Seule la lune éclairait la chambre de la jeune démi démone. Son sommeil semblait agité. Le démon pouvait constater l'étendu des dégâts : Le corps de la jeune femme était couvert de cicatrices, aucun doute que les adorateurs avaient pris un malin plaisir à jouer avec leur prisonnière. Le travail était douteux en terme de qualité, il semblaient qu'ils l'aient utilisés pour expérimenter différentes méthodes de tortures sans vraiment savoir ce qu'il cherchait à obtenir. Du travail d'amateur, mais non moins... ravageur.

La démone commença à se réveiller. Avant qu'elle puisse clairement le voir, un nuage passa devant la lune, plongeant la pièce dans l'obscurité. Quand la lumière céleste revint, le démon avait prit la forme de Katerina, sous laquelle elle le connaissais, et lui faisais signe de garder le silence d'un doigt, avec un sourire bienveillant. Un autre nuage le dissimula encore. Il repris son apparence usuelle.

Avec une voix douce, il l’apaisa :

Il semblerait que tu n'ai pas donné beaucoup de crédit à mon avertissement. Je t'avais dis que faire parti des Feral représentait un sacré paquet de risques, tant que tu n'étais pas prête.



Le démon s'assit au bout de son lit, ajoutant juste, toujours avec une douceur qui lui était inhabituel :

Ce qui est fait est fait. Tu as survécus, et c'est ce qui compte. Tu as les cicatrices pour le prouver, même si je pourrais t'apprendre à les faire disparaître, au moins en apparence... Ton sommeil semble troublé, tu veux en discuter?

Voilà quelques jours que Chioné avait été libérée de ses geôliers et emmenée en Abyssaï, accompagnée par sa cousine Anthithée qui l'avait aidée à se remettre un peu de sa détention. De fait, elle arrivait plus ou moins, après quelques jours de soin, à mettre un pied devant l'autre sans être trop prise de vertige, mais ses nuits restaient fiévreuses et agitées.

Ce fut le cas à nouveau cette nuit-là ; le même cauchemar la prenait sitôt qu'elle se glissait sous ses draps, où elle revivait sa détention pendant toute la nuit, lui donnant ainsi un air fatigué au lever du soleil. Sauf que, par cette nuit de pleine lune, elle reçut une visite des plus inattendues.

Lorsqu'elle se réveilla, le front en sueur, elle se tourna vers la fenêtre pour aller se chercher un verre d'eau ; quelle ne fut sa surprise de voir son mentor, Katerina, rencontrée lors de son passage dans la Toundra avant qu'elle ne quitte les Glaces. Elle lui fit signe de rester silencieuse, juste avant d'être enveloppée par l'obscurité due à un nuage qui passait devant l'astre lunaire.

Lorsque la lune illumina à nouveau la chambre, Chioné put voir une autre personne à la place de Katerina : un homme, apparemment, mais qui semblait ne faire qu'un avec son mentor. Celui-ci lui lança doucement :

Il semblerait que tu n'ai pas donné beaucoup de crédit à mon avertissement. Je t'avais dis que faire parti des Feral représentait un sacré paquet de risques, tant que tu n'étais pas prête.

Chioné ne broncha pas, se contentant de sourire légèrement : Katerina ou pas, elle était en confiance, elle n'avait pas grand-chose à craindre. Elle le laissa s'installer sur son lit, se redressant pour entourer ses jambes de ses bras, et l'écouta :

Ce qui est fait est fait. Tu as survécus, et c'est ce qui compte. Tu as les cicatrices pour le prouver, même si je pourrais t'apprendre à les faire disparaître, au moins en apparence... Ton sommeil semble troublé, tu veux en discuter?

La jeune femme poussa un léger soupir et posa sa tête sur les genoux avant de répondre :

Je revis toutes les nuits ce que j'ai vécu là-bas... Et rien à faire, ça revient, systématiquement, ce qui fait que je ne dors pas depuis plusieurs jours.

Elle se recroquevilla sur elle-même et baissa les yeux, comme une enfant prise en faute. Elle avait merdé, ça c'était sûr, mais il lui faudrait du temps avant de trouver un moyen de réparer son erreur.

Le démon hocha la tête.

On dit qu'il y a deux types de personne, ceux, qui suite à une épreuve en ressorte grandis, et ceux qui en ressortent brisés. J'aime à penser qu'il existe une troisième catégorie de personne : Ceux qui en ressortent... changés. Ceux-ci ne laissent jamais derrière eux l'horreur et la douleur. L'épreuve qu'ils ont traversé les a façonner en quelque chose de capable d'y survivre, et ils ne la quitte jamais. Quand tu git en enfer, tu peux y mourir, en partir, ou y survivre jusqu'à en devenir un démon.



Le démon n'arborait pas de cicatrice, de part sa nature, mais son corps se souvenait de chaque endroit où il avait été blessé. Il leva la mort, laissant apparaître de nombreuse taillade de partout sur son bras, qui luisait d'un bleu doux dans la nuit, il les fit ensuite disparaître.

