La victoire est une sensation ma foi agréable. Cette satisfaction parfaite, cette chaleur intérieure… Et pourtant le stress était bien présent chez la sorcière. Il s’était passé tant de chose, qu’elle n’avait pas eu le temps de parler avec l’impératrice…
En même temps elle avait quand même sauvé la vie à cette femme… elle lui avait aussi balancé du sang pourri de Shakcha dessus pour camoufler son odeur… ça elle n’avait pas du apprécier…

Shinku réajusta son col, sa tenue ressemblait plus à une tenue du feu à présent, d’ailleurs le noir et le rouge des étoffes rappelaient ses vêtements habituels. C’était un peu plus habillé, un peu plus présentable, le genre de chose qu’elle ne portait qu’aux occasions spéciales, mais rien de « noble » hélas, elle n’avait pas ce genre de belle robe. En même temps elle tenait à être vue comme une guerrière, même sans arme et sans armure.

La jeune femme attendait dans un des nombreux couloirs du palais, elle avait demandé audience avec l’Impératrice. L’albinos savait qu’elle ne pourrait le lui refuser, par contre elle manquait de connaissance en parlotte… Pourvu que cette dirigeante des glaces prennent par à sa cause… Prendre parti contre Ailes Ténébreuses représentait un grand danger pour un peuple… Certes le démon avait tenté d’écraser son pays mais…
Rien ne servait de se torturer à envisager le pire, l’avoir sauvé était déjà une réussite en soit, il serait dommage d’ajouter une ombre à leur tableau de victoire.

Quand enfin on l’annonça Shinku souffla pour se calmer, elle avança dans le long couloir de la salle du trône, sans doute était-ce là que l’ont recevait les invité politique et prenait les grandes décisions.
Bientôt, quand elle fut suffisamment près à son goût, elle mit un genou à terre regardant le sol et la salua comme il lui venait.
-Je remercie sa majesté de me recevoir aussi rapidement après les récents évènements. Et je m’excuse encore de l’avoir salie durant notre mission de sauvetage… je n’avais pas d’autre idée…

Bien sûr c’était sans doute idiot de s’excuser maintenant… Mais qui sait… Peut-être que de parler avec quelqu’un qui ne faisait pas de rond de jambes lui ferait du bien, surtout après ce traumatisme…
-J’espère que vous avez tout de même pris le temps de vous reposez l’esprit… Evidemment je suis pressée de vous parler de choses ennuyeuses, mais comme elles sont justement ennuyeuses, je me doute que c’est la dernière chose que vous avez envie de faire après tout… Nous pouvons remettre cela à plus tard si cela vous insupporte, tant qu’à faire je voudrais que vous soyez dans de bonne conditions pour parler, je ne suis pas douée pour user de flatterie pour convaincre les gens après tout.

[HRP: Voilà en espérant que ça te plaise patronne. ^^]

Dans la précipitation, la rage et l’exaltation de l’instant, Issendra n’avait pas eu l’occasion de remercier correctement tous ses sauveteurs, aussi quand la sorcière du feu lui avait demandé une audience, elle s’était immédiatement débrouillée pour lui libérer une grosse demi-heure, malgré la désapprobation de ses conseillers. Issendra était une femme occupée, pour ne pas dire débordée depuis la trahison de Kerns, aussi soupira-t-elle de contentement quand tout le monde quitta enfin la salle pour la laisser bavarder avec Shinku. Elle se détendit imperceptiblement et c’est avec un léger sourire sur les lèvres qu’elle accueillit la sorcière.

-Je remercie sa majesté de me recevoir aussi rapidement après les récents évènements. Et je m’excuse encore de l’avoir salie durant notre mission de sauvetage… je n’avais pas d’autre idée…

Issendra eut un petit rire sincère devant les inquiétudes de sa sauveteuse.

- Je vous en pris, appelez-moi Issendra, et ne vous en faites pas pour ça, vous m’avez sauvé la vie, et pour cela vous avez ma reconnaissance éternelle.

