La nuit était déjà bien avancé mais Dante ne pouvait pas se reposer, il devait encore écrire la lettre qu’il allait envoyer à l’impératrice des glaces. A la lumière d’une bougie, le vampire commença à rédiger cette fameuse missive.

Citation :

Arkham, Sola


Chère Impératrice des glaces,


Je suis le Seigneur Dante, Duc du royaume de Sola, comme vous devez le savoir, les temps sont difficiles pour tous et dans les ténèbres, la lumière est importante. Je me permets donc de vous contacter pour vous proposez une alliance, vous soutenez la rébellion et proposez un refuge pour toutes les personnes qui osent se dresser contre le Roi Démon, c’est un acte extrêmement noble et courageux. Suite à votre initiative, j’ai décidé de faire la même chose et d’ouvrir les frontières de Sola, vous comprendrez que tout le monde ne peut se rendre par delà les océans pour vous rejoindre, pour trouver refuge dans votre royaume. Pour toutes ces personnes et pour leur proposez une nouvelle vie en sécurité dans le Duché de Sola, je vous demande d’accepter une alliance. La mer vous protège des armées d’Aile Ténébreuse mais il n’en est pas de même pour nous, une première escarmouche a eut lieux à la frontière de Sola, si pour l’instant la guerre n’est pas officiellement déclaré, elle à déjà commencé officieusement, en effet mon armée se prépare, la surveillance des frontières a été renforcé et des alliances avec le peuple des montagnes et les elfes du Drayame ont commencés. Je m’adresse donc en toute logique à vous pour que l’on puisse unir nos forces contre notre ennemi commun, je tiens à préciser que cette alliance serait profitable pour nos deux royaumes, vous avez repoussé une première fois les démons des Glaces mais comment cela se passera-t-il la prochaine fois ? Vous ne pouvez vous permettre dans rester la, une fois le continent entièrement sous son contrôle, Aile Ténébreuse se tournera à nouveau vers vous. Allez-vous attendre que cela se produise ou allez-vous agir pour le bien de vos sujets ? Le Royaume de Sola peut facilement avoir accès à la mer, vous pourriez faire débarqués vos troupes en toute sécurité sur mon territoire… bien sur cela ne se produira pas demain, mais il est important de réfléchir à l’avenir, si Sola tombe, vous n’aurez plus aucun endroit où débarquer. Je vous demande donc un soutien, qu’il soit financier, matériel ou humain pour renforcer le Duché et pour assurer aux nombreux réfugiés la sécurité qu’ils réclament en venant s’installer ici.

Il est temps pour les derniers Royaumes libres de Terra de s’unir et de s’élever ensemble contre l’ennemi de notre monde, nous avons le pouvoir et le devoir de faire avancer les choses. J’espère que vous entendrez cet appel, sachez qu’avec ou sans le soutien des Glaces, le Royaume de Sola rentrera en guerre.


Duc De Sola,
Cadis Etrama Di Dante.

Le vampire reposa lentement sa plume, relit attentivement la lettre qu’il venait d’écrire puis, une fois convaincu, plia délicatement la missive dans une enveloppe avant d’y apposer son sceau. Le vampire s’enfonça dans son siège pensif, c’était quelque chose d’important qui allait bientôt se jouer, cette lettre devait convaincre l’impératrice des glaces d’accepter de l’aider dans cette guerre. Il était fière mais le duc devait se rendre à l’évidence, c’était de la folie d’affronter seul le royaume des démons. Sola avait besoin de faire des alliances et de s’ouvrir ou si non ils étaient morts… mais plutôt mourir que de voir Sola tomber !

