Vanra est de nature une jeune femme douce, délicate, attentionnée, mais très timide... Elle est tombée orpheline très jeune et a dû survivre de ses propres moyens en retrait de la société pendant un moment avant que quelqu'un ne la prenne sous son aile, faisant d'elle également sa servante. Au début, elle ne croyait en rien d'autre que ce qu'elle avait appris dehors. Elle était très orgueilleuse et n'acceptait que difficilement les reproches. Après tout, sa courte vie jusqu'à maintenant n'avait pas été facile et on pouvait, moralement, difficilement lui reprocher de ne pas comprendre certains concepts d'une commune ou d'un système social...

Malgré toute sa délicatesse, lorsqu'il est temps d'avoir du courage - Enfin, en dehors de ses phobies - elle n'hésitera pas à prendre les armes et à se défendre, peu importe ce qu'elle a sous la main. Lorsqu'on s'attaque à ses valeurs, soit la famille, l'amitié, la générosité et l'empathie, elle peut devenir très agressive. Étant donné qu'elle se met rarement en colère, lorsqu'elle l'est, ça lui prend du temps pour se calmer. Vanra a dû apprendre à se contrôler, car en servant une famille de vampires qui voient les humains soit comme du bétail, soit comme de la vermine, on apprend à éviter les «défauts mal placés». Bien que la jeune femme soit pour la protection des proches et des plus faibles, elle se sauvera la vie s'elle voit qu'elle ne peut rien faire pour un autre : après tout, comment aider les autres une fois morte? Malgré les préjugés, elle a appris à ne plus s'en vouloir, la plupart du temps, quand elle voit quelqu'un souffrir ou mourir et qu'elle ne pouvait rien y faire. Du moins, même s'elle ne le montre pas, Vanra s'est refermée beaucoup sur elle-même en raison de tout le mal qu'elle voyait autour d'elle. Elle ne pouvait pas comprendre qu'une race relativement semblable à la sienne ait absolument besoin de lui faire du mal pour survivre... Elle ne fait pas facilement confiance aux gens. Même celui qu'elle sert, après tant d'année et alors qu'il l'a sauvé et protégé, elle le craint.

Ayant toujours été très loin des grands lacs et des océans, Vanra craint les grandes étendues d'eau. Ayant grandi dans les plaines, les montagnes et les forêts, il y a toujours une frontière, totalement l'inverse des mers où l'horizon n'est plus qu'un adjectif désignant la courbe de l'océan. Elle craint également d'être seule dans le noir, car étant en contact avec des vampires depuis un moment, jamais elle ne se sent réellement seule : toujours espionnée, suivie, désirée... Alléchante... Et quand vous êtes leur servante, ne faites pas l'erreur de leur refuser une veine! Ceci à donc développer chez Vanra une peur bleue de tout ce qui a des crocs et des griffes.

Spoiler:

Le 1er Telniss de l’an 91 fut la plus belle de toutes les journées aux yeux de Gaëlle et Faren, jeunes parents. En effet, ce qui n’avait été qu’un battement de cœur dans le ventre de la mère était maintenant un petit être fragile, sans aucune notion des peines et des joies de la vie. Vanra Azinvell venait de voir le jour pour la première fois. Tout comme le printemps est la renaissance de la nature et le début de la vie pour toute une année, la petite fille était le début d’une suite de bonheur pour deux êtres bien ordinaire des alentours de Sen’Tsura…

- Papa! Papa! Regarde! Appela Vanra, toute enjouée.

- Qui a-t-il? Demanda Faren en cherchant sa fille dans le jardin.

- Ici! Dit-elle en lui faisant des signes de la main.

