout ce que tu veux. Alors tu veux partir, ok, si ça te chante, et je te souhaite bon courage au milieu de cette tempête, en pleine nuit. Tu ne fera pas 100 mètres avant de t'écrouler à nouveau, et je ne serai pas là pour te garder en vie.

Il s'avança vers elle, la contourna et retira son couteau du manteau de la cheminé, le vêtement encore accroché au bout. Il lui mit sous le nez et la regarda droit dans les yeux.

- Est-ce que j'arrive à réveiller ta logique ou pas ?

Les battements à son poignée cessèrent alors.

- Je ne suis pas convaincu que la demoiselle veuille te voir lui mettre ses vêtements sous le nez avec un poignard accroché...

Noir venait de parler, et inconsciemment, Odysse leva son bras vers son visage.

- Et je ne suis pas convaincu que ton intervention m'aide vraiment là tu vois

C'était vraiment ce qu'il ne fallait pas, que Noir intervienne alors que la situation n'était déjà pas clair. Qu'est-ce que cela lui apporterait, Odysse ne le savait pas, mais que la fille s'en aille ou pas ne l'aurait pas empêché de finir sa nuit.

- Tu aurais peut être dû te transformer en animal alors, ça l'aurait surement aidé non ?

Odysse plaqua son poignée contre sa hanche, espérant faire taire l'artefact avant que la situation ne dégénère.

- Et si je dis qu'il faudrait me forcer ... qu'est-ce que je risque ?

*ah ah, joueuse... tu me plaît de plus en plus petite*

Sans le lâcher des yeux, elle se mit à le contourner, marchant tranquillement en direction du couteau que Odysse venait de laisser tomber. Il la regarda faire, ne voyant pas l'intérêt de le récupérer avant elle. Une belle arme, certe, mais pas vraiment faite pour lui. Elle pourrait tout aussi bien être magique que ça ne l’intéressait pas, il avait son compte d’artéfact ensorcelé.
Il frotta son poignée contre sa hanche, comme pour dissuader Noir d'ajouter quoi que ce soit, et se tourna en suivant la demoiselle des yeux. Il portant une main à sa hanche et posa l'autre sous son menton, comme s'il réfléchissait.

- Hm, voyons, si tu me dis qu'il faudrait te forcer... ma foi, trouvant cela amusant, je te proposerai de choisir un animal de ton choix... Ne cherche pas à comprendre, cela fait partit du jeu... Enfin, c'est ça ou on reprend notre discussion rapproché si ça te chante.

Il croisa les bras et avança lentement vers le couteau planté au sol, sans pour autant se pressé. Il voulait voir ce qu'elle allait faire, si elle allait lui proposer un animal, si elle allait tenter de l'attaquer... ou de fuir. Chaque solution l'amusait, et il savait déjà quoi faire pour chacune d'entre elle.

* Donner l'illusion du choix... J'ai l'impression d'avoir un peu trop traîné sur l'archipel. Il était vraiment temps que je m'en aille. Alors petite, que vas-tu faire maintenant ? Va t-on continuer à jouer tout les deux ?*

Il affichait toujours son petit sourire, mais ses yeux étaient fixés sur les siens, ne quittant aucun de ses mouvements pendant son approche lente vers l'arme plantée dans le sol.

La jeune fille s'était maintenant assise sur le lit, après avoir récupéré et rangé son arme sous sa veste.

- Ce qui te ferait plaisir ... Surprends moi, j'affectionne les surprise.

Elle souriait maintenant, elle entrait dans son jeu.

- Oh non je sais ! On parlait bien de piranha tout à l'heure ?

- Ah ah, allons, soit un peu sérieuse... un poisson, là, maintenant, dans cette pièce ?

Odysse tendit les bras et montra rapidement les murs et la cheminée, autour d'eux-deux, sans même la quitter des yeux.

- Me crois-tu vraiment assez stupide pour prendre la forme d'une créature incapable de survivre ici ?

Il rabaissa ses bras, puis leva son bras droit en pointant le doigt vers elle, son éternel sourire toujours collé au visage.

- Et puis soit gentil, enlève ta main de sous ta veste, j'ai encore moins envie d'être changé en acra de morue une fois le changement effectué.

- Tu comptes vraiment jouer avec cette gamine ? Tu perds ton temps Odysse, tu ferai mieux de te débarrasser d'elle.

Odysse plaqua sa main gauche sur son poignée droit, essayant d'étouffer la voix de Noir qui recommençait à parler.

- Laisse la donc mourir dehors cette insolente. Si c'est ce qu'elle veut, libre à elle... Enfin, peut être qu'un gentil matelot s'occupera d'elle une fois sortie, va savoir...

Odysse perdit son sourire et essaya de faire taire l'artefact, sans quitter la jeune fille des yeux, qui semblait d'ailleurs perdue.

- Bon, mademoiselle, comme vous pouvez le constater, il risque d'y avoir des difficultés. Proposez moi donc un animal terrestre si vous voulez bien, qu'on en finisse... A moins que vous ne soyez décidé à être polie, peut importe...

- Un poisson... te demander de te changer en poisson... la déchéance humaine me fera toujours autant sourire...

