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 Veerazi

 
Veerazi Sand-g10Jeu 18 Oct - 23:47
Veerazi

Forme originelle : Ambivalent - Potentiellement énigmatique - Attentionné.
Forme humanoïde : Patient - Observateur - Curieux – Indécis - Imprévisible - Calculateur – Opportuniste.
(Ces derniers s'ajoutent à ceux de sa forme originelle lorsqu'il se montre en tant que dragon)

Aime : Le crépitement du feu, la diversité, l’imprévu, les événements, le subterfuge.
Déteste : Le déséquilibre, le mensonge, le néant.

Spoiler:
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Information
Nom draconique : Laahney Yor Faad
Âge : 1120 ans.
Nationalité : Feu.
Profession : Convoyeur, trafic et mercenariat.
Camp : Neutre indépendant.
Noblesse : /
Mort : Oui.

Race

Dragon
Les dragons sont, pour caricaturer quelque peu, de grands lézards. Ils ont tous une peau écailleuse épaisse, des crocs acérés, des griffes dangereuses et une forme reptilienne.
Caractère

Veerazi est une créature pour le moins mystérieuse dans sa manière de vivre et dans le reste d’ailleurs. Celui-ci semble attacher une importance particulière au fait de rester caché de la société, du moins en ce qui concerne sa véritable nature puisqu’il adopte de manière quasi-permanente l’apparence d’un Saurien. Ceci s’explique en partie par son désir de se mêler à la foule et passer inaperçu parmi les différents peuples dans le but de répondre à ses perpétuelles interrogations sur le monde, la raison de son existence et le rôle qu’il a à jouer dans les événements survenus jusqu’à maintenant lui étant énigmatiques. C’est pourquoi il développe une curiosité grandissante et s’adonne à un grand nombre d’activités différentes dans l’espoir qu’une réponse lui apparaisse.

De nature contemplative, il peut conserver le même statut des années durant le temps d’estimer avoir réuni toutes les informations qu’il souhaitait. Le fait d’être en perpétuelle recherche de réponses peut potentiellement jouer d’instabilité, ce qui le rend imprévisible dans ses réactions. Il attache cependant une importance certaine à l’équilibre du monde et en cela, il est susceptible d’être favorable à un camp plutôt qu’un autre à un instant donné mais se limitera naturellement dans sa prise de positions à moins qu’une raison des plus valables lui soit donnée. De même que s’il sa curiosité peut le faire paraître beta, mieux vaut ne pas s’y fier, le dragon sait ce qu’il veut et il préfère jouer avec un coup d’avance.

Ceci à part, Veerazi reste très sociable et recherche toujours le contact, source intarissable d’informations potentielles, vous représentez un intérêt potentiel et dévorera avec intérêt tout ce que vous aurez à lui dire. Il a tendance à jouer au maximum le personnage qu’il se créé et c’est pourquoi ceux qui le rencontrent sous ses deux différentes formes croient en deux individus distincts, ce faisant, il peut être difficile de cerner ses intentions.


Physique
Veerazi est un dragon rouge de morphologie typée occidentale de 17 mètres de long pour 5 de haut tête comprise . Aujourd ‘hui, il est difficile de cerner cette couleur de par l’élément lui étant affilié ; en effet, à force d’emploi, les cendres recouvrant son corps lors de l’usage ont fini par influer sur la teinte des écailles qui révèlent désormais un gris bleuté. Au fil des âges et des diverses occasions lui ayant dicté de se défendre, le reptile affiche diverses cicatrices ça-et-là, la plus visible étant sur son visage, semblant scinder son œil. Il semble d’ailleurs important de noter que ces cicatrices se révèlent aisément de par leur luisance d’un rouge magmatique due à sa température corporelle extrêmement élevée. D’ailleurs, lorsqu’il emploie l’élément ou de manière passive, certaines sections particulières de son corps adoptent cette caractéristique. Cela peut d’ailleurs être un indicateur de la qualité de la conversation. Si celle-ci se veut passionnante, ces luisances peuvent s’intensifier ; le principal inconvénient est qu’il faut alors pouvoir discerner les deux cas de figure.

