- Merci beaucoup, merci encore.
- C’est mon boulot Madame.
- Ah oui mais… Merci quand même! Et si possible je préfère qu’il n'aille pas jouer à l'extérieur. Et dans la mesure du possible qu’il n’aie pas non plus voir ses oncles, cousins, grands parents, etc… Et qu’il n’ai pas d’animaux domestiques a porté de main. Et ne le perdez pas de vue. Et…

Je m’arrête devant l’air amusé du domestique. Je m’était promis de ne pas devenir trop protectrice envers mon fils, mais la plus part de ces recommandations étaient plutôt destinée à éviter qu’il ne blesse des humains, empêcher qu’il apprenne n’importe quoi de la bouche de sa famille démoniaque, écarter le risque qu’il tue un autre malheureux chat ou qu’il détruise tout ce qu’il pourrait réussir à attraper.
Et oui, je m’inquiète quand même un peu pour lui, chose qui semble complètement anormal dans ce domaine.

Je me résout finalement à partir et, deux heures plus tard, à bord d’une légère embarcation menée par un autre employés des Férals, j’ai rejoint la rive la plus proche du domaine féral. Grâce a un petit ponton, je pose enfin pied à terre et m’éloigne rapidement, sous le regard inquiet du navigateur. Le temps du trajet, j’ai réussit à le convaincre de me laisser faire cette ballade seule, mais je crains qu’il ne change d’avis et presse le pas. De l’air, pitié, de l’air! Malgré tous les bons côtés des Férals, vivre à leur coté ne laisse personne indemne, intacte. La croissance exponentielle de Samaël est tout aussi épuisante, il me semble n’avoir aucune influence pour lui, il grandit comme un champ laissé en friche, dans tout les sens, presque entièrement autodidacte.

Couverte d’une épaisse houppelande, je marche ainsi une petite heure, sélectionnant quelques fleurs qui naissent déjà malgré le froid qui persiste au milieu du printemps. Satisfaite de cet assemblage et apaisée psychologiquement, je reprends la direction du retour, soucieuse de ne pas laisser mon fils seul trop longtemps, quand apparaît au détour d’un bosquet une silhouette humaine. Sans inquiètude - qu’ai-je à craindre sur les terres férales? - je continue ma route en sa direction.

Le jour semblait étrange.
Il y avait eu quelque chose de différent, ce matin.
Le ciel était gris, le soleil ne semblait pas vouloir se montrer, Aashadon dormait depuis quelques jours dans le domaine. Depuis qu’il avait été accepté, et repris en main par sa famille.
Le religieux avait un sentiment étrange aujourd’hui, quand il c’était levé il n’était plus tout à fait le même. La dernière fois qu’il avait eu ce sentiment c’était lors de la disparition de son père. Un épisode assez tragique. Mais voilà qu’il se promenait, habillé assez simplement de tissus quelconque. Seul le sceau de la famille en bronze sur son cœur pouvait prouvé qu’il s’agissait de l’archevêque. Ses bottes de cuir faisait giclé la boue de petit chemin serpentant le long de la berge. Le doux clapotis de l’eau laissais entrer le démon dans une rêverie, si bien qu’il marcha ainsi une bonne demi-heure, à rêvasser pendant que sa main caressait les longues plantes sur le coté du chemin. Au bout d’un moment un bruit parasite envahis ses oreilles, une autre personne arrivait en face de lui, une silhouette féminine.
Le clerc ne prêtas pas vraiment attention à cette personne qui semblait juste avoir débarquer du domaine. Sûrement l’un de jouet d’Anima … Ou une partie de plaisir de Victo.
Mais la forme féminine prit alors une direction qui ne pus que sortir totalement l’archevêque de ses pensées, la personne en question se dirigeais vers lui.
C’est alors qu’il reconnus un visage qu’il avait de nombreuse vus. Non pas qu’il connaissait la personne en face de lui, mais il s’agissait d’une personne représenter dans beaucoup de livres et surtout d’ancien ouvrage de cette terre. Aashadon avait toujours aimé étudier en bon colon, mais trouver … un spécimen si rare. Il avait ouïe dire que Balthazar aurait ramener au sein de la famille un personnage assez important. Peut être était-ce cela ? Si oui, le personnage en question était plus qu’important. Les yeux du mage se firent rond, sa bouche s’ouvrit tandis qu’aucun mot ne semblait vouloir y sortir.
La scène pourrait passer pour gênante, bien qu’heureusement personne ne pus voir le religieux faire cette tête de merlan frit.
Il réussis enfin à balbutier quelques mots.
«Non … vous … ici ? »
Puis le mot d’égarement passa quelque peu, Aashadon pouvait enfin articuler quelques mots. Mais il restait désormais dans un béatitude, cela était bien plus beau, bien plus pur que les livres ne l’avaient racontés.
«L’humaine … Oh ..Je suis Aashadon Féral, Archevêque de Zelphos et encore pleins d’autres titres qui prendraient beaucoup de temps. Je suis … le neveu d’Anima Féral, vous le connaissez sûrement ? Vous êtes la trouvaille de Balthazar, c’est bien cela ? Milles excuses si je me trompe … ou si je vous prends pour ce que vous n’êtes pas … Mais … c’est incroyable… ! »
Le démon souriait, pas un de ses sourires déments don il avait les capacités, un sourire amical.
Il y eu un petit bruit de clapotis dans l’eau.