Tu vis dans le tourment, car tu t'accroche désespérément à celle que tu étais il y a quelques mois, alors que tout ce qui la définissait t'a été arraché. Tu veux te débarrasser des cauchemar? Ne sois plus quelqu'un qui a survécu à l'enfer, devient quelqu'un qui choisi d'y vivre, et d'y régner en maître.

Le démon se leva, reculant d'un bas, et la gratifiant d'un salut aristocratique.

Mais j'ai oublié, j'aurais peut-être du commencé par me présenter : Esenheim, tristement connu comme le chef de la milice de l'ombre, et plus récemment de l'inquisition. Je suis un bon ami de Victo, et un collègue d'Anthithée. J'ai depuis longtemps reconnu ton potentiel, et je t'ai aidé à le découvrir. Ce que je te propose : Oubli la peur, et embrasse ta colère, ta haine, ta fureur envers ceux qui t'ont trompés, et t'ont abusés, et je ferais de toi une arme. Une arme qu'ils craindront, et qui sèmera la mort dans leurs rangs.

Le démon lui tendis la main :

Ce qu'il te faut, c'est l'occasion de renaître, libéré de la peur, car tu l'aura maîtrisé. Qu'en penses-tu?

Son visiteur nocturne semblait comprendre ce qu'elle ressentait en cet instant ; il hocha la tête et déclara :

On dit qu'il y a deux types de personne, ceux, qui suite à une épreuve en ressorte grandis, et ceux qui en ressortent brisés. J'aime à penser qu'il existe une troisième catégorie de personne : Ceux qui en ressortent... changés. Ceux-ci ne laissent jamais derrière eux l'horreur et la douleur. L'épreuve qu'ils ont traversé les a façonner en quelque chose de capable d'y survivre, et ils ne la quitte jamais. Quand tu git en enfer, tu peux y mourir, en partir, ou y survivre jusqu'à en devenir un démon.

Chioné le vit lever la main, révélant ainsi des cicatrices sur tout le bras illuminées de bleu, avant de les faire disparaître, comme par magie. Lui aussi, de fait, avait connu la même chose que la jeune femme, ce qui la rassura un peu ; il reprit, toujours doucement :

Tu vis dans le tourment, car tu t'accroche désespérément à celle que tu étais il y a quelques mois, alors que tout ce qui la définissait t'a été arraché. Tu veux te débarrasser des cauchemar? Ne sois plus quelqu'un qui a survécu à l'enfer, devient quelqu'un qui choisi d'y vivre, et d'y régner en maître.

La jeune femme le regarda, un peu déçue : comme si c'était facile, de changer de personnalité comme ça... D'ailleurs, qui était-il pour le lui signifier comme ça ? Le démon quitta le lit et s'inclina devant elle, avec courtoisie, avant de reprendre :

Mais j'ai oublié, j'aurais peut-être du commencé par me présenter : Esenheim, tristement connu comme le chef de la milice de l'ombre, et plus récemment de l'inquisition. Je suis un bon ami de Victo, et un collègue d'Anthithée. J'ai depuis longtemps reconnu ton potentiel, et je t'ai aidé à le découvrir. Ce que je te propose : Oubli la peur, et embrasse ta colère, ta haine, ta fureur envers ceux qui t'ont trompés, et t'ont abusés, et je ferais de toi une arme. Une arme qu'ils craindront, et qui sèmera la mort dans leurs rangs. Ce qu'il te faut, c'est l'occasion de renaître, libéré de la peur, car tu l'aura maîtrisé. Qu'en penses-tu?

Il avait prononcé les deux dernières phrases en tendant une main amicale vers Chioné, qui hésita un bref instant, le temps de réfléchir : devenir une arme pour éradiquer les Adorateurs de la Déesse de la Mort, pour se venger de l'affront qu'ils lui avaient fait subir... Cela pouvait être fort intéressant.

Elle esquissa un sourire fatigué et déterminé à la fois et posa sa main dans la sienne :

J'accepte ton offre, Esenheim, chef de la Milice de l'Ombre et de l'Inquisition, ami du Général Céleste, mon frère, et de l'Archevêque Antithée, ma cousine. Comment comptes-tu t'y prendre ?

Le démon s'appuya contre le mur, les bras croisés. Souriant.

Mais en s'entraînant bien sûr.

Le démon releva la tête.

Tu veux te débarrasser de tes limites, de tes peurs? Je compte faire de toi une inquisitrice, excuse moi : Le fer de lance de l'inquisition même. Tu joindrais le programme de formation que j'ai mis en place, ou une version un peu modifiée. Je t'épargne la partie lavage de crâne, et à la place, je te formerais en parallèle : Stratégie, tactique et d'autres sciences un peu moins avouable.

Le démon se remit droit d'une impulsion, et continua juste :

J'ai besoin d'un second pour gérer l'inquisition, quelqu'un qui hait les adorateurs, sans pour autant être passé par la case lavage de cerveau, quelqu'un qui me soit loyal avant toute choses. Je pense que tu as en toi ce qu'il faut pour faire regner la terreur en mon nom, et en celui de Zelphos. Il ne reste plus qu'à te donner l'occasion de t'exprimer.