Veerazi est corporellement souple et tout en longueur, témoignant de son agilité naturelle et de sa nature prédatoriale. Le corps est bien évidemment recouvert d’écailles et seule la partie interne des ailes révèle leur membrane, la face opposée, protégée par ces précédentes. Le crâne se veut allongé, la gueule lourdement équipée en crocs à l’efficacité indéniable, les naseaux fumant au gré de ses envies ou émotions. Ses yeux irradient d’un brasier ardent, relativement inquiétants pour celui qu’ils observent. Les arcades déploient un profil épineux se prolongeant jusqu’à la base des cornes, deux paires de chaque côté, ornées d’anneaux en or sculptés, accompagnant un bracelet porté à l’avant-bras, offerts par l'une des rares personnes qu'il a cotoyé durant ses années de sédentarité. Ceux-ci disposent aussi de ces protubérances épineuses et la queue de la créature, est longue et flexible.

Dans la grande majorité des cas, Veerazi se déplace sous la forme d’un Saurien de près de deux mètres trente. Les Sauriens sont semblables à de grands reptiles humanoïdes à sang froid ayant la particularité d’être particulièrement agiles et capables de développer leur force via un entraînement soutenu. Issus d’une culture tribale, ils se sont fort bien adaptés à l’évolution de la société de manière générale et vivent comme tout citoyen normal. On retiendra tout de même qu’ils sont peu limités dans leur disparité puisqu’ils se divisent en plusieurs sous-espèces. Ces derniers peuvent alors disposer d’épines, crêtes et autres caractéristiques reptiliennes. Certains même auraient des plumes.

Le protagoniste a une forme élancée, les bras légèrement en retrait du buste, le corps recouvert d’écailles et une crête, descendant du menton jusqu’à la poitrine. Celle-ci peut être dressée et prendre une teinte noire pour impressionner tout adversaire potentiel. Le crâne et le dos forment un unique bloc et sont protégés par un ensemble de cornes semblables à un ivoire jaune. La gueule est longue, de grande amplitude et dispose d’une rangée de crocs partiellement apparents. Les yeux à la pupille verticale peuvent être dissimulés sous deux paupières indépendantes et les ouïes sont accompagnées d’oreilles sur lesquelles reposent des ornements en or blanc. Les bras de la créature sont longs et parviennent jusqu’à hauteur des genoux, les mains possédant quatre doigts aux griffes noires et épaisses, à l’image des pieds, accordant une stabilité certaine sur des terrains difficiles et les jambes, adoptant une forme bestiale. La queue est large, équilibrant le saurien dans son positionnement et dispose en son prolongement des épines similaires aux cornes de la créature.

Pour ce qui est de la tenue vestimentaire, le torse est nu ; Veerazi porte un bas d’armure disposant de plaques de métal reliés par des lanières de cuir et des poignets aux coudes, des brassards en métal ornés de gravures protègent les membres. La queue se voit porter un anneau et des bracelets du même métal.

Capacités
Armes : Lame double, 2.40m
Spoiler:
Pouvoirs : Veerazi manipule l’élément Magma, combinaison des élements de terre et de feu, correspondant à son affinité natale. Il peut prendre la forme d’un Saurien en lieu d’humanoïde. Sous forme de Saurien, il est moins habile à l’emploi de cet élément et ne peut en faire un souffle naturel.

Tout "souffle" de ce type nécessite l'ingestion de roche, et à sa fonte à l'intérieur de l'organisme brûlant de la créature. Sa quantité est donc limitée à l'emploi.

La forme et la puissance d'une attaque élémentaire sont proportionnelles à son temps de préparation. Allier ces deux éléments requiert donc l'entrée en fusion de la roche, un processus qui peut être demandeur. Si les matériaux sont naturellement présents, cette préparation est simplifiée.

Familier : /
Artefact : Un livre enchanté qui gagne en nombre de pages suivant les besoins de son propriétaire. Lui seul peut le lire ou en accorder la lecture à autrui. Il s'en sert pour noter ses expériences.
Autre : /
Histoire

