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Raconte comment tu as fait pour maitriser la création de bijou, et la mise de tes pouvoirs dedans.

Vanra avait déjà passé de nombreuses journées avec le forgeron du village. Elle l’observait, analysait la technique… Parfois, il lui demandait de lui ramener tel ou tel outil, rendant la jeune fille très heureuse de pouvoir se rendre utile. Cependant, il ne voulait pas qu’elle fonde et moule les pièces tout de suite : elle était encore trop jeune. Vanra avait donc appris surtout la théorie. Bon, de temps à autre, il la laissait prendre les pinces, saisir les petites pièces terminées et les tremper dans l’eau afin de leur donner leur couleur finale. Elle aimait beaucoup passer du temps à la forge. Elle apprenait tellement de choses! Si intéressantes et utiles! Sans compter que, des fois, le forgeron avait besoin de quelques pierres précieuses ou fines pour terminer un bijou ou le pommeau d’une arme spécialement commandée…

C’est ainsi que lorsque le forgeron était trop occupé pour accueillir Vanra dans sa forge, elle se rendait au magasin de pierres. Elles étaient si jolies! Certaines étaient vraiment resplendissantes, brillantes, très colorées, alors que d’autres étaient plus sobres, modestes, opaques et mattes. Cela fascinait la jeune fille. La nature avait fait des minéraux si divers, textures comme couleurs, fibres par fibres… Elle se trouvait devant la vitrine des pierres précieuses et les observait avec ses grands yeux emplis de curiosité.

- Bonjour, comment puis-je t’aider? Dit une voix de femme.

Vanra leva la tête et aperçu une belle dame en robe, couverte de bijoux, mais rien de superflu.

- Euh, non… Oui, enfin je… Je trouve toutes ces pierres très intéressantes, mais je n’y connais rien. Pourriez-vous m’en parler un peu?

- Mais bien sûr, ma belle! Premièrement, tu dois faire la différence entre les pierres précieuses et les pierres fines. Celles que tu regardes en ce moment sont précieuses. Le rouge est un rubis, il représente le feu, la vitalité, la passion… Cette belle pierre verte est une émeraude, c’est la douceur, la protection, la terre. Celle-ci est un saphir, son bleu profond rappel le fond des océans, il signifie la vie, la guérison, la mère et l’eau. Finalement, le diamant, d’un blanc opaque à son état brut, il trouve son éclat et sa transparence une fois poli et chauffé, il représente la créativité, la richesse, la force et le vent.

La dame lui présenta ensuite toutes les pierres fines qu’elle possédait. Il ne lui en manquait pas beaucoup et elle connaissait très bien chacune des significations des pierres.

- Il y en a une en particulier sur laquelle je n’arrive pas à mettre la main… Je ne sais pas pourquoi, mais cette pierre semble posséder déjà ses propriétés à l’état brute.

- Qu’est-ce donc, madame?

- La tourmaline. C’est une pierre changeante, mais pourtant stable dans ses changements. Elle passe du rouge au bleu, en passant par le jaune, le vert, le mauve… Elle représente l’esprit dans tous ses changements, ses humeurs possibles… Le problème, c’est que cette pierre ne se trouve jamais au même endroit…

Vanra ne put retenir sa surprise.

- Que voulez-vous dire?

- J’ai entendu dire que la tourmaline représentait la force de l’esprit, entre autre, la télékinésie et la télépathie… Comme tu le sais peut être, les plus grands mages de la télékinésie ne se contentent pas de déplacer les objets dans leur environnement immédiat : ils peuvent téléporter les objets et se téléporter eux-mêmes!

- Mais alors… Même si vous arriviez à en avoir une, vous ne pourriez pas la garder… Alors pourquoi vouloir vous en procurez une?

