C'est pas un mauvais bougre, mais il n'a pas le caractère facile. Il est difficile de s'en faire ami, ni même une bonne connaissance amicale. Il a de fortes tendances à la colère, des colères enragées ou sa force d'ours se met en action. Il en a la puissance et pourrait déraciner un arbre d'un coup de pattes bien placé (ou commettre une sauvage décapitation). Il est donc déconseillé de le vexer, d'atteindre à son ego ou de le déranger plus que le raisonnable. Par contre, comme ami, il est du genre loyal, généreux et pas du tout égoïste. Si son amitié est dure à conquérir, c'est un défi qui vaut la peine. Droit, fier et d'une grande détermination, il se risquerait à l'audace fréquemment et sans hésitation. S'il a peur, on ne le voit pas. Plutôt d'une psychologie dure à la base, il a parfois quelques instabilités, au niveau du sang-froid ; de peur de me répéter, il s'énerve très, très vite et très, très facilement. C'est sûrement le trait de son caractère le plus remarquable : sa rage folle qui peut le prendre vivement.

Sa mère était une biche, son père un blaireau. Et ça a donné un ours. Des fois, Gïlh'Or se demande réellement s'il est vraiment leur fils.
Cela ne changea pas que, jusqu'à ses douze ans, il vécut une enfance assez heureuse. S'il partit, c'est que sa mère mourut par sa faute. Bon, vite fait, pour ne pas s'étaler sur cet épisode tragique, Gïlh'Or n'était plus tout à fait un ourson, sans trop gérer son animal... ni sa faim. Son père, blessé, dut mourir peu de temps après également. Gïlh'Or n'en sait rien ; il s'était échappé bien avant de le (sa)voir.
On ne peut pas dire que ce drame l'aie beaucoup marqué. Un peu honteux, un peu triste, il a vite repris du poil de la bête ! Très tôt, il avait son caractère d'ours mal léché, fort et solitaire. Seulement douze ans, et avec de grands projets de vie tranquille et peinard.
On commencera par citer sa brève formation dans les ruches, jusqu'à son renvoi (il bouffait tout, le goinfre). Ensuite, il fut embauché comme bûcheron ; il y resta trois ans jusqu'à ce qu'il tua par inadvertance l'un des chevaux de trait en portant un tronc et en se retournant lorsqu'on l'appela. La pauvre bête, Béber qu'il s'appelait, mourut sur le coup. Pendant un an, il décida de s'éloigner de la population et s'isola. Il en profita pour parfaire ses techniques de chasse et devint plutôt doué.
Un jour, par hasard, il rencontra un maître forgeron, Edgar. En sympathisant, il se fit prendre comme assistant. Son maître s'avéra être un animorphe aussi, celui du lion. Imposant, mais bon avec lui, il comprit aussitôt pourquoi il était si bien avec lui. Pour cause, ils restèrent ensemble une bonne vingtaine d'années ; si, entre temps, Gïlh'Or, devenu adulte, se mit à voyager à droite et à gauche, il revint souvent voir son vieil ami qu'il considérait comme son vrai père, pour travailler et l'aider à la forge.
Au bout d'à peu près quatre ans, pour fêter la vingtaine d'années du jeune ours, Edgar lui offrit une magnifique épée insufflée de la magie du Feu. Gïlh'Or la nomma, et ne s'en sépara plus jamais.
Edgar, fort âgé, s'éteignit un matin lors de sa nonante-troisième année. Gïlh'Or entamait sa trente-septième. Il fit une crémation improvisée, honora sa mémoire et s'installa dans la maison, sachant très bien suite à une conversation qu'elle lui venait de droit. Il continua le métier de forgeron lorsqu'il y était, mais voyagea souvent et se fit alors bûcheron pour des jobs à la semaine ou au jour le jour, et charpentier pour se construire un logement provisoire (s'il ne prenait pas une grotte pour une nuit ou deux). Sur les cotes, il se fit pêcheur également. Homme à tout faire, sa vie va au rythme qu'il a décidé, lui et lui seul.
Jusqu'au jour où il rencontra Ivor... Cet homme au caractère bien trempé aussi lui fit assez vite bonne impression. A peu près du même âge, ils s'entendirent bien. Ivor aimant plus les animaux que les hommes, cela renforça leur lien. Après trois mois, on pouvait les considérer comme amis. Ils passaient du temps ensemble, chassaient ensemble et se racontaient leurs dernières virées dans des régions lointaines et leurs vies mouvementées ainsi que leurs désirs d'avenir, tout cela devant un bon feu de bois en hiver ou sur la terrasse en été.