-J’espère que vous avez tout de même pris le temps de vous reposer l’esprit… Évidemment je suis pressée de vous parler de choses ennuyeuses, mais comme elles sont justement ennuyeuses, je me doute que c’est la dernière chose que vous avez envie de faire après tout… Nous pouvons remettre cela à plus tard si cela vous insupporte, tant qu’à faire je voudrais que vous soyez dans de bonnes conditions pour parler, je ne suis pas douée pour user de flatterie pour convaincre les gens après tout.

- Malheureusement, je n’ai guerre eu le temps de me reposer depuis la trahison de cet imbécile de Kerns, néanmoins je vous écoute mademoiselle, qu’avez-vous à dire ?

Bien qu’Issendra appréciait la compagnie de Shinku, la simplicité de celle-ci lui permettait de retirer quelques parcelles de son masque sans crainte. Elle savait pertinemment que la sorcière lui parlerait de la cause rebelle, et elle ne s’en offusquait pas. Bien que ce ne soit pas leurs affaires, les Rebelles les avaient soutenus lors de la bataille, et Aile Ténébreuse était un réel problème dans Terra Mystica, une gangrène qui se propageait sur le monde à une vitesse incroyable. Les esprits étaient encore plein de l’horreur de l’Aube Rouge, bien qu’à l’autre bout du monde, Selian en avait été informé et avait été glacé d’effroi d’apprendre cette nouvelle.

Bien qu’elle trouvait cela abjecte de soutenir un tel monstre elle comprenait le grand Chambellan du feu de ne pas vouloir s’engager dans une guerre à laquelle ils ne s’étaient pas préparés. Néanmoins elle avait pleinement conscience qu’une fois la Terre et le Feu anéanti, son royaume serait la prochaine cible, et au vu de l’alliance de paix éternelle que ses prédécesseurs avaient signée lors de la fin de la guerre éternelle, elle ne pouvait rester sourde aux plaintes des pauvres gens martyrisés sur Terre.

Albar était des plus débordés ces derniers temps. Il revenait d'une inspection des troupes, au cours de laquelle ils avaient été surpris par une averse apocalyptique qui ne cessait ni ne se calmait. En moins de temps qu'il n'en faut à un bègue pour dire « merci beaucoup », il s'était retrouvé trempé jusqu'à l'os, et ce fit pire encore les minutes suivantes, c'est vous dire ! Quand ce fastidieux travail fut terminé et qu'il se soit rapidement changé, histoire de ne pas transformer le palais en piscine en y posant le pied, il fit route vers la salle du trône. Il savait qu'elle avait une audience, mais c'est soit maintenant soit dans dix jours. Et il préférait lui remettre sa lettre en main propre.

Un jeune page vint à lui apporter son emploi du temps pour la traversée. Le temps de son cheminement jusqu'à la salle du trône, le jeune homme resta avec lui pour lui expliquer son travail avec précision. Albar le coupa rapidement dans son élan.

« Je lirais tout ça à tête reposée.
- Mais monsieur, vous auriez déjà du y répondre hier.
- Hier je n'ai même pas eu le temps de lire un livre ou de m'entraîner à l'épée, alors répondre à une lettre n'aurait pas été plus possible. Mon emploi du temps est plus surchargé que... Il l'est tellement que je n'ai même pas le loisir de trouver une belle comparaison !
- Sauf votre respect, si vous ne vous étiez pas octroyé cette semaine de repos.
- Il y avait un contrat sur ma tête et c'est le premier vampire de tout Terra qui s'en est chargé ! Je crois que j'avais quand même bien mérité une sieste, non ?
- Il a abandonné et vous a soigné avant de partir sans demander son reste.
- L'impact psychologique est important. Et pour se reposer psychologiquement, il faut le faire physiquement, fin du débat !
- Sauf votre...
- Rah mais par tous les chiens de l'enfer cesse ! Soit effacé et craintif, comme tous les autres pages de monde, c'est un ordre de ton supérieur hiérarchique ! »

Se présentant devant la salle du trône, il ordonna qu'on le laisse entrer, ayant un message important à délivrer. Il entra comme une furie dans la salle d'audience, réajustant sa chevelure encore trempée d'une main, et tendant la lettre de l'autre. Il parlait, ce qui n'était pas coutume, d'un ton très vif.

