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Douce dame jolie [Terminé] | |
| Ven 24 Avr - 15:56 | | | | Il pleuvait un peu, ce matin-là. Une averse de printemps, silencieuse et tiède, qui tombait en rideaux fugaces sur les champs encore nappés de brumes. L’aube se levait à peine, mais déjà s’annonçait la douceur d’un jour tranquille, sillonné par le chant des oiseaux. Joreth s’était levé très tôt pour aller relever ses pièges et profiter de la tranquillité de l’aube. Sa mère n’était même pas encore debout quand il s’était glissé hors de la maison et avait pris avec lui quelques provisions pour la matinée, emmenant ses chiens et son cheval, en silence, jusqu’à l'extérieur.
Là, les uns et les autres, ébroués d’un sifflement vif, avaient pris leur élan et couru longtemps dans les friches hérissées d’herbes rêches ; quelques instants d’ivresse fugitive dans la course, au son mat des sabots du cheval qui s’enfonçaient parfois dans la terre meuble pour en arracher des poignées d’herbe grasse, quelques moments d’une simplicité parfaite sous le grand ciel gris, chargé de nuées d’encre sombre. La pluie légère lui fouettait le visage, emplissait ses poumons d’un air frais, vif et piquant comme un vin nouveau, tout plein des odeurs de sève et de terre qu’exhalait la végétation autour de lui.
Tout se réduisait à de simples équations, alors. Le galop du cheval sur le sentier, la course furieuse des chiens autour de lui, les souffles lourds, les halètements, et tout le camaïeu gris, brun et vert du ciel et de la campagne encore endormie, la lumière fugace et tamisée qui allait en grandissant et en emplissant la grisaille... Le monde était si évident quand il n’y avait plus que cela, quand il n’y avait plus d’avenir et encore moins de passé, juste un présent infini qui s’étirait dans une course interminable entre le sol et le vide, entre deux absolus où il n’était plus rien.
Mais à vingt ans comme à cent, on ne peut arrêter le temps et très vite, la magie de l’aube s’effaça et s’en fut pour laisser place à la lumière uniforme et mate d’un jour de pluie. Les champs, les bosquets, les vergers et les cultures s’étendaient à perte de vue, dépenaillées et brunies par l’hiver, mais beaux encore dans leur austérité que venait déjà égayer les prémices du printemps qui semait des touches de verdure tendre et d’herbe nouvelle un peu partout. Les oiseaux s’égayaient en pépiant dans les broussailles, quelques merles picorant les parcelles fraîchement labourées, et un couple de chevreuils sortis des arbres fila en bondissant à travers les halliers. C’était joli, oui, dommage seulement qu’à force de ne voir que ce paysage paisible et riant, Joreth s’en soit lassé. Il n’était pas ignare et savait quelle valeur inestimable avait pour certains cette vue bien ordonnée et tout à fait épargnée par les ravages de la guerre. Pourtant, ça n’était plus assez, pour lui.
Tournant bride, il redescendit la faible pente de la colline d’où il avait observé les environs et s’en fut vers les haies et les bosquets qui ponctuaient le doux modelé des champs vallonnés pour relever ses pièges et garnir ses gibecières d’une abondance de petits animaux à plumes et à fourrure qui viendraient égayer l’ordinaire plutôt frugal, ces derniers temps.
Ce faisant, la matinée passa bien vite et lorsqu’il fut l’heure de reprendre le chemin de la maison, il se hâta vers la grande route qui passait au loin, au cas où il y aurait quelques voyageurs avec qui partager un brin de causette et demander des nouvelles avant le déjeuner. Il fallait un long moment pour rejoindre cette voie qui passait au large du domaine et drainait, comme un grand fleuve, toutes les sentes et les chemins depuis le Gué d’Avara jusqu’aux autres terres qui ne lui appartenaient pas. Souvent on y voyait passer des caravanes de marchands et nombre de pèlerins, d’itinérants, de journaliers désœuvrés, d’aventuriers divers et variés. Saskia n’aimait pas que ses enfants aillent frayer avec ces gens, car, disait-elle, même s’il était de leur devoir de venir en aide et d’héberger toute personne qui le demandait, la prudence restait de mise. De drôles d’oiseaux sillonnaient ces terres, disait-on, et par les temps qui couraient, on ne pouvait être sûrs de rien.
Joreth ne l’entendait jamais de cette oreille néanmoins, poussé par la fougue de la jeunesse et le goût de ces rencontres qui lui apportaient toujours quelque chose de nouveau. Gardant ses chiens près de lui, il croquait distraitement dans une vieille pomme fripée quand il guida sa monture le long du talus escarpé qui surélevait la route par rapport au niveau des champs. Il n’y avait personne à l’horizon, mais il reprit sans se presser la route du Gué, distinguant dans le lointain le ruban miroitant de la rivière au bord de laquelle le village venait se nicher. Le temps s’était peu à peu éclairci et malgré le ciel encore grisaillant, on sentait le soleil poindre derrière les nuées et tarir le flot de la pluie douce qui reflua bientôt vers le lointain. Il faisait bon malgré l’humidité résiduelle, si bien que Joreth défit son lourd manteau et ne garda que sa chemise dont le lin écru se soulevait dans la brise, dévoilant la belle musculature du jeune homme à travers l’encolure grossièrement lacée.
Vu de loin, il devait avoir fière allure, c’était certain : ses longs cheveux bruns flottaient dénoués sur ses épaules larges et il se tenait avec cette élégance nonchalante qu’ont les excellents cavaliers, sa cape jetée le côté tandis qu’il tenait les rênes d’une main gantée. De plus près néanmoins, on voyait que ses vêtements n’étaient pas si riches qu’il n’y semblait au premier abord ; de bonne qualité certes, mais un peu trop raccomodés, un peu trop usés pour dénoter d’une fortune conséquente et en vérité, il avait tout du fils de petite noblesse, fier comme un pape, mais un peu trop sauvageon pour prétendre à plus qu’un titre de châtelain. Joreth exprimait non sans fierté la modestie de ses origines : après tout, il était bien la preuve qu’on pouvait être bien éduqué et compétent sans être né avec une cuillère en argent dans la bouche.
Finalement, au détour d’un lacet de la route, il aperçut quelqu’un, et pour tout dire, dans la lumière pâle et cristalline du jour, on aurait presque cru à une apparition. Le chemin qu’ils suivaient contournait un bosquet d’arbres encore chargés de feuilles mortes qui la tinrent un moment dans leur ombre, ne laissant entrevoir, à la distance où se trouvait Joreth, qu’un dos gracieux enveloppé d’un riche manteau, et la cascade brillante d’une longue chevelure. Les yeux fixés sur le ruissellement des mèches brunes, il la vit se dessiner à la lumière qui s’accentua un peu plus lorsque le soleil dissipa légèrement les nuages, un rien plus réelle, mais pas tout à fait. Joreth hésita à presser le pas pour venir à sa hauteur ; c’était manifestement une noble dame pour ce qu’il pouvait voir de la richesse discrète du harnachement de la monture et de ses vêtements. Et une noble dame qui voyageait seule avait sans le moindre doute les moyens de se défendre, quand elle ne représentait pas elle-même une menace plus grande que tous les bandits qu’on pouvait rencontrer sur les routes. Le duché était relativement sûr en la matière, mais quand on parlait d’étrangers, on ne pouvait jamais être sûr...
Après un long moment et ne désirant pas l’effrayer ou se montrer menaçant, Joreth éperonna légèrement sa monture pour l’élancer au petit trot, jetant à dessein un trognon de pomme à ses chiens qui jappèrent joyeusement en se disputant ce maigre butin. Le tapage ainsi produit signalerait aisément sa présence à la dame, qui lui prêterait l’attention qu’elle souhaiterait : sa mère le lui avait bien assez répété, il est toujours inconvenant d’aborder les gens — et a fortiori les dames — quand ils n’ont rien demandé.
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| | Saskia Blancerf
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Ivor - Messaline - Sigrid Nilfdottir - PhalèneVitesse de réponse : Lente
| | Ven 24 Avr - 16:57 | | | | Respirer l'air de la campagne est agréable mais accompagné c'est encore mieux...
Elle avait décidé de sortir, une journée ou deux loin de la capitale. Il y avait eu une petite affaire avec la nouvelle épouse d'un de ses clients. Pour un peu sauver sa vie, elle s'était dit qu'elle se lasser de l'air urbain et qu'aller respirer celui de la campagne lui ferait le plus grand bien.