Maintenant que cette lettre était écrite, Dante décida de prendre une pause, il se rendit comme à son habitude dans le cloitre qu’il aimait tant. Le cloitre était vraiment grand, les galeries ouvertes sur la cour recueillaient les râteliers avec tout un tas d'armes différentes ainsi qu'un coin avec un petit salon. Dans la cour, un cercle de plusieurs mètres de terres battu trahissait l'endroit ou le vampire se mettait chaque nuit pendant une heure ou deux, le reste du sol était recouvert d'herbe et dans un coin il y avait plusieurs cerisiers en fleurs qui rendaient cet endroit vraiment agréable. Le vampire attrapa la grosse claymore en pierre qui devait bien peser une centaine de kilos et commença son entrainement. Combien de nuit avait-il passé au milieu du cloitre à s'entrainer au clair de lune ? combien de fois avait-il répété les mêmes mouvements pour atteindre la maitrise parfaite? Son corps était figé dans le temps, quoi qu'il fasse il ne changera pas donc s'entrainer était une perte de temps pour beaucoup de vampire, mais Dante continuait inlassablement, il n'avait plus rien à apprendre mais c'était des moments de calme pour lui, ça lui permettait de réfléchir tranquillement.

La nuit allait bientôt s’achever, il replanta donc l’arme dans la terre, exactement là où il l’avait prise, avant de prendre la direction des bains. Cela faisait quelques jours qu’il n’avait pas mangé non plus…

Lorsqu’elle lui parla de politique, Dante lui répondit que probablement personne ne voudrait se joindre à eux tant que le pacte avec les glaces ne serait pas conclu. En effet, il y avait très peu de chance pour que les autres royaumes veuillent s’allier d’un coup... Vanra en conclut que son maître ne voulait en entendre plus, du moins, sans sa demande. L’expression de Vanra resta sur une note qui, lorsqu’on la connaissait bien, trahissait qu’elle avait quelque chose à ajouter, mais ce n’était plus le moment. Si le duc l’avait remarqué, il lui en reparlerait sûrement plus tard, car là, il n’avait plus vraiment l’air d’avoir la tête à ça…

Dante devina que la jeune femme allait dire Marcus. Lorsqu’il prononça son nom, Vanra se mordilla la lèvre inférieure : il allait lui en parler, savoir ce qu’il avait à dire sur ce qui s’était passé… Non, il ne l’avait pas touché, même si l’envie se trahissait dans ses yeux. Mais Dante lui ayant demandé d’arrêter ses agressions envers les autres domestiques, il risquait tout de même de se faire réprimander.

-Non… Il ne m’a pas touché. J’étais en train de nettoyer les cuisines lorsqu’il a bondit avec un autre vampire sur ce domestique. Je ne sais pas qui était l’autre. Même après les nombreuses années à cos côtés, je ne l’ai pas vu souvent. C’est un des vampires qui sort souvent ou qui voyage, je ne sais pas… lui expliqua-t-elle, pendant qu’elle se déshabillée.

Elle avait terminé sa phrase au même moment qu’elle franchit la distance qui les séparait. Comme il le faisait souvent lorsqu’il se retenait depuis un moment, Dante se jeta sur elle. Il la passa par-dessus le bord du bain et la plaqua de l’autre côté, tenant son cou et sa cuisse. Déconnectée, Vanra avait ressenti un peu la douleur dans son dos. Le regard avec lequel il la regardait l’empêchait de croire qu’il était volontairement brusque. Mais les faits restaient tout de même les même… Il prononça un nom. Ou plutôt le diminutif d’un nom qui, visiblement, l’obsédait… Il le faisait souffrir. Son maître prononçait ce nom à chaque fois qu’il se perdait dans ses pensées en observant Vanra ou à lui réquisitionnant quelques gorgées de son sang…

Lorsque les dents du vampire se plantèrent dans son cou, Vanra sentit sa peau céder, puis la brûlure du «poison». Son corps se ramollissait à chaque gorgée, comme si la morsure engourdissait tout le corps. La jeune femme pouvait entendre son sang s’accumuler lentement dans la bouche de Dante, puis ce dernier prendre lentement les gorgées, étirant le plus possible ce moment qu’il semblait adoré seulement envers elle… Jamais il n’était «si doux» envers les autres serviteurs. La douleur n’en restait malheureusement pas moindre, car son attention n’était pas portée sur Vanra, mais sur «elle». Une femme dont elle ignorait tout, car Dante ne se confiait, évidemment, pas à elle. Une femme qui n’était qu’un nom que le vampire semblait lui attribuer en divagant chaque fois qu’il la prenait.

