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 [Terminé] Tombée du ciel...?

 
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[Terminé] Tombée du ciel...? Sand-g10Mer 26 Déc - 22:43
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Tilamus, un lieu de toute beauté, de passage et … comme tout lieu de passage, de faiseurs d’ennuis. Ce qui avait amené Alyna en ces lieux ? Cela la regardait.
Elle était perchée sur le sommet d’un toit comme à son habitude, toujours sur un endroit élevé, scrutant la ville, son regard se promenait de rue en ruelle, elle tendait l’oreille, sa capuche ramenée sur sa tête, se fondant avec la couleur des toits. Elle perçut un mouvement en contrebas dans une ruelle un peu plus loin, elle tourna donc la tête vers cette direction, apercevant une jeune fille, encerclée par des personnes plus âgées en train de s’approcher dangereusement avec un air menaçant.

Alyna bondit de son perchoir, avançant de toits en toits rapidement, puis elle atterrit en souplesse, devant l’enfant, face aux agresseurs. Ils lâchèrent un rire ironique en voyant que c’était une jeune femme qui leur barrait le chemin et sortirent des poignards, de plus elle semblait plus riche que la petite qui tenait une miche de pain contre elle. Ils changèrent donc de cible et s’avancèrent vers la lycan qui recula lentement vers une ruelle encore plus petite, une fois certaines qu’ils ne retourneraient pas vers l’enfant, elle partit en courant, pas trop vite, pour les attirer derrière elle et ils la poursuivirent à travers les rues, elle est zigzagant, jusqu’à finir par les semer, elle était alors proche des jardins suspendus et la ville et décida de s’y rendre.

Arrivée en haut elle sourit amusée et reprit son souffle, elle retira sa capuche, libérant sa chevelure qui se mit à flotter au vent. La jeune femme entendit soudain un son derrière elle et se retourna, voyant approcher cinq types plutôt bien battis, aux vêtements élimés et l’air patibulaire, brandissant des branches épaisses. Quelques-uns des adolescents les accompagnaient. Elle se mit en garde, comme elle le faisait à l’entraînement toutes les fins de semaines et ils foncèrent vers elle. Souplement elle pivota pour esquiver le premier, intercepta le poignet du second et dévia son assaut, et ainsi de suite pendant un moment, mais elle finit par se lasser et avoir du mal à suivre le rythme. Lorsqu’ils reculèrent pour reprendre leur souffle, après tout c'étaient des humains, elle en profita pour reculer vers le bord et recula d’un pas.

« Fylia ? Il y a quoi pour m’amortir ? »
« Des lianes maintenant les îles en place, des charrettes et si tu es absolument pas douée, des gens. »
« Reçu... »

La jeune femme lâcha un sourire ironique aux personnes et leur fit un salut de la main avant de se jeter dans le vide. Elle se rattrapa en partie à la première racine qu’elle croisa, s’éraflant les mains légèrement, puis elle ralentit encore avec une seconde, atterrit sur une toile entre deux rues, qui se déchira, ce qui n’était absolument pas prévu et s’écrasa sur quelque chose qui amortis sa chute, dans un joli nuage de poussière et un choc qui la fit tousser, le souffle légèrement coupé.
Elle se redressa et se rendit compte qu’elle était tombée sur quelqu’un et se releva précipitamment très gênée. Si sa chouette avait été posée et avait eu une main elle l’aurait probablement écrasée sur son visage de dépit. Bon il était rare que les calculs de la jeune femme soient aussi mal faits, très rares même, mais là tout de même.


-Heu... oups... Je ... je suis désolée.

Alyna Minami

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[Terminé] Tombée du ciel...? Sand-g10Mer 26 Déc - 23:42
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C'était un fait, Ivor n'aimait pas la ville. Il essayait le plus possible de limiter son séjour à Tilamus, déjà sur le départ, pressé de s'en retourner à ses paisibles étendues sauvages. Trop de bruit, trop de monde, trop d'effluves divers, l'homme et le chien étaient tendus, impatients de quitter les ruelles trop étroites et les entrailles grouillantes de cette cité bien trop grande pour eux. ça n'était certainement pas par gaieté de coeur qu'Ivor avait séjourné ici; il y avait des emplettes à faire, des choses à échanger. Le produit de ses chasses, peaux et viandes, sabots, cornes et os, s'échangeaient contre l'outillage et le nécessaire à sa vie vagabonde. Hélas pour lui, le chasseur ne parvenait pas encore à subvenir seul à ses besoins, et c'était un fardeau dont il se serait bien passé... Mais les dieux seuls savaient ce qu'il pourrait advenir de lui le jour où il se priverait de ces rares contacts avec la civilisation?

Cheminants dans les ruelles, déjà prêts à partir, Ivor et Skallag se hâtaient d'en finir. Il y avait encore quelques petites choses à régler, un peu de monnaie inutile dont il tenait à se débarrasser, quelques babioles à échanger contre quelques produits de première nécessité. Il repartirait d'ici avec les poches pleines et le soulagement d'avoir échappé à l'atmosphère confinée de ces concentrations malsaines d'êtres vivants, entassés comme un élevage dans la boue et leurs propres déjections.

Personne, curieusement, ne s'ingéniait à chercher noise à ce grand homme revêche, pauvrement vêtu, qui allait à grands pas dans les allées du marchée et des rues commerçantes, sans doute parce que le molosse noir qui cheminait avec lui, avec son museau épais et son encolue de loup suffisait à faire reculer les malandrins même les plus aventureux. Et puis, quelles richesses pouvait bien posséder ce montagnard hirsute? Aucune! Rien que du dérisoire, inutile... D'autres proies étaient plus alléchantes. De toute manière, y-eut-il eu des voleurs assez téméraires pour s'en prendre à lui, Ivor se serait fait une joie de leur apprendre à craindre les gens de sa sorte, tant il était agacé et ses nerfs mis à rude épreuve par cet endroit. Et puis Skallah également aurait été heureux de pouvoir se défouler un peu... Le regard affolé du grand chien allait et venait à toute vitesse, comme s'il ne savait pas où guetter, où renifler, et d'où viendrait le danger. Le mâtin et le maître allaient l'un près de l'autre, pour ne pas se perdre, chacun comptant sur l'autre pour assurer sa sécurité.

Il avisa finalement l'étal d'un coutellier, où Ivor échangea quelques bons bois de cerfs propres à façonner des manches contre la réparation et l'aiguisage de ses propres outils. L'artisan qui avait installé sous un maigre auvent de toile son établi pour le marché, était l'un des rares citadins qui eut pu s'enorgueillir d'un peu de sympathie de la part du chasseur, parce que l'homme était honnête, et qu'il n'avait pas cette fâcheuse manie qu'ont certains commerçants à parler pour ne rien dire. Il se contentait d'accomplir son travail sans poser de questions oiseuses et cela était, ô dieux, tellement reposant... Le marchand quant à lui savait qu'Ivor était lui-même un homme de confiance et qu'il apportait toujours une marchandise de qualité suffisante. Il était toujours très satisfait des prises qu'il lui amenait en échange de ses services et même s'il ne payait jamais en espèces sonnantes et trébuchantes, tout se valait fort bien.
Attendant que le coutellier ait achevé son ouvrage, Ivor demeura un moment à proximité de l'étal, levant un regard las vers la hauteur vertigineuse qui s'élevait comme un mur hérissé de racines, juste au-dessus de lui. Il connaissait cet endroit, les beaux jardins suspendus qui s'étalaient sur les grands balcons de pierre; c'était un des rares lieux de la ville qu'il put apprécier par leur calme et leur tranquillité, bien que cela ne valût aucunement les grandes fûtaies paisibles et les prairies fleuries de la vaste nature sauvage. Fallait-il que les citadins soient d'étranges gens pour enclore un peu de nature dans leurs villes et médire de celle qui s'étendait aux pieds de leurs murs... Ivor ne comprendrait sans doute vraiment jamais. Toujours était-il qu'il prévoyait de s'y reposer un moment une fois ses affaires achevées ici. Et puis, il reprendrait la route des montagnes et s'isolerait de nouveaux pour de longs mois. Cette seule perspective lui remettait la joie au coeur et alors qu'il bourrait distraitement sa vieille pipe en terre, il se prit à prendre en pitié les pauvres gens qui vivaient là, entassés dans la puanteur des maisons de pierre et de brique, dans les remugles puissants de ces rues mal pavées de quartiers populaires où l'on jetait ses détritus par les fenêtres.

Un tumulte venant d'en haut attira son attention et Ivor leva le nez, tassant les herbes dans sa pipe du bout des doigts. Le ciel éblouissant ne lui permit pas de voir ce qui se passait -et sans doute que cela lui aurait été salutaire- mais il put entendre des éclats de voix. Il haussa les épaules, décidant de ne pas s'y intéresser, et battit la mèche du briquet pour obtenir une flammèche maigrichonne qui peina à incendier le contenu du fourneau. Il lâcha quelques ronds de fumée satisfaits, observant d'un air songeur le travail patient du coutellier qui travaillait les lames qu'il lui avait confiées.
Il fit quelque pas, désoeuvré mais patient, tandis que Skallag observait la scène au-dessus d'eux avec une curiosité inquiète.

C'est sans doute à ce moment là que quelque chose -ou plutôt quelqu'un- traversa de part en part l'auvent de toile crasseuse qui avait été jeté en travers de la ruelle, à l'endroit précis où Ivor s'était placé en faisant les cent pas. Percuté par la personne à peine ralentie dans sa chute, il se retrouva, sans comprendre, couché sur le dos au milieu de la ruelle crasseuse. Ivor était un homme solide mais n'était plus tout jeune et bien que la demoiselle fut assez fine et n'eut point trop d'embonpoint, elle pesait un certain poids qui coupa le souffle du chasseur quelques instants alors qu'il restait immobile, sonné. Skallag aboya à pleine gorge, grognant, tirant la femme par la manche pour l'écarter de son maître, furieux de cette agression soudaine. Mais quelque chose semblait perturber la bête qui renifla furieusement les vêtements et les mains de l'inconnue, comme si son odeur lui semblait étrange, ou peut-être familière. Quoi qu'il en fut, très vite, le mâtin se désintéressa d'elle pour s'enquérir d'Ivor. Il finit par se redresser, grognant, crotté jusqu'aux yeux, et marmonna une bordée de jurons dans sa propre langue, secouant son manteau boueux, sous le regard hébété de l'artisan qui était toujours à son ouvrage.

Ivor se releva lentement, élevant sa grande masse sombre dans l'espace étroit de la ruelle, et à mesure qu'il se redressait le volume de sa voix augmentait et les grossièretés infâmes qu'il prononçait dans sa propre langue s'entendaient distinctement. Heureusement, peu de gens dans les montagnes comprenaient le patois lointain des hommes de Saline, ce qui était profitable à tous.

-Les excuses, garde-les! Tempêta-il dans la langue du commun en jetant un regard mauvais à la jeune femme. Et va au diable!

Il pesta encore un moment, inspectant le contenu de ses fontes et sacoches qui contenaient grosso modo son existence entière et tous les moyens de sa subsistance. Heureusement pour elle, tout était encore intact. Skallag quant à lui semblait partagé, quant à ce qu'il pensait de cette femme curieuse qui sentait le loup. Il était méfiant, mais point trop hostile, vigilant comme un gardien, et tendu, attentif à ses moindres faits et gestes.

Ivor le Silencieux

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[Terminé] Tombée du ciel...? Sand-g10Jeu 27 Déc - 12:56
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« T’es tombée sur le mauvais gars ma grande. »
« Tais-toi et descend donc ! Ça l’adoucira peut-être. »

La jeune femme ne savait plus où se mettre, peu habituée à rencontrer des personnes encore plus râleuses qu’elle, mais elle ne se pensait pas qu’il soit mauvais. Par contre elle avait de mauvaises expériences avec des animaux de grande taille et du coup elle n’aimait pas trop le loup qui accompagnait l’homme, il l’intimidait, bien qu’il n’ait pas manifesté d’hostilité. Elle secoua ses vêtements pour en retirer la poussière et vérifia que son matériel dans son dos n’a pas été endommagé et, tout en faisant cela, elle répondit avec mauvaise humeur légère au grand homme :


-Ne soyez donc pas ronchon pour si peu, figurez-vous que je ne l’ai pas fait exprès et qu’il n’était pas prévus que cette toile craque !

Elle attrapa sa capuche d’une main et la rabattit sur son visage, dissimulant ses cheveux rouges à la vue de tous et son visage fin et clair qui faisait croire qu’elle ne sortait pas souvent. Cette apparence était détrompée par l’état de ses vêtements, dont l’usure prouvait qu’elle voyageait beaucoup. Elle vérifia bien sûr si elle avait tout sur elle et tapota le haut de son carquois, comme pour appeler quelqu’un. Une ombre blanche passa au-dessus du vagabond, du loup et se posa sur la courbure de l’arc dépassant du carquois, Alyna offrit quelques lambeaux de viande séchée qui lui restait à la chouette harfang de taille pratiquement adulte qui venait de se poser. Elle prit garde à ses doigts pour ne pas se faire couper la peau par le bec de l’oiseau puisqu’elle ne portait pas de gants.

Soudain un son attira son attention et se tourna vivement vers le bout de la rue, puis vers l’autre, ses poursuivants l’ayant déjà retrouvé, ils s’arrêtèrent, semblant hésiter, un bon butin revendu assez cher, mais des bosses au mieux, au pire des os brisés ou bien ne rien faire . La lycan plia légèrement les jambes, portant sa main sous un pan de son manteau, à sa cuisse, elle la posa sur le manche de sa dague, ses yeux allaient d’un côté à l’autre de la rue. Cette attitude démontrait un certain côté peu humain.
Mais apparemment ils choisirent d’abandonner, jugeant qu’il y avait trop de monde et ne voulant peut-être pas se mesurer au grand gaillard qui se tenait près de la jeune femme. Alyna se détendit donc et se redressa, remettant son manteau en place pour dissimuler son arme, puis se tourna vers le vagabond en le détaillant rapidement.

Usé par le temps et son vécu de façon trop rapide. Du point de vue humain il devait avoir le même âge qu’elle, cela elle le voyait dans son regard et il sentait l’odeur de la poussière des routes, un vagabond donc. Malgré son air rude et grincheux il ne semblait pas bien méchant, un peu comme un vieux ronchon bourru qui ne ferait pas de mal à une mouche innocente. En somme un chêne usé par le temps, mais qui garde un cœur tendre bon à faire quelque chose. Combien de fois avait-elle observé les gens du haut des toits et avait-elle vu que quelqu’un de rude pouvait se montrer doux. Elle pencha la tête sur le côté, avec un léger sourire, une fois arrivée à ses conclusions.


-Puis-je au moins faire quelque chose pour me faire pardonner de vous être tombé dessus.

D’un geste elle fouilla dans son sac et trouva encore deux morceaux de viande séchée qu’elle tendit au gros canidé mi-loup mi-chien accompagnant l’homme. Il devait avoir senti ce qu’elle était, comme la plupart des êtres doués d’un odorat développé. Elle s’était à moitié accroupie près du canidé pour ne pas paraître le dominer, étant elle-même animal, elle savait ce qu’ils aimaient ou non. Par contre elle n’aimait pas sa position, se trouvant face à sa mâchoire puissante.