« Bonjour Majesté, ravi de vous voir, bonjour fille du feu dont le nom m'échappe, ravi de vous revoir. Navré d'interrompre une discussion qui est sans doute du plus grand intérêt, mais Je devais vous remettre cette proposition le plus vite possible, et c'est maintenant l'un des rares moments où je passe par le palais.

C'est une requête de ma part concernant nos forces armées, une solution pour remonter d'un coup nos effectifs plus haut qu'ils ne l'étaient avant cette bataille. Un coup de génie que bizarrement les généraux désapprouvent, mais enfin une souveraine progressiste et éclairée comme vous saura prendre la bonne décision, c'est à dire la mienne, parce que c'est bien connu, j'ai toujours raison à partir du moment où l'on omet mes échecs. Donc voilà, prenez ceci je vous prie avec toute la déférence que je dois y mettre, pensez à signer en bas, que vous ayez lu ou non, et vous et moi serons très heureux, surtout moi.

Je me sauve, je dois partir quelques jours pour Saline m'entretenir avec le général qui n'a visiblement pas le courage de prendre un de ses navires pour venir ici, ce qui me semblerait être la moindre des politesses pour peu que l'on mette de côté le fait qu'il doive rester chez lui pour gérer ses hommes. Je sais que je devrais me dépêcher, mais mon navire ne pars que il y a dix minutes, alors j'ai encore le temps.

Tien d'ailleurs, si jamais votre problème à toutes les deux est réglé en moins d'une demie heure, vous pourrez peut-être discuter de mon idée, vu que d'un certain point de vue elle vous concerne toutes les deux : il s'agit d'enrôler les femmes dans l'armée des Glaces. Après tout une épée est une épée, peu importe la main qui la tien, non ?

Houlà, mais je suis en retard de 15 minutes moi, il faut que je me dépêche sinon le bateau va partir sans moi, ou pire, m'attendre et j'aurais la mauvaise humeur des marins pendant toute la traversée. Et comme ils ne sont pas plus malins que les militaires – la seule différence c'est que c'est plus facile de menacer un marin parce qu'il y a de l'eau partout autour – eh bien je risque d'être victimes de propos très élégants et spirituels durant mon voyage.

Veuillez pardonner mon humeur névrosée d'aujourd'hui, mais depuis la légitime semaine de repos que je me suis prise je suis un peu dépassé par le travail à tel point que j'en suis presque devenu anatidaephobe ! L'anatidaephobie étant la peur irrationnelle d'être constamment observé par un canard malveillant, qui ne vous lâche jamais, jamais, jamais, quoi que vous fassiez, où que vous alliez, il est caché quelque part et il vous observe, vous fixe, et il ne s'arrêtera qu'à votre mort !! Oui, votre moooooort !!! »

Sur ces mots, il partit en fermant la porte d'un geste théâtral, avant de crier, une fois dehors : « Et si une femme à la peau très blanche dis que j'aurais mieux fait d'être bouffon que maréchal, qu'elle sache que l'on me l'a déjà dit avant elle ! »

Shinku se releva donc puisque l’Impératrice l’y invitait et commença son récit, plus détendue.
-Le sujet de mon discours ne devrait pas vous étonner, puisqu’il n’est un secret pour personne que je suis une Rebelle. Enfin j’avoue qu’au début j’étais sceptique, comme tout le monde, je n’avais pas envie de me mettre ni l’un ni l’autre des camps à dos… Pourtant j’ai rapidement compris que ne rien faire et laisser les autres décider de l’avenir est vain, voir lâche… Peut-être que j’avais juste peur de me lancer dans un combat de cette ampleur et des répercussions… Ce qui est tout à fait humain je vous le concède, dans cette guerre, c’est ceux qui sont un peu fous qui se démarque on dirait…

