Quelle idiote avais-je bien pu être pour m’aventurer aussi loin dans ce lac, sans armes et sans réelle protection ? Avant que je ne puisse réagir, trois personnages s’étaient jetés sur moi pour m’empêcher de me mouvoir, puis deux autres les avaient rejoints… Des rebelles ? Peu probable, ils m’auraient déjà tuée et découpée en morceaux ! Je pensais plutôt à des bandits en manque de présence féminine. L’un essayait déjà de profiter de la situation afin de combler sa soif, mais il fut arrêté par un coup de pied bien placé que je lui administrais après m’être sauvagement débattue. Cependant, bien vite, je fus de nouveau bloquée et incapable de bouger ne serait-ce que de quelques centimètres…

« Alors ma belle, on prends un bain toute seule au milieu de nulle part ? »

« Lâchez-moi tout de suite, LACHEZ-MOI ! »

Peine perdu ! Ces hommes n’étaient pas du genre à écouter les plaintes d’une pauvre femme, surtout quand celle-ci se trouvait être en position de faiblesse… Par désespoir, je ne trouvais rien de mieux à faire qu’hurler le plus fort possible, un hurlement si strident que les hommes crispèrent leurs visages quelques secondes, avant qu’un ne se décide à me frapper violement au visage, me laissant une marque rouge très visible sur la joue.

« T’as intérêt à arrêter ca et rester calme, sinon… »

Le bandit qui venait de me frapper sortit un couteau de sa poche et le plaça sous mon cou, plaquant la lame contre ma peau. La sensation de froid du métal me fit frissonner, et j’espérais de tout cœur que mes idiots de Garde du Corps avaient entendu mon appel au secours… Mais, alors que je perdais espoir et que mes paupières se refermaient, je les rouvris aussitôt en apercevant l’une des brutes à terre ainsi qu’un homme en armure équipé d’une lance, face à moi. Mes yeux se mirent à scintiller, et j’observais cette personne comme l’on observe un véritable Héros… Il balaya rapidement mes agresseurs, ne leur laissant aucune chance… Ses mouvements, gracieux et efficaces, suffirent à mettre K.O trois des bandits, tandis que les deux autres se relevaient non loin de moi. Problème : mon sauveur ne les remarqua que bien trop tard, et je n’avais plus que ma propre force pour me sortir de cette situation.

Je n’eus pas à réfléchir bien longtemps : mon regard se plaça sur le premier à ma droite qui s’approchait dangereusement et une explosion le frappa au visage, le laissant pour mort dans l’eau, à la dérive… Le second s’arrêta en plein élan et m’observa attentivement, une goutte de sueur visible sur son front. Alors qu’il se mit à marcher à reculons, je me dirigeais vers lui et le fit chuter dans l’eau, avant d’enfoncer son visage plus profondément et de me plaquer contre lui, afin qu’il ne puisse par reprendre sa respiration. Par pitié, je le fis tout de même remonter et le laissa déguerpir, persuadé qu’il n’essaierait pas à nouveau de s’en prendre à moi.

Et soudainement, je sentis mon visage chauffer et mon cœur battre la chamade. Je tournais dos à mon sauveur, totalement sortie de l’eau, fesses parfaitement visibles… Sans hésiter, je me replongeais à une vitesse impressionnante dans mon « bain », gênée et vexée au plus haut point !

« Vous n’avez-rien vu, autant pour ces hommes que pour mon corps ! Non mais, quelle idée de venir me rejoindre ! Vous êtes tous pareil, je suis sure que vous m’espionniez, vous aussi ! »

Sur ce coup, je vous avoue volontiers que ma réaction était un peu exagérée, surtout envers la personne qui venait de me sauver la vie ! Mais peu importe, mon corps était la chose la plus importante que je possédais, et je n’étais pas le genre à le montrer si facilement… Quoique…

Le lycan détourna le regard, laissant la femme se débarrasser des deux hommes restant, par respect pour sa pudicité, il se retourna cependant en l’entendant parler, mais regarda à nouveau ailleurs quand elle replongea dans l’eau, gênée. Le chevalier ne put s’empêcher de lâcher un soupire devant la réaction de la jeune personne.

-Aurai-je donc dû vous laisser être déshonoré par ses hommes ? Si vous suivez mes traces vous remarquerez que je me suis bien éloigné sans chercher à vous observer...

« En tout cas les deux endormis eux ne vont pas tarder je les entends. »

Le loup avança vers les arbres et planta sa lance dans le sol, il saisit une branche basse et souple dans chaque main, puis les tira vers lui. Les deux gardes apparurent devant lui en courant et soufflant comme des bœufs, il les regarda ces idiots foncer sur lui en hurlant à l’affront, croyant qu’il avait touché à leur chef. Le lycan attendit patiemment qu’ils soient presque sur lui et lâcha un sourire ironique.