Le père s’approcha d’elle et chercha où il devait regarder. L’enfant lui pointa de son minuscule doigt une araignée noire et à bande blanche en train de tisser sa toile dans une magnifique mandala. Vanra avait toujours été très curieuse et aimait apprendre, observer, comprendre… Même s’elle avait peur des araignées, car elle s’était déjà fait piquer, elle ne se tannait jamais de les regarder travailler durement fabriquer leur toile, minutieusement, fil par fil… Vanra avait à peine six ans et elle pouvait déjà expliquer, dans des mots d’enfants évidemment, comment les araignées tissaient leurs toiles, comment elles attrapaient leurs proies, pourquoi il y avait des oiseaux au bec crochu, plat ou court… La petite ne se tannait jamais d’apprendre! Elle étudiait également les fleurs, les plantes et les arbres et comprenait comment ils se reproduisaient… Bon, évidemment, elle oubliait certaines informations… Mais elle ne se gênait jamais pour poser des questions et comprendre le monde qui l’entourait. Vanra était très sensible et tout ceci ensemble charmait beaucoup les autres villageois. Et oui, elle ne se contentait pas de poser des questions à ses parents : combien de fois avait-elle échappé à la main de son père et s’élançant vers un artisan en train de fabriquer… Peu importe quoi… Et de lui demander ce qu’il faisait, comment ça fonctionnait etc.

- Monsieur, pourriez-vous me montrer comment faire des bijoux? Avait-elle demandé un jour à un bijoutier/joaillier.

-Tu es bien trop jeune pour que je te le montre maintenant. Enfin, tu peux me rendre visite quand tu veux, si tes parents sont d’accord, et venir voir comment je fais et en quoi consiste mon travail et je te l’expliquerai. Mais je ne te laisserai pas jouer avec mes outils, c’est bien trop dangereux! Avait-il répondu.

Vanra avait fait une moue, puis un grand sourire illumina son visage avant qu’elle ne reparte au trot.

-Je viendrai demain! Merci monsieuuuur!

Et le lendemain, elle y était retourné, avec son père pour s’assurer d’avoir son autorisation, et avait passé sa journée en sa compagnie à observer et analyser le moindre de ses gestes!


Vanra avait longtemps apprit à observer, maintenant, elle voulait passer à l’acte! Et non, détrompez-vous… Le bijoutier ne la laissait toujours pas faire de bijoux, même après un an et demi! C’est plutôt avec sa mère qu’elle passait à la pratique.

-Les dames et les damoiselles ont des protocoles et des façons de faire qu’il nous est primordial d’apprendre, ma chérie… Et je parle des choses hors du domaine ménagé! Tu sais déjà presque parfaitement t’occuper d’une maison. Il te faut donc apprendre les manières.

- Ah oui? Comme quoi?

- Comme tu l’as déjà remarqué cette semaine, j’ai une façon précise de me présenter à quelqu’un, différemment s’il s’agit d’un homme ou d’une femme, ainsi que de son statut. Dans les grandes réceptions, il y a une façon de se tenir à la table, de choisir l’ustensile que l’on prend, une façon même de prendre des bouchées de notre repas!

- Mais… Ce sont les grandes dames qui vont ça maman… Non?

- Si. Mais qu’est-ce qui te dis qu’un jour tu n’auras pas besoin de te présenter devant un noble? Veux-tu prouver que ton rang de paysanne t’abaisse au «ridicule» et à la «sauvagerie» ou veux-tu prouver que malgré que tu ais vécu «dans la basse classe», tu sois aussi présentable qu’une fille de noble?

- Humm… Et bien… Je…

Gaëlle s’approcha de sa fille et la serra dans ses bras.

- On ne sait jamais ce qui peut arriver dans la vie, alors je vais t’enseigner tout ce que je peux… elle tint sa fille par les épaules et la regarda dans les yeux avec un beau sourire. De toute façon, tu ne me disais pas que tu aimerais vivre dans un château? Ce sont les princesses qui vivent dans un château et elles connaissaient très bien l’Étiquette!

Pendant un long mois, entre les nombreuses tâches ménagères, Vanra apprit à se tenir à la table, choisir l’ustensile adéquat, se présenter, son père participant à l’exercice… Vanra ne voyait pas trop l’utilité, mais en dehors de ça, elle s’amusait beaucoup. C’était un peu jouer à la poupée avec ses parents : ils semblaient si heureux de la voir arriver fièrement, le dos droit, les épaules reculées et la tête haute! Elle avait même apprit à coudre avec sa mère et avait fait une magnifique petite robe pour elle-même.
C’est ainsi que s’écoulait la petite vie de Vanra : abondance, bonheur, famille et rêves…


Vanra croyait que sa vie serait toujours ainsi. À ses neufs ans, elle était déjà capable de faire un ménage complet, de cuisiner, de dépecer les animaux que son père ramenait de chasse, de se présenter convenablement dans les soirées… Bon, elle faisait quelques petites erreurs, mais qui n’en fait pas?

