Mar 23 Oct - 22:01 | | | | - Citation :
- « A partir de ce germe, il parvint non sans difficultés à se faire reconnaître dans les bas-quartiers. »
Raconte-nous ces débuts et la rencontre avec les bas-fonds, comment tu t'en es sorti pour acquérir peu à peu leur confiance. Tu pourras généraliser comme raconter précisément le stratagème de ton choix. Fort heureusement pour le principal intéressé, celui-ci n’en était pas à son coup d’essai en matière de cachotterie et s’enquit de s’immiscer plus profondément dans les activités de Sen’tsura. Il n’était nul autre lieu plus propice à l’observation de la populace, son fonctionnement, ses modes de pensées. Autant de choses qui futiles pour d’autres, s’avéraient d’inestimables trésors aux yeux de Veerazi. Il lui fallait avant toute chose pénétrer la cité et se faire reconnaître en tant que résident auprès du registre. Sous forme saurienne, il traversa l’imposant pont de cristal et de diamant au bout duquel se dressait l’entrée majestueuse dont la vue de la douane locale ternissait ce tableau d’une rare richesse. On le fouilla, le questionna avant toute entrée et suite à quelques minutes d’un échange cordial mais tendu, l’accès lui fut autorisé. Détailler le spectacle de magnificence qui s’étalait par-delà les portes aurait sans nul doute pu paraître osé mais on ne pouvait ignorer l’intelligence des constructions et la lumière inondant l’ensemble des boyaux mis en valeur.
Le temps d’une contemplation, le regard du dragon se perdit dans une observation muette, ignorant même jusqu’à la présence des démons qui dorénavant peuplaient la cité d’opale. Revenant brusquement à la réalité, enchanté par le paysage de blanc orné, le protagoniste s’enfonça au cœur même de la plus grande cité du monde connu, déterminé à s’y introduire de façon pérenne. Quelques idées avaient déjà germé en son esprit mais avant tout, il lui était impératif de pouvoir y résider de manière permanente afin de limiter ses allers et venues. Il comprit rapidement que s’y loger ne serait pas mince affaire sans aligner sur le comptoir la monnaie tant estimée des peuples civilisés contre lequel on finançait sa légitime existence. Ainsi en premier lieu, il s’évertua à dénicher les allées sombres de la Belle de Diamant, démarche qui mine de rien lui fit sacrifier quelques heures de déambulation tant la cité impressionnait par sa taille.
On avait beau se trouver en présence d’une merveille sans aucune autre, il était impossible de se leurrer ; il était toujours possible de trouver ça-et-là quelques zones d’ombres et ruelles mal famées, ce qui, au final intéressait au plus haut point Veerazi qui voyait là une possibilité de se loger à moindre frais tout en mettant à exécution son projet. Une affaire fut conclue et dès lors, celui-ci se trouva en droit de louer un petit logement sans prétention mais qui présentait l’avantage d’être directement en contact avec le petit peuple, composé des individus les plus modestes et les plus accessibles. Ils permettraient donc de mettre en application ses espérances.
Le lendemain, le reptile eut vite fait de s’extirper de son petit gourbi et se rua non sans une certaine excitation se faire recenser auprès des registres afin d’être un officieusement citoyen de Sen’tsura. Pour la première fois, la foule ne le confondait pas dans la masse et ainsi, on ne se dérangea pas de l’observer de bas en haut avant toute confrontation. Fort heureusement, la démarche administrative se déroula sans encombre particulière mais Veerazi ressentit tout de même quelques appréhensions.
Cette tâche enfin achevée, il s’enquit de commencer son activité. L’idée étant de passer marchandises et courrier en et en dehors de la capitale, il lui fallait trouver des clients potentiels afin de directement mettre le plan en pratique. Le meilleur endroit s’en trouva être le marché couvert dont l’extrême diversité ne permettait pas toujours les prix les plus intéressants ou accessibles, sans compter que certaines marchandises, bien que prisées s’avéraient parfois indisponibles. Le saurien se présenta auprès de quelques individus mécontents, ayant parfois tourné les talons avant de s’adresser à la Confrérie des Brumes, un regroupement qui, malgré son importance restait lui-même quelque peu obscur et trop influent pour convaincre les plus sensibles. Les premiers pas furent les plus difficiles, surtout lorsqu’il fallut passer par les services douaniers pour faire circuler des courriers en dehors de la ville.
En cela, Veerazi eut la chance de trouver quelques individus non démoniques et, en échange d’une commission sur les passages, parvenait à sortir en quantités modérées des marchandises de toute sorte. Pour ces individus au service de la cité, réduire la vision d’Aile Ténébreuses, aussi petitement cela paraissait-il les emplissait à la foi de fierté et de crainte, jouant parfois sur le tarif qu’ils exigeaient du convoyeur. Plus rapidement qu’il ne l’espérait, on commença à le rechercher, par la providence du bouche-à-oreille afin de profiter de ses services. L’activité restait modeste afin de conserver sa discrétion mais par la même occasion, ce début de prospérité attirait le mauvais regard de mercenaires et autres individus qui remplissaient habituellement certains des services qu’il proposait.
Comme tout citoyen normal, et aussi follement intéressé par les bruits de couloirs et vocalises tavernières, le dragon se rendait régulièrement dans ces établissements de débauche, à la fois pour s’informer, mais aussi pour constater l’évolution du regard qu’on lui portait. Il constata ainsi la disparition progressive de la neutralité qu’on lui adressait, au profit des extrêmes passant de l’appréciation à la haine refoulée, cette dernière ayant entraîné diverses altercations. De petits trinômes, ou compagnons de forfaiture, s’accordèrent en de rares occasions afin de se débarrasser du concurrent qui parvint à se sortir de ses situations, et plus étonnant encore, on le soutint en quelques situations, lui évitant de se révéler davantage au combat.
Le rôle d’intermédiaire lui accordait une position privilégiée dans sa recherche d’information et ses diverses observations. Aujourd’hui, il continue son activité en contenant au possible la demande, attendant de voir qui est-ce qu’elle attirerait. Quelle paradoxe de voir une telle machinerie d'arrière-plan dans la Cité de Lumière, régie par les êtres démoniques
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