L’albinos avait confié cela sans arrière pensée ni pour se donner de la constance, c’était comme une nécessité pour elle de bien expliquer le pourquoi de ses choix, non pour influencer mais pour donner une idée de son raisonnement. Car en effet, il serait bien plus prudent de se tenir à l’écart, de plus Shinku se battait seule, elle n’avait pas au creux de la paume, des dizaines de milliers de vies et leur fragile destinée, ce que sous-entendait cette petite tirade.

-J’avoue que Galaad à l’air d’un type bien aussi, et pas mal d’autres gaillards sous ses ordres défendent des valeurs qui me plaisent bien… Liberté, confiance, courage, solidarité… Nous savons bien que bientôt nos mains seront couvertes d’autant de sang que celles de nos ennemis, mais parfois, il faut que certains acceptent de finir dans le monde de Nayris pour que les innocents ne quittent pas cette Terre trop tôt… Ou ne finissent pas endoctrinés par les idéaux putréfiés d’un démon qui se croit Divin…

Elle soupira, pourquoi était-ce toujours ainsi avec les situations de dictature et d’oppression… On ne peut pas régler ces situations sans violence, avec ces fous, les paroles n’ont pas de sens, et quiconque se dresse devant eux risque la mort… Pour les évincer de leur trône malsain, il fallait soi-même être souillé par le péché, de franchir la ligne de l’innocence…

-Il faut croire que pour se débarrasser d’un démon il faut soi-même devenir démoniaque… Les Dieux sont semble-t-il trop occupés pour s’en charger malgré les prières du peuple… Seuls les héros couvert de sang peuvent réussir à délivrer les pays qui souffrent dans les griffes impitoyables du dieu autoproclamé…
Elle eut un sourire amer avant de continuer...
-Mon propre peuple est depuis longtemps tombé sous sa coupe, à la fois par lâcheté ou par fascination pour sa puissance, et je ne sais laquelle des deux options me rend la plus honteuse pour le peuple du Feu. Heureusement là-bas aussi la résistance se bat ardemment, sans mauvais jeux de mots… Hélas le démon est partout, et seules ces terre sont encore vierges de son emprise… Blanche comme neige… Encore sans mauvais jeux de mots…

Elle sourit, un peu de fierté revenant soudainement, c’était un peu grâce à elle après tout.
La sorcière allait continuer son récit, les mots venant plus naturellement qu’elle l’aurait cru quand du bruit se fit entendre à l’extérieur… Comme si quelqu’un cherchait à convaincre le garde de le laisser passer… Elle connaissait cette irritante voix…
-Pff, c’est pas vrai… Albar Tlassin… Pourquoi maintenant…

La petite veine qui apparue au coin de sa tempe, se dessina plus encore quand Albar assura ne même plus se rappeler de son nom. Elle tenta de rester calme durant son récit, les Dieux étaient de son côté puisqu’elle n’avait aucune arme sur elle, de rigueur quand on s’entretient avec une personne de si haut rang. Sa dernière phrase l’énerva davantage encore.
-Vous bouffon ? Cria-t-elle à son tour. Encore faudrait-il que vous soyez drôle, joli cœur, vous êtes juste aussi agaçant que de la sève de sapin dans les cheveux !!
Il lui fallut quelque secondes pour reprendre son souffle, car oui elle était parvenue à hurler ceci sans inspirer une seule fois…