Le démon fit une pause, avant d'ajouter :

Bien sur, c'est que l'hypothèse ou tu survive à l'entraînement, aussi bien sur le plan physique que psychologique. Je n'ai aucune utilité pour les faibles.

En s'entraînant. La réponse d'Esenheim avait fusé juste après sa question, faisant froncer les sourcils de la jeune femme. Quel genre d'entraînement exactement ? Elle regarda le démon adossé au mur, bras croisés, et l'écouta :

Tu veux te débarrasser de tes limites, de tes peurs? Je compte faire de toi une inquisitrice, excuse moi : Le fer de lance de l'inquisition même. Tu joindrais le programme de formation que j'ai mis en place, ou une version un peu modifiée. Je t'épargne la partie lavage de crâne, et à la place, je te formerais en parallèle : Stratégie, tactique et d'autres sciences un peu moins avouable.

Tiens donc, un entraînement haut de gamme on dirait. Chioné s'assit en tailleur sur son lit, grimaçant un peu sous la douleur, et porta un regard très attentif sur Esenheim, qui se remit droit et lui expliqua un peu plus en détail ce qu'il attendait d'elle : un second pour gérer l'Inquisition et qui lui soit loyal. En soi, rien de bien compliqué ; elle fronça les sourcils lorsque la dernière phrase d'Esenheim lui parvint aux oreilles :

Bien sur, c'est que l'hypothèse ou tu survive à l'entraînement, aussi bien sur le plan physique que psychologique. Je n'ai aucune utilité pour les faibles.

D'accord... C'était sûrement pour la faire réagir, mais c'était un peu violent comme manière de faire ; Chioné ne broncha cependant pas et répondit :

Je préférerais mourir plutôt que d'échouer. Je ne veux plus avoir peur, je veux pouvoir utiliser mes pouvoirs sans retenue. Alors quitte à souffrir, autant que ce soit pour une bonne cause.

Puis elle croisa les bras, l'air un peu renfrogné, mais pleine de détermination. Une nouvelle perspective d'avenir s'ouvrait devant elle, elle ne devrait pas cracher dessus.

Le démon observa le regard de la jeune Feral. Il n'y vit aucune trace d'hésitation. Il sourit :

Pour ce qui est de tes pouvoirs, je vais devoir t'enseigner ça en tête à tête, cela ne fait pas vraiment parti du tronc commun de l'entraînement d'inquisiteur. Mais j'ai de toute façon quelques tours que j'aimerais que tu maîtrises, comme l'art de modifier ton apparence, ce qui est quelque peu nécessaire, dans notre genre de métier.

Le démon invoqua une fine couche de glace à laquelle il donna la consistance d'un parchemin, altérant les couleurs pour écrire une adresse dessus.

Dès que tu te sentiras capable d'affronter ce qui t'attend, rend-toi à cette adresse, quand tu l'auras mémorisés, laisse la glace fondre par ailleurs.

Le démon lui tendis le bout de papier, et commença à se diriger vers la porte, il se ravisa, se retournant, et ajouta juste avant de prendre congé :

Oh, et ne mentionne à personne que je t'ai rencontrer ce soir, ni où tu compte te rendre. Je préfère garder mes affaires aussi confidentielle que possible. Tu apprendra que la discrétion est la plus grande des forces...

Chioné se doutait bien que, concernant ses pouvoirs, elle ne pouvait pas apprendre à les maîtriser, à ne faire vraiment qu'un avec eux, avec d'autres personnes qui ne partageaient pas forcément la même magie qu'elle. Esenheim semblait prêt à être son professeur particulier sur ce point-là, comme quand il était sous la forme de Katerina et qu'il lui avait appris deux, trois tours avant de disparaître.

Il fit apparaître un parchemin de glace et utilisa sa magie pour y écrire une adresse avant de le tendre à Chioné :

Dès que tu te sentiras capable d'affronter ce qui t'attend, rend-toi à cette adresse, quand tu l'auras mémorisés, laisse la glace fondre par ailleurs.

Il esquissa un départ vers la porte, puis se ravisa et crut bon d'ajouter :

Oh, et ne mentionne à personne que je t'ai rencontrer ce soir, ni où tu compte te rendre. Je préfère garder mes affaires aussi confidentielle que possible. Tu apprendra que la discrétion est la plus grande des forces...

Chioné hocha la tête et jeta un coup d'œil vers l'adresse qu'il lui avait laissé ; sur le coup, ça ne lui disait rien, mais elle irait dans la semaine, ne serait-ce que pour voir ce qui l'attendait là-bas...

Elle leva la tête vers la porte et lança :

Je verrais pour passer dans la semaine, si mes insomnies se calment d'ici là. Merci... d'être passée, Katerina.

Elle lui adressa un sourire sincère et fatigué à nouveau, avant de se lever pour se servir un verre d'eau fraîche, en espérant que cette fois, elle puisse finir sa nuit tranquillement.