Histoire Veerazi vit le jour à quelques encablures à l’Ouest de Volcania dont le climat bien évidemment ardent veillait à conserver son éternelle affection pour les lieux. Il y vécut de nombreuses années qui devinrent siècles, et force lui fut de constater après tous ces âges que jamais il n’avait eu le désir de quitter son habitat protecteur, demeure enchanteresse que seuls les cataclysmes sauraient l’en déloger ; mais ce fut en son esprit que la scission eut lieu. Jusqu’alors totalement indifférent au devenir de ce monde et à son propre rôle hormis la simple jouissance de vivre une éternelle redondance, sa curiosité enfin maturée, prit le dessus sur les plaisirs innocents. L’arrivée même de l’Hiver Eternel, mettant un terme forcé à des années d’une guerre ravageuse n’eut raison de son indécision et après ces cinquante années de rigueur où le gibier ce fit aussi rare que l’apparition des rayons de l’astre du jour, le dragon se joint aux autres peuples pour les festivités qui durèrent des semaines. Ce fut le premier contact de la créature avec d’autres peuplades l’amenant à s’intéresser davantage à elles. Mais à que cela ne tienne, malgré cet effort incongru de voir la routine changée, seule l’arrivée du seigneur démon Aile Ténébreuse eut l’initiative de porter au doute une ultime estocade. Il était arrivé, le cataclysme libérateur déchaînant les passions et la haine de tout un monde. Adoptant un unique statut d’éternelle interrogation, il contempla d’une objectivité extrême les actes des deux principaux camps qui s’étaient alors dissociés pour la suprématie. Adoptant alors la forme d’un saurien, il désira se mêler aux peuples et élargir son interprétation des terres.

Veerazi s’installa par à proximité de Sen'tsura, en bordure de mer, dans une petite bourgade qui en réalité comptait deux petits villages. Chacun s'avérait indépendant de l'autre affichant avec fierté les travaux qu'il pouvait entreprendre. Ils formaient un duo commercial important pour la localité, accueillant tout voyageur qui s'y aventurerait sous condition de neutralité envers autrui. Si l'on parcourait avec soin ces deux agglomérations, chacun y trouvait pour son compte. Orfèvres, ébénistes, forgerons, conteurs, antiquaires, charpentiers, récupération, matières premières...
Cette concentration artisanale faisait la fierté de l’ensemble et sa renommée. Veerazi partagea dans un premier temps la demeure d’un couple d’humains. Le mari, anthropologue passionné -du moins c'est ainsi qu'il se qualifiait- un vieux bonhomme rabougri inséparable de son fameux chapeau en faisant qui lui attirait d'ailleurs quelques railleries mal placées quoique cocasses. L'homme de science ne s'intéressait pas seulement à l'être humain mais aussi aux autres races intelligentes de ce monde dans un "soucis d'unité" disait-il. Une chance compte tenu de l’apparence peu engageante du dragon dissimulé qui n’avait, pour certains, rien de bien engageant. Il passait le plus clair de son temps au sein de la foule observant chaque fait et geste, comportements et attitudes, gestuelles et mimiques, conscient que chaque élément ne devait lui échapper. Sa dulcinée ma foi n'était que rarement présente, travaillant sur un navire marchand qui effectuait des allées venues entre terre et mer, vendant les marchandises produites par la localité et ravitaillant la population lors des retours saisonniers. Le saurien eu l'occasion de lire diverses notes de son hôte, ce qui lui inspira l'envie d'aider de sa propre manière les habitants et voyageurs en étudiant les plantes via divers manuscrits et grâce à ses propres expériences.

Lorsqu'il fut acclimaté et capable de générer ses propres revenus, il décida de créer son propre commerce en tant qu'herboriste. Il n'eut aucun mal à établir son petit commerce, aidé par un charpentier et quelques-uns de ses ouvriers et ce pour une modeste somme. La petite boutique s'intégra aisément au milieu de tout ce brouhaha, accueillant davantage de produits au fil du temps. Seulement, la monotonie le gagnait, le train-train quotidien ne suffisait à combler ses attentes. Désireux d'élargir ses compétences il s'imaginait explorer de nouveaux horizons; un désir qui le conduisit à mettre fin à son activité puis à revendre son commerce. Il lui était souvent arrivé d'écouter quelques conversations entre marins et villageois, relatant leurs voyages et les lieux improbables qu'ils avaient visité. D'ailleurs, ces récits omettaient rarement la dangerosité de la mer, qu'il s'agisse de la traversée ou de l'exploration terrestre; un détail non négligeable pour envisager un éventuel départ.