Dante se recula et la tira vers lui. Vanra se plaça, comme à l’habitude, par-dessus lui, les mains posées de chaque côté de la tête de son maître, son cou en évidence et ses hanches allant au rythme que lui imposait le vampire… C’est alors qu’il lui posa une question qui la piégea. Pourquoi n’aimait-elle pas cela..? Son ton de voix trahissait un onze de colère. L’inquiétude marqua le visage de Vanra une fraction de seconde, puis, elle posa un regard désemparé sur le vampire. Elle ne pouvait pas lui répondre, lui dire la vérité. Ce serait un reproche et il pourrait la… Non… Il la punirait pour insolence. Elle se mordit la lèvre inférieure, fronça les sourcils, puis baissa les yeux.

- Je suis désolée… se contenta-t-elle de répondre.

Vanra prit une grande inspiration, puis soupira délicatement, comme pour se calmer et se motiver. Elle releva la tête et tenta tant bien que mal d’avoir l’air de prendre plaisir au jeu.

La jeune femme ne pouvait pas dire au vampire que ce qui la bloquait, en dehors de la douleur causé par ces «activités», c’était qu’elle le voyait bien qu’il ne la voyait pas elle. Probablement que Vanra était encore en vie seulement parce qu’elle rappelait à Dante une autre femme, peu importe qui elle avait été. Le fait est que ce n’est pas Vanra qu’il gardait en vie, mais l’image qu’elle lui donnait de cette autre femme. À partir de ce moment, comment pouvait-elle être autre chose qu’un jouet? C’était comme de prendre le portrait peint de quelqu’un et de lui reprocher de ne pas nous répondre ou nous sourire lorsqu’on le salut ou qu’on le regarde. Mais Vanra était tenue au silence, elle le savait. Dante n’accepterait pas de se faire reprocher quoi que ce soit, et encore moins ses moments nébuleux, par une «simple humaine»…

À chaque coup, le vampire semblait y aller de plus à plus brusquement, Vanra lâchant quelques gémissements sur le coup de la douleur. Heureusement, au bout d’un moment, elle s’habituait, serrant assez la mâchoire pour transférer la douleur. Peut-être aurait-elle aimé ce moment s’il avait été dans d’autres circonstances. Sans compter que, même s’elle était habitué à la présence des vampires, même s’elle connaissait leur façon de vivre, de s’exprimer, d’agir, Vanra n’avait toujours pas réussit à chasser l’image que c’étaient des morts-vivants… «Tu ne sais jamais ce que la vie te réserve», lui avait dit sa mère. Adieux le mari, la famille les oiseaux et les petits lapins dans le jardin! Le monde l’en avait bien éloignée, tant par sa situation personnelle que le chaos du monde…

Lorsque Dante sembla finir de jouer avec elle, Vanra commença à s’enlever de sur lui pour lui laisser son espace. Probablement allait-il vouloir qu’elle le lave, après…

Spoiler:

Vanra remarqua l'impatience de Dante. Il y avait longtemps qu'elle avait compris sa frustration et ne lui en voulait pas. Lui, il ne pouvait pas comprendre la sienne, elle ne pouvait pas lui parler. La jeune femme garda donc le silence et attendit quelque instant. Le comportement du vampire lui amena un sourire intérieur. Bien qu'elle craignait les vampires, généralement, Van trouvait également leur comportement amusant, surtout Dante. Après tout, il était le seigneur de Sola, un puissant et ancien vampire... Pourtant, dans son attitude actuelle, il ressemblait plutôt à un jeune homme qui faisait la gueule à une «amie» qu'il courtisait.

En terminant ces pensées, Vanra s'approcha délicatement et saisit le savon, avant de continuer à laver Dante. Comme à son habitude, elle resta silencieuse, mais ses mouvements parlaient pour elle. Quand elle bougeait, la jeune femme semblait toujours danser. Une danse douce, un rituel. Chacun de ses mouvements semblaient être calculés, si doux, si fluides... Elle se perdait dans ses pensées et son corps transmettait son état à ses mouvements.

