Vous connaissez l’histoire de Mixal qui rencontre un démon ? Non ? Eh bien, voilà pour vous l’occasion de l’apprendre ! Tout commença avant que le Suniage ne se mette à travailler en compagnie de son cousin pour faire prospérer sa taverne, quand il cherchait encore du travail ici et là, faisant du porte à porte pour proposer ses services au premier venu. Sauf que ce coup-ci, la porte devant laquelle il se trouvait était défoncée, et pas d’un simple coup de pied. Cet état de fait laissa Mixal perplexe durant de longues minutes. Avait-il le droit d’entrer, ou était-ce bien trop impoli de la faire sans y être invité ?
Finalement, le mage pénétra dans la bâtisse. Son questionnement l’avait poussé à conclure que, si le propriétaire n’avait pas remplacé sa porte, c’est qu’il n’avait pas besoin d’un tel artifice et appréciait la venue impromptue des gens. Il était donc rentré, se disant qu’il préviendrait le maître des lieux qu’un comportement comme celui-là pouvait entraîner pas mal de dangers, comme l’entrée de voleurs ou de personnes aux intentions hostiles. Il s’avança dans un petit couloir, un grand sourire qu’il croyait rassurant aux lèvres.
Sourire rassurant dont le seul occupant encore en vie de la maison n’avait que faire. Après tout, qu’est-ce qu’une créature de deux mètres, ailée et cornue, aux dents plus que pointues et du sang au bout de ses griffes se trouvant elles-mêmes au bout de ses énormes mains et aux yeux brillants de haine et de violence pouvait ressentir en voyant une telle expression faciale ? La réponse est simple, la même chose que Mixal en voyant la scène d’une famille de trois personnes déchiquetée dans le sens propre du terme, une incompréhension totale. Sauf que pour le démon, ce n’était pas quelque chose d’habituel.
Mine de rien, cette incompréhension et ce visage continuant de sourire bêtement sauva la vie de Mixal, la créature maléfique ne sachant pas trop quoi faire. Un sentiment désagréable, mais qu’il n’avait jamais connu et voulait connaître un peu plus longtemps. Certes, à nos yeux il est inconcevable de vouloir une telle chose, mais il s’agit d’une race parfaitement différente qui ne réagit pas forcément de manière rationnelle pour nous. La preuve en était qu’il venait de trucider cette famille pour le simple fait que leur maison reposait sur un ancien glyphe d’invocation. Chose qui, je l’espère tout du moins, n’est pas dans vos habitudes.
Enfin bref, tout se passa dans le silence le plus total. Les regards qu’ils se jetaient étaient parfaitement différents, et assez étonnants au vu de leur situation à chacun. Le Suniage regardait la monstrueuse créature d’un air heureux. Il avait en effet trouvé quelqu’un qu’il allait pouvoir aider, peu lui importait qu’elle soit humaine ou démoniaque. Le démon, lui, avait un regard presque effrayé. Car, même s’il n’en était rien, ses pensées avaient déviées sur le fait que son opposant se devait d’être infiniment puissant pour lui inculquer un ressenti dont il n’avait pas encore la connaissance.
Attardons-nous sur le cas du jeune mage, dont les actes suivants seront bien plus intéressants que l’inactivité dont fera preuve la monstrueuse et violente créature. Il ne lui fallut pas forcément bien longtemps pour trouver une manière dont il pouvait se rendre « utile » : débarrasser la pièce des cadavres incriminant son nouveau patron. Une courte réflexion d’une dizaine de secondes, et Mixal avait déjà les bases du sort qu’il allait utiliser. Ce qui était fort impressionnant, avouons-le. Ce qui l’a moins été était le fait qu’il se ne donna pas la peine de compléter ces fameuses bases.
Il récita donc la très courte formule, sous le regard intrigué et inquiet du démon, poussant un grognement de questionnement de circonstance. Et que s’est-il passé, d’après vous ? Vous serez surpris d’apprendre que tout se déroula très correctement. Les quatre corps se mirent petit à petit à fondre, se transformant en une simple flaque d’eau. Les plus attentifs d’entre vous auront peut-être été étonnés, ou au contraire pas du tout de voir que quatre corps auront fondu, alors que la famille ne comptait que trois membres. Je suppose pourtant qu’il ne vaut pas la peine de vous expliquer pourquoi Mixal ressortit de la maison, tout perdu et les pieds mouillés, à la recherche d’un nouveau patron.