Il se rendit dans un genre de dojo légèrement isolé de la « micropole ». La bâtisse comptait nombre de poutres en pin finement taillées embellies d'ornements entortillés -sans pour autant se montrer psychédéliques- creusées à même la chair du matériau. Le lieu s'avouait étrangement silencieux, nulle âme n'y semblait vivre. L'herboriste s'approcha davantage jusqu'à monter les trois marches qui séparaient le sol du palier puis fit coulisser le panneau servant d'entrée, n'opposant aucune résistance. Une pièce imposante et unique dominait le nouvel arrivant, chargée d'une sobriété sévère. La lumière dansante sous les épais feuillages des arbres alentours filtrait par les claies disposées sous le toit de la structure. Le sol, un parquet luisant sous le vernis poli donnait profondeur et vie à ce cadre d'entraînement. Il s'imaginait sans grande peine les disciples à pied d'oeuvre pendant plusieurs minutes jusqu'à ce qu'un son significatif de bois entrechoquant ne le tire de sa rêverie. Jusque-là inerte, figé au plus profond de ses pensées, il continua machinalement dans la salle, ôtant au passage ses chaussures. Un deuxième panneau menant à la sortie se présenta et Veerazi, guidé par sa curiosité le saisit délicatement lorsque celui-ci glissa violemment, lui coinçant littéralement les doigts. Un jeune homme aux cheveux roux vêtu d'un hakama leva un sourcil en observant l'herboriste se tenant fermement la main. L’individu le questionna longuement avant de lui avouer qu'il prenait en charge le domaine. Le maître d'arme paraissait bien jeune par rapport à lui, ce qui l'amusa en un premier temps. Celui-ci accepta de lui apprendre les rudiments du combat puisque passant le plus clair de son temps sous cette enveloppe de saurien, il lui valait mieux se montrer capable de sa propre sécurité ; il en allait aussi de la qualité du subterfuge. Il ne se passait pas une journée sans que le maître ne se montre plus exigeant envers ses élèves, dirigeant ses "troupes" d'une main de fer, digne représentant d'une lignée instructrice. Une telle rigueur, une passion ne pouvait que porter ses fruits.

Chacun s'améliorait à son rythme, perfectionnant son mouvement, ferme, précis, tachant d'harmoniser au mieux l'arme au bras, d'embellir le geste, oublier la lame, se fixer sur l'adversaire. Deux cycles solaires s'écoulèrent guidés par l'entraînement et l'entretien du dojo. Veerazi termina son instruction et le quitta, aussi silencieux que le premier jour. Un rapide bilan financier s'imposa. Fort heureusement les biens cumulés lors de sa vie professionnelle et la vente de son commerce lui avaient permis de conserver une certaine somme d'argent. Comme à l'accoutumée les rues bondées d'acheteurs potentiels motivaient les commerçants, chacun proposant sa petite réduction, usant de ses talents oratoires pour appâter les plus indécis. Il s'arrêta devant une forge et comptabilisa à nouveau ses biens monétaires avant d'y pénétrer. Il considéra avec attention la qualité des armes entreposées jusqu'à se river sur l'objet de sa venue.


-Une bien belle journée ! commenta l'artisan qui semblait fort guilleret. Il commanda au vieil homme une arme particulière, une lame double sur mesure. Veerazi en sortit alors heureux de la belle affaire, portant fièrement son acquisition après seulement une journée d’attente. Son intention se porta vers le port en constante activité. Malgré sa taille, celui-ci accueillait de nombreux navires marchands, accostés les uns à côté des autres dans un méli-mélo innocent. Après divers renseignements auprès des matelots à l'oeuvre, il put s'affranchir auprès du capitaine d'un navire marchand d'un titre de transport pour se rendre sur l’autre continent.