- On dit que certains métaux entrent en conflit avec certains minéraux… J’ai entendu dire, par exemple, que les humeurs du pyro-rubis, rubis avec ses propriétés de feu, pouvaient être contenues par l’or. Je devrai donc trouver à quel métal la tourmaline est vulnérable… Aussi, les pierres les plus réceptives «acceptent» leur porteur. C’est une des raisons pour lesquelles les gens choisissent minutieusement leurs bijoux lorsqu’ils ont des pierres : même ceux qui ne sont pas sensibles à la magie ressente ou non l’appel d’une pierre.

Vanra réfléchit quelques secondes, puis ramena son regard à la femme.

- Est-ce qu’il y a un truc pour trouver quel genre de métal affaiblit les pierres?

- Euh… Et bien… Personnellement, j’y vais avec ce que j’ai étudié de la magie : l’or est un bon conducteur de chaleur, mais il est dur à faire fondre. Ainsi, c’est pour ça qu’on l’associe bien à un pyro-rubis, il contient sa puissance, mais aide à le manier facilement.

La jeune fille regardait et écoutait la dame toute fascinée. Puis, son regard se transforma et laissa la place à la détermination.

- Je vais vous aider! Je vais trouver des tourmalines et vous en rapporter en me servant du métal qu’il faut!

- Mais!? Tu es bien trop jeune! Je n’aurais pas dû te parler de tout ça! Aller, va! Rentre chez toi et oublie tout ce que je t’ai dit!

Vanra n’avait pas vraiment comprit la réaction de la dame. Mais en même temps, les adultes avaient l’habitude de l’infantiliser. Elle savait qu’elle était très jeune et pas très forte… Mais elle ne voulait plus être sous-estimée. Un jour, bientôt, Vanra allait partir à la recherche de cette pierre!


Vanra avait continué d’aller chez le forgeron chaque fois qu’elle avait pu. Maintenant âgée de huit ans et avec toute l’expérience qu’elle avait acquis, il la laissait maintenant travailler un peu sur des pièces faciles. Vanra faisait donc surtout des bagues et des montures de pendentifs, mais ça l’a rendait heureuse. Elle se sentait utile. En début d’après-midi, le forgeron ferma la boutique et proposa à Vanra de venir avec elle dans les montagnes. Il devait aller chercher quelques minerais d’argent, préférant les récolter lui-même plutôt que les commander. En plus de l’occasion que ça lui donnait de sortir un peu de sa forge! Vanra et le forgeron se rendirent donc sur le deuxième plateau de la montagne, là où se trouvaient les filons d’argent. L’homme sortie alors deux pioches, surprenant la jeune fille.

- Tu veux m’aider? Lui dit-il avec un grand sourire.

- Je euh…. Oui, pourquoi pas… Mais est-ce que je vais être assez forte pour casser la roche?

- Ne t’inquiète pas, la force n’est pas aussi importante qu’on le croit : c’est la précision de tes coups qui l’est!

Le forgeron commença donc à montrer à Vanra où frapper et comment. La petite tenta donc son premier coup, qui la fit tomber à plat ventre. L’homme l’aida à se relever en rigolant.

- Tu dois frapper le sol, pas le ciel!

Après quelques essaies, elle réussit à donner son premier coup qui commença à extraire le minerai. Au bout d’une vingtaine de minutes, la roche à laquelle était accroché l’argent se détacha du filon.

- Bravo ma grande! La félicita-t-il, lui tapotant légèrement l’épaule.

Vanra essuya son front en sueur et sourit. Elle décida cependant de prendre une pause, l’exercice l’ayant vraiment épuisé. La jeune fille s’installa sur un cap de roche un peu plus haut et s’étendit sur le dos en observant le minerai qu’elle avait extrait, placé entre ses deux petites mains. Soudain, une lueur attira son œil derrière elle. Lorsqu’elle se retourna, elle aperçut une petite cavité. Curieuse, elle se leva et s’y rendit. Vanra jeta un coup d’œil rapide autour. Puis, elle entra dans la mini caverne. Soudain, des lumières aux couleurs de l’arc-en-ciel commencèrent à danser autour d’elle. Vanra était émerveillée. C’est alors que quelque chose d’autre attira son attention : une lueur, au fond de la caverne. La petite fille commença à s’en rapprocher, intriguée. La lueur semblait s’éclaircir lentement, devenant peu à peu une lumière blanche. Soudain, elle lui fonça dessus et s’arrêta au dernier instant devant elle.