La colère rapidement passée car la situation était sérieuse, il fallait se calmer et reprendre tranquillement.
-Bon, essayons d’en revenir à nos moutons et d’ignorer les mufles…
Ce que j’avais l’intention de dire, c’est que je ne vous ai pas sauvée pour vous infliger une quelconque dette, et que vous vous sentiez du même coup obligée d’accepter. Car votre choix est le choix de tout un peuple, en ça vous et moi sommes très différentes…
J’ai simplement vu durant ma mission à quel point le peuple des Glaces aimait son Impératrice, et il aurait été insupportable qu’il perde sa souveraine au profit d’un tyran. C’est plutôt dans cette optique que j’ai agis, même si bien sûr personne ne voudra croire qu’une démone puisse faire preuve de bonté sans aucune arrière-pensée…

Elle n’insinuait pas par là qu’Issendra puisse penser ainsi… Après tout si Shinku avait voulu lui mettre une épée de Damoclès au-dessus de la tête, elle aurait jeté des allusions à la Rébellion pendant le sauvetage même, du genre « Rappelez-vous qui vous a sauvé hein… » Une attitude ma foi des plus détestable… Mais elle savait aussi que ses ministres et autres conseillers eux, ne tariraient pas de ce genre de commentaire…

-Aussi je ne demande pas à ce que les Terres des glaces affirment dès aujourd’hui une quelconque appartenance à la Rébellion… Ni même une sympathie particulière à notre cause, mais si nous pouvions nous entendre et nous allier dans l’ombre cela nous aiderait déjà grandement…
Les exemples d’aide sans pour autant prendre part aux combats sont nombreux, comme par exemple cacher les familles des courageux prêts à se lancer dans le combat… Dans les terres occupées, nombreux sont ceux qui n’osent rien faire de peur des représailles contre leurs êtres chers… Votre aide pourrait rendre une voix à ceux que la terreur de la perte de leurs proches avait rendu muets.

Shinku s’arrêta là c’était bien assez comme exposé, l’Impératrice aurait largement de quoi cogiter… La démone regarda encore vers la porte comme si elle eut craint que le garde du corps d’Issendra, son compagnon d’armes de quelques jours, ne les espionne et ne vienne s’en mêler… Elle parlerait de son histoire de femmes soldats le moment venu… Ah cet idiot, toujours à pointer son nez quand on ne lui à rien demandé… Et puis c’était quoi cette « fille du Feu dont j’ai omis le nom »… Cet Albar n’était guerre reconnaissant…
-Moi je n’ai pas oublié ton nom Tlassin, garde du corps à la manque… Marmonna-t-elle pour elle-même, toujours courroucée dans le fond. Elle n’aimait décidément pas cet homme.

Pensive et respectueuse l’Impératrice écouta silencieusement la démone discourir sur les intérêts de la rébellion et les principes qu’elle véhiculait. Elle était bien d’accord que la tyrannie du démon n’avait point de place en ce monde, et elle adhérait sans modération à toutes ses remarques, mais elle était un peuple, et ne pouvait se permettre de prendre des décisions par sa seule conscience. Sans compter du fait qu’elle devrait aussi convaincre conseillers et alliés, une tache qui s’avérait des plus ardue. Alors que le discours semblait de plus en plus enflammé, vivace, s’approchant d’une forme de paroxysme, la démone du Feu fut coupée par le maréchal qui entra et débuta un long monologue sans queue ni tête. Affichant son agacement, la reine soupira, mais elle ne put empêcher un petit sourire de se dessiner en voyant la réaction de Shinku.

Faire entrer les femmes dans l’armée ? C’était peut-être l’idée la plus cohérente qu’il n’ait jamais eu. Elle avait la preuve lors de son sauvetage que les femmes savaient se défendre, et étant elle-même du sexe féminin elle abhorrait ceux qui pensaient que les femmes n’étaient bonnes qu’au ménage et la cuisine. Néanmoins avant qu’elle est pu donner son accord, Albar était déjà sorti, apparemment la situation le stressait, il faudrait qu’elle lui montre les sources chaudes à l’occasion.