Au petit matin, elle descendit les quelques marches la menant à la conciergerie et de là, elle sortit pour prendre sa jument blanche. Elle avait revêtu une robe de couleur bleu, dont le décolleté s'arrêtait juste en dessous des épaules. Ses cheveux attachés en une longue tresse. Sa cape de couleur marron attaché par une broche en or. Un ruban noir orné son cou et deux pendant d'oreilles en diamants compléter le tableau. Elle mit des gants noirs et partit au grand galop dans la campagne environnante.
Quand elle remarqua que la matinée touchait à sa fin, elle rejoignit un chemin de campagne agréable quoique boueux. Elle avançait à présent aux pas, tranquillement perdue dans ses pensées quand un bruit d'aboiement la réveilla. Elle aperçut alors un charmant jeune homme s'approchait d'elle. Souriante, comme à son habitude, elle l'accueillit avec sa voix charmeuse et sensuel :
- Bonjour ! Je commençais à me demander pourquoi je ne voyais personne dans ces riches campagnes. Pourrais-je vous demander s'il y aurait un lieu où ma jument pourrait boire sans crainte ?
L'idée lui était venu naturellement de passer quelques heures avec le jeune homme et peut-être même de pouvoir prendre un petit déjeuner. Elle avait parlé simplement et avec cette accent qui dénotait son appartenance à une classe sociale élevée. Enfin, elle aurait bien rit si on le lui avait dit. Ses yeux n'avaient quitter ceux de son interlocuteur que pour observer la route et guider son cheval tranquillement.
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| | Tashinär
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Aricie, Lirissa et MéloziaVitesse de réponse : 1 semaine
| | Dim 26 Avr - 22:21 | | | | Joreth et ses chiens ne tardèrent pas à arriver à la hauteur de la jeune femme, laquelle sembla tout à fait ravie de rencontrer âme qui vive sur cette route déserte. Le jeune homme fut surpris, mais pas déçu à vrai dire par le joli visage qu’offrait l’inconnue.
Elle était très belle, c’était un fait, rayonnante d’une douceur suave qui donnait un éclat tout particulier à ses traits fins et très réguliers ; sa voix résonnait un peu étrangement à ses oreilles peu accoutumées aux parlers étrangers au duché de Blancval, mais il reconnut en partie la manière de parler des gens de Sents'ura. À n’en pas douter, et s’il s’agissait bien de diamants qu’il voyait à ses oreilles, la demoiselle était de bien plus haute noblesse que quiconque à des lieues à la ronde, mais cela ne pouvait suffire à saper l’aplomb du jeune homme qui, bien que méfiant du fait qu’une dame de cette qualité se promène sans escorte, se savait ici chez lui.
— Le bonjour, ma dame. La fin de l’hiver n’est pas un temps idéal pour voyager, lança-t-il d’un ton chaleureux, après avoir intimé à ses chiens de se calmer. Une chance que je sois passé par là, vous auriez pu courir des lieues avant de croiser âme qui vive.
Il courba légèrement le buste pour saluer, manœuvrant habilement sa monture qui ne semblait guère apprécier la proximité de celle de la dame.
— Il y a un cours d’eau non loin où vous pourrez l’abreuver, reprit-il en indiquant un miroitement lointain, dissimulé à demi par une rangée de peupliers dénudés.
Tirant sur ses rênes, il fit faire demi-tour à son cheval pour emprunter une sente qui dévalait le talus vers les basses terres et serpentait entre les champs et les halliers. Le jeune homme prit soin de rester à la hauteur de son invitée, et de la précéder légèrement de façon à ce qu’elle n’ait pas de problème si elle ne parvenait pas à se diriger correctement sur le terrain inégal.
— Je m’appelle Joreth, lança-t-il après un bref silence, tandis qu’ils cheminaient au pas entre les prairies à peine reverdies et les champs fraîchement labourés. Et vous, quel est votre nom ?
Ce disant, il sourit largement, et on ne pouvait lui dénier un charme certain malgré l’allure un peu rude et l’arrogance juvénile du garçon. Ses yeux bruns avaient une expression rieuse qui dissimulait à demi une attention perçante qui détaillait la jeune femme sans trop se cacher, mais sans inutile grossièreté. Plus qu’une marque de concupiscence quelconque, cela ressemblait bien plus à l’expression d’un animal qui observe un potentiel ennemi et guette au préalable chacune de ses réactions pour agir en conséquence. Saskia pouvait lui faire toutes les leçons qu’il voulait, Joreth restait toujours méfiant en présence des étrangers et l’irruption du recruteur de l’armée, quelques semaines plus tôt, n’avait rien fait pour lui adoucir l’humeur.
Néanmoins, la menace ne viendrait sans doute pas de cette élégante aristocrate qui, de toute évidence, n’avait rien trouvé de mieux que de promener son joli minois dans la campagne.
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| | Saskia Blancerf
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Ivor - Messaline - Sigrid Nilfdottir - PhalèneVitesse de réponse : Lente
| | Lun 27 Avr - 15:42 | | | | Ce jeune homme promettait beaucoup et ma jument très peu.
Il lui indiqua un court d'eau en contrebas et Tashinär craignit quelques secondes que le jeune homme s'en alla aussitôt sans la guider. Mais il n'en fit rien et lui montra le chemin en se plaçant légèrement devant.
Elle avait noté l'impression qu'elle avait fait sur le jeune homme. Néanmoins, elle était surprise car il ne montrait pas d'adoration ou d'autre signe qui lui prouverait un quelconque pouvoir. Cela la vexa un peu et ne l'aida pas à être plus tendre avec sa jument rebelle qui semblait vouloir en terminer avec l'existence de son congénère. Elle répondit un peu rapidement tout en évitant que jument envoie un coup de patte en direction de son voisin :
- Tashinär, ravie.
Elle n'aimait pas cette situation qui la mettait tout sauf à son avantage. Sans être une cavalière de renommée, elle savait maîtriser sa monture et elle se débrouillait même très bien pour une jeune femme qui ne montait que très rarement à cheval puisqu'en ville, elle se déplaçait à pied ou alors dans un véhicule.
Plusieurs fois, elle prit appui sur Joreth. D'ailleurs ce nom lui plaisait bien et elle s'imaginait déjà en train à le prononcer dans une certaine situation...quand sa jument commença à faire des siennes. Elle cabra, galopa, piqua et fit tomber sa cavalière.
Celle-ci vola un court instant, par dessus sa jument, avant de finir par terre, sa tête rencontrant la terre molle et boueuse avec le reste de sa tenue. La chute était d'une telle élégance, qu'un oiseau qui passait par là, s'arrêta et voulu poser sa marque sur ce charmant décor. Par chance pour notre oiseau loupa sa cible. Elle resta un moment sonnée, avant de se retourner et de parvenir à s'asseoir. Elle enleva la boue de ses yeux bleus et du reste de son visage.
Pendant ce temps, la jument était partie à travers champ jusqu'au cours d'eau où elle s'arrêta pour continuer à gambader très loin de sa propriétaire qui était en train de reprendre ses esprits et essayait de récupérer un peu de dignité.
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| | Tashinär
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Aricie, Lirissa et MéloziaVitesse de réponse : 1 semaine
| | Lun 27 Avr - 19:04 | | | | — En voilà un joli nom, répondit Joreth en souriant, tandis qu’il tendait un bras secourable à la jeune femme qui semblait avoir un peu de mal à contrôler sa monture sur le terrain boueux et inégal du sentier.
La situation n'était pas désagréable, pour l'heure. Il la soupçonna au départ de mal conduire son cheval sur les premiers mètres juste pour avoir une excuse pour rester près de lui, mais très vite, il devint évident que ce n'était pas que de la comédie. Il se méfiait encore un peu, mais elle était touchante avec cette maladresse un peu précieuse qui la faisait ressembler à une poupée de porcelaine perdue en rase campagne. Cela rappela fort opportunément à Joreth qu'il ne pourrait décidément pas s'attacher à une femme qui n'aurait pas en commun avec lui l'amour des grands espaces, des chevauchées et du grand air.
Ceci dit, cela n'enlevait rien au charme certain de Tashinär, même s'il en était à se demander ce qu'elle faisait hors de chez elle tant elle semblait peu à son aise, ici.