Son monde allait bien, jusqu’au jour où Ailes Ténébreuses est arrivé dans notre monde. Son père lui avait déjà parlé de batailles et Vanra se faisait facilement des images, vu les animaux morts que Faren ramenait. Mais jamais, au grand Jamais, elle n’aurait cru qu’un jour, elle le verrait de ses yeux : Le ciel et la terre devint rouge. Le sang coulait à flot dans les rues et les bâtiments du petit village, tellement de sang avait giclé que les gouttes semblaient en suspension dans l’air, couvrant le ciel du symbole de la mort et de la souffrance…

- Gaëlle, Vanra, on s’en va! Ordonna Faren.

- Mais… Papa, les autres!?

- Je suis désolé, on ne peut rien faire, il est trop tard! On ne peut rien faire contre des démons!

Les parents et la jeune fille quittèrent la demeure et s’éclipsèrent du village par la forêt. Malheureusement, certains démons les avaient vu et les poursuivirent.

- Gaëlle, pars avec Vanra! Je vais tout faire pour les ralentir! Je t'aime Vanra! À bientôt, mon amour!

- Faren! / Papa! Crièrent en chœurs les deux filles.

- Je vous aime, ne l’oubliez jamais!

-PAPAAAAA!!! Hurla Vanra, sachant très bien ce qui allait se passer.

Les deux filles continuèrent leur chemin, Gaëlle prenant sa fille sur son dos pour aller plus vite. Faren sortit son arc, encocha une flèche, puis disparu de leur champ de vision, restreint par la forêt. Vanra sentit quelque chose se briser en elle après à peine deux minutes… Elle savait que l’âme de son père n’était déjà plus de ce monde… Elle remarqua aussi que sa mère avait l'air moins en forme que d'habitude. Peut être à cause de la douleur pour son père...

Les deux filles purent fuirent jusque dans les profondeurs de la forêt. Elles s’étaient cacher durant la nuit et avait continué durant le jour jusqu’à ce qu’elles atteignent les limites de Drayame. C’est à ce moment que Gaëlle s’effondra.

- Maman!? S’inquiéta la petite en se relevant de sa chute.

- Je suis désolée, ma chérie, mais je ne peux aller plus loin…

Les larmes envahirent immédiatement les yeux de la petite fille et baignèrent son visage de larmes.

- Maman… Pas maintenant… Pas toi aussi…

- Mon corps est brisé… Je suis désolée de ne t’avoir rien dit, mais la mort me prend à petit feu depuis un moment…

Vanra posa sur elle un regard interrogateur et désespéré.

- Qu’est-ce que tu veux dire?

- Je suis malade et aucun guérisseur n’a pu y faire… Continue plus loin, ma chérie. J’ai quelques amis chez les elfes qui pourront s’occuper de toi…

- Maman, non! Reste avec moi! J’ai besoin de toi! Tu n'as pas le droit de partir comme ça! Si soudainement! C'est n'importe quoi mourir comme ça! L’implora-t-elle en lui attrapant la main.

C’est alors qu’elles entendirent un son dans les bois.

- Va-t’en!

Vanra hésita quelques secondes et partie. Elle se tourna quelques secondes pour voir et aperçu une créature qu’elle n’avait jamais vu auparavant : c’était un homme à la peau très pâle ; ses mains avaient de longs doigts terminés par des griffes et son sourire sadique laissait transparaître d’imposants crocs.

-Cours, Vanra! Cours!

La créature s’empara de sa mère et planta violement ses crocs dans son cou. La petite laissa échapper un cri de terreur et prit ses jambes à son cou. Elle sentit quelque chose s’éteindre lentement en elle, comme si elle pouvait sentir la vie de sa mère quitter lentement son corps… Perdu dans sa souffrance, Vanra trébucha sur une branche, puis entendit quelque chose s’approcher rapidement d’elle. Lorsqu’elle se retourna, elle vit le monstre arriver sur elle. Mais quelque chose à laquelle elle ne s’attendait pas se produisit : un semblable de celui qui allait l’attaquer s’interposa entre elle et lui.