Alyna Minami

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[Terminé] Tombée du ciel...? Sand-g10Jeu 27 Déc - 15:53
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Ivor n'avait jamais besoin de grand chose pour déclencher sa mauvaise humeur et une fois que la chose était lancée, difficile d'y mettre un terme. Et puis la ville, le tumulte, tous ces gens autour de lui, il était nerveux et pressé d'en finir. Peu importaient les raisons pour lesquelles la fille avait été obligée de sauter d'aussi haut jusque dans la ruelle, il s'en fichait bien, tout ce qui important c'était qu'il était fâché. Souvent il n'y avait pas de raison particulière, point besoin, pour lancer ces sombres orages qui jetaient de brusques éclats dans ses yeux cernés.

A grands gestes emportés, il débarrassa son manteau des saletés qui s'y étaient collés pendant sa chute dans la fange qui ruisselait entre les pavés disjoints, ne cessant de grommeler pour lui seul. Un mouvement, un froissement de plumes attira son attention et il se tut juste un instant pour regarder la belle chouette blanche se poser sur la jeune femme qui l'avait bousculé. Un animal magnifique, au plumage luisant dans la lumière du jour pâle, les serres brillantes et les yeux vifs, comme drapée de neiges immaculées, silencieuse comme un fantôme. Ivor savait apprécier la vue d'une belle bête et il avait toujours eu une affection prononcée pour les oiseaux de toutes sortes. Le mouvement du rapace attira son attention sur la femme qu'elle venait de rejoindre; sans cela, sans doute qu'il ne l'aurait qu'à peine regardée, car elle ne présentait aucun intérêt à ses yeux. Mais, voyant quelle compagne avait cette étrangère, il ne put réfreiner un brin de curiosité, se demandant qui donc avait su apprivoiser un tel oiseau.

Elle avait promptement remis sa capuche qui cachait ses cheveux, et ne laissait deviner que son visage. Pas désagréable à regarder, pour ce qu'il pouvait en juger; jeune aussi, peut-être plus que lui, mais il ne pouvait être certain de rien car il n'était pas assez accoutumé à fréquenter ses semblables pour juger sur pièce de l'âge de quelqu'un. Et puis, il y avait tant de peuples différents qui revêtaient l'aspect des humains, qu'un frais minois de vingt ans pouvait tout à fait abriter l'âme d'un vieillard centenaire. Ce que son oeil avisé put noter cependant, outre l'accoutrement usé de la jeune femme, c'étaient ses armes, qui avaient l'air de bonne facture. S'il était bien en peine de juger du visage d'un homme, il pouvait dire beaucoup, en revanche, rien qu'à regarder l'équipement qu'il portait. Un arc long, des flèches bien empennées; dagues, couteau, et les sacoches qu'on trouve sur le dos de tout vabagond. De quoi survivre, de quoi chasser, aussi, et il aurait bien examiné plus avant l'arme qu'elle portait dans son dos, là où s'était posée la chouette. S'il avait été du genre social, sans doute qu'il aurait engagé la conversation sur ce point, mais comme il en l'était pas, il resta muet et se contenta de regarder ce qu'il pouvait voir, et d'un oeil appréciateur, put apercevoir la qualité de son équipement. Il pouvait sans doute la considérer comme l'une de ses semblables, chasseresse peut-être, vagabonde sans aucun doute, de ceux qu'on voit rôder dans les bois et les forêts. Peut être plus civilisée que lui cependant, car beaucoup des choses qu'elle portait étaient plus riches et de meilleure allure, moins usées.

Il se détourna quand elle parla, lâchant un grondement agacé entre ses dents serrées. Il ne décolèrerait pas de sitôt, du moins pas avant qu'il ne se trouve au calme. Un tumulte soudain, provoqué par un groupe d'hommes qui déboulèrent à l'entrée de la rue attira son attention, et, un bref sourire narquois étirant sa bouche fine, il observa la réaction de la femme. Voilà la raison pour laquelle elle avait décidé de s'adonner à quelques acrobaties... Mais cela ne la dédouanait pas du fait de lui avoir atterri dessus. Il s'attendait à voir les malandrins revenir à la charge, mais ils tournèrent les talons, peut-être parce qu'ils croyaient avoir également à faire avec lui avant de pouvoir s'en prendre à la jeune femme. Ivor avait un pouvoir répulsif assez efficace sur les gens mal intentionnés, chose à laquelle la taille des mâchoires de Skallag devait aussi participer.

Skallag quant à lui ne cessait de renifler l'air, plongé dans un abîme de perplexité par cette femme étrange et cet oiseau blanc qui ne semblait pas impressionné par la présence du molosse. Le chien se laissa cependant approcher quand elle proposa de se faire pardonner; Ivor eut un sourire comme une grimace et recula d'un pas pour lui laisser le champ libre.

-Il vous pardonnez sans tarder si vous lui offrez à manger.

Mais bon, ça n'était pas sur Skallag qu'elle était tombée... Bah, peu importait, il irait remâcher sa colère un peu plus loin, l'important était qu'il n'y avait pas de casse. Suivant la conversation sans intérêt, le coutellier à son établi fit signe au chasseur que ses outils seraient bientôt prêts.

Quand la femme s'agenouilla près de lui, Skallag eut un mouvement de recul, méfiant, et la renifla de plus belle, avant de s'intéresser à ce qu'elle tenait dans la main. Il respira l'odeur, longtemps, revint promner sa grosse truffe sur son visage, et puis daigna tirer d'un coup de dents sur le lambeau de viande séchée qu'elle lui offrait. La nourriture aidait à faire passer l'étonnement de sentir le loup sur un humain, et il avait sans doute compris, en son fors intérieur qu'elle n'était pas ce qu'elle semblait être. Le molosse s'était accoutumé au voisinage des loups et des fauves, tant qu'ils n'empiétaient pas sur son territoire; quand à ceux qui prenaient forme humaine, il tâchait de les reconnaître, mais les supportait tout aussi bien, considérant sans doute que tout ce qui allait sur deux pattes était aussi du ressort de son maître qui devrait s'en débrouiller au besoin.
Alors que le mâtin faisait connaissance avec la femme, Ivor avait récupéré ses effets auprès de l'artisan et se retourna vers eux, glissant dans son étui un gros couteau de chasse à présent bien aiguisé.

-Bien, ravi qu'il n'y ait pas de casse, mais on a de la route à faire, tout ça.

Sa voix se perdit dans un marmonnement indistinct alors qu'il achevait de ranger ses couteaux dans ses sacs, se hâtant de lever le camp. Il jeta son barda sur son dos avec son arc et le reste de son équipement, salua l'artisan et s'apprêta à tourner les talons quand il aperçut la troupe d'idiots du village, courageux mais pas téméraires, qui s'étaient rassemblés dans une ruelle attenante, attendant tout simplement qu'Ivor mette les voiles pour revenir tenter leur chance auprès de la jeune femme.

Il lui jeta un regard vaguement affligé, alors que Skallag venait s'asseoir à ses pieds.

-C'est pas vos copains qui vous attendent, juste là? 'Devriez déguerpir.

Ivor le Silencieux

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[Terminé] Tombée du ciel...? Sand-g10Jeu 27 Déc - 18:28
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Elle réprima un soupire et se retint de se donner une tape sur le front avec la paume de sa main. Décidément celui-ci était un vrai grognon, cependant elle ne put s’empêcher de sourire, il faisait penser à elle-même dans ses mauvais jours, ou alors à sa louve quand elle était vexée contre la partie humaine et ronchonnait.

-C’était à vous que je posais la question, mais comme apparemment il y a un tas d'imbéciles qui m’en veulent encore...

Elle soupira et porta la main à la sangle de son carquois, sa chouette, comprenant son geste, s’envola immédiatement tandis que la jeune femme retirait son attirail de son dos et le garda en main, elle le lança vers le ciel et la chouette l’attrapa au passage, puis s’éleva dans les airs à tir d’ailes. Quant à Alyna elle lâcha un sourire ironique au groupe, puis s’approcha d’eux avec froideur, cela suffisait, elle allait devoir s’en débarrasser si elle voulait être tranquille, puisqu’elle ne pouvait, visiblement, pas les semer.

Elle s’avança avec calme vers eux, ils se mirent à l’encercler, pendant ce temps la chouette blanche se posa avec le carquois sur un rebord non loin. La lycan soupira et se pencha légèrement en avant, deux premiers s’avancèrent en levant leur arme, fonçant droit sur elle sans réflexion. La jeune femme se décala sur le côté, attrapant un bâton qu’elle tira en arrière, l’homme à l’autre bout fut attiré vers elle et elle lui attrapa le poignet en le tordant prestement, ainsi il lâcha son arme et Alyna se retrouva armée d’un bâton.
Elle le fit tournoyer pour envoyer une extrémité à l’arrière du crâne de son précédent propriétaire, puis elle envoya l’autre bout cueillir un nouvel assaillant au creux de l’estomac, il s’effondra à ses pieds. Elle bascula son centre de gravité sur le bâton et réceptionna encore un adversaire, lui envoyant son talon dans la mâchoire. Elle se remit sur ses pieds et pivota pour éviter les deux attaquants suivants dont les assauts passèrent dans la toucher dans son dos et devant elle, ils utilisaient leurs armes comme des épées au lieu de les utiliser comme des lances, ce qui était le plus logique.

Elle se débarrassa ainsi d’une bonne partie de ses assaillants, les réduisant à la moitié par des enchaînements fluides, mais cela se poursuivait trop en longueur, elle mettait trop de temps. Soudain, elle sentit quelque chose se refermer sur sa cheville et la couper en plein élan, elle s’étala de tout son long sur le côté, sentant son épaule se déboîter légèrement sous le choc. Alyna voulut se redresser, mais vit arriver vers ses côtes genoux d’un des hommes, elle roula sur le côté pour éviter, mais reçut un coup dans le dos, déclenchant une violente douleur tout le long de sa colonne vertébrale.

Elle réfléchit à comment s’en sortir et dû se mettre debout rapidement pour éviter un coup vers son estomac, mais un autre, venant de son angle mort, la toucha à l’arrière de la tête, la faisant tomber à genoux, à moitié sonnée.

« Je vais les tuer, crois-moi, les éviscérer, les éventrer et bouffer leur reste à ces sales abrutis ! »

Alyna se raidit pour empêcher son instinct de se manifester, mais encore un coup à un endroit sensible comme le visage ou les côtes et elle ne pourrait pas la retenir, mais à cause de la colère de son loup elle ne pouvait, pour le moment, pas bouger.

Alyna Minami

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[Terminé] Tombée du ciel...? Sand-g10Jeu 27 Déc - 19:37
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Ivor fit mine de s'éloigner, alors que la troupe déboulait déjà dans la rue, voyant sans doute que le chasseur n'avait rien à faire de leur proie. Il esquissa un sourire, et puis, intrigué sans doute par la compagne ailée de la femme, il se tint en retrait, Skallag sur les talons. Il était curieux de voir comment elle allait se tirer de là maintenant qu'elle n'avait plus l'échappatoire providentielle de la chute dans le vide. Son bon sens lui criait de mettre les voiles au plus vite et de se tirer en vitesse de se trou à rats pour retrouver l'apaisant silence des montagnes. Mais de l'autre côté, tout de même, il se disait qu'il pouvait attendre encore un peu, juste pour voir comment elle allait s'en tirer. Et il en fut pas déçu à vrai dire, en mercenaire occasionnel qu'il était, il savait reconnaître un bon combattant, et elle, c'en était une. Il laissa échapper un léger sifflement assorti de l'expression discrète du connaisseur qui apprécie quelque chose. Venant d'Ivor, ce simple petit hochement de tête équivalait à une remise de médaille en grande pompes. Cela dit, la jeune femme n'était pas si habile que ça, et surtout pas infaillible. On le serait à moins, face à une troupe de voleurs bien décidés à la dépouiller... Et puis bien évidemment, personne ne leva le petit doigt pour l'aider, à tout le moins regardait-on le spectacle et un cercle de vide s'était formé dans la rue pour laisser le champ libre aux combattants. Les passants semblaient plus las qu'autre chose, comme si c'était un évènement banal avec lequel il fallait savoir se débrouiller, et c'était sans doute le cas.

Il eut un petit haussement d'épaules quand elle fut mise à terre. Ah, dommage, c'était pourtant bien parti. Puissent les dieux être cléments avec elle, et avec ce qu'il en resterait quand ils en aurait terminé. Il ignorait quel contentieux les opposait, mais il devait être sévère pour qu'ils s'acharnent ainsi, ou bien c'était seulement l'appât du gain, auquel cas Ivor se demandait ce qu'elle pouvait bien receler de si précieux. Mais baste, ça n'était pas ses affaires, et il en avait bien d'autres à régler en priorité. Il rajusta sur son épaule la sangle de son équipement et s'apprêta à partir, quand il sentit la mâchoire de Skallag se refermer sur ses chausses pour le tirer en arrière. Le molosse l'attira dans la direction du combat, le fixant d'un regard réprobateur, grondant, et bien décidé à ne pas laisser son maître mettre les voiles aussi lâchement. Ivor leva les yeux au ciel dans un soupir excédé, sachant que Skallag ne le lâcherait pas de sitôt. Il devinait à son comportement que le mâtin avait senti quelque chose particulier chez la femme, rien que sa manière de renifler frénétiquement son odeur comme si elle était familière trahissait que quelque chose ne tournait pas rond.

La femme était de nouveau à terre. Skallag s'agita, renifla l'air et aboya furieusement, comme s'il sentait que quelque chose allait arriver. Il y avait des moments, comme ça, où Ivor cessait de réfléchir et faisait une totale confiance dans l'instinct de son compagnon qui, dès qu'il comprit que l'homme allait enfin réagir, sauta joyeusement sur le dos du voleur qui s'apprêtait à frapper son adversaire. Les gens s'écartèrent sur son passage et sur celui d'Ivor qui accourut à contrecoeur, laissant son chien se charger de mettre hors d'état de nuire l'un des hommes. Etrangement, l'ardeur que les maladrins avaient mis à s'en prendre a la demoiselle faillit quelque peu en voyant débouler le chasseur hirsute et mal luné qui ne fit pas de manière, tordit le poignet et le bras du premier qui tenta de le frapper, et le mit au tapis d'un profond coup de poing au creux du ventre qui le plia en deux. Ivor était de mauvaise humeur, et il était pressé. Trois hommes restaient debout, les autres rampaient au sol ou bien s'étaient tout simplement enfuis et Skallag réglait son compte à un autre qui criait grâce. Son maître lui intima de les laisser en vie, ne voulant pas plus d'ennuis que nécessaire et le molosse le laissa fuir avec une vilaine morsure et une bonne frayeur. Un sifflement l'orienta vers l'un de ceux qui cherchaient un point faible dans l'épais cuir dont le chasseur était revêtu; le maître et le chien agissaient dans une certaine osmose, comme s'ils se passaient de mots pour communiquer. Skallag obéissait au doigt et à l'oeil, mais il était clair qu'il n'était pas soumis ni apprivoisé par son maître qui lui laissait une certaine latitude.