La jument avait décidé de n’en faire qu’à sa tête, sans doute effrayée par le voisinage des chiens et du cheval que montait le jeune homme, et ce fut à un point que Joreth n’imagina pas jusqu’au moment où la bête décida de s’élancer sans prévenir jusqu’au ruisseau, laissant sa cavalière s’écraser le nez dans le fossé. Passé le très bref instant d’hilarité horrifiée qui suivit la chute gracieuse de la jeune femme, le jeune homme se précipita pour l’aider à se relever. Tant pis pour ses jolis atours, le fumier et la terre ne pardonnaient pas, pas plus que les empreintes de pattes sales des mâtins qui avaient devancé leur maître et reniflaient amicalement le visage et les jupes de Tashinär
Sans fournir apparemment le moindre effort (même si ses bottes s’enfoncèrent un peu trop dans le sol), Joreth l’aida à se relever et prit soin de la soutenir par les épaules pour lui éviter une nouvelle chute si elle ne tenait pas debout.
— Dieux ! s’exclama-t-il. J’ignore ce qui lui a pris, peut-être est-ce ma faute, j’en suis navré. Les chiens l’auront sans doute rendue nerveuse.
En vérité, il avait l’air plus amusé que désolé, étant donné que cette mésaventure ne semblait causer finalement à la dame qu’une fâcheuse humiliation et quelques tâches qui ne résisteraient pas à une bonne lessive.
— Vous êtes-vous blessée ? reprit-il en continuant à la soutenir.
Il intima à ses chiens de se tenir calmes, et aida Tashinär à revenir vers une partie du sentier qui était plus stable. Ce faisant, il détourna soigneusement le regard de la vue affolante qu’offrait sa gorge découverte au milieu des plis du manteau froissé, et tourna un peu plus la tête pour ne pas respirer le parfum capiteux qui lui emplissait les narines. Ses cheveux avaient une odeur d’ambre et de miel, comme si leur teinte d’un brun soyeux, riche et doré comme un bois poli de cire jaune, suffisait à exhaler cette fragrance particulière.
Ce n’était pas la première fois que Joreth approchait une dame de si près — sa mère lui reprochait suffisamment souvent ses aventures —, mais il y avait quelque chose de différent, là. Une petite lueur au fond de son cerveau s’alluma brusquement et hulula des mises en garde et des avertissements, le genre de cerveau reptilien qui se met en marche quand quelque chose ne tourne pas rond, une alerte instinctive quand quelque chose va de travers, mais cela ne tarda pas à être englouti et noyé sous le reste de l’esprit de Joreth, qui à cet instant ne pensait à guère plus que le fait qu’il tenait une très belle femme entre ses bras, et tout ce que cela pouvait impliquer d’émois et de chaleurs soudaines.
Joreth était presque content de cette chute. Ce serait un crime de la laisser repartir dans cette tenue, et en plus, elle était peut-être blessée ? Sa mère lui décollerait les oreilles si elle apprenait qu’il avait si ouvertement dérogé à ses devoirs d’hospitalité : raison de plus pour offrir le gîte et le couvert à la ravissante inconnue. Il se sentait tout prêt à lui tenir compagnie autant qu’il le faudrait.
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| | Saskia Blancerf
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Ivor - Messaline - Sigrid Nilfdottir - PhalèneVitesse de réponse : Lente
| | Lun 27 Avr - 21:10 | | | | Je me suis quand même demander à quel point cette jument me comprenait
Joreth l'aida à se relever, la ramena tout en la soutenant. Autant dire que notre succube reprit bien vite ses esprits et commença à profiter du fait qu'elle était très proche du jeune homme. Elle l'observa tandis qu'il s'excuser et notre belle succube retint tant bien que mal son hilarité.
Elle parvint à retenir un rire en autre grâce à une légère douleur qu'elle sentait au niveau des chevilles. Elle s'appuyait donc largement sur le jeune homme, regrettant d'être tâchée d'une boue si peu harmonieuse.
- J'ai un peu mal aux chevilles, dit-elle frissonnant de froid.
Elle leva alors les yeux vers Joreth et le regarda tendrement avant de lâcher un rire musical. Ce rire était un moyen de relâcher la pression et d'oublier un peu une douleur . Elle enleva d'une main ce qui restait de boue.
Sa jument semblait avoir décidé d'abandonner sa maîtresse. Et certains paysans purent être surpris de voir une jument gambader toute seule avec une selle sur le dos et quelques robes en bagages.
Pendant ce temps, Tashinär s'appuyait sur ce jeune homme. Elle ne riait plus et demanda d'une voix douce :
- Puis-je vous demander de me laisser m'asseoir sur votre cheval, mes chevilles sont plus que douloureuses.
Et sa suggestion de départ semblait excellente puisque le temps lui-même se couvrait et qu'on pouvait entendre la pluie arrivait et voir les nuages noirs s'avançaient rapidement.
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| | Tashinär
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Aricie, Lirissa et MéloziaVitesse de réponse : 1 semaine
| | Mar 28 Avr - 1:04 | | | | Joreth dut bien s’avouer qu’il était ravi que la jeune femme se soit au moins un peu blessée en tombant : cela faisait une excuse idéale pour la garder contre lui. Elle avait l’air d’avoir froid, c’était en tout bien tout honneur, non ? Cela dit, il avait un peu froid lui aussi, ce qui était étrange, il n’avait pas ressenti cela même à l’aube ; la proximité de Tashinär, en revanche, lui procurait une très agréable sensation de chaleur dont il aurait sans doute du mal à se passer une fois revenu à la froidure pluvieuse.
— Bien sûr, répondit-il. Albanos fera moins d’histoires que votre jument, j’en suis certain.
Sur ce, il tint fermement la longe de son cheval pour aider Tashinär à monter sur la selle et lui fit galamment marchepied, quitte à se salir les chausses dans l’herbe mouillée.
— Allons quérir votre échappée, reprit-il gaiement en menant son cheval par les rênes, lui flattant l’encolure pour le rassurer.
Paisible comme à son habitude, l’animal ne sembla pas s’inquiéter d’une présence inconnue sur son dos et préféra s’intéresser à quelques belles touffes d’herbe grasse sur le bord du chemin, puis partit au pas, suivant sagement son maître. Joreth veilla cette fois à ne pas effrayer la jument avec le vacarme de ses chiens et leur intima de rester en arrière tandis qu’ils s’approchaient peu à peu du ruisseau où elle était partie boire. Le cours d’eau s’écoulait en un long ru pierreux qui s’étalait au milieu des cultures, ombragées de saules et de peupliers qui coupaient le vent des collines, peu profond et clair au milieu des graviers et des rochers moussus.
Pestant un peu entre ses dents, Joreth pria à Tashinär de l’attendre sur la rive, assez loin pour que la monture ne se sente pas menacée, et s’approcha lentement de la fugitive. Le jeune homme aimait les chevaux, encore qu’il ne soit pas assez fortuné pour en posséder beaucoup, mais il avait de bons souvenirs des écuries de son père et avait généralement un bon contact avec eux. Il n’eut guère de difficultés à faire entendre raison à la pouliche, puis la ramena vers sa maîtresse, sans cesser de la rassurer et de la tenir avec une fermeté nécessaire pour prévenir toute nouvelle incartade.
— La pluie menace, lança Joreth en observant le ciel qui grisaillait de nouveau vers l’ouest.
Le vent s’était levé et forcissait de plus en plus, charriant un froid humide qui ramenait vers eux les averses de la nuit.
— Peut-être souhaiteriez-vous trouver un lieu où vous abriter ? Je ne vis pas très loin d’ici, en nous hâtant nous y serons avant la pluie, et vous pourrez passer quelques vêtements propres.
Il lui sourit aimablement disant cela, esquissant une serviable courbette. Saskia aimait toujours recevoir des invités inopinés, même si elle avait toujours la crainte d’y voir des servants de l’Ennemi. Le plus souvent, elle préférait ne pas le savoir, en vérité, car le simple fait de poser la question pouvait la rendre suspecte. Joreth lui-même préférait ne pas s’interroger plus avant là-dessus : Tashinär était très belle, et d’une compagnie qui semblait fort agréable quand même seuls quelques mots eussent été échangés, c’était bien assez.
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| | Saskia Blancerf
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Ivor - Messaline - Sigrid Nilfdottir - PhalèneVitesse de réponse : Lente
| | Mar 28 Avr - 18:53 | | | | Qui a dit que la courtoisie se trouvait seulement dans les villes...