- Mais… MAIS!?! C’est une tourmaline!? S’étonna-t-elle.

La pierre flottait là, devant ses yeux. Alors que la dame de la bijouterie lui avait dit que la pierre fuyait, celle-ci venait à sa rencontre! Vanra n’en croyait pas ses yeux… Alors les pierres avaient réellement des pouvoirs prédéterminés!? Elle savait que la magie était puissante, mais jamais elle n’aurait pensé que même la nature, les choses sans vie, pouvaient aussi avoir de la magie!

Vanra approcha sa main, mais la tourmaline s’éloigna juste au moment où elle l’aurait touché. La jeune fille se souvint alors de ce que lui avait expliqué la dame : «Certains métaux entrent en conflit avec les pouvoirs des pierres». Ça paraissait étrange que la pierre soit près du métal qui l’affaiblissait, mais Vanra prit tout de même une chance : elle approcha lentement le minerai d’argent de la pierre. C’est alors que Vanra sursaute : La pierre perdit d’un coup tout son éclat, celui-ci semblant être aspiré par l’argent, et tomba au sol. La petite resta immobile pendant un moment, étonnée de ce qu’elle venait de voir. Se ressaisissant, elle se pencha alors pour ramasser la pierre. Elle était lourde! Il y avait tout de même une bonne quantité dans cette pierre. Enfin, c’est ce qu’elle en déduisait…
Vanra se tourna alors vers les autres gisements. Elle décida d’en rapporter tout de même quelques-unes à la dame, car elle avait l’espoir de pouvoir en garder un peu… Elle se servit donc de l’argent pour «endormir» toutes les autres pierres qu’elle décida de prendre, dont une toute petite qu’elle décida de garder pour elle.


Vanra avait rapporté quelques pierres à la bijoutière. Cette dernière failli faire une crise cardiaque lorsqu’elle vit la petite sortir toutes ces tourmalines de son sac.

- Mais… Mais…. Comment as-tu fais!?

- Je les ai trouvées, simplement, près d’un gisement d’argent. Ce que je ne comprends pas, c’est qu’elle est vulnérable à l’argent…

La dame croisa son bras gauche et posa son index droit sur ses lèvres, le regard perdu dans ses réflexions. Puis, elle sembla avoir formulé sa pensée.

- Peut être que la tourmaline est apparue là et que le minerai d’argent l’a empêché de repartir. C’est pourquoi tu as dû la retrouvé dans cette cavité…


Vanra avait perdu ses parents depuis un moment. Après être revenue de chez les elfes, elle s’était retrouvée sans abri dans la capitale. Chaque soir, elle quittait la maison en ruine qui lui servait de refuge et allait voler deux ou trois trucs : nourriture, couvertures, vêtements… Parfois, elle volait un peu d’argent, histoire que les gens ne se posent pas TROP de questions quant à ce qu’elle pouvait porter. Évidemment, elle s’empressait de faire quelques modifications aux vêtements qu’elle portait afin que personne ne dise «Hey, c’est à moi, ça!». Vanra savait prendre ses précautions. Puis, à toutes les fois que la lune était à son plus haut, Vanra rentrait chez elle. Une nuit, Vanra rêva de nouveau à l’attaque du village, quand son père avait tenté de les protéger et leur avait dit de partir. Mais dans son rêve, Vanra s’était retourné et avait souhaité que les démons soient envoyés au loin…

La jeune femme se réveilla alors en sursaut, voyant tous ses effets personnels tomber au sol… Alors qu’ils devaient déjà s’y trouver normalement. Elle n’était pas folle… Si? Elle aurait juré que les objets volaient par eux-mêmes! Une énorme migraine lui frappa alors la tête, la força à se coucher. Vanra se tint la tête, ferma les yeux et finit, au bout de quelques heures à se rendormir.