Une lame fendit l'air, atteignant Ivor à la jointure de l'épaule. Il grogna de douleur et repoussa son adversaire qui jouait de son couteau avec une maladresse dont le chasseur profita pour le frapper à la nuque. Les deux survivants se regardèrent un moment, observèrent la jeune femme à qui ils s'étaient attaqués, Ivor, le chien, et puis la mâchoire du chien et leurs compagnons à demi assommés ou blessés, et décidèrent sagement de ne pas tenter le diable. Ils s'enfuirent donc avec toute la dignité possible, et disparurent dans la foule qui avait déjà reprit ses activités ordinaires, délaissant le spectacle à présent terminé. Ivor avait écopé de quelques mauvais coups, et un hématome bleuissait le bas de sa mâchoire. Une douleur sourdait de son abdomen et de son dos, et il y avait fort à parier que d'autres marques se verraient ça et là quand il ôterait sa tunique. Il cracha le sang qui coulait de sa lèvre fendue, grondant comme un ours mal luné, alors que Skallag, le poil hérissé, grognait encore en guettant les alentours, au cas où un deuxième round soit prévu. Très vite cependant il sembla plus s'intéresser à la jeune femme, comme s'il avait pressenti les soubresauts de son instinct; comme s'il craignait que quelque chose se passe. Ivor ne comprenait pas, mais se fiait aux impressions du molosse dont il savait les sens bien plus aiguisés que les siens.

Il tendit une grosse main gantée à la jeune femme pour l'aider à se relever.

-Joli combat. Rien de cassé?

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[Terminé] Tombée du ciel...? Sand-g10Jeu 27 Déc - 22:27
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La jeune femme serra les poings pour s’empêcher de trembler, pendant que sa louve essayait de prendre le contrôle, folle furieuse, les sons qui lui parvenaient lui firent relever la tête et elle vit le vagabond se débarrasser de ses adversaires. Elle sentit son instinct changer complètement d’attitude, passant de la folie vengeresse à l’excitation du bain de sang, elle se déchaîna encore plus pendant toute la durée de l’intervention de l’inconnu et Alyna dû redoubler d’efforts pour calmer cette imbécile et même après que le tumulte soit fini elle la sentit son envie d’en découdre contre quelqu’un et dû se retenir de céder.

Sentant venir l’explosion de l’instinct Fylia prit son envol et lâcha le carquois de la lycan sur sa propriétaire, elle le reçut en plein sur le dos et sursauta, relevant la tête d’un coup, furieuse contre l’oiseau, mais en même temps reconnaissant. Elle lâcha un marmonnement et se rendit compte que le vagabond lui tendait la main. Elle cessa ses marmonnements et sourit avec reconnaissance, ayant compris que le compliment de l’humain en valait milles.

La jeune femme prit la main qu’on lui tendait pour se relever et sentit une douleur dans son épaule, celle sur laquelle elle était tombée, protester de douleur. Apparemment elle se l’était déboîtée, c’est donc avec naturel et un large sourire qu’elle répondit à l’homme :


-A part une épaule déboîtée et probablement quelques bleus passagers tout va bien.

Des bleus dans le genre ceux qui disparaissaient au bout de quelques minutes chez elle... Pendant ce temps la chouette se posa sagement sur une barrière pour attacher les chevaux et se lissa les plumes avec son bec, très calmement, contente d'avoir pu calmer aussi facilement l'instinct qui était en Alyna.
Elle ramassa son carquois avec sa main gauche, étant tombé sur la droite et le remit en place de façon très fluide et décontractée malgré qu’elle utilisait la gauche, ce qui pouvait paraître étrange, puisqu’elle avait, durant le combat, parut droitière. Durant ce mouvement, elle sentit une douleur dans son dos et se souvint du coup porté à sa colonne vertébrale, mais cela ne semblait pas une blessure grave puisqu’elle n’avait pas l’impression que les os soient endommagés. Elle regarda ensuite le chien et lui fit un sourire puis un clin d’œil et posa son doigt sur ses lèvres avec complicité.


-Pas un mot, ami.

Elle se tourna vers l’homme avec un sourire désolé. Elle allait encore le déranger à tous les coups, bien qu'elle ne doutait pas qu’il accepte, quoi que, mais qui serait très désagréable pour elle, puisqu’elle ne pouvait pas le faire seule, elle aurait besoin de son aide.

-Au... Au sujet de mon épaule, hum... pourriez-vous m’aider à la replacer correctement, je vous en serais très reconnaissante.

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[Terminé] Tombée du ciel...? Sand-g10Ven 28 Déc - 19:44
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Ivor n'en laissa rien paraître, mais il était tout de même quelque peu impressionné par l'aisance avec laquelle la jeune femme se redressait et évoluait alors même qu'elle avait prit quelques mauvais coups, elle aussi. Solide, beaucouop plus qu'elle n'en avait l'air, et probablement pas humaine. Il était toutefois sur ses gardes, et bien mal à l'aise également, comme toujours en présence de tout ce qui n'était pas animal. Cependant sa figure mangée par une barbe de quelques jours, impassible et usée, ne montrait rien d'autre qu'une lassitude renfrognée, comme s'il n'attendait qu'une chose, que tout ceci se termine.

Massant sa mâchoire bleuie par un vilain hématome, il grimaça, la bouche encore pleine du sang qui coulait de sa lèvre blessée. Il n'avait pas la même solidité que la jeune femme, manifestement... D'un hochement de tête un peu sec, il acquiesça à ses paroles, voyant bien qu'elle avait un peu moins souffert du combat que lui. Il hésita tout de même un moment; Skallag tournait et virait près d'eux, reniflant sans cesse les mains et les pieds de la femme, et si Ivor n'était pas exactement emballé par la perspective de rester en sa compagnie encore un moment, ça n'était semblait-il pas le cas du molosse qui agissait comme s'il retrouvait soudain un très ancien compagnon longtemps perdu.
Finalement, il haussa les épaules.

-On va se mettre dans un endroit plus calme, et essayez de pas vous attirer d'emmerdes sur le chemin, d'accord?

Et, exténué par cette longue tirade, Ivor se détourna pour aller d'un pas vif jusqu'aux sentiers qui allaient jusqu'aux jardins, juste au-dessus d'eux. Le calme de cet endroit serait peut-être plus approprié à soigner leurs blessures que l'agitation continuelle de la rue en contrebas. Sans attendre ni voir s'il était suivi, le chasseur se hâta de quitter la foule, laissant derrière lui les étals des bateleurs et le vacarme ambiant pour s'enfoncer, non sans soulagement, dans l'atmosphère paisible des jardins. Quelques nains, quelques jardiniers s'activaient ça et là près des parterres de fleurs et dans les carrés de simples, à l'ombre des hauts arbres qui se balançaient dans la brise. Ici, les terrasses étaient assez hautes pour être largement exposées aux brises douces qui coulaient des sommets et chassaient le remugle puissant de la crasse des ruelles. On sentait dans l'air le bourdonnement des insectes et des parfums boisés flottaient dans les ombres douces et les éclats de lumière, avec l'odeur vive et fraîche des plantes écrasées, et la sève, et la terre remuée. Ici Ivor se sentait bien plus à l'aise et on pouvait le comprendre tant ces endroits de longues parcelles qui se chevauchaient à demi, plantées de grands hêtres, de sapins et d'arbustes odorants respiraient une sérénité peu commune. Un peu de nature, somme toute, un peu de chez lui.

Allant à grands pas, il alla jusqu'à l'un des bancs de pierre qui s'alignaient sur le bord de la terrasse et offraient une large vue sur la ville, la vallée et les montagnes alentours. Ici, le vent soufflait plus fort et dans la lumière douce du jour passant, les nuages, gris, effilochés et légers, faisaient la course entre les dents acérées des cimes. C'était un jour paisible, un jour idéal pour la chasse ou le voyage; le soleil se cachait par intermittence derrière les nuées tordues qui glissaient comme une onde sur l'azur, et laissait tomber de temps à autre des averses de rayons d'or pâle sur les pentes et les grands bois de sapins qui couvraient les versants. De là où il se tenait, Ivor dépassait du regard les élévations nobles et gracieuses de la cité sur son éperon rocheux, embrassait du regard la grande vallée, les roches abruptes, falaises, couronnes de neiges et draperies de feuillages persistants dans l'hiver, et le souffle puissant du vent l'enveloppait d'un murmure subtil. Cette vision magnifique, bref répit, le soulagea un peu des désagréments causés par son séjour citadin. Bientôt, chuchotait la brise, bientôt de nouveau la solitude, le silence, et rien d'autre que la paix des grands espaces pour combler le gouffre au fond de lui. Loin, bien loin dans le grand ciel tourmenté, de grands oiseaux sombres se laissaient glisser dans les rafales, et leurs silouettes noires filaient avec grâce sur le fil des courants de l'air froid.

Il s'assit, posant son paquetage sur le sol, et repoussa en arrière les pans de son manteau pour dégager ses bras, lui faisant signe de s'asseoir. Il souffrait lui-même de blessures légères, à peine plus que des hématomes et des éraflures sans gravité, mais la gêne persistait dans sa poitrine, à cause de la chute de la femme, et des coups qu'il y avait reçus. Ivor n'était plus aussi solide qu'autrefois, il fallait bien se faire à l'idée qu'il n'encaissait plus aussi bien qu'avant... L'usure lente de sa vie rude faisait son travail, comme le ver et la pourriture qui rongent le bois encore vert sous l'écorce.

Avec une certaine gaucherie, Ivor posa une main sur l'épaule blessée de la jeune femme; il ne voulait pas lui faire mal, mais en médecine le chasseur était comme dans tous les aspects de sa vie, du genre expéditif et efficace. Quelque peu brutal, également, mais il n'y pouvait rien, la délicatesse n'était pas une chose qu'il avait pu apprendre. Sans douceur, il tâta la blessure, cherchant l'articulation, et la remit en place d'un geste rapide alors que l'épaule laissait échapper un craquement sonore et libérateur.

-ça devrait suffire, lâcha-il en se détournant, ne prolongeant pas plus que le strict nécessaire le peu de contact qu'il y avait pu avoir.

En principe, ce devrait être à ce moment là qu'elle mettrait les voiles pour des horizons lointains et d'autres ennuis, et que lui pourrait enfin avoir la paix. Mais en cela comme beaucoup de choses, Ivor semblait se tromper, ou plutôt il semblait que quelque chose cherchait à tout prix à contredire ses espoirs, du moins les plus immédiats. Skallag s'était assis près d'eux, et avait posé sa tête sur les genoux de la jeune femme qu'il semblait avoir prise en affection. Il était rare que le molosse, de nature plutôt sauvage, se montre aussi confiant avec un étranger et cela intriguait Ivor, qui cependant espérait secrètement que son compagnon finisse par entendre raison.
Prenant son mal en patience, il sortit de sa poche sa vieille pipe en terre qu'il nettoya avant de l'allumer, jetant un long nuage de fumée grise dans la brise. Les herbes apaiseraient un temps la douleur, mais aussi, et c'était plus important, feraient sans doute passer sa mauvaise humeur et lui calmeraient un peu les nerfs. Sans manières, il cracha à terre le sang qui lui remplissait encore la bouche, espérant que sa lèvre fendue cicatriserait rapidement. Pour sa part, il en avait terminé.

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[Terminé] Tombée du ciel...? Sand-g10Ven 28 Déc - 21:34
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Alyna se retint de rire en voyant le grand chien avoir l’air tout heureux et emboita le pas à l’homme sans un mot puisqu’il ne semblait pas apprécier de trop parler. Il l’amenait au niveau des jardins suspendus, tient donc, ils avaient plus de points en commun que prévu, la mauvaise humeur, le goût de la hauteur et du calme. Amusant. Elle huma l’air une fois arrivé sur les terrasses et laissa le vent s’amuser à lui arracher sa capuche et lui ébouriffer les cheveux, elle suivit Ivor qui l’invita à s’asseoir sur le banc à côté d’elle, c’est donc avec docilité qu’elle le fit.

Elle dut serrer les dents quand il examina son épaule, mais cela ne faisait pas plus mal que certains coups qu’elle avait pris à l’entrainement. Elle pinça les lèvres quand il lui remit l’articulation en place, le geste avait été rapide, mais la douleur pas aussi forte que ce à quoi elle s’attendait. Il la lâcha juste après avoir terminé et apparemment aurait bien voulu qu’elle s’en aille. Le grand chien posa cependant son museau sur les genoux de la jeune femme qui ne put réprimer un rire discret, après tout, les loups étaient les ancêtres des chiens. Elle posa sa main sur le museau de l’animal et lui fit des gratouille, puis elle le repoussa en douceur et se leva, une certaine joie enfantine se saisit d’elle en songeant qu’elle allait donner de faux espoirs à son interlocuteur qui allait croire qu’elle partait.

Elle s’éloigna de plusieurs pas et s’accroupit près des parterres de plantes, demandant le plus courtoisement du monde aux nains si elle pouvait prendre quelques fleurs afin de faire une décoction pour le vagabond, ils acceptèrent et elle fit sa cueillette sans abimer les parterres, puis elle revint, ramassant en passant une pierre creuse et une autre ronde et tira la langue à l’homme bougon, puis se mit à mélanger les plantes en les écrasants consciencieusement, elle obtint une pâte qu’elle prit sur ses doigts et fixa l’homme de ses yeux bruns gris, ses cheveux emportés par la brise de façon régulière.


-Ne bougez pas, ne râlez pas et retirez votre chemise, sans poser de questions stupides par pitié.

Elle approcha sa main de la lèvre fendue du vagabond et déposa sur la blessure l’onguent qu’elle venait de fabriquer, puis elle ajouta une dernière plante et la broya avec le premier mélange, puis elle fixa l’homme avec un grand sérieux. Ce qu’elle venait de préparer n’était ni plus ni moins qu’un médicament faisant diminuer l’ampleur des hématomes.

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[Terminé] Tombée du ciel...? Sand-g10Ven 28 Déc - 22:43
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Soufflant dans la brise des ronds de fumée claire, Ivor semblait décidé à attendre que la jeune femme se lasse avant lui et qu'elle mette les voiles. Pour ce qui était du mutisme et de l'obstination, il était de toute première force et savait rester immobile et silencieux comme une souche, jusqu'à ce qu'on lui fiche la paix. Ivor était patient. Et surtout, il n'était pas pressé. Or donc, il observa d'un oeil le manège de la femme, tandis que Skallag la guettait d'un air intrigué. Et puis, mâchonnant le bout de sa pipe, il se perdit un moment dans ses pensées, les yeux dans le vague. Ses songes dérivaient comme les nuages, vagues, presque évanescents, dans de longs remous paresseux. Le fil se nouait, se dénouait, se déliait à mesure que le paysage se mouvait lentement devant lui, se transformait dans les rayons du soleil et l'ombre des nuages.

Quand la femme revint près de lui, il constata qu'elle n'avait pas décidé pour le moment de le laisser tranquille. Pire encore, elle voulait le soigner. Ivor était un homme pragmatique, accoutumé à se blesser et à écoper de maux divers; pour l'essentiel il attendait que ça passe, même si ce comportement pouvait parfois présenter des risques, à commencer par toutes ces plaies qu'il ne soignait pas et où la gangrène n'attendait qu'une petite négligence pour se loger. Il grommela comme un vieil ours quand elle lui ordonna d'ôter son vêtement. Et puis quoi, encore? De quoi elle se mêlait donc... Et puis une petite voix lui chuchota quand même que s'il continuait à s'user de la sorte, il ne ferait pas de vieux os. Et baste, donc! Il pesta un moment, lui jetant un regard noir, et entreprit de délacer d'abord ses brassards, et puis le col de sa grosse tunique de cuir. Grand bien lui en fit car il s'aperçut que le coup reçu à l'épaule avait vilainement entaillé la broigne et rompu la toile de la chemise qui s'était toute souillée de vilain sang coagulé. La blessure elle-même n'était guère plus qu'une écorchure, mais, laissant de côté son armure de peau et daignant enfin soulever le vêtement de toile grossière, l'on vit son dos et son abdomen constellé de marques de coups et de marbrures violacées. Finalement, oui, soigner tout ça, au moins un peu, ça pouvait être une bonne idée. Les dieux seuls savaient ce qu'il serait advenu de lui s'il avait reprit sa route sans se poser plus de questions, et il aurait sans doute amèrement regretté de n'avoir rien fait quand il était encore temps une fois parvenu loin de tout et ayant eu à supporter le poids de son équipement et le frottement de la toile sur ses blessures sur de longues lieues. Mais ça, sa mauvaise foi toute naturelle et de type monolithique refusait pour le moment de l'admettre. Aussi, Ivor s'exécuta en comprenant bien que cela était juste et utile, mais en refusant bien de le dire et même de le penser. Il persista à tirer une tête de trois pieds de long, tirant furieusement sur sa pipe en jetant des panaches de fumée renfrognée dans la brise.