Elle fut donc confortablement installé sur Albanos et avec une immense délicatesse. Elle en remercia le jeune homme par une simple caresse qui semblait si naturelle dans son mouvement. Puis elle fut guidée jusqu'au cours d'eau où son preux jeune homme lui ramena sa jument qui semblait assez calme.
Il parla du temps ce qui l'amena à une proposition qui ne pouvait lui être qu'agréable. La succube sourit et répondit comme si cette proposition était inattendue :
- Je serais vraiment très heureuse de pouvoir m'abriter chez vous. Et je crains de devoir abuser de votre hospitalité pour la nuit...le temps que je puisse remarcher et monter convenablement.
Elle baissa les yeux comme gênée, ses joues prirent une teinte rosée. La demande était osée mais il ne semblait pas être le genre d'homme à laisser une femme en détresse sur la route. Et puis, un chez soi est plus intime ! Il pourrait alors, une fois la succube changée, s'adonner entièrement aux plaisirs d'une Tashinär expérimentée.
- Je ne sais, ajouta-t-elle presque aussitôt, en le regardant avec douceur, comment vous remerciez de toute votre générosité.
En arrière son, un bruit de tonnerre rappelait à ses deux jeunes gens qu'il était temps de se dépêcher de rejoindre ce fameux foyer.
Notre succube essayait d'imaginer comment pouvait être la demeure d'un tel homme. Simple, probablement, mais néanmoins pratique. Enfin, c'est ainsi qu'on parlait des maisons de paysans à la ville. Ce que cela signifiait...les humains avaient un drôle de langage dont les mots semblaient vouloir dire d'autre chose et une maison pratique faisait partie de ces associations qu'elle trouvait aberrante.
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| | Tashinär
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Aricie, Lirissa et MéloziaVitesse de réponse : 1 semaine
| | Jeu 30 Avr - 22:12 | | | | Si Joreth avait pu être méfiant, un peu sur ses gardes et pas tout à fait prêt à succomber au charme timide de la jeune femme, il se sentit fondre intérieurement quand elle rougit légèrement en lui demandant de l’héberger pour la nuit. On aurait pu dire non à une si ravissante demoiselle en détresse, et cela acheva de saper totalement les dernières réticences du jeune homme qui s’empressa de se jeter dans la gueule du loup, avec une allégresse renouvelée.
— Bien sûr ! s’exclama-t-il un peu trop vivement. Bien sûr, je serais sans cœur de vous laisser repartir sans m’être assuré que vous pourrez chevaucher correctement. Après tout, c’est un peu de ma faute si vous êtes tombée. Vous n’avez pas à me remercier, voyez cela comme une juste réparation pour le tort qui a été causé. Vous aviez peut-être d’autres projets en tête, j’imagine, j’ose espérer adoucir un peu ce contretemps.
Il sourit largement, puis attacha la longe de la jument à sa selle et reprit place sur sa propre monture, guidant tout son petit monde vers la grande route. Les chiens allaient loin devant pour ne pas effrayer encore la haquenée nerveuse, et il piqua des deux pour s’élancer à un trot rapide en espérant prendre l’averse de vitesse. Il laissa Tashinär prendre place aussi confortablement que possible sur la selle, la gardant derrière lui pour mieux mener leur monture, et fut tout à fait ravi de l’avoir aussi près de lui durant tout le trajet.
Le manoir du Gué d’Avara n’était guère loin, dissimulé derrière les épaulements herbeux de collines semées de pâturages, si bien qu’ils y parvinrent alors que quelques gouttes, promesses d’un déluge en bonne et due forme, tombaient lourdement en s’écrasant sur les pavés et dans les flaques. La demeure n’était pas très grande, mais manifestement confortable et dotée de tout ce dont ils pouvaient avoir besoin : un grand corps de logis, des ailes latérales ouvertes sur des greniers, des ateliers et des écuries, et un grand porche que l’on fermait d’une grande porte en bois solidement ferrée. Franchissant le seuil, Joreth se hâta de mettre pied à terre et de conduire les montures à l’écurie tandis que les chiens allaient s’égayer dans la cour. Ses gibiers sur l’épaule, il invita poliment Tashinär à le suivre à l’intérieur, jusque dans la grande salle où on avait laissé le feu allumé pour dissiper la froideur humide du jour.
— Bienvenue au Gué d’Avara, dit-il gaiement. Ma maison n’est peut-être pas à la hauteur de votre rang, mais j’ose espérer que vous y recevrez un accueil qui vous siéra. Ma mère est toujours ravie d’avoir des visiteurs.
Même si la présence de la jeune femme le troublait considérablement et échauffait quelques partie de son anatomie, Joreth faisait toujours preuve d’une belle assurance et se conduisait en parfait fils de bonne famille, pas particulièrement entreprenant envers sa ravissante invitée, mais de toute évidence tout prêt à répondre favorablement à tout geste de sa part. Il la faisait asseoir sur l’un des sièges qui se trouvaient près du foyer quand Saskia entra, chargé d’un panier de vieilles étoffes.
— Mais qu’avons-nous là, fils ? lança-t-elle en s’approchant.
La châtelaine fit une révérence polie devant Tashinär et interrogea son fils du regard.
— Ma mère, voici Tashinär. Elle a fait une chute de cheval à cause de mes chiens, et je lui ai proposé de rester ici pour la nuit, le temps que ses chevilles aillent mieux. Ma dame, voici Saskia, ma mère.
Le jeune homme fit tour à tour une courbette devant l’une et l’autre en faisant les présentations, évitant avec soin l’expression goguenarde de Saskia qui avait très bien saisi à quel point Joreth pouvait se préoccuper soudainement du bien-être des jolies personnes. Elle sourit poliment et salua de nouveau l’invitée.
— Tu as bien fait, répondit-elle doucement. Va donc porter tes gibiers à Tanwenn, qu’elle puisse les préparer. Tu auras tout le temps de... prendre de soin de la demoiselle, après cela.
Son petit sourire entendu ne vacilla pas quand elle regarda Tashinär dans les yeux, l’air de dire qu’elle savait très bien ce qui risquait d’arriver entre les jeunes gens. La châtelaine n’était pas hostile, loin de là, plutôt bienveillante, en vérité ; mais elle était toujours un peu prudente quand il s’agissait des étrangers qu’on ramenait sous son toit, et ne manquait jamais de manifester, par de discrets signaux, qu’il fallait toujours compter sur la vigilance de la maîtresse de maison. Joreth, pour sa part, s’empressa de se délester de ses obligations. Il savait qu’en temps normal, c’eut été à lui de s’occuper des proies qu’il avait ramenées et de les préparer pour les salaisons et la saumure, mais qu’il en avait été exempté, au moins pour aujourd’hui. Cela se paierait, évidemment, parce que Saskia ne permettait pas que l’on échappe à ses devoirs, mais pour l’heure, il avait quartier libre.
Saskia et Tashinär demeurèrent donc seules à seule dans la grande salle durant un petit moment, la châtelaine tenant poliment compagnie à l’invitée en attendant le retour du garçon.
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| | Saskia Blancerf
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Ivor - Messaline - Sigrid Nilfdottir - PhalèneVitesse de réponse : Lente
| | Ven 1 Mai - 20:08 | | | | Il était si galant...
La réponse lui plut à merveille et durant le voyage elle se serra un peu contre lui. Elle évita néanmoins de trop le serrer vu qu'elle était encore très sale. Ils arrivèrent devant une demeure plus grande qu'elle ne l'eut cru mais cela ne fut rien comparé à l'étonnement que suscita:
- Ma mère est toujours ravie d’avoir des visiteurs.
Sa mère ! Il vivait avec sa mère ! Elle qui espérait tombé sur un homme célibataire au pire un homme marié, elle devait détourner l'attention d'une mère pour avoir le droit à un petit-déjeuner ! Bon, eh bien on verra ce qui arrivera. Elle récupéra rapidement un sac contenant une robe propre.
Et la mère fut comme prévu une femme qui connaissait les hommes et qui savait très bien à quoi s'en tenir concernant son fils. Une fois celui-ci partit, Tashinär passa sa cape par devant elle et se changea. Sa nouvelle robe était de couleur verte, plus simple en mousseline. Elle n'avait rien pour la distinguer parmi tant d'autre mais sur la succube la robe semblait être un bien précieux. Elle replia la robe sale et la rangea dans ce même sac.