- Marcus, ça suffit! On n’est pas là pour ça! Et tu as déjà bu!

Le monstre sembla se calmer aux paroles de l’homme aux longs cheveux blancs.

- Qu’est-ce que ça change, une vie de plus ou de moins, Dante? Elle ne manquera à personne : elle est seule!

Vanra commença à ramper vers l’arrière, puis se leva d’un coup et s’enfuit. Les deux vampires continuèrent de se disputer, mais la jeune fille n’entendit pas ce qui se passa. Alors qu’elle courrait à toute vitesse, elle aperçut un groupe de personne au loin : les elfes.


Vanra resta parmi les elfes pendant six mois. Ils guérirent ses blessures et lui enseignèrent quelques trucs de survie. Elle apprit pendant son séjour là-bas que sa mère allait souvent les voir pour découvrir leur culture et leur faire découvrir la sienne. Vanra comprit d’ailleurs pourquoi sa mère savait autant de chose sur la nature! Bref, au bout d’un mois, lorsqu’ils furent certains qu’elle allait bien, les elfes la ramenèrent à Sen’Tsura. Elle savait que ça arriverait, qu’elle n’avait pas sa place parmi les elfes, mais quand bien même, elle ne voulait pas retourner auprès des humains. Lorsque son village avait été attaqué, la ville n’avait rien fait et aujourd’hui, elle lui devrait allégeance? Dès que les elfes furent repartit, Vanra commença à chercher un endroit en retrait où elle pourrait vivre.

Dans des ruelles abandonnées, la jeune fille trouva refuge. Beaucoup avait pitié d’elle, mais pourtant, personne ne s’en occupait… C’était «la fille de la ruelle»… «Pauvre petite, sans personne pour s’occuper d’elle!», «Elle va mourir soit de faim, soit de soif!», «C’est honteux! Quelqu’un devrait s’occuper d’elle!»… Mais toutes ces personnes parlaient d’elle, disait ce qui allait lui arriver, ce qui devait être fait… Mais personne ne se portait volontaire, évidement. Ils regardaient «la pauvre petite fille de la ruelle» avec pitié, sans pour autant lui offrir l’hospitalité… Donc, de ses dix ans jusqu’à ses quinze ans, Vanra se débrouilla toute seule : grâce aux elfes et à son père, elle savait chasser, dépecer. Grâce à sa mère et aux femmes elfes, elle savait faire cuir convenablement la plupart des viandes sauvages et gaspiller le moins possible toutes les parties de l’animales.

Vanra avait également réussit, dans la dernière année, à aider un gentil forgeron qui ne pouvait l’accueillir chez lui, mais il lui montra tout de même à fondre le métal et à le reforger. Vanra créa quelques moules en argile brûlée et commença à faire des bijoux, qu’elle arrivait à vendre pour obtenir quelques ailes de bronze. Après tout, il y avait certaines choses importantes qu’elle ne pourrait pas se procurer autrement qu’en les achetant. Ainsi, à la longue, l’adolescente avait réussie à se fabriquer quelques vêtements avec les tissus qu’elle s’avait achetée ; elle avait fait une pace avec des lanières de cuir et une monture en argent allant dans son front dont elle se servait pour attacher ses cheveux ; des boucles d’oreilles et une bracelet pour le haut de son bras.


Vanra dormait dans son abri et commença à s’agiter : dans son rêve, elle voyait des démons arriver de partout, du sang, des bras, des têtes…. Une pluie de flèches lui arriva alors dessus. Elle cria car elle ne put bouger. Mais à son grand étonnement, les flèches s’éparpillèrent alors dans tous les sens et aucune ne la touche. Un coup soudain la fit alors sursauter.

Vanra se réveilla assise dans son lit en criant. Elle vit autour ses effets personnels tomber au sol.

* Ils volaient!? * Se dit-elle.

En observant sa chambre, on aurait dit qu’il y avait eu une véritable bataille… Vanra se leva et prit sa lance. Elle commença par faire le tour de la maison délabrée. Personne… Elle se dirigea par la suite à l’extérieur. Toujours personne. Vanra resta vraiment perplexe : elle ne voyait aucun signe que quelqu’un soit venu dans le coin. Elle retourna à l’intérieur et observa ses choses, toute troublée.