« Trois… deux… un… »

Il lâcha la première branche, puis la seconde et se baissa pour les éviter, elles sifflèrent dans l’air avant d’aller frapper les deux gardes qui les reçurent en pleine figure avant d’avoir le temps de se baisser pour éviter et ils s’effondrèrent au sol, assommé par l’impact. Voilà qui était fait, au moins ses deux idiots n’allaient pas ennuyer le chevalier qui ne voulait pas se lancer dans de longues explications avec des personnes bornées et qui ne l’écouteraient pas. Il préférait de loin négocier avec la jeune femme.

-Je ne veux pas vous regarder, il restait soigneusement tourné. Je souhaite juste vous parler pour vous expliquer la raison de mon arrivée avant vos deux gardes.

Il marqua un temps d’arrêt pour regarder sa lance et la faire disparaître, puis il s’accroupit, toujours sans regarder et ferma même les yeux.

-Je suis parti après que vous me l’ayez demandé et ait croisé ces deux-là qui contournaient pour venir, probablement, vous observer. Je vous ai entendus crier et suis venu, eux ont mis plus de temps, en tous les cas assommés comme ils sont, ils ne se relèveront pas pour le moment, garde ou non il n’est pas normal de regarder une femme nue contre son gré… Et je m’excuse de l’avoir fait, cas de force majeure dirons-nous.

À présent la jeune femme pouvait choisir ou non de lui demander de partir, quoi qu’il en soit le chevalier ne regardait plus l’apparence de la jeune femme. Cependant en y songeant pour qu’elle lui fasse confiance il devrait peut-être se présenter ou du moins donner la raison de sa venue par ici. Le chevalier, ne regardant toujours pas, rouvrit les yeux et leva la tête vers le ciel en songeant à ses motivations de venir ici.

-Je suis ici à la recherche de quelqu’un en réalité, peut-être pourrez-vous m’aider.

En deux temps trois mouvements, l’inconnu se débarrassa des hommes venus me porter secours – un peu tardivement, certes – comme s’il ne s’agissait que de vulgaires Soldats de première division… Incroyable ! Tout simplement… Epoustouflant ! Ordinairement, j’aurais remis en question l’habileté de mes troupes mais cette fois-ci, je devais m’incliner devant les prouesses de mon sauveur. Alors qu’il me tournait dos, il se mit à m’expliquer la raison de son arrivée soudaine, qui me semblait d’ailleurs plus que logique…

Ainsi donc, il avait précédé mes deux « gardes du corps » en ayant entendu mon cri ? C’était gênant, très gênant… Autant pour moi que pour ces hommes que je semblais avoir surestimés !

- Je suis à la recherche de quelqu’un en réalité, peut être pourriez-vous m’aider.

A la recherche de quelqu’un ? Il est vrai que j’étais assez bien placée, hiérarchiquement parlant, pour savoir qui, ou quoi, se trouvait où et pourquoi. Celui que je considérais, il y a quelques minutes, comme un simple vagabond semblait très empressé de connaître les informations que je pourrais lui apporter, si je pouvais lui en apporter. Et au fond de moi, j’étais curieuse de savoir que-ce qu’un homme comme lui pourrait bien chercher… Ou plutôt, « qui » pourrait-il chercher ? En attendant, je me décidais à sortir de ce lac - ou j’avais pris un bain plutôt mouvementé - après avoir ressentit un léger frisson au contact du vent sur ma peau. Sachant pertinemment que plus personne ne pouvait m’apercevoir, je me relevais afin de me diriger vers le bord du lac ou étaient déposes soigneusement mes vêtements. Sans grand empressement, je les enfilais, malgré l’eau encore présente sur mon corps… Tant pis ! Mon armure cacherait le tout, ce n’était pas bien grave… Le plus important était de répondre à cet homme : je lui devais au moins ca ! C’est donc en m’équipant de ma protection que je lui répondais, bien plus calme que précédemment…

- Cela dépendra des informations que vous me donnerez à son sujet.

Mon épée ? Ou était mon épée ? Ah… Juste à coté de moi, quelle idiote ! Trop captivée par cet individu, j’en arrivais à oublier l’emplacement de mon âme sœur ! D’ailleurs, ce n’était pas la seule chose que j’avais oublié…

- Je vous remercie, sans vous, je ne sais pas ce que ces brutes m’auraient fait.

Je m’étais inclinée devant lui par politesse, mais aussi par respect. Cet homme m’en avait mit plein la vue, et j’étais quelque part jalouse de sa prestation étonnante.

- J’ai une énorme dette envers vous, excusez le comportement irrespectueux que j’ai adopté, tout à l’heure.