Elle observa alors la mère. Elle devait être belle dans sa jeunesse, comme disait tellement d'humain. Pour sa part, Tashinär avait l'impression de se retrouver devant une femme capable de la réduire en charpie si elle osait toucher un seul cheveu de son fils. Elle devait néanmoins lui reconnaître qu'elle savait être imposante et se faire respecter.
Après avoir terminé de changer de tenue, notre succube se sentit capable de déclarer de sa voix mélodieuse :
- Je vous prie de m'excuser je me sentais si gênée d'entrer chez vous dans une telle tenue...Je vous remercie de votre amabilité madame et de votre générosité pour dans votre maison si charmante. Vous avez vraiment un fils charmant...
Elle rosit légèrement, détourna le regard comme si elle n'osait avouer des sentiments naissants. Elle ajouta tout simplement :
- Je ne voudrais quand même pas abuser de votre hospitalité et c'est pourquoi si je peux vous aider dans quoi que ce soit que mon état...couture ou tapisserie...
Paraître gênée comme inhabituée à tant de faveur pourrait peut-être la laisser en vie quelques temps avant qu'on ne sache qu'elle est une succube.
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| | Tashinär
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Aricie, Lirissa et MéloziaVitesse de réponse : 1 semaine
| | Dim 17 Mai - 23:07 | | | | Joreth n’avait pu s’empêcher de rire un peu quand il crut distinguer comme une surprise chagrine dans les yeux de la dame, à la mention de sa mère. Il se savait devenir vieux garçon, allant sur ses vingt ans et point encore marié, et flanqué d’une génitrice qui avait eu le tort de ne point mourir jeune ; parfois cela rebutait quelques belles de passage et autres dames de plus ou moins bonne naissance qu’il se plaisait à courtiser, mais baste, on ne change pas sa lignée pour les beaux yeux d’une galante, quand même.
Et de fait, il fut bien conscient du léger malaise que pouvait provoquer la présence de Saskia auprès de la jeune femme, mais dans une maison comme celle-là, la solitude n’est qu’une notion lointaine et on ne grappille guère que quelques moments d’intimité, au milieu des domestiques, des métayers et de sa propre famille, fut-elle réduite à sa plus simple expression.
Tashinär semblait néanmoins être familière de ces us, comme le constata Saskia en la voyant s’écarter un peu pour changer de robe. Elle veilla à ce qu’aucune paire d’yeux indélicats ne la dérange, détournant elle-même le regard, plus par convenance que par réelle pudeur. Une accoucheuse passe bien souvent au-delà de ces considérations, elle eut brièvement l’image de la beauté juvénile et intacte de la jeune femme, de quoi faire jalouser n’importe quelle bonne femme de son âge... Qu’elle en profite donc !
La châtelaine offrit un sourire aimable à son hôtesse quand elle eut achevé de passer une tenue plus convenable, puis fit une de ses courbettes polies avant de s’asseoir près du feu pour quelques travaux de couture.
— Nous ne sommes pas grands seigneurs au point de refuser les habits crottés, dit-elle en riant. Ne vous formalisez pas pour si peu, de grâce.
Son regard se fit un brin plus perçant, trahissant celle qui était coutumière des élans du cœur et des timidités juvéniles, mais son sourire ne vacilla pas quand elle parla de Joreth.
— Un brave gars, sans aucun doute, commenta-t-elle, l’air de rien.
C’était qu’il avait son petit succès, le gredin. Il prenait garde, néanmoins, car la menace de voir sa mère lui décoller les oreilles en cas d’incartade grave ou de bâtards semés à tous les vents était souvent suffisante pour réfréner les assauts du jeune homme, jusqu’à ce qu’on lui trouve une épouse, en tout cas. Cela ne l’empêchait aucunement de prendre un peu de bon temps quand il en avait l’occasion, et il ne manquait jamais de tourner autour de tous les jolis minois de son âge qui traversaient le domaine.
Saskia eut un autre de ses sourires rayonnants de bienveillances, et s’abstint de toute parole superflue à propos des jeunes gens. Elle rit, un peu, sans méchanceté aucune, lorsque la jeune femme lui proposa de se rendre utile :
— N’en faites rien, ma chère. Ce n’est pas à vous de gagner le gîte et le couvert, c’est mon fils qui vous a invitée et c’est à lui de faire le nécessaire.
Elle ne put s’empêcher d’observer les mains longues et lisses de la jeune femme, des mains de porcelaine et de nacre qui n’avaient pas servi à grand chose, sans doute.
— Il serait dommage d’user vos jolis doigts à autre chose que des travaux d’aiguille, de toute manière, et je n’ai rien de guère délicat à vous confier.
Ce disant, Saskia lui montra le panier de vieilles toiles rêches qu’elle reprisait, vieux vêtements, sacs de provisions, rien de bien élégant, dans tous les cas. Il y avait toujours une sorte de mesquinerie aigrelette qui poussait la châtelaine à s’enorgueillir de ses travaux les plus humbles devant plus riches et mieux nés qu’elle, comme si c’était ainsi qu’elle se rappelait de son importance, et de sa valeur.
Joreth revint rapidement, motivé par la perspective de passer du temps en charmante compagnie, et s’empressa de prendre congé de sa mère pour aller proposer une courte promenade jusqu’à un lieu discret et fort opportunément abrité où il y aurait tout à fait lieu de faire plus ample connaissance, et plus si affinité. Il ne reprit le chemin de la demeure qu’au crépuscule, au bras de Tashinär, bien évidemment. La table était dressée pour le souper, et sa mère, ainsi que la jeune Mélisande, y étaient déjà attablées avec la servante et quelques métayers. Les chiens rongeaient un os sous la table et même si on était loin du confort d’une maison aristocratique, il était évident que la famille Blancerf ne mourait pas de faim et ne manquait rien, malgré la simplicité de leur cadre de vie. Saskia accueillit aimablement les jeunes gens et se priva de tout commentaire à leur sujet, même si les yeux de la sœur de Joreth brillaient d’un amusement moqueur, et que parmi les autres personnes de la tablée, on se douta bien évidemment de ce que pouvaient faire deux jeunes gens de leur âge qui s’étaient isolés tout un après-midi.
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| | Saskia Blancerf
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Ivor - Messaline - Sigrid Nilfdottir - PhalèneVitesse de réponse : Lente
| | Lun 18 Mai - 13:12 | | | | La mère était particulière
La mère lui répondit avec une douceur et une amabilité condescendante que notre succube n'appréciait pas. Elle observa ses mains et regarda celle de la femme. Il y avait en effet une nette différence. Tashinär sourit doucement. Cela la faisait bien rire d'être une riche demoiselle, traitée comme une noble...elle qu'on traitait de tous les noms.
Le fils revint et l'emmena dans un lieu isolé. Tashinär prit soin de prendre son temps et de discuter longuement. Elle prenait un malin plaisir à jouer les douces prudes qui ne veulent pas se donner mais qui faiblissent et finissent par se livrer entièrement à l'ennemi. Elle veillait à l'encourager, à céder quand il semblait en avoir besoin. Lui montrer des brèches pour se défendre ensuite.
Puis, enfin, elle céda et lui donna le meilleur d'elle-même. Elle se montrait alors dans toute sa splendeur, mettant en avant tout son art au service de son bien être. Elle ne lui laissait que très peu de répit et prit tout son temps pour un long repas. Le jeune homme avait l'avantage de la fraîcheur mais il n'avait guère plus de goût que ses congénères. Mais bon, c'était un humain, il ne fallait pas s'attendre à un grand plats de chef.
Ce n'est qu'en voyant le soleil rejoindre l'horizon que notre succube dut se rhabiller. Elle le fit rapidement, lui jetant de rapide coup d'œil de satisfactions et quelques sourires accompagnaient de petites rougeurs. Enfin, à son bras, elle revint vers la maison. S'apercevant qu'on avait dressé le couvert, elle comprit qu'elle allait devoir s'en sortir comme elle pouvait.
Elle s'installa et craignit le pire. Comment allait-elle faire ? Son corps n'était pas fait pour recevoir de la nourriture. Pas le moins du monde. Il fallait trouver un moyen et rapidement. Elle prit donc son couvert et le lâcha un peu bruyamment. Se tournant vers Saskia :
- Pardonnez-moi, mais je suis éreintée. Je n'ai même pas faim, pourrais-je aller m'allonger ?