Noir se tut alors, après un léger rire, et Odysse put lâcher son bras une bonne fois pour toute. Il n'avait a aucun moment quitter la fille des yeux, et il attendait de voir sa réaction.
Néanmoins, il ne pouvait s'empêcher de chercher à savoir ce qu'il arrivait à Noir, qui n'avait cessé d'intervenir depuis l'impolitesse de la jeune fille...

- Hey, je dois avouer que ton tour de passe passe est bien élaboré mais faudrait voir à pas trop se foutre de ma gueule quand même !

Ses pensées tournées vers Noir, il ne compris pas tout de suite ce que la fille voulait dire. Elle croisa les bras, continuant de le regarder, lorsqu'il comprit enfin ce qu'il se passait, ce que la fille voulait dire...

- Non... attendez... Vous.... vous pensez que je me parle à moi-même, avec 2 vois différentes ? Ah... ah ah ah !

Odysse ne put s'empêcher de rire en pensant à cela. Noir avait réussit à le faire passer pour un fou aux yeux de la jeune femme, et c'était hilarant.

- Arrête un peu de rire et occupe toi donc de cette fille avant que tout cela ne m'énerve.

Noir, encore et toujours, qui semblait pourtant agacé par la tournure de la situation. Peut être même n'appréciait-il pas que l'on pense qu'il n'était que le fruit du délire psychotique de Odysse.

- Non mais... Ah, sérieusement... J'y crois pas... Dis moi petite, que connais-tu de ce monde ? Sincèrement ?

Odysse s'avança vers elle et se posta juste devant son visage, un bras posé sur son flanc, l'autre relevée pour montrer le visage de Noir à celui de la fille.

- Est-ce que tu crois vraiment que là, juste devant ton visage, ce bracelet n'est qu'un... bracelet ?

- Tu veux bien retirer ce visage du mien s'il te plait ? Me prends tu pour un jouet que l'on exhibe devant le peuple ?

On pouvait percevoir la colère qui montait dans la voix de Noir, mais plus que tout, Odysse savourait l'expression que la jeune femme avait en voyant ce petit visage gravé s'animer juste devant ses yeux, sans aucun artifice, sans rien de naturel, juste la magie d'un bois ensorcelé, quasiment introuvable de part le monde...

- Tout à fait fascinant ...

La jeune femme saisit l'avant-bras de Odysse avec force et convoitise. Apparemment, Noir l’intéressait au plus haut point. Il sourit à nouveau, étonné de voir un changement aussi radical dans le caractère de la fille.
Elle finit par quitter le bracelet des yeux avant de fixer les siens.

- Ok d'accord, alors je dirai... une tortue ! Non non non... J'ai encore faim, ce ne serait pas prudent, hum... un oiseau ! Ah oui ! Un aigle royal !

Il sourit à nouveau. C'était beaucoup plus raisonnable certes, et il n'aurait pas grand chose à craindre, même si elle voulait essayer de l'attaquer.

- Veux-tu bien ôter tes mains du corps que je possède encore ?

Noir, à présent énervé après la jeune fille, n'avait qu'une envie, c'est d'en être débarrassé. Odysse était amusé, de l'entendre se disputer avec la jeune femme, qui ne le lâchait pourtant pas.

* Une enfant, c'est ce qu'on dirait... elle ne connait rien à la magie et est toute excitée à l'idée d'en avoir une preuve sous le nez... Et Noir reste un exemple bien flagrant...*

Odysse dégagea son bras lentement et recula de quelques pas, vers la fenêtre non loin derrière lui.

- Ne m'approche plus jamais de cette gamine ! Me faire tripoter comme une vulgaire quincaillerie n'est pas fait pour quelqu'un d'aussi important que moi !

- Allons, même toi je suis sur que ce contact avec une jeune fille t'aura plus... Ne fait pas ta mauvaise tête...

Il se tourna vers la jeune fille, toujours assise face à lui, les yeux pétillants à l'idée de ce qui allait peut être arriver devant elle. Il la fixa dans les yeux, souriant comme toujours, puis tendit ses deux bras en avant.

- Un aigle royal donc, c'est bien ça que tu veux... Bien, ça fait un moment que je n'ai pas eu à me changer en cela... Ce n'est pas une créature trop dangereuse pour mon instinct... Enfin, tu ne dois pas comprendre. Qu'importe, voici donc ce que tu désirais voir...

Odysse se prépara, commença à se concentrer, mais se rappela rapidement qu'il avait oublié de préciser une chose avant de commencer.

- Ah et n'oublies pas, je fais cela, mais toi tu va me devoir quelque chose en retour... Alors, un aigle...

Odysse se concentra. Il pensa à l'aigle qu'il avait touché il y a quelques années, en haut d'une montagne dans le nord. Il pensa à son plumage brun et blanc, scintillant au soleil, ses grandes ailes déployé, et ses sers aussi tranchantes que des rasoirs. Il sentit que la transformation s'effectuait, qu'il devenait un aigle, certes un peu plus grand qu'un aigle normal, mais un aigle normal.
Il sentit le commencement de la lutte avec l'instinct animal qui montait au fond de lui, lutte perpétuelle lorsqu'il se changeait pour ne pas basculer dans un état animal profond...