D'un coup, Vanra se fit extirper de sa rêverie. Dante lui demanda de continuer son idée sur la guerre, idée incomplète jusqu'à maintenant. Il est vrai qu'il la connaissait bien, maintenant... Comment faire autrement après tant d'années? Dans une conversation, très peu d'émotions étaient perceptibles de la part de l'humaine, mais un regard aguerri sur elle trahissait le fond de ses pensées. Elle partagea donc son opinion tout en lavant le corps du seigneur.

- Vous m'avez demandé tout à l'heure qui voudrait se joindre à nous dans cette guerre. Vous seriez surpris du nombres de personnes prêtes à défendre ce qui leur est cher : familles, amis, villes... Probablement avez-vous comprit la fragilité de la vie humaine au cours de votre vie de vampire, mon seigneur, mais les humains aussi en sont conscients et c'est pour cela qu'ils sont prêts à se battre. Malheureusement, à moins d'être né dans une famille de guerriers, très peu ont eu l'occasion d'apprendre à manier les armes ou à utiliser la magie...

Vanra fit une pause en commençant à nettoyer le torse et les bras de Dante.

- Les humains craignent les vampires, je ne vous l'apprends pas. Mais si vous montrez à votre peuple que vous lui voulez du bien, que vous et votre famille êtes prêts à le protéger, que vous êtes prêts à former les volontaires à l'art de la guerre, vous serez épaté de voir à quel point, malgré leur nombreux défauts, les humains sont prêts à s'unir pour défendre ce qu'ils aiment...

La jeune femme termina le nettoyage, rangea le savon et ramena son regard empli de ferveur, de conviction et, surtout, d'implication dans celui du vampire.

- Les habitants de Sola sont majoritairement des réfugiés... Vous n'avez pas idée de tout ce qu'ils sont prêts à faire pour faire payer aux A.T. ce qu'ils nous ont fait...

Vanra resta longuement silencieuse en regardant Dante. Probablement ne l'avait-il jamais vu avec un tel regard. Elle savait que bientôt, il découvrirait son secret. Dès qu'il aurait prit confiance en elle à propos de la guerre et des décisions qu'il était grand temps qu'il prenne, Vanra savait qu'il l'apprendrait... Elle se leva après quelques instants, sortit du bain puis se rhabilla. Elle s'empara ensuite de la serviette de Dante pour l'essuyer, puis des vêtements propres qu'elle avait préparé.

Il écouta sa servante sans l’interrompre car ce qu’elle disait était juste et censé, Van’ faisait preuve d’intelligence, bien sûr ce n’était pas la première fois et il ne doutait pas de ses capacités intellectuelles, mais la elle lui récitait le même discours que les rapports des experts… et ce n’était qu’une servante. Dante avait remarqué sa valeur au premier regard mais il était loin de se douter de son vrai potentiel.

Le seigneur sortit de son bain en silence, se laissant essuyer sans rien dire. Ce fut au moment de se rhabiller, juste avant de remettre son masque qu’il prit enfin la parole.

- A partir de maintenant, tu pourras me donner ton avis sur les sujets dont il te semble bon d’aborder… mais tu ne le feras que lorsque nous serons seuls.

Il marqua une petite pause en la jaugeant une nouvelle fois.

- Tu a raison sur toute la ligne, beaucoup sont venus trouver refuge à Sola, je vais devoir prendre la parole devant eux pour tenter d’en faire des alliés, pour l’instant l’entrée en guerre n’est pas encore officiel donc je ne l’évoquerais pas mais je dois faire en sorte que tous comprenne qu’ici ils sont en sécurités... Tu devras être présente, je compte sur toi pour donner une bonne image, que tous remarque que tu es en forme et en sécurité.

L’image était importante, Dante ne faisait pas énormément de grande apparition devant son peuple, mais la il se devait de galvaniser et d’obtenir le soutien des habitants de son Duché. Beaucoup de rumeurs couraient sur la famille de vampire, on parlait d’eux comme des monstres sanguinaires et l’apparition de Van’ montrerait le contraire.

Une fois le masque sur son visage, il prit la direction de sa chambre, les domestiques commençaient déjà à fermer les volets du château et à allumer les lumières.

- Je prendrais la parole demain soir, si tu a besoin d’une robe tu pourras demander de l’aide à Mélissa.

Puis il pénétra dans sa chambre pour aller dormir.

[milles excuses]