On ne lui avait pas montré de chambre ou de lit. Elle pria fortement intérieurement pour qu'une solution se présente rapidement. Elle baissait les yeux comme honteuse de sa faiblesse et par chance, la lumière ambiante la faisait paraître suffisamment pâle pour que la situation paraisse crédible.
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| | Tashinär
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Aricie, Lirissa et MéloziaVitesse de réponse : 1 semaine
| | Jeu 28 Mai - 14:52 | | | | Joreth affecta de ne pas remarquer quelques regards égrillards qui se posaient sur lui, comme sur son aimable compagne, et qui ne manquèrent pas de remarquer, qui une mèche échevelée où s’était coincée une feuille ou un brin d’herbe, qui un faux pli mal lissé, qui un bouton refait à la hâte. Il feignit la plus outrageuse des innocences, même quand on lui fit remarquer qu’il avait sans doute fourni beaucoup d’efforts pour s’attabler si gaillardement pour attaquer son copieux repas. Une once d’inquiétude lui troubla néanmoins la mine quand Tashinär sembla se sentir trop mal pour rester dîner.
Il esquissa un geste envers elle, mais sa mère fut plus rapide que lui et lui adressa un petit signe de tête qui indiquait qu’elle prenait les choses en main. Il en conclut à l’un de ces dérangements dont souffraient parfois les dames et se tint coi, sachant bien qu’il était inutile de protester quand Saskia décidait quelque chose, surtout quand cela concernait la santé d’une femme.
— Bien sûr, mon amie, je vais vous accompagner à votre chambre, lança la châtelaine en prenant d’autorité le bras de la jeune femme pour l’aider à monter l’escalier grinçant qui amenait à l’étage. Tanwenn, monte-nous un peu de bouillon et un bol de la tisane dans le pot en grès, je te prie.
Il y avait dans les gestes et la voix de Saskia un subtil mélange d’autorité, de force et de douceur aimable qui rendait presque impossible toute tentative d’évasion. Elle était plutôt costaude, vue de près, petite certes, mais tellement bien charpentée et assurée que vouloir lui résister aurait été aussi vain que de rester debout devant la marée. Elle avait pris le bras de son invitée, avec une sollicitude maternelle très aimable, bousculant un peu les convenances qui auraient trouvé peu poli de l’emmener de la sorte, mais on ne pouvait que lui pardonner, après tout, quand on voyait quelle tendresse il y avait dans la rudesse tranquille de son visage.
Un couloir obscur s’ouvrait sur le palier de bois ; quelques pièces, entrouvertes, à peine quelques chambres et un escalier vers le grenier : là encore, la richesse n’était pas flagrante, mais à tout le moins avaient-ils les moyens d’avoir au moins deux pièces pour dormir, en sus d’une autre pour les invités et les malades. Là, un lit profond au matelas de paille odorante était pelotonné sur un sommier de vieux bois blanc. Une flambée réchauffait l’atmosphère un peu humide de la petite chambre aux murs couverts de tapisseries un peu maladroites, sans doute tissées par la maîtresse de maison elle-même. Quelques fleurs séchées, un coffre de linge et quelques objets sans valeur égayaient le reste, tandis que la jonchée fraîche du sol crissait sous les pas et embaumait une odeur de joncs secs et de lavande.
— Allongez-vous, ma fille. Un peu de repos vous fera du bien.
Saskia fit asseoir Tashinär sur le rebord du lit, et tira du coffre plusieurs chaudes couvertures de laine encore pleines de l’odeur des moutons et de la teinture. Elle vérifia que la petite fenêtre aux carreaux verdâtres était bien close, et invita son invitée à se mettre à l’aise.
— A-t-on idée d’aller faire des fredaines dans l’herbe mouillée, reprit-elle sans aucune méchanceté, mais avec ce ton gentiment réprobateur qu’aurait une mère avec son enfant. Un coup à attraper la mort, ça. Mon Joreth est un sacré gaillard, mais il faut bien savoir lui tenir tête parfois, difficile de rendre raisonnable un gars de cet âge.
Saskia arrangea quelques petites choses dans la pièce et tisonna le feu, puis reprit :
— Comment vont les chevilles ? Elles n’ont pas l’air gonflées, je n’ai pas vu de contusions, vous irez bien mieux demain, sans aucun doute. J’entends Tanwenn qui monte, vous allez pouvoir boire un petit quelque chose, ça n’est pas bon de se coucher le ventre vide quand on a chevauché tout le jour !
La servante poussa la porte, chargée d’un plateau qu’elle posa sur le tabouret près du lit. Un grand bol de soupe fumait allègrement et répandait une bonne odeur de viande et d’herbes chaudes, et une tisane verte où surnageaient quelques feuilles froissées et des boutons de souci clapotait dans un joli pot d’étain martelé. Elle salua, puis sortit aussitôt, tandis que Saskia s’asseyait près du lit pour s’assurer que Tashinär était bien installée.
Pour tout dire, quelque chose la chiffonnait. C’était trois fois rien, bien sûr, mais quelque chose lui revenait : des racontars d’idiots et d’ivrognes dans les tavernes, le souvenir d’un vagabond qui avait péroré à sa table que les démons étaient partout, et sous forme humaine, à ce qu’on disait ! Zelphos avait craché sur Terra un million de ses enfants immondes, et ils se cachaient bien, les chiens. On disait que certains d’entre eux ne pouvaient absorber de nourritures terrestres. Ne pouvaient ou ne voulaient, on ne savait plus très bien, difficile de savoir où était la vérité, mais quelque chose dans l’esprit de la châtelaine se prit à dire que cette femme était un peu trop belle, et Joreth un peu trop empressé à satisfaire ses quatre volontés, quand bien même il aurait couru ventre à terre dans la poussière pour peu qu’il y eût un beau minois au bout du champ.
Mais comme toujours, Saskia décida de ne pas paniquer ni céder à d’obscures impulsions, lissa calmement sa jupe du plat de la main, et se racla la gorge avec un brin de gêne.
— Pardonnez cette question, ma dame ; mais en tant que guérisseuse, et dans le cas où vous auriez attrapé quelque mal ces derniers jours, je me dois de vous le demander : êtes-vous humaine ?
Ce disant, elle prit le bol entre ses mains et le tendit à sa patiente pour qu’elle puisse au moins se réchauffer un peu. Les yeux bruns de la femme étaient toujours aussi gais, aussi lumineux, aussi avenants ; mais une pointe de curiosité, pas malsaine, mais très vigilante, perçait dans leur ambre brun quand elle guetta la réaction de Tashinär.
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| | Saskia Blancerf
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Ivor - Messaline - Sigrid Nilfdottir - PhalèneVitesse de réponse : Lente
| | Jeu 28 Mai - 16:14 | | | | Entre la mère et le fils, j'aurais préféré le fils...
Elle lança un regard désolée à Joreth. Elle aurait bien aimé un jeune homme avec qui elle aurait pu avoir un autre repas mais elle du se contenter d'une mère. Elle lui obéit plus parce qu'elle sentit que cette tendresse maternelle, ce cœur immense et généreux n’apprécierait pas d'être désobéi.
Elle la suivit donc à l'étage, s'installa dans le lit et prit la tisane des mains. La question tomba et Tashinär observa la mère pour essayer de deviner qu'elles pouvaient être ses sentiments à son égard.
Tashinär répondit alors très simplement :
- Je suis une succube, née sur Terra il y a bien longtemps. Ce qui explique que je ne me nourris pas de la même chose que vous.
Elle posa alors le bol et s'assit sur le bol du lit. Sans observait la mère, elle lui dit d'une voix froide :
- En sachant qui je suis, je suppose que vous allez me chasser. Ou alors par égard pour votre fils et ses ardeurs vous aller me garder pour la nuit.
Elle lui lança un regard légèrement provocateur. Elle était fière et elle voulait voir comment se comporter cette mère qui n'avait pas osé dire "faire l'amour". Cette mère qui semblait trop peu préoccuper par le "batifolage" de son fils. Elle n'y croyait pas. Elle avait déjà rencontré certaines mères et toutes invariablement l'avaient méprisé voire maltraité.
Elle regardait donc cette mère avec un calme olympien et attendant tranquillement sa réaction.