La traversée s'entama lentement jusqu'au huitième jour. Ce jour-ci, le navire fut pris dans une tempête prématurée. Le navire usé par le temps vit sa coque percée sous la puissance des flots avant de s'engloutir dans l'abîme. L'herboriste, suite à l'événement, se réveilla sur une plage jonchée de débris du navire en tout genre. La figure de proue, une belle demoiselle à l'origine avait perdu une jambe et la moitié du visage, seul vestige de l'identité du navire englouti. Une barque éventrée divers vêtements -probablement quelques marchandises rescapées- et une voile en lambeaux à laquelle pendait quelques cordages entrelacés étaient ballotés par les vagues. Une forêt dense et ténébreuse se tenait en arrière-plan. Reprenant connaissance, le naufragé ne put que constater l'ampleur des dégâts causés par la tempête de la veille. Son premier réflexe fut de vérifier s'il avait été blessé. Seuls quelques hématomes persistaient ici et là, sans réelle gravité pour lui. Il fut d'ailleurs rassuré en ressentant le poids de sa lame toujours accrochée à son ceinturon, les habits en partie déchirés par la violence de vagues et débris qu'il avait rencontré dans son à demi conscience. Ce n'est qu'après avoir rassemblé le peu de choses utiles échouées sur la plage qu'il se rendit compte de la faim qui lui tirait honteusement l'estomac. Etonnement, le bosquet semblait désert mise à part quelques rares piaillements d'oiseaux et pire encore, rien de comestible en vue. Il continua son exploration dans l'espoir de trouver une quelconque victuaille jusqu'à remarquer un arbrisseau tapi à l'ombre d'un arbre. Seules quelques baies aux formes étranges pendaient à l'unique branche de la plante. Il ne pensait d'ailleurs jamais trouver une chose de la sorte.
Une longue hésitation l'envahit mais il n'était de temps de se permettre une sélection. Il emporta soigneusement les fruits en question protégés d'une coque solide et compacte. L'île sur laquelle se trouvait Veerazi se révélait finalement peu étendue, si bien qu’il eut tout le loisir d'en explorer toute la surface sans ne jamais trouver de quoi subsister.

Il s'établit auprès des biens amassés près de la plage et passa une nuit des plus agitées, obnubilé par la faim qui le tiraillait toujours davantage. Le réveil fut d'autant plus douloureux qu'il fallait quitter l'île au plus vite. Le naufragé écarta la barque éventrée puis la retourna non sans efforts. Il tailla dans la toile plusieurs sections destinées à combler la brèche puis, à l'aide de sa lame, entailla le tronc d'un arbre afin d'en récolter la sève. Bien qu’il lui aurait suffi de reprendre sa forme draconique et s’envoler, il ignorait tout de l’endroit où il se trouvait et quelle distance il devait parcourir pour espérer atteindre le continent S’il venait à se retrouver épuisé pendant le trajet, il n’aurait plus qu’à s’abîmer. En un premier temps il colla les quelques sections de toiles afin de les épaissir et fit appel au même procédé pour colmater le trou béant dans l'embarcation et en assurer l'étanchéité. Il constitua par la suite une rame de fortune à l'aide de quelques morceaux de planches de des cordages. Les préparatifs terminés, l'épuisement se fit plus prononcé voire dangereux. L'herboriste se résolu envers et contre tout à soulager ses besoins par la seule chose qui lui pouvait s'avérer comestible. Il saisit les baies avec appréhension. Une odeur âcre s'en dégagea, une vague nauséabonde telle qu'il semblait fumer.

Brisant sa réticence il engouffra ce qu'il appela un aliment, retenant sa respiration. Malgré cette précaution, le goût indescriptible s'imposa. La sensation fut telle que Veerazi le recracha et, dépité de ne pouvoir assouvir ce besoin élémentaire, décida d’attendre le lendemain pour repartir. La marée montante le réveilla presque en sursaut avec une aigreur à l'estomac et des maux de tête prononcés. Il se releva à demi conscience, l'équilibre incertain. Il ceintura son arme puis glissa avec aisance la barque sur le rivage puis monta à bord de l'embarcation de fortune qui, pour sa plus grande satisfaction ne souffrait d'aucune infiltration d'eau et s'engagea dans les eaux profondes avec pour seuls guides les astres.

Veerazi ramait inlassablement depuis deux lunes. Les courants conduisaient lentement l'embarcation sous un soleil de plomb. La chaleur l'enivrait, lui prodiguant énergie et plénitude. Aucune terre ne se révélait à l'horizon. Seules quelques voiles lointaines tranchaient parfois la monotonie du paysage, perpétuant l'espoir que l'une d'elles se rapprocherait au moment opportun. Le troisième jour, en milieu de journée, alors que le vent portait ses senteurs iodées à l'unique passager de la barque dérivante sur les eaux, une infiltration d'eau s'insurgea dans le canote. En effet, la sève préalablement utilisée afin de combler les lourds dommages causés souffrait de son exposition à l'eau salée. Celle-ci, rongée, laissait filtrer le liquide salé, ce qui laissait prévoir la fin concrète de celui qui par l’épuisement d’une nage perdue d’avance, ne serait en mesure de lutter contre un courant meurtrier. Afin d'éviter que la brèche ne s'accentue, l'ex-naufragé cessa tout mouvement ample, gardant une position inférieure figée tandis que les épaules jouaient pour permettre aux bras de ramer. Là à quelques lieues, à l'Est transitait un navire doté d'un unique mât. Ce dernier virait de bord avant de s'éloigner lentement. Horrifié par ce volte-face, Veerazi se saisit de sa lame et la pointa en direction du ciel. Celle-ci, au soleil, émettait un puissant reflet que l'on pouvait discerner à l'horizon.