Ah, il fallait qu'elle soit bien tenace pour se faire obéir d'Ivor qui n'avait pour le moment qu'une envie, fuir très loin et ne plus revenir à la civilisation d'ici des siècles, au moins. Il avait eu son content de sociabilité pour des années, à ce compte... Une fois dévêtu de sa tunique et de sa broigne de cuir, il lui tourna résolument le dos, frissonnant un peu dans la bise des cimes. Heureusement les alentours étaient déserts et personne ne songeait à lever les yeux vers ce recoin isolé du jardin, et c'était très bien comme ça. Ivor n'étant pas de nature à se montrer, il se sentait franchement vulnérable, soudain. Raison pour laquelle il avait posé l'un de ses couteaux à plat sur le banc près de lui, hors de son fourreau et prêt à être saisi. Et puis il pouvait toujours compter sur Skallag qui observait la scène avec méfiance, manifestement partagé entre sa mission de protection envers son maître et l'affection naturelle qui le liait déjà à la jeune femme.

Le chasseur grimaça en sentant le contact des mains de celle-ci sur ses blessures; non pas parce qu'elles le faisaient souffrir, mais bien parce qu'il n'était que trop peu accoutumé à ce genre de contacts et que cela lui rappelait des choses dont il ne voulait pas se souvenir. Du moins, pas maintenant. Les dents serrées, il attendit qu'elle termine son ouvrage, manifestement mal à l'aise et surtout très méfiant. Il n'avait rien de valeur sur lui, mais on ne savait jamais, et puis Ivor était l'une des personnes les mieux placées au monde pour savoir qu'on ne pouvait jamais faire confiance à quelque chose d'humain. Une fois qu'elle eut terminé de soigner les hématomes qui bleuissaient son dos, il n'eut d'autre choix que de se retourner, bien qu'il fut manifeste qu'il eut préféré affronter de nouveaux une douzaine d'hommes d'armes à mains nues plutôt que de se trouver là. Il restait immobile, un peu voûté, avec le mutisme minéral d'une vieille pierre ou d'un arbre revêche. Mais sur sa peau les cicatrices affleuraient, nombreuses, et les marques des maladies qui faisaient des taches sombres là où elles s'étaient attaquées à lui. Rien qu'à voir l'état de ses épaules et du reste on voyait bien qu'il avait eu la vie dure depuis fort longtemps, et qu'il n'y avait jamais eu personne auprès de lui pour panser ses blessures. Pas une fois il ne croisa son regard quand il lui fit face, regardant ailleurs pour ne surtout pas voir l'expression que pouvait avoir son visage, quelle qu'elle fut, ne pas voir non plus ses mains sur lui et tout ce qui rappelait à sa mémoire de sombres et lointains souvenirs. C'était idiot, à la longue; mais Ivor était de ceux qui n'avaient jamais pu se résoudre à oublier. Isabelle était toujours là, dans chacune de celles qui l'approchaient.

Une fois qu'elle eut terminé, il se rhabilla en hâte, grimaçant encore de ses muscles endoloris, bien qu'il fut obligé d'admettre que les plantes avaient fait merveille. Il la gratifia d'un regard noir et puis, à contrecoeur, lâcha un simple mot:

-Merci.

Et c'était tout. Il se renfrogna dans son recoin, tirant d'un air buté sur sa pipe, se disant que si la donzelle ne détalait pas d'ici peu, ce serait lui qui lèverait le camp, et bon vent.

Ivor le Silencieux

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[Terminé] Tombée du ciel...? Sand-g10Ven 28 Déc - 23:47
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Alyna sourit amusée en voyant qu’il acceptait tout de même, malgré sa mine renfrognée, de se laisser soigner. Elle vit les cicatrices du vagabond et toutes les marques qui parsemaient son torse, elle réprima un soupire et entendit sa chouette commenter l’attitude de l’homme d’enfantine, c’était tout à fait cela. Elle entreprit de couvrir ses blessures avec la mixture qu’elle avait fabriquée, au moins ces marques-ci n’allaient pas rester grâce à elle. Du coin de l’œil elle aperçut le couteau sortit de l’inconnu qui était posé sur le banc, elle vit immédiatement qu’il s’agissait d’une arme en acier, donc rien pour l’inquiéter. Une fois finie elle attendit qu’il lui présente son torse et se réattela à mettre en œuvre ce qu’elle pouvait pour le soigner, elle ne le regardait pas, n’en ayant pas besoin puisqu’elle entendait ses moindres mouvements et marmonnements et elle se doutait qu’il ne la regardait absolument pas.

Elle examina ses mimiques corporelles, la méfiance, à peu de chose près identiques à lorsque elle-même était dans le même état. Il était tendu, crispé, prêt à bondir, chose qui la fit légèrement sourire, tant et si bien qu’elle avait du mal à se retenir de rire lorsqu’elle se recula et le vit se rhabiller à la vitesse de l’éclair, comme s’il craignait qu’elle ne lui ouvre le ventre par élan de folie.

Il reprit son attitude presque boudeuse en s’asseyant sur le banc et fumant sa pipe, elle se retenait de plus en plus difficilement de rire, un de ses rires rares et qui vous secouaient pendant plusieurs minutes. Elle devait tout de même garder sa dignité ! Pour se faire elle tourna la tête vers le paysage, masquant son visage à la vue de l’homme. Sa chouette se posa sur l’arbre non loin et lâcha un hululement.


Hululement : -Non mais un vrai gamin je te dis ! Même l’autre n'est pas pire que lui !
« Tais-toi pitié ! »
Hululement : -Dit monsieur souche d’arbre, il faut te dérider un peu hein, tu fais au moins deux fois ton âge !

Elle n’y teint plus et se pencha en avant pour retenir son rire, n’y parvenant pas elle le laissa s’échapper, un rire naturel, de celui qui vous fait monter les larmes aux yeux, qui ne tardèrent d’ailleurs pas. Elle dû se retenir au tronc de l’arbre pour ne pas s’effondrer de rire, elle finit même par en hoqueter et se calma finalement en essuyant les larmes de ses yeux.

-Elle a d... dit que... Ha non mais Fylia ! Elle eut un nouveau léger éclat de rire, puis réussit à reprendre. Elle a dit : dit monsieur souche d’arbre, il faut te dérider un peu, tu fais au moins deux fois ton âge.

Elle eut du mal à ne pas repartir dans un fou rire, surtout en voyant que l’oiseau s’apprêtait à en placer une à nouveau, pour éviter cela elle lança un caillou à côté de la chouette qui s’envola en riant dans la tête de la jeune femme, pour s’éloigner dans le ciel où elle plana au-dessus de la ville.

-En tous les cas, veuillez prendre ces soins comme un remerciement pour m’avoir aidé, c’est après tout le moins que je puisse faire.

Alyna Minami

Alyna Minami


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[Terminé] Tombée du ciel...? Sand-g10Sam 29 Déc - 12:08
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Ivor finit par comprendre ce qui le dérangeait profondément chez la jeune femme: elle se moquait de lui presque ouvertement. Il n'était pas très porté sur l'estime personnelle, l'orgueil et toutes ces choses bonnes pour ceux qui avaient une certaine affection pour eux-mêmes, mais son mauvais caractère qui le faisait partir parfois au quart de tour supportait mal qu'on se foutasse de sa poire avec aussi peu d'élégance.
Il jeta un regard noir à la femme qui riait près de lui, les larmes aux yeux, et se dit qu'il avait assez fait dans le social pour aujourd'hui. A peine un hochement de tête en guise de réponse, il avait assez causé pour aujourd'hui. Il coinça sa pipe à la commissure de sa bouche, et chargea son paquetage sur son épaule, s'enveloppant des pans épais de son long manteau. Sa mine revêche ne laissait rien transparaître d'autre que l'éclat dur de son regard grisâtre, comme un reflet sur les eaux mortes d'un lac oublié. Silence on l'appelait, le silence il observait. Il salua la femme d'un signe bref, un hochement de tête et puis il siffla Skallag qui, après un moment d'hésitation, lui trottina sur les talons, impatient de repartir à l'aventure.

Et, comme une ombre, l'ours laissa là l'étrangère et s'en fut en grande hâte. Il allait à grands pas, quittant les doux remous ombragés des jardins, traversant les ruelles et le marché, et quitta sans regrets l'atmosphère confinée derrière les hauts murs de pierre, l'étouffement des grandes maisons et des larges façades pour franchir les portes de la cité et retrouver un peu plus d'aisance. Là, la route allait, serpentait dans les falaises et les pentes, traversait les rivières, les torrents, les forêts. Il la connaissait bien et ne l'empruntait que bien peu car elle était bien trop fréquentée à son goût, par les marchands, voyageurs, villageois. Il la suivit un moment, assez pour s'éloigner de la ville, et le chien à ses côtés, dès qu'il en avait eu reçu la permission, s'était élancé comme un jeune chiot, courant à perdre haleine dans la brise douce des cimes. Ivor quitta bien vite le chemin, s'enfonçant dans la forêt qui bordait la voie. Les grands arbres aux branchages serrés filtraient la lumière du jour, si bien que sous leur couvert, il y faisait très sombre mais c'était très habituel pour Ivor qui ralentit sa marche, et continua de progresser sans efforts à travers buissons et fourrés, se passant bien de sentier pour se diriger. Skallag bondissait dans les fougères, disparaissant parfois dans les feuillages d'un fourré plus épais, débusquant des oiseaux ou des bêtes, menant grand et joyeux tapage tant il était ravi de retrouer un univers familier. Ivor lui-même allait plus sereinement à présent qu'il avait quitté la ville, et il oubliait même l'incident de la donzelle, puisque de toute manière tout ça n'avait plus aucune importance. Il pouvait chasser à présent, trouver un endroit où camper quelques jours, et puis repartir vers la route des sommets, aller là-haut dans les alpages goûter au silence des hauteurs.

La journée passa, venteuse et ondoyante, sans qu'Ivor ne soit satisfait de la distance qu'il avait mit entre la ville et lui. Trop proche encore, pas assez d'isolement, et les heures passées à attendre, le temps perdu qui n'avait pas été employé à marcher dans l'isolement se voyait rattrapé avec ardeur alors qu'il allait vers les terres les plus sauvages, dans les pierres sèches et les sentiers perdus, là où ne vont que les bergers et les ermites.

Alors que soir glissait en silence sur les montagnes, le chasseur fit halte en lisière d'un bois de sapins. Une combe abritée servirait d'abri pour la nuit, et il se hâta d'allumer un maigre feu, pour repousser les bêtes qui chercheraient à l'approcher. Skallag s'était couché près de lui, et, enveloppé de son épais manteau, le dos au vent, Ivor méditait en silence, les yeux perdus dans les flammes qui dansaient dans les faibles rafales. Les braises craquaient, luisaient et se ternissaient comme des joyaux dorés, rouges, orangés parfois. La chaleur bienfaisante envahissait peu à peu le recoin perdu entre deux rochers éboulés, et près de lui, la forêt murmurait doucement dans le souffle froid qui descendait des hauteurs. La nuit était claire et le ciel vidé de ses nuages resplendissait dans le noir comme une toile de velours bleu semée d'argent. La lune pleine et ronde comme une pièce de métal poli baignait d'un éclat très vif le paysage et il semblait que l'on puisse sans peine évoluer sur les routes sans besoin de lanterne, tant la lumière était belle. Les pents acérés, les forêts chuchotantes, les pierres et les ruisseaux, tout brillait, luisant, festonné de reflets blancs et de diamants clairs. On voyait ça et là, sur les versants, se refléter les miroirs de quelques lacs cachés, sombres et profonds comme de grands puits d'eau pure. Plus haut, les neiges et les glaciers faisaient de longues traînées flamboyantes sous la lune, une blancheur presque aveuglante, comme de riches soieries, des brocards, des broderies de fils d'argent pur et de glace bleutée, et l'on croyait parfois distinguer comme des replis, des drapés, comme de longs pans de voile de gaze et de satin qui s'enroulaient, se défaisaient, ruisselaient et retombaient avec grâce. Le monde tout entier faisait silence, et le vent même se taisait, chuchotait entre les pierres, faisait taire sa complainte comme pour ne pas troubler la vision qui s'offrait aux rares qui pouvaient voir cela. Ivor dans son recoin, près d'un feu dérisoire, souriait pour lui même, souriait avec l'apaisement de la plus profonde, la plus belle et la plus rares des solitudes, sachant qu'il était peut-être le seul à cet instant à pouvoir contempler ces paysages secrets, ces visions fantastiques qui se déployaient devant lui.

Il y avait la paix, là; la paix profonde et douce, le silence au coeur qui apaisait les doutes, les rancoeurs, les voix. Il se diluait dans le grand calme des montagnes, mêlait sa substance à l'immobilité minérale des monts éternels, et peu à peu devenait pierre, glace, et clair de lune, oublait sa nature humaine pour ne devenir rien d'autre qu'un petit fragment de chair, dérisoire, si bref, une petite chose dont l'éphémère souffrance s'évaporerait avant même que le temps n'ait pu s'attaquer à la noble silhouette des monts enneigés. Il y avait autre chose, là; autre chose que lui, que les malheurs et les doutes, que les êtres et les royaumes. Quelque chose qui serait pour toujours, intouché, jamais souillé, là où ni la main ni l'oeil de l'humain ne pourrait se poser, à jamais protégé de toute leur corruption.

Dans un sursaut, Ivor se redressa, car Skallag venait soudain de bondir sur ses pattes, le poil hérissé, grondant, écumant. Son maître guetta la direction qu'il fixait, et vit se profiler dans l'ombre la silhouette énorme d'un vieux loup. Ce solitaire sans doute abandonné par sa meute avait l'air vif encore, et une vilaine blessure lui perçait le flanc. Très lentement, Ivor porta la main au couteau qu'il portait au côté, alors que la vieille bête, très massive, s'avançait vers lui avec une tranquillité trompeuse. Un grondement sourd s'échappait de sa poitrine, et il semblait totalement ignorer Skallag qui semblait sur le point de lui sauter à la gorge. Et puis, il hurla, longuement, et quatre autres silhouettes grises sortirent du bois. Le feu n'avait pas l'air de les effrayer et ils semblaient tous affamés, attirés par les réserves de viande que transportait le chasseur, ou bien par l'odeur de sang qui imprégnait chacun de ses vêtements, par les reliefs de son repas qui gisaient près du foyer. Ivor savait bien qu'ainsi, prit par surprise, il n'avait guère de chances, même si Skallag était en bien meilleure santé que ses adversaire et qu'il pourrait sans peine en laisser un ou deux pour mort. Il avait à présent son couteau en main, lame au clair, étincelante sous la lune. Son arc était bien trop loin, inutile en combat rapproché, et pour l'heure, il se savait fait comme un rat.