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| | Tashinär
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Aricie, Lirissa et MéloziaVitesse de réponse : 1 semaine
| | Jeu 28 Mai - 22:42 | | | | Les sourcils de Saskia se froncèrent, presque convulsivement, et un pli de dégoût et d’effroi lui déforma légèrement la bouche quand elle entendit le mot succube. Démon, ça. Sale engeance, murmura cette part d’elle-même qui se complaisait à distiller une haine nourrie d’ignorance à l’encontre de ceux qui avaient tout bouleversé. Au moins, il y avait une part de vrai, dans ce que disaient certains, sur la nourriture et sur le reste. Elle se sentit glacée, soudain, jusqu’à l’os, par une peur insidieuse et par la haine plus subtile encore.
Pourtant, même si on pouvait presque qualifier Tashinär de « trop belle », elle semblait tellement humaine. Sa chair était chaude au toucher, elle avait senti son souffle, et tout ce qui faisait d’un être quelque chose de vivant, quand elle l’avait soutenue dans l’escalier. Difficile de croire que c’était un de ces démons, un des mêmes qui avaient mené la guerre contre eux. Mais chez cette femme, cette succube, elle décela quelque chose de glaçant tandis qu’elle semblait abandonner les masques et les subterfuges, reposant sans y toucher le bol de tisane qu’elle lui avait tendu. Froid, si froid, l’écho de sa voix comme un givre inhumain et moqueur...
Saskia n’y répondit pourtant que par un éclat de rire qui sonnait un peu faux. Tashinär avait, au milieu de sa froideur altière, un air de défi qui était particulièrement déplaisant, comme si elle s'enorgueillissait d'avoir troussé son fils dans l'après-midi et voulait jeter cela à la face de sa mère, peut-être pour la déranger. Mais c'était ignorer que la châtelaine ne s'émeuvait pas de si peu, et avait le cœur sans doute bien mieux accroché qu'elle...
— On dirait que vous avez quelque chose à vous reprocher, à croire que je vais vous mener à la fourche hors d’ici. Vous êtes l’invitée de notre maison, et quel que soit l’hôte, il ferait beau voir que je déroge à mon devoir ! Je traite avec égards tous ceux qui demandent l’hospitalité ici.
Le sous-entendu était clair : pour Saskia, si la dame était un démon, elle était forcément du côté de l’Aile Ténébreuse, et donc, une menace potentielle pour elle et les siens, et quelqu’un devant qui il fallait bien évidemment faire profil bas.
— Néanmoins, je comprends maintenant l’attirance soudaine de mon fils... Pas le dernier pour courir tout jupon qui passe à sa portée, mais tout de même.
Cela la faisait un peu grincer des dents, quand même. Le fils de Jodhaa, mort par la faute des démons, fricoter avec l’une d’entre elles ? Il ferait beau voir, tiens, et Saskia se ferait fort de frotter les oreilles de son aîné et de lui enseigner un peu plus de prudence et de clairvoyance dans le choix de ses partenaires.
Ses mains usées tremblaient un peu, quand elle prit le bol de tisane pour, en désespoir de cause en boire une gorgée. Quelques mots franchirent ses lèvres, alors.
— Vous ne lui avez pas fait de mal, j’espère.
Il y avait de la menace, de l’espoir, de l’angoisse, dans ces quelques mots. Et au-delà de tout cela, on lisait clairement dans le regard de la châtelaine qu’elle avait peur, parce que tout ce qu’elle savait des démons ne rimait qu’avec sang et massacres, avec l’ombre de la guerre. Les souvenirs revenaient, à mesure qu’elle observait la succube en silence, son beau visage de madone tiré dans une inquiétude rampante. Les paroles, les rumeurs, les mots : les réfugiés en vagues qui venaient, s’arrêtaient, repartaient encore, les blessés et les orphelins, les veufs, les veuves, les exilés. Les démons étaient chose terrible, et en ces jours encore, on voyait parfois courir la nouvelle que des villages étaient brûlés jusqu’aux fondations pour avoir commis le crime d’avoir eu des accointances avec les rebelles.
Il y avait tant de façons différentes pour les servants de l’Aile de venir prendre ses enfants...
— Comprenez, reprit-elle en se redressant, j’ignore comment cela... Comment vous fonctionnez. On dit que les succubes mangent les âmes, la vie, la chair...
Sa voix se brisa un peu, sur la fin de sa phrase. Elle avait peur, c’était évident. Et puis, elle releva encore le nez, fièrement, comme si elle refusait de se laisser abattre et que sa force tranquille et douce comme celle d’un grand arbre lui revenait de nouveau et l’empêcher de céder à la crainte.
— Je n’ai rien contre vous, sachez-le bien.
Oh, le beau mensonge... Mais Saskia ne pouvait rien faire d’autre que de plier, courber, sourire, parce que les murs avaient des oreilles et les oreilles avaient des épées et des magies obscures pour tout ravager. Elle ne voulait pas prendre le risque de froisser une noble dame des cours princières de Sent'sura ou quelque personnage bien placé auprès de l’Aile Ténébreuse.
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| | Saskia Blancerf
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Ivor - Messaline - Sigrid Nilfdottir - PhalèneVitesse de réponse : Lente
| | Jeu 28 Mai - 23:09 | | | | Ma passion...quel orgueil !
De l'air fier de Tashinär, il n'en restait plus rien. Elle n'était que pitié devant les souffrances et la peur qu'elle semblait lire dans les traits de cette mère. Elle essayait de comprendre ce qui pouvait causer cette peur pour pouvoir la soulager.
Elle prit la main de Saskia et lui imposa, avec toute sa grâce et sa douceur habituelle, à s'asseoir sur le lit. Elle se tint elle-même à genou, devant elle et lui souriait tristement. Elle caressait cette main ridée et tremblante et lui répondit alors de sa voix mélodieuse :
- Je suis fière...enfin non mais. Je suis passionnée et irréfléchie. C'est mes plus gros défauts.
Elle laissa fuser un petit rire pour essayer de détendre l'atmosphère avant de reprendre:
- Je vous ai prise pour ces mères qui me traitent mal parce que je suis une succube et parce qu'elles ne veulent pas voir leur fils fricotaient avec moi. Elles n'ont pas peur c'est juste qu'elles prennent leurs fils pour des bébés. Mais là n'est pas le propos. Je n'ai rien fait à votre fils même s'il est vrai que je me suis nourri de son plaisir. C'est ainsi, je me nourris du sexe et du plaisir qu'il procure. Alors n'ayez aucune crainte à mon sujet.
Elle leva les épaules un peu à la manière d'une enfant avant d'ajouter:
- Si j'étais une humaine, je pense que je serais grosse de tant manger. Je suis une gourmande mais dans mon métier c'est une qualité, elle rit quelques minutes avant de reprendre : Je ne ferais jamais de mal à un homme. Jamais. Je peux vous le jurer si vous voulez. Je ne suis pas le genre de succube à me nourrir de vie, je me nourris d'une chose bien commode somme toute.
Elle lui sourit s'assit à son côté :
- Êtes-vous rassurée à présent ? Ou vous voulez savoir d'autre chose ? Pour une fois que j'ai une hôtesse respectable et qui me jette pas à la porte comme la dernière des traînées, je suis prête à tout faire pour vous rassurer sur mes intentions et ma race.
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| | Tashinär
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Aricie, Lirissa et MéloziaVitesse de réponse : 1 semaine
| | Ven 29 Mai - 13:05 | | | | Ô dame, j’aurais tant voulu vous croire...
Saskia sourit, doucement. Les démons n’étaient pas dignes de confiance. Les démons ne faisaient que prendre et détruire. Elle s’était assise à côté de la succube, et ses yeux bruns scrutaient le joli visage de la belle, comme pour y traquer le moindre signe de fausseté ou de mensonge. Mais rien, non ; tout indiquait, tout criait, tout proclamait qu’elle était sincère et que nul mal ne pouvait venir d’elle. L’observant et l’écoutant, et le son de son rire et l’expression de son sourire, Saskia se fit l’impression d’une créature au demeurant fort simple, presque innocente dans sa façon d’exprimer les choses avec tant d’évidence que toute hostilité s’en voyait immédiatement désamorcée.
Innocente ? Diable non, susurra quelque chose. Jamais démon n’est innocent, jamais tout blanc, jamais les mains sans une goutte de sang.
Et pourtant. Elle baissa les yeux, sourit encore, très doucement, avant qu’un éclat de rire ne franchisse ses lèvres. Elle était drôle, cette petite, et tellement humaine.
— La seule crainte que je puis entretenir, à vous entendre, c’est que mon fils vous colle une indigestion.