La vigie ne tarda pas à remarquer cette lumière, et quelques instants plus tard, le navire se détourna de sa première destination pour prêter secours à l'homme. Lorsque la corvette fila à hauteur du canote, celui-ci était rempli à demi par l'eau infiltrée, son passager pieds sur le rebord, emmitouflé dans ses frusques. Un matelot lui lança une corde qui dans la hâte vint choir sur la tête de Veerazi qui la saisit fermement avant de se faire tirer par trois marins. Un homme de généreuse forme se présenta tout sourire, amusé de constater que la barque entamait sa descente dans les profondeurs ; ce dernier le lui faisant remarquer non sans humour. Le rescapé darda un simple signe de tête pour acquiescement puis le remercia d'une voix gutturale que la soif avait renforcée. La discussion s'engagea entre les deux hommes. Le capitaine menait ce navire marchand sur chaque île de la région, disséminant ses cargaisons non périssables; principalement du textile et quelques articles décoratifs. L'herboriste se soulagea du peu d'argent qu'il avait pu sauver du naufrage en échange de quoi il pourrait profiter d'une escale et quitter le navire afin de s'investir à nouveau dans ses projets.

Le navire le mena jusqu’à une autre escale. N’ayant plus un sous en poche, le hasard l’encouragea à se présenter à un avant-poste de l’autorité côtière. Leur effectif avait clairement augmenté grâce à la campagne de recrutement qui sévissait dans la région. Les terrains consacrés à l'entraînement des jeunes recrues profitaient en permanence de leur présence. Il pénétra donc dans le bâtiment. Les sols brillaient par l'entretien quotidien et les murs d'un blanc proche de la pureté rendaient leur rigueur aux lieux. Une pancarte indiquait le bureau en charge du recrutement. Veerazi fit pivoter la poignée. Il s'avança tout en s'inclinant de manière à ne pas se cogner dans l'encadrement, anormalement bas. Derrière son bureau se tenait le sergent recruteur, affichant un sourire de circonstance.

La relation cordiale semblait de mise sans que la nature du candidat ne vienne influencer le dialogue. Il lui fut rappelé ce qu'incluait y appartenir. Le choix se voulait mûrement réfléchit et définitif. L'engagement inclut bien entendu le commencement en bas de l'échelle. Ainsi fut-il dévolu aux tâches ménagères. Balayer, récurer, dépoussiérer, telles étaient ses attributions. Fort heureusement l'entraînement journalier était de rigueur et la plupart des nouvelles recrues étaient issues du village, ce qui permettait une certaine décontraction dans la rigueur. Ces exercices de bases consistaient à renforcer l'endurance et l'habileté des intéressés. Plusieurs mois s'écoulèrent ainsi au rythme inchangé jusqu'à qu'il soit affecté à un navire et, lorsqu’il trouvait liberté dans quelques rares moments de fascination, se saisissait de son livre pour prendre de précieuses notes et jamais il n’avait autant réussi à ancrer une identité fictive à ce point.

Le détachement dont Veerazi faisait partie arrivait en vue du port d'une cité à des lieues de là. Des visages méconnus se dessinaient au fil de la progression. Les rues pavées laissaient résonner les passages de cavaliers. La principale était accompagnée de multiples stores de marchands clamant les meilleurs produits. Une fois à quai, le navire impressionna toutes les recrues qui pour la première fois s'apprêtaient à prendre la mer. On ne manqua pas de faire appel aux matelots pour charger les contenants lourds avant de nettoyer le pont et assister aux manoeuvres. Le navire s'avérait aussi grand que chargé de, les voilures gonflées par la bise marine. Les non-officiers profitaient de leur nuit dans la cale installés dans des hamacs fait d'épaisses cordes. Parfois, le navire pris dans quelque tempête, balloté de babord à tribord voyait choir les uns et les autres de leur couche de fortune entraînant de vifs jurons et plaintes. Aussi étrange que cela puisse paraître, Veerazi appréciait ces moments détachant de ceux-ci un certain amusement bien qu'il surveilla ses effets personnels précieusement protégés, attendant un quelconque usage.