* Mes affaires ne pouvaient quand même pas être réellement en train de voler… Si? Arf… La solitude est en train de me rendre folle… * lâcha-t-elle en se couchant.

Le lendemain, Vanra ne put constater que ce n’avait pas été un rêve. Alors qu’elle repensait à la nuit où ses parents avaient été tués et qu’elle se voyait en train d’écraser quelques démons, l’assiette à côté d’elle explosa de la même façon, la faisant sursauter. Cette fois, elle ne pouvait pas le nier : ça venait bien d’elle. Malheureusement, elle ne savait pas comment cela se produisait et bien qu’elle essaya une partie de la journée, rien n’y faisait…


Vanra avait maintenant seize ans finit par remarquer que son énergie se transférait lorsque ses émotions l’envahissaient et qu’elle faisait se déplacer ou exploser des objets. De plus, il lui était arrivé une fois de discuter avec quelqu’un et qu’il ne lui réponde pas, mais elle avait entendu la voix de cette personne en écho, sans pour autant que ses lèvres ne bougent. Elle finit par comprendre, avec le temps, qu’elle pouvait lire certaines pensées. Les plus forts d’esprit lui échappaient encore, mais Vanra appréciait tout de même ce petit avantage. Ainsi, elle pouvait parfois réconforter quelqu’un de triste qu’elle croisait dans la rue, car même s’il ne parlait pas de voix, son esprit parlait pour lui…

Ceci lui permit d’ailleurs de se trouver un travail. Dans ce qu’elle pouvait vraiment faire, elle connaissait les tâches ménagères. Ainsi, elle lut par simple hasard un jour les pensées de quelqu’un qui cherchait une servante. La jeune femme s’était donc préparée le lendemain afin d’être présentable et alla à la rencontre de cette personne. Vanra retrouva l’homme facilement : C’était un noble d’une famille assez connue en ville et il était toujours sur la place publique pour fanfaronner.

- Pardonnez-moi, monsieur… Mon nom est Vanra Azinvell. J’ai entendu dire que vous cherchiez une servante?

L’homme la regarda d’abord bizarrement, puis un sourire quelque peu…. Pervers illumina son visage.

- Oui, en effet. Vous êtes intéressée? J’espère, parce que moi oui…

Vanra s’inclina légèrement en tirant les fins voiles de sa robe. Elle aurait un endroit où vivre, elle ne serait plus affamée, même s’elle se débrouillait déjà très bien pour manger… Elle avait un petit prix à payer, mais tant qu’à vivre pour survivre, elle devait bien trouver de quoi d’un peu mieux…


Vu les commentaires et les regards pervers auxquels elle avait eu droit en le rencontrant, Vanra se doutait que son maître allait parfois profiter d’elle… Et c’est ce qui arriva. Elle fut sous ses ordres jusqu’à ses dix-sept ans, avant que sa vie ne soit une fois de plus chamboulée. En effet, une nuit, Vanra fut réveillée par un énorme grabuge venant de l’entrée. Elle s’approcha de sa porte, qui donnait directement dans le hall, et jeta un coup d’œil par la petite ouverture qu’elle laissait à la porte.

- Non! Savez-vous qui je suis!? Vous n’avez pas le droit! Vous serez puni pour cela, vampires!

Son maître était sur la défensive face à deux hommes difficilement discernables dans le noir. Mais leur silhouette lui disait quelque chose…

- Oui, on le sait et on s’en fiche, humain! On avait passé un accord et comme si tu ne me dégoûtais pas déjà assez, tu as osé essayer de nous duper! Ce sera ta dernière erreur…

La lueur d’une flamme dansante permis à Vanra de voir le visage de celui qui parlait. Son sang se glaça dans ses veines : c’était le vampire, le monstre qui avait bu la vie de sa mère il y avait huit ans déjà. Il avait voulu la poursuivre, mais un autre l’avait arrêté…… Le vampire tenta de saisir l’homme par le bras, mais celui-ci recula et s’approcha rapidement de la chambre de Vanra. Cette dernière se recula expressément jusqu’à son lit alors qu’il ouvrit la porte.

- Prenez-la, elle! C’est mon compromis, une compensation! Je peux la remplacer, elle n’est pas importante!