À partir de cette nuit-là, Vanra se réveilla chaque nuit à cause du fracas de ses objets au sol. Elle commença à comprendre ce qui se passait le soir où le bijou avec la tourmaline qu’elle avait forgé s’était téléporté vers elle. Il brillait très fort et Vanra sentit une énergie commune entre sa tête et la pierre… Qu’était-ce donc? Vanra se remémora tout ce que la bijoutière lui avait dit lorsqu’elle était jeune… Les pierres, les métaux… La tourmaline qui représentait l’esprit : la télékinésie et la télépathie… Non! Ce n’était qu’une illusion. Bien qu’elle ne s’expliquait pas pourquoi ses effets personnels s’amusaient à voler tous les soirs, ça ne pouvait pas être d’elle! Elle n’était rien ni personne…

Du moins, c’est ce qu’elle croyait jusqu’à ce qu’elle se retrouve entourée de gens dans une rue, que personne ne parlait, mais qu’elle entendait leurs voix en écho. Vanra tournait sur elle-même, cherchant à tout prix quelqu’un dont les lèvres bougeraient, mais rien… Elle s’avait au fond d’elle qu’il s’agissait de leurs pensées… C’était trop pour elle! Ce pouvoir lui semblait si fort! Il y avait tellement de mots dans sa tête! Même s’elle était habituée aux foules, le fait que toutes ces voix se répercutaient dans sa tête était en train de la rendre folle. Elle se mit alors à courir et rentra chez elle, avant de s’effondrer sur son lit.

Lorsqu’elle se réveilla, elle ne put plus se mentir : elle avait bel et bien des pouvoirs télékinésiques et télépathiques. Enfin, c’est ce qu’elle croyait. Après tout, son rêve était très fort, elle souhaitait si fort voir les objets et les choses se déplacer qu’elle l’avait halluciné par moment. Pour la lecture de pensées, Vanra s’était si souvent dite que les mots n’étaient que des armes pour ceux qui savaient cacher le langage du corps qu’elle voudrait pouvoir lire les pensées, qu’il n’y avait que ça de vrai. Mais la possession de ces pouvoirs l’épuisait rapidement.

La jeune femme était donc allée voir un mage. Il l’avait accueilli en «sachant qu’elle viendrait». Au moins, il était vraiment compétent… Vanra lui expliqua sa situation, bégayant par moment, hésitant par d’autres… Mais au final, elle réussit à tout expliquer. Le mage lui raconta alors de quoi pouvait être tiré cette magie. Il lui fit faire des tests, après quelques jours de recherches, qui n’avaient aucun rapport avec la télékinésie et la télépathie. Vanra réussit pourtant à effectuer ce qu’il lui demandait. Le vieil homme en avait conclu qu’il s’agissait de la magie de création et donna une brève explication à la damoiselle. Elle découvrirait par elle-même l’étendue de ses pouvoirs, car la magie de création dépendait surtout de son utilisateur et était propre à chacun d’eux… Pour régler les problèmes de migraines de Vanra, pour lui permettre de se servir de ses pouvoirs le plus vite possible, il lui enseigna des rituels d’enchantement. Vanra décida que les pierres précieuses et les pierres fines seraient les vaisseaux de sa magie.

C’est ainsi que Vanra découvrit ses pouvoirs et apprit à enchanter les pierres avec les sorts qu’elle voulait. Le mage lui avait dit qu’avec les rituels, elle habituerait tout de même son corps à sa magie et ainsi, elle finirait par ne plus avoir besoin de ses pierres pour certains sorts, mais que ce serait plus long que s’elle tentait d’utiliser directement le sort.