La distance nous separant diminue, et l'identité de l'autre voyageur se précise. Encore dix mètre. Un homme des plus banals. Huits mètres. Il se tient droit, son attitude reflète un certain rang. Cinq mètres. Sans doute pas un paysan. Quatre mètres. Sa peau est très pâle même en prenant en compte la saison. Trois mètres. Je reconnais le symbole sur son torse, celui la même qui est tatoué sur mon épaule. Deux mètres. Il est plus grand que je ne le pensait.
Je glisse rapidement le bouquet de fleurs dans mon dos, consciente que leur intérêt fait encore débat parmi les démons. Mais l'homme ne semble pas y prêter attention et, après une petite hésitation, prend la parole. D'emblée, je ne comprend pas tout mais les pièces du puzzle s'assemblèrent petit à petit. Féral, Archevèque - comme Anthithée si je ne me trompe pas - , Anima est son oncle - là aussi, comme Anthithée. Aashadon, le prénom agite ma mémoire, mais je ne peux saisir exactement pourquoi.

Cette rencontre fortuite s'annonce plutot plaisante et je ne relève pas la dénomination "trouvaille de Balthazar", mettant ça sur le compte de la relation particulière entre les Ferals et l'idée de délicatesse. Et quelque part, son constat n'est pas complètement faux.

- Je connais votre oncle oui, j'ai eu la chance de le rencontrer il y a deux mois, chez Anthithée, votre collègue et, si je comprend bien, votre cousine.

Depuis le temps que je le révise cet arbre généalogique, autant qu'il me soit utile! D'autant plus que la famille Féral à la fâcheuse manie de ne pas respecter le schéma classique des familles normales, rendant l'organigramme plus complexe que l'organisation des rues de Sen'tsura.

- Je suis Eve, mais vous en savez visiblement déjà beaucoup sur moi, remarquè-je en lui rendant un sourire respectueux. Je ne savais pas que les archevêques prêchaient auprès des poissons, votre Dieu a t-il tant besoin de fidèles?

Plaisanterie sans insolence, je doit surtout admettre qu'il n'est pas désagréable de rencontre un membre de la belle famille qui ne soit pas en train de s’entraîner au combat, de dépecer on ne sait trop quelle victime, ou de préparer des stratégies aux objectifs obscures. Tout ce que je savais de cet homme, c'est qu'il déambule sur les bords de ce lac, exactement comme moi. Là s’arrêtent toutes ressemblances, mais ce n'est pas négligeable.