L'équipage acquit de l'expérience avec chaque année. Le matelot était alors un personnel confirmé, rodé par les nombreuses traversées qu'il connut auparavant. Les brimades s'étaient peu à peu estompées avec l'évolution de la camaraderie. Le capitaine en charge du navire, reçu un ordre express l'intimant de poursuivre un navire de pirates côtiers repéré quelques jours plus tôt dans le secteur. Il est vrai qu’avec les différentes interventions d’Aile Ténébreuse, la stabilité de certaines zones était remise en question et ces individus peu recommandables n’avaient de cesse d’y ajouter leur menue contribution. Guidé par les instructions fournies, une journée de poursuite suffit à la frégate pour se trouver à portée de vue des fugitifs. Profitant de l'aurore, le navire l’autorité maritime se positionna en arrière du bateau pirate, dans l'axe du soleil, dissimulant leur présence. Ce laps de temps permit à l'équipage de manoeuvrer toutes voiles libres en direction de l'ennemi, empêchant toute tentative de fuite. L'alerte fut donnée sur le bateau pirate trop tardivement si bien que les projectiles de roche, envoyés par le quartier-maître parvinrent sans difficulté à briser le grand mât. Compte tenu du milieu, Veerazi s’étonna de voir un pratiquant des arcanes au sein de l’équipage. Figé en pleine mer, soumis à la volonté des courants, l'adversaire ne put qu'assister à l'arrimage de ses poursuivants. Avant même que l'affrontement ne commence, de nombreux cris sauvages s'échangeaient d'un équipage à l'autre dans un brouhaha mêlés aux sabres dégainés et flèches sifflantes. Les carènes s'entrechoquaient déjà que chacun était prêt à aborder sous l'oeil attentif du capitaine. A son ordre, les planches liant les deux ponts tombèrent de part et d'autre laissant une déferlante de combattants armés se ruer sur le navire pirate. La vergue de misaine abritait une dizaine de pirates qui se jetèrent sur les matelots malchanceux. Veerazi, envoyé comme les autres se joint à la bataille muni de sa lame double. Lorsque le nombre d’adversaires diminua, le capitaine rejoignit les hommes au combat, affrontant leur propre chef. De violents coups s'échangèrent malgré la réussite finale de l'officier. Dès lors que le capitaine abdiqua, les pirates, sans leader tombèrent les armes sans préavis. La victoire fut sonnée par les acclamations des matelots qui, une fois les rescapés capturés et mis à fond de cale, rejoignirent un lieu de détention proche. C'est lors de cette halte que Veerazi prit la décision de mettre fin à sa collaboration avec les autorités, satisfait de l’expérience qu’il avait vécu ces dernières années.

Il se retira donc à Sen’tsura désireux de connaître une autre facette du monde civilisé, directement sous l’emprise de l’invasion d’Aile Ténébreuse. Il s’intéressa alors à la manière dont il pourrait aborder cette nouvelle situation et alors, émergea l’idée. De ses précédentes expériences, il tira le fait accompli que plus la civilisation se développait, plus les individus réclamaient un certain confort, le commerce en étant une preuve irréfutable. Selon toute vraisemblance, l’occupation de la région par le démon et ses sbires aurait un impact sur celui-ci. Ainsi, il deviendrait l’un des vecteurs qui permettent de combler le besoin des habitants, de manière légale ou frauduleuse, en tant que convoyeur.

A partir de ce germe, il parvint non sans difficultés à se faire reconnaître dans les bas-quartiers. Indépendant d’imposantes structures comme la Confrérie des Brumes en laquelle tous n’accordaient pas nécessairement la confiance, et très abordable, Veerazi tendait à se faire une clientèle convenable, faisant transiter marchandises et courriers à l’intérieur et en dehors de la cité ; parfois même, s’affichant en mercenaire opportuniste. Cette nouvelle condition lui convenait, puisque s’accordant diverses limites, le saurien tendait à élargir sa vision du monde et pour le moment, c’est la seule chose dont il se souciait.


Citation :
« A partir de ce germe, il parvint non sans difficultés à se faire reconnaître dans les bas-quartiers. »

Raconte nous ces débuts et la rencontre avec les bas-fonds, comment tu t'en es sorti pour acquérir peu à peu leur confiance. Tu pourras généraliser comme raconter précisément le stratagème de ton choix.

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