Un éclat amusé, lui fila dans le regard quand elle le releva sur Tashinär. Elle était encore tendue, la pauvre femme qui ne savait plus à quel saint se vouer et voyait ses haines et ses colères fondre comme neige au soleil maintenant que la succube montrait patte blanche et lui offrait une allure bien plus humaine qu’elle n’aurait pu croire. Il était très manifeste, dans son expression et dans ses gestes, qu’elle ne demandait qu’à la croire, à lui faire confiance et à ne voir dans cette élégante demoiselle qu’une invitée au demeurant charmante, quoiqu’ayant des us un peu différents du commun. Démon, démon, chantonnait encore une voix insidieuse dans sa tête. Quels mensonges et quelles diableries avait-elle instillés dans l’esprit de Jodhaa ? Un joli minois pouvait réussir là où les instructeurs s’étaient cassé les dents, après tout. Mais Saskia faisait assez confiance à son garçon pour savoir qu’il ne rejoindrait jamais volontairement les rangs de cette armée maudite.
La châtelaine sembla s’apaiser un peu, néanmoins.
— A chacun sa manière de se tromper sur son prochain, dit-elle en esquissant un de ses sourires tranquilles.
Elle n’allait certainement pas lui dire qu’elle l’avait prise à l’instant pour un démon assoiffé de sang et prêt à dévorer son fils tout vif, ça non, mais l’inquiétude résiduelle et la vigilance de Saskia étaient assez explicites.
— Je crois que je suis rassurée, oui.
Incroyable, cette manière que Saskia avait de mentir comme elle respirait, parfois. Et là, son aplomb effaça tout le reste, l’inquiétude et la méfiance, qui fondirent comme neige au soleil dans un grand sourire rassurant.
— Comme pour beaucoup, quinze ans ne m’ont pas suffi pour connaître les us et les manières des démons, reprit-elle en guise d’excuse. J’accueille de nombreux voyageurs sous mon toit, mais les vôtres sont bien rares, ou bien ils sont fort discrets. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas de ma part que vous devez craindre la mauvaise opinion : chacun ses manières de se nourrir, et puis. On m'a toujours dit qu'il n'y avait pas de mal à se faire du bien.
Ce disant, un sourire fugace creusa une légère fossette dans ses joues, et quelque chose suggéra que la vénérable madone suivait cette maxime plus souvent qu'à son tour.
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| | Saskia Blancerf
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Ivor - Messaline - Sigrid Nilfdottir - PhalèneVitesse de réponse : Lente
| | Sam 30 Mai - 18:44 | | | | Quelle drôle de mère !
Elle ne l'avait pas vraiment écoutée. Pourtant Tashinär était persuadée d’avoir dit être née sur Terra et ne pas venir de Zelphos. Mais Saskia ne l'avait pas écoutée, elle était encore enfermée dans ce monde...Tashinär souriait et riait avec elle mais la fin de son discours lui montra qu'elle ne l'avait pas écouté.
La succube soupira et réfléchit à comment la convaincre qu'elle était née sur Terra...Elle prit alors le visage de la mère dans ses mains lui relva le menton pour l'obliger à la regarder :
- Je suis de Terra, je suis née sur Terra. Je ne suis pas de Zelphos, je ne suis pas une démone. Ma grand-mère est morte et est allée aux Limbes...et Nayris en a fait une succube.
Elle lui sourit mais elle savait qu'elle pouvait convaincre...Elle chercha dans sa mémoire et se souvint d'une berceuse, une vieille berceuse que toutes les mères chantaient sur Terra et qui continuer d'être chanté...mais ce n'était une bonne chanson...elle se rappela alors une comptine. On l'apprenait aux enfants pour qu'ils se souvienne du noms des Dieux et de l'histoire de Terra. Cet air n'était plus vraiment chanté avec l'arrivée de l'AT et il n'avait jamais été écrit.
Tashinär chantonna la mélodie et laissa sa voix articuler les paroles, tranquillement. Sa voix remplie la pièce d'image d'un passé qui paraissait presque oublié et vieux. Elle éveillait des vieux sentiments, elle éveillait la tradition perdue. Et aussi un sentiment de sécurité et on oubliait le temps qui passait. Et quant elle eut fini, le sentiment s'estompait lentement.
Tashinär prit la main de Saskia et déposa un baiser respectueux.
- Rejoignez donc vos amis. Joreth va s'inquiéter pour vous. Allez-y, je vais me préparer à aller au lit.
Elle avait ouvert la porte et attendait plus qu'elle sorte pour se déshabiller et se coiffer pour la nuit.
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| | Tashinär
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Aricie, Lirissa et MéloziaVitesse de réponse : 1 semaine
| | Dim 7 Juin - 10:22 | | | | Saskia eut un rire gêné quand elle comprit où Tashinär voulait en venir. Elle était brave, cette enfant, à vouloir à tout prix la rassurer... La châtelaine ne lui en était que plus reconnaissante.
— Pardon, dit-elle en baissant légèrement les yeux sur un sourire maladroit. Je n’y connais goutte en tout cela, et j’ignorais qu’il y eut des succubes autres que celles qui font partie de ces démons. Je ne voulais pas me montrer grossière, croyez bien.
Ah, l’ignorance est triste chose, même pour une femme éduquée. Il faut croire qu’il y a bien des mystères encore qui dépassaient largement ses domaines de compétence et Saskia voulait bien le croire, fort volontiers. Et puis, une expression à la fois ravie et étonnée gagna ses traits fatigués quand la succube entonna une chanson si vieille que même la mère de sa mère la chantait déjà ; cela ravivait tant de souvenirs d’enfance, et la mémoire de temps paisibles. La rumeur disait qu’elle était interdite, à présent que le seul dieu que l’on devait révérer était le culte de Zelphos et d’Aile Ténébreuse, si bien que nul n’osait plus la fredonner de peur d’être arrêté ou dénoncé. Il y avait dans cet air la saveur de jours anciens, plus lointains, plus heureux.
Saskia sourit, et prit les mains de la jeune femme entre les siennes, visiblement émue.
— Dieux, fit-elle ; cela fait tellement longtemps que je n’ai pas entendu cela. Je l’ai chantée à mes enfants quand ils étaient encore petits. Je crois que vous n’auriez pu me donner meilleur gage de votre sincérité.
La châtelaine finit par se lever, reprit avec elle le plateau et les bol à présent refroidis qu’elle avait apportés. Elle hésita un instant, puis sourit à son invitée, avant de prendre congé :
— Faites-moi savoir s’il vous faut quoi que ce soit. Bon repos, ma dame.
Après tout, peut-être avait-elle tout de même besoin de quelque chose, elle semblait tellement proche des humains que, en dehors du régime alimentaire, rien ne devait vraiment différer. Elle tint cependant sa bouche close sur les milliards de questions qui lui venaient et s’en fut, redescendant l’escalier avec moult précautions. Joreth s’enquit évidemment de l’état de santé de sa douce, et sa mère répondit d’abord par l’une de ces expressions très douce de madone tranquille, ce qui, en général, annonçait des explications longues et fastidieuses.
— Mon fils, dit-elle. Un mot.
Elle l’emmena à l’écart et, à mots choisis, lui expliqua ce qu’il en était, observant avec attention les réactions de son aîné. Comme prévu, au commencement furent la colère et le dégoût, comme elle-même les avait ressentis en premier lieu, puis, évidemment, la compréhension. Il était mal à l’aise, toutefois, et fort marri d’avoir partagé la couche d’une créature qui n’était pas humaine. Saskia ne se priva pas de lui faire la leçon cependant et lui demanda toute politesse et toute courtoisie, de même que de faire secret sur sa nature : Tashinär était après tout une invitée en bonne et due forme et il eut été fort inconvenant pour le jeune châtelain de faire preuve d’indiscrétion, ou pire.
Nul ne tarda trop, ce soir-là, et très vite, dans la nuit profonde, le silence retomba. Saskia entendit simplement le grincement d’une porte qu’on tentait à tout prix d’ouvrir silencieusement, quelques pas furtifs sur la mezzanine qui passèrent devant sa propre chambre, et le bruit d’un verrou qu’on manipulait avec d’infinies précautions. Joreth avait sans doute fini par rejoindre la belle dans son alcôve, tout compte fait.
Qu’elle prenne garde, se dit Saskia en se rendormant aussi sec. C’était un coup à finir obèse, avec ce garçon.
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| | Saskia Blancerf
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Ivor - Messaline - Sigrid Nilfdottir - PhalèneVitesse de réponse : Lente
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