Vanra fut saisie par la peur. Alors il la balançait comme ça? Il aura abusé d’elle jusqu’au bout… L’homme saisit la jeune femme par le bras et l’envoya dans les bras de son agresseur. Mais celui-ci la renvoya comme un vieux chiffon avec force dans les bras de son ami. Tout ce qu’elle pouvait faire, c’était pousser quelques plaintes…

- Je n’ai rien à faire d’elle! Ce n’est pas elle qui m’intéresse, pour le moment… Dante, tu peux la prendre si tu veux. Sinon, garde-là moi!

Alors que Vanra entendait dans son dos les cris de son maître, ou plutôt ce qui en restait, elle se retrouvait prisonnière des bras du deuxième vampire. Dante… Le même qui lui avait sauver la vie autrefois, il y avait huit ans. Huit ans… Pour le peu qu’elle savait des vampires, pour lui, ça devait être hier… Mais peut-être n’était-ce pas important? Après tout, ils étaient simplement pressés quand il avait arrêté…. C’était quoi son nom, déjà? Marcus? C’était assez flou dans sa tête… De plus, elle tentait de lire les penser du vampire grâce à la tourmaline, dans laquelle elle avait transféré sa télékinésie et sa télépathie, situé sur son front. Mais elle n’y arrivait pas.

*Il a trop de volonté… Je ne peux pas lire ses pensées… * s’inquiéta-t-elle.

Dante l’observait intensément. Était-ce parce qu’il réfléchissait? Ou observait-il son cou avec délice? Soudain, son regard s’arrêta sur sa cuisse. Vanra n’osa même pas regarder quoi. Il approcha sa main au niveau de la fente de la robe, puis la souleva légèrement. La jeune femme jeta un coup d’œil aussi et comprit : Il observait ses blessures, bleus, brûlures et autres, sur sa cuisse. Elle en avait partout en fait. Partout où elle pouvait le cacher. Le vampire blanc leva alors les yeux vers son ami et son goûter, puis ramena son regard à l’adolescente. Il dégagea délicatement son cou des quelques mèches qui y étaient posées, puis caressa sa mâchoire. Il s’approcha ensuite de son cou et Vanra pu entrevoir rapidement ses crocs. La douleur ne fut que lorsque les crocs entrèrent dans sa peau. Par la suite, on aurait dit qu’un paralysant ou un anesthésiant se libérait dans le corps, pour finalement seulement entendre son sang passer dans la gorge du buveur et entendre son propre cœur battre… Il ne prit pourtant que quelques gorgées, mais cela suffit à Vanra pour se sentir toute faible et étourdit. Il l’a retint contre lui et s’approcha de son oreille.

- Tu m’appartiens, désormais… lui susurra-t-il. Marcus! On y va, ça suffit!

Puis, Vanra sentit une pression dans son cou et s’endormit.


Vanra à maintenant vingt-et-un ans. Ça fait quatre ans qu’elle sert dans la famille de Dante. Le soir où il l’avait ramené, elle n’avait rien pu prendre avec elle, étant donné qu’elle était inconsciente, mais il avait accepté qu’elle retourne chercher ses trucs, une fois… Vanra était devenue la servante de Dante… Une servante humaine dans une famille de vampires… Effectivement, sa mère avait eu raison lorsqu’elle lui avait dit «tu ne sais jamais ce qui peut t’arriver dans la vie…»…. Si seulement sa mère la voyait aujourd’hui! Malgré qu’elle craignait beaucoup les vampires (mis à part Dante et encore là, par moment…) elle arrivait à rire. D’ailleurs, c’est ce genre de pensées qui la faisait rire. Oui, sa mère et son père lui manquaient… Leurs étreintes, leurs voix, leurs histoires… Mais elle les avait toujours gardée très près d’elle, dans son cœur… Elle s’évadait souvent dans un monde imaginaire alors qu’elle remplissait ses tâches… Ce qui causait souvent des dégâts, d’ailleurs… Après tout, quand on voit ses semblables amenés aux vampires pour leur repas, qu’on les entend crier, demander pitié, on doit absolument se trouver un lieu de refuge dans un autre monde, si on veut survivre à cette souffrance…