Sauf intervention extérieur et salutaire, évidemment.

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[Terminé] Tombée du ciel...? Sand-g10Sam 29 Déc - 13:38
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La jeune femme ne se retourna pas alors que l’homme s’éloignait, elle masquait son sourire amusé, cependant lorsqu’il eut disparu son sourire passa à un autre différent, penchant vers le jeu. Elle n’avait pas envie de lâcher ainsi le vagabond, cela n’aurait pas été amusant.

« On part à la chasse Alyna ? »

Alyna retroussa ses lèvres, ne répondant pas à la voix de son instinct dans sa tête, son sourire amusé dévoila ses crocs et elle prit sa forme hybride pendant quelques secondes, pour écouter l’homme s’éloigner et sentir le vent rabattre son odeur vers elle. Puis elle tendit son poing pour y accueillir la chouette qui s’y posa, prenant garde à ne pas enfoncer ses serres dans la peau de son amie. Elle pencha la tête sur le côté et hulula intriguée. La lycan fit un geste du bras et l’oiseau s’envola au-dessus de la ville, elle suivit le vagabond du regard, restant assez haut dans le ciel pour ne pas être repérée. La louve quant à elle s’avança au bord de l’île flottante, puis fit demi-tour, suivant la piste de l’homme. Elle descendit, puis s’avança hors de la ville et s’éloigna du chemin, fréquenté et une fois hors de vue de la route elle se mit à courir, elle s’arrêta une fois de l’eau trouvée et s’accroupit pour y boire.

Levant les yeux vers le ciel elle voyait sa chouette planer paresseusement en suivant le vagabond, elle se remit en route pour suivre la direction que prenait l’oiseau et donc l’homme. Elle accéléra l’allure pour les rattraper, se déplaçant parallèlement à leur trajectoire, puis elle s’arrêta à nouveau en chemin, n’y tenant plus et prit sa forme lupine pour partir à la chasse, elle parvint à trouver du gibier, mais assez difficilement. Une fois son repas engloutis elle se remit à trottiner sagement, revenant vers les sentiers. Elle retrouva la piste très facilement et la suivit un moment avant de s’arrêter et renifler, truffe au ras du sol, son pelage se hérissa et un grondement s’échappa de sa gorge, elle accéléra l’allure pour les suivre.
Le jour déclinait, elle avait encore le temps, mais… une fois la nuit tombée ils n’hésiteraient pas à passer à l’attaque, les proies étaient rares et ils ne reculeraient pas devant le vagabond et son molosse. Elle lâcha un grondement frustré quand elle dut se mettre à avancer à travers les arbres et les buissons qui la gênaient, les ronces trainant sur la route l’empêchaient d’avancer en ligne droite et elle perdit de précieuses minutes. Lorsque le chemin se dégagea un peu elle se remit à avancer à bonne allure, la nuit tombait et elle entendit la voix de sa chouette l’alerter.

« Alyna ! Des loups ! »
« Je sais, quatre, dont un vieux blessé... j’ai senti leurs odeurs, ça fait depuis un moment qu’ils les suivent. »
« Ils sortent de leur cachette et il vient à peine de les repérer ! »

La louve s’arrêta, oreilles dressées quand retentit un hurlement caractéristique de loup, son pelage se hérissant, la chasse était donnée… mais les chasseurs étaient ceux qui allaient être chassés, foi d’Alyna. Elle lâcha un grondement, puis se tut et repartit en courant, dans le plus redoutable des silences, lorsqu’elle s’approcha du campement les loups étaient à l’entrée de la grotte et le vagabond faisait face, armé d’un pauvre couteau. Elle ne ralentit pas, surgissant sans bruits d’entre les fourrés, sans même les effleurer et attirer l’attention des loups en émettant un son. Elle accéléra soudain et heurta le chef avec son épaule de plein fouet, faisant sursauter les autres créatures tant elle était arrivée vite.

Profitant de la déroute de ses « frères », elle ne perdit pas une seconde et bondit à la gorge du plus proche, enfonçant ses crocs dans son cou, la lui réduisant en charpie. Un des plus rapides à réagir la mordit à l’épaule et elle dû lâcher prise, reculant souplement elle se plaça entre l’homme et les loups, son pelage roux hérissé de rage de la tête à la queue, les crocs à découverts. Elle n’était pas plus grande que leur adversaire, mais légèrement plus massive, semblant plus « lourde » et puissante.
Elle se ramassa sur elle-même et bondit sur le plus proche, le saisissant à la nuque elle referma sa mâchoire d’acier sur les os et dans un craquement sinistre la lui brisa, le loup s’effondra inerte et elle se tourna vers le suivant, le pelage toujours hérissé, la blessure à son épaule semblant profonde, même si elle n’avait pas l’air de s’en occuper.

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[Terminé] Tombée du ciel...? Sand-g10Sam 29 Déc - 14:58
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Le grand loup qui menaçait Ivor s'apprêtait manifestement à attaquer quand il fut percuté par la bête rousse surgie des ombres. L'homme se redressa, la dague au poing, étonné de voir surgir l'invité impromptu qui, de toute évidence cherchait à le protéger de ses assaillants, se plaçant devant lui, et faisant un usage redoutable de ses crocs. Skallag s'en prit à l'un de ceux qui étaient le plus proche de lui, alors même que son maître en profitait pour se mettre debout, dans une position où il aurait un peu plus de chance de s'en sortir si l'un des fauves l'attaquait. Cela lui fut inutile car très vite, le molosse et la louve firent un carnage, et des cinq bêtes il n'en resta bientôt qu'une seule, le premier et le plus gros qui s'était avancé. Skallag parvint à le mettre à terre, et le maintint dans cette position en serrant ses crocs sur sa gorge; Ivor s'approcha, comme à regrets, se pencha sur la bête grondante qui se débattait encore entre les mâchoires du mâtin qui ne le lâchait pas. Le chasseur examina la blessure, rongée par l'infection, tavelée de marques noirâtres qui avaient fait tomber le poil tout autour de la plaie ouverte. Une autre morsure, faite par la louve, déchirait la chair et la peau, saignant abdonamment. Ce serait miséricorde que de le soulager de ce mal, mais comme toujours, Ivor ne tuait les loups qu'à contrecoeur, même lorsqu'il en était la proie. Malgré la surprise de l'attaque, il était extraordinairement calme, et ses mains ne tremblaient pas quand elles se posèrent sur l'encolure de la bête à terre, et qu'il fit desserrer les mâchoires de son chien. Celui-ci recula et alla sagement s'asseoir tout près, léchant ses blessures, laissant son maître faire son devoir. D'un geste, il força de nouveau l'animal à rester immobile, pressant légèrement la jugulaire, restant hors de portée de ses dents qui se refermaient sur du vide dans un grondement furieux. Il fallait une certaine force pour obliger une bête de cette taille à rester ainsi, mais Ivor savait y faire, sans doute bien plus que tout autre. Très doucement, il lui toucha la tête et le dos, ses grandes mains usées faisant montre d'une habileté délicate dont on ne pouvait le croire capable en le voyant de prime abord.

Soudain Ivor n'était plus le même, attentionné et presque contrit, agenouillé qu'il était auprès du fauve mourant dont les mouvements ralentissaient peu à peu, gagné par une torpeur qui signifiait bien qu'il avait compris ce qui allait se passer. Doucement, très doucement, Ivor relâcha la pression de ses mains sur son col, et le loup resta à terre, redressant la tête vers lui en flairant son odeur. Le chasseur murmura quelque chose, d'une voix très basse, à peine plus qu'un bourdonnement grave comme un grondement, comme s'il s'adressait à lui. Ses doigts usés se glissèrent dans le long pelage sombre, et il lui caressa la tête, à nouveau, comme pour le rassurer. Le vieux loup semblait avoir vu venir sa fin prochaine, et dans son regard d'ambre sombre, on lisait comme l'acceptation de ce qui s'en venait tandis qu'il fixait le chasseur droit dans les yeux. D'un geste lent, il prit son couteau, et, ne cessant de caresser la tête et le col de la bête, plongea la lame à l'arrière de son crâne, là où il était certain que la mort serait la plus soudaine. La lame chuinta contre l'os, et le regard du loup s'éteignit soudain, tandis que son corps retombait lourdement.

Ivor se releva lentement, flattant l'encolure de Skallag dont le plage sombre était moucheté de sang, mais qui n'avait pas été blessé sérieusement. Deux autres loups gisaient morts près d'eux, et les autres s'étaient sans doute enfuis. Ivor l'avait échappé belle car sans l'intervention bienvenue de la louve, il n'aurait sans doute pas survécu aussi indemne.

Il planta son couteau dans le sol pour le nettoyer, et s'accroupit face à elle, l'examinant d'un regard intrigué. Son beau poil brillant rougeoyait à la lumière du feu qui y semait de longs éclats dorés, chatoyants comme de l'or cuivré, et il voyait ses yeux luire de ce feu intérieur qu'il connaissait bien. Il lui sourit, doucement, et cette simple expression pleine d'une paisible bienveillance fit courir les ombres dans les creux et les rides de son visage, animant ses yeux gris d'une lumière nouvelle. Oh, s'il savait seulement qui il avait en face de lui... Mais tout changeait, quand il s'agissait de bêtes et Ivor se serait sans doute bien mieux comporté avec la drôle de donzelle rencontrée plus tôt s'il avait su qu'elle n'était pas si humaine qu'elle semblait l'être.Une main tendue dans sa direction, il la regardait dans les yeux pour bien lui montrer qu'il n'avait pas peur d'elle, et s'assit, lentement et patiemment, sans brusquerie aucune. Ivor avait toujours eu ce don étrange pour apaiser les animaux, ne serait-ce que parce qu'il avait passé son enfance entière au milieu des chiens et des chevaux; c'était comme si certains d'entre eux le sentaient, comme s'il y avait chez cet homme quelque chose qui leur disait "je ne te veux aucun mal". Il n'y avait plus ni dans ses yeux ni dans son attitude cette méfiance qu'on y voyait à l'ordinaire et qu'on avait pu lire plus tôt. Confiant et paisible, il avança la main vers elle pour lui faire sentir son odeur, se demandant pourquoi diable une louve de sa sorte avait pu décider de le défendre. Sa tête se courba légèrement dans un signe de remerciement, et il resta là sans bouger, car c'était à elle de décider si elle voulait bien s'approcher ou non. Skallag en revanche n'avait pas ses scrupules et semblait la considérer avec d'autant plus de sympathie qu'elle venait somme toute de venir en aide à son maître. Pas un instant ne vint à Ivor l'idée qu'il la connaissait tout simplement déjà.

Autour d'eux le silence était retombé comme un voile et le vent tourbillonnait dans le creux où ils s'étaient installés. La louve avait l'odeur sourde et forte des bêtes, et sa fourrure exhalait des effluves de sang, d'eau claire et de soleil. Il y avait toujours cette fragrance là, chaude et rassurante, celle de la toison épaisse des bêtes et des chiens, celle qui lui rappelait le doux temps de l'enfance et lui donnait toujours envie de plonger la main au creux de la profonde fourrure, d'y enfouir son visage et s'y blottir tout entier.

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[Terminé] Tombée du ciel...? Sand-g10Sam 29 Déc - 16:13
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Alyna massacra sans hésitation les loups restant, ne se préoccupant pas de ceux qui fuyaient, elle s’arrangea pour faire peur au maximum aux animaux sauvages pour qu’ils décident de fuir plutôt que de combattre et pour laisser le champ libre au compagnon à quatre pattes du chasseur. L’agitation se calma un peu et elle observa l’homme s’occuper avec une grande douceur du vieux loup. Elle voyait enfin ce qu’elle avait deviné en voyant cette personne, quelqu’un d'empli de bonté, son sourire doux le témoignait, il était radicalement différent de tout à l'heure.
Elle s’assit et le regarda s’approcher, plantant son couteau dans le sol, puis s’accroupir proche d’elle et tendre la main. La louve tendit le museau pour renifler, mais recula légèrement par réflexe quand il s’assit et tendit sa main vers elle. Elle se reprit et le renifla, se comportant comme se comportait une louve, ce qui était absolument normal puisque sous cette forme elle avait plutôt tendance à se comporter comme un véritable loup, même lorsqu’elle connaissait les gens.
Elle hésitait à avancer, n’ayant pas l’habitude des contacts et puis elle avait un honneur et puis elle ne voulait pas s’abaisser à ça et puis... « Câliiiiiiiiiiiiiiiiin ! »

Elle s’avança vers l’homme, avant même d’avoir pu se retenir et lui lécha la main sans crainte, après tout pourquoi craindrait-elle cet homme, il n’était qu’un gentil vieux grincheux et ne lui aurait jamais fait mal. Sa queue battait l’air et elle regarda le grand chien qui avait l’air tout heureux de la retrouver, elle reporta son attention sur le voyageur, pliant ses pattes avant l'air joyeux et joueur.

Elle sentait son pelage maculé de sang séché, en partie le sien, tirer lorsqu’elle bougeait, elle ne semblait cependant pas souffrir de ses blessures qui avaient pourtant eu l’air, pour certaines, assez profondes. Le fait est que les plaies avaient déjà presque cicatrisé, ne restait que les résidus de saignements qui la dérangeaient uniquement parce que son pelage se retrouvait emprisonné par les croûtes formées.

Alyna aurait bien eu envie de faire une farce à ce vieux grincheux, mais cela n’aurait pas été très sympathique, elle s’approcha encore de l’homme pour placer sa tête au niveau de sa main, s’aplatissant presque au sol, remuant les oreilles. Derrière celles-ci une trace de morsure était visible sur son cou, une à l’épaule gauche et une trace de griffure au flan, toute pratiquement guérie, même si ce n’était pas visible à cause de son pelage épais.

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[Terminé] Tombée du ciel...? Sand-g10Sam 29 Déc - 23:03
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Ivor ne bougea pas quand la louve approcha son museau pour sentir sa main. Confiant et calme, il se contentait de la laisser s'approcher, et de la laisser décider de ce qu'elle voulait en faire. Ni la hâte ni l'impatience n'étaient utiles avec les animaux sauvages, et l'homme était d'une patience à toute épreuve avec eux. Son sourire s'accentua quand elle s'approcha encore pour lécher la main qu'il lui tendait. Son sourire s'accentua, et approcha lentement son autre main, la gardant dans le champ de vision de la louve pour ne pas la surprendre, et glissa brièvement ses doigts rêches dans sa belle fourrure. Il l'avait vue blessée, et à quelques endroits le sang bruni avait affleuré sous les longs poils; cependant, ou bien les plaies n'étaient pas profondes, ou bien elle guérissait étonnamment vite.

Il resta assis là, à même le sol réchauffé par la proximité du feu, et observa longuement le comportement de la louve, la détaillant d'un regard qui ne s'y trompait pas. Il la fixait dans les yeux, et un mince sourire étirait ses lèvres fines, un peu songeur, un peu amusé également. Quand on y songeait, c'était plus simple que ce qu'on pouvait croire: si elle n'agissait pas tout à fait comme un animal, c'était qu'elle n'en était pas vraiment un. Il y avait un éclat différent dans ses beaux yeux sombres, plus subtil et plus animé encore que chez les bêtes ordinaires. Et puis jamais un loup n'aurait surgi de la sorte pour prendre la défense d'une proie solitaire sans une bonne raison, et Ivor n'en voyait aucune.

Tout doucement, il se redressa, et eut un hochement de tête entendu, avant de parler, à voix très basse, à peine audible.

-Je sais ce que tu es.

Une pause, il sourit brièvement.

-Merci.

Ce seraient sans doute les seuls mots qu'elle entendrait de lui pour le moment car plus encore qu'en compagnie des hommes, Ivor avec les bêtes observait le plus grand silence. La voix humaine semblait les déranger souvent, aussi il se taisait, et puis, les paroles étaient si dérisoire dans ce monde qui usait d'un tout autre langage... Il se doutait bien qu'il n'avait rien besoin de dire que son corps ne trahissait déjà; les loups de cette sorte, avec leurs sens aiguisés et leur grande intelligence savaient lire les êtres comme un livre ouvert et il savait que le seul battement de son coeur pouvait à coup sûr démentir le moindre de ses mots.
Il y avait cela de bien, en compagnie des bêtes: ni mensonge, ni faux-semblant. Tout était tellement plus simple, alors...

Ivor se rassit près du feu, invitant la louve à prendre place où elle le désirait, et sortit de son paquetage quelques belles pièces de viande séchée. Il en donna une à Skallag, le félicitant pour s'être si bien battu, et offrit l'autre à la louve, en guise de remerciement. Et puis, quelque chose attira son attention; dans la nuit claire, il vit se profiler la silhouette blanche d'une grande chouette dont le beau plumage reflétait la lumière de la lune tandis qu'elle tournoyait au-dessus du campement. Il n'était pas inhabituel de croiser de tels rapaces dans les montagnes, surtout à la lisière des bois, mais quelque chose semblait familier à Ivor, peut-être la grande taille de l'animal, assez inhabituelle. Peut-être était-ce aussi la blancheur de neige de l'oiseau, sans tache et uniforme, ce qui était plutôt rare chez les chouettes de cette sorte, allez savoir. Quoi qu'il en fut, cela sembla l'intriguer, avant qu'il ne décide de ne pas y prêter attention.

Une fois qu'il eut distribué la viande aux deux bêtes, Ivor entreprit de transporter les cadavres des loups assez loin du campement. Avec efforts, il souleva la carcasse du vieux fauve qu'il avait achevé, grognant entre ses dents du poids mort qu'il portait, et rassembla les corps sur un éperon rocheux qui ferait un perchoir idéal aux vautours et aux charognards qui viendraient sans tarder festoyer sur place. Pas question d'attirer d'autres prédateurs; il prit soin d'éloigner suffisamment le charnier de son campement pour avoir la paix au moins pour la nuit. Ceci fait il revint près du feu, et s'assit de nouveau près des flammes, se protégeant du vent dans les lourds replis de son manteau. La chouette au-dessus de la combe poursuivait ses tours de garde, au point qu'Ivor commença à soupçonner quelque chose. De deux choses l'une; ou bien elle était apprivoisée, ou bien elle avait une bonne raison de se trouver ici. Aux dernières nouvelles il n'y avait pas de proie pour elle, dans les parages et les chouettes chassent plus volontiers en forêt. Il jeta un regard circonspect à la louve près de lui. La donzelle rencontrée plus tôt n'aurait pas eu l'entêtement de le suivre si loin, non? Mais à la réflexion, la rouquine avait la même couleur de cheveux que le beau pelage ambré de la louve, et il y avait quelque chose dans son regard sombre qui lui rappelait la manière qu'elle avait eu de le regarder. Partagé entre l'agacement et la curiosité, il garda cependant le silence, hésitant sur la conduite à suivre. Comme toujours, chaque fois que la part humaine d'un lycan se manifestait il ne savait plus guère comment agir, et il espérait surtout qu'elle demeurât encore sous cette forme pour longtemps, qu'il n'ait pas à être en sa présence quand elle était humaine.

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[Terminé] Tombée du ciel...? Sand-g10Dim 30 Déc - 1:48
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La louve se laissa caresser doucement, ne pouvant s’empêcher d’apprécier ce moment, cela lui rappelait les douces et tendres caresses d’une mère. Elle ferma les yeux, remuant les oreilles lorsqu’il parla, puis il lui offrit des morceaux de viande séchées, elle les avala bien volontiers et se lécha les babines paresseusement pendant que le chasseur allait enterrer les cadavres. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait plus repris sa forme louve et avoir un contact avec quelqu’un d’humanoïde, il semblait qu’il avait deviné quelque chose suite à la présence de Fylia dans le ciel qui surveillait.

La louve s’allongea près du feu, à une certaine distance cependant de l’homme lorsqu’il revint s’asseoir dos au vent, elle le regarda de ses yeux jaunes légèrement ambrés, devinant à son regard et sa gêne qu’il avait probablement compris, elle savait aussi qu’il n’appréciait pas les êtres humains, ou même les formes humanoïdes des personnes. Alors elle le regarda de ses yeux de loups jaunes et lui confirma ce qu’il soupçonnait en faisant venir dans ses yeux leur couleur sous sa forme humaine, bruns couleur noisette, avec la lueur grise lorsqu’ils étaient plongés dans l’ombre. Puis ils reprirent leur lueur lupine et elle lâcha un léger soupire pour indiquer à l’homme qu’il adoptait l’attitude qu’il lui plaisait, elle ne lui en tiendrait pas rigueur. En fait elle aurait même préféré qu’il choisisse de la considérer comme un animal, elle en avait assez d’être toujours prise pour un monstre ou considéré avec curiosité ou autres. Elle leva les yeux vers le ciel où volait toujours la chouette.

« Je sais que tu veux aller chasser, va donc, je surveille. »

L'oiseau plana une dernière fois avant de s'éloigner vers la forêt pour trouver de quoi manger, elle disparut de leur champs de vision.
Elle se tourna ensuite vers les flammes sans regarder le vagabond, elle ne voulait pas voir quelle serait sa réaction, savoir s’il décidait de la considérer comme une humaine ou comme une louve. Alyna posa son museau sur ses pattes, ses oreilles s’abaissant légèrement, elle était assez fatiguée qu’on la considère pour ce qu’elle n’était pas forcément, que l’on généralise toujours les lycans ou ce genre de choses. Elle n’était pas comme ses paires, elle n’était pas comme les humains, ni comme les loups, elle était Alyna Minami, une personne différente des autres, ayant ses propres sentiments, ses propres idées et ses propres expériences.
Elle gonfla sa cage thoracique et lâcha un lourd soupire. Lorsqu’on était loup on était repoussé des villes, lorsqu’on était humaine on était repoussé également, dure vie que d’être à la fois loup et humaine, d’autant plus que dans son cas s’était deux fois plus véridique.

Elle dressa légèrement les oreilles avec vivacité, peut-être plus attentive que le chien qui accompagnait le chasseur, mais combien de fois avait-elle été surprise en pleine nature, souvent même en pleine journée, par un animal bien plus dangereux qu’un loup. Du coup le moindre son, le moindre murmure, le moindre mouvement inhabituel la faisait réagir assez rapidement, elle releva même son museau pour se tourner vers l’entrée de la grotte avec méfiante. Restant ainsi immobile elle remuait les oreilles en tous sens, humant l’air et fixant l’entrée avec attention, nerveuse, cherchant à voir un mouvement, il n’y avait peut-être aucune raison, mais elle était par moments maladivement prudente. Elle était d’autant plus agitée qu’il y avait eu une attaque récemment et que l’odeur du sang, de viande, etc., flottait encore dans l’air. Tellement nerveuse que si l’homme décidait soudain de la caresser sans prévenir, elle le mordrait très certainement et sans aucun ménagement.

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[Terminé] Tombée du ciel...? Sand-g10Dim 30 Déc - 13:59
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Comme si elle avait compris ses pensées, Ivor vit la louve se tourner vers lui, et, lorsque ses yeux changèrent de couleur, le doute ne lui fut plus permis. Il se souvenait distinctement de ces yeux-là, de leur joli regard brun et gris, et du rire incessant qui s'y lovait comme un serpent. Il se détourna, gêné sans trop comprendre pourquoi, et l'entendit soupirer, évitant son regard, et l'un et l'autre restèrent ainsi un moment sans se regarder. Comme s'il avait senti le malaise ambiant, Skallag vient s'asseoir entre eux, essayant de comprendre.

L'entendant soupirer de nouveau, Ivor songea qu'il avait été peut-être un peu trop loin; après tout, n'était-ce pas faire preuve d'ingratitude que de se comporter de la sorte avec elle? La lycan l'avait tirée d'un mauvais pas et par deux fois l'avait aidé, sans rien demander en retour, sans qu'il sache non plus ce qu'il l'avait poussée à se montrer si aimable avec lui, qui depuis le début n'avait cessé de la fuir et de ne rien vouloir d'autre que d'échapper à sa compagnie. Ingrat, et malaimable avec ça! Ivor se fichait bien du jugement des autres, mais il n'y avait rien de pire que lorsque sa propre conscience se manifestait, car bien pire qu'un chien, elle ne le lâchait pas.
Enveloppé dans son manteau, le dos appuyé contre la paroi rocheuse, il observait sans mot dire les ombres tordues jetées par les flammes contre la pente, et la danse vive de la lumière qui ondoyait doucement dans la brise. Il hésita, longuement. ça n'était certainement pas son genre de s'excuser et sa mauvaise foi naturelle ne cessait de gronder au fond de lui, disant qu'il n'avait pas de comptes à lui rendre, ni à elle, ni à personne. Alors qu'il sombrait dans une douce torpeur, il s'éveilla dans un sursaut en entendant la louve se redresser, attentive. Fixant à son tour l'entrée de la grotte, il tendit l'oreille alors que Skallag remuait à son tour et reniflait l'air. Rien au monde n'avait les sens plus aiguisés qu'un lycan, Ivor le savait fort bien et lui ne pourrait sans doute rien saisir de ce qui semblait l'inquiéter. Une ombre ailée passa devant l'entrée du renfoncement où ils s'étaint réfugiés. Un vautour? Les carcasses des loups, exposées et encore fraîches, avaient semblaient-il déjà attiré les prédateurs mais Ivor demeura sur ses gardes et d'un geste, tira son couteau et se tint prêt à être saisi dans l'urgence.

Il voyait le pelage de la louve se hérisser à la lumière du feu, tendue et attentive, et se contenta de se tenir en alerte, au cas où quelque chose d'autre que des loups en maraude viendraient les attaquer. Cependant, la fatigue du jour et de ses blessures qui le faisaient encore souffrir eurent raison de son attention. Doucement, il s'affaissa dans la position qu'il avait gardée, les jambes repliées contre lui, la tête courbée. Le couteau glissa de sa main, et tomba au sol dans un bruit soudain.
Le bruit l'éveilla dans un sursaut et il frotta ses yeux cernés, mais ne voyant rien venir, se contenta de trouver une position plus confortable, enroulé dans les pans épais de son manteau qui le protégeaient du froid. Il décida cependant de faire un effort, et tendit la main en direction de la louve, comme pour lui montrer qu'il n'avait aucune rancune envers elle. Bien sûr, il ne demanderait ni pardon ni excuses pour son grossier comportement, mais il acceptait quand même de se montrer aimable avec elle. Les traits de son visage gardaient leur rudesse coutumière, mais il y avait comme une bienveillance tranquille dans son regard, comme pour enterrer la hache de guerre. Ah, il n'était pas mauvais bougre au fond, mais comme tout le monde Ivor avait ses humeurs et elles étaient souvent bien orageuses. Il était soulagé de voir qu'elle préférait garder pour l'heure sa forme de louve, car il savait que tant qu'il en serait ainsi, il serait plus à l'aise avec elle et saurait mieux se comporter. Cependant il restait méfiant, comme il l'était toujours quand des étrangers étaient dans les parages. Son univers n'était pas assez vaste pour accueillir quelqu'un d'autre et malgré tout, malgré le fait qu'elle n'était pas si humaine que ça, quelque chose persistait à le déranger.

Doucement, cependant, la nuit s'avançait et il ne put lutter encore très longtemps contre la fatigue du jour. Ivor finit par abandonner, et s'allongea à même le sol près du feu. Skallag vint se coucher près de lui, et leurs souffles paisibles, quoique perturbés par un léger ronflement, ne tardèrent pas à résonner doucement dans le creux abrité. Dans l'abandon du sommeil Ivor gardait une mine étrangement soucieuse, comme si même endormi de sombres pensées ne cessaient de le tourmenter.

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[Terminé] Tombée du ciel...? Sand-g10Dim 30 Déc - 16:20
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La lycan, toujours légèrement agitée, se hérissa quand un oiseau passa proche de l’entrée, mais elle se calma peu de temps après, restant toujours attentive, elle sursauta en entendant tomber le couteau au sol et elle tourna la tête, voyant l’homme tendre la main vers elle d’un air fatigué, elle ne bougea pas, l’observant et le vit s’endormir. Elle posa son museau sur ses pattes et ferma les yeux, s’endormant rapidement, mais restant tout de même à l’affut.

Rien ne perturba son sommeil pendant la nuit et elle se réveilla, lâchant un bâillement silencieux, puis elle se leva discrètement sur ses pattes et s’éloigna vers la sortie de la grotte à pas... de loups. Elle renifla l’entrée de la grotte et lâcha un grondement, elle n’avait pas rêvé hier, quelque chose était passée proche d’eux et ce n’était pas un loup, elle examina les traces avec attention, c’était apparemment rapide, mais la chose était loin et n’avait probablement pas voulu affronter un lycan de nuit, en tous les cas il n’était pas revenu entre-temps, heureusement.

Elle s’éloigna en silence et une fois hors de vue de la grotte, reprit sa forme humaine pour s’enfoncer dans les bois à la recherche d’une proie. Mais avant elle voulait voir où était passé la créature qui avait rodé dans les parages. Elle se lança sur sa piste, silencieuse, prudente et, voyant que les traces s’éloignaient encore et toujours dans les bois, elle abandonna sa piste pour partir à la recherche de quelque chose à manger.

Elle eut du mal à trouver quelque chose, mais finit par tomber sur un arbre recouvert de fruits comestibles, elle les cueillit et les plaça dans son manteau, puis elle revint en portant son manteau comme un sac, revenant dans l’abri, elle posa sa collecte au sol et reprit sa forme de louve en s’approchant de l’homme, le reniflant. Elle posa son museau contre sa joue et lui donne des petits coups pour le réveiller en douceur, puis elle se recula un peu, ne voulant pas subir la mauvaise humeur du vagabond et s’assit bien sagement, près de sa cueillette d’un air tout fier.
Une fois que le chasseur fût bien réveillé, elle prit sa forme hybride, se sentant légèrement gênée par celle-ci qu’elle ne prenait pas très souvent en présence de quelqu’un, mais si cela pouvait mettre son interlocuteur plus à l’aise que sa forme humaine elle voulait bien faire un effort. Et puis il est des choses qu’elle ne pouvait expliquer que par des mots. Se reprenant elle fixa l’homme d’un regard très sérieux, qui ne pouvait souffrir d’aucune grognerie ou protestation.


-Bonjour... il y a une chose dont je dois vous faire part... La nuit dernière une créature à rodé sans que je puisse l’apercevoir, apparemment elle m’aurait senti et abandonné la partie. J’ai suivi sa trace ce matin, mais elle semble s’être éloignée vers les bois et les sommets, mais je n’ai pas été cherché plus avant et ne peux donc affirmer qu’elle n’ait pas fait demi-tour.

Elle s’arrêta un instant et sourit légèrement, ses oreilles de louves remuant au sommet de son crâne, percevant les sons et le vent de façon très détaillée. Mais vivant avec ce don depuis sa naissance cela ne la dérangeait pas, elle comprenait cependant qu’une personne métamorphosée soudain en lycan ait du mal à s’adapter. Elle prit un fruit et le lança en douceur vers l’homme pour qu’il puisse l’attraper sans problème, puis reprit.

-J’aimerais d’ailleurs vous accompagner pendant quelque temps, même si je sais que vous n’aimez pas ma présence. Quoi qu'il en soit si vous refusez de toute façon mes pas se tournent vers le même endroit que vous d'après ce que j'ai suivi pour le moment comme chemin.

Elle sourit, la dernière phrase avait été prononcée sur le ton de la plaisanterie, même si, pour elle, cela était un élément très important, elle détestait être rejetée, cela la blessait au plus haut point. De fait elle n’avait pas pu empêcher ses oreilles de détromper sa voix en s’abaissant légèrement, voilà pourquoi elle dépréciait cette forme, elle était légèrement trop expressive et trop intermédiaire entre les deux formes. Bien qu’elle semble plus humaine que louve, hormis ses oreilles, sa queue et son pelage dissimulée par ses vêtements.
Soucieuse de ne pas s’imposer plus longtemps et mettre à l’aise son interlocuteur pour qu’il lui réponde sincèrement, elle reprit sa forme animale, se retrouvant assise sagement près des fruits qu’elle avait cueillis. Advienne que pourra.

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[Terminé] Tombée du ciel...? Sand-g10Ven 4 Jan - 19:25
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Ivor ferma les yeux. La nuit dansait dans les flammes mourantes du foyer sous la voûte de pierre. Une brise légère s'insinuait de toutes parts, charriant des chuchotements qui flottaient sur les ailes des longues rafales et l'obscurité distillait un froid subtil. Le décor immobile, infusé de bleu nuit et de noir infini se dessinait en touches légères, un sombre camaïeu émaillé de blanc, d'étoiles scintillantes, de grisailles éphémères. La vision de la montagne enneigée, de la nuit belle et sauvage hantait encore son esprit qui demeurait entre deux eaux, flottant entre conscience et inconscience, avant de se laisser sombrer dans les remous d'un profond sommeil hanté par l'épuisement.

Il neigait, si fort et si dru que l'on ne voyait rien aux alentours. Rien que les flocons qui tombaient, en averse violente, et le paysage grinçant de givre. Une silhouette, là, juste là, à portée de main, qui se dessinait dans la blancheur. C'était toujours la même chose. Le cerf et le chasseur. Blanc cerf blanc dans la neige immaculée, et ces andouillers grands comme des arbres qui se dressaient, couronnés, festonnés de glace, s'envolaient vers un ciel incolore, dans un monde sans substance. Ivor hâta le pas, s'enfonçant jusqu'aux genoux dans l'épais tapis bruissant qui couvrait un sol qu'il ne voyait pas. Courir devenait difficile mais la bête devant lui semblait l'attendre, demeurant chaque fois juste à portée de main, juste là, si proche, si proche qu'il pouvait presque sentir la chaleur diffuse de la belle fourrue sans tache, voir la poitrine se soulever au rythme régulier du souffle puissant, saisir dans l'air immobile l'odeur fauve du pelage. Les yeux de la bête étaient d'eau douce et de clair de lune, de ce gris bleuté que reflètent les remous d'un lac après l'orage, et il y avait dans ce regard une tristesse insondable, si profonde, si grande qu'Ivor en venait à se demander pourquoi il lui fallait chasser cet animal. Un instant d'hésitation, et son geste se figea. Le cerf, d'une enjambée gracile, bondit hors de vue, avalé par les rideaux de neige. C'était toujours la même chose. La glace craquait sous les pas d'Ivor. Lourd, lourd le pas du chasseur, lourd le coeur assombri. Oh, il savait bien. Le cerf n'était jamais bien loin, toujours hantait ses songes, toujours hors de portée et son âme souffrait toujours de la même tristesse que celle qu'il lisait dans les yeux de la bête. Oh, toujours, toujours chercher, inlassable, au coeur de l'hiver. Souvenirs cruels jamais effacés, Ivor savait, un conflit jamais résolu, lové dans en lui comme une larve dans le fruit: toujours chercher, chercher à s'en crever les pieds, chercher toujours une trace de ce qui lui échappait. La glace grinçait, émettait des bruits sourds et cassant comme un bois prêt à rompre. Il avançait encore, toujours, mû par une volonté d'acier dirigée vers un but encore inconnu à ses yeux. La rive était noyée de brume mais le cerf était là, l'ombre aux cornes immenses, veillant en silence sur un cairn de pierres neuves. Cet endroit, Ivor le connaissait. Souvent en rêve il y revenait alors même que ses pas ne l'y avaient plus mené éveillé depuis de fort longues années. Peu importe qui était le cerf, et le pourquoi de sa chasse et de son errance, il savait ce qu'il y avait à la racine, il savait quel visage se dessinait dans l'abre qui avait poussé sur les pierres, et où puisaient ses racines. La glace craquait sous ses pas. Il entendait pleurer l'arbre, mais comme chaque fois il ne pouvait bouger, paralysé par le froid qui le saisissait, par cette voix qu'il connaissait, et il sentait l'eau ramper à ses pieds et le sol se rompre, et les flots noirs l'engloutir...
Noire, noire l'ombre et noire la terre, noire la lumière et noire la mer, noire la sève et noire la chair, un flot d'encre, au travers du miroir. Il neigeait dans les ténèbres et ainsi, et pour toujours, elle avait pour Ivor un goût de deuil et de profond chagrin.

Ce fut maussade, et encore imprégné des images de son sombre rêve, qu'il ouvrit les yeux au matin frémissant. Le contact humide et froid de la truffe d'une louve le ramena à la réalité, mais le temps qu'il se redresse, elle s'était dérobée, alors que Skallag s'étirait avec paresse près de lui. Ensommeillé et pas encore tout à fait les pieds sur terre, Ivor s'assit sur son séant, enveloppé de son manteau, frissonnant dans l'aube fraîche. Il posa un regard un peu étonné sur la récolte qu'elle présentait, et puis eut un sourire hâtif, bref et sans joie, manifestement l'esprit ailleurs. La voir prendre une forme intermédiaire entre la louve et l'humaine le surprit plus encore et une mine vaguement étonnée, un peu inquiète aussi, plana un instant sur son visage chiffonné de sommeil. Il ne dit rien de plus, se contentant de hocher la tête en réponse à son salut et l'écouta attentivement.

Il attrapa le fruit au vol et l'observa un moment, comme s'il avait du mal à assimiler ce qu'elle venait de dire. Quelle pouvait être cette bête? Elle représentait un danger manifeste, sinon la lycan n'aurait pas jugé utile de l'en informer. Plus que de simples loups, cela allait sans dire. Il fixait la chose qu'il tenait à la main comme si la pomme sauvage pouvaient renfermer l'information qu'il cherchait. Skallag aurait dû sentir rôder la bête. Etrange. Il releva les yeux sur elle, le regard vaguement intrigué, les yeux dans le vague, et esquissa à son tour un sourire avant de hocher la tête.

-Dis-moi d'abord de quoi il s'agit.

Sa voix, plus gutturale que jamais, résonna faiblement dans l'espace confiné. On n'échappe jamais mieux à un poursuivant que lorsqu'on sait de quoi il retourne.
Ivor se dirigeait lui-même vers les régions les plus désertes des hauts, là où il était certain de pouvoir chasser et voyager tout à son aise sans rencontrer de compagnie indésirable. Il se demandait bien ce qu'elle pouvait y trouver, là-bas, mais ça n'était en aucun cas son histoire et il n'en voudrait rien savoir tant qu'elle n'aurait rien décidé de lui dire.

Le chasseur se leva rapidement, frottant son visage fatigué, bleui par une barbre précoce. Les yeux cernés, il ne semblait pas avoir tout à fait récupéré de la marche forcée de la vieille, mais cela ne semblait pas le gêner outre mesure, pas plus que les blessures qui endolorissaient encore un peu son dos et ses bras. S'étirant comme un fauve fatigué, à quelques pas de l'entrée de leur repère de la nuit, il leva les yeux vers un ciel clair et limpide comme une eau courante. L'avantage de cette irruption non désirée d'une créature vengeresse était qu'elle le distrayait aisément de son songe nocturne. Brièvement, il porta la main à son poignet, là où brillait un bracelet d'argent noirci par le temps, qui ne ressemblait guère plus à joli bijou de mariage qu'Isabelle avait noué là il y avait vingt ans de cela. Baste. Il avait autre chose à penser pour ce jour.

Finalement, Ivor se retourna vers la louve, et s'accroupit pour se mettre à sa hauteur.

-On dirait que tu as décidé de faire un bout de chemin avec nous, lança-il avec résignation. On m'appelle Ivor. Certains m'appellent Silence. Je saurais me satisfaire des deux.

Skallag s'approcha d'eux, jappant avec impatience, pressé sans doute de reprendre la route.

-Et lui, je l'ai nommé Skallag.

Entendant son nom, le chien, gronda de nouveau, et tira légèrement son maître par la manche.

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[Terminé] Tombée du ciel...? Sand-g10Sam 5 Jan - 10:43
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La louve s’approcha du chasseur et lui lécha la main doucement pour le remercier, puis elle se tourna vers le chien lorsqu’il jappa, intriguée, il semblait pressé de partir à l’aventure, peut-être même heureux que la lycan soit de la partie. Elle fixa l’homme, puis son compagnon et reprit finalement sa forme humaine pour récupérer son manteau et les fruits. Elle se mit debout et esquissa un sourire aimable à Ivor.

-Pour ma part je me nomme Alyna Minami, Alyna suffit bien sûr. Ravie Ivor.

Elle s’accroupit et fit une caresse au chien, pour lui dire qu’elle était enchantée, puis elle s’éloigna vers la sortie de la grotte d’un pas souple et feutré qu’elle adoptait souvent hors des villes. La jeune femme s’arrêta au niveau des traces de la créature qu’elle avait vue ce matin même.

-Pour ce qui est de ce qui nous menace peut-être j’ignore ce que c’est, mais en voici les traces, c’est grand et rapide.

Alyna se tourna vers Ivor en lâchant un sourire cordial et confiant, très peu de choses égalaient sa vitesse des lycans, alors il n’y avait pas grand-chose à craindre, même si elle doutait que l’homme ait peur de quoi que ce soit. Elle laissa le temps à son nouveau compagnon provisoire de route d’observer les empreintes, puis elle prit le chemin vers le sommet en attendant le voyageur, marchant de façon détendue, presque insouciante. La curiosité commençait à la piquer, que cherchait donc Ivor ? Voyageait-il par plaisir ? Non les vagabonds étaient souvent sur les routes pour une bonne raison, recherche de fortune, quête d’un objet, cherchant des informations ou une personne. Oui tous avaient toujours un but pour vivre au fil des saisons et arpenter tout Terra. Elle se demandait ce que ce pouvait être pour lui.

Ce qui l’avait amené elle par ici ? La simple curiosité pour le moment, elle n’avait pas de raisons de se trouver ici, pas plus qu’ailleurs, si ce n’est ses propres désires, ses barrières, ses propres pas. Pourquoi le sommet alors ? Parce qu’elle aimait la hauteur, voulant toujours aller plus haut, s’approcher du ciel, après tout n’était-elle pas installée sur une hauteur la plupart du temps ? Des sommets on voyait le monde différemment, l’on se rendait compte de son insignifiance, l’on apprenait l’humilité. Des hauteurs l’on observait les hommes et l’on apprenait.
Elle marcha aux côtés du chasseur, regardant autour d’elle d’un air tranquille, regardant sa chouette planer paresseusement dans le ciel, plongeant parfois dans les bois pour remonter ensuite quelque chose entre les serres. Elle ne semblait pas se fatiguer de marcher sur le sentier, se déplaçant aussi facilement que si elle se déplaçait sur ses quatre pattes. Mais ses interrogations occupaient toujours son esprit et elle céda finalement. Avec timidité elle demanda.


-Dites, qu’est-ce qui vous amène par ici ? Enfin... je... non en fait oubliez ce que je viens de dire.

Elle s’arrêta sur un petit rocher surélevé et se retourna pour regarder l’homme et son air toujours un peu bougons. Alyna sourit, elle avait une question moins indiscrète pour lui et qui passerait bien mieux.

-Quel âge avez-vous ? Si cela ne vous dérange pas.

Elle gardait son sourire amical, afin qu’il ne se vexe ni ne bougonne. Une envolée d’oiseaux attira soudain son attention et elle tourna la tête vers le son en fronçant les sourcils, cette réaction détrompait largement l’apparente nonchalance dont elle avait fait preuve jusqu’à maintenant et prouvait qu’elle était aux aguets et elle avait bien raison vu la créature qui rodait. Alyna tendit l’oreille, guettant aussi au passage la réaction du chien du coin de l’œil. Elle se détendit légèrement en sentant une odeur de serpent, il avait simplement effrayé des oiseaux, rien de grave. Elle se tourna à nouveau vers Ivor et marmonnant un : « excusez-moi pour mes réactions trop prudente. » Il faut dire que c’était fréquent qu’elle réagisse ainsi, beaucoup, beaucoup trop sur la défensive lorsqu’elle se retrouvait à l’extérieur, mais bon elle avait déjà eu de mauvaises surprises en n’étant pas attentive et avait failli le payer de sa vie. Elle attendit tout de même, peut-être en vain, une réponse du voyageur à sa tentative de conversation.

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[Terminé] Tombée du ciel...? Sand-g10Sam 5 Jan - 19:45
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Ivor se détourna brièvement, comme mû par une étrange pudeur, quand elle reprit sa forme humaine. Décidément, rien que de savoir qu'elle avait cette apparence là le dérangeait, sans qu'il arrive très bien à en cerner la raison. Peut-être une habitude tenace, peut-être le poids de de la solitude qui l'avait rendu sauvage bien plus qu'il ne le pensait, peut-être aussi le fait qu'ils s'étaient rencontrés dans des circonstances qui ne facilitaient pas, de son point de vue, l'aimabilité.
Il eut un hochement de tête mais ne répondit rien, soudain le bec cloué, et le regard farouche. Il ne desserra pas les mâchoires jusqu'à arriver au niveau des empreintes qu'elle désignait, après avoir levé le camp. Il s'accroupit tout près des traces profondes laissées dans la terre meuble, effleurant du bout des doigts le sol froid, marmonnant quelque chose dans sa propre langue, pour lui-même. La forme des pattes, la manière de se déplacer, tout ça lui disait quelque chose. De la paume de sa main, il mesura rapidement l'écartement des marques, et siffla entre ses dents. La bête était massive, et Alyna avait raison sur sa rapidité. Avec une telle chose dans les parages, il y avait de quoi se sentir inquiété mais ça n'était pas Ivor qui allait céder à la panique; si quelque chose devait survenir, il saurait l'accueillir et ça n'était certainement pas la première fois qu'il était surprit par une faune locale peu aimable.

La confiance dont faisait preuve Alyna l'intriguait cependant; il connaissait assez de choses sur sa race pour savoir que peu de choses pouvaient les tuer, eux, mais ça ne justifiait pas vraiment cette désinvolture qu'elle arborait, qu'elle soit feinte ou réelle. A vrai, dire, sans même le savoir, il se posait les mêmes questions que celles qui venaient à l'esprit de la jeune femme à l'instant même: que faisait-elle ici? Il n'y avait que les vagabonds, les errants, les ermites, qui s'isolaient de la sorte dans les montagnes sauvages. Peut-être était-ce sa nature de loup qui l'avait amenée ici, car l'esprit des lycans restait assez imperméable à Ivor pour qu'il ne sache réellement interpréter leurs pensées. Baste, elle avait ses raisons, il avait les siennes. Secret, le Silencieux n'était pas de nature curieuse, sachant combien chacun pouvait avoir de choses à cacher.

Allant d'un bon train, il semblait plutôt serein, marchant d'une allure vive, Skallag trottinnant avec bonheur sur ses talons. La journée était belle etle soleil vif, filtré par les branches des arbres, semait sur eux des averses de lumière morcelée.

La question qui fusa, timide, le surprit et Ivor eut un regard étonné, levant un sourcil, avec cette expression de bête traquée qu'il avait parfois, cette vigilante méfiance qu'on débusquait dans son regard gris comme dans celui d'un fauve à l'affût. Il garda le silence un instant et puis se détourna, lentement, et ses yeux se perdirent dans l'entrelac ombreux des arbres de chaque côté du sentier. Il n'avait pas envie de répondre, et comme toujours le coeur lourd déchiré par la lancinante douleur d'être à jamais passé à côté de sa vie, il ne se sentait pas le courage de devoir raconter la déchéance solitaire de son existence.
Sa bouche se tordit en un vilain sourire amer.

-La solitude, s'entendit-il répondre sans trop savoir ce qui le poussait à parler quand rien ne l'y obligeait.

C'était on ne peut plus vrai, et il n'y avait, finalement, rien d'autre à ajouter. Quoi qu'on en dise, on revenait toujours au même point: être seul avec ses pensées et ses souvenirs, seul pour toujours pour ne plus rien risquer de perdre.

Elle croyait peut-être que la question sur son âge serait moins indiscrète, mais ça n'était pas vraiment le cas. Il haussa les épaules, comptant quelque chose sur ses doigts.

-Pas la moindre idée, répliqua-il.

Il avait perdu depuis longtemps le compte des années et à quoi bien cela pouvait-il lui servir? Il eut été en grande peine de dire même en quelle année, quel mois, ou bien quel jours ils étaient à ce moment là. Le temps s'était contenté de passer, bien trop long à son goût, et il n'en savait guère plus. Cependant, il avait quand même une petite idée sur le sujet.

-Peut être trente, un peu plus.

Ivor avait surtout vu grandir et vieillir Skallag, son compagnon de toujours. Cela, et cela seul lui montrait le passage du temps et ses ravages, et lui rappelait que lui aussi, d'année en année, s'érodait. Il haussa les épaules, lui jetant un regard en coin. Il allait s'enquérir de la raison de cette curiosité soudaine, quand il la vit se figer sur place, comme si elle avait senti quelque chose. Voyant cela, Ivor tira à demi le coutelas à sa ceinture alors que Skallag reniflait l'air également, cherchant à déceler ce qui inquiétait la demi-louve. L'alerte vite passée, il rangea son arme et passa sa main sur la tête de son chien pour lui signifier que ce n'était rien.

-Mieux vaut trop de prudence que pas assez, dit-il à voix basse.

Ivor le Silencieux

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[Terminé] Tombée du ciel...? Sand-g10Dim 6 Jan - 15:17
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Alyna se retourna en souriant à Ivor, oui mieux valait être trop prudent que pas assez, mais quand on l’était à l’excès on finissait par ne plus avoir de relation social, ou presque. Elle lâcha un soupire, décidément l’homme était presque aussi méfiant qu’elle, même si lui l’était envers elle et non envers la nature autour. Qu’importe, elle saurait bien gagner sa confiance, elle ne voulait pas que les personnes qu’elle rencontrait la détestent ou aient une mauvaise opinion d’elle et face au chasseur le seul moyen de procéder était peut-être d’ouvrir un peu les secrets de son cœur.

-Moi je suis ici... hum par curiosité je suppose, c’est un endroit que je n’ai jamais vu. Et je dois avoir à peu près le même âge que vous.

Elle inclina un instant la tête sur le côté, pensive, puis elle sourit et s’éloigna de quelques pas pour poursuivre leur route. Soudain, comme avertis par un sixième sens elle se retourna vivement et balaya l’espace des yeux rapidement, son instinct lui hurlait : danger, danger. Elle sentait un grondement monter dans sa gorge et ses cheveux se hérisser sur sa nuque. La créature était là, mais où... Elle perçut un mouvement qui lui fit tourner la tête et eut tout juste le temps d’apercevoir la direction avant que la créature ne soit dans le dos d’Ivor. Le visage de la jeune femme blêmi, la créature était rapide, presque autant qu’une lycan et elle n’arrivait pas à la voir distinctement puisqu’elle se fondait dans le décor. Le temps semblait avoir ralenti et elle voyait la créature floue lever la patte pour frapper l’homme.

Non...
Elle armait son coup, levant haut son attaque. C’est fou comme les secondes pouvaient parfois s’écouler avec une lenteur atroce.
Non ! Pas question !
La créature amorçait son attaque et les yeux d’Alyna s’agrandissaient petit à petit de colère et d’impuissance, elle était trop loin pour intervenir.
Nooon !
Elle allait le frapper et lui ouvrir le dos sur toute la longueur, il serait trop lent pour éviter. Le grondement était monté dans sa gorge et se mit à retentir, mais elle ne pouvait rien faire, se contentant d’empoigner la garde de la dague à sa cuisse.
Pas question !

« A mon tour Alyna ! »

La créature poussa un rugissement de douleur quand Fylia, fondant du ciel, s’attaqua à ce qui semblait être son visage, visant les yeux. Elle s’envola juste à temps pour éviter un coup de patte du monstre. Les yeux d’Alyna virèrent au jaune sauvage, signe incontestable que le loup venait de surgir pour prendre la relève, signe aussi que la lycan l’avait laissé volontairement se charger de ça. Elle arma son bras, le détendant d’un seul coup, la dague siffla pour se planter dans l’épaule de la créature qui rugit à nouveau et essaya de retirer la lame de son épaule, apparemment elle marchait sur deux pattes, mais impossible de voir à quoi cela ressemblait.


-Ivor éloignez-vous de la !

Elle fit un pas pour rejoindre le chasseur, mais la créature recula, furieuse et disparu dans les feuillages, redevenant invisible, Alyna, enfin son loup, le cherchait du regard, concentrée, tendue comme une corde, prête à bondir sur le danger s’il se montrait sans réel plan d’attaque.

Alyna Minami

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[Terminé] Tombée du ciel...? Sand-g10Jeu 10 Jan - 8:51
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Ivor souleva un sourcil et lorgna le visage de la louve. Bien sûr, les lycans ne vieillissaient pas comme les humains, mais il se faisait systématiquement avoir. Ceci dit, lui, c'était le contraire: elle en paraissait dix de moins, lui dix de plus. La vie n'était pas indulgente avec tout le monde, fallait-il croire.
Le brusque grondement qui monta de sa gorge le surprit, comme l'aboiement furieux de Skallag qui montrait les dents vers quelque chose dans son dos. Il eut juste le temps de la voir pâlir avant de sentir la bête derrière lui et dans ces cas là, il ne sert à rien de réfléchir. Si seulement il était assez rapide... Le temps que son système nerveux décide de la marche à suivre, Alyna avait déjà entamé les hostilités car il entendit dictinctement le grondement de la bête derrière lui, juste là, assez prêt pour qu'il comprenne qu'il venait encore d'échapper à un sort funeste. Cependant la créature se débattit un peu pour essayer d'attraper la chose qui venait de lui faire grand mal et Ivor qui n'avait décidément pas les réflexes prévus pour affronter ce genre de choses, fut frappé dans le dos par un coup brusque qui le jeta à plat ventre sur le sol. Sonné, il eut encore assez de présence d'esprit pour ramper dans la direction d'Alyna, et puis se redressa, alors que Skallag aboyait à pleins poumons après la créature en fuite.

Ivor se releva avec un grondement sourd. La bête avait frappé à l'aveuglette et ne le visait pas particulièrement, ce qui lui avait sans doute sauvé la vie; une vilaine griffure avait entamé le cuir de sa tunique, sans plus de dommages hormis quelques bleus et contusions supplémentaires. Il se tourna vers Alyna, s'apprêtant à la remercier, mais les rares paroles qu'il aurait pu prononcer restèrent dans sa gorge quand il vit luire ses yeux de loup. Non seulement leur couleur avait changé, ce qui en soit n'était pas si important, mais ce qu'ils reflétaient, l'esprit qui était derrière eux, l'âme sur laquelle s'ouvraient ces miroirs d'ambre jaune avaient changée. Il resta silencieux, rappelant à lui son chien, et finit par se manifester à son attention vigilante.

-Il est encore là? Lâcha-il dans un chuchotement très bas, à peine un bourdonnement de sa voix grave.

Si la chose rôdait encore, inutile de l'attirer encore plus, quoique qu'elle eût sans doute l'odorat très fin, assez pour pister sans peine les voyageurs. Il s'intéressa de près aux empreintes qu'elle avait laissées, plus nettes encore ici que sur le sentier près de la caverne. S'arrêtant un instant pour les observer, il marmonna quelque chose pour lui-même, effleurant du bout des doigts l'humus encore trempé de rosée, et finit par dénicher une grappe de feuillages éclaboussé du sang de l'animal. Il en recueillit sur sa main et en respira l'odeur, avant de lâcher une bordée de jurons dans sa propre langue. Il se redressa d'un bond, et eut ce ricanement si étrange dans sa bouche, typique de celui qui est encore vivant et n'y croit toujours pas.

-Un skoll, marmonna-il. Un putain de skoll.

Une seule et unique fois il s'était retrouvé dans la ligne de mire d'une de ces saletés de monstres. D'ordinaire ils vivaient bien plus bas dans la vallée, vers l'ouest; celui-là s'était perdu, pour se retrouver si haut dans les montagnes. Et il avait fallu que ce soit après lui qu'il en aie... Fantastique. Alyna avait eu raison en décidant de lui venir en aide car sans elle, il serait déjà mort à l'heure qu'il était, et il risquait d'y passer encore un certain nombre de fois. Si au début il avait maudit le monde entier de ne pouvoir se débarrasser de cette envahissante personne, à présent il se disait que sa vie risquait de dépendre d'elle encore un long, long moment. Il savait bien qu'il était infiniment moins fort et moins rapide qu'elle; meilleure pisteuse, meilleurs sens. Il ne pouvait guère rivaliser en matière de survie, même s'il affichait tout de même un score assez raisonnable pour quelqu'un qui avait pour coutume de cheminer seul dans des endroits dangereux.

La dernière fois, il avait échappé de justesse à l'une de ces créatures et il ne risquait pas d'oublier leur odeur. Prudence est mère de sûreté et dans ces cas là, on ne l'est jamais assez. Ivor n'était tout bêtement pas assez rapide pour faire face à l'un d'eux, mais il était assez habile pour en semer un si la chance était de son côté. Mais surprit comme il l'avait été par la chose, il n'aurait eu aucune chance et maintenant que le skoll était blessé, il était encore plus dangereux (si c'était possible) que jamais.

Ivor finit par proposer à Alyna de reprendre leur route, gardant toutefois son arc à la main, flèche encochée. Cela ne lui serait guère utile vu la rapidité avec laquelle la chose se déplaçait, mais il se sentait déjà plus rassuré avec une arme à la main. Skallag suivait, reniflant le sentier, flairant l'air embrumé des bois, sentant poindre l'inquiétude de son maître. L'air froid était lourd d'humidité et de tension, et chaque brindille, chaque feuillage remué semblait trahir la présence de ce qui les traquait. Le silence pesant n'était plus rompu que par le bruit de leurs pas, et les multiples signes d'agitation dans les buissons.

Ivor le Silencieux

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[Terminé] Tombée du ciel...? Sand-g10Dim 13 Jan - 18:20
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La lycan restait attentive au moindre mouvement, grondant, elle entendit distinctement le murmure de l’homme et se tourna vers lui doucement sans baisser sa garde. Oui il était toujours dans les parages. Du coup pour répondre à Ivor elle hocha la tête, restant attentive pendant que l’homme examinait les traces laissées par la créature. Le verdict tomba : un Skoll. Elle n’en avait jamais rencontré, seulement croisé leurs traces proches de Flore lors de ses passages.

Elle emboita le pas à Ivor lorsqu’il s’avança pour reprendre leur route, mais continuait de regarder tout autour d’elle en grondant sourdement, les lèvres légèrement retroussées sur ses canines. Cependant petit à petit elle se calma, la créature n’attaquait pas apparemment, elle ne sentait pas son odeur, mais savait qu’elle était là, Alyna commença à réfléchir, la couleur d’or disparut de son regard, retrouvant leur teinte caramel. Le plan qui se formait dans son esprit était simple et allait dans le sens logique de ses propres expériences de chasse à la Meute. Attirer la proie où on voulait qu’elle soit pour la tuer, l’occuper et la fatiguer pendant que l’un d’eux se préparait à décocher une flèche pour ôter la vie au monstre.


-Ivor j’ai une idée... S’il attaque encore je vais essayer de l’immobiliser et me préparer à le positionner pour que tu puisses le tuer. Je sais qu’il nous suit encore, mais il reste sous le vent et je n’entends pas ses pas...

Elle avait parlé à voix basse pour éviter de briser le silence, mais assez fort pour que le chasseur entende ce qu’elle venait de dire. La louve fixa son regard sur son compagnon de route provisoire.

-Comment va votre dos depuis le coup porté par ce Skoll ?

Elle perçut soudain un mouvement et recula vivement, sans rien voir elle sentit une griffe lui entailler la joue, elle tendit la main devant elle pour essayer d’attraper la créature très légèrement visible pour elle, d’un blanc étrange, mais extrêmement rapide. Elle frôla la créature qui disparut dans les buissons. Alyna porta la main à sa joue blessée en grognant, ses yeux emplit à nouveau de sauvagerie, mais cet éclat disparut rapidement. Elle retira sa main de son visage, la blessure déjà en train de se refermer.

-Il va nous fatiguer... technique de chasse basique.

« Mais tellement efficace... Alyna ? Ton piaf il ne sert à rien ! »
« Chère louve d’Alyna, le piaf il t’emmerde et il peut, je te rappelle, te donner des maux de tête rien qu’à toi, alors couché ! »

Elle se massa encore la joue quelques secondes, le temps que la blessure cesse de saigner, laissant sa chouette rabrouer son instinct, puis reprit sa marche, plus lentement, le danger s'était éloigné à nouveau provisoirement. Ils devaient trouver rapidement un terrain où ils pourraient se débarrasser de cette créature, quoi qu’il en soit le monstre semblait moins bête qu’il n’y paraissait puisqu’il évitait de trop de se retrouver face à la jeune femme et avait visé la gorge de celle-ci avant qu’elle ne recule.


-Il faut que je l’attrape...

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