Elle appréciait tout particulièrement l’attitude de Shinku, pleine de noblesse et de courage, elle était à l’image de sa nation : enflammée mais elle refrénait ses ardeurs et mettait tous ses sentiments dans ses mots pour les rendre percutant. Sans parler du fait qu’elle insistait sur l’idée que l’Impératrice n’avait aucune dette envers elle pour l’avoir sauvée. Bien sûr qu’elle en avait une, mais une dette envers elle-même, non envers son peuple. Un jour Issendra lui rendrait la pareille, de sa personne et non d’un acte de l’Impératrice.

Se levant de son trône, Issendra laissa un sourire bienveillant illuminer son visage.

- Je vais discuter avec mes conseillers d’une entrée en guerre mademoiselle. Je ne puis tolérer la situation du monde actuel, et c’est un crime de fermer les yeux sur les atrocités, sous prétexte qu’elles sont à votre porte et non dans votre salon. Quoi qu’il en soit, les rebelles trouveront toujours asile à Luütra, que les familles viennent se réfugier dans nos souterrains et nos maisons : nos auberges sont prêtes à les accueillir et elles seront toujours reçues avec les honneurs que mérite les proches des héros qui donneraient leurs vies pour celle des autres. Je puis vous assurer de mon soutien sorcière du Feu. Ne blâmez pas trop votre peuple cependant, pour en avoir rencontré quelques-uns, je sais que les vrais guerriers du désert ne sont pas lâches, ce sont les nobles engraissés par l’argent et le pouvoir qui prennent les décisions, il ne devrait pas en être ainsi, mais ce sont les seuls à blâmer. Qu’allez-vous faire à présent Shinku ?

La sorcière émit un petit rire à la dernière question de l’impératrice.
-Ha ha… Ce que je vais faire à présent ? Eh bien Issendra, j’avoue que je l’ignore… Vous savez, comme je suis du genre à aimer partir en première ligne, la mort peut croiser mon chemin à chaque instant… Voilà pourquoi je ne trace pas à l’avance des chemins sur ma carte, je suis plutôt dans le présent. Disons que dans le futur immédiat… J’aimerais manger de la glace aux fleurs rouges des nids de phénix sous un soleil de plomb. Ou bien de la tarte au fromage, j’hésite.
Assura la sorcière avec une expression embarrassée.

-Oh mais j’y pense, vous n’avez jamais songé à apprendre la magie ? Pour une femme qui ne peut pas forcément lutter en force physique avec la plupart des créatures de Terra, c’est un atout qui fait mouche. Surtout que quelqu’un comme vous à l’esprit agile et clairvoyant aurait forcément des prédispositions pour cet exercice !

Elle pensait aussi que ce château devait, comme nombre d’autre édifice de cette importance, comprendre une importante bibliothèque, et que forcément quelques ouvrages sur la magie des glaces devaient s’y trouver. Ces simples petites déductions, la sorcière ne les énonça pas à voix haute pour la simple raison qu’Issendra devait facilement en être venue aux mêmes conclusions qu’elle.
-Ne serait-ce point un excellent exemple pour la population féminine que leur souveraine elle-même mette la main à la pâte. Certes c’est un art des plus compliqué, mais puisque même moi suis parvenu à maîtrisé mon élément maternel, vous devriez largement en être capable également.
J’ai lu dans les ouvrages de ma défunte mère, que la magie de la glace était très efficace en combat, de par le fait que bloquer ces opposants devient très facile.
Shinku paraissait soudain comme une bonne élève bien instruite sur le sujet. Ce n’est pas parce qu’elle ne pouvait maîtriser toute les magies qu’elle n’en comprenait pas les bases ou les fondements.

-Je parle, je parle, mais peut-être vous y êtes vous déjà adonné par le passé ? Demanda-t-elle soudainement, après tout Issendra devait avoir eu accès à l’éducation depuis fort longtemps. Et même si Shinku avait plutôt des images de douces princesse utilisant la magie blanche, peut-être qu’on avait enseigné les bases de la magie à l’impératrice vu la situation tumultueuse dans laquelle se trouvait Terra Mystica.
Elle se demanda soudainement s’il y avait de bon professeur de magie dan ce château…

HRP: