Sa prochaine destination était le continent de glace, rencontrer un ancien roi dans la toundra, Silvius ne savait pas en quoi cela pourrait l’aider mais il suivait pourtant aveuglement les consignes du Dragon. Apres son séjour à bord de La Fille de Lune, le démon était resté quelque jour sur la petite ile ou ils avaient débarqué pour se reposer un peu. Il avait gagné un bon butin et en avait mit une bonne partie en sécurité dans une guilde marchande, mais Silvius en avait gardé suffisamment d’or pour subsister à ces besoins pendant un bon moment. Il avait embarqué a bord d’un navire qui se dirigeait directement vers le royaume de Saline, le capitaine l’avait accepté à bord contre plusieurs pièces d’or. Cette fois il n’était pas un membre de l’équipage mais un invité donc il n’avait pas besoin de participer aux manœuvres. C’était un voyage d’un peu plus de deux semaines et tout ce passa bien au début, les hommes bien que méfiant ne montrait aucun signe d’hostilité face a lui. Non le problème, la ou tout changea, ce fut lorsqu’un bateau pirate se profila à l’horizon. Pavillon noir avec un soleil rouge, Silvius n’avait jamais entendu parler d’eux mais selon l’équipage, c’était des pirates assez connu dans la zone. Tous se préparèrent au combat, Silvius bien sur se joignit à eux, le problème c’était qu’il avait embarqué sur un navire marchand donc une seule partie de l’équipage était réellement des combattants, des hommes engagés pour protéger le navire. Avec les hommes de La Fille de Lune, le combat ne paraitrait pas aussi inégal, la peur gagnait les membres d’équipage, même le capitaine. Une fois les deux navires cote a cote, la différence était encore plus flagrante, d’un coté des matelots qui tremblaient de peur et de l’autre, des pirates en surnombre prêt a se battre… Silvius n’avait pas peur de se battre mais la, il n’était pas sur de pouvoir faire la différence a lui seule, il espérait vraiment que ces compagnons allaient combattre avec courage, peut que tout n’était pas perdu, ne jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.

- Hahaha… je vois que l’on a une belle bande de femelette !!!

Le capitaine des pirates venait de parler, tout son équipage avait rigolé à l’unisson.

- On peut éviter un bain de sang, pour cela… il suffit de jeter vos armes à terre pendant que mes hommes prendront le contrôle de votre navire…

Le démon sourit, comme si la parole d’un pirate pouvait être prise aux sérieux, mais au même moment, de nombreuses armes touchèrent le sol, ceux qui voulaient combattre comme Silvius furent réellement surpris et au même moment les pirates se lancèrent à l’abordage. Ceux qui refusaient de combattre se massèrent contre le bastingage opposé pendant que les autres combattaient devant. Silvius renvoya d’un coup de poing un pirate qui c’était balancé jusqu'à lui avec une corde, le combat ne fut pas bien long, la plus par se rendirent, les autres moururent et bientôt il ne restait plus que Silvius bloqué tel un rat à la proue du navire. Ses gantelets étaient vraiment très utiles, il attrapait les sabres d’une main et de l’autre, il enlevait la vie. Mais ils étaient trop nombreux, le démon se fit submerger et au moment de vouloir s’envoler, avant de pouvoir sortir ses ailes, un coup l’atteignit au crane et il sombra dans les vapes. Lorsqu’on le réveilla, il était solidement ligoté, les bras collé au corps et les mains attachés dans le dos, seul ces pieds étaient libres. Lorsque le pirate qui devait le surveiller vit qu’il avait les yeux ouverts, il lui asséna plusieurs coups au visage avant de se faire arrêter par un autre. Silvius cracha du sang, sa lèvre était ouverte mais il releva le regard, hors de question qu’il se soumette.

- Tiens Tiens, Mr le démon est réveillé, je dois avouer que tu tes bien battu, dommage que tes compagnons ne soient qu’une bande de lâche… mais ne t’inquiète pas, ils ont eu se qu’ils méritaient.

Et en suivant le doigt, le démon remarqua le tas de cadavre que les pirates s’efforçaient de jeter par-dessus le bastingage, ils étaient tous morts.

- Ne t’inquiète pas, pour te récompenser de ta combativité, tu va être abandonné à une mort certaine sur une ile déserte… peut être que par chance un navire passera dans les parages…

Puis il rigola de sa blague, suivi par ces hommes et deux pirates l’attrapèrent avant de le jeter par-dessus bord, la dernière chose que le démon aperçu c’était le capitaine qui lui faisait coucou de la main… Le démon se retrouva à l’eau parmi les cadavres, heureusement ses jambes étaient libres et il nagea jusqu’au rivage qui devait bien être à cinq cent mètre.

Une fois arrivé il se laissa tomber sur le sable pour souffler, nager en pleine mer avec seulement les jambes était un exercice difficile. Le sort devait s’acharner sur lui, il lui arrivait toujours des trucs incroyable mais heureusement, la chance était toujours de sn coté. Le démon essaya de se défaire des liens qui le retenait sans y parvenir, il était solidement attaché, il tenta même de forcer en sortant ses ailes mais rien à faire. Silvius examina donc autour de lui en quête d’un instrument susceptible de l’aider dans sa démarche. D’après se qu’il avait vue, l’ile était assez grande, sur la plage et prés de la foret, rien de tranchant n’apparaissait donc il s’aventura dans la jungle. Il ne devait surtout pas rester dans cet état, si quelque chose l’attaquait il ne pourrait surement pas se défendre. Il s’enfonça dans la jungle à la recherche d’une pierre coupante, d’un rocher avec des aspérités coupantes ou de n’importe quoi pouvant le libérer. Mais soudain, quelque chose le frappa à la tête, le coup était fort et en tombant au sol, Silvius tenta vainement de fouetter son agresseur avec sa queue, l’avait-il touché ? aucune idée mais le démon se releva malgré son vertige et se jeta sur la chose qui l’avait attaqué prêt à défendre sa vie du mieux qu’il pouvait dans cette situation…

- Dégage de là tu m'écrases ! -

Isa était en train de se faire étouffer bêtement, coincée sous un corps plus grand et plus lourd qu'elle. Elle n'avait même plus la marge nécessaire pour le frapper. Mais elle pouvait toujours... Serrant les dents, elle releva la tête aussi fort que possible pour donner un grand coup de boule à son agresseur. Elle eut beaucoup plus mal de qui lui retomba, la vue soudain brouillée et une douleur lancinante se propageant à tout son crâne.

Elle avait attaquer sans vraiment regarder. Il faut dire que deux jours sur ce cailloux pourri, ça vous entame sérieusement les nerfs et l'humeur. Alors répondant au plus basique des instincts, elle avait attaqué en premier pour réfléchir en deuxième. Elle avait assené un coup de pommeau avec son arme sur la tête de l'étranger. Il avait titubé sans tomber et d'un bloc s'était retourné pour lui foncer dessus. Un peu surprise, elle n'avait pas réagit immédiatement, c'était prit un coup dans la figure ce qui l'avait amené à la situation actuelle. Elle se débattit encore une seconde ou deux avant de vraiment regarder son agresseur. Une expression de totale surprise se peignit sur ses traits et elle s'arrêta de gigoter.

- Si...Silvius ? Mais par toutes les furies, qu'est ce que tu fais là ? -

Elle avait un troicentième de chance de tomber sur lui une deuxième fois pourtant... Le démon la fixa à son tour avant de basculer sur le côté. Elle se releva en position assise et regarda le démon. Il gardait les mains dans le dos et ne se relevait pas. A genoux, elle regarda ses mains: il était ligoté. Un coup de lame et l'affaire fut réglée, les cordes tombèrent au sol et il put se redresser.

- Désolé pour l'attaque mais je ne m'attendais pas vraiment à recevoir de la visite... -

Elle se remit debout et lui tendit la main pour le relever. Elle ne savait pas trop si elle devait se réjouir ou non d'avoir sa compagnie. Ils s'étaient quittés depuis à peine un mois et avaient alors des relations plutôt...Ambiguës. L'elfe l'avait prise à bord de son navire pour une quête assez dangereuse et il s'était attaché à un petit mousse. Malheureusement, l'enfant était mort et il en avait été affecté. La capitaine qui nourrissait une inexplicable attirance pour lui depuis le début l'avait attiré dans ses appartements et des heures de plaisir en avaient résulté mais dans une atmosphère assez particulière, entre passion, colère et tristesse. Elle l'avait laissé partir sans un mot et avec une désagréable impression. Les jours suivant elle avait été étonnée de constater qu'elle pensait encore à lui, ce qui ne lui arrivait jamais avec ses autres partenaires de jeu. Du moins pas de cette façon. Il lui avait dit en s'engageant qu'il était sur le navire à fin de s'endurcir et elle s'était demandée si il continuait sur cette voie.

La jeune femme portait un corsage de cuir à même la peau qui soulignait sa taille fine et sa poitrine parfaite. Un lourd ceinturon lui nouait la taille et retenait le fourreau de son arme ainsi que plusieurs petites bourses ou poches de cuir. Un pantalon de toile serré et solide lui protégeait les jambes ainsi qu'une paire de bottes. Elle avait les cheveux défait mais son bijou l'accompagnait toujours. L'air plus sauvage et impétueuse que jamais, elle rayonnait d'une beauté surnaturelle: elle était dans son élément malgré tout, la forêt et la terre était son univers et ce quoi qu'elle en dise. Elle toisa le démon, sourcils froncés. Le revoir, se rendre compte que c'était lui lui avait fait un certain choc, son coeur avait loupé un battement. Mais a présent elle devait se durcir. Depuis quand un homme la perturbait autant ? Elle refusait cela, rejetait ce sentiment de tout son corps et en était même fâchée. Elle était donc en colère qu'il soit ici. Pourquoi le sort s'acharnait-il à les réunir ?
Remettant son arme au fourreau avec humeur, elle ne dit plus un mot.

Pourquoi étai-elle ici ? A cause de la jalousie. Pas de la sienne, celle des autres. Etre une femme, une elfe, capitaine et riche, ça vous cause des ennuis. Et plusieurs autres pirates s'étaient sentis menacés par sa présence. Deux ou trois semaines après son expédition, elle s'était donc retrouvée la tête dans un sac alors qu'elle montait dans sa chambre à l'auberge. Ses ravisseurs ne prirent pas le temps de lui enlever ses armes et son sac, ils s'étaient contentés de la bâillonner et de la ligoter comme un porc qui va être rôtit. Embarquée sur un navire inconnu, elle avait voyagé à fond de cale. On lui bandait les yeux quand il fallait la nourrir ou la faire boire. Elle ne comprit d'ailleurs pas ces attentions.
Perdant la notion du temps, elle ne sut plus si cela faisait des jours ou des semaines qu'elle était là mais un pas plus lourd que les autres la fit prendre conscience qu'elle vivait peut-être ses derniers instants. On lui mit un bandeau sur les yeux et une voix éraillée lui murmura ces paroles:

- Tu n'es qu'une petite garce avec juste une chance insolente. On en a marre de te voir te pavaner avec tes oreilles pointues et des exploits. T'as rien à faire sur un navire. Mais ça serait trop facile de te passer une lame entre tes deux jolis p'tits seins. Faut que tu crèves comme la chienne que tu es. Alors on t'as trouvé un joli p'tit paradis, très loin de ton navire et de ton second, cette montagne d’honnêteté et de fidélité qui te suit comme ton ombre. Tu trouveras personne là bas et si tu meurs pas de faim, les bêtes te boufferont. On te laisse la chance de te défendre avec ton arme mais j'me fais pas trop d'illusions sur ton sort... -

Elle sentit des mains caleuses sur sa joue descendre sur sa gorge et lui caresser la poitrine de façon écœurante. Elle ne réagit pas, ça aurait été l'encourager. Il tira brutalement sur le col de sa chemise et la déchira mais le corsage de cuir préserva sa pudeur. Un bruit de pas derrière annonça l'arrivée d'un marin qui les informa qu'ils étaient arrivés. Isaya fut relevée sans douceur et amenée sur le pont. Elle sentit le vent sur sa peau. On lui enroula la lanière de son sac autour de la gorge ce qui l'étrangla passablement à cause du poids de ses affaires. Et on la jeta à la mer. Heureusement, elle avait les pieds libres et put rejoindre la rive en se fiant au bruit des vagues, bénissant son ouïe. Plus d'une fois elle faillit couler et se noyer mais la rage et l'humiliation cuisante l'empêchait d'abandonner. Arrivée sur le sable, elle s'était contorsionnée et avait réussit à passer les mains devant. Ôtant son bandeau, elle avait ensuite trouvé comment défaire ses liens. Depuis, elle avait installé un campement sommaire dans une grotte non loin de la plage et survivait en se nourrissant de fruits et de petits animaux qu'elle chassait. Elle parcourait l'île, agrandissant son périmètre à chaque fois. Elle avait rapidement installé des pièges et trouvé une source potable. Mais la période des orages d'été arrivait elle se faisait régulièrement tremper par une pluie chaude et diluvienne. Elle était en pleine "ronde" quand elle avait entendu des pas. Méfiante et à cran, elle était montée dans un arbre pour tomber sur sa proie.

- Mon bateau c’est fait attaqué par des pirates, je suis le seul survivant je crois… rassure moi en me disant que ton bateau mouille pas loin, je n’ai absolument pas envi d’être bloqué ici avec… -

- Avec moi. - cracha-t-elle avec mépris.

Son regard se fit plus froid que la glace et elle eu une expression dure. Elle ne s'attendait pas à être plus appréciée que ça étant donné la façon dont il était partit mais de là à le dégouter à ce point... Elle s'adossa à un tronc et le foudroya du regard. Elle souffrait de le voir ainsi, de savoir qu'il la détestait à ce point. Et elle ne savait pas pourquoi. En temps normal elle se fichait bien de savoir ce qu'on pouvait penser d'elle mais de sa part à lu ça lui faisait drôle. Au fond d'elle une petite voix narquoise lui dit qu'elle l'avait bien chercher et qu'en fin de compte, ça ne servait à rien de nourrir une quelconque forme de sentiment pour quelqu'un.

- Non, j'ai pas mon navire dans le coin. Je suis coincée ici avec...Toi. On m'a enlevé et jeté ici parce qu'il semble que je fais u peu trop d'ombre aux hommes. Maintenant, je ne voudrai surtout pas t'importuner plus longtemps avec ma présence. -

Et elle partit en direction des terres. Elle enrageait. Non mais pour qui il se prenait ? Il l'avait attaqué lui aussi et il lui avait dit à quel point il pouvait ne pas l'apprécier. L'île était grande, ils auraient assez de place pour ne pas se croiser. Soudain submergée par une vague de colère, l'elfe se retourna dans un tourbillon de boucles blanches pour lui hurler dessus. Elle avait besoin de se défouler.

- Et puis zut à la fin ! Si ça te fais tant suer de me voir alors casse toi à l'autre bout de l'île et crève tout seul ! J'ai pas besoin de toi pour survivre ! J'ai jamais eu besoin de personne et ça va pas commencer aujourd'hui ! On peut pas compter sur un homme et t'en es la preuve vivante ! -

Trop c'était trop. Elle était ici sans grand espoir qu'on la retrouve et sentait ses nerfs à vif. Il arrivait comme une fleur et l'accusait presque d'être la cause de tous ses malheurs. Et elle tourna une nouvelle fois les talons pour partir. Elle n'eut pas le temps de s'éloigner plus car elle entendit qu'on lui parlait.
Comme pour refléter l'humeur des deux béligérants, le ciel se couvrit doucement mais surement de lourds nuages sombres. Bientôt viendrait une averse de mousson comme seules les iles tropicales savent en faire.

- Non, j'ai pas mon navire dans le coin. Je suis coincée ici avec...Toi. On m'a enlevé et jeté ici parce qu'il semble que je fais u peu trop d'ombre aux hommes. Maintenant, je ne voudrai surtout pas t'importuner plus longtemps avec ma présence. –

Et voila, il en avait une nouvelle fois trop dit et l’elfe s’éloignait déjà de son coté, le laissant seul. Son cœur se serra, pourquoi c’était si dur ? Elle avait craché ces mots comme un venin, une vrai furie… il avait visé juste en pensant qu’elle c’était attaché a lui, si non une femme normal l’aurait pas pris comme cela.

- Et puis zut à la fin ! Si ça te fais tant suer de me voir alors casse toi à l'autre bout de l'île et crève tout seul ! J'ai pas besoin de toi pour survivre ! J'ai jamais eu besoin de personne et ça va pas commencer aujourd'hui ! On peut pas compter sur un homme et t'en es la preuve vivante ! –

Sa dernière phrase fut comme une lame, elle transperça son cœur de par sa vérité, on ne pouvait compter sur lui, il ne savait pas protéger et il était encore moins capable d’aimer sans faire souffrir. Mais peu importe, ce n’était pas le moment de penser a cela, il devait la rattraper, se faire pardonner, la rec… ils étaient surement seules sur cette ile donc cela ne servait a rien de faire bande a part, ce serait une erreur. D’un coté, cela mettrait un point final à leur pseudo relation.

- Tu na pas besoin de moi ? Qui ta sauvé la vie ? C’est moi !!!! Si tu veux tellement partir de ton coté, fonce je ne te retiens pas… mais quand tu auras besoin de moi, tu pourras aller te faire voir… ho et écoute ton cœur pour voir, il te dit quoi lui ?

Bon ok, il était fatigué et énervé mais c’était peut être pas la peine d’aller aussi loin… la il était sur de faire mal a l’elfe, mais valait mieux mordre avant de se faire mordre non ? C’était difficile mais en rien comparable avec se qu’il avait ressenti dans la taverne… S’endurcir ? Je crois que maintenant c’était chose faite. L’elfe lui répondit avec colère et Silvius lança un faux rire.

[color=darkorchid- Arrête, j’ai très bien vue tes regards, tu es tombé amoureuse de moi… et si tu es si énervé c’est parce que tu te rends compte que moi j’en ai rien à foutre, je refuse de m’accrocher à toi… [/color]

Le démon resta planté face à elle, il avait le regard mauvais mais à coté de l’elfe se n’était rien. Il refusait de s’attacher, oui un semblant de sentiment avait commencé a se développer envers Isaya mais non il ne voulait pas tenter l’aventure, il regrettait encore Cathane et son cœur en souffrait toujours… la lycan était quelqu’un de gentil, d’aimant et de naturellement bon. Isaya était une pirate, il savait que Kall avait couché avec elle lors de leur dernier voyage, l’elfe n’était en rien comparable à la lycan, les deux étaient différentes… mais si une louve comme Cat’ avait réussit à le détruire… une pirate comme Isaya, elle pourrait le tuer. Bien sur il ne la connaissait pas, le démon avait a peine parlé avec la pirate, il ne savait rien de la femme derrière le masque et il en était conscient, mais apprendre a la connaitre serait trop dangereux, il ne voulait plus souffrir…

- Tu n'as pas besoin de moi ? Qui ta sauvé la vie ? C’est moi !!!! Si tu veux tellement partir de ton coté, fonce je ne te retiens pas… mais quand tu auras besoin de moi, tu pourras aller te faire voir… ho et écoute ton cœur pour voir, il te dit quoi lui ? -

L'elfe était estomaquée: il venait de lui dire quoi ? C'était ELLE qui devait écouter son coeur ? Elle ne vivait que comme ça depuis qu'elle avait enfin rejoint la mer et il osait venir lui dire comment faire ? Elle n'avait pas besoin de lui !

- Je t'ai rien demandé ce jour là ! Mes hommes en auraient fait autant ! Et toi tu serai mort sans mes indications et mes conseils ! T'es en vie grâce à moi ! Et...-

Il la coupa dans son élan.

- Arrête, j’ai très bien vue tes regards, tu es tombé amoureuse de moi… et si tu es si énervé c’est parce que tu te rends compte que moi j’en ai rien à foutre, je refuse de m’accrocher à toi… -

Isaya se figea et soudain l'étincelle au fond de ses yeux mourut. Elle venait de se prendre la plus grosse baffe de sa vie. Incapable de bouger ou de parler, elle regardait le démon comme si elle le voyait pour la première fois. Le ciel était devenu noir et son coeur s'obscurcissait également. Il en avait rien à foutre ? Il ne voulait pas s'accrocher ? Elle, amoureuse ? Non, jamais de la vie, elle ne pouvait pas. Elle ne tomberait JAMAIS amoureuse d'un monstre pareil. La rancoeur et la méchanceté prirent le dessus sur la stupeur et la douleur que ces paroles avaient occasionnées.

- Moi amoureuse de toi ? Non mais regarde toi mon pauvre...Comment je pourrai aimer un être comme toi ? Des cornes, une queue... Tu as la prétention de croire pouvoir me plaire. Je te regardais uniquement pour évaluer si tu étais un bon coup ou non ! Jamais je t'aimerai ! TU ENTENDS ? JAMAIS ! -

Le tonnerre résonna au-dessus d'eux et creva les nuages qui déversèrent en une seconde des trombes d'eau. Isa lança un regard haineux envers le jeune homme. Pourquoi ça faisait si mal de se prendre ça dans la figure ? Pourquoi elle avait l'impression d'être ridicule en disant ça ? Pourquoi ça sonnait faux ? Elle ne le connaissait pas, lui avait parlé à peine une fois ou deux alors pourquoi ? Elle n'avait pas à se formaliser de ce qu'elle savait faux, non ? Alors si elle avait si mal, est-ce que c'était...Parce que c'était vrai ? NON ! Il ne pouvait pas avoir mit le doigt sur ce qu'elle n'avait pas pu voir elle même. Et encore moins susciter de l'amour en elle. Elle n'avait fait que faire ce dont elle avait l'habitude: prendre un homme qui l'intéressait pour profiter un peu, rien de plus ! Il n'avait rien de différent ! Absolument rien. Et pourtant elle avait ce sentiment d'impuissance au fond d'elle, de l'impuissance face à ce qu'il avait dit et à ce mot, amour, qui la percutait et ne voulait pas partir.
Toutes ces questions en moins d'une seconde. Enragée par ces paroles injustes et blessante, elle ne trouva que la solution qu'on les animaux blessés et acculé: attaquer pour défendre chèrement leur peau. Elle releva la tête et avec un cri elle jeta un couteau en direction de Silvius avant de lui foncer dessus, arme au clair. Elle ne le laisserait pas s'en tirer ! La pluie ruisselait sur sa peau et mouillait ses cheveux, brouillant la larme argentée et brillante qui roula sur sa joue.

Elle attaqua fort, de front et sans esquive ou finesse. Elle y mettait toute sa force, sa rage, sa frustration. Il n'avait pas le droit de dire ça ! Elle se recula d'un bond et revint à la charge. Autour d'eux, le bruit de tonnerre et le rugissement de la pluie fouettant le paysage semblait indifférent à la bataille qui se déroulait. Tout était devenu sombre comme si le ciel répondait au cœur de la jeune femme. Elle fonça de front encore mais cette fois elle visa la tête. Un coup d'estoc, une parade, une feinte...Elle virevolta un long moment avec lui sous la pluie diluvienne sans que son ardeur ne s'épuise. Et elle souffrait toujours. Elle pensa à ses parents, à l'injustice qui l'avait contrainte toutes ces longues années, aux sacrifices qu'elle avait fait, aux trahisons, aux tortures parfois... Il ne savait rien, il était comme les autres, il la faisait souffrir encore !

- Tu sais rien de moi, rien du tout ! Tu arrives avec tes grands airs et tu crois pouvoir dire ce qui est vrai ? Tu crois que j'en ai quelque chose à faire de toi ? T'es comme les autres ! Tu mérites rien de mieux que crever ! T'es comme tous les autres qui pensent savoir ce que je suis et qui pense pouvoir dicter ma vie ! T'AS RIEN COMPRIS ! -

Elle pleurait mais ça ne brouillait pas sa vue. Elle pleurait de rage, de douleur et d'injustice. Et cette colère en elle alimentait son combat. Mais pour encore combien de temps ?

Il se mit à pleuvoir sur l’ile, les deux être qui se faisait face furent très vite trempé de la tête au pied, c’était une grosse pluie comme le climat tropical savait si bien les faires. Silvius attendait la réplique, il voyait l’elfe bouillir, sa colère explosa et elle cracha des mots durs.

- Moi amoureuse de toi ? Non mais regarde toi mon pauvre...Comment je pourrai aimer un être comme toi ? Des cornes, une queue... Tu as la prétention de croire pouvoir me plaire. Je te regardais uniquement pour évaluer si tu étais un bon coup ou non ! Jamais je t'aimerai ! TU ENTENDS ? JAMAIS ! -

Elle visait la où ça faisait mal, son physique n’avait jamais été un cadeau, toujours pris pour un démon, toujours rejeté a cause de sa queue, toujours dévisagé à cause des cornes... mais le démon avait l’habitude d’entendre cela, il était en quelque sorte habitué et surtout, il savait que l’elfe se voilait la face. Le tonnerre se fit entendre, c’était une vraie tempête qui allait bientôt s’abattre sur lui et sur l’île. D’un coup, elle lui lança un couteau, il l’esquiva assez facilement mais elle était déjà au corps a corps, lame en avant. Son premier coup était une attaque puissante, il para avec son gantelet droit mais il sentit la puissance de la frappe parcourir tout son corps. Isaya était une bonne combattante, elle ne lui laissait aucun répits et le harcelait de coup, ses deux bras d’acier n’était pas de trop pour se défendre face a cette pluie de coup.

- Tu sais rien de moi, rien du tout ! Tu arrives avec tes grands airs et tu crois pouvoir dire ce qui est vrai ? Tu crois que j'en ai quelque chose à faire de toi ? T'es comme les autres ! Tu mérites rien de mieux que crever ! T'es comme tous les autres qui pensent savoir ce que je suis et qui pense pouvoir dicter ma vie ! T'AS RIEN COMPRIS ! –

Au même moment, il profita qu’Isaya lui disait ces paroles qui sortaient enfin de son cœur, il profita de cette ouverture causé par l’inattention, il en profita pour lancer son pied dans le ventre de la femme. Elle fut projeter en a terre, Silvius n’y allait pas en rigolant lui non plus.

- Si j’ai rien compris, pourquoi cette réaction hein ? il fit quelque pas pendant que l’elfe se relevait Et toi ? que penses-tu savoir de moi ? rien !!! J’ai déjà connu l’amour et c’est qu’une illusion, cela donne peu et prend beaucoup trop…

Silvius parlait bien sur de Cathane, il souffrait encore de sa perte, il rêvait toujours d’elle… il était entrain de parler avec son cœur et il savait que ce n’était pas une bonne chose, mais pourtant ça faisait tellement de bien, dire se que l’on sur le cœur.

- Ce sont des larmes que je vois ? Tu ne ma pas dit que c'est aussi ça s'endurcir ? Voir les choses passer, perdre des gens, manquer des occasions...Mais les accepter… tu n’arrive même pas à suivre tes propres conseils… donc tu te lance aveuglement dans un combat ?

Elle c’était relevé pour l’attaquer, la colère guidait ces mouvements et le démon lisait chacune de ces attaques, il les esquivait facilement. Depuis quand Silvius était devenu aussi fort ? il ne s’en était pas rendu compte mais chacune de ces aventures, toutes les expériences qu’il avait vécu jusque la l’avait rendu un petit peu plus fort à chaque fois. Il esquiva un nouveau coup et faucha les jambes de la femme avec sa queue… c’était plus un combat mais une humiliation.

Le problème c’était que voir l’elfe dans cet état ne le laissait pas indifférent, ce n’était plus la femme forte qui jouait avec les hommes qu’il avait devant lui… non, la c’était une femme en pleure qui se battait comme une gamine car elle refusait d’accepter ces sentiments… ironie du sort, la situation lui rappela son combat contre la louve, se jour la c’était lui qui avait perdu, la dernière fois c’était lui qui refusait d’accepter ces sentiments. Isaya n’avait plus rien de la capitaine de La Fille de Lune et cela l’énervait, la voir aussi faible face à lui faisait monter de la colère dans le démon, pourquoi elle s’attachait a lui ? Silvius n’avait absolument rien demandé et il n’avait rien fait pour la séduire… alors pourquoi lui? Cela le dégoutait, il ne voulait pas qu’elle l’aime, il le refusait.

- Tu es si faible pour une elfe, tu fais honte à ta race… il la renvoya d’un coup au sol sans ménagement, Kall n’est plus la pour te protéger hein, ni aucun membre de ton équipage d’ailleurs… sa fait quoi de se rendre compte que sans eux tu n’est absolument rien ?

Et il commença à s’éloigner, il ne voulait pas la tuer, mais en entendant l’elfe se relever a nouveau, il se retourna pour éviter de se faire prendre par surprise et ajouta :

- La réalité… c’est qu’entre nous deux, c’est moi qui n’a pas besoin de toi…

Son cœur fit un saut périlleux, elle était trempé, en larme et lorsqu’il prononça ces mots, Silvius vit quelque chose dans les yeux de l’elfe et une étincelle s’alluma en lui. Faire autant de mal à une personne pour l’éloigner de soit avant de tomber amoureux… et voir les sentiments qu’on essayait de contenir se développer à cause de cela, c’était incroyable… comment il aurait pu deviner que c’était en poussant l’elfe à bout qu’il en tomberait amoureux ? On disait souvent qu'un combat intense entre deux combattants pouvait les rapprocher, la c'etait exactement cela !!! Chaque coup venait du cœur... Mais malgré cela, malgré l’étincelle, il lui tourna le dos pour partir de son coté…

Le premier coup lui fit mal et l'envoya au sol mais elle se releva d'un bond pour continuer. Ca ne ferait jamais aussi mal que ce qu'il lui disait. Elle se retrouva plusieurs fois à terre et plus le combat s'éternisait, plus elle s'énervait et devenait imprécise. Elle oubliait toutes les règles, toutes les attaques, toutes les postures. Elle n'était que brutale, laissait maîtrise et réflexion derrière elle.

- La réalité… c’est qu’entre nous deux, c’est moi qui n’a pas besoin de toi… -

Et il lui tourna le dos. L'elfe se revit alors chez elle, face à ses parents. Ils l'avaient enchaînée, bridée, ils avaient brisé ses rêves, l'avait contenue toute sa vie. Et cette atroce douleur dans son dos... Elle leur avait craché la vérité au visage, elle n'avait pas besoin d'eux mais eux avaient besoin d'elle, leur enfant chérie et pourtant si imparfaite qu'ils n'arrivaient pas à façonner comme ils l'auraient voulu. Elle n'avait pas besoin d'eux pour vivre, pour savoir quoi faire, pour savoir où aller. Et aujourd'hui on lui lançait froidement la même réflexion...Mais ce n'était pas vrai. Elle accepta brutalement la réalité : oui elle sentait quelque au fond d'elle et peut-être même que c'était de l'amour. Oui elle voulait rester avec lui et même le connaître. Oui il était spécial. Mais jamais elle n'aurait besoin de quelqu'un dans la vie. Elle n'avait plus ni navire, ni second ni équipage mais elle n'en avait pas besoin. Elle n'avait besoin de personne pour exister, pour être elle même. La colère bouillante laissa place à une rage froide et meurtrière. Il était profondément injuste et si elle se voilait la face, il en faisait de même.
La jeune femme laissa tomber son sabre au sol. Ce n'était même pas son arme de prédilection, elle l'avait adoptée pour aller avec sa nouvelle vie de pirate. Non, elle n'était pas une tueuse brute et spectaculaire. Elle avait toujours été douée pour le corps à corps. Mortellement douée. Les petites armes, les coups qui font perdre la vue, qui étouffe en quelques secondes...Elle était comme beaucoup des siens, douée pour l'assassinat. Une honte pour sa race ? Mais il aurait dut en être heureux, de ne pas avoir à faire à l'elfe qu'elle était. Mais puisqu'il semblait le regretter, elle allait lui montrer.

- Je n'ai besoin de personne. Je sais qui je suis et où va mon chemin. Toi en revanche regarde toi, regardes ta vie. Tu es venu sur mon navire parce que tu ne savais même pas qui tu étais ni comment faire pour atteindre ton but. Tu ne sais pas où tu vas, tu dépends de tout et de tout le monde. Ouvre les yeux à ton tour : tu es faibles et ridicule, incapable de mener ton propre chemin. Le destin te balade comme il veut. C'est pitoyable. -

Il se retourna d'un bloc et elle lui lança le regard le plus méprisant qui soit. Finit les larmes de crocodile et le combat infantile, elle endossait ses sentiments et ce qu'elle était. Il avait au moins raison sur un point, elle ne s'appliquait pas ses propres conseils. Mais ça allait changer. Il disait peut-être vrai en parlant d'amour et alors ? Ca ne la changeait pas, ça ne remettait rien en question. En revanche, qu'il lui parle de dépendance alors que lui même dépendait du bon vouloir des dieux... Le calme était revenu dans l'esprit de l'elfe à défaut d'être revenu dans le ciel. Elle y voyait plus clair et sentait revenir ses moyens. Il l'avait passablement humilié et sa fierté lui défendait de le laisser partir ainsi. D'un mouvement d'un rapidité surnaturelle elle lança un couteau vers l'homme avant d'en sortir deux autres. Les lames étaient courtes mais tranchantes et surtout c'était ce qu'Isaya savait manier le mieux. Incroyable comme une simple parole pouvait transformer l'état d'âme de quelqu'un, surtout quand cette personne est spéciale. L'elfe précise et rapide était revenue sur le devant de la scène.
Elle ne s'éloignait pas de lui cette fois, elle restait collée, ne lui laissant aucune marge pour faire de grands mouvements. Se baissant, glissants dans une ouverture, esquivant un coup de queue, elle ne se prenait plus aucun coup. A croire que toutes ces baffes l'avait fait revenir sur terre. Elle était égratignée, blessée dans son honneur, verrait bientôt une belle collection de bleus la couvrir mais elle retiendrait la leçon : ce n'était pas en se cachant ses propres sentiments qu'on pouvait rester en accord avec soi même. Ca lui faisait du mal de le reconnaître mais elle s'était attaché plus que de raison au démon. Cet aveu à elle même lui avait rendu ses moyens, l'avait en quelque sorte libérée et fait revenir à un état plus harmonieux. Elle restait toute fois en colère et la douleur n'était pas partie.

Elle lui infligea quelques coupures pour commencer, à la queue quand elle passait à portée et aux épaules. Elle lui égratigna les flancs et les ventres avec des petites coupures sans gravité mais douloureuses. Il n'était pas dans son élément, ce genre de combat très rapproché l'handicapait à cause de sa taille et du manque d'espace. Mais elle, elle s'y sentait à l'aise. Rapide et souple, elle n'avait plus aucun mal à suivre ses déplacements et analysait ses gestes de façon méthodique. Elle le fatiguait et il failli trébucher plus d'une fois. Ce n'était plus elle qui prenait les coups. Et pour tout couronner, elle se taisait. A quoi bon parler, elle n'avait plus rien à lui dire, qu'il se débrouille avec sa conscience. Son regard était froid comme celui des tueurs entraînés et son expression était dure.
Et l'occasion se présenta : une ouverture si facile que ne pas en profiter aurait été du gâchis. Avec un grognement de colère, elle lui planta un de ses poignards dans la cuisse. Elle évita l'artère et glissa la lame entre deux muscles. D'un bond elle s'éloigna et se mit hors de portée. Elle eu soudain du mal à croire qu'elle avait fait ça. La colère avait dominé tout le reste et lui faire mal, le faire souffrir avait été plus fort. Elle avait prit sa revanche, ce n'était pas la peine d'en arriver là mais trop tard.

*Tant pis, je ne reviendrai pas en arrière. Il faut savoir perdre certaines choses.*

Sans un mot elle fit demi-tour et partit à grandes enjambées. Elle courut comme jamais, ne voulait pas continuer ce combat. Au diable cette joute ridicule, elle ne voulait plus le voir ni voir ce qu'elle avait fait. Il ne voulait pas d'elle ? Soit. Mais elle ne s'infligerait pas la torture de rester près de lui et ne lui ferait pas le plaisir de continuer dans cette voie. Elle fuyait peut-être mais préférait cela à ce combat qui ne menait nul part.
Une douleur lui traversa alors l'épaule. Elle ralentit mais ne s'arrêta pas, jetant un oeil à ce qui lui faisait mal : en tombant, elle s'était déchiré la peau et une plaie saignait généreusement sur le haut de son bras. Rien de grave mais assez douloureux. Elle déchira le tissu de son pantalon, se retrouvant en short et se fit un bandage sommaire. Pas la peine de semer du sang partout. Elle s'enfonçait dans les terres sans prendre de repos. Sans vraiment réfléchir elle se dirigeait vers la cascade découverte la veille. Pas très haute mais assez large, le bassin était peu profond et elle avait trouvé l'endroit idéal pour se laver. La terre chaude commençait à faire s'évaporer l'eau de pluie et un épais brouillard se levait doucement mais surement. Isaya n'entendit rien derrière elle mais entre le chant des grenouille qui se réveillait avec la vapeur et la pluie battante, elle n'était plus sure de rien.
Arrivée près du bassin, elle s'arrêta et prit le temps d'y descendre doucement. Elle était essoufflée et assez loin du démon pour ne plus courir. Avec le brouillard, impossible qu'il la retrouve. En théorie.
Elle laissa ses bottes dans un coin a peu près sec et entra dans l'eau jusqu'à mi cuisse. Elle n'avait pas lâché son dernier poignard et ne desserrait pas les doigts. Déjà trempée jusqu'aux os elle ne remarqua même pas la différence d'humidité. Pourquoi s'était il emporté ainsi ? Il n'avait aucune raison de s'énerver lui...

-[...] je refuse de m’accrocher à toi…-

La phrase lui revint. Aveuglée par la colère elle n'y avait pas prêté attention mais toute la vérité y était pourtant. Il refusait. De la même façon qu'elle avait refuser de voir ses propres sentiments il se refusait de s'attacher. Elle sourit d'abord puis se mit à rire, un rire nerveux et plus malheureux que joyeux. Ils étaient aussi aveugles l'un que l'autre. Et lui qui parlait de se regarder en face... Il ne voulait pas admettre ses propres sentiments et préférait la renier. Elle secoua la tête en sentant les larmes monter toute seule. Elle n'eut pas de sanglots, juste des larmes à l'étrange et sublime couleur argentée. Elle n'avait pas pleuré ainsi depuis au moins cinquante longues années. Les elfes pleurent si peu...
Un grand bruit retentit dans son dos et elle vit une silhouette dans le brouillard se découper. Étant donné la taille, ça ne pouvait être que Silvius. Elle se mit en garde, prête à en découdre encore mais recula doucement. Elle avait fuit l'affrontement car il ne rimait à rien et ils étaient quites. Mais s'il voulait de nouveau se battre, elle ne lui refuserait pas ça. Elle lui avait laissé la chance de partir de son côté et de ne plus la revoir mais il semblait en avoir décidé autrement. Très bien, il avait eu une occasion et ne l'avait pas saisit, tant pis.
Isa ne sut pas exactement comment les choses se déroulèrent, tout sembla semblable : chacun prit des coups de façon égale cette fois et l'eau ne les ralentissait pas. Il termina avec des coupures en plus et elle en récolta aussi quelque unes en plus de nouveaux bleus. Quand la fin arriva, elle ne se souvint pas qu'elle avait autant reculé contre la pierre. Il la saisit à la gorge et la plaqua contre le mur de pierre humide. Elle se cogna la tête et grogna sous l'effet de la douleur qui lui brouilla la vue. Tout deux essoufflés, elle sentit la poigne se resserrer insensiblement autour de son cou.

- Tu n'es pas moins aveugle que moi. - souffla-t-elle en cherchant plus d'air, les mains cramponnées à cet étau qui la faisait suffoquer.

Son arme tomba à terre dans un tintement clair. Elle avait toujours été plus faible que la moyenne des elfes et face à du sang de démon, elle était moins forte. Elle s'était bien battue et au moins se dit elle, elle mourrait en combattant et en aillant chèrement vendu sa peau.

- Je n'ai besoin de personne. Je sais qui je suis et où va mon chemin. Toi en revanche regarde toi, regardes ta vie. Tu es venu sur mon navire parce que tu ne savais même pas qui tu étais ni comment faire pour atteindre ton but. Tu ne sais pas où tu vas, tu dépends de tout et de tout le monde. Ouvre les yeux à ton tour : tu es faibles et ridicule, incapable de mener ton propre chemin. Le destin te balade comme il veut. C'est pitoyable. –


La colère le submergea, cette fois c’était l’elfe qui avait visé juste, entendre autant de vérité sur lui, voir ce qu’il se refusait d’accepter… C’était trop, il avait été gentil mais maintenant elle allait comprendre qu’ennuyer un démon n’était jamais une bonne chose. L’elfe se lança vers lui et le démon partit à sa rencontre prêt à en découdre réellement. Elle avait abandonné son sabre pour combattre avec deux couteaux, ces mouvements étaient plus précis, moins prévisible et surtout beaucoup plus rapide. Isaya avait complètement changé de style de combat, elle restait au corps à corps et l’empêchait d’attaquer. Il c’était passé quelque chose chez l’elfe car se n’était plus la gamine qu’il combattait avant, de son coté Silvius comprenait que la colère lui jouait le même tour qu’a Isaya juste auparavant, mais il n’arrivait pas à se calmer. Se qu’elle lui avait dit raisonné dans sa tête.

*…tu dépends de tout et de tout le monde… tu es faibles et ridicule… destin te balade…*

C’était vrai, c’est pour cela que ça faisait mal, mais que pouvait-il y faire ? Il s’entrainait chaque jour pour devenir plus fort mais malgré cela, une elfe était entrain de lui mettre une correction. Le démon était plus seul que jamais, donc comment pouvait-elle oser dire qu’il dépendait de tout le monde ? et oui le destin jouait avec lui, il n’était pas le maitre de sa vie, il se faisait toujours avoir… mais il n’abandonnait pas, beaucoup serait déjà mort, beaucoup aurait déjà sombré, mais pas lui. Peu importe se que le destin mettrait sur sa route, il le surpasserait et finirait maitre de sa vie !!! Mais Silvius avait encore beaucoup de chemin à faire. Pour le combat, le démon était très mal en point, il tomba au sol lorsque l’elfe lui planta profondément un couteau dans la cuisse gauche. Puis elle disparut dans la foret, laissant Silvius à terre, en proie à ses démons intérieurs pendant que la pluie s’abattait sur lui, tel le destin…

Il refusait d’en rester la, la colère et la rage le poussèrent à retirer le couteau et à se lancer à sa poursuite sans même panser sa blessure. Le démon s’envola au dessus de la foret, il allait lui montrer qu’elle avait tord, il allait lui faire ravaler ces paroles. Silvius hurla comme pour faire sortir un trop plein de sentiment, son cri fut couvert par un éclair.

Il la retrouva par chance alors qu’elle s’enfonçait dans une nappe de brouillard, le démon la suivit silencieusement jusqu'à une cascade, l’elfe c’était installé dans un bassin pensant être en sécurité, mais Silvius refusait d’en rester la. Il se posa juste à coté du bassin dans le brouillard, Isaya l’avait entendu et était prête à le combattre, juste avant de pénétrer dans le bassin, il enleva ses gantelets pour être plus à l’aise. Le démon était tombé amoureux de l’elfe, il le savait parfaitement et l’accepté mais ce qu’il ne voulait pas c’était s’attacher à elle… l’amour peut naitre sans qu’on le veuille mais pour qu’il persiste, on devait entretenir cette petite flamme pour qu’elle devienne un brasier ardent. Alors pourquoi l’avait-il poursuivi ? Pour se venger d’un coup de couteau mérité ? En partie peut être, mais était-ce la seule raison ? Il avait laissé trop d’occasion s’échapper, peut être que cette fois il voulait tenter sa chance… non bien sur que non, le démon l’avait juste suivi pour se venger.
Le combat dans le bassin fut égal cette fois, les ailes toujours déployé empêcher l’elfe de se mouvoir comme elle le voulait autour de lui. De nombreuses entailles apparaissaient sur son corps, même sur ses bras naturellement plus résistant et certaines étaient bien profondes. Mais l’elfe n’était pas en reste elle non plus, Isa se prenait des coups puissants mais elle tenait bon… elle tenait bon mais elle ne pouvait plus reculer, petit à petit Silvius l’avait poussé contre la paroi. Le démon avait gagné, d’un mouvement rapide il avait saisi sa gorge et commençait à serrer de plus en plus fort… il serra juste assez pour qu’elle s’étouffe mais pas assez pour lui rompre le cou. Ce n’était pas son intention première d’en finir aussi brutalement, mais la tuer était peut être la meilleure solution.

- Tu n'es pas moins aveugle que moi…

Le démon sourit timidement, la situation n’était absolument pas drôle pourtant.

- Je sais pourquoi je me bats… je suis tombé amoureux de toi mais je refuse que cela aille plus loin… * le démon refusait de la regarder, il avait les yeux dans le vide et sans s’en rendre compte, son étau se desserra* un jour tu me briseras le cœur, cela fait trop mal et je refuse de le revivre une nouvelle fois… Et il planta son regard dans le sien en la suppliant silencieusement de l’arrêter, avant qu'il ne fasse une nouvelle erreur.

C’était pas normal quand on y pensait, beaucoup d’homme se faisait briser le cœur et cela ne les empêcher pas de vivre, sauf que Silvius est moitié homme, moitié démon et cela changeait tout. Petit sa perception du bien et du mal n’était en rien comparable a celle d’un humain, sa mère et des professeurs l’avait éduqué pour le « réhabilité »… mais y avait-il seulement sa perception du bien et du mal qui était différente de celle des autres habitants de terra ? Il sentait en lui que s’il s’accrochait de nouveau à quelqu’un de la même façon qu’avec Cathane, il sentait que si cette personne le trahissait comme elle l’avait fait… il pourrait en mourir, non pas physiquement, mais son cœur ne pourrait s’en remettre… c’était une sensation étrange, bien sur le démon ne voyait pas encore cela aussi clairement, mais il le ressentait. Si l’elfe devenait cette femme, elle n’aurait pas le droit de l’abandonner, pour aucune raison, jamais…

- Pourquoi...?

Oui, pourquoi lui? elle avait du en rencontrer beaucoup des hommes, alors pourquoi lui et pas un autre?

- Donne moi une raison de ne pas te tuer...

Il aurait aimé rajouter s'il te plait... mais non.

L'elfe ne voulait pas répondre, sa bouche ne prononça aucun mot, aucun son quelconque ne sortit d'entre ses lèvres malgré la complainte du démon. Il en avait peut être déjà trop fait, Silvius encore une fois ne c'était pas retenu et il avait fait mal... c'était bien se qu'il voulait mais voir le résultat n'était jamais plaisant. Il voulait réellement des réponses pour savoir si oui où non il pouvait la laisser se faire une place dans son cœur, pour seul réponse elle l'embrassa. Le démon l'avait laissé s'approcher sans même chercher à la retenir, quelque chose en lui monta, le stress ? La peur ? L'excitation ? Impossible de savoir, peut être un mélange de tout cela. Lorsque leurs lèvres se mêlèrent pour un unique baisé, une larme coula sur le visage de Silvius, et lorsque l'elfe commença à partir, il tomba a genou. Aucun mot et aucun coup n'aurait pu avoir le même effet, il avait mal, Isaya avait réussi sans aucun mot à balayer toute sa colère et sa peur... Elle commençait à s’éloigner en laissant le démon sous le choc, il était à genou dans l'eau les ailes pendantes. Il devait la retenir, ne pas refaire la même erreur qu'avec Cathane, ne pas la laisser partir, pas une nouvelle fois. Il se releva donc mais ne se retourna pas, Silvius resta dos à Isaya, il ne voulait pas voir sa réaction et voulait cacher ces yeux humides…

- Attend, s’il te plait…

Il ne savait pas vraiment quoi dire et pris le temps de bien peser ces mots, Isaya c’était arrêté mais il ne savait pas si elle c’était retourné vers lui ou non. Peu importe, il suffisait qu’elle entende se qu’il avait à dire…

- Je t’aime… si tu le souhaite encore, je vais t’aimer comme aucun autre ne pourra t’aimer, tu seras la seule… les autres ne seront rien, tu seras la seule a réellement me connaitre… tu…

Il faisait beaucoup de pose car c’était difficile d’en dire autant, il était entrain d’exposer son cœur et le démon avait l’impression qu’elle pouvait voir jusqu’au plus profond de son être, les bons cotés mais aussi les mauvais… il redoutait sa réponse.

- J’ai peur de me livrer… mais je ne dois plus laisser l’amour passer… alors s’il te plait, pardonne moi, je suis stupide…

Le démon se demandait si se qu’il allait dire ensuite était vraiment une bonne chose, lui mettre tout de suite des conditions n’était surement pas la meilleure chose à faire, mais peu importe, il ne voulait pas d’un faux espoir.

- Tu seras la seule et unique que j’aimerais, toi et personne d’autre ne comptera a mes yeux, je ferais tout pour toi, absolument tout… il était totalement sérieux, mais… mais si un jour tu me trahi, je pense que je pourrais te tuer par amour…

Il était prêt a la tuer par amour pour que ces sentiments ne se transforme pas par la suite, exactement se qui était entrain de se passer avec Cath’, l’amour était toujours la mais la colère commençait à apparaitre, il lui en voulait de l’avoir abandonné… même si c’était normal.

- Je t’offre mon cœur mais si tu l’accepte, tu n’aura pas le droit de l’abandonner, jamais…

Le démon ne s’en rendait pas compte mais il n’était plus du tout le même que celui qui avait libéré une lycan, il avait changé… L’elfe c’était remis à marcher mais impossible de dire si c’était pour s’approcher ou s’éloigner.

Après tous ces coups, l'elfe n'était pas certaine d'avoir bien comprit. Elle s'arrêta en plein milieu du bassin pour écouter. Son ouïe était trop fine pour se tromper à ce point. C'était une victoire ? Il était sérieux ? Pour elle, c'était surtout beaucoup de promesses abracadabrantes... Il lui promit également la mort si elle trahissait sa confiance. Drôle de déclaration en somme.
Quand il sembla avoir finit, elle n'eut rien à dire. Elle se retourna simplement et revint sur ses pas. Il avait l'air épuisé et abattu. Et il avait parlé comme s'il prévoyait ses sentiments. La pluie ne voulait pas s'arrêter, ça pouvait encore durer des heures. La jeune femme revint devant lui et l'entoura de ses bras pour le serrer contre elle. Même si elle avait voulu changer de sentiment à son égard, elle n'aurait pas pu. Une caractéristique particulière des elfes était surement leur fidélité exemplaire envers leur conjoint. Au point de mourir de chagrin quand leur âme sœur s'éteignait, il était assez rare de voir un elfe aimer deux fois avec autant de force et de sincérité comme chez les autres peuples. Isa pouvait encore éprouver de l'affection, de l'amitié, de l'attirance et même du désir pour d'autres mais son cœur était définitivement prit. Elle n'avait pas voulu faire de cela un argument, c'était injuste, presque du chantage. Elle devrait lui en parler à l'occasion.

- Rentrons nous mettre à l'abri. -

Elle lui prit la main et lui montra le chemin. Ils sortirent de la cuvette de la cascade et continuèrent dans le brouillard dense de la forêt. Elle ne le lâchait pas et ils ne dirent pas un mot. Pas vraiment besoin. La tension était retombée pour elle mais elle sentait qu'elle devait quelques paroles de plus au jeune homme qui la suivait. C'était normal. Il avait l'air en proie au désarroi quand il lui avait fait sa déclaration et il devait y avoir une bonne raison derrière ce comportement. Elle comptait bien la découvrir.
Pendant qu'elle marchait, Isa se rendit compte de plusieurs choses à commencer par le fait qu'elle allait devoir accorder sa confiance à quelqu'un et lui parler d'elle. Il avait dit qu'il se dévoilerait, elle devait en faire autant. C'était normal et naturel mais elle avait peur de ne pas y parvenir aussi facilement que cela. Elle devrait se faire violence pour y arriver.

Ils marchèrent presque une heure avant qu'elle ne l'entraîne vers un fourré. Elle écarta les branches et découvrit l'entrée d'une vaste caverne dans le flanc de la falaise couverte de végétation qu'ils longeaient depuis un moment. Elle l'invita à entrer à sa suite et alla s'affairer autour d'un tas de branchages. Elle réussit tant bien que mal à allumer le feu et bientôt une chaleur nouvelle se dispensa dans la grotte. Isaya s'essora les cheveux et tendit un tissu à Silvius pour qu'il se sèche. Elle prit la suite et profita qu'il ai le dos tourné pour se changer rapidement. Elle mit sa tenue légère qui elle était sèche et étendit par terre ses habits trempés. Heureusement que les pirates lui avaient laissé sa besace avec toutes ses affaires. Soit c'était fait exprès pour lui laisser une chance, soit ils étaient vraiment stupides. Quoi qu'il en soit, elle était bien contente de tout avoir sur elle.

- J'ai rien pour toi, désolé. -

Elle avait fait une grande couche de feuille et d'herbes pour dormir et des pierres plus ou moins carrées servaient de siège, ce qui était plus confortable que le sol. La végétation protégeait du vent et de la pluie. Isa se laissa tomber sur une des pierres et son regard se perdit un instant dans les flammes.

- Tu sais, même si je voulais, je ne pourrai pas te faire le moindre mal, trahir ta confiance ou ton amour. C'est presque dans mon sang cette impossibilité: les elfes n'aiment qu'une fois. Et on ne choisit pas qui on aime. Alors rassures toi. -

Elle tourna la tête vers lui et lui adressa un sourire timide. Elle n'était pas certaine de savoir comment faire sur ce nouveau terrain. Elle avisa alors sa blessure à la jambe.

- Oh désolé, j'avais oublié ! -

Elle se leva et alla chercher un bandage. Avec toute cette pluie au moins c'était bien propre. Elle s'agenouilla à côté de lui et commença à faire le pansement. Elle ne se sentait pas vraiment coupable de lui avoir infligé ça mais elle s'en voulait d'avoir oublié en arrivant. En silence elle fit le bandage en s'appliquant.

L'elfe sourit: il était aussi gêné qu'un jouvenceau le jour de sa déclaration alors qu'à peine une heure avant, il lui avait sortit ses quatre vérités sans prendre de pincettes. Elle ne le lui fit pas remarquer car il le souligna lui même. Mais il avait raison quand au fait de se connaitre. Ils n'avaient pas beaucoup parlé au fond et elle s'étonnait même d'être tombé si amoureuse d'un homme qui au fond était presque un inconnu. Et elle était bien placée pour savoir que ce n'était pas une nuit d'amour qui en était le fruit, il y avait autre chose là dessous. Elle apprendrait surement quoi en apprenant de quoi avait été faite la vie de son compagnon. Après tout, quelque chose devait bien les relier pour qu'ils soient éprit l'un de l'autre.
Elle n'aurait sut dire comment elle en était arrivée à l'embrasser. Mais bien vite elle fut lovée dans ses bras, lèvres contre lèvres et sentant entre deux frissons qu'on défaisait son habit en douceur. Il la prit dans ses bras, laissant glisser au sol son pantalon et le haut léger qu'il avait enlevé à l'instant. La jeune femme se laissa faire, le visage caché dans le creux de son cou, savourant la douceur de sa peau et son odeur entêtante. Il l'allongea avec précaution et la rejoignit pour la deuxième fois depuis leur première rencontre. Cette fois, ils étaient en harmonie. Loin de la passion sulfureuse et presque enragée de la dernière fois où chacun ne cherchait que son propre contentement, cette nuit fut un partage total et presque une découverte. C'était étrange de redécouvrir tout le sens de cet acte après tant d'année à ne chercher que son propre plaisir chez l'autre. Cette fois Isaya fut attentive aux moindre gestes et désirs de son partenaire, elle ne chercha qu'à le combler et en éprouva plus de plaisir que jamais. Elle redessina la carte de son corps avec précision et douceur, appréciant chaque muscle, soulignant chaque cicatrice comme pour les soigner de son simple geste. Elle se sentait pleinement elle même et beaucoup plus détendue. Plus rien n'eut d'importance mis à part Silvius jusqu'à ce que le sommeil vienne la prendre. Elle était alors roulée en boule contre le démon, la peau brillante d'humidité et le bruit de la pluie battante dehors couvrant celui de sa respiration.

Le lendemain matin, elle se réveilla avec l'agréable sensation de chaleur autour d'elle. Tatonant à ses côtés elle ne trouva pas le corps assoupis de son compagnon. Intriguée, elle se retourna, décelant alors la présence d'une couverture sur elle. Il faisait de nouveau beau dehors et elle vit son compagnon s'acharner sur le feu qu'il avait alimenté. Quand enfin une petite flammèche apparut, il sembla fort heureux ce qui tira un sourire à l'elfe. Elle le salua en clignant simplement des yeux et en souriant, trop bien installée sous sa couverture pour bouger. Elle le devrait à un moment ou un autre mais le plus tard serait le mieux.

- On va devoir parler, j’espère que ta une idée pour quitter cette ile… -

- Je n'aime pas la façon dont tu dis cette phrase, ça sonne triste et dramatique. On a plutôt de la chance dans notre malheur. Et tu vas voir qu'on en a même plus que ce qu'on pourrait penser. -

Elle étira un bras délicat hors de son recoin chaud et attrapa sa besace par la lanière. Après un farfouillage intempestif, elle en sortit un morceau de cuir à l'air un peu endommagé. Elle le déplia et lui révéla alors une carte très précise de la partie Ouest du l'océan et toutes les petites iles qui la composait. Gravé dans la peau tannée, cette carte était bien plus perène qu'un simple parchemin.

- Je la connais presque par coeur maintenant mais je la garde toujours sur moi, au cas où. Je suis ici depuis deux ou trois jours, j'ai eu le temps de me repérer. Tu dois savoir que les marins naviguent avec les étoiles et la course du soleil. Et bien grâce aux demoiselles des la nuit, je sais exactement où nous sommes et où se trouve l'île habitée la plus proche. -

Elle posa un doigt fin sur un petit point dans le vaste océan. C'était l'île habitée qu'elle visait, un petit village était installé et ils pourraient y trouver des vivres et une embarcation. Enfin, ils pourraient y emprunter quelques vivre ainsi qu'une embarcation... Parce que sans le moindre sous ils ne pouvaient pas faire grand chose.

- Pour s'y rendre il nous suffira de construire un radeau. Nous avons des lames et toutes la place disponible, à deux ça sera plus rapide et comme tu peux voler, ça nous aidera. On pourra également chasser et cueillir des fruits pour faire quelques provisions histoire de ne pas manquer parce que le voyage peut durer deux jours. Je préfèrerais aussi le faire sur une mer calme pour éviter de tenter Nayris. Si on avance bien, on devrait pouvoir larguer les amarres dans 3 ou 4 jours le temps de tout construire et de faire les réserves. Après, cela dépendra du temps. -

L'elfe trouvait les pirates qui l'avaient balancé ici franchement stupides. Ils devaient être trop mort de trouille pour ne pas avoir prit le temps de lui retirer ses affaires ou alors ils pensaient l'avoir noyée avant. Quoi qu'il en soit, son second devait l'attendre avec son navire, quelque part dans un port et elle ne connaitrait le repos qu'une fois à son bord. Il avait des consignes pour ce genre de situation, Isa avait prévu que ça pourrait arriver. Elle lui avait dit de l'attendre, il avait le choix entre 3 ports pas plus. Il devait l'attendre un an et si au bout de cette période elle n'était toujours pas revenue, il pouvait faire ce qu'il voulait du bateau en partant du principe qu'elle était morte. Rien ne pressait donc si ce n'était le fait de vouloir toucher à nouveau le bois lustré de son navire adoré. Si cela pouvait se faire tout en étant dans les bras de l'élu de son coeur, ce serait un vrai rêve éveillé mais elle ne s'attendait pas à des miracles. La vie ne lui avait pas fait beaucoup de cadeaux alors elle doutait que ça puisse commencer maintenant.
Se levant avec grâce, elle s'étira avant de récupérer ses vêtements. Elle ne se sentait pas le moins du monde gênée par sa tenue d'Eve, après tout ça aurait été un comble surtout face à l'homme qui connaissait si bien son corps à présent. En quelques gestes elle remit sa tenue et put s'approcher du feu. Elle regarda Silvius avec un sourire.

- Qu'est-ce que tu penses de mon idée ? -

Elle s'assit sur l'une des pierre mise à cet effet et prit le temps de savourer la chaleur naissante. Elle n'avait pas vraiment de provisions sur elle, la jungle regorgeait de fruits, il suffisait de connaitre les bons coins. Elle sentait d'ailleurs qu'une petite expédition ne serait pas du luxe s'ils voulaient manger un peu. Mais il fallait commencer par faire le point. Car malgré tout, Silvius avait raison: ils ne pouvaient pas rester là éternellement.

Au début il s’inquiétait de la façon dont ils allaient quitter l’ile mais le démon avait oublié avec qui il était, Isaya était une pirate. Elle sortit une carte maritime en montrant leur emplacement et lui expliqua qu’une petite semaine suffirait pour construire un petit rafiot suffisamment solide pour les mener vers l’ile habité la plus proche. Il ne connaissait vraiment pas l’elfe qui s’habillait devant lui sans aucune gêne et en attendant une réaction. Isaya n’était pas capitaine pour rien, elle cachait un grand nombre de talent qu’il avait hâte de découvrir.

- Whaou… je ne sais pas pourquoi je m’en faisais autant, tu a l’air de maitriser parfaitement la situation !!! Avec toi a mes cotés, ce séjour sur l’ile qui me paraissait être un enfer va se transformer en vacance paradisiaque.

Il la regarde un moment plein d’admiration, une personne normal aurait surement paniqué, mais elle absolument pas, elle avait déjà une solution pour quitter l’ile. Peut être que ce n’était pas la première fois ?

- Et bien… je crois que je vais me remettre sous tes ordres… capitaine ♥.

Il n’y connaissait rien dans la construction d’un radeau donc il allait simplement suivre les directives de l’elfe. Mais avant de se mettre au boulot, ils allaient devoir trouver de la nourriture pour reprendre des forces après cette nuit quelque peu fatigante.

- Mais avant de commencer, on devrait trouver un de la nourriture.

Au même moment un bruit étrange sortit de son ventre et il rigola gentiment, l’ambiance n’était vraiment plus la même depuis hier. Elle l’avait vue dans de nombreuse situation, le sourire aux lèvres sur le navire, blessé dans les grottes, en larme après la mort de son « petit frère », la rage et la colère lui défigurant le visage pas plus tard qu’hier etc… il n’avait plus rien à lui cacher, Silvius savait qu’il pouvait avoir confiance. Il la regarda donc en attendant sa réponse, un petit sourire illuminait ses lèvres pendant qu’il se rendait compte de la chance qu’il avait d’avoir rencontré la corsaire…

[HRP: honte à moi d'avoir mis autant de temps à répondre T.T en plus je suis pas du tout inspiré... désolé >< ]

La jeune femme sourit en regardant son nouvel amant. Il avait une petite lueur admirative dans le regard qu'elle trouvait attendrissante. Après avoir remit de l'ordre dans ses cheveux, elle les attacha en un chignon sauvage qui laissait quelques boucles blondes caresser son visage. Puis elle prit un moment pour réfléchir. Ils devaient manger un peu avant de se mettre au travail. Elle connaissait bien un ou deux endroits où ils pourraient trouver de la nourriture mais rien de particulièrement consistant au fond. Il valait mieux avoir de la viande ou du poisson. Cette idée fit tilt dans son esprit. Remettant bien en place son chemisier au large col, elle se leva, prête pour une petite partie de pêche.

- Si on retourne à la plage je devrais pouvoir retrouver un coin avec pas mal de rochers où il y a pleins de poissons. Si tu te sens en veine, on peut aller tenter notre chance. Sinon il y a un coin avec des arbres fruitier où je vais régulièrement depuis deux jours. Ça devrait suffire pour ce matin. -

L'elfe s'approcha du démon et s'assit sur ses genoux, passant ses bras autour de son cou avec un sourire.

- Sauf si l'exercice de la nuit t'as épuisé au point de devoir manger ton poids en viande. Pour la chasse je ne sais pas où ça se passe, je ne me suis pas beaucoup enfoncée dans les terres. Mais tu peux tenter ta chance. -

Elle posa le doigt sur la pointe de l'une des cornes du jeune homme. C'était étrange un homme avec une paire de cornes noires mais ça lui allait plutôt bien au fond. Qu'il ai changé de coupe aussi ça lui allait plutôt bien. Les cheveux longs, ça ne collait pas avec son regard. Elle était tombée sur un beau démon. Elle ne comprenait toujours pas pourquoi elle sentait son cœur battre ainsi quand elle le regardait, pourquoi elle avait prit tant de plaisir cette nuit en sachant qu'elle ne pourrait jamais ressentir ça avec un autre ni pourquoi elle souhaitait tant rester avec lui. Elle qui s'amusait des hommes depuis tant d'années et ne se souciait pas d'eux même dans la chaleur des draps, elle trouvait étrange à présent de s'inquiéter du sort d'un autre. Mais c'était agréable au fond et le plus doux, c'était de voir au fond du regard de l'autre que ce sentiment était réciproque.
Isa se remit debout et prit une main de Silvius pour le tirer à sa suite. Il était l'heure de faire le plein !

- Aller, on est partis. Plus vite on aura mangé et plus vite on se mettra au travail. -

Elle se sentait légère et un sourire radieux illuminait son visage, chose assez peu commune depuis qu'elle était entrée dans le monde de la piraterie. Mais personne n'était là pour le voir, le démon mis à part alors peu lui importait. Tout les deux sortirent après avoir prit leur arme, de quoi transporter de la nourriture et faire du feu. Ils traversèrent la forêt qui semblaient complètement changée sous le soleil éblouissant des îles. Les oiseaux chantaient à tue-tête, cachés dans les arbres. Il leur fallut un moment pour rejoindre la plage mais finalement ils arrivèrent sans encombre à l'étendu de sable blanc. Les vagues turquoises roulaient dans un mouvement infini sur le rivage et une brise salvatrice rendait la promenade agréable malgré la chaleur. Isaya mit un court instant à se repérer puis entraîna son compagnon sur la gauche. Elle marcha jusqu'au sable mouillé, retira ses chaussures et profita de pouvoir aller pieds nus.
Bientôt ils furent en vue d'une avancée rocheuse que les vagues venaient lécher voir submerger de temps en temps quand elle pouvaient se hisser à la même hauteur. En s'approchant on pouvait remarquer que cette roche poreuse créait de véritables petites criques où la vie fourmillait en un arc-en-ciel aquatique. Beaucoup de poissons colorés nageaient tranquillement dans l'eau chaude. L'elfe désigna les petits bassins d'un mouvement de tête.

- Les poissons sont étrangement malin par ici mais si on est assez vif, on peut les attraper. La plupart sont très bons. Tiens, prends cette branche. En la taillant en pointe on devrait pouvoir en faire une lance à peu près correct pour la pêche. -

Isa avait ramassé deux branches de belle épaisseur sur le chemin et en donna une à Silvius. Elle même tailla sa branche pour lui donner la forme voulue. Une fois cela fait, elle remonta ses manches et le bas de son pantalon et déclara la pêche ouverte avec un sourire. Elle était rapide et avait de bons réflexes mais avec les déformations de l'eau et tous les recoins dans lesquels les poissons pouvaient se cacher, l'exercice devenait plus ardus.

La jeune femme applaudit l’exploit de son compagnon, un sourire aux lèvres. Elle l’avait regardé s’élever dans le ciel avec une pointe d’admiration et d’envie. Ca devait être formidable de voler, c’était être libre en toutes circonstances. Elle ne put s’empêcher alors de se demander ce qui l’empêchait de partir en volant. Certes il devait se fatiguer au bout d’un moment mais rien ne l’empêchait de se faire un petit truc flottant pour y mettre deux ou trois provisions et de le tirer. C’était voyager léger et vite. Mais elle se douta qu’il ne l’abandonnerait pas à présent. Et elle lui était reconnaissante. La vie à la dure lui avait plutôt bien réussit et elle savait vivre seule, s’accommoder du silence et ne compter que sur elle-même. Mais quand elle pouvait être accompagnée, c’était toujours plus agréable. Et la compagnie du démon l’était encore bien plus. C’était étrange comme la vie pouvait précipiter certains moments et en rallonger d’autres. Elle avait passé des années sans personnes à ses côtés ni dans son cœur, ne pensant qu’à son propre lendemain et sans plus de considération pour le bonheur des autres que peut en avoir un bon capitaine pour son équipage ou une bonne amie pour son compagnon de voyage. A présent, c’était différent, elle n’était plus seule et sentait que sa vie ne comptait plus autant à ses yeux. Il y avait celle de Silvius qui passait avant. Celle d’un presque étranger avec qui elle avait partagé si peu de temps… Vraiment étrange.
Quand il eut pêché assez pour les nourrir tout les deux, ils reprirent ensemble le chemin du retour. Isa se sentait sereine et heureuse comme rarement. Il ne manquait que son navire pour être au paradis.

- Isa’ je voudrais m’excuser pour tout, je… non laisse moi parler, je voudrais m’excuser, vraiment !!! Pardonnes-moi… -

La belle referma la bouche qu’elle avait ouverte pour protester. C’était passé, elle n’avait pas beaucoup mieux agit que lui et après coup, ce passage de folie semblait presque nécessaire pour l’un comme pour l’autre.

- Tu dois peut-être avoir des questions sur moi, pourquoi je t’ai repoussé aussi violemment ? Pourquoi un démon s’est engagé sur ton bateau ? Etc… Et bien je suis prêt a te répondre, peu importe la question, je te répondrai… je… fin t’as compris. –

Isaya sentit son cœur se serrer. Elle ne savait pas si elle avait très envie de partir dans ce genre de conversation. Parce qu’une fois qu’on connait quelqu’un, on s’attache à cette personne, profondément. Et elle avait peur de s’enchaîner. Elle ne voulait pas renoncer à sa vie, à son amour de la mer ou à sa liberté pour suivre un homme et s’établir dans une jolie petite maison. Mais quand elle regardait Silvius dans les yeux elle devait se rendre à l’évidence : elle s’était déjà attachée à lui et même surement plus qu’elle ne l’aurait voulu. En quelques heures, entre combat acharné et nuit de tendresse, il avait prit la place au centre de son monde. Elle ne pouvait pas fermer les yeux là-dessus. Et il avait aussi le droit de savoir qui elle était. Simplement, elle redoutait ce qu’elle allait apprendre. Les ombres du passées peuvent se montrer bien cruelles avec les protagonistes du présent et la jeune elfe tremblait à l’idée que ces vieux fantômes puissent venir troubler leur paix.
Elle glissa sa main dans celle du jeune homme et se rapprocha de lui jusqu’à poser sa joue contre son bras, le regard un peu vague. Elle en avait des questions mais que ferait-elle des réponses ?

- J’ai mes secrets et tu as les tiens… Je ne sais pas si remuer là-dedans est une bonne idée mais j’imagine que si on décide de marcher ensemble sur le même chemin, il faut savoir si on pourra vivre avec le passé de l’autre. –

Elle leva vers lui ses yeux bleus si pâles. Elle détailla son visage, scruta ses traits et les grava dans sa mémoire. Elle voulait lui faire confiance, vraiment. Pouvoir compter sur lui, se laisser aller dans ses bras, se reposer sur sa présence pour se sentir plus forte, savoir qu’elle ne serait plus seule quand tout allait mal. Bientôt les océans seraient envahit par les navires d’Aile Ténébreuse et la vie des pirates serait moins douce. A ce moment, elle pourrait toujours rejoindre une personne qui comptait pour elle et auprès de qui elle serait en sécurité.

- Tu pourras à ton tour poser les questions que tu souhaites toi aussi et j’y répondrai honnêtement. Sur mon honneur. –

Ils avaient bien avancé et la grotte se trouvait non loin d’eux. Isa se tût jusqu’à ce qu’ils soient arrivés. Elle raviva les braises en mettant du bois nouveau et s’assit à côté, les genoux remontés contre la poitrine, le menton posé dessus. Elle laissa à Silvius le soin de vider et préparer les poissons pour le déjeuner.

- Alors racontes moi tout depuis le début : pourquoi es-tu entré à mon bord ? Je n’avais encore jamais reçu de démon sur mon bâtiment. Tu avais l’air d’y tenir beaucoup, c’était celui-là et aucun autre. Et pourquoi as-tu été comme ça avec moi ? Notre première nuit était comme tant d’autres pour moi, chacun ne pensant qu’à sois. Et en toi j’ai sentis comme une colère. Et hier soir… Je n’ai pas été mieux que toi, je suis vraiment désolée pour tout ce que j’ai dis, tout ce que j’ai fais, j’étais…en colère contre toi pour avoir provoqué en moi un sentiment que je ne connaissais pas. Et que je sentais dangereux pour ma liberté. Mais toi c’était pour d’autres raison. Lesquelles ? –

Elle avait parlé en fixant les flammes, sa voix se muant parfois en murmure un peu étranglé. Elle avait honte de s’être montrée si rude avec lui. Elle se souvenait de ces paroles dures qu’ils avaient échangés et elle ne comprenait pas.
* Arrête, j’ai très bien vue tes regards, tu es tombé amoureuse de moi… et si tu es si énervé c’est parce que tu te rends compte que moi j’en ai rien à foutre, je refuse de m’accrocher à toi… *
Alors pourquoi était-il revenu sur sa décision ? Sur ses sentiments ? Il avait l’air de tellement la haïr…
* Tu ne sais pas où tu vas, tu dépends de tout et de tout le monde. Ouvre les yeux à ton tour : tu es faibles et ridicule, incapable de mener ton propre chemin. Le destin te balade comme il veut. C'est pitoyable. *
Elle n’avait pas été beaucoup plus tendre avec lui. Se cogner, sur le visage et à l’âme, pour mieux s’aimer. C’était étrange.

L'heure était venue d'ouvrir son coeur, Silvius voulait qu'elle le connaisse comme personne, qu'il puisse parler et se confier sans aucunes craintes, qu'il puisse se reposer et compter sur elle dans les moments difficiles. Plus il passait du temps avec l'elfe et plus il voyait cet avenir pour eux deux, il espérait vraiment que cela aller arriver un jour. Ils marchèrent à travers la jungle en direction de la grotte main dans la main comme deux amoureux et il n'en fallait pas plus pour rendre le démon heureux.

- J'ai mes secrets et tu as les tiens... Je ne sais pas si remuer là-dedans est une bonne idée mais j'imagine que si on décide de marcher ensemble sur le même chemin, il faut savoir si on pourra vivre avec le passé de l'autre... mais j'imagine que si on décide de marcher ensemble sur le même chemin, il faut savoir si on pourra vivre avec le passé de l'autre.

Son coeur se pinça une fraction de seconde, lui qui pensait déjà que tout était claire sur la situation entre eux deux c'était trompé. La pirate n'avait pas encore décidé si elle allait le suivre où non... peu importe, le démon voyait bien comment elle le regardait et comment elle se comportait avec lui, Silvius était confiant et il se disait que même si elle ne voulait pas continuer avec lui, il pourrait surement se faire accepter dans son lit de temps en temps, c'était mieux que rien. C'est vrai que maintenant qu'il y pensait, Isaya n'avait rien dit après son petit discours sous la pluie...

En tout cas, pour son passé le démon n'avait pas de quoi s'inquiéter, il n'avait rien fait qui à ses yeux pourrait être un motif pour elle de ne pas l'accepter. Par contre son avenir... son avenir s'annonçait beaucoup plus noir.

Puis elle s’arrêta et attrapa son visage pour le regarder, l’elfe était vraiment magnifique, les deux amants se regardèrent un moment et elle finit par lui promettre de répondre aux questions qu’il poserait. Silvius la serra contre lui en la soulevant légèrement avant de reprendre la route vers la grotte, il savait que c’était la bonne…

Une fois au camp, elle s’occupa de raviver le feu pendant que lui s’installait pour préparer les poissons. Avec l’une des dagues d’Isaya, il ouvrait les poissons pour les vider. Elle profita de n’avoir rien à faire pour s’installer de l’autre coté du feu et pour lui poser les questions qu’il avait attendu. Silvius se mit à répondre aux questions en continuant de vider les poissons.

- Tout depuis le début ? d’accord. Alors je suis entré sur ton navire et aucun autre car c’est lui que l’on m’avait indiqué….

En voyant le regard étonné de la pirate, il lui raconta tout depuis le début. Le démon commença avec la mort de sa mère, son combat perdu contre Azasel, sa quête de réponse chez son oncle puis sa rencontre avec le dragon millénaire. Il n’évoqua pas Cathane et n’expliqua pas la prémonition, il évoqua simplement les grandes lignes.

Puis il se prépara à parler de la partie la plus délicate.

- Après la mort de ma mère… j’ai rencontré une femme, Cathane… elle était vraiment belle avec sa chevelure de feu, c’était la première femme qui s’attachait à moi… * il désigna sa queue et ses cornes * j’étais vraiment amoureux d’elle, elle ma donné confiance en moi et ma soutenu un moment…. * il lui expliqua ensuite comment il l’avait perdu et comment elle l’avait remplacé en quelques semaines * … c’est pour ça que j’étais en colère contre toi, elle ma énormément fait souffrir et je sentais mon cœur s’attachait à toi comme ça avait été le cas avec elle auparavant… donc je voulais tuer ce sentiment dans l’œuf… c’était stupide, vraiment stupide... * il marqua une petite pause et n’osait pas levait les yeux de son poisson * mais comment tuer un sentiment aussi fort hein ? j’étais aveuglé par ma colère contre Cathane… je refusais de souffrir et d’aimer dans le vide une nouvelle fois… mais avant même que je m’en rende compte, tu avais déjà franchis toutes les barrières que je pensais avoir érigé autour de mon cœur…

Il se sentait complètement nu après son récit, le démon était mal à l’aise et ne regardait pas l’elfe…

- Tu avais raison en disant que le destin me balade comme il veut… je ne suis pas assez fort pour prendre ma propre route… je ne fais que suivre une prophétie…


Son cœur se pinça, il n’était pas assez fort pour protéger ceux qu’il aimait… et pas assez fort pour mettre fin à sa quête de vengeance en tuant Azasel… Silvius honteux préféra se concentrer sur sa tache, après avoir vidé les poissons, il les roula dans des grandes feuilles avant de les mettre au dessus du feu. Il se posa à coté de l’elfe avant de lui poser à son tour des questions.

- Maintenant… parle moi de ta famille, parle moi de la Isaya que tes hommes ne connaissent pas… * il regarda le feu en essayant de sourire * tu m’a dis que les elfes ne pouvaient aimer qu’une seule fois… c’est vrai ?

Que pensait-elle de lui maintenant… ? Silvius était loin du puissant démon, il ressemblait plutôt à un homme perdu qui ne réussissait rien… mais peu importe, il se concentra sur la réponse de la pirate.

La jeune femme l'écouta d'un bout à l'autre sans faire de remarque. De toute façon, qu'aurait-elle put dire ? Il avait eut une vie avant elle et il était bien normal qu'il ait eut d'autres amours. Elle n'allait pas lui en vouloir pour ça, elle qui vivait comme un bâton de chaise depuis qu'elle était entrée dans le monde de la piraterie. Aussi se contenta-t-elle de fixer les flammes qui dansaient devant elle, s'imaginant une femme à la chevelure embrasée. A quoi pouvait-elle bien ressembler ? Avait-elle aussi un tempérament de feu ? Ou au contraire était-elle ce qu'Isa ne pouvait pas être: calme et douce ? Dans cette courte et malheureuse histoire qu'avait été celle de leur amour, la jeune pirate ne savait pas qui, entre ces deux là, avait le plus à porter la faute. Surement les deux à la fois. Mais comme ils devaient tous deux avoir souffert, peut-être que ce n'était finalement la faute de personne, que le sort avait simplement décidé que cette rencontre n'était pas la bonne. Isaya voulait croire en ce hasard qui faisait parfois bien les choses sans qu'on s'en rende compte. Si Silvius n'avait pas souffert, s'il n'avait pas fuit vers la mer alors surement ne l'aurait-elle jamais rencontré.

Quand il s'assoir à côté d'elle, elle s'appuya doucement sur lui sans cesser de regarder les flammes qui à présent enrobaient leur poisson. Sa famille ? Celle qu'elle était et que ses hommes ne connaissaient pas ? Un sourire vint fleurir le joli visage de la belle. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait plus pensé à ce qu'elle avait laissé derrière elle en prenant le large. Cela faisait même des années qu'elle n'avait plus posé le pied sur le continent.

- Je n'ai pas une vie trépidante. Enfin, avant d'entrer dans la piraterie surtout. Mes parents sont marchands. Je suis née et j'ai grandi à Drayame, comme la plupart des elfes. Mais je n'arrivait pas à m'intéresser aux arts comme les autres ou au métier que voulait m'inculquer mes parents. J'aimais manier une lame, donner des ordres, vivre libre et comme je l'entendais. Mais ça ne leur a pas beaucoup plut. -

La jeune elfe poussa un soupir. Elle continuait d'écrire régulièrement à ses parents. Dans l'un des ports qu'elle avait l'habitude de fréquenter il y avait un pigeonnier qui pouvait délivrer les missives dans presque tout Terra. Les oiseaux étaient tous robustes et pouvaient parcourir des lieux en une journée. Elle attachait sa lettre à la patte de l'un d'entre eux et pour une pièce d'or elle pouvait le libérer dans le ciel. A sa visite suivante, elle prenait des nouvelles de l'oiseau et d'une réponse qui jamais ne venait. Elle avait finit par se résigner. si les premières années sa mère pouvait lui écrire quelques lignes, à présent elle ne prenait peut-être même plus la peine de lire ses lettres...

- Je suis restée silencieuse des années entières, à apprendre sagement ce qu'on m'imposait. Mais j'ai cédé et je suis partie, tout simplement. Je n'ai jamais souhaité me battre avec mes parents, je suis leur seule enfant et ils m'ont donné tout ce qu'ils pouvaient. Mais ma vie n'était pas à Drayame. J'ai commencé en travaillant sur d'autres navire et un jour j'ai rencontré Kall. C'est un homme merveilleux et surement ce que je pourrai nommer comme mon meilleur ami. J'ai acheté la Fille de Lune pour presque rien mais c'est un bijou que certains maintenant convoitent. J'aime me battre mais pas tuer. Assassiner n'est pas utile quand l'ennemi se rend ou est mit KO et je ne tolère pas les meurtrier à mon bord. - Elle sourit en pensant que tout cela, elle ne l'avait jamais raconté. Ni ce qui suivait. - J'aime les enfants plus que je ne devrais, j'adore jouer de la harpe et de la flute mais je n'ai plus ni l'un ni l'autre depuis longtemps et je crois que mes hommes ne pourraient pas apprécier la musique elfique comme il faut. -

Isa posa prit la main de Silvius d'un air distrait et s'amusa un instant à lier ses doigts aux siens.

- Les humains peuvent aimer d'un amour sincère et profond plusieurs personnes dans leur vie. Mais les elfes ne peuvent pas s'attacher plus d'une ou deux fois. Les cas contraires sont rares. Alors oui, c'est vrai. -

Elle n'avait pas besoin d'ajouter que s'il lui brisait le cœur, ce serait de